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[RP] D'un atelier et autres billevesées, litotes et cie.

Zeinar
Dans sa position préférentielle il jubilait intérieurement, les phalanges déployées autour du cou de Sel, sentant l'artère carotide battre à rythme régulier sous son pouce.

Et tandis qu'il attendait patiemment que s'abatte sur lui une pluie de violences, la brune ne bougea pas. Quand allait-elle enfin lui briser les côtes d'un coude affuté, lui écraser les orteils d'un talon rageur, lui éclater de nez de l'arrière de son crâne? Que se passait-il? Avait-il serré trop fort?

Écartant les doigts de quelques millimètres, il espérait qu'elle se débatte.
Dans sa tête, bouillonnait la crainte de la voir partir, s'évanouir, faire capoter son plan.
"Sel, ne me lâche pas maintenant ! Ce n'est pas drôle là! Bouge, bouge, bouge!"

Non, rien de tout ça, elle articula quelques mots qui parvinrent à sortir de sa gorge rétrécie. Aucune trace d'agressivité, impressionnante d'immobilité, elle débitait, semblant détachée.
Il ne s'attendait pas du tout - mais alors vraiment pas- à une réaction aussi inadaptée face à la situation peu confortable dans laquelle il l'avait mise.
Contrepied parfait, plus dur à encaisser qu'un poing dans l'estomac, elle lui avait coupé le sifflet. En trois fois rien elle l'avait mis K.O. Elle pouvait s'agacer, le mordre, ou au contraire, rester indifférente, l'oeil vide, quitte à passer pour une folle. C'est pour ça qu'il l'aimait, ou la détestait.
Pas étonnant qu'il cultivait ce terrible besoin d'étranglement envers sa petite personne.

Alors qu'il pensait mener les débats, contraindre la flamande à le supplier à genoux, ce qui lui aurait particulièrement plu, elle riposta. Bassement, affirmant qu'il était couturièrE, reniant par là les bottes qu'elle portait aux pieds.

Elle aussi, avec ses airs de funambule, commençait faire naitre en lui un sentiment étrange.
La corde à proximité, ses yeux tournés vers lui, plus flamands que jamais. Il pouvait y lire fourberies et promesses, détermination et interrogation.

Kat le laissait miroiter l'espoir d'un dénouement pacifique. Maligne, elle cherchait à reprendre le contrôle. Ce n'était pas très clair. Ça ne l'était jamais avec elle. Le pacte silencieux restait en suspens.
Accepter, refuser? Avait-il encore le choix?
La bande d'affreux moustachus lui promettait l'enfer. Kat jurait de le sauver. Ses iris rebondirent de l'un à l'autre, indécis. Il n'avait confiance en personne.

La mâchoire serrée, il libéra Sel au cou, l'agrippant néanmoins au poignet. Se fier entièrement à la numéro 3 était bien trop risqué.
D'un air entendu, il hocha la tête dans sa direction. Le message était lancé: "fais tinter cette fichue cloche et la troubadour sera libérée".

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Katina_choovansky.
Alors, la main de la brune saisit la cordelette et fit tinter la cloche

CLING ! CLING ! CLING ! CLING ! CLING!

Il y eut comme un voile dans les yeux des mineurs. Une déconnexion. Un rebootage du cervelet. Une sorte d’ordre subconscient qui les détourna immédiatement de Zeinar et Seleina, pour les faire pivoter vers la bouche béante de la mine.

- « C’est parti », beugla la flamande à la troupe. « Vérifiez bien vos pioches et le tunnel auquel vous êtes affectés !... Et les gars du tunnel six, le rendez vous pour la belote, c’est midi trente, pas midi quarante cinq ! », leur rappela-t-elle tandis qu’ils lui passaient devant.

Place nette.
La brugeoise pivota vers Zeinar, avisant le poignet de son maitre toujours sous sa coupe.
Désormais, le plus dur allait être de retenir un sourire devant la bobine courroucée du maire.
Ah la tête géniale!
Rétention des zygomatiques.
Air de circonstance

- « Ne faites pas cette moue Zeinar, si l’vent soufflait maintenant, vous pourriez rester coincé avec cette tête là… »

Lui adresse une imitation-assez réussie- de sa tête aux sourcils discrets froncés, l’œil méfiant et la mâchoire serrée.

- « Et ne me faites pas cet œil noir. A la guerre comme à la guerre. On m’a embauché pour récupérer Seleina proprement et pour l’instant y a eu aucune effusion d’sang… mais si vous la relâchez pas… »

Saisit sa pioche, l’air désolée de devoir peut être en arriver là


- « … Ca va moucher rouge… et vous l‘savez, le sang sur le blanc c’est salissant. Alors soyons raisonnables… On va tous se calmer, oublier toute cette histoire, et aller miner comme des hommes… et des femmes… qui vont miner… Et puis on a besoin de vous pour la belote de midi trente, vous faites équipe avec Jean-Jean… » trancha-t-elle, finissant par le plus important

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Maitre Troubadour à la Confrérie
Katina_choovansky.
Interlude Limougeaud






« De l’Art de la zoologie et de la porcelaine en Limousin » ou, « De ce qu’il advient quand un épouvantable tournaisien moustachu vous force par son attitude discourtoise, à se faire jeter deux kilos cinq de porcelaine en forme d’écureuil à la gueule au grand dam d’un maire amateur de céramique »


Limoges, dans la nuit de samedi à dimanche.


01h42
Concentrée la flamande.
Le nez froncé dans la chambre où brulaient des dizaines de bougies, l’éclairant mais faisant monter la température de 18 degrés dans la pièce, Kat s’efforçait de recréer un animal proche de l’écureuil.


03h26
Après plusieurs essais où elle fit apparaitre des morceaux de porcelaine un ragondin sans queue, un éléphant unijambiste et un ours à deux têtes, elle poussa son juron préféré.

- « Pute borgne ! »

Elle avait jamais été fortiche en puzzle, mais non seulement ce genre de choses ne s’avoue pas, mais en plus, elle avait bien vu que ça comptait pour Zeinar.
Dur de reculer dans ces conditions, même quand on est une flamande sans cœur.

Putain de comté Limousin ! Ca la ramollissait tous ces gens auprès d’qui elle passait du bon temps. Vivement les Flandres. Au moins là bas, on n’avait envie de faire plaisir à personne.



04h41
Un sourire vint enfin étirer ses lèvres.
Dépenaillée, en chemise et ses jupons noués aux genoux, le front luisant d’une sueur que provoquait le nombre bougies se consumant, à moitié vautrée sur l’immense bureau de Seleina qu’elle avait squatté en rentrant de son service à la taverne municipale (car un drame ne venant jamais seul, Zeinar n’était pas qu’amateur de porcelaine, mais aussi son patron), la brune se fendit d’un « Ah ! » satisfait en regardant sa derrière proposition.

De l’écureuil, y avait la forme, même vague.
Surtout l’unique oreille droite qui ressortait vachement bien. Pis la noisette qu’elle lui avait collée dans les pattes mettait sur la voie.
La trompe était presque centrée sur le museau, les nageoires fièrement dressées sur les flancs, et elle avait même réussi à planter quelques plumes sur l’arrière train pour faire plus « écureuil volant ».

Restait plus qu’à coller le tout.


05h13
La brune se renversa sur son siège, ravie, un éclat de porcelaine collé sur le front et les doigts tremblants de son travail d’orfèvre.
Si ça lui rendait pas le sourire, au maire !
Jetant un coup d’œil à la pendule, elle se défroissa promptement, souffla les bougies en se jurant de faire ce genre de conneries en plein jour à l’avenir, et quitta la pièce.


06h18
La brune s’arrêta devant la fenêtre de Zeinar, résistant à l’envie de le réveiller à grands coups dans les vitres pour lui montrer le trésor qu’elle ramenait, parce qu’au fond, qui aime se faire réveiller à l’aube, même pour admirer une œuvre d’art ?

Dans une moue où la raison l’emporta, la brune déposa la sculpture sur le rebord de la fenêtre en y accrochant un mot.

« Comme dans vos souvenirs ! Voire mieux (avec un peu de mauvaise foi).

Kat »


Puis, tournant le talons de ses magnifiques bottes limougeaudes, la flamande s’en fut chez Seleina pour aller comater le reste de la journée.


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Maitre Troubadour à la Confrérie
Zeinar
Fin de l'Interlude Limougeaud.




Redécouverte d'un animal qu'on pensait connaitre, ou la naissance d'un écureuil sauce flamande.


Limoges, au petit matin, un dimanche de messe.

07h 57
Les paupières se décollent difficilement, la bouche est encore pâteuse, sa raie complément défaite. Le réveil est difficile, comme à chaque fois. La nuit fut néanmoins plus belle qu‘à l‘accoutumé, son sommeil peuplé de rêves en porcelaine.

08h15
Dans la chambre voisine, penché au dessus d‘une couche autre que la sienne, sa main agite en douceur un Froute profondément emmitouflé dans sa couverture. En guise de réponse l'enfant s’enroule davantage, forme une boule et grogne. Réaction hermétique qui lui rappelle celle du hérisson mal embouché. Premier sourire de la journée.

08h45
Le coup de cuillère est franc, la confiture s’étale généreusement. Prunes à mémé, sucrée à point, un vrai régal au matin.
Pas de quartier, la tartine est croquée à pleines dents, tandis qu’il consulte la gazette locale, ouverte à la page « potins ». On y apprend notamment qu’un flamand moustachu a été arrêté la veille. Retrouvé en état d’ébriété sur la place publique, il pourchassait deux filles à moitié nues et fut mis au placard pour la nuit. Intéressant.

A l'autre bout de la table, Froute lèche ses doigts poisseux avec gourmandise. A douze ans il mangeait encore comme un cochon. Une totale remise en cause pour le brun. Qu’avait-il raté dans son éducation pour en arriver là? La question restait éternellement en suspens.

09h08
Bien habillé, Zeinar réajuste le col de son adolescent brun-roux dans une ultime inspection. Ils s’apprêtent à partir. Messe à 10 heures tapantes, l’évêque y sera. A ne rater sous aucun prétexte. Trouver une place une premier rang est une obligation . Laisser Sely fayoter seule n’est pas envisageable.

09h16
On tape au carreau. Des éclats de voix lui parviennent. A coup sûr des rires enfantins. Les silhouettes de quelques galapiats se pressent à sa fenêtre, perturbants. Il saute sur son balai et l’agite furieusement en direction de l’ouverture, braillant un « allez chasser les mouches ailleurs bande de canailles ».

09h26
Baissant les yeux, il découvre un cadeau de porcelaine, reposant sur le rebord de la fenêtre. A la lecture du petit mot, un sourire niais s’empare de ses lèvres. Il est heureux et contemple la sculpture. Il faut sortir dehors.

09h36
Ça y est il se décide enfin à toucher le chef d’œuvre pour le porter à l’intérieur, les doigts tremblants de maladresse. Exceptionnellement il entre par la porte et pose son écureuil sur la table. Drôle de bête. Une oreille en feuille de chou, un espèce de gland entre les pattes, une trompe, des nageoires et même quelques plumes. Heureusement qu’il connaissant à l'avance la nature de l'animal, il ne l'aurait jamais reconnu.
Froute ne se prive pas de lui faire remarquer que c’est « vraiment moche ».
Lui s’en fout, il aime.

09h50
Ils quittent enfin la maison. Le brun a mis le temps qu’il faut mais la porcelaine est maintenant parfaitement emballée, protégée de 6 épaisseurs, calée entre deux coussins de sécurité. Adieu taverne, la création restera chez lui à partir d’aujourd’hui.
Il se sépare du Froute au détour d’une rue, un passage chez Seleina se dessine comme une évidence. Les cloches tintent déjà depuis trois minutes trente. C‘est cuit, il sera en retard. L’important est ailleurs.

10h00
Improvisé équilibriste il court à toute allure sur l’étroit muret qui mène directement à la chambre de Kat. Il siestera plus tard à la messe, au moment de la quête.

S’arrêtant à la bonne fenêtre il coince un mot sur le rebord, à la façon flamand.

Plus tard la tavernière pourra lire: «Pas tout à fait comme dans mes souvenirs. Mais encore mieux que dans mes rêves. Merci Kat
Zeinar. »

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Seleina
10h01 :

Elle est en retard pour la messe... Une poulaine entre les doigts, elle saute à cloche pieds vers la porte d'entrée, la douce mélopée de sa numéro trois encore endormie diffusant dans la pièce attenante.

10h02 :

Une poulaine volante en direction d'une silhouette en équilibre précaire, là, le long du muret, vue imprenable sur la chambre de Kat.

Sale voyeur !
Non mais des fois...


Harrangue la brune qui n'en mène pas large, vissée comme un héron sur sa jambe chaussée.

Ma poulaine...
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Seleina
Seleina...

Hum ???

Seleina.


Un oeil qui s'ouvre, puis l'autre. L'impression d'être sur un navire tant la gamine la houspille. Mais c'est pour la bonne cause comprendra-t-elle de suite.

T'as été r'laxée.


Mots qui finissent de la réveiller.

Ah ? Bon sang... Etonnant. Pas de cour d'appel alors ? Pas de scandale comme je les aime, bien juteux ?


Moue dubitative de sa rouquine d'adolescente incomprise et pas dupe.

Ben il est plutôt pas mal ce Kartouche.


Petit sourire au coin des lèvres de la brune.

Si tu l'dis.

J'pensais qu'il se vengerait de ton cadeau empoisonné, ben même pas.
Quand même. C'est pas rien. D'ailleurs il a dû la bouffer cette vieille carne, on l'a jamais revue.


Moui... L'en aura peut être fait don aux croisés huhu.

Quoi qu'il ne soit, t'as intérêt à t'tenir à carreaux avant d'savoir qui s'ra le prochain procureur nommé hein ?

Je veux mon n'veux.
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Seleina
[au matin du 30 avril, soleil radieux, gouttes de rosée sur herbe fraîche.]


Ses pieds foulaient l'herbe du verger, savourant la rosée s'y déposant.


Une table avait été dressée, décorée avec finesse de fleurs et de fruits de saison. La porcelaine blanchie recueillait de quoi sustanter les convives au sortir de la cérémonie.

Quelques bancs disposés ça est là pour les amis invités.

Une cérémonie sans prétention s'apprêtait à être célébrée.

La brune avait revêtu une robe beige, légère, diaphane, comme son teint. Une couronne de fleurs blanches ceignant son front, cheveux lâchés, pieds nus, son coeur était en liesse.

Ce jour était un beau jour. Ce jour était le jour de leur baptême.

Erabal, Zeinar et elle allaient entrer dans la grande communauté Aristotélicienne.

Et ce verger allait être le témoin de leur foi.

Un baptisphère en bois d'olivier avait été déposé plus tôt, contenant l'eau bénie qui les purifierait.
Une sorte de petit auvent surplombait le tout, fabriqué par Atlantide, Atalante et Froute, le trio infernal, un entrelac tarabiscoté de jeunes branches en forme d'arc, parsemés de lierre, de clématites et de chèvrefeuille... Un peu étrange, mais finalement charmant.

Le tout suspendu au souffle des protagonistes. Atmosphère douce et légère qui précède aux instants précieux qui façonnent toute vie.

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Katina_choovansky.
Dans les rues de Limoges, 02h25.


Kat s’y reprit à quatre fois pour fermer la porte derrière Zeinar avant de le rejoindre, s’appuyant à son épaule pour garder l’équilibre. Manque de pot, le maire était complètement raide, aussi, chancelèrent ils longuement avant de retrouver un semblant d’équilibre.
En fait, quiconque serait passé à cet instant ci aurait vu deux silhouettes devant l’église, tirant à mort vers la gauche… mais dignes !… ou presque.

Penchant donc, sur la gauche, Kat avisa la rue qui s’offrait devant eux


- « C’était une bonne idée… le vin qu’a ramené l’évêque de Gênes, c’est du sacré pinard », avoua-t-elle
- « Oui. », répondit sobrement Zeinar
- « C’est tellement beau de pouvoir faire confiance à des gens sur des sujets aussi sensibles que le vin de messe! Putain, j’en chialerai presque ! » s’emporta la flamande, une main sur le coeur.
- « C’est vrai », certifia Zeinar en se tamponnant les yeux d’un mouchoir.


Emus, ils restèrent silencieux quelques instants, avant que l’un d’eux ne rompe le silence printanier d’une remarque bien sentie, posant ses mains sur ses joues rougies de nombreuses bouteilles débouchées: « Putain, fait chaud quand même, non ? »


A 03h32 a.m, soit, une heure et sept minutes après avoir entamé les 60 mètres de pente douce menant à une petite place bourgeoise, car soixante mètres, c’est long à faire surtout quand on zigzague et qu’on s’arrête pour discuter, Zeinar avisa une belle propriété.

Un moment d’accalmie dans la nuit limougeaude avant que la brune ne se tourne vers le brun.


- « Zeinar?... J’suis sure que je dessine mieux les licornes que vous… »
- « Pas dit »
- « Alors je suis sure que je lance mieux les parpaings que vous… »


Force fut de constater, au petit matin, sur la façade de la propriété test, que ni l’un ni l’autre ne savait dessiner de licornes, mais que c’était quand même pas super évident avec trois grammes deux d’alcool dans le sang.

Il s’en suivit une longue discussion pour savoir si oui ou non, une princesse pouvait avoir une barbichette et un bandeau de pirate, discussion qui dévia finalement sur les couleurs de l’arc en ciel qui montaient jusqu’au toit, avant d’être interrompus précipitamment par le réveil de l’infortuné limougeaud qui ouvrit ses volets sur le duo éthylique au beau milieu d’une conversation bruyante.

Un regard en coin. Une entente immédiate. Un geste prémédité dès le début de la soirée. Le final commençait.

Il leur restait approximativement 20 secondes avant que l’autochtone ne sorte par la porte de devant avec un objet tranchant pour les menacer.

Il ne leur en fallut que douze pour lancer chacun un parpaing dans la façade vitrée, les regardant s’écraser et ravager sans nul doute le salon en bois de cerisier de Madame.

Les huit secondes restantes suffirent amplement à détaler, direction le marchand de gaufres –qui est ouvert 24h/24h car Limoges est une ville dynamique- comme convenu.

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Maitre Troubadour à la Confrérie
Zeinar
[La même nuit, un autre regard.]

Limoges, aux premières heures d'un dimanche.


Pendant lamentablement à la poignée de porte sur laquelle ses doigts s'étaient accrochés au prix d'un bel effort, irrésistiblement attirée vers le bas Kat tenait bon, cherchant à actionner ce mécanisme tellement plus complexe qu'il n'y paraissait -surtout avinée comme l'était la flamande-.

Après sept tentatives infructueuses et la laborieuse recherche d'un engrenage mal maitrisé, le huitième coup de poignet fut le bon. A ce moment précis, très très inconsciemment ils surent tous deux où ils étaient, car le miracle qui venait de se jouer n'aurait pu voir le jour qu'à la porte de la maison de Dieu. La grâce divine avait frappé la flamande, s'était emparée de son bras jusqu'à ce que la porte claque, et l'on pouvait presque sentir sous ce clocher la présence bienveillante de Très Haut, soucieux d'aider les deux jeunes égarés - et inquiet pour sa porte qu'on aurait défoncé en peu de temps-.

Kat, emportée par une fougue qui la traine et l'entraine, qui l'élance et la danse dans une une folle farandole (*) .... finit par s'échouer vacillante contre l'épaule de Zeinar, car tout prodige ne dure qu'un temps.

L'histoire ne cessait de le prouver: c'était toujours dans les situations les plus inattendues que naissaient les idées de génie. Les plus pessimistes diraient plus simplement que l'alcool faisait faire n'importe quoi. Toujours est-il qu'ils eurent ce soir là la brillante inspiration de s'emmêler les bras, un coup dessus, un coup dessous, et de joindre leurs mains. Puisque Kat penchait à droite et Zeinar à gauche, l'un fit contrepoids à l'autre, et la stabilité s'instaura presque immédiatement. Ils évoluèrent ainsi quelques mètres en équilibre précaire, réussissant sans le savoir à former la toute première balance humaine pour éméchés du samedi soir.
Malheureusement le grain de sable enrailla la belle mécanique, un pouce glissa d'un index, et l'harmonie que bien des savants chercheraient à reformer des siècles plus tard se rompit.
Le maire prit l'avantage, l'édifice de leurs deux corps hésitants dévia de son côté gauche.

Même une soirée bien arrosée n'interrompait pas la flamande qui continuait de jacasser vers un brun aussi apte à comprendre sa marraine que s'il avait été sourd.


- C’était une borne idée… le crin qu’a ruminé l''oeuf thèque d'Eugène, c’est du sucre épinard.

- Cette aile ment veau de pouvoir maire conscience sur des mulets aussi sans cibles que le bain de messe! Purin, j’en chat le raie presque !

Le jeune homme se contentait d'acquiescer à tout ce que disait la flamande, tandis que dans sa tête se formaient de drôles de mots dont il ne comprendrait jamais la véritable signification. C'était quand même beau et surement très profond alors il prit le mouchoir pour s'essuyer les yeux, comme on faisait dans ces cas-là.

Bien aidés par l'alcool, ils se murent une poignée de secondes dans un silence solennel, se regardant en chiens de faïence comme se serait plu à dire l'amateur de céramiques s'il en avait eu le courage.

Puis ils débutèrent leur incroyable expédition au quartier riche, sur le versant nord d'une pente terriblement raide. Du moins c'est comme ça que Zeinar la percevait, gesticulant et couinant contre une Kat qui le forçait à descendre malgré ses protestations virulentes.

- J'ai le vertige! Lâche-moi eeeeuuhh. J'veux remonter au sommet, allons voir la neige Kat. On mangera les flocons qui tombent.
- Ne fais pas ta chochotte.
- Chochotte, chochotte ... oh, oh, oh, oh, OOOOOOOOHHHH, l'aut' hé !

Piqué dans son orgueil, le brun se laissa entrainer et suivit la flamande qui connaissait visiblement la bonne technique pour aborder les chemins escarpés, tournant à droite à gauche pour atténuer l'effet abrupt de la rampe. Bien sûr ils ne faisaient que tituber, mais dans le feu de l'action tout ceci semblait parfaitement stratégique.

Arrivés en bas, le gourmand Zeinar, féru de belles bâtisses comme il n'en possédait pas encore, cibla la grande demeure de son œil vitreux mais néanmoins expert.
C'est là que les deux soiffard s'arrêtèrent pour se retrouver en face et face. Comme souvent, un défi à la noix mit le feu aux poudres. Ni l'un ni l'autre n'aimait perdre, chacun disposait d'une bonne dose de mauvaise foi, qui couplée à l'alcool devenait un poison.

Des animaux fabuleux qu'ils s'étaient promis de dessiner, il n'en virent jamais la pointe d'une corne.

Le monde féérique leur était toutefois ouvert, et une nouvelle page se tourna. Ils la réécrivirent comme ils se plaisaient à le faire et la princesse Raiponce fut mariée sur un bateau pirate avec Nev, le barbu flamand. Ainsi il s'échouèrent vers des contrées plus lointaines où les questions existentielles n'étaient jamais bien loin.
Enfin il levèrent les yeux au ciel pour s'accrocher au sept couleurs d'un arc-en-ciel.

Les débats passionnés auraient pu s'étendre encore longtemps si le propriétaire de l'habitation cossue n'était pas venu les déranger, leur rappelant soudainement ce qui les avait amené ici.

La décision se prit sans qu'ils eurent à se parler. L'échange d'un regard malintentionné suffit à déclencher le signal. A l'assaut !!
En un éclair ils ramassèrent leurs lourds parpaings, les envoyant se fracasser contre une vitre qui vola en éclats, impuissante face à la volonté coriace des deux buveurs.

Ils avaient gagné et s'envolèrent vers la dernière phase du plan: les gaufres.
Gais comme des pinsons ils chanteraient et danseraient leur victoire en se félicitant mille fois d'avoir été aussi inspirés. Et iraient s'offrir le luxe d'une récompense.
Zeinar demanderait discrètement au marchand de verser la quintuple dose de confiture sur la gaufre dégoulinant de sa marraine. Celle-ci s'en mettrait partout et prétexterait des alvéoles trouées ou l'incompétence du marchand.
Puis ils referaient la scène, se disputeraient verbalement le titre de meilleur lanceur de parpaings pour finir par reconnaitre à demi-mot que les deux tirs se valaient.


(*) : clin d'œil assez pitoyable il faut bien le dire à la grande Edith Piaf. Pardon, j'ai honte.
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Katina_choovansky.
Dans le petit salon de Seleina



- « Et comme ça ? »

La flamande observa la pose que proposaient Atalante et Atlantide, qui se foutaient clairement de sa gueule en adoptant des poses de danseuses toutes plus ridicules les unes que les autres, avant de demander, dubitative:

- « Seleina, nous aussi on avait les membres aussi disproportionnés que ça, à l’adolescence ? »

Atlantide se contenta d’un majeur bien haut que la flamande déclina poliment.

- « Trop convenu, je réserve ça à mes compatriotes… une sorte de signe de ralliement affectueux que nous ne pouvons comprendre qu’entre nous. »

- « Comme ça peut-être? »

La brune avisa la pose proposée par l’une des soubrettes venue apporter le gouter et qu’on avait réquisitionnée, comme les sept autres membres du personnel qui s’étaient tour à tour présentés pour diverses raisons et qu’on avait réassignés au département « créativité » du projet.

- « Moui, moui, mm, je suis pas sure… voyons…»

Pleine de bonne volonté, la brune adopta la pose sous l’œil pétillant de Seleina, qui peinait de plus en plus à rester digne au fur et à mesure que l’heure avançait et que la bouteille de prune se vidait.

- « Ca manque de naturel, non ? », demanda Kat, l’air de rien, le bras tendu au ciel comme pour réceptionner un piaf imaginaire sur le bout de l’index, la jambe droite partant en pointe arrière pour Dieu sait quelle raison.
- « Et ça ? », fit une petite voix masculine, attirant son attention.
- « C’est quoi ça ? Un ours qui s’étire ? » ? demanda la flamande en fronçant un sourcil d’incompréhension.
- « Non… c’est vous avec une épée», répondit le petit jardinier un poil vexé.
- « Aaah… » répondit elle sobrement, réussissant quatre secondes durant à retenir un air neutre sur son visage, avant d’éclater de rire.

Les vingt trois minutes suivantes furent d’une improductivité totale, les deux Maitres Troubadours pleurant de rire au sol, sans arriver à reprendre assez de souffle pour se relever
A 17h30, les yeux encore gonflés, les tignasses défaites de s’être roulées par terre, les deux brunes parvinrent à se hisser sur le divan confortable qu’offrait la pièce dans un concert de soupirs ravis.


- « Donc… on laisse tomber la pose avec l’épée », trancha Kat.
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Maitre Troubadour à la Confrérie
Seleina
Ca faisait peut être 4000 ans que l'on coulait le bronze dans l'art difficile de la sculpture. Autant vous dire que ça n'était pas son truc à la brune.


Ouais tu vas foutre le feu à ta bicoque avait argumenté Kat un brin réaliste en éteignant un début d'incendie.

Faut dire quelle idée d'fabriquer des soufflets aussi monstrueux... Avait rétorqué Seleina avec une mauvaise foi digne d'un flamand.


Elle avait donc opté pour un gros bloc de craie qui s'était effrité à force d'égalisations et qu'elle avait délaissée, dépitée, après qu'un bras ait cédé sous la pression légèrement trop appuyée de son burin.
Trop assymétrique du coup et même si Milo avait lancé une mode, c'était pas une raison pour plagier.



Bah, on gardera les morceaux restant pour écrire sur de l'ardoise, j't'en ramènerait de corse avait promis la brune d'exception pour consoler la sculptrice maladroite.

Elle était passée à la statue modelée à la cire molle.

Mais quelle idée aussi de la laisser en plein soleil au milieu du salon.

Trois heures et quarante-cinq minutes pour gratter le sol. Comme soirée veillée on faisait mieux.



Tu me diras c'est toujours mieux qu'une soirée macramé... S'était excusée Seleina, l'air faussement enjoué.

S'en était suivi une traversée du désert, les affres du manque d'inspiration taraudant insidieusement la brune poète.

C'est alors qu'au détour d'une conversation, elle avait appris que le fourbe, l'affreux, celui dont il ne fallait pas prononcer le nom, c'est à dire Nevgreluche, celui là même qui avait osé gagner ce duel ridicule et truqué contre son auguste personne, oui cet homme là... Et bien cet homme là collectionnait les coquilles d'escargots. Une nuit elle s'était faufilée, la vengeance taraudant son flanc, avait raflé l'intégralité de la collection.



Des coquilles d'escargot des jardins, encore mieux que les bourgogne dis donc...

Avait elle sussuré, trémolo dans la voix, dans le noir de la chambrée collective du premier étage de la meilleure auberge de Limoges "La porcelaine d'Aristote".

4856 coquilles...

Pile poil la quantité qu'il lui faudrait pour ériger une statue digne de ce nom. Pour liant un mélange d'eau farineuse, gluant à souhait.

Et tandis que notre artiste assemblait les pièces secrètement au clair de lune, créant une oeuvre à l'effigie de sa numéro trois, à 3h 32 minutes a.m cette même nuit, ceci dans un souci de précision, d'autres bouffaient des gaufres chez Momo.

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Katina_choovansky.
A quelques heures du départ.


La brune avisa les champs limougeauds, accoudée à sa fenêtre.
Derrière elle, les malles encore béantes rappelaient que l’heure du départ était imminente. La route reprenait ses droits. Fallait avancer. Et faire livrer les malles aussi. Impossible de transbahuter tout ça soi même, même en promettant à Saian de lui montrer une cuisse s’il disait oui.
Y avait pas que les curés flamands qu’étaient maudits.
Les malles l’étaient aussi.
Elles étaient toujours plus difficiles à refermer après qu’on les ait ouvertes… et qu’on ne lui fasse pas croire qu’une paire de bottes supplémentaires et trois nouvelles robes y étaient pour quelque chose !

Un soupir tandis que le regard coule jusqu’au verger de la propriété Seleinienne. Et dire que les cerises allaient être mures sous peu et qu’elle allait même pas s’en gaver sauvagement. Heureusement qu’il restait la promesse des amandes fraiches le long des plages méditerranéennes.


- « Et si moi aussi je lui montre une cuisse ? » demanda Blanche qui avait du mal à se séparer des sept malles de bottes sur plusieurs jours.
- « Peut être que ça peut marcher », admit la brune dans un sourire, sans quitter des yeux le sommet d’un cerisier chargé.

Abandonnant le lit, la rouquine vint la rejoindre à la fenêtre qui surplombait le vaste jardin devant la propriété.


- « C’était une bonne étape ? »
- « Epouvantable. J’ai aimé plein de gens »
- « Ah bordel, je savais que j’aurais pas du autant te laisser sortir. Tu t’attaches et après t’es triste. »

La brune opina du chef.

- « A Marseille, tu mettras pas le nez dehors. »
- « Sauf s’il y a des soldes sur les bottes ? »
- « Sauf s’il y a des soldes sur les bottes », lui confirma Blanche.
- « Et pour gouter la bouillabaisse ? »
- « On la fera livrer. »
- « Parait que c’est meilleur si on la mange sur le port »
- « … d’accord, mais uniquement en ma présence. »

La brune laissa un sourire poindre sur ses lèvres et posa sa tête sur l’épaule de Blanche.

- « On reviendra » lui murmura Blanche.
- « Ouais, encore plus chiantes. »
- « Et encore plus mégalos »
- « C’est possible ça ? »
- « Uniquement quand on revient. Faut bien en donner aux gens pour leur argent ! »

Un instant de silence avant que Blanche ne demande, pointant du doigt deux silhouettes sur la gauche.

- « C’est ton maitre non ? »
- « Ouais, on la reconnait à sa sublimitude naturelle. »
- « Et avec elle c’est le maire c’est ça ? »
- « Exactement, le tueur de ragondins. »
- « Pourquoi le maire étrangle-t-il ton maitre ? »
- « Une marque d’affection, je crois. »
- « Et au fait, c’est qui, le gars qui chante dans son bain depuis quelques jours? »
- « Ca doit être Gueldnard. Je le soupçonne de s’entrainer aux chants polyphoniques. »
- « Et lui, il fait quoi ? », demanda Blanche en désignant un blond.
- « J’pense qu’il apprécie juste le fait de marcher pieds nus dans l’herbe », répondit Kat en apercevant Erabal.
- « C’est Nev, là bas ? »
- « Non, juste un pantin à son effigie que j’ai fabriqué pour voir de combien de parpaings je devais le lester pour le noyer. »
- « Tu l’as salement amoché »
- « Seleina m’a aidée. », avoua la brune dans un sourire.
- « Hey mais y a un chauve ! » s’exclama Blanche en désignant le crane nu d’un homme devant l’entrée.
- « Ouais c’est Grandier, un foutu romantique », fit la flamande, le cœur serré en repensant au programme flamboyant qu’il lui avait proposé si elle restait : alcool et chansons paillardes sur les ruines fumantes d’Orthez.
- « J’hallucine où y a un gars qui se déplace en dormant ? » demanda la rousse en plissant le nez devant l’étrange spectacle.
- « Ouais, il est super fort Sliver pour piquer des sommes l’air de rien. »
- « Ha dis, c’est pas un évêque ça ? » fit Blanche en avisant une soutane.
- « Un putain d’évêque », blasphéma Kat dans un compliment ultime, saluant Angelo au passage

Un second instant de silence, que la rousse interrompit doucement, sachant que la nostalgie et les yeux rouges ne siéent (*) guère à une flamande, de surcroit brugeoise, même en prétextant une allergie au pollen.


- « Tu sautes sur la malle et j’essaye de la fermer ? », lui proposa-t-elle, sûre de son effet.

La brune acquiesça dans un sourire, se détournant de la fenêtre. Elle avait toujours aimé sauter sur des malles.


- « Ok, mais avant, un dernier truc à faire… »

La brune attrapa une grosse pancarte qu’elle positionna dans l’espace de la fenêtre ouverte et sur laquelle on pouvait lire « VOTEZ ZEINAR »


(*) ouais, moi aussi je viens de découvrir la conjugaison du verbe seoir, pour le pluriel de « ne sied guère ». Épatant !



Un grand merci à tous les LJD rencontrés à Limoges durant ces quelques semaines ! J’ai pas pu tous vous citer dans ce RP en remerciement pour votre accueil , mais le cœur y est.
LJD Khalan, Bradd, et Guilhem_horvy, une pensée toute particulière pour vous.

Une énorme bise également à mes comparses de route: LJD Blanche, Saian, Vanyla, Kasia et même l'affreux LJD Nevgerel même s'il ne voyage pas avec nous.
Tout le monde, merci encore pour tous ces beaux RP de taverne ou de papier !
Bon jeu et bonne continuation.

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Maitre Troubadour à la Confrérie
Seleina
Merci à vous d'avoir égayé ainsi les taverne de Limoges. Ce fut un vrai bonheur.



[Brouhaha enfumé d'une fin de soirée.]



En général la discussion battait son plein le soir venu, à la Porcelaine d'Aristote, à savoir qui de l'oeuf ou de la poule était venu en premier, sujet réccurrent, éternelle question qui ne cesserait jamais au final de les inquiéter sans qu' ils ne puissent se décider pour une quelconque hypothèse.
Il faut dire qu'elles étaient plutôt farfelues ces hypothèses, rompant avec la plus élémentaire des logiques.

Une théorie prédominait cependant que la brune Choovanski avait lancée un soir l'air de rien :


Il faut distinguer deux sens de "premier" : logique et chronologique. Chronologiquement, selon Aristote, on peut certes dire que le grain est antérieur à l'épi, ou que l'enfant précède l'homme, mais en réalité c'est l'inverse : "le domaine du devenir s'oppose à celui de l'essence, car ce qui est postérieur dans l'ordre de la génération est antérieur par nature, et ce qui est premier par nature est dernier dans l'ordre de la génération." (Aristote Parties des animaux livre II ch.1 (646a24))


Ce qui avait eu pour effet d'emboucher un sacré coin au bougre maistre badant comme à l'accoutumé devant la flamande éthérée et de provoquer quelques hoquets supplémentaires chez la brune troubadour.

Mais voilà, leur Choovansky était partie la veille laissant un grand vide derrière elle.

Et Louisia les trouverait tous deux à l'endroit soupçonné, affalés, le regard morne et triste, la truffe sèche, leurs soupirs se succédant canon lugubre et monocorde, tandis qu'au dessus de comptoir de l'auberge municipale trônait l'immonde banderole de Nevgreluche attestant de sa victoire éclatante sur la brune terrassée par la nostalgie.



JE CHERCHE SSSEEEEEELLLLLEEEEEIIINNNNNNNAAAAAAAAAA


Hein quoi, comment ? Qui me parle ?

Répondrait la Seleina d'une voix monocorde, toute joie l'ayant quittée, imaginant que la fin du monde ne pouvait pas être pire, sans se douter qu'elle vivait là les prémices d'un accouchement.



*(Post extrait d'un topic en cours en halle de Limoges. Panique à bord ou l'accouchement d'Arestel... Tadaaaa)
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Zeinar
[A la porcelaine d'Aristote, face aux 4856 coquilles de leurre].

A l'image de sa comparse de taverne, avachi sur une table, le menton calé au creux d'une main, il portait un regard vide vers la statue de Kat positionnée derrière le comptoir. Un long soupir d'occurrence s'échappa d'entre ses lèvres crispées. C'était la plainte non dissimulée d'un maire en manque de tavernière. Kat venait de s'envoler vers le sud, et déjà il rêvait de la voir revenir avec son saucisson et ses parpaings.

Après une chute assise dont il avait le secret, il tenta de faire tenir le coussin dans la paume d'escargots de la fausse Choovansky. En vain. Le carré de tissu s'échouait inévitablement au sol, lui rappelant comme il était cruel de voir disparaitre sa marraine.
Foutue statue !
Dans un élan de colère il arracha une coquille constitutive de l'oreille droite, l'envoyant se fracasser contre le crâne du type en vert qui ne cessait de les lorgner. Bien fait! Ça lui apprendrait à ne pas montrer plus de compassion que ça.
Sale type!
Puis il se calma, remplaça la coquille, se confessa de son pêché à la sculpture avant de se répandre en excuses suite à son geste malheureux qu'il justifia de mille façons. Un simple "t'as un superbe lobe d'oreille Kat" conclut l'incident.

Dans sa grande mansuétude, Seleina s'était finalement portée à son secours. Prenant le coussin entre ses doigts fins, elle le lui tendit en prononçant un "tenez patron", l'accent flamand en prime. L'imitation laissait à désirer mais lui permit néanmoins de placer le sac rembourré sous ses fesses.

Bien installé, la conscience tranquille, il s'offrit un moment d'accalmie et décacheta son courrier qui se réduisait à une seule lettre. Pour la foultitude d'amis, c'était raté. Heureusement que la missive fleurait bon la Bourgogne, le poney rose et le petit gris de Mâcon.
Ses lèvres s'étirèrent en un sourire guilleret à la découvert du nom de l'expéditrice. Alycianne, enfin.
Une lecture attentive et quelques interrogations plus tard, sa plume glissa sur le vélin, noircissant le papier en retour.


(texte issu d'un post en halle, et légèrement remanié pour l'occasion.)
Citation:



Citation:
* Titre : Nouvelles.

* De moi, Alycianne, fille au Duc de la belle Bourgogne,
A vous.

Le bon jour !

Comment vous allez bien ?
Je sais que sa fait longtemps j'ai pas écrit, il m'est arrivé pas mal de la chose.
Aussi je vais reprendre les choses une à la fois, avec de la liste (c'est de la belle invention les listes quand même )
-D'abord il y a eu de l'ambrouille à Angoulême et mes amis on été blessé. Du cou on est resté le tant qu'il aillent mieux.
-Et puis après, j'ai entendu de l'histoire comme quoi mon frère était deviendu tout blaireau (l'animal qui renifle la terre vous savez) et que ma soeur deviendait toute malade sans moi.
-Aussi j'ai rapliqué dans la Bourgogne dans le plus vite.
(C'était de la courte liste, j'ai fait du bon résumé ça veut dire je crois que je pense)

Pas d'inquiétations : mon frère Cassian n'est pas blaireau.
Griotte est un peu maigre mais je fait attention à ce qu'elle prend sa dose de sucre cotédien.

Aussi je suis là dans la Bourgogne. Si j'ai pas pu vous écrire plus tôt, c'est que on avait du souci, et qu'on devait se cacher. Mais j'ai dans l'impression que notre père remarque à peine notre absence. Il sagit d'une personne qui est du danger, et c'est aussi un ami de la dame de mon père. Aussi, comme vous le voyez, c'est compliqué.
Le temps que on s'est cachés, j'ai fait de létude sur les escargots. La vitesse de l'escargot dépend de la surface, comme si la table est mouillée d'eau, ou de vin, ou s'il y a des miettes. Du lever du soleil au zénit, il peut faire jusqu'à 6 longueurs de table.
Enfin, j'ai essayé avec les araignées, mais c'est moins facile, elles vont dans les tous sens et si vite que on les perd de vue.

Aussi, tout le monde (comme Cassian, mes amis, ou même les inconnus qui me connaissent même pas) m'embête avec Karyl. Karyl, c'est mon fiancé. Mais il n'est pas noble. Alors quand on était petit, tout le monde souriait et nous défendait, mais maintenant, on me dit que c'est pas possible.
J'ai la bigre de bigre impression qu'on m'a prise pour de la cruche et qu'on s'est payé de ma tête de cruche !

Aussi je vous demande votre avis : pensez vous que je devrais en parler directement à mon père (de Karyl et puis aussi de mon éducation qui se laisse désiré je crois) ? Ou peut-être je devrais m'énerver (j'en ai très envi par fois, surtout contre Cassian, mais après il me dit de la chose adorable et je redevient calme comme un étang d'eau croupie) ?

Entre Cassian qui n'arrête pas de me dire comment les fiançailles c'est du fichu, Griotte qui me dit qu'il y a danger à aller voir Papa maintenant, Marie qui me fait les gros yeux parce que je suis pas très bien élevée comme de la demoiselle, j'ai le sentiment très clair d'être du lapin pris au piège dans un piège piégé !

Sinon je vais bien, ne vous en faisez pas. Je souris, donc ça va forcément. Mais l'histoire du lapin piégé (surtout que maintenant en Bourgogne, la chasse au lapin est interdite !) m'ennuie pas mal.
Et personne pour me dire ce que je dois faire exactement dans l'exact !

Aussi je prie le Tout-Puissant pour qu'il fasse de la chose, s'il est pas trop occupé.
Si mes recherches sur les escargots vous intéresse, je vous tient dans le courant,

Portez vous bien,
Au revoir !

ABC.

PS : Mes initiales c'est ABC, c'est assez panaché je trouve, aussi je signe comme sa.




Citation:
Aly,
Ciane,
Ou encore ABC,

D'abord, merci.
Je commençais à m'imaginer que tu étais tombée au fond d'un trou. Ou que ton père t'avais défendu de correspondre avec un sale étranger. Ou bien que ton père t'avais jetée au fond d'un trou pour avoir correspondu avec un sale étranger.

Tu rédactionnes toujours carrément trop bien, ça fait plaisir à constationner.

Ton récit me semble très compliqué, surtout l'épisode avec papa, la dame et l'ami. Ça ressemble à une histoire de grandes personnes. Je ne suis pas toujours de bon conseil, mais si j'ai quelques remarques à faire, les voici:

Ton frère ne peut être un blaireau que :
- s'il est anormalement court sur pattes
- s'il se gave de vers de terre à longueur de journée
- s'il dort dans un terrier et s'amuse à construire des galeries souterraines dans le jardin. - un truc utile: si tu constates que le terrain est entièrement labouré et qu'il nie en bloc toute responsabilité, demande à regarder ses ongles pour t'assurer qu'ils ne sont pas noirs de terre.-

S'il ne remplit pas ces trois conditions sine qua non pour être un bon blaireau, alors on t'a forcément menti. Dans ce cas je te conseille d'affubler le fabulateur - pas celui qui lit des fables mais le moche qui ment- de "sale sacripant neurasthénique". En général ça calme.

Pour Griotte, je te préconise la cueillette de fraises des bois, à couvrir de sucre cotédien avant la dégustation. Parce que c'est vraiment meilleur.

Pour t'aider à savoir exactement quoi faire dans l’exactitude de l’exact, passons à ta question.
A ta place j'aurais pris les choses dans l'ordre. On commence par laisser sortir la colère -mais pas trop fort, juste en s'énervant tout rouge avec une grosse voix-, et ensuite on va voir le père pour lui expliquer le nœud du problème. Les papas sont doués pour défaire les nœuds, c'est bien connu.

Cassian te dit que les fiançailles c’est fichu parce qu'il voudrait avoir une fiancée lui aussi. Griotte te raconte qu'il y a danger à aller voir Papa parce qu'elle souhaiterait un double ration de sucre. Et Marie fait les gros yeux ... parce que c'est Marie.

Donc, pour résumer, tout est normal. Ou presque…. Chez moi l'escargot fait jusqu'à 9 longueurs de table. On a les bêtes les plus rapides du Royaumes. A moins que tu aies pris la table dans le mauvais sens, que ton escargot soit plus vieux, que tes miettes soient plus grosses, que tu te sois plantée.

Maintenant, à mon tour de te donner quelques nouvelles. Une liste comme tu les aimes s'impose.

- Je suis bougre mestre ! C'est difficile à croire mais mon programme a fait mouche! Tu as des mouches en Bourgogne? Silver en élevait une avant qu'elle ne s’éteigne à seulement dix huit jours d'âge. C'est moche.
- Je me suis fait baptiser en plein verger par un illustre évêque témoin de la onzième apparition de Saint Barnabé. Un grand moment d’émotion. Au fait, tu es baptisée toi?
- J'ai chassé pour la première fois le ragondin au parpaing, avec ma marraine Kat. On lui a éclaté la tê… ça parait violent à première vue, mais il n’a presque rien senti. On aurait dit qu'il dormait sans les quelques traces laissées cà et là. Seleina était ravie de le recevoir en cadeau -surtout qu'on lui avait choisi le Roi des ragondins-. On l’a mangé, et j'ai même fait de superbes bottes avec ce qu'il restait de peau. Là c’est ma marraine qui était heureuse. Tu as déjà attrapé du ragondin?
- J'ai arbitré un duel de vers et de vilains gestes entre Nev/Seleina et remporté haut la main par le moustachu flamand. Est-ce que tu aimes les moustaches?
- J'ai fait voler en éclat le carreau d’un…. non, ça c’était nul. Qu'as-tu déjà fait de nul?

Voilà. Je raccourcis la liste sinon tu ne liras pas jusqu’au bout.
Comme tu peux le constater je vais bien. Si ce n’est que je suis triste du départ de ma marraine de Flamandie qui est partie chercher du saucisson dans le sud, mais c’est la migration flamande qui veut ça.

En attendant je tords le cou -mais très gentiment- de la Maitre Troubadour . Ça fait un bien fou.

Tes recherches sur l'escargot m’intéressent forcément. Ton état de santé aussi. Tiens-moi au courant !
Maintenant que je suis un bon Aristotélicien -et même un Saint selon l'évêque-, je prierai pour qu'il fasse de la chose pour toi.

Oublie la chasse au lapin, et vive le ragondin!

Ne cesse jamais de sourire,
A bientôt,

ZYX - pour Zeinar Yen Xi-.

PS: ce sont de fausses initiales mais j'avais envie d’un nom assez bariolé moi aussi.

_________________
Zeinar
[Méfait à accomplir, Limoges].

Quand la nuit fut tombée, sous un ciel obscurci le brun s'éveilla en traitre. Il se dressa sur ses coudes, écarta ses draps soyeux, bascula sur ses deux pieds. Puis chargea ses affaires, se cacha sous un foulard, s'enroula d'une longue cape et resserra sa ceinture, fin prêt à en découdre.

Ce soir était le Grand Soir. Ce soir marquerait la vengeance attendue sur la brune. Ce soir les braves se lanceraient à l'assaut de la maison des horreurs. Ce soir il récupérerait sa crosse.
Des mois de frustrations, de menaces avortées, de sarcasmes encaissés, à serrer les dents en silence. Il allait bientôt mettre fin à la longue humiliation et irait récupérer son bien chez la chapardeuse, qu'importe le danger qu'il encourait.

Un sourire sournois s'accrocha à ses lèvres en pensant au méfait qui se jouerait chez la troubadour. Elle était loin de se douter de ce qui se tramait dans son dos. S'asseyant au bord d'une chaise, il se pencha en avant, enfila ses douces poulaines, retira les grelots.

Pour mener à bien sa mission de reconquête il pouvait compter sur une alliée de poids, chiromancienne de renom, fervente défenseur de la méditation. Même en milieu hostile - comprendre "en taverne"- où la pratique spirituelle faite de concentration et d'introspection se voyait trop souvent réduite en une vulgaire sieste, elle l'avait soutenu sans relâche. La Dame blonde, disciple méditante et amie précieuse, l'aiderait à récupérer son sceptre, symbole de leur noble art. L'idée d'une excursion chez l'éleveuse de cochons avait germé sans qu'ils ne sachent comment, après que Zeinar ait proposé d'aller cramer la maison de Seleina pour tuer le temps. La blonde lui avait rétorqué qu'il y allait un peu fort, et en fine diplomate elle avait su le guider vers une alternative acceptable. Reprendre son bien et dérober quelques effets très personnels à la juge.

Il remonta la courroie de sa sacoche à son épaule, vacillant sous le poids du sac de toile plein à craquer. Le parpaing était certainement de trop, mais dans le doute il l'avait fourré avec le reste. Tant qu'il n'avait pas à décamper en quatrième vitesse, ca tiendrait.

Dernière pensée pour son pauvre Froute qui finirait orphelin si Seleina se découvrait insomniaque ce soir, et il enjamba sa propre fenêtre, comme pour répéter les gestes qu'il serait surement amenée à faire. Maintenant qu'il était maire et quasiment Saint aux yeux de l'évêque, il devait prendre garde à ne pas entacher sa réputation quasi parfaite. Rabattant le foulard sur son nez, il jeta de vifs coups d'œil autour de lui avant de sprinter vers l'arbre le plus proche, s'adossant au tronc pour reprendre son souffle. Le chemin risquait d'être long et semé d'embuches mais il ne se ferait pas prendre, quitte à crever de chaud et à crapahuter d'arbre en arbre.

Quelques minutes plus tard, rampant derrière le muret qui autrefois menait à la chambre de Kat, c'est un brun en nage qui s'avançait vers le point de ralliement. Le parpaing flamand fut déclaré définitivement trop encombrant, et à mi-chemin il avait dû se résoudre à l'abandonner au hasard sur un parterre de fleurs d'une famille aisée.

Se redressant en douceur, il glissa à pas chassés vers l'enclos des gorets, où il devait normalement tomber sur Exquiz. Dans sa logique à lui, car ils ne s'étaient pas attardé sur le lieu précis de rendez-vous. Elle saurait surement où le trouver. Elle lisait l'avenir dans les lignes de main après tout. Décrypter ses pensées devait être un jeu d'enfants pour elle.

En attendant il ne pouvait rien faire sauf poireauter debout. Un premier son parvint à ses oreilles, témoignant d'un signe de vie à proximité. Les couinement aigus lui indiquèrent assez vite qu'il ne s'agissait malheureusement pas de la blonde.


Alfred, ferme-la, bordel. Tu vas me faire repérer ville truffe
, pesta t-il contre son cochon truffier qui agitait le groin dans sa direction, habitué à sentir sa présence.



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