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[RP]Le petit cheval dans le mauvais temps

--Epsonstylus


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Plus tard :

Epson avait trouvé le sommeil aux alentours de minuit, puis s’était réveillée fiévreuse, mais surtout en souffrance. Roulée en boule, elle n’avait eu de cesse de se retourner pour trouver une position plus confortable, mais résignée elle avait poussé un profond soupir, s’était levée et avait fait l’effort de s’agenouiller faisant ainsi fi de la douleur qui la martyrisait depuis de longues semaines pour prier. Son médaillon d’Aristote dans la main droite et la tête inclinée, elle pria pendant près d’une heure, jusqu’à ce que la douleur ait cessé. La rouquine se releva, mit son châle sur les épaules et appuyée sur sa canne descendit les escaliers le plus silencieusement possible afin de se rendre à l’écurie.

Arrivée dehors, l’air et le sol étaient encore humides de la pluie des jours précédents, elle enfila la paire de sabots de sa gouvernante et traversa la cour une bougie à la main, bien que la pleine lune eut suffit à éclairer en partie les environs. Quelques mètres encore à parcourir et voilà qu’elle arriverait auprès de sa monture, mais Epson fut soudain mal à l’aise, une crainte fit accélérer les battements de son cœur. Elle pressa le pas et passa la porte de l’écurie en claudiquant. Pas un bruit, si ce n’est celui de la respiration saccadée de sa fidèle monture couchée dans la paille, visiblement toujours aussi mal en point. La jeune femme ouvrit la porte, s’agenouilla et vint caresser la crinière de son frison. D’un geste ample, sa main glissa le long de l’encolure de l’animal pour terminer sa course au niveau du garrot. Elle soupira, la respiration de l’animal était de plus en plus lente et il n’avait quasiment pas bougé depuis son arrivée. Epson se coucha auprès de sa monture les bras enlacés autour de son encolure. Sa crainte semblait justifiée après plusieurs minutes dans cette position, elle n’entendit plus ce grand cœur qui battait, ni la respiration qui l’accompagnait. Quand elle comprit que son destrier venait de la quitter, elle se sentit soudain bien seule et terriblement triste. La rouquine comme à son habitude tenta comme elle put de contenir ses larmes, mais cette perte l’avait profondément affectée. Pendant plusieurs minutes, elle resta allongée sur le frison inerte à sangloter, mais la douleur revint la saisir, elle devait rentrer. Se relevant avec difficultés, elle passa la porte de l’écurie le cœur rempli de chagrin. Ses doigts caressèrent le filet en cuir qui pendait non loin de là, la comtoise baissa la tête et tourna une dernière fois son grand regard bleu embué sur le cheval. Ainsi son compagnon était parti avant elle. Elle laissa la porte de l’écurie ouverte et rentra à la maison. La pluie s’était remise à tomber.

Epson remonta au premier étage sans faire de bruit et se rendit dans la chambre des jumeaux qui dormaient l’un contre l’autre. Elle les regarda pendant un long moment puis les embrassa avant d’aller voir leur très jeune sœur. L’enfant aux cheveux bouclés sommeillait paisiblement. Avant qu’à nouveau la douleur soit telle que la rouquine ne puisse plus revenir jusqu’à sa chambre, elle passa sa main sur la joue de sa dernière fille, née il y avait un peu plus d’un an. Epson posa un baiser sur son front et retourna dans sa chambre, le cœur lourd. A nouveau, elle fit l’effort de s’agenouiller et de prier. Dieu seul sait quoi…

Vers deux heures du matin, la san claudienne se glissa dans les draps, endolorie et tandis que la fièvre avait fait sa réapparition. Elle s’endormit plusieurs fois, mais chaque fois elle était réveillée par des douleurs sournoises.

Au lever du jour, la pluie avait cessé, mais Anna n’était pas encore debout. Epson fut à nouveau réveillée, mais son état semblait avoir empiré, faiblement elle attrapa sur la table située à côté du lit son médaillon d’Aristote et son petit Livre des Vertus, s’y plongeant quelques instants. Trop faible pour continué sa lecture, elle s’arrêta, conservant le livre à proximité et la médaille dans sa main, pour regarder le soleil se lever avec un étrange sentiment, mêlé d’angoisse et de bien-être. Elle se laissa enveloppée par cette lumière vive qui la réchauffait alors que jusqu’ici, à mesure que les minutes s’écoulaient, elle semblait avoir de plus en froid. La rouquine esquissa un sourire ; visiblement il ne lui en avait pas fallu plus pour se dire que non seulement, le soleil était revenu après de longues journées rythmées par le mauvais temps, mais qu’elle avait eu la chance d’en profiter. En effet, aux alentours de huit heures du matin, à peine quelques minutes avant que la jeune Anna ne fasse son entrée dans la chambre de sa maîtresse, Epson avait fermé les yeux, apaisée.

Cette lumière qui l’avait envahie n’était pas seulement celle du soleil, mais celle qu’elle avait pu apercevoir à deux reprises auparavant, comme la fois dernière en Anjou ; sauf que cette fois-ci, la lumière l’avait emportée, après de nombreuses semaines de lutte contre un ennemi qui cette fois semblait être invisible. Epson avait quitté le monde terrestre, pour une autre destination, avec un seul regret, celui de laisser ses enfants seuls, mais avec le désir d’être libérée de toutes ces choses qui l’avaient blessée et de retrouver ce frère jumeau et tous ces gens qu’elle avait tant aimé. Une colombe qui s’était posée sur le rebord de la fenêtre de la chambre prit son envol à l’arrivée incrédule d’Anna dans la chambre.

C’était le premier jour d’avril et la belle rousse du mois de mai était partie comme elle était arrivée pour la toute première fois au village, avec comme unique compagnon un magnifique cheval.



Fin de l'histoire. Bonne continuation à tous ceux avec qui j'ai joué. LJD Epson
Riese
Ravi d'avoir pu côtoyée une personne comme vous Madame. Bon repos à vous
--Anna
Anna avait était très choquée par la mort brutale de sa maîtresse, elle qui avait toujours pensé que son état de santé fragilisé était lié à la fatigue.

La jeune gouvernante avait alors dû annoncer à tous que la rousse les avait quitté, ce vendredi premier avril. La première qu'il avait fallu prévenir était la mère de la comtoise, laquelle n'avait montré aucun signe de chagrin, comme habituée à ce genre de nouvelles ; c'était la troisième fois qu'elle perdait un de ses enfants, à présent elle était seule, grand-mère de trois petits-enfants en bas âge. Puis, Anna avait prévenu le reste de la famille Maledent de Feytiat, mis une annonce en Franche-Comté et à St Claude.

A présent, elle s’interrogeait sur le devenir des enfants de la maison, sur son avenir. La famille la conserverait-elle comme gouvernante, rien n’était sûr… Et sa maîtresse serait-elle enterrée comme il se devait ?

La jeune femme avait quitté la chambre de la défunte les yeux rougis d’avoir trop pleuré pour aller s’allonger un instant après avoir indiqué à la flamande où Epson rangeait sa correspondance et quelques petits souvenirs qu’elle conservait précieusement depuis des années.
--Margaret
Eléanore avait attendu d’être seule pour pleurer la mort de sa dernière fille et prier pour que le Très-Haut l’accueille auprès de lui. Elle avait tenté d’expliquer ce qui s’était passé aux enfants, qu’ils ne reverraient jamais leur mère ayant rejoint un autre monde, mais ceux-ci n’étaient hélas pas en âge de tout comprendre. Elle-même ne comprenait pas tout, comment avait-elle pu être si aveugle face à l’état de sa fille ? Sans doute la rouquine les avait-elle tous berné quant à son état de santé. La flamande l’avait certes vu se déplacer appuyée sur une canne mais jamais elle ne l’avait vu grimacer ou se plaindre.

Qui aurait pu penser qu’elle allait mourir, si soudainement. Eléanore l’avait quittée après une longue soirée, lors de laquelle elles avaient pu échanger au sujet de l’excommunication et de l’avenir. Epson lui aurait-elle menti en lui promettant de la rejoindre à Antwerpen dans les prochains mois et de s’y installer à ses côtés… Certainement, car la vieille femme était sûre que sa fille savait que son état ne lui permettrait pas de le faire. Sans doute, savait-elle-même que ses jours étaient comptés. Les craintes d’Eléanore se confirmèrent lorsqu’elle trouva la boîte dans laquelle Epson rangeait tous les courriers qu’elle pouvait recevoir depuis des années, triés avec soin par date et par expéditeur, mais aussi les lettres qu’elles n’avaient pas eu le temps d’envoyer et divers petits grigris, comme sa bague de mariage, des trèfles à quatre feuilles, sa médaille de diaconesse… Elle y découvrit un testament rédigé quelques semaines plus tôt, ainsi que trois lettres non envoyées à leur destinataire.

L’une était destinée à un certain Zéphirin ; l’homme dont Epson n’avait eu de cesse de lui parler depuis les conflits angevins. Cet homme que la vieille femme, craignait d’avoir séduit sa fille et sans doute corrompue pour ensuite l‘abandonner comme tous les baroudeurs, profitant de l‘absence du père de famille et de la situation difficile que traversait le couple. Mais au fur et à mesure qu’elle lisait la lettre, elle s’apercevait de ses préjugés. Ainsi donc sa fille avait-elle gardé sa vertu alors qu’elle semblait être profondément amoureuse de ce grand gaillard. Eléanore plia le courrier et le cacheta. Elle devait le remettre à son destinataire, bien qu‘il soit trop tard pour que quelque chose se passe.


Citation:
Cher Zephirin,

J’espère que vous vous portez bien, car depuis mon retour d’Anjou je n’ai eu que très peu de nouvelles de vous. Pour ma part, je vis avec mes enfants, à St Claude et sans leur père ; celui-ci m’ayant délaissée.

Je tenais à vous remercier pour les bons moments que nous avons passé ensemble et à m’excuser d’avoir été distante avec vous. Etant toujours mariée et espérant conserver ma vertu intacte, je me suis refusée à écouter les sentiments que j’avais pour vous.

Zephirin, sachez que je me suis profondément attachée à vous, mais que ma santé défaillant un peu plus chaque jour, je préfère vous savoir loin de moi, qu’ici à me voir décliner. Je regrette de ne pas avoir eu le courage de vous avouer que j’aurai aimé passer plus de temps auprès de vous, la jour comme la nuit, à présent il est trop tard, mais j’espère que vous ne m’en voudrez pas.

Etant en pleine procédure de dissolution de mariage et souhaitant protéger mes enfants, je ne pouvais pas me permettre de céder à mes passions… Puissiez-vous garder une bonne image de moi et ne pas m’en vouloir.

Adieu Zéphirin, Dieu vous garde.

Avec tout mon amour.



Epson


La femme soupira en lisant une lettre écrite très récemment, dans laquelle sa pauvre fille consciente qu’elle ne verrait pas grandir ses enfants, avait souhaité leur laisser un souvenir d’elle sous forme d’une courte biographie.

Citation:
A nos enfants que nous aimons tant,
Si par malheur nous devions mourir avant qu’ils ne soient en âge d’entendre le récit de notre existence.
A notre famille et nos amis,
A tous ceux que cela peut intéresser :


Née le 20 mai 1428, en Brabant, quelques minutes après mon frère Philippe dict Decnop, de l’union de Martial Maledent de Feytiat et Eléonore de Montbrun, nous fûmes nommée Louise et surnommée Epsonstylus.

A l’âge de cinq ans, nous fûmes portée disparue à la suite de l’attaque du carrosse familiale et fûmes recueillie par un riche couple de marchands ambulants venu de l’est, dont l’épouse était stérile. Nous grandîmes auprès d’eux et ils nous apprirent à lire, à écrire, nous enseignèrent le latin et le grec, les langues anglaises et allemandes, ainsi que l’Histoire, la géographie, les valeurs aristotéliciennes et le maniement des armes.

Au décès de notre père adoptif, tout juste âgée de quinze nous partîmes sur les routes avec quelques compagnons, en quête d’aventures, mais nous fûmes attaqués par des brigands ; nos compagnons tués, notre personne fut laissée pour morte. Grièvement blessée, nous fûmes soignée par une famille de laboureurs allemands et une fois sur pieds nous les quittâmes afin de continuer notre chemin vers d’autres contrées. Un beau matin, nous arrivâmes à Genève et finîmes notre périple en Franche-Comté ; arrivée dans le petit village de St Claude que dès lors nous n’avons plus quitté.

Nous devînmes citoyen de cette petite bourgade et gendarme. Nous traquâmes les escrocs, les brigands et les sorciers avec acharnement, nous rejoignîmes un parti politique et participâmes ainsi pour la première fois aux élections comtales sans obtenir de poste, pour finir nous fûmes aussi affectée en tant que diplomate aux ambassades de Somerset et Wiltshire, provinces de la couronne anglaise. Nous démissionnâmes de notre poste à la gendarmerie pour nous présenter à l’élection municipale de St Claude ; ce fut un échec, mais un petit échec, car nous fîmes un score tout à fait honorable de 43,5% face au bourgmestre sortant. Nous retournâmes donc à la gendarmerie où nous fûmes rapidement nommée Brigadière.

Après une nuit arrosée, c’est dans le péché que fut conçu un fils, qui hélas perdit la vie avant même d’avoir vu le jour et fut prénommé Charles en souvenir de son père qui lui aussi perdit la vie. Effondrée nous trouvâmes refuge dans la lecture du Livre des vertus et fûmes encouragée dans notre démarche par l’Archevêque de Lyon, Cybermymy ; celle-ci gravement blessée quelques semaines plus tôt par des réformés extrémistes, nous n’eûmes pas le temps de faire plus ample connaissance, mais en notre mémoire toujours nous gardâmes une trace de cette courte rencontre. Nous découvrîmes la Foy qui se cachait jusqu’alors en nous et décidâmes de nous faire baptiser avant de postuler auprès d’un ordre militaro-religieux, appelé l’Ordre des Chevaliers Francs, pour lequel nous avions déjà travailler dans le secret, comme agent de renseignements.

Acceptée comme recrue et baptisée avec pour parrain Fccasper de Valfrey et pour marraine Lysiane d‘Ormerach, nous retrouvâmes bien aimé notre frère jumeau Decnop et vite très vite nous grimpâmes dans la hiérarchie de l’OCF en devenant chambellan. Nous travaillâmes d’arrache-pied pour cet ordre, en tentant de développer avec soin des relations diplomatiques solides avec les provinces aristotélicienne et nous perpétuâmes notre travail de renseignement général. C’est alors que nous menâmes cette vie militaire et pieuse que nous rencontrâmes celui qui devait quelques mois plus tard devenir notre époux et le père de nos trois enfants, le Grand Maître Sabotin de la Marche DiCesarini pour lequel nous entretînmes longtemps une passion dévorante.

Pour la Franche-Comté, nous devînmes gouverneur d’une armée nommée « Ad Gloriam Dei » à l’oriflamme de couleur blanche et pûmes ainsi nous dévouer corps et âmes pour notre patrie et notre Dieu tout puissant. Quelques mois plus tard, enceinte de nos chers jumeaux et prise dans un conflit d’intérêts en tant qu‘épouse du Grand Maître, nous préférâmes quitter l’Ordre des Chevaliers Francs. Mais l'Église Aristotélicienne, au travers de l’Archevêque de Lyon et Cardinal Connétable des Saintes Armées Ingeburge, nous tendit autrement les bras, nous permit d’accéder au poste de diaconesse de St Claude après avoir réussi une licence es Théologie, mais nous adoubant aussi Chevalier d’Isenduil, quelques semaines après avoir été nommée Commandeur des Saintes Armées Romaines lors de la crise de Bourgogne. Nous fûmes aussi licenciée es Inquisition.

Nous refusant obstinément à entrer en guerre contre le peuple de Genève, alors que les criminels réformés se trouvaient en grande majorité en Béarn où ils venaient de commettre de nombreux méfaits, nous choisîmes de mettre l’index sur les erreurs stratégiques et diplomatiques des dirigeants des Saintes Armées auxquelles nous appartenions et décidâmes en définitif de les quitter. Notre démission de la crypte d’Isenduil, de l’élite de la chevalier comme ils disaient, fut corroborée par un acte de renvoi pour mauvais comportements. Enceinte de notre bien aimée fille cadette, nous dissolûmes l’Armée « Ad Gloriam Dei », à Genève, après neuf mois de bons et loyaux services.

Tandis que nous occupâmes des fonctions religieuse, nous fûmes aussi chef de file du parti VERT (Vérité, Économie, Rigueur, Travail) qui devint plus tard FCR. Ainsi au conseil de Franche-Comté, nous remplîmes de nombreuses fonctions, assez diverses, comme Connétable compte tenu de notre passé d’agent de renseignement, de Capitaine de l’Armée Franc Comtoise, mais aussi de Commissaire au Commerce ou encore d’Intendante et ce pendant trois mandats. Ces fonctions, nous permîmes, à la fois de prouver notre attachement à la Franche-Comté, mais aussi à l'Église Aristotélicienne, puisque nous proposâmes de renégocier le Concordat, de modifier le texte sur l’union civile pour la rendre inaccessible aux fidèles aristotéliciens et enfin de faire une place dans les locaux de l’armée franc comtoise pour accueillir en cas de nécessité les ordres militaro-religieux. Enfin, nous participâmes aussi à la mise en place d’une Régence menée par la compagnie Maxima Sequanorum aux côtés de nos amis Lothilde, Imladris, Macricri, Debenja et bien d’autres encore.

Toujours attachée à notre Franche-Comté et à notre Église Aristotélicienne, alors que le château de Dole fut tombé entre les mains de pilleurs hérétiques angevins, nous décidâmes de lutter contre ces êtres infâmes. Alors que nous voyagions paisiblement en Maine, nous fûmes sévèrement blessée, puis alors que nous menions un combat féroce aux portes d’Angers en tant que membre d’une armée croisée, nous fûmes grièvement blessée ; à cet instant il nous semblât avoir vécu une étrange expérience aux portes de la mort, mais nous survînmes.

Après les combats, nous fûmes rapatriée en Franche-Comté, où nous restâmes alitée de nombreuses semaines à soigner nos blessures, dont nous conservâmes pendant de nombreux mois les cicatrices et les séquelles. Nous apprîmes qu'en notre absence, nos deux fils adoptifs, Alexander et William étaient décédés. En proie au chagrin, nous décidâmes de nous séparer de notre époux, en demandant la dissolution de notre mariage.

A nouveau, l'Église Aristotélicienne choisit d’entrer en guerre contre Genève, nous continuâmes à partager leur enthousiasme de mettre à terre la Réforme, cependant nous ne partageâmes par la stratégie qui consistait à attaquer la ville au risque d’entraîner dans les combats les provinces alentours et d’y mêler des victimes innocentes, tandis que le véritable ennemi s‘était regroupé en Savoie et menaçait de faire appel à leurs alliés brigands. Nos mises en garde ne furent point entendues et St Claude tomba entre les mains des alliés du clan réformé avant d’être pillée…

Quelques semaines plus tard, nous reçûmes un avis qui nous informât d’une excommunication de faits, laquelle ne nous empêcha pas de mener une vie tout à fait aristotélicienne, faite de lectures répétées du Livre des Vertus, proposant la renégociation du concordat liant l'Église Aristotélicienne à la Franche-Comté, nous rendant aux messes et aux cérémonies aristotéliciennes de manière très régulière.

Ne pouvant plus participer à aucun combat compte tenu de l’état de notre corps, portant encore les marques des coups portés par l’ennemi angeviniste et ne souhaitant plus nous présenter à aucune élection, nous préférâmes œuvrer pour la remise en ordre du droit franc comtois, au sein du Bureau du Droit de Franche-Comté.

...


Epsonstylus Maledent de Feytiat


Elle tomba aussi sur un testament très court et ne put s’empêcher d’éclater en sanglots en voyant que sa fille bien qu’excommuniée par l’Eglise Aristotélicienne avait gardé une place pour ses amis romains et souhaité que Dieu veille sur eux, alors que c‘était sur elle qu‘il aurait dû veiller. Eléanore était divisait, d’un côté le chagrin transformé en haine contre l’injustice d’être privée de cette enfant qu’elle venait à peine de retrouver et de l’autre côté une forme de sérénité en pensant que sa fille avait probablement rejoint ce à quoi toute personne attachée à sa foi aspirée, surtout après tout ce qu’elle avait dû endurer pour y arriver. Mais en relisant ces mots, elle restait tout de même perplexe. A quoi bon faire cette démarche, alors qu’Epson ne pourrait pas avoir de funérailles aristotéliciennes… La vieille femme chiffonna la copie du testament sur lequel on pouvait lire :

Citation:
Nous, Louise Maledent de Feytiat, dicte Epsonstylus,

Saine de corps et d’esprit, hors de toutes contraintes et en connaissance de cause, avons pris le soin de rédiger un testament à l’aube de notre trente et unième année, sous le regard bienveillant de Dieu et de notre témoin et ami Léonin Monmouth Vicomte de Sellières et de Doubs, Baron de Quingey et Seigneur de Villers-Farlay, et notre marraine Lysiane d‘Ormerach Comtesse de Morez et de Morteau.

Attachée à cette terre qu’est la Franche-Comté, celle qui est à la fois notre mère, notre sœur, notre fille et notre complice de toujours, nous souhaitons réaffirmer notre allégeance jusqu’à l’heure de notre mort et lui faire un legs de deux mille écus, lesquels devront servir à redresser les finances des mairies comtoises en difficultés.

A ces chers enfants que nous aimons tant, Lilian notre fils aîné, sa sœur jumelle Cjara-Angélique et leur cadette Virginie-Elisabeth, nous léguons le reste de notre fortune qui s’élève à plusieurs milliers d’écus. Nous comptons aussi sur notre bien aimé parrain Fccasper de Valfrey Comte de Saint Amour pour procéder à la mise en vente de notre immense maison située à St Claude, et ce afin que les bénéfices de la vente soient répartis entre nos trois enfants légitimes. Enfin nous souhaitons que toute la fortune léguée à nos enfants, soit mise à l’abri jusqu‘à leur majorité et que nul ne puisse en jouir à leur place ; notre parrain y veillera.

A notre chère belle-fille Eleanor1ere, nous faisons cadeau de notre étoile de rubis d‘Aristote, médaille reçue lors de notre adoubement comme chevalier d’Isenduil et notre précieux livre des vertus en cuir rehaussé de dorures, que ces deux objets puissent l’inspirer dans sa lutte acharnée contre l’hétérodoxie et lui rappeler que nous avons toujours été là pour elle.

Nous souhaitons rappeler à notre cher cousin, Monseigneur Aurélien87 Maledent de Feytiat, combien nous l’aimons, qu’il prenne soin de la santé de nos enfants avec l‘aide de notre chère mère Eléonore de Montbrun, de notre cousine Beeky et de notre ex-époux, qu’ils les fassent baptiser si ce n’est pas déjà le cas et veillent à parfaire leur éducation, tant spirituelle que militaire, qu’ils fassent d’eux de bons aristotéliciens, des érudits pleins d‘humanité. Qu’ils protègent tout particulièrement notre fille aînée, laquelle est muette de naissance, qu’ils sachent qu’elle n’est pas sotte et possède un don pour l‘observation de la nature, le dessin et la prière.

Nous remercions nos vieux compagnons et amis, de l’Armée Ad Gloriam Dei tout d‘abord, de Maxima Sequanorum, des Saintes Armées, de l’Archidiocèse de Lyon, de l’Archidiocèse de Besançon, du Phénix, de Franche-Comté, de Confédération Helvétique, de Provence… et la liste est encore bien longue… merci pour tous ces bons moments passés à vos côtés, en campagne militaire ou électorale, autour d’une tisane ou ailleurs.

Que Dieu continue à les protéger tous !

Enfin que notre épée soit brisée, une fois notre décès constaté.



Fait à St Claude, le sixième jour du troisième mois de l’an de Grâce mille quatre cent cinquante neuf.

Louise Maledent de Feytiat



Témoins :

Lysiane d'Ormerach, Comtesse de Morez et de Morteau



Léonin de Monmouth, Vicomte de Sellières et de Doubs, Seigneur de Villers-Farlay.



Eléanore devait prévenir le parrain d‘Epson pour l‘informer de ce qui venait de ce passer. Cet inconnu auquel sa défunte fille avait accordé sa confiance jusqu’à la considérer comme le père qu’elle n’avait pas bien connu.

La vieille femme se détourna de la boîte pour venir s’asseoir sur le lit où reposait sa fille, les courriers à la main. Elle se pencha pour prendre le Livre des Vertus mentionné par la rouquine dans son testament et qui se trouvait encore auprès d’elle. Eléanore pensa tout d’abord qu’Anna l’y avait déposé mais en prenant la main de sa fille, elle eut la surprise d’y découvrir la médaille des fidèles aristotéliciens. Elle fut troublée, pensant que son enfant s’était peut-être donner la mort. Aussitôt elle chercha la trace d’un flacon de poison et renifla même le gobelet posé sur la table non loin de là, mais rien. La comtoise avait dû lire le livre saint avant de s’endormir, c’était la seule explication à ce qu’elle avait jugé jusqu’alors comme une mise en scène macabre.

Une dernière lettre avait attiré son attention, une lettre à l’attention de Rome, cette institution pour laquelle son fils Philippe (Decnop) s’était engagé et avait trouvé la mort, celle-là même qui avait utilisé le courage et la piété de sa fille pendant de longues années pour ensuite l’excommunier. Comment sa chère fille avait-elle pu conserver son calme face à tout cela et ne montrer aucun désir de vengeance ? Comment avait-elle pu leur écrire encore ? Eléanore déplia le parchemin et n’osa pas croire ce qu’elle venait de lire. Sa fille avait reconnu s’être trompée dans sa vie d’aristotélicienne, comme lui avait conseillé d’éminents romains, comme elle lui avait même conseillé, mais n’avait envoyé la lettre, sans doute par manque de temps ou par manque de volonté. La flamande sentit la colère monter en elle et ne pu retenir son mécontentement.


Epson comment as-tu pu faire cela ?!!!

Eléanore regrettait profondément que sa fille n’ait rien fait contre son excommunication et se soit laissée mourir ainsi sans se battre pour qu’on lui fasse à nouveau confiance et qu’on la considère comme une vraie aristotélicienne. Maintenant il était trop tard… pour changer le cours des choses. L’Anversoise espérait cependant et du plus profond de son cœur que Dieu ait pu comprendre sa fille et l’ait accueillie comme il aurait accueillir une de ses fidèles. Elle souhaitait tant que les tourments qu’Epson avait connu sur Terre aient enfin pris fin et que ceux de l’enfer lunaire ne lui soient pas infligés, qu’elle ait pu rejoindre ce frère jumeau tant aimé, ce fils qu’elle avait perdu, ce père qu‘elle avait si peu connu, son père adoptif et bien d‘autres encore.

Si il était trop tard, pour agir, la vieille femme s’interrogea quand même quant au devenir de cette lettre. Il était si dommage que l’Eglise n’en ait pas connaissance ou au moins l’Archevêque de Lyon. Elle resta plusieurs longues minutes dans la chambre d’Epson avant de se décider à remplir sa mission de messager, espérant ne commettre aucune erreur.
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