Afficher le menu
Information and comments (0)
<<   <   1, 2   >>

[RP ] domaine de Calviac : du rêve à la réalité

--Tristan_de_sombre_maux


De longs chours sans voir maman ‘parait qu’elle est malade, oui mais moi che voulais quand même la voir. Et pi ce matin y’a ma gouvernante elle a dit qu’il fallait que che m’habille bien pour aller dans sa chambre, pff c’est maman même avec l’habit de la nuit che peux, l’est bête des fois mais comme che veux être avec ma maman alors che la laisse me saper comme le dimanche. Che suis tout surexcité, c’est que che vais en avoir des choses à lui dire moi à ma maman passe que ca fait longtemps. Peut être qu’elle m’a apporté un cadeau avant de tomber dans la maladie passe que maman elle m’apporte touchours quelque chose.
Quoi ? Faut que che décheune, non mais oh che veux voir maman, même que c’est elle qui l’a dit qu’elle veut me voir, Lison dis à la sotte que che veux voir maman…m’énerve les adultes y s’y comprennent rien mais moi vais le dire vous allez voir et pi la rousse quand elle se met en colère c’est pas pour du faux… tiens faudrait p’têtre le dire à Lucas qu’on va aller voir maman, non ? Boarf tanpis che lui dirai après, d’abord c’est moi passe que chui le plus grand.

Sapé comme un cardinal ma nourrice vérifie une dernière fois ma tenue comme si ch’avais eu le temps de me salir quelle idiote celle-là. Che me demande si maman elle serait d’accord pour me la changer, passe que c’est pas elle qui a inventé la machine à moudre le blé, bah quoi che connais pas d’autres invention hein, ché que huit ans.
Elle tape à la porte de la chambre et sans attendre de réponse elle s’incline vers moi et me chuchote :


Tu vas être sage. Ta maman est encore fatiguée…

Che vois ses épaules s’affaisser mais avec elle faut se méfier faut touchours qu’elle en rachoute des tartines. Pour me débarrasser d’elle che dodeline de la tête comme si ch’allais l’écouter, elle peut touchours y croire. Un baiser sur mon front et elle s’éclipse.
La porte s’ouvre sur maman qui est près de la fenêtre, à coté y’a un fauteuil avec des coussins et un plaid mais maman elle en a pas besoin hein.
Che me sens tout bizarre quand elle pose ses yeux sur moi, elle est pas comme d’hab… Che reste tout droit comme le piquet en attendant qu’elle m’ouvre ses bras, ce qu’elle ne fait pas. Alors che m’approche doucement et comme un homme che regarde par la fenêtre, y’a rien d’intéressant mais c’est ce que font les hommes hein.
C’est bête hein mais quand maman pose sa main sur moi ché des frissons dans tout le corps, pour sur qu’on est grand tous les deux et c’est pas besoin qu’elle me serre dans ses bras, ca c’est pour quand ch’étais petit, maintenant che suis grand alors c’est pas pareil…enfin ch’aurai s quand même aimé une p’tite accolade…un câlin quoi…

Che n’ai rien compris ! Che vais voir maman tout content qu’elle soit relà et elle me dit qu’elle va partir, ‘fin elle l’a pas dit mais c’est tout du pareil. Ch’arrive pas à rester calme, pourquoi qu’elle veut partir ? Non elle a promis !! Elle peut pas partir, maintenant on a une maison, des petits frères, un papa !! Non de non elle repartira pas sans nous, une promesse c’est une promesse, maman elle a qu’une parole ! Elle a pas le droit de partir… Che serre mes poings en colère contre maman, m’en fiche que ma mèche elle est devant mes yeux, m’en fiche si elle est pas contente, elle a promis ! Che la laisserai pas partir sans nous passe que si elle part ce sera pour longtemps et che veux plus ! Une morsure dans ma choue pour me calmer et la regarder. Che me recule, mes yeux s’ouvrent en grands passe que maman elle est à terre. Che m’approche elle relève la main pour pas que che m’approche.
Che voulais pas te crier fort maman, pardon… Elle est à ce point fâché pour ne plus vouloir de moi… ca picote au bord de mes cils mais chui un homme c’est rien.
A la place de maman che vois Elise, pourquoi che vois mon ancienne nourrice, elle est morte et pas maman ! Che vois plus rien qu’une tâche brune…

Che sors de sa chambre comme si ch’avais le diable au derche, ch’ouvre toutes les portes en criant che cherche son médecin, che sais pas comment qu’il s’appelle mais il doit aller voir maman. Tout le monde il sort parce que che crie mais pas lui !! Non mais où qu’il est ? Ma maman elle est…elle… Quand enfin che le trouve il est tapi dans le noir, che crie qu’il faut qu’il aille la chercher, che le secoue pour qu’il m’écoute, que font deux petits bras face à un adulte ? Ch’enrage passe qu’il m’écoute pas, passe que che suis pas assez fort pour la protécher de la maladie.

Che me retrouve dans ma chambre, che sais pas qui m’a mis là, che vois plus rien après que l’autre il est sorti du bureau. C’pas ma gouvernante qui a pu me prendre. Toute cette colère en moi que ch’arrive pas à calmer, que che ne contrôle pas. De ma chambre che ne vois que des objets qui me servent à rien et qui très vite finissent sur le sol, cassés, déchirés, che dévaste tout, absolument tout sans pouvoir m’arrêter, sans que personne ne vienne m’en empêcher. Pourquoi che fais ça ? Che suis méchant, c’est passe que che suis méchant que maman veut partir…che suis un démon alors elle ne veut plus de moi…
Che me cache sous mon lit passe que che suis un méchant mais surtout passe qu’une averse inonde mon visage, de l’eau comme che n’en avais pas vu depuis que che suis un homme, un torrent qui brouille ma vue et mouille mes habits. Che tremble, de colère peut être et lorsque la pluie s’intensifie mon petit corps est tout secoué.
Che ne comprends pas, pas ce qu’il se passe et che m’étonne de voir que ma colère est partie, che n’ai même pas la force de sortir de là …mes paupières sont lourdes…che veux voir mam…
*maharet*
[Il était une fois…]

Du soleil en pleine nuit.

Elle avait perdu toute notion de temps depuis sa maladie, elle avait passé une partie de son hiver dans le soyeux de ses draps sans même s’en rendre compte tant le mal qui la rongeait, gagnait du terrain et la rendait plus faible, elle avait prié si fort pour que tout s’arrête que ses prières furent entendues par ce matin de printemps… Elle dormait depuis des jours lorsqu’elle fut réveillée par un rayon de soleil qui lui chatouillait la narine. Elle voulut porter la main à sa poitrine comme pour se protéger mais ses poumons n’étaient plus brûlants. Le cataplasme en revanche lui était toujours là. Elle tenta d’exhaler une bouffée d’air comme cela ne le lui était pas arrivé depuis des lustres. Lentement ses yeux s’ouvrirent, papillotant à cause du soleil qui entrait par la fenêtre. Les tentures grandes ouvertes, elle entendait les premiers chants d’oiseaux depuis la margelle de la fontaine ou bien était-ce depuis le rebord de sa fenêtre ou depuis le grand chêne...

« Déjà le printemps » songea-t-elle avec un petit sourire en coin. La rouquine s’étira de tout son long, bras levés au ciel, un nouveau souffle s’échappa d’entre ses lèvres, Pierrick avait bien travaillé, il avait promis de s’occuper d’elle et c’est ce qu’il avait fait. Son magicien en serait récompensé comme il le méritait et qui sait, se terrerait-il moins dans sa cabane. Sa main en se reposant sur le drap rencontra la tête du médecin. Il dormait d’un sommeil profond, ses doigts fins effleurèrent sa toison immaculée, elle voulait le réveiller pour qu’il regarde son œuvre, lui le guérisseur mais ils avaient le temps de s’extasier sur sa rémission. Pour l’heure, elle le laisserait se reposer et se dégourdirait les jambes avant d’aller serrer fort ses enfants dans ses bras. Elle effleura du bout de l’index les sillons creusés par sa fatigue. Depuis combien n’avait-il pas trouvé le repos son pauvre magicien ? Elle l’obligerait à aller dormir dès qu’il aura de ses yeux constaté le miracle.

Là où la nuit enveloppée le domaine, Maharet voyait l’aurore. Quand sa respiration devenait hésitante, la rouquine prenait une grande bolée d’air. Ses membres affaiblis tremblaient et pourtant elle se sentait légère, prête à sauter de son lit pour aller promener et voir la vie telle qu’elle l’avait manqué ces dernières semaines. La fièvre la faisait délirer, elle voulait rire, s’épanouir et montrer au monde, son monde qu’elle avait guéri. Un rire cristallin dans ses oreilles, une coulée de sang sur son menton. Plus jamais elle ne serait malade, elle ferait attention…

Fantomatique, elle se drapa de sa robe de chambre, point besoin de faire appel à la camériste, pas de si bon matin, elle voulait marcher, marcher et respirer. Forme squelettique prenant les escaliers à grand peine, la jeune femme arrivait tout juste à mettre un pied devant l’autre sans tomber, chancelante elle perdait l’équilibre mais dans son euphorie elle ne distinguait rien de réel. Heureusement que point de mules n’étaient à ses talons et que pieds nus, elle pouvait se rattacher un peu plus au sol. La jeune femme se sentait légère.
Elle n’avait plus envie de se reposer. Elle voulait sentir la rosée sur ses doigts, le soleil sur sa peau, gouter à la douceur d’un matin de printemps, se souvenir de chaque détail comme les derniers et en faire profiter ses enfants. Elle parlerait à Tristan pour lui dire qu’elle ne partait plus et qu’il n’aurait plus dès à présent à craindre d’un nouvel abandon, elle veillerait à les voir grandir, et elle attendrait que Quentin rentre, bien sur elle lui dirait qu’elle avait été malade et qu’elle n’avait pas voulu l’inquiéter en écrivant des vélins plus alarmant qu’autre chose. Elle se blottirait dans ses bras et l’obligerait lui aussi à rester pour leur famille, de toute manière il n’aurait pas le choix.

Maharet se laissait transporter par sa liesse jusqu’au jardin. Elle voulait voir les premiers bourgeons, avec de la chance ses orchidées auraient pris et elle aurait tout une serre emplie de cette fleur pleine de souvenirs. Plus de peine pour l’heure, juste une femme heureuse de voir le jour.

Une lune argentée qui de ses rayons réchauffait une…rousse.

La tête tournée vers le soleil Maharet dansait, tourbillonnait sur elle-même sans faire de bruit, elle ne s’était pas sentie si libre et en vie comme en cet instant, légère elle tournoyait enveloppé par la bise. Etourdie, elle s’arrêta, son cœur raisonnait dans ses tempes, de l’écume à la commissure de ses lèvres. Ébranlé, son corps épuisé ne répondait plus, ses jambes les premières furent prises de langueur, et pendant que dans ses chimères elle observait d’un œil nouveau son jardin, dans le froid de la nuit, un flot brunâtre glissa le long des ses cuisses. Elle ne se souvenait pas avoir vu jardin aussi luxuriant depuis son adolescence, il ne manquait à ce petit bonheur qu’un petit étang où plonger ses pieds et éclabousser sa robe de chambre, elle riait déjà de ce plaisir qu’elle ne s’était plus offert depuis une éternité. Alors que son corps s’allongeait inerte dans un parterre de fleurs en boutons, elle imaginait les travaux qu’elle entreprendrait pour créer son propre point d’eau. Elle se voyait courir jusqu’à la fontaine, son teint prenant une légère teinte rosée après sa course.
Les paupières closes elle s’extasiait de chaque odeur, chassant d’un revers une pléthore de pollen qui s’était niché sur son nez, une trace blanchâtre sur la tranche de sa main.
Combien de temps resta-t-elle ainsi à s’émerveiller devant ces petites choses de son quotidien, les remarquant pour la première fois avec des yeux d’enfant…

Le soleil était à son zénith lorsqu’elle s’aperçut qu’elle n’était plus seule. Pierrick surement qui venait la gronder pour être sortie de son lit sans en avoir demandé la permission; mais en se retournant, elle ne trouva personne, pas même une silhouette espérée. Elle inclina la tête, mis sa main visière et dans le rayonnement, elle aperçut une forme esquissée par un halo de lumière, un regard azur espiègle l’observait. Le visage de Maharet s’éclaira en un sourire radieux. Son cœur se mit à battre la chamade, la première explosion dispersa la Matière en un spasme dans son torse. Un homme de grande taille se détacha de la lumière, il lui tendait les bras n’attendant qu’un geste de sa part pour la recevoir. IL était de retour… IL ne pouvait être là… Le magma en fusion jaillit dans les airs, formant des jets de lave incandescentes qui s'élevèrent et retombèrent en une coulée visqueuse déchirant les tissus expulsés par ses parois. Elle n’avait qu’une envie, se jeter dans ses bras et enfouir sa tête dans le creux de son épaule, elle avait tant à lui dire, tant de temps à rattraper, plus jamais elle ne le laisserait partir, et plus personne n’aurait son mot à dire sur eux, sur leur amour, loin de tout, elle ferait tout pour préserver son petit univers. Oui elle l’aimait comme jamais elle n’avait aimé, si lui acceptait son amour alors plus jamais elle n’aurait à souffrir… Plus d’illusions…

Comprimée, sa poitrine se remplissait de liquide âpre, personne cette fois pour lui éviter cette descente en enfer dont elle-même n’avait plus conscience. Elle, elle se fondait sur la silhouette avec grâce et quand il la rattrapa, il la fit tourner la serrant fort contre lui. Comme ses bras lui avaient manqué, son souffle sur sa peau était grisant, elle maintenait ses doigts graciles contre son cou de peur qu’il ne fut un mirage; mais non il était là, plus rien ne comptait et plus rien n’existait à part eux. Sa bouche n’avait pas besoin de s’ouvrir pour qu’elle l’entende lui dire les trois mots les plus importants de son existence. Contre son oreille, telle la brise il lui susurrait ce qu’elle avait besoin d’entendre, et elle acquiesçait avec ravissement. Elle se sentait apaisée, les larmes qu’elle versait étaient celle du bonheur absolu, ils étaient réunis, enfin… Et quand il posa ses lèvres sur les siennes dans une infinie douceur, elle sut que plus jamais elle n’aurait à s’inquiéter du futur…

Comme dans un rêve, ses paupières se scellèrent en un sourire et de son voile, la lune l’enveloppa de sa douce présence comme pour protéger une enfant de ses meilleurs songes.
--Pierrick_entheogenus


[Now the lesson's learned, I’m burned]

Barricader avec elle dans sa chambre je refuse à quiconque le droit de la voir. Elle est morte…comment ai-je pu être si négligent…si seulement je ne m’étais pas endormi… pourrai-je regarder ses enfants en face… affronter ses amis…son mari… J’ai failli encore une fois…je m’étais promis que plus jamais je ne laisserai mourir un être cher…plus jamais et pourtant voila le résultat… Je plonge ma main dans sa délicate chevelure de feu, je l’arrange, la coiffe…à quoi bon tout cela alors qu’elle n’en profitera plus ? Même morte elle garde ce visage angélique qui m’a fait chavirer, comme elle lui ressemble. Cette douceur dans les traits, ce regard franc et cette verve…

De grâce monsieur laissez-nous entrer ! Madame…

Restez dehors ! Elle n’a plus besoin de vous…

Qu’ils aillent au diable tous, qu’ils arrêtent de la déranger, pourquoi veulent-ils à ce point entrer ? Ils veulent constater ce que tous savent déjà ? Ne l’ont-ils pas vu eux de leurs yeux son infortune, leur maitresse étendue, baignant dans une masse brunâtre. Morte…seule sans personne pour l’accompagner, seule parce qu’il dormait, seule parce que personne ne veillait… Si seulement j’avais pris le temps en journée de reposer un peu, elle serait là !

C’est un cri d’effroi qui m’a réveillé ce matin. En manque, le corps en sueur, je croyais que c’était ma propre voix qui m’avait fait sursauter. Je songeais en plus combien je n’étais plus que l’ombre de moi-même avec les cheveux en bataille et la barbe hirsute… Je m’étais même autorisé un sourire en pensant à Ma Dame et à sa tendresse, j’entendais sa petite voix me rappeler combien il était important que je me repose. J’attendais avec impatience et crainte sa main sur ma joue et puis une goutte de sueur froide parcourut ma colonne ; lente, insidieuse, elle glissait en prenant son temps, celui pour moi de m’éveiller totalement et de regarder…constater que son lit était vide ; Elle n’était pas dans son lit. Gauchement, incrédule, je me mis à chercher à travers les draps une trace de chaleur mais son matelas était froid… Dans l’obscurité de la chambre, j’essayais en me frottant le visage de me rassurer. La chaise lorsque je me levai chût. Et si le cri ne provenait pas de ma gorge…si…non ce ne pouvait être ! Pour me rassurer j’écartais les tentures qui la protégeaient de l’extérieur, j’ouvris la fenêtre pour m’y pencher. Je ne voyais rien ; si le jardinier, une servante et un laquais encore ensommeillé mais curieux ; Mon sang se figea.

Sans prendre la peine de vérifier si ma tenue était correcte, je sortis en trombe, la chemise auréolée, suintante d’une mauvaise hygiène, débraillé, dévalant les escaliers en risquant à chaque saut de me rompre le cou pour assister à un spectacle morbide. Je n’ai pas stoppé ma course en la voyant étendue dans ses fleurs, j’ai eu comme un étourdissement. La dernière scène qu’offrait Ma Dame était à la fois fascinante et macabre.

Ma Dame dormait d’un sommeil paisible. Lorsque mes bras l’entourèrent, Je ne me suis pas préoccupé de la femme en pleurs ni de l’homme choqué ou des autres qui arrivaient, je ne voyais qu’elle. J’avais peur qu’elle n’attrape froid, cette idée bien que fugace et inutile me semblait importante à ce moment là. Je me baissais alors pour arranger sa robe, je n’avais pas besoin de lui rendre cette dignité qui lui était propre, car même ici, les jambes fléchies elle restait noble. Je la soulevai avec facilité, elle était légère, sa tête retomba mollement contre mon torse, ses bras pendants, souleva un haut le cœur général sauf moi. Je n’étais plus moi, ensorcelé, je repris ma course dans le sens inverse pour la ramener dans ses appartements. Je n’avais pas à me soucier des regards sur mon chemin quand je gravis les escaliers et même si en cet instant il y avait eu ses enfants, je ne les aurai pas remarqués. Je ne me souviens plus si j’ai aboyé des ordres pour qu’on m’apporte de l’eau ou non, je n’avais d’yeux que pour elle, elle et rien d’autres. Et une fois après l’avoir allongé dans son lit, seuls, j’ai fermé la porte à clef. J’ai laissé les tentures grandes ouvertes pour qu’elles laissent filtrer le soleil et j’ai refermé les fenêtres. Je voulais être seul avec elle. Je voulais prendre soin d’elle, de mon amie plus que ma mécène. J’ai remonté ses draps par automatisme et je me suis allongé près d’elle, enfouissant mon visage dans son cou. Moi qui n’ai plus pleuré depuis son absence je sanglotais comme un enfant. Nulle drogue n’aurait pu m’épargner une nouvelle fois ce chagrin qui m’accablait. Pleurai-je ma mécène ou ma disparue…les deux…

Je n’étais qu’un fantôme avant qu’elle ne soit allongée dans ma bicoque en Champagne. Elle a été ma rédemption, mon salut et lorsque je la soignais, c’est mon mal que je combattais pour la faire vivre… Elle savait tout de moi ou peu s’en faut, elle respectait mes silences et mes crises, ne jugeait en rien ma vie ni mes fautes. Elle m’avait emmené dans ses bagages pour son nouveau départ et m’avait donné les moyens de faire mes recherches avant même d’avoir un titre. J’étais son lige corps et âme. Il y avait eu ce baiser volé un soir, fougueux, passionné, son corps s’était arqué et elle m’avait giflé avant de s’éloigner. Pour la seconde fois de ma vie je voyais dans un regard la flamme du désir et de la détermination, la première il y avait bien des années et puis Maharet… Je n’étais qu’un spectre voleur d’âme… J’avais depuis longtemps sombré pour me souvenir de ce passé révolu où j’étais encore un homme comblé et quand une image fugace s’imposait à moi, j’augmentai la dose.
Je ne méritai pas ce petit intermède, je devais passer ma vie à payer j’en étais conscient…


La seule fois où je m’autorise à partager votre couche Ma Dame…vous n’êtes plus…qu’aurai-je eu à vous offrir de plus que ma pénitence ?

Je me lève, il fait nuit, les tambourinements ont enfin cessé… Le silence est total. Elle ressemble à une poupée de porcelaine éclairée à la seule lumière lunaire. Il faudrait peut-être que j’aille chercher de l’eau pour nettoyer son visage… Je ne ferai pas comme la dernière fois… je la rendrai à sa famille mais je voulais juste…lui dire au revoir… Je retourne m’asseoir à ses côtés, je prends sa main.

Ma Dame vous allez me manquer… Je n’aurai plus à attendre avec impatience que la nuit soit venue pour vous voir… Nos conversations seront à jamais inachevées et mes recherches je vous les laisse, je ne m’y étais attelé que pour vous rendre grâce… plus de petits mots griffonnés sur ma porte, ni votre sourire pour emplir mes sombres journées…je ne peux…ne veux vous dire adieu Ma Dame… Et si mon cœur n’était pas mort il des années j’aurai eu l’impudence de vous dire je vous aime Maharet…

Je lâchai sa main non sans un dernier baiser sur sa main froide, m’inclinai devant son corps et déverrouillai la porte, j’appelai les femmes qui ne devaient pas être bien loin et je m’éclipsai loin de la demeure, demain ou après demain j’y retournerai pour les papiers mais cette nuit, j’ai besoin d’oublier jusqu’à mon propre nom.
See the RP information <<   <   1, 2   >>
Copyright © JDWorks, Corbeaunoir & Elissa Ka | Update notes | Support us | 2008 - 2024
Special thanks to our amazing translators : Dunpeal (EN, PT), Eriti (IT), Azureus (FI)