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[RP] D'un atelier et autres billevesées, litotes et cie.

Katina_choovansky.
Limoges avait été en vue dès les premières lueurs de l’aube.

Les flamands firent une brève halte, la ville en contrebas.
Un instant de silence où l’on se sent enfin arrivé à destination. Où le chemin parcouru devient juste un nouveau départ.

Ils en avaient traversé des périples … Prendre un bateau Artésien (et quand on est flamand, c’est une épreuve. On n’est pas sur de finir le voyage au sec), voir au loin Duncan de Clairambault dégueuler à l’arrière du Flanders I, tisser des amitiés viriles avec l’équipage du Quenneny, faire mériter son surnom de Quatre doigts à un type qui en avait cinq aux deux mains, ces cons de Bretons, Rohan, la ville dont on ne devait parler qu’en la faisant suivre d’un crachat, la difficulté d’être si beaux dans un monde si laid…

Et ils en étaient sortis.
Etait ce grâce à l’incroyable cheffe de file que le destin avait nommé à la tête du groupe ?
Céleste créature au langage fleuri et aux cheveux impeccablement coiffés en toutes circonstances, Maitre troubadour devisant entropiquement jusqu’en Grèce sur l’Ouzo et la Moussaka, Katina Choovansky, posant un regard sur la capitale, se fendit d’un commentaire :


- « Putain d’sa race, c’est encore hyper loin… »



C’est en début de matinée que les flamands arrivèrent enfin en vue de la demeure de Seleina. Remarquant un gamin sur le coté de l’allée, la flamande l’avisa d’un geste de la main.

- « Dis donc le môme, t’aurais pas vu une brune sublime trainer dans le coin avec une teigneuse rousse sur les talons ? J’voudrais lui annoncer l’arrivée d’une troupe de flamands particulièrement resplendissants. »


La brune n’était pas très au point avec les mondanités. Ambassadrice d’Irlande et d’Ecosse, elle avait tout misé sur sa descente de godets de Whiskey et sur son don inné de la cornemuse, pour réussir dans ce milieu. Par là, elle avait prouvé à l’univers qu’il suffit d’être alcoolique et mélomane pour être une Ambassadrice digne de ce nom.
Cela suffirait il avec le personnel de la maison ?

- « J’m’en vais vous annoncer de suite! » s’exclama le gamin en détalant vers la somptueuse bâtisse.
- « Et dis lui qu’on a la dalle ! », cria Atlantide avant de jeter un coup d'œil torve à sa tutrice. « Quoi, z’avez pas faim peut être ? »
- « Si, si… je me demandais juste à quel point l’efficacité primait sur la politesse. »
- « La politesse c’est le luxe de ceux qu’ont le ventre plein », grommela Atlantide en passant devant elle.

Blanche s’arrêta à coté de Kat, admirant la maigrichonne s’éloigner d’un pas décidé.


- « Elle est en pleine forme, hein ? »
- « Vi, elle le dit pas mais il lui tarde de voir Atalante. »

La rousse opina du chef.

- « Cela dit elle a pas tord, j’espère qu’il y a à grailler », conclut la brune en ouvrant la route au groupe.

Saian s’étant débiné à la recherche d’une soubrette rousse, Atlantide ayant filé aux cuisines en tranchant qu’elle serait plus aimable le ventre plein -et personne, je dis bien, personne !, ne trouva rien à redire à cette vérité- et les deux tournaisiens délassant leurs jambes sur le perron, ce furent Blanche et Kat qui s’avancèrent à l’intérieur de la maison, sous les regards de quelques employés.

_________________

Maitre Troubadour à la Confrérie
Kartouche
Il y a avait deux ou trois endroits en Limousin dont le Jacquot commençait à bien connaître le chemin. Neuville en était.

    De Limoges, le 21 mars 1459

    Dona de Neuville,

    Vous vous en souvenez sans doute, j'avais évoqué au début du mandat du conseil un système de coopération judiciaire basé sur l'extradition des vilains. Je crois me souvenir que vous y aviez porté un certain intérêt, tout en exprimant vos doutes sur la procédure à suivre.

    Après moultes discussions avec certains de mes collègues -et tout en ayant tenté de convaincre quelques autres qui y sont un peu réticents- nous sommes parvenus à une définition relativement stricte de la procédure, qui nous semble en l'état la plus solide. Nous attendons un avis de la chancellerie, mais je serais autrement plus heureux que vous me donniez votre opinion. Je joins une copie de la version à laquelle nous en sommes ce jour.

    Bien à vous,

    K.
    >

    P.-S. Les esprits sont agités au château.

    Traité d'extradition - Version procédurière a écrit:
    (Préambule)
    ...

    (Juridiction)
    Art. 1
    Le comté de ... et le duché de ... reconnaissent leur souveraineté judiciaire mutuelle. La loi de l'un ne peut s'appliquer sur les terres de l'autre.


    (Définitions)
    Art. 2
    La province qui souhaite poursuivre un criminel dans le cadre du présent accord est dite requérante.
    La province saisie dans les formes consacrées par l'accord est dite requise. Par raccourci sont qualifiés de même le procureur et le juge de cette province.
    Une personne dont l'extradition a été demandée dans le cadre du présent accord est dite recherchée.


    (Saisine)
    Art. 3
    Le procureur qui cherche à appréhender un suspect peut saisir le procureur de la province cocontractante s'il soupçonne que le fuyard s'y est réfugié.

    Le procureur requérant transmet au procureur requis une demande contenant l'identité ou une description du suspect, la qualification et la nature des faits reprochés, ainsi que la date et le lieu où ils sont supposés avoir été commis.


    (Arrestation)
    Art. 4
    À la réception d'une demande d'extradition, le procureur saisi convoque la personne recherchée devant la cour de justice de la province saisie sous le chef d'accusation de trouble à l'ordre public. Au besoin, il fait appel aux services d'ordres chargés dans la province saisie de ce qui concerne la poursuite et l'arrestation des criminels.


    (Audience devant la cour requise)
    Art. 5
    Le procureur requis fait lecture de la décision d'extradition à la personne recherchée. Il doit contenir les informations fournies dans la demande d'extradition, ainsi que le délai accordé pour se présenter devant la cour requérante.

    Le délai correspond au nombre de jours nécessaires pour se rendre à pied dans la province requérante depuis le point le plus éloigné de la province requise, plus deux jours.


    (Procédure usuelle)
    Art. 6
    La personne recherchée à qui la décision d'extradition a été signifiée dans les formes fixées par l'article 5 doit se présenter devant la cour requérante dans le délai fixé par le procureur requis. Sitôt l'audience devant la cour requérante ouverte, le procureur requérant en informe son homologue requis, qui signifie alors devant la cour la clôture du dossier d'extradition. Le juge prononce la relaxe de la personne extradée, pour la forme.

    Les conséquences d'un défaut de présentation devant la cour requérante sont fixées par l'article 8.


    (Recours)
    Art. 7
    La personne recherchée peut faire recours de la décision d'extradition dans sa première plaidoirie devant la cour requise dans le cas où elle estime que la procédure n'a pas été respectée. Le procureur répond aux objections levées par la personne en voie d'extradition. Cette dernière peut ensuite plaider une deuxième fois avant que le juge ne livre ses conclusions.

    Si le juge requis estime le recours fondé et décide d'invalider la demande d'extradition, il prononce immédiatement la relaxe du prévenu.

    S'il estime au contraire que le recours n'est pas fondé, il réitère directement par courrier à la personne recherchée la décision d'extradition rendue par le procureur requis, selon l'article 5 ; la procédure suit alors le cours normal fixé par l'article 6.


    (Opposition)
    Art. 8
    Le régnant de la province requise peut s'opposer discrétionnairement à toute demande d'extradition sur un de ses sujets ou de ses vassaux, à n'importe quel point de la procédure, sans que cela ne remette en cause la validité générale du présent traité. Cependant, il devra en adresser justification à la province requérante afin de ne pas fragiliser leur entente.


    (Défaut de présentation devant la cour requérante)
    Art. 9
    Dans le cas où une personne extradée ne se présente pas devant la cour requérante dans le délai fixé par le procureur requis, ce dernier requerra que la cour requise de reconnaisse l'accusé coupable sous le chef d'infraction à une décision d'extradition. L'accusé sera averti par courrier du réquisitoire du procureur requis et disposera ensuite de deux jours pour plaider.

    Le juge de la cour requise rendra son verdict en toute indépendance. La peine prononcée doit être similaire a celle qui serait encourue dans la province requise pour les faits pour lesquels était recherchée la personne.


    (Classement)
    Art. 10
    S'il est impossible de retrouver la personne recherchée, le procureur saisi en informe le requérant. Ils conviennent soit de continuer à rechercher le suspect, soit de classer le dossier. Le procureur requérant peut demander la réouverture du dossier s'il soupçonne que la personne recherchée est toujours réfugiée ou est revenue sur le territoire de la province requise.


    (Dispositions d'application, abrogation, modification)
    Art. 11
    ...

_________________
Une lettre écrite par Kartouche est utilisable dans vos narrations ou par votre marionnette, si elle a pu se la procurer. A priori, la réciproque est vraie aussi.

Réformé, fouble bourgeois, journaliste, reître, émérite...
Seleina
Des effusions hautes en couleur plus tard, une dent creuse comblée plus loin, les flamands furent installés comme des pâpes. Rien n'était trop beau pour les L'oréal.

Quelques heures plus tard, une missive de Messer Kartouche arriva dont elle pris connaissance, déjà affairée à croquer une Katina se prélassant sur la terrasse en vue d'élaborer sa future statue d'argile ou plutôt de terre glaise.


Se levant, elle prit congé et prit quelques instants pour répondre à la missive.







Joint à la lettre, le texte retouché.








Elle espérait ne pas avoir été trop franche et qu'il ne se formaliserait pas du ton direct employé.
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Seleina
[une partie de collin maillard, 21 mars, jour de printemps]




Ha ha ! Ta grand mère ! j'reconnaitrais entre tous ce nez en trompette huhu.


Un grommellement confirmant la théorie et la brune retire le foulard qui recouvre ses amandes.


Elles sont dispersées parmi les jonquilles, fleurs entre toutes, leurs rires parsemant l'atmosphère d'une touche de beauté.


M'dame du courrier ! M'dame du courrier !

S'écartant quelque peu de la partie en cours, la brune s'empare du pli, remercie la gamine d'un regard enjoué, décachète et lit :

Citation:
Expéditeur : Sindanarie de Viam
Date d'envoi : 21/03/2011 - 02:03:35
Titre : Grand Couvain
Dame,

Vous êtes cordialement invitée à vous rendre en place publique de Limoges* le 21 de ce mois pour la cérémonie de remise des insignes du Grand Couvain à sept nouveaux membres.

Au plaisir de vous y voir,

Sindanarie Carsenac
Grand Chancelier de l'ordre du Grand Couvain




Un haussement d'épaules plus loin, le pli s'achemine dans la poche de son tablier entre un fusain mal taillé et une coquille d'escargot des jardins.


Ma grand mère en barque sur la Vienne que j'irai pas.


S'élançant à nouveau, elle trouve un coin stupéfiant, le genre de cachettes dont on rêve toute sa vie, juste à côté du noyer près de l'épouvantail squatté par Katina.
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Seleina
[Le jour même. Salle du trône, quelques heures plus tard]



Une allée, un comte.
La brune comptait en finir et vite.

Aussi elle se dirigea d'un pas assuré vers le trône, le blason de son fief en main, le déposa au pied du jeune Malemort et sortit sans mots dire. Royale.

Le jour même elle quittait les terres de Neuville accompagnée d'une troupe de saltimbanques. La vie ne valait la peine d'être vécue sans convictions, ça n'était pas un blason qui modifierait sa perception de la chose.

Maussecret retrouvait les rires et les gestes de chaque jour, les habitudes et les petits riens, de ceux qui permettent des trésors de souvenirs.
Katina_choovansky.
Une boite, aux aurores, déposée devant la porte de Seleina.

Dedans, enrubanné de fougères avec amour, un ragondin, bel animal d’une dizaine de kilos, encore chaud, à la tête encore vaguement identifiable.
On voit que la bête a livré un combat de titan.
On devine, ça et là, les marques d’une tapette géante s’étant abattue sur elle, puis, on devine également, à la mâchoire fracturée, quelques coups de parpaings bien sentis, distribués d’une main experte. Mais le plus impressionnant restent les estafilades les flancs, profondes, nettes... mortelles…

Ca, c’est la première chose que Seleina verra en ouvrant la porte de sa chambre.
La seconde, c’est le poème composé, pourri, certes, mais composer une ode à 5 heures du mat après avoir lutté à moitié beurré dans les marais contre un ragodin de dix kilos, c’est pas facile facile, je voudrais vous y voir, tiens ! :




Pour toi Seleina,
On a chassé le roi,
Matraqué, souricé,
Pairpaingnisé et tailladé,
Livré à tes petits pieds,
Au saut d’un sommeil léger,
Te voilà avec un castor crevé
Pour te souhaiter la matinée.
Crois le ou pas, promis craché,
Sur le coup, ça nous semblait une bonne idée.

On t’aime.



La troisième chose que vit Seleina, ce fut, merveille du hasard, Numéro trois, assoupie contre un mur dans le couloir et lui faisant face, Zeinar, ronflant, son gros orteil coincé dans le goulot d’un tesson de bouteille ensanglanté.

La nuit avait visiblement été dure…

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Maitre Troubadour à la Confrérie
Seleina
Levée aux aurores, la brune se trouva nez à nez avec son cadeau.

Hé bé....


fut sa première réaction.
Son regard passa du gros rat aux deux endormis.

D'abord elle avait cru qu'ils lui avaient emballé la tête du Vicomte... C'est qu'il y avait une ressemblance certaine.

Puis, se laissant aller à la contemplation de deux des êtres qui étaient de ceux qui comptaient le plus dans son existence, elle les recouvrit chacun d'une couverture, ôta le tesson du gros orteil de Zeinar déjà bleui par le traitement de faveur, attrapa le ragondin pour aller le dépecer et le vider, elle n'était pas bouchère pour rien. Ca devait bien valoir un gros lapin ?

Quand les deux héros de la chasse nocturne se réveilleraient, la pièce fleurerait bon la viande grillée aromatisée au thym et aux herbes.

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Zeinar
[ 16 rue de la Providence, Limoges.]

Le brun replié sur son plan de travail se prenait régulièrement la tête entre les mains, se triturant les tempes pour oublier le mal de crâne qui l'avait envahi au réveil. Une nuit passée dans l'atelier à façonner une peau de ragondin de première qualité, certes très tendance en cette nouvelle année mais horriblement difficile à tanner, forcément ça donnait la migraine.

Heureusement le résultat était au rendez vous, là, à côté du bureau, deux bottes fièrement alignées contre le mur. Entièrement neuves, reliées sommairement entre elles par une sorte de collier en coquilles d'escargots fabrication maison. Elles n'attendaient plus que de recevoir les petits pieds, pointure 37.

Plus loin, se balançant sur sa chaise, Froute se prenait pour un rossignol, chantait la vie en sifflotant comme à son habitude, un couteau dans la main, un tubercule à tailler dans l'autre. Distrait, toute son attention portée entre les deux planches de bois faisant office de volets, il matait sans scrupule les passants qui se présentaient à la fenêtre, oubliant volontairement la tâche qu'on lui avait confié. Ils n'étaient pas prêts de déjeuner.

Tentant de faire abstraction de l'environnement oppressant, Zeinar noircissait le papier, rayait, raturait, annotait, affinait son annonce. Il avait décidé de tuer le temps utilement en se présentant à la prochaine élection municipale. Après de longues minutes, un premier jet voyait le jour, encore brouillon, mais l'écrit prenait forme. Il ne restait plus qu'à espérer qu'on lui donne sa chance.






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Katina_choovansky.
La mine de Limoges, pas loin d'une affiche "Votez Zeinar"


La brune s’arrêta au beau milieu du chemin, une moue réprobatrice aux lèvres.
Devant elle l’entrée de la mine de pierre.



Flash back.
Tournai, décembre 1458.


- « Blanche, j’en peux plus. »
- « Je sais, cette pluie givrante, c’est insupportable, on a un mal fou à se lisser correctement les cheveux. »
- « Regarde, » fit Kat en lui mettant ses mains sous les yeux.
- « Mmmm… tu n’as pas fait ta manucure depuis un bout… »
- « Je l’ai faite hier ! » explosa la brugeoise, le visage ravagé par cette criante injustice esthétique. « Hier ! Et j’ai déjà les ongles tout niqués ! Six mois Blanche ! Six mois que j’ai les ongles dégueux 18 heures sur 24 ! »
- « Putain d’mine », trancha la rousse, visiblement désœuvrée.
- « Faut que je vois la mer, faut que je vois autre chose que ce trou béant qui vomit jamais assez de fer pour qu’on puisse aller ramasser des pommes au verger sans que la culpabilité nous prenne à la gorge… On va foutre le camps, Blanche… et j’irai poser notre préavis au club de belote des Miniers du tunnel 7…», conclut elle avec un aplomb teinté d’émotion


Un mois après, les malles étaient faites, les adieux lancées et les pieds, judicieusement bottés pour la marche.

Fin du flash back.



Un papillon -diurne, Dieu merci pour lui- passant sous son nez dévia le fil de ses souvenirs.
C’était donc ça la vie ?
Où qu’on aille, y avait une mine que personne arrivait à remplir ?
Cette phrase lancée hier en taverne et à laquelle elle avait répondu, mue par l’automatisme débile de faire passer les intérêts d’un comté avant les siens...
(Ndla: Attention, la phrase-lancée-hier-en-taverne ainsi que sa réponse, bénéficient d’un effet ralenti habilement suggéré par la profusion de voyelles. )


- « Oooooon aaaaaaa beeeeesoiiiiiiiin deeeeee geeeeeeeens ààààààààà laaaaaaa mmmmiiiiiiineeeeeee… »
- « Coooooooompteeeeeeeez sssssssuuuuur moiiiiiiiiii… »

Elle s’était clairement faite avoir. Foutus réflexes !


Mais elle ne serait pas seule.
Fièrement bottée, elle attendait sa collègue de mine, impatiente de savoir si elle savait jouer à le belote, voire, la belote coinchée, et surtout, si elle n’avait pas oublié la bouteille de prune pour combattre les moments où on a envie de voir le ciel.

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Maitre Troubadour à la Confrérie
Seleina
L'AUBE**, significative, symbolique, s'étirait sur le monde, liant choses et gens dans un bleuté pervenche digne d'intérêt pour qui se levait d'un bon pied.

Ce qui n'était pas le cas de la brune ronchon qui fit son apparition, fagotée comme pour aller aux fraises, mitaines en cuir, foulard autour de la tête pour protéger sa chevelure d'ébène, vieille chausses à moitié trouées pour éviter de bouziller ses poulaines neuves...

Elle s'était juré de s'occuper de ses bestiaux pendant les deux mois à venir, rien que ses bestiaux et de temps à autres la forêt et les trilles des oiseaux... De ne plus regarder du côté de la défense et des remparts... De la mine ce trou noir et béant qui ne créait que des ennuis à ses pauvres doigts.

Et pourtant...

Dans une main, elle tenait sa pioche en airain qu'elle avait dégottée chez un brocanteur du coin affirmant ses grands dieux que ladite pioche avait appartenu au menestrel Cabrel, ultra prisé à la cour, ce qui avait scellé la vente. C'est qu'elle était parfois crédule notre troubadour.

Tout ça parce que la veille au soir, un appel au secours l'avait prise aux tripes.


- « Oooooon aaaaaaa beeeeesoiiiiiiiin deeeeee geeeeeeeens ààààààààà laaaaaaa mmmmiiiiiiineeeeeee… »

Et qu'elle avait répondu, de concert avec sa numéro trois d'exception dans une harmonie parfaite :


- « Coooooooompteeeeeeeez sssssssuuuuur moiiiiiiiiii… »


Se plantant devant sa comparse, l'oeil vague, elle interrogea :

Bon... T'as pensé aux olives ? Non parce qu'une journée sans olives c'est comme un pré sans herbe, comme une tisane sans sucre... Comme un cochon sans queue en tire bouchon.. Elle ne vaut la peine d'être vécue.


** (cliquer sur élection du conseil)
_________________
Zeinar
J-10, H-228, M-13680, S-820800.

La campagne électorale battait son plein.
Le brun s’était levé aux aurores pour entamer une journée de dure labeur faite de distribution de programmes et d‘alcool -parce que l‘un n‘allait pas sans l‘autre-, de grands sourires, de tapes amicales dans le dos, de poignées de mains plus ou moins naturelles, de compliments à peine forcés, de grands discours à la mesure de l‘orateur qu‘il pouvait être, de hochements de tête ponctués d’un « hum, oui » compréhensif, d‘une liste de promesses longue comme le bras. Ainsi se résumait la palpitante vie d’un candidat à la mairie.

Dire qu’il avait dû dépenser 50 écus pour en arriver là. Si ce n’était pas la preuve dévotion sans faille il n’y comprenait plus rien.

Ne souhaitant pas laisser place au hasard, chacun de ses mouvements était planifié afin de façon à maximiser les maigres 228 heures qui restaient avant que le résultat ne tombe enfin.
A son plus grand étonnement Froute s’était d’ailleurs mis à contribution suite à leur longue discussion débouchant sur un compromis. Le laissant miroiter une grosse plâtré de frites, met flamand découvert récemment et particulièrement apprécié de l’adolescent, le brun l’avait finalement convaincu de l’aider à la rédaction des affichettes.
Résultats des courses, il se trimballait la besace pleine à craquer de parchemins, re-décorant entièrement Limoges à sa façon. Embrassant le tronc d’un arbre ou le dos d’un passant, obstruant un carreau, collant au bois d’une porte, partout il disposait son message. Personne ni échapperait. Même un aveugle finirait par le remarquerait lorsque le vent ferait voler l’un des milliers de papiers affichés pour qu'il s'écrase violemment sur le nez du non-voyant.

Le lendemain, le parcours était tout tracé. Il irait prendre un bain de foule à l’endroit qui regroupait le plus de monde en journée: la mine.
Rien de tel pour prendre la température auprès de son électorat que de jouer la carte de la proximité.

Aux abords des lieux, attendant que les mineurs convergent, Zeinar poireautait, espérant gagner quelques voix au passage.
Une bouille connu, un client, une occasion en or.
Sautant sur la silhouette familière, il passa un bras chaleureux autour des épaules du bonhomme, l’abordant:


- Hey vielle branche! Ça fait un bail hein?
Alors Alfred, comment va ton frère depuis tout ce temps?


- Moi c'est Clothaire, fils unique, rétorqua sèchement l'homme au visage fermé.

- Clothaire, tu me coupes l‘herbe sous le pied. J’étais sur le point de rectifier.
Pas de frère alors ... Je ne sais pas ce qui m'est passé par la tête j'ai cru un instant que tu en avais un. Ahah, tu l’crois ça?
répondit-il dans la foulée, un grand éclat de rire comme pour occulter son fourvoiement.
Face au cruel manque d’enthousiasme de son interlocuteur qui arborait sa mine d’enterrement depuis deux bonnes minutes, le brun poursuivit, murmurant sur le ton de la confidence:

-Je suis surmené en ce moment. Dis moi Cloclo, sais-tu qu’une élection municipale va avoir lieu?
Au moment du vote, rappelle toi de tous ces merveilleux souvenirs que nous avons partagés. Comme cette chemise flambant neuve que tu m’avais acheté si ma mémoire ne me fait pas défaut.


- Celle que vous m’avez vendu hors de prix profitant de votre monopole, oui. Ça vous vous en rappelez , se plaignit l’homme peu enclin au dialogue, trop ronchonnant au goût du prétendant à la mairie.
Tandis que le sourire finit par s’estomper faute d’un manque évident de bonne volonté chez l’éternel bougon, il estima qu’il était temps de conclure.


- Tu n’as pas changé vil farceur. Bon, ça m’a fait plaisir de te revoir. Allez, je dois te laisser maintenant, j’ai à faire. Tu sais ce que c’est…j’suis très demandé.
Au plaisir et n‘oublie pas : « Avec Zeinar y‘a pas de lézard, aucun bobard, c‘est le panard »
termina t-il en gesticulant avant de déguerpir dare-dare , à la recherche d’une nouvelle tête à prendre en amitié.

Deux minois connus s’offrirent alors à ses yeux clairs. Sans tarder il s’avança vers elles, rebondissant sur ses fines poulaines. Propre sur lui, rasé de près, une robe couleur neige sur le dos, sans couvre-chef, les cheveux parfaitement ordonnés et les mains étrangement vides. Ne fréquentant plus la mine depuis des lustres, le caractère harassant et salissant de la tâche ne lui avait pas tellement effleuré l’esprit au moment de choisir sa garde robe.

Pas plus dérangé que ça, il les salua comme à l’habitude.


Hey ho les Maitres troubadours!
Vous vous rendez à la mine? C’est super, moi aussi. La joie du travail en équipe il n'y a rien de mieux.
Par contre il semblerait que j’ai oublié … l’outil
, précisa-t-il en désignant les pioches du doigt.
Vous me prêterez l’un des vôtres, hein? Sinon il me restera toujours le maillet. Ça fera surement l’affaire, glissa-t-il, absolument certain de la force de son instrument.

Et surtout n’oubliez pas, insista t-il en sortant sa pile d’affiches pour la scinder en deux.
On distribue ça à ceux qu’on croise, sans exception. J’en ai prévu deux à trois pas personnes.
Se baissant pour déposer une petite pile de papier devant chacune des deux brunes, ajouta:

Merci, j’vous adore.
Au fait à quelle heure elle ouvre cette mine?

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Katina_choovansky.
Au départ, ça allait. L’équipe promettait d’être du tonnerre, parce que Seleina, même si elle avait les yeux bouffis d’un manque évident de sommeil, restait monstrueusement classe et avait opté, en plus de cet air maussade magnifiquement interprété, pour l’accessoire fashion (prononcer fachone pour faire comme là bas) : la pioche en airain.
Culottée, et en même temps tellement glamour…

Et puis, il y eut comme une ondulation.
Un picotement.
Un truc annonciateur quoi.

Et Zeinar apparut.

La flamande laissa un regard mi-désœuvrée mi-perplexe (expression typiquement flamande due à leur réflexe systématique de déprécier la terre entière, réflexe en opposition à cette parcelle d’eux touchant au divin, leur insufflant cette mansuétude qui faisait qu’ils continuaient malgré tout à communiquer avec les autres… Oui, le flamand n’a pas que des proverbes épatants, mais aussi une vision du monde toute particulière) sur Zeinar.

Tout de blanc vêtu le bottier.

Un coup d’œil inquiet à l’équipe de poilus qui siégeait déjà devant l’entrée, attendant que retentisse la cloche leur annonçant une descente poussiéreuse dans les entrailles de la mine.
Les fronts sales étaient traversés de perplexité, les yeux plissés rebondissaient de la brune à la brune en passant par le brun, les moustaches épaisses s’agitaient dans un concert de murmures…

Bordel… Si ça continuait, ils allaient tous être foutus.

« A la guerre comme à la guerre », avait-elle un jour lu dans son manuel des Castors Junior. Elle reçut les tracts dans les mains et regarda Zeinar d’un air compatissant, lui signifiant par là « Désolée, mais… un sacrifice vaut mieux que deux, tu l’auras. ».

La brune se retourna vers l’entrée de la mine, hélant les bonhommes qui les observaient.


- « Hé ! Les gars ! J’offre son poids en bière à celui qui me ramènera Zeinar tout noir ce soir ! »

Un hourra de joie explosa aux abords de la mine.

- « Et surtout, votez pour lui ! », acheva-t-elle en mettant une pioche dans les mains de Zeinar. « Vous courrez vite ? » demanda-t-elle au candidat en essayant d’avoir l’air de rien.

Etait ce nécessaire qu’il sache qu’elle ouvrirait certainement des paris dans la journée ?

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Maitre Troubadour à la Confrérie
Zeinar
Est-ce qu'il courait vite?

Minute papillon! Dans son plan parfaitement huilé il ne prévoyait à aucun moment d'allonger la foulée.
Le scénario semblait pourtant limpide, il l'avait même refait des dizaines de fois dans sa tête.
A la fin il se retrouvait toujours en tête de file, menant le fameux "Hé Ho, Hé Ho, Hé Ho, Hé Ho, On rentre du boulot !", puis finissait assis sur son trône, un verre de vin à la main -Château Saint Pétaouchnok, cuvée grand millésime-, Kat et Sel en charge de sa manucure.
D'une seconde à l'autre, sous la poigne meurtrière d'une flamande, son espoir se réduisait en une fine poussière drapée, sort habituellement réservé aux insectes volants nocturnes.
De quel droit osait-elle?

Les iris bleutés s'était teintés d'un gris orageux au moment de foudroyer la flamande du regard.


Fourbe! Vendue! Traitresse! Bourreau! Assassine! Flamande!


Puis l'évidence de ce qui allait suivre lui apparut, aussi inattendue et jouissive qu'une onzième apparition de Saint Barnabé.
Ses doigts se resserraient autour du manche en bois tandis qu'il se voyait défoncer le crâne de la flamande à grands coups de pioche, pouvant presque ressentir les longues giclées de sang qui souilleraient son visage peint d'une colère destructrice.

Il rêvait encore.

Sa peau si délicate ne le supporterait jamais. Sans de fins gants de soie pour protéger son épiderme, un tel outil s'avèrerait être une source à problèmes. La perspective d'une épidémie de cloques finit de le convaincre de laisser tomber la pioche à ses pieds, abandonnant avec elle son projet sanguinaire.


Les mineurs, eux, n'avaient pas renoncé à la pioche qu'ils portaient la plupart sur l'épaule et s'avançaient déjà un ordre dégroupé dans sa direction. Quelques uns se lissaient la moustache en silence comme s'ils préparaient un sale coup.


Oh, oh les amis, on se calme hein. Le noir ne me sied pas au teint je vous assure.

On a soif!, beugla un amateur de bière en guise de réponse.

Bordel, c'est une flamande et j'suis des vôtres. Serrons-nous les coudes. Où est passé l'esprit de corps?

- La corps en noir, l'esprit après! , aboya un jeune effronté, déclenchant une vague de rires au sein du cortège.

- Ah ah ah, y'a des marrants dans le lot en plus...

Reculant maladroitement, il tendit les poings en direction des affreux poilus qui ne cessaient de progresser, les avertissant du danger qui les guettait.

Le premier qui approche, j'vous garantis qu'il ira pleurer sa mère, bande de...

...AAAAAAHHH.


Un des assaillants était sorti du lot, bondissant pour lui mettre le grappin dessus. Malgré un mouvement de recul, le bonhomme avait réussi à enrouler un bras autour de sa jambe et s'y accrochait tel une grosse moule à son rocher, son sourire édenté lui promettant un bain de noir.

Enlève tes sales pattes de moi...


Pris par les poils de barbe que le brun tentait de lui arracher, le mineur relâcha l'étreinte , suffisamment pour que Zeinar se dégage, laissant une poulaine dans la bataille.

Il ne restait alors plus qu'une seule solution.
A cloche-pied pour ne pas salir son bas blanc comme le reste, il se lança en désespoir vers Seleina, les mains tendus vers son cou déjà couvert de multiples marques de strangulation.
Comme à chaque fois que ça tournait mal quand Sel était dans le coin, il tentait de l'étrangler. Parce qu'elle le méritait surement. Qu'elle l'avait cherché. Qu'elle n'était pas étrangère à l'attaque perfide de sa consœur troubadour.

Tenant fermement le cou de ma brune entre ses serres, il prévint:


Maintenant on reporte ses intentions crapuleuses sur la flamande ou j'assassine Seleina sur le champ.
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Seleina
Pourrait-on un jour lui expliquer pourquoi ?

Pourquoi cela lui arrivait-il toujours à elle ? Non mais c'est vrai quoi...

Pourquoi tant de haine ? Et que personne ne lui oppose un vague "parceeee quuueee" parce qu'alors elle ne répondrait plus de ses actes.

Stoïque, sa voix s'éleva, étranglée :


J'me sacrifie... Et surtout... Je double l'offre de numéro trois... Chopez moi le futur maire et surtout... N'oubliez pas d'aller voter Zeinar !
_________________
Katina_choovansky.
Fourbe! Vendue! Traitresse! Bourreau! Assassine! Flamande!

Les mots doux, la flamande les encaissa sans broncher. Elle prit même le dernier comme un compliment qui aurait échappé au limougeaud.
Il y eut bien un moment où elle failli reculer d’un pas, mais l’arrivée des mineurs et leur légendaire alcoolisme lui avait permis de sauver la face.
La suite alla très vite.
Tel un ragondin acculé, Zeinar sous l’assaut minier se sépara d’une chausse (« première erreur » nota la flamande qui, elle, n’aurait JAMAIS abandonné une botte) pour fondre sur l’innocence même, son Maitre, sa brune, son encre-de-chine-nuit-de-concours-de-billes : Seleina.


Maintenant on reporte ses intentions crapuleuses sur la flamande ou j'assassine Seleina sur le champ.

Une étincelle dans la prunelle.
Seleina qui agonise violemment (mais avec grâce cela va sans dire) sous l’étreinte cruelle des doigts longilignes du brun, et qui, malgré cette douleur lancinante, arrive à dire :

J'me sacrifie... Et surtout... Je double l'offre de numéro trois... Chopez moi le futur maire et surtout... N'oubliez pas d'aller voter Zeinar !



Et puisque Zeinar tapait bas, elle allait pas se gêner. D’autant que le Gros Louis, son cousin Fernand et ses deux enfants de 13 et 10 ans, essayaient de réduire l’alcool… Fallait un truc pour mettre tout le monde d’accord, et ça… c’était assez fastoche.

- « Dites les gars », fit elle en poussant la voix pour être bien entendu. « Juste comme ça, à vue d’nez, il fait quoi comme métier, Zeinar ? »

Les yeux cernés se reportèrent tous sur Zeinar, le dévisageant.
Un blanc épais en détaillant la silhouette droite, élancée et sans carence visible comme Jeannot dit Lapin, dont le teint pale témoignait d’une absence évidente de magnésium et de calcium.
Non, non, Zeinar avait le teint frais, les joues roses, le cheveu luisant…
L’avait pas le genre de carcasse qui trime au champ, encore moins à la mine. Quant à ses mains…

La brune suivit le regard collectif et annonça, sans pitié, orientant la vérité, juste ce qu’il fallait.


- « Et ouais les gars, Zeinar est couturière… »

Un regard gourmand dans la foule, une salve de murmures, un rire ou deux.
La meute dévorait Zeinar des yeux.
Sans une intervention de type divine, il risquait un gros bizutage bien corsé.

La flamande recula doucement jusqu’à la cloche qui marquait le début de la journée, et se tourna vers Zeinar, le reste de la foule lui tournant le dos.
Mettant sa main au niveau de la corde, elle lui lança un coup d’œil qui signifiait : « Lâche là et j' sauve ta peau. »

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Maitre Troubadour à la Confrérie
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