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[RP ouvert] Mémoire d'outre-tombe

--Danaelle


Saint Claude, un paysage comme les autres, une ferme comme les autres, une famille presque comme les autres. Oncle 'Toine, poete, cache un passé trouble et se dit fermier, mais je sent bien qu'il a été autre chose. Tante Clara, une femme éffacée, douce, le coeur de la maison, des yeux emplis d'amour pour son mari. Moi, Danaelle, leur nièce, jeune femme solitaire, maladive, fragile, ils me considèrent comme leur fille depuis l'accident.

L'accident .... Je ne m'en souviens pas... de quoi me souviens-je d'ailleurs ? De pas grand chose en fait ! Ma mémoire est un énorme brouillard depuis l'accident.... Mes parents sont morts dans l'accident, mon oncle m'a sauvé, ma tante m'a soigné .... Mes parents sont morts .... L'accident ...

J'ai beau me creuser la cervelle à me donner la migraine, je ne me souviens pas. Ce qui me rend le plus triste, c'est de ne pas pouvoir revoir le visage de mes parents dans ma tete. Parfois je pleure de dépit, parfois je me dis que j'ai quand meme une famille et que ca, ca c'est le plus important, la famille.

Ha ! J'ai trouvé un petit chien blanc... Enfin une chienne .... Et elle n'est devenue blanche qu'après un bon lessivage ! Je l'ai appelée Mini parce qu'elle est toute petite, et aussi parce que ce nom se promène souvent dans mon esprit, sans que je sache pourquoi. En tout cas, Mini à l'air d'apprécier son nom !

L'accident ... Oncle 'Toine m'a raconté, la charette pleine, le cheval qui s'emballe, la falaise qui se rapproche, mon père assit à conduire me pousse violement, je chute sur le bas-coté et ma tete heurte une pierre, je perd connaissance. Ma mère à l'arrière n'a surement pas voulu quitter mon père, et la falaise, le cheval devenu fou ...... Il me l'a raconté mais a ajouté : Une seule fois ! Inutile de ressasser le passé ! Ce qui est arrivé restera, c'est comme cela ! Puis il m'a serré dans ses bras et j'ai longuement soupiré. Mais jamais je n'ai redemandé ....

Finalement pour ce que je me souviens, ca fait quelques mois seulement que je "vis", puisqu'avant l'accident, tout a disparu de mes "archives". J'ai passé plusieurs semaines dans un lit, inconsciente, entre la vie et la mort, ma tante à mon chevet. Puis j'ai réappris à vivre, manger, marcher, rire, vivre quoi ! Et je suis là, quoi qu'il arrive ou soit arrivé, la mort n'a pas voulu de moi !
--Danaelle


Non ..... NON !!! Laissez moi !!!!

Je me reveille en sursaut ! Encore ce cauchemard, encore ce visage ! Je reprend lentement ma respiration, passe une main sur mon front moite. J'écoute en silence, espérant ne pas avoir reveillé ma tante et mon oncle. Ma chambre, installée en mezzanine, est ouverte sur la maison, il ne faut pas que je fasse de bruit.

Je resserre la couverture sur moi, je tremble, je n'ose fermer les yeux de peur de le revoir, lui, ce visage qui me poursuit. Qui est-il ? Et ce signe, cette marque sur sa face, que me veut-il ? Je ne retrouve pas le sommeil et je me lève, descend à la cuisine chercher un verre de lait.

Les yeux perdus au loin, à travers la petite fenetre de la maisonnette, je scrute l'horizon où le soleil se lève. Je tente de rassembler, une fois encore, les bribes de souvenirs qui traversent parfois ma tete. Je revois un magnifique manoir mais pas le visage de mes parents, je me souviens d'un nom féminin mais je ne vois que la face d'un homme dans le trouble de mon sommeil ..... Qui suis-je ? Qui est Danaelle ? Je me souviens un jour avoir demandé à mon oncle quelle était la date de mon anniversaire et il sembla pris de mauvaise humeur. Je ne comprenais pas et répétais ma question
.

*Qu'est ce que ca peut faire une date ? Nous ferons une petite fete cet été, c'est promis*

*Mais ... j'ai quel age ? ....*

Apres un instant d'hésitation, il me regarda, un air un peu triste sur son visage. Demi-mensonge ou demi-vérité ....

*Tu vas avoir vingt ans Danaelle, mais .... Rien. Nous ferons une fete si ca te fait plaisir*

Il me dédia un sourire plein de charme et comme à chaque fois, je me disais que je savais pourquoi tante Clara l'aimait autant.

Tout va bien ma chérie ? Je t'ai entendu crier ...

Je sursautais, tirée de mes pensées par ma tante justement, et la vague dans la tasse de lait déborda sur mes doigts.

Oh ! Ma tante, je suis désolée, je ne voulais pas te réveiller !

Ce n'est rien mon enfant ... Elle s'approcha, plus petite que moi, elle posa sa main sur ma joue. Tu devrais te reposer plus .... Encore ces cauchemards ?

Je baissais la tete vers ma tasse.

Toujours le meme tante Clara, ce visage qui me hante et qui ne m'explique rien.....

Allons ! Avec le temps, le calme viendra. Tourne toi vers ton avenir et non vers ton passé. Ton oncle et moi t'aimons comme notre propre enfant, ici tu es en sécurité.

Je lui souris et la pris dans mes bras. Oui, ici j'étais en sécurité..... De quoi ? Je ne savais pas, mais un jour je saurais ......
--Danaelle


Je ne sortais que très rarement de la ferme, passant mon temps à aider tante Clara à la cuisine, à coudre ou broder, je m'étais meme rendu compte que je savais lire et j'avais pillé la petite réserve de livres de mon oncle. Homme étrange, il avait des livres qui m'étaient inconnus et qui m'intriguaient, mais il m'en avait soustrait certains, disant que ce n'était pas des lectures de jeune fille ! J'avais sourit et avais dévoré plusieurs fois les recueils de poésie et autres romans chevaleresques, laissant mon imagination s'envoler loin de Saint Claude.

Ce jour là pourtant, mon oncle annonca une grande foire dans le duché et ma tante me fit un clin d'oeil accompagné d'un sourire
.

Mets ton manteau Dana, tu viens aussi !

J'aimais quand mon oncle était heureux, tout semblait plus lumineux dans la maisonnette. Je me précipitais pour enfiler mes bottes et mon manteau, nouant un foulard sur ma masse de cheveux d'or puis attrapais le bras de ma tante en riant et l'entrainais à l'extérieur. Le soleil brillait et la journée s'annoncait merveilleuse.

Le chemin dans la petite charette me paru des plus ennivrant, comme si je partais à l'aventure, et lorsque la ville de dégagea de l'ombre de la foret, je ne résistais pas au plaisir de taper dans mes mains. Mon oncle avait besoin d'acheter une nouvelle vache et j'aurais la journée pour flaner dans la ville. Il me fit milles recommandations d'ici que nous arrivions au coeur de la foire, ils se dirigèrent directement vers les vendeurs de bestiaux et je suivais docilement, légèrement inquiète de la densité de la foule
.

Dana ... arretes de rever ... va te chercher un épi de maïs grillé et amuse toi un peu !

Il versa quelques écus dans ma main et je le regardais interdite ... Nous n'étions pas si riche et j'hésitais à refermer ma main sur le trésor. Ce fut la sienne qui m'emprisonna, je le regardais et il me sourit doucement.

Merci mon oncle !

Je déposais une bise sur la joue de ma tante et disparue en riant, fendant allègrement la foule, ne voyant personne, ivre de sentir ce qu'on appelle la liberté envahir mon coeur.

Des ménestrels chantaient au loin et, apres avoir dépensé quelques sous pour un maïs, je m'assis sur un muret pour écouter la musique et les chants. Je fermais les yeux alors qu'un éclair traversa ma mémoire : je me sentais danser avec un homme, les cheveux bruns, une salle toute décorée, un homme sans visage, un rire, le mien je crois .... Puis plus rien ! Soupire !

Je décidais de ne pas me gacher la journée avec mes souvenirs confus et de m'en faire de nouveaux, plus beaux, que je n'oublierais pas. Un homme criait un peu plus loin, je me dirigeais vers lui, joufflu et ventripotent, il proposait des promenades en barques pour quelques sous. Je souris en me disant que ce n'était qu'un appat pour les amoureux et regardais autour de moi si un couple se déciderait à en profiter. Un jeune homme s'approcha du premier qui s'époumonnait, plutot joli garcon, un brin d'herbe à la bouche, se mit à chantonner
:

Il est beau mon bateau, il va sur l'eau mais ne coule pas, j'ai le pied marin, je suis le capitaine au long cours .....

Je souris et, sous une impulsion juvénile, je le suivais dans les rues de la ville jusqu'à déboucher au bord du petit lac en question. Il y avait effectivement une jolie barque, décorée de quelques fleurs et de galons, qui attendait les premiers naviguants. Je m'en approchais en souriant et le jeune homme m'accosta.

Alors jolie sirène, une petite balade sur l'eau vous plairait ?

Rien que pour le plaisir de sa compagnie, je m'appretais à accepter mais en approchant plus près du bord de l'eau, un frisson me parcouru, je me retrouvais tétanisée, ne pouvant plus faire aucun mouvement. Le jeune homme, un pied dans la barque, me tendait la main et je le regardais les yeux grands ouverts, ne le voyant pas vraiment.

Il me sembla entendre un cri venir du lac, un cri déchirant de douleur, je n'arrivais pas à comprendre le sens des mots. Une désagréable sensation de froid glissa le long de mon échine, j'avais l'impression que l'eau sombre se jetait sur moi pour m'engloutir et m'entrainer au fond des abimes. Tremblante, je fis un pas en arrière et répétait : non ...non ...non !

Je sentis sa main prendre la mienne et je me mis à crier, je retirais alors vivement ma main et recouvrant l'usage de mes jambes, je me mis à courir en direction de la ville. Les larmes coulaient sur mes joues, je n'avais jamais eu aussi peur de ma vie et je ne comprenais pas pourquoi ! Ma course folle s'arreta dans une ruelle, proche d'une boulangerie et je m'assis sur quelques caisses de bois, haletante, me demandant encore ce qu'il venait de se passer.

Je restais là quelques heures, indécise, dans la plus grande incompréhension, puis je retournais chercher ma famille, je n'avais plus le coeur à rire. Je ne parlais à personne de cette peur irraisonnée de l'eau, ne sachant pas moi meme quoi en penser ......
--Danaelle


Isabeau, l'ainée des quatre enfants de l'apothicaire du village, était venue me voir ce matin là. Elle rayonnait et l'on pouvait percevoir la féminité toute récente qui s'épanouissait en elle. Elle me souriait et ne cessait de valser dans la cour de notre ferme. Quatorze ans, presque une jeune femme, et elle venait m'annoncer qu'elle était amoureuse.

Je riais de la voir si heureuse, elle parlait, vite et beaucoup, sans cesser de gesticuler. Je l'attrapais à bras le corps pour la stopper un instant dans son élan
.

Arrete Isa, je ne comprend rien à ce que tu me racontes. Qui est ce ? Est-il de Saint Claude ?

Non, grand dieu ! Veux tu que père le passe par une lame.... ou lui refile un de ses poisons ....

Eclat de rire en choeur de la toute jeune et de la moins jeune fille.

Il s'appelle Vincent, il est de Savoie, il vient me chercher dans quelques jours .... nous partons ... tu entends Dana ? Il m'emmene là-bas avec lui ....

Elle s'échappa de mes bras et se remit à danser en chantonnant à tue-tete. Puis elle m'embrassa et s'excusa, mais il fallait qu'elle retourne surveiller ses freres et soeurs. Comme une tornade, elle s'envola en courant et disparue. Il me semblait avoir toujours eu une jeune soeur, une petite furie comme Isa, mais cela était impossible, évidemment.

Cette histoire de Savoie me trotta dans la tete, plusieurs jours, plusieurs semaines. Sans trop savoir pourquoi, je me sentais attirée par l'ailleurs, voir au delà de mon duché, ma convalescence était finie et je me sentais trop "serrée" ici à la ferme. Jusqu'au jour où une affiche fut placardée dans toutes les villes : les capitales, Dole et Chambéry, concluaient une alliance agricole afin d'aider les producteurs. Je ne rentrais pas dans les détails de l'annonce qui me semblait sans importance, seul un mot avait interpellé ma mémoire trouée : Chambéry ! Ce nom me semblait si familier, comme si je l'avais toujours prononcé, toujours entendu, comme si j'y avais vécu. Etrange ! L'image d'un manoir me revint en tete et je souris. Un indice des plus précieux, voila ce que j'avais trouvé. Je devais aller à Chambéry et chercher ce manoir, certainement des réponses s'y trouvaient.

Je passais alors les nuits suivantes à imaginer la meilleure facon d'annoncer mon départ à mon oncle et à ma tante. Je ne voulais pas leur faire du mal, ni passer pour une ingrate, mais j'avais vingt ans, intuitivement peut-etre plus, et je voulais mon autonomie. Oui ! Voilà ce que je devais leur dire ! Combien de temps encore resterais-je à leur charge, sans gagner ma vie, sans partager les efforts quotidiens pour la soupe ....

La discussion avait été vive ! Ma tante avait abdiqué, la larme à l'oeil mais mon oncle avait vu rouge
!

Que tu travailles pour nous payer ? As-tu perdu l'esprit Dana ? Tu es notre seul enfant, nous avons suffisemment pour le quotidien, il n'est pas nécessaire que tu travailles !!!

J'avais bataillé rudement mais j'avais fini par le convaincre, j'avais tenu bon, j'avais prouvé que ma demande était raisonnable, et il le savait. Mais je comprenais combien il leur était difficile d'accepter mon départ.

Je promis, encore et toujours, je promis, pour tout. Et je les tiendrais ces promesses : oui je serais prudente, oui je reviendrais régulièrement, oui je leur écrirais pour les tenir au courant, oui, oui, oui ......et non, je ne ferais pas confiance aux hommes que je croiserais. Je promis.
--Danaelle


Un homme, ami de longue date de mon oncle, m'avait emmené jusqu'à Genève, la première fois que j'y mettais les pieds. Pourtant, la nuit et la fatigue aidant, je ne trouvais rien de particulier à la ville. Il me confia à une pension de famille pour la nuit et me donna consigne pour prendre la diligence, du lendemain matin, qui me conduirait jusqu'à Annecy, premiere ville savoyarde après la frontière. La tete emplie de reves, d'excitation, je ne dormis guère. Meme le fantome de mon cauchemard semblait s'etre assagit et le coq au petit matin, me trouva dispose avant meme d'avoir lancé son chant !

Un petit déjeuner copieux, alors que mon appétit était moins gros que celui d'un moineau, et j'enfilais manteau, bottes, besace et prenais ma valise avec tout ce qui était à moi dedans, autrement dit pas grand chose, pour me diriger vers la voiture qui me conduirait vers mon avenir et qui sait, peut-etre aussi mon passé. J'avais entrainé ma chienne Mini dans mon aventure, elle n'aurait de toute facon jamais accepté de me quitter et je la glissais dans ma besace pour monter dans le vehicule, glissant un sourire en coin au cocher. Par chance, seule une grosse dame était du voyage et je m'asseyais à son opposé, la saluant poliment.

Je m'assoupis en début d'apres-midi, apres avoir mangé la miche de pain et le morceau de fromage que la tenancière m'avait offert
.

Demoiselle ... Nous sommes arrivés .... Réveillez vous ...

Je sursautais, laissant tomber ma besace sur le sol de la voiture, mon regard hagard sur le visage du conducteur. Mini me regardait, son petit museau contre ma main.

Voulez vous de l'aide mademoiselle ?

Déjà l'homme prenait ma valise en main pour la sortir, éveillée à présent, je bondis sur mes pieds et attrapais mon besace que je lancais sur mon dos. Je sifflais la chienne qui sauta à ma suite sur les pavés noirs de la ville savoyarde. Une journée de marche et je serais dans la capitale. Mon esprit s'égara un instant, puis je pris la direction du coeur de la petite ville pour trouver une auberge. Une enseigne sembla apparaitre dans mon champs de vision et je décidais de m'y engouffrer : l'Auberge du Fut Follet !

Quelques clients, quelques discussions, et la fatigue me prit à nouveau. Je payais une chambre d'avance car le lendemain je partirais de bonne heure. Direction une nouvelle vie d'aventure !!!

Seulement voila ! L'aventure n'est pas aussi facile que dans les romans et au petit jour, après avoir marché quelques kilometres, ayant bu toute ma gourde d'eau, je me retrouvais épuisée et sans force. La chienne jouait sur la route à sauter, essayant d'attraper quelques insectes volants.

Soudain j'eu l'impression d'entendre des roues retentirent sur le sol, cahotant de-ci, de-la sur les aléas de la route. C'était ma chance, il fallait que je l'attrape sinon je serais bonne pour attendre des heures. Je sautais sur mes pieds lorsqu'elle arriva presque à ma hauteur
.

Arretez vous ! S'il vous plait, arretez vous !! J'ai besoin d'aide !

Un couple était assis à l'avant du chariot et l'homme tira sur les renes pour stopper les deux enormes chevaux qui étaient attelés à l'avant.

Ben, ma p'tite demoiselle, qui que vous faites sur la route, à c't'heure, toute seule ?

Je dois absolument aller à Chambéry mais ..... à pieds je ne le puis, je suis déjà trop fatiguée ....

La petite nature de ma condition physique m'empechait tout effort important et cela pouvait se voir à la paleur de mon visage.

Ben montez alors ! retorqua la brave dame dans un grand sourire confiant. Faites vous une 'tite place dans not' marchandise !

Je montais à l'arrière du chariot, découvrant tout un bric à brac de matériel de cuisine en bois et en étain, me fis une petite place et calant Mini sur mes genoux, je revais déjà à Chambery, que je découvrirais finalement dans quelques heures seulement.
--Danaelle


La matinée était déjà avancée, les marchands se dirigeaient vers la grande place centrale où se tenait le marché et où ils devaient monter leurs étals pour une nouvelle journée de vente. Le couple me déposa un peu avant la foule qui s'intensifiait et je pris une ruelle au hasard, ou peut-etre pas, peut-etre guidée pour un souvenir éffacé, mon instinct.

Une auberge, le Divin Nectar, me sembla des plus attrayante et j'y entrais, une petite cloche retentit alors que je poussais la porte. J'avancais de quelques pas, il était tot encore et tout était calme. Un homme semblait assoupi derrière le comptoir et je l'interpellais, espérant l'éveiller
.

Bonjour messire ! Je souhaiterais manger un morceau .....et .... avez-vous des chambres à louer ?

Il ne sembla pas vouloir sortir de son sommeil et je me trouvais un peu embarrassée. Devais-je le secouer ? Ce n'était guère charitable de ma part mais je n'allais pas attendre des heures ainsi .... Plongée dans mes réflexions, j'entendis la cloche tinter et une jeune femme brune s'engouffra dans la grande pièce, accompagnée de deux enfants. Son visage me sembla familier, mais je dois dire que je cherchais tellement à reconnaitre les gens, que presque tous me semblaient familiers.

Aphro chérie ! Te voila de retour ...Comme je suis contente !

Elle se jeta sur moi avant que je n'ai eu le temps de me présenter et m'enlaca fortement. Un instant genée, je me dégageais de son embrassade et lui sourit. Aphro ? Etait-ce un nom ? Pour qui me prenait-elle ? Me connaissait-elle reellement ? Je tentais de calmer les battements de mon coeur et l'affolement de mon esprit.

Désolée de vous décevoir dame, mais je ne suis apparemment pas celle que vous pensez. Je m'appelle Danaelle et je viens tout droit de Saint Claude ! J'aimerais un repas et une chambre, si c'est possible, comme je viens de le dire à votre .......époux.
Ce dernier ne m'a pas répondu....j'espère qu'il vous reste des chambres. Je cherche éventuellement un travail aussi, si vous connaissez un endroit où on embaucherait une jeune femme sans véritable compétence.


Je les regardais, petite famille bourgeoise, père, mère, enfants, une pointe d'envie dans le coeur. Puis ce fut ce moment que choisit ma chienne pour sauter hors de ma besace.

Mini ! Reviens ...... Je regardais la dame, un léger sourire d'excuse aux lèvres. Excusez moi .... vous acceptez les chiens aussi ?

Je sentis que je commencais à demander beaucoup !

C'est alors que les enfants réveillèrent leur "père" et celui-ci me regarda d'un air assez étrange. Bah lui ! Pour sur, je ne le connaissais pas, sa tete ne me disais rien du tout ! Mais au moins il me donna une explication qui sembla satisfaire ma curiosité, du moins provisoirement
.

Bonjorn dame, je suis Bubu, l'homme de la dame ici présente et propriétaire de cet établissement. Je ne sais pas si vous êtes là depuis longtemps mais je ne vous avais point entendu et je vous demande de vouloir nous excuser pour notre étonnement mais....c'est fou comme vous ressemblez à la sœur de ma chérie...Et comme nous sommes sans nouvelle d'elle, comprenez que ma fiancée se soit jetée à votre cou.

Ainsi je ressemblais à la soeur de cette jeune dame ! Mais visiblement, je ne l'étais pas..... Je souris aux propos de l'homme.

Vous etes tout pardonné messire. Je m'appelle Danaelle, j'arrive de Saint-Claude. Ravie de vous rencontrer ainsi que votre famille !

Je lui tendis la main, alors que sa compagne semblait toujours aussi interdite devant cette incontestable ressemblance.
Mini.
Après avoir relâché son étreinte autour de sa soeur qui ne se souvenait apparemment pas de l'être, Mini la regarda avec des yeux ronds comme des soucoupes lorsque celle-ci appela son chien qui venait de sauter de sa besace …

Mini ! Reviens ......

*Gloups*

La petite brune se gratte la tête …
C'était une histoire de fous !!!
Alors récapitulons …
Sa soeur qui visiblement était amnésique et … Un chien qui portait son prénom !
Là, elle était bien belle la famille, tiens !
On respire un grand coup …
En parlant de coup, Aphrodyti avait dû en prendre un sacré gros sur la caboche !

Remarquez … L'avantage, c'est qu'elle n'enguirlanderait pas sa cadette de sitôt …
Faut bien voir le bon côté des choses, ma foi !
Passé le moment de surprise, Bubu intervint …

[ … ] Comprenez que ma fiancée se soit jetée à votre cou.

Depuis quand étaient-ils fiancés ?!
Non pas que ce soit important mais … Si quand même un peu !
Mini regarda son chevalier d'un air surpris puis lui fit un grand sourire …
Oh et puis après tout, quelle importance de l'être ou non, ils vivaient ensemble à présent alors finalement, c'était tout comme !

Puis la brunette se souvint que la blonde cherchait du travail et vue, l'espèce de soupe qui mijotait dans la marmite au-dessus de l'âtre, c'était pas du luxe mais une nécessité …
Vrai qu'elle n'était pas une cuisinière hors paire !
C'était même plutôt le contraire …
Manier l'épée, se rouler dans la boue, dormir sous les étoiles, ça, elle maîtrisait bien …
Mais la broderie, la cuisine et autres trucs de femme, elle était loin d'être au point …
Si en fait ! Proche du zéro ! Nulissime !!
Tout ce qu'elle tentait de faire cuire, elle le carbonisait !
Autant vous dire que c'était pas appétissant !! Mais alors pas du tout …

Puisque vous cherchez du travail … Aphr … Euh … Danaëlle … Vous pourriez faire la cuisine pour nos clients si cela vous convient ? Plus quelques petites choses … En échange, vous aurez gîte et couvert, naturellement !! Et votre chien peut également rester parmi nous !

Mini regarda sa soeur et lui demanda …

Cela vous convient-il ?

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Repeat after me:"It's just a game..." (©{Badger})C'est pas faux!
--Danaelle


La dame me dévisagea étrangement lorsqu'elle m'entendit appeler ma petite chienne. Je me demandais un instant si elle allait nous jeter dehors ou non. Mais finalement elle me sourit et se précipita dans la cuisine pour me servir un repas chaud. Je m'installais tranquillement à une table et jetais un oeil à l'intérieur de la taverne, décorée avec gout.

C'est étrange comme un endroit où l'on se sent bien pouvait sembler soudain familier. Je plissais les yeux dans un geste habituel et regardais les enfants du couple. Je fixais un instant la petite fille blonde et tout le reste disparut de mon champs de vision. Ce fut comme un voyage à travers le temps et cette petite fille se retrouva sur une plage, le soleil chaud dardant de ses rayons sa petite peau claire. Son rire résonna dans ma tete, elle semblait heureuse, joyeuse, aimée, insouciante de l'avenir, profitant simplement du moment présent, du bain de mer qui était son grand plaisir. Puis son visage changea, des yeux plus clairs, des cheveux plus longs, elle était moi, j'étais l'enfant de la plage .....

La jeune mère me tira de mon trouble mais les images se figèrent quelque part dans ma mémoire vide, comme une pièce de puzzle éparpillée sur une grande table
.

Puisque vous cherchez du travail … Aphr … Euh … Danaëlle … Vous pourriez faire la cuisine pour nos clients si cela vous convient ? Plus quelques petites choses … En échange, vous aurez gîte et couvert, naturellement !! Et votre chien peut également rester parmi nous !

Je plongeais la cuillère dans la pitance, quelque chose entre soupe et ragout, dont je n'arrivais pas à déterminer la composition. La portant à ma bouche, je regrettais un instant mon geste, au gout insipide, à la consistance plus que douteuse et à la saveur unique de brulé.

Je regardais la dame avec un sourire à peine forcé lorsque j'entendis sa proposition
.

Mais c'est avec plaisir que j'accepte votre offre, c'est vraiment aimable ..... et surtout nécessaire si je veux rester vivante, ajoutais-je dans ma tete. Milles mercis dame ...Dame ?

Je me rendis compte que je ne savais pas leur nom. Etrange ! Ni l'un, ni l'autre ne s'était présenté à moi. Ils devaient vraiment manquer de clients et encore plus d'étrangers. J'attendais qu'elle me donne son nom, la cuillère reposant docilement dans l'assiette, j'avais tout mon temps ..........
Mini.
A peine Mini avait-elle formulé son offre de la prendre comme cuisinière que Danaëlle sauta sur l'occasion pour accepter le proposition !
On se demande même pas pourquoi, quand on voit la tête qu'elle fait devant son assiette …
Une moue à mi chemin entre dégoût et … dégoût, dirons-nous !
La petite brune en profita donc pour faire la causette, ça fait toujours mieux digérer paraît !

Mille mercis dame ...Dame ?

Ah oui ! Vrai que c'était tellement évident pour elle, qu'elle en avait oublié de se présenter !
Mini lui sourit et se dit que ça allait lui faire un choc, d'apprendre qu'elle se nommait comme la boule de poils qui lui recouvrait les pieds …
Elle prit une grande inspiration puis se mit à présenter toute la famille …
Tant qu'à faire, ce serait fait !
Son chevalier s'était déjà présenté, il ne manquait plus que les deux monstres et elle-même !
Désignant les enfants tour à tour …

Voici Lily, ma presque grande fille ! Et voici Liam, mon presque grand chevalier …

Mini sourit tendrement à ses enfants et poursuivit …

Quant à moi, je me nomme … Mini !

Puis la chienne de sa soeur vint quémander quelques restes dans ses jambes …
La petite brune s'accroupit, caressa l'animal et lui dit en souriant …

Bah alors, Missy ?! Où tu étais passée, hein ?! On t'a cherché partout ! J'me faisais du soucis pour toi, moi !

Montrant Aphrodyti à la boule de poils, ne remarquant pas que celle-ci l'observait quelque peu troublée ...

Comme pour elle d'ailleurs ...

Puis de murmurer à la chienne ...

Tu pourras finir toute la gamelle … Je crois que personne ne t'en voudra !

Elle se redressa et fila en cuisine chercher la gamelle pour la petite chienne qui, visiblement, mourait de faim !
Puis elle revint, la posa à terre, cherchant comment faire recouvrer la mémoire à sa blonde de soeur !

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--Danaelle


La vie trouve toujours son chemin !

Pourquoi ma mémoire se souvenait-elle de cette phrase à cet instant ? Etait-ce la présence des deux jeunes enfants ? Je n'aurais pu le dire. Il me fallait faire trop d'efforts pour associer les éclairs incohérents qui luisaient parfois dans mon esprit défaillant
.

Quant à moi, je me nomme … Mini !

Je restais quelques secondes interdite. Ce nom, le seul qui fut resté dans un coin de ma tete était celui-ci. Et voila que la dame brune portait ce nom. Bien ! Vous direz en meme temps que s'appeler Mini est étrange, j'avais très bien pu le retenir pour cette raison mais cela pouvait etre un diminutif du fait de sa petite taille, comme j'avais baptisé ma petite chienne en la trouvant.

Justement celle-ci se précipita sur la tavernière, quémandant une quelconque chose à se mettre sous les crocs
.

Bah alors, Missy ?! Où tu étais passée, hein ?! On t'a cherché partout ! J'me faisais du soucis pour toi, moi !

Je hoquetais en ouvrant de grands yeux ! Je me souvenais de son nom et elle connaissait cet animal ! Je savais bien que Chambéry renfermait une partie du puzzle, la difficulté maintenant était de retrouver tous les morceaux et de reconstituer le tableau de ma mémoire.

Je sentis le sang se retirer de mon visage et d'une voix blanche, je posais la question. Car il fallait bien que je la pose, meme si l'appréhension me rongeait de l'intérieur
.

Je l'ai trouvé vers chez moi ..... Vous connaissez ce chien ? ...........

Je rajoutais plus bas, l'émotion faisant trembler ma voix :

Je ne me souviens pas .... Est-ce que moi, vous me connaissez ? ....
Mini.
Alors qu'elle caressait la petite chienne, Mini remarqua que sa soeur blêmissait à vue d'oeil …
Déjà que d'ordinaire, elle n'avait pas le teint mâte, là, c'était le pompon !
La petite brune se redressa et la blonde lui posa une première question …

Vous connaissez ce chien ? ...........

La petite brune hocha la tête positivement …
Bien sûr qu'elle connaissait, Missy !
Depuis le temps que Jeh' en avait fait cadeau à Aphrodyti …
La chienne la suivait presque partout, comme son ombre …

Le jour ou plutôt, la nuit, où la blonde s'était jetée dans le Lac, sa chienne était censée être à Montmélian mais …
Mini ne savait si c'était le cas, puisqu'elle s'était réveillée grelottant dans son lit, son chevalier auprès d'elle …
Et lorsqu'elle avait recouvré un peu de force, Missy ne se trouvait déjà plus au Manoir …
Elle l'avait cherchée un peu partout au domaine, mais rien n'y avait fait, la boule de poils avait disparu en même temps que sa maîtresse !

Je connais ce chien, en effet ! C'était celui de ma soeur à qui vous ressemblez beaucoup comme l'a fait remarquer mon namoureux …

Puis à voix basse, comme un murmure, Aphrodyti demanda …

Est-ce que moi, vous me connaissez ? ....

La petite brune jaugea sa soeur …
Etait-elle réellement prête à apprendre la vérité de plein fouet …
Visiblement, non !
Et puis, de toute façon, ce n'était pas à elle de lui révéler quoi que ce soit, même si quelque part, cela la bouffait que sa propre soeur ne se rappelle même plus d'elle !
On les appelait « Les Inséparables » et pourtant …
Le lac avait fait son oeuvre et Aphrodyti ne se souvenait de rien ou presque !

De quoi vous souvenez-vous Danaëlle ? Avez-vous de la famille, ici, à Chambéry ?

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Repeat after me:"It's just a game..." (©{Badger})C'est pas faux!
--Danaelle


Je connais ce chien, en effet ! C'était celui de ma soeur à qui vous ressemblez beaucoup comme l'a fait remarquer mon namoureux …

Sa soeur .... Avais-je une soeur ? Non, bien sur que non, mon oncle et ma tante m'en auraient parlé... sauf si .... Non ! Il ne fallait pas que je pense comme cela, je devais garder en tete ce que je savais de certain, et leur amour était la chose la plus sure que je possédais ! Pourtant ce trouble ...Etait-ce simplement le hasard si je ressemblais à sa soeur et que j'avais trouvé son chien ? Y avait-il un message caché dans cette coincidence ?

De quoi vous souvenez-vous Danaëlle ? Avez-vous de la famille, ici, à Chambéry ?

Je la regardais, elle semblait chercher sincèrement à m'aider.

Je ne me souviens de rien, du moins pas grande chose. Je suis pourtant déjà venue ici, j'en suis de plus en plus certaine. Votre nom m'est familier, je l'ai déjà entendu, je m'excuse de l'avoir donné a mon chien. Je lui sourit. Si elle s'appelle Missy, il vaut mieux que je lui redonne ce nom là.

Je soupirais lentement, jetant machinalement un oeil par la fenetre, comme à la recherche d'un quelconque souvenir errant à l'extérieur.

Je n'ai plus que mon oncle et ma tante à Saint Claude, ils ne m'ont jamais dit avoir de la famille par ici. Je suis venue ici en espérant retrouver des bribes de ma mémoire, me rappeller de choses qui me sont arrivées ici. Peut-etre rencontrer des gens qui me connaissent .....

J'ajoutais à voix basse, presque pour moi-meme.

Enfin qui connaissent Danaelle .....ou celle que j'étais ....avant ...

Je sentis l'ébulition qui arrivait dans ma tete, c'était toujours comme ca lorsque j'essayais de forcer ma mémoire, elle se mettait à créer toutes sortes d'histoires que parfois j'étais tentée de prendre pour vraies.

Je me levais et serrais la jeune femme dans mes bras, je sentais que j'avais besoin de ce contact, qu'il me redonnait de la force. Je lui souris et la remercia à nouveau
.

Mini, je suis vraiment heureuse d'avoir poussé la porte de votre auberge. Cet endroit est emplis d'amour, de bonne humeur, de calme et c'est ce dont j'ai besoin, encore merci de votre accueil et de votre gentillesse. Je vais aller me reposer un peu, il faut que je sois en forme pour investir votre cuisine demain.

Je déposais une bise sur sa joue et me dirigeais vers les escaliers, mes baluchons à la main, la chienne sur mes talons.
--Danaelle


J'ai décidé de faire face à mon fantome, de retrouver un sommeil normal, ou tout du moins paisible. Mais se laissera-t-il faire ? Je ne sais ! Il attend que mes yeux soient incapables de tenir ouverts pour m'assaillir, m'effrayer, peut-etre tenter de communiquer, mais pour me dire quoi .......

Ce soir là, je ferme les yeux, bien avant de les sentir se fermer d'eux-memes. Je respire calmement, tente de faire le vide dans ma tete, pas bien difficile puisque je ne pense qu'à lui. Je controle mon souffle, le rendant le plus lent et le plus régulier possible, il n'y a aucun bruit dans ma chambre, la taverne est déserte, je suis seule.

Je commence à dessiner lentement ses traits dans le vide de ma mémoire : son visage long, anguleux, aux machoires fortes et au menton fier. Au dessus, une masse de cheveux courts, indisciplinés, bruns ou chatains ..... non bruns, souples, qui demandent de l'attention pour leur donner un semblant de calme, encadre une paire d'oreilles fines tout ce qu'il y a de plus normales.

Son visage ....Les détails sont plus délicats, plus difficiles à capter. Je respire doucement, il n'est pas là, je suis seule, je joue avec mon imagination ..... Il n'est pas là, cette pensée me dérange un instant sans savoir pourquoi, puis je reviens à son visage.

Une bouche douce, deux lèvres finement ourlées qui paraissent dures et sans vie lorsqu'il ne sourit pas .... Je me demande si je l'ai déjà vu sourire, je n'arrive pas à l'imaginer souriant, je suis un peu décue et l'image s'effiloche. Je reprend ma concentration, ma respiration, mon calme.

Son nez est d'une taille correcte, sans aspect particulier. Son front est légèrement plissé comme sous l'effet de soucis. Ses pommettes sont doucement réhaussées donnant une impression de regard percant...... Son regard .... Son terrible regard, ce qui m'effraie le plus. Cet oeil noir et l'autre caché par le bandeau qui semblent me regarder, me transpercer, me déchirer au plus profond de moi-meme. Ses yeux sont sombres, du moins le droit, regard froid et impénétrable, je dois le faire parler !

Je ne percois plus le monde autour de moi. Le fantome est là devant moi, immobile comme une statue, il est là tout près de moi et pour la première fois depuis des mois, je n'ai pas peur. Je tend la main vers lui, comme pour tenter de caresser cette image, comme pour l'apaiser, l'apprivoiser. Je lui parle, je ne sais pas si les mots sortent de ma bouche ou de ma tete, si je les dis tout haut ou à voix basse, mais peu importe, il faut que je communique avec lui
!

Qui es tu ? Parle moi ! Je suis là, juste toi et moi, parle moi je t'en prie .......

Soudain je sens un soufle froid près de moi, il se passe quelque chose, quelque chose de pas normal. Je tente de me reconcentrer sur lui mais l'image se voile, se transforme en milliers de minuscules grains de sable, tourbillonnant sous l'effet du souffle glacé et je le vois, il est là ! Me suis-je endormie ? Surement ! Je sens la peur s'insinuer entre mes reins, remonter mon échine, me faire frissoner. Je suis allongée, ou suspendue dans l'air, mais je ne peux pas reculer. J'essaie d'ouvrir la bouche mais aucun son ne sort.

Alors son visage s'illumine, devient rouge, m'éblouit, me fait mal comme si il me brulait et je ne peux fermer mes yeux, qui sont de toute facon déjà fermés. Un rire sourd et sans dureté se fait entendre, et je me dit que je deviens folle. La lumière diminue d'intensité et je le vois mieux, son visage sourit et je découvre un autre homme ..... un autre fantome du moins, mais un homme, il est beau, c'est la première réflexion que je me fais
.

Ja ... Danke Fraulein ... Cheveux d'Or ....

L'apreté des mots se heurte à ma mémoire, je ne comprends pas, cela me déstabilise, je m'attendais à tout autre chose. Je perds le fil de mon sommeil, le fantome disparait, j'entends des cris dans la rue derrière la taverne et j'ouvre doucement les yeux. Je suis perdue ! Je ne sais pas quoi penser de tout cela. Est-ce juste un reve ? Un souvenir que ces mots dans une langue étrangère ? Je sens les larmes couler sur mes joues, déception, fatigue, ou autre chose, je sens en tout cas un profond chagrin, une lassitude m'envahir soudain et je tente de refermer les yeux pour me rendormir. Mais il ne viendra plus.... pas ce soir !
--Danaelle


Les journées s'écoulaient, tranquilles, sereines, rythmées par le travail à la cuisine et l'amitié de Mini. J'avais fait la rencontre de quelques autres jeunes femmes de la ville. Mais seule Mini semblait pouvoir m'aider à faire le chemin qui mènerait à mon passé.

Un jour, alors que nous étions assises toutes les deux, un verre devant nous, dans la taverne vide, la discussion se porta sur les environs de Chambéry. Il est vrai que je n'étais guère sortie de l'enceinte de la capitale. En meme temps, aller seule sur les chemins ne me semblait pas très judicieux. Elle vint à me parler de son domaine, le domaine d'Albens, endroit que je ne connaissais pas mais qui me fit penser au manoir qui revenait parfois dans mes maigres souvenirs.

Je n'avais aucun nom à mettre dessus mais je lui décrivis tant bien que mal, avec ce qui ressortait de plus clair de mes visions. Elle resta un moment pensive, comme si elle voulait me dire quelque chose mais hésitait à le faire.

Puis elle se leva et me tendit la main
.

Bien ! Il n'y a pas trente six solutions ! Le mieux, c'est que je t'y emmène et que tu vois de tes propres yeux ! Peut-etre que ca te rappelera quelque chose ! Qui ne tente rien n'a rien, comme on dit !

Elle m'entraina à l'extérieur, nous passames à l'arrière de la taverne où le petit coche, qui était à ma disposition, était attelé, pret à partir. Je souris de la voir rire et gesticuler comme une petite fille. Je montais à ses cotés et elle lanca l'attelage sur la route.

Chaque détail pouvait compter, et je ne devais en laisser passer aucun. Nous primes la direction du domaine d'Albens.
Mini.
Décision prise : elles iraient au Domaine d'Albens !
Mini n'avait trouvé que cela pour faire recouvrer la mémoire à sa soeur …
Elle reconnaitrait forcément le chemin …
La petite brune se replongea un instant dans le passé, par cette belle journée d'Automne, où les Inséparables avaient fouiné les environs à la recherche d'une terre pour implanter leur Hospital …
Elles avaient trouvé une vieille bâtisse qu'elles croyaient abandonnée …
Oui mais non !
Elles s'étaient retrouvées nez à nez avec le vieux Grégoire, montagnard, gardien de chèvres à l'allure bourrue mais au coeur d'or !
Les débuts avaient été difficiles avec la petite brune mais la blonde avaient arrondi les angles comme d'habitude …
L'une préférait rentrer dans le lard comme on dit, tandis que l'autre préférait la douceur et les bonnes manières …
Aphrodyti ne pouvait pas avoir oublié cela !
Impossible que sa mémoire ait fait une croix sur sa moitié !
Pour preuve, elle avait rebaptisé Missy, Mini !
C'est bien qu'il y avait des restes quelque part !!
Il suffisait de dépoussiérer tout cela et Danaëlle se souviendrait enfin de ce qu'elle était en réalité : Aphrodyti !

Durant tout le chemin, Mini, qui, il faut bien le dire, avait toujours quelque chose à raconter, expliqua à sa soeur qu'elles avaient travaillé d'arrache-pied pour fonder l'Hospital …
Puis, qu'elles avaient décidé de vivre en permanence sur le domaine …
Celui-ci ayant une vue imprenable sur la vallée chambérienne, bordé par les montagnes …
La petite brune lui raconta leur histoire de A à Z n'omettant qu'un détail, celui qui avait conduit sa soeur à plonger dans le lac …
Celui qui risquerait de compromettre sa guérison …
Celui qui serait susceptible d'ôter tout espoir à la brune, de retrouver, un jour, sa soeur …
Claus Von Stauffenberg, le borgne tant aimé de la blonde …

Arrivées au domaine, Mini descendit du coche et tendit la main à sa soeur …

Allez !! Viens voir un peu nos installations … Tu vas t'y sentir comme chez toi, je suis sûre !

La petite brune lui fit un sourire et ajouta dans sa barbe …

Enfin, j'espère …

Et de croiser les doigts en priant pour que la mémoire revienne à la blonde !

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