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[RP] Une amitié, une escorte, une promesse...

Milo1
[Orthez, où une Azur solitaire rencontre une Onyx sauvage]


Orthez. Etrange. Solitude qui se veut unique compagne. Il reste à l'écart quand les autres rient. Il reste à l'écart quand les autres crient. Il n'a de cesse de repenser à elle, à eux. Solitude qui se fait plus pressante pour lui, étincelle qui se fait plus vive pour eux. Et ces regards, échangés. Azurs qui se voilent, il n'a plus personne à s'occuper. Juste cette main meurtrie qui le tourmente de plus en plus, lui rappelant combien il aurait été plus doux de se laisser guider par la voix caverneuse de la faucheuse. La Comtesse avait trouvé un autre jardinier, plus compétent que lui.

Etrange. Ce sentiment de n'être plus qu'un étranger. Ne plus se sentir à sa place, nul part. Elles n'ont pas besoin de lui, il a besoin de se sentir utile. Maudite folie qui a réussi à étendre ses tentacules corrosives plus loin dans son esprit qu'il ne l'aurait cru. Tentacules qui se referment peu à peu sur son cœur, le rendant de plus en plus détaché et muet.

Silence qui n'a pas échappé à cette brune, amie de son vis-à-vis brun. Elle se demande pourquoi, on lui répond qu'il n'aime pas les lieux peuplés. Elle se tait, l'oubliant pour un temps, il ne dit rien, l'écoutant simplement. Un sourire amusé naît sur son visage lorsqu'il l'écoute parler. Elle aussi, avale ses « e » et parle avec cette effronterie qui lui confère un certain charme.

Les jours passent, leur départ toujours reculé, attendant en tournant en rond un verdict qui tarde à se faire prononcer. Géant qui se fait de plus en plus fantôme, alors que d'autres se font de plus en plus chair. Il n'a qu'une envie, retrouver son chien, cette boule de poil adoptée un soir d'orage. Si petite qu'elle tenait dans la pogne imposante du colosse. Si petite qu'il sentait le besoin intense de la protéger.

Et puis, un soir, las de ce venin qui le tétanise de plus en plus, il décide de reposer un pied dans le monde des vivants. Et Lycia est là. Il se tait et prend place à côté d'elle. Pourquoi là plutôt qu'ailleurs ? Lui-même ne le sait. Peu lui importe d'ailleurs. Elle le teste, il lui répond sur le même ton. Et récolte les quelques renseignements obtenus par leur joute verbale, observe la moindre faille dans cette carapace qui semble impénétrable.

Qui est-elle, cette Onyx fière et libre qui n'a de cesse de vouloir faire sortir l'Azur silencieuse de ses méditations ? Qui-est-elle, cette pierre aux reflets aussi noirs que la nuit, dont les teintes ombrées n'ont de cesse de varier, se voulant tour à tour aguicheuses et boudeuses ? Azur troublée qui prend à son tour les devants, lueurs railleuses plus que jamais présentes, piques lancées dans les moindres éclats à demi-défaussés découverts.

Etrange ballet verbal qui s'installe alors. Paroles qui se veulent piques. Piques qui se changent en provocation. Provocation qui se fait corporelle. Toujours à l'affût de la moindre parole qui pourrait faire chuter l'autre, tels deux escrimeurs en attente du moindre mouvement plus mou que l'autre.

Elle se fait entreprenante, il se fait distant. Il la traite de gamine, elle veut le tuer. Azurs patientes qui attendent leur heure quand les Onyx déchaînées les enfourchent, pointe acérée posée sur leur jugulaire. Il attend, elle hésite. Elle se veut neutre, il la sait troublée. Il se veut froid, elle ne fait que l'attirer.

Il tends ses bras, elle hésite pour mieux fuir ensuite. Elle lui lance des phrases éloquentes, il lui retourne toujours la question. Il la veut pour amie, elle le veut pour une nuit. Et ses Azurs, de plus en plus amusées, se prennent finalement au jeu. Il s'assied dans le même fauteuil qu'elle, elle se décale en grognant qu'il prend trop de place. Il trouve qu'elle sent bon, elle le traite de niais. Elle trouve qu'il joue avec elle, il lui demande ce qu'elle fait. Elle pense qu'il se joue d'elle, lui ne sait plus où il en est.

Mots qui virevoltent, phrases qui se percutent, intonations enlacées dans un même et unique but, celui de séduire malgré eux. Alors, dans une ultime joute verbale, les lèvres du géant viennent se poser sur la joue de cette brune libertadienne, avant de rejoindre les siennes. Mains qui enserrent la taille, senestre handicapée oubliée pour l'instant, se voulant timide et plein de tendresse.

Tissus abandonnés, corps explorés, langues entamant une danse lascive, leurs soupirs sont offerts à l'écho de leurs gémissements, chair marquée par les ongles de l'un, auxquels se succèdent les morsures de l'autre. Essence d'une Azur égarée qui se mélange à celle d'une Onyx sauvage, son coeur explosant l'instant d'après.

Troupe composée d'un Colosse, d'une Rose, d'une Panthère, d'un Loup solitaire et de deux marmots laissant les deux âmes esseulées se chercher toujours en public, racontant leur histoire en privé. Géant qui reprend peu à peu goût à la vie, alors qu'à chaque instant volé aux autres et à leur récits murmurés, cette fillette meurtrie se blotti contre lui.

Et à espérer, en regardant les astres briller, que, peut-être, tout n'est pas perdu pour lui.
Daresha
Pour le doux baiser d'une nuit solitaire

Adossée contre un vieil arbre tordu dont l'ombre se découpait sur fond de muraille protectrice et d'horizon étoilé, elle regardait cet astre brillant qui avait été leur principal compagnon de voyage. Voilé ou dévoilé, il avait toujours été là, veillant sur ceux dans le silence nocturne. Mais jusque là, elle n'avait pas pris le temps de s'attabler à sa contemplation. Le disque était imparfait, mais dégageait une étrange aura rassurante. Si certains y voyaient l'Oeil du Très-Haut, elle y voyait une toute autre force extérieure d'une toute autre nature. Par moment, elle se surprenait à ne plus croire en ce Dieu qu'elle priait pourtant régulièrement et pieusement. Trop de ses demandes étaient restées sans réponse et les fils de son destin partaient en lambeaux qu'il serait impossible de recoudre sans séquelles visibles.

Pour ne rien faire voir aux autres de sa douleur, elle avait revêtu son éternel masque de froideur et d'impassibilité, dont elle avait pris soin de durcir les traits. Mais une autre part d'elle-même dont elle n'avait conscience avait également passé le masque de la démence. Son esprit, déjà fragile, avait déposé ses dernières armes raisonnées. Il n'avait pas résisté à la tempête de souffrance qui avait submergé le coeur et l'âme comtale, lorsque la terrible nouvelle était tombée. Les ambitions pécuniaires d'un groupe de brigands qui était loin d'avoir l'allure des antiques Clephtes, avaient mis à mal les fondations déjà fragiles d'une famille. Sa famille. Il en avait été le pilier central. Il n'était désormais plus là et deux enfants en payaient chèrement le prix. Mais elle n'en était pas consciente, se réfugiant ainsi dans de fausses vérités qui la coupaient du monde. Et plus elle les buvait, plus elle s'y noyait, condamnant la chair de sa chair à un abandon irréversible.

A l'abri des murs d'une chambre poisseuse d'une auberge de passage, elle laissait tomber une partie de son masque, au moins le temps de régler quelques affaires d'importance. Et encore. Même devant un miroir de fortune poussiéreux, seule avec son reflet, elle gardait un visage fermé sur lequel les sillages du temps et de la destinée avaient laissé des traces irrémissibles. Ses émeraudes avaient perdu leur flamme de vie, pierres précieuses devenues nébuleuses, plus souvent cachése sous les replis de la capuche de sa cape de voyage, plutôt qu'offertes à la vue de tous. Et lorsque ce devait être le cas, elle prenait le soin de les parer de la noirceur de l'arrogance dont les vertus étaient de tenir éloigner les gens par trop curieux. Mais c'était sans prévoir le déliement de ses sens sous l'effet des vapeurs d'alcool...

Elle s'y abandonnait souvent. Trop, sans doute. Solution de facilité qui lui permettait d'échapper un instant dans le monde dans lequel elle tentait de survivre. Mais elle n'en avait pas prévu tous les effets sur son être. Son corps, malgré son esprit continuait de vivre lui, malgré ce qu'elle lui faisait subir. Il continuait à ressentir certains besoins, tout comme il ressentait certains manques. L'âme comme le corps ont besoin d'être nourris et choyés. Il y avait eu ce chevalier, mais il était si loin. Il y avait le Géant blond, mais ce n'était qu'un ami, rien d'autres. Ces bras étaient sincères mais manquaient cruellement de cette chaleur dont elle avait besoin. Nombre de fois son regard s'était égaré sur l'Azur. Nombre de fois, son esprit embrumé s'était laissé aller à divaguer sur l'interdit qui avait finalement été consommé.

S'emmitouflant dans sa cape, elle les avait regardé partir vaquer à leurs affaires. Tout devait être réglé rapidement, mais ce qu'elle voulait c'était profité de l'instant pour se retrouver seule. Elle en avait besoin d'autant que cela permettait de cacher à son entourage certaines de ses faiblesses. Depuis quelques jours, sa respiration s'était amenuisée, ses poumons se remplissant difficilement de l'air qu'elle respirait. Chaque bouffée d'oxygène attisait la douleur électrisante qui avait gagné son coeur. La première crise remontait à Marchiennes, peu après leur mariage. Elle était passée. Comme celle qu'elle connaissait à nouveau. Elle se laissa tomber au pieds de l'arbre, le dos appuyé contre le tronc âgé et nervuré. La tête legerement en arrière, elle se concentra à respirer l'air frais de la nuit, tout en gardant ses yeux rivés sur la lune, devant laquelle passa un petit nuage. Sa main sur sa poitrine, elle cherchait vainement à inciter son coeur de s'emballer ainsi. L'angoisse pressante était revenue la vêtir de sa terrible froideur. Elle avait peur mais refusait comme à chaque fois, de le reconnaitre. Il fallait que ça passe avant que les autres ne reviennent.


[color=darkred]S'il te plait... S'il te plait Seigneur... je t'en prie... pas maintenant... ils vont bientot revenir...

Fermant ses paupières, elle baissa humblement la tête, alors que des larmes perlaient sur ses joues. Il fallait qu'elle donne le change de s'être assoupie. Personne ne devait savoir et encore moins la Blonde...
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Lycia
Furieuse elle sort de la taverne en se retenant d'hurler. Les poings serrés, mâchoire crispée, elle s'éloigne à vive allure avant de se mettre à courir. Des jours qu'il n'a pas plu. Pourtant le temps est à l'orage ce soir. Planquez troupeaux, l'Tonnerre se pointe.
Le regard haineux elle fixe l'horizon tandis que défilent sous ses pieds les mètres toujours plus vite avalés. P'tain de soirée. P'tain de ville. P'tain d'eux!
Sur ses joues le vent se fait plaisir et la fouette sans ménagement tandis que ses yeux se plissent. Le souffle se fait court, un point de côté vient prendre place dans son ventre, qu'elle tente d'ignorer en poursuivant sa course.
Arrêt sur image. Elle se tord en deux avant de dégueuler alcool, viande du midi et bile.
L'a plus l'habitude de ces conneries. Plus l'habitude de courrir dès qu'une chose n'allait pas. Des mois sans croiser quiconque, juste à brigander. On perd le rythme faut croire. Tombant à genoux sur le sol, elle s'affaisse et glisse ses doigts dans l'herbe humide.
Elle se sent si lasse. Si lasse d'être...

Elle voudrait l'écorcher vif sur place. Taillader ses poignets avant de glisser sa lame sous sa peau et de remonter jusqu'à son épaule, finissant par arracher la chair tranchée.
Pourtant elle l'aime bien ce colosse. Elle sait, elle voit dans son regard qu'un mal le bouffe. Quelque chose ne va pas. Le fil est sur le point d'être brisé. Elle reconnait dans l'Azur du Crok quelqu'chose qu'elle a tant de fois ressentie...
Mais elle ne s'en mêle pas. A chacun sa vie, à chacun sa m.erde. Alors elle provoque. Parce qu'elle sait que pour s'en sortir et ne pas devenir fou, y'a deux solutions: parler et se lamenter, ou agir et s'battre. Peu importe qu'il la rue de coups, elle s'en défendrait. L'autre catin encapuchonnée ne lui fait pas peur...

Elle ferme les yeux et retient quelques secondes sa respiration. Et puis lui...
Elle ne sait pas ce qu'elle veut. Elle le veut, mais ne supporte pas qu'on les considère comme un couple. Qu'on pense qu'elle puisse être dépendante de quelqu'un. Elle ne veut plus jamais l'être et ressentir ce qu'elle a déjà ressenti par le passé.
Tiraillée, les questions lui bouffent le crâne tandis qu'elle hésite sur la marche à suivre. Le provoquer pour le faire fuir. Se barrer du jour au lendemain sans dire un mot. Après tout, elle les suit juste pour se battre. La finalité, Libertad ou pas, pour le moment elle s'en fou et ne se pose pas de question.
Elle avance en songeant uniquement que bientôt elle entendrait à nouveau les hurlements des hommes venus se battre. Qu'il soit là...

Se relevant, elle glisse les mains dans ses poches et marche en direction de l'auberge, fixant le sol.
La gorge serrée, elle reprend lentement son souffle. Elle étouffe à nouveau. Une fois de plus. Trop de gens, trop de verres prit en taverne. Elle se sent oppressée. Deux tavernes d'où ils se font virer, la troisième où l'accueil n'est guère mieux.
Un sourire triste se dépose sur ses lèvres. Finalement Orthez lui manquait. Que ne donnerait-elle pas pour se retrouver en ce moment en compagnie de Sylan et de son niais de chat. Rien n'était simple.

Elle cherche le bordel, mais une fois la m.erde trouvée elle n'est pas satisfaite. Elle ne veut pas du Milo, pourtant elle ne cesse de songer à ses bras l'enlaçant, à son regard Azur, à son sourire qui s'éclaire lorsqu'il la voit et ses deux yeux qui clignent à défaut d'un seul.
Elle adore le Crok mais aimerait le frapper pour qu'il la ferme.

Vivement qu'ils arrivent. Vivement qu'elle croise les autres Libertadiens. Qu'elle prouve au Colosse qu'elle a encore raison de croire aux siens.

Apercevant l'auberge, elle s'y dirigea et songea en soupirant aux draps qui l'attendaient, sous lesquelles elle se glisserait nue, contre le blond. Parce que même si elle n'en veut pas, même si l'autre l'a remonté à bloc ce soir, elle ne pouvait s'empêcher de sentir son coeur battre devant Milo, et son sourire de se faire en voyant le Crok.

P'tain d'mecs...
Ilmarin
Quelques jours plus tôt, devant un futur taudis abandonné.


Il lui est amusant de constater à quel point qui se ressemble s'assemble.

Le mal-être appelle-t-il le mal-être? Ou était-ce seulement l'incompréhension - pour ne pas dire le rejet - du reste de la masse - masse toujours si heureuse, joyeuse, inconsciente - qui les poussait à se regrouper? Crok croyait-il réellement faire bonne figure en plongeant dans un mutisme de plus en plus lourd? Croyait-il réellement qu'elle ne se doutait de rien, ou même, et c'en était presque insultant, qu'elle avait besoin de le faire parler pour le comprendre?
La Blonde à moitié folle était restée si souvent loin de Lui qu'elle ne connaissait que trop les effets du manque, de l'absence, du vide. Les rêves virant aux cauchemars, les certitudes devenant doutes, les doutes devenant funestes pressentiments... La complicité devenant silence, le temps estompant les souvenirs...

Alors qu'elle regardait le colosse, son Loup et ses hommes vider la masure en attendant les monstres qui lui servaient de pages, la Panthère respirait par longues gorgées l'air froid de la nuit. S'enivrait de l'oxygène glacée brûlant ses poumons. Fixait ses émeraudes sur la compagne blanchâtre qui étalait son disque. Bientôt pleine...
Etait-elle réellement l'oeil de ce dieu des Morts, guettant les vivants pour indiquer à ses servantes le fil qu'elles allaient couper? Etrange acuité nocturne, dans la torpeur de laquelle toutes ses croyances enfantines lui semblaient tellement plus réelles que celle de l'Eglise actuelle...
Crokie, Milo, Daresha... Subitement, elle avait presque envie de rire. Rire parce que ses pensées n'étaient qu'un fatras invraisemblable comme elle n'en avait pas connu depuis des mois; rire parce qu'ils la pensent aveugle et sourde; rire parce qu'ils la croient trop immergée dans son bonheur pour se rendre compte; rire parce qu'elle veillait sur tout ce petit monde, déployant tant d'énergie pour lui cacher l'indicible. Ils sont adorables, à murer leurs peines, leurs doutes et leurs questions dans des sourires. Adorables à croire la protéger ainsi de leurs démons, alors qu'elle déploie autant d'énergie à cacher son propre pêché.

Et Maharet... Son amie, sa complice... Restée en Rouergue... Cette lettre reçue de celui qui se complaisait à jouer les martyrs , les victimes; l'éternel incompris qui, en fait, ne comprenait rien...
La tête lui tourne, soudain; vacillante sur ses appuis, obligée de baisser le regard vers le sol, pour être sûre qu'il ne se dérobe pas. Un vertige né de ces reins malmenés qui hurlaient chaque jour plus forts leur vengeance; né de sa surveillance constante de ces loupiots débordants d'énergie alors que la sienne passait dans la gestion de sa douleur. Empochant l'argent, elle les met à trimer. Vu le poids des sacs et des coffres, ils ne risquent pas de moufter avant plusieurs heures. Voire de comater dans la carriole...
Elle vient glisser aux deux meneurs de ne pas oublier de laisser le canasson piquer ici, le remplacer par celui de Crokie - oui, ils y avaient pensé, coller les gamins dans la charrette - les oubliez pas surtout! - et de venir la récupérer, là-bas, au pied de l'arbre que leur Comtesse d'amie a choisi pour se plonger dans ses pensées...
Clin d'oeil pour son Loup - oui oui, je vais bien, t'inquiète pas - et ses bottes crissent sur ce qui est censé être une route locale.


Belle nuit, n'est-ce pas Comtesse?

Inutile de la regarder. Inutile de la mettre plus mal à l'aise. Inutile de parler, même sa voix se met à trembler. Ne pas plonger sa main tout de suite dans la besace qu'elle garde toujours sur elle, maintenant; ne pas penser à son remède, à ce retour dans sa vie. Remercier les Enfers qu'Il soit là pour gérer ça. Les maudire parce que son amie est trop loin et que, même si ça leur pèse, secrètement, elle aime bien l'entendre lui hurler dessus, quand elle fait le mauvais choix. Une impression de sororité... Sulimo n'hurlait jamais; il la raisonnait en douceur, en longueur, en arguments... La Rousse hurlait, trépignait, menaçait avant de finir par le chantage. Et la Blonde trouvait ça drôle, attachant et agaçant...
A son tour, elle s'adosse à l'arbre tordu, enfonce ses reins dans l'écorce dure, ravale un gémissement avant de profiter de la sensation, fugace, que les muscles se sont endormis. A son tour, elle dissimule son visage, en le relevant vers la Lune, reprenant son observation.

Elle prend son tour de garde. Sa veille silencieuse. Pas dupe. S'impose sans le faire. Glisse quelques oeillades vers la Comtesse; quelques autres vers les silhouettes affairées. Un sourire déchire ses lèvres. Elle entend presque les gamins, pester, suer, râler, hissant les sacs, les calant, se vautrant dessus; peut-être en train de se titiller mutuellement et de chercher ce qu'ils pourraient bien faucher discretos. Evidemment, elle pense à une autre rouquine. Tenue loin de sa fille. Il allait falloir lui montrer la lettre, d'ailleurs. Bientôt. Un soir calme qu'ils n'ont jamais.

A nouveau cette envie de rire; ils n'ont connu que la solitude, de longues années de jeunesse oubliée, plus ou moins contre leur gré. Quand les tourbillons les ont happé, ils avaient rêvé vieillir tous les deux, en paix, loin de tout. Et au moment où le couple touchait du doigt ce repos, un maelstrom s'abat.
Et toi, Gardien maudit que j'abhorre et que je connais, que j'avais chassé de ma vie à coups de poings, qui revient par la grande porte fracassante d'un non-choix, je suis sûre que ce résultat, que tu avais sans doute prédit, te fait marrer...



Villefranche-de-Rouergue. "Des fantômes dans la tête et pourtant la route continue..."

Cataclop... Cataclop... Cataclop...
Cette sérénade ne finissait jamais. Les sabots martèlent la route terreuse, heureusement alourdie par l'hiver; au moins, les fantômes ne sont que des visions et pas des humains couverts de poussière.
Parfois, un grincement se joint, quand une ornière entraine une roue, que l'essieu est tiraillé entre la direction donnée par le conducteur et l'envie de la route. Malgré le poids et l'allure soutenus, l'ensemble semble tenir la route. Ses pages, bien que gredins au dernier degré, avaient fait un très bon choix. Luthi avait du flair, dans ses entourloupes. Dommage qu'il ne puisse pas obtenir de grognement reconnaissant en retour. Sa Daronne tâcherait de combler ce manque en temps et en heure.
Daronne qui replongeait dans ce bien-être artificiel avec délectation. Le mélange alcool-fiole-personnelle-au-contenu-soigneusement-caché n'était pas toujours des plus heureux, ça tanguait même sévère quelques minutes après ingurgitation, mais enfin - enfin! - son dos l'oubliait.

Cataclop... Cataclop... Cataclop...
A nouveau cette envie de rire, cette joie ineffable, malgré les drames les cernant. Décidément, les shoots artificiels sont décidément un panard insondable; même si les quantités sont encore microscopiques.
A nouveau cette envie de rire alors que Daresha s'enfonce dans son deuil imposé, l'éloignement de ses enfants; que Crokie s'enfonce dans sa douleur tûe; qu'elle n'a aucune nouvelle de son amie - elle va lui passer un de ses savons quand elles vont se retrouver.
A moins que ce soit leur nouvelle compagne de route qui lui communique cette envie de rire. Erzebeth fût laissé dans un village, avec promesse de revenir la chercher dès que possible. En échange, le groupe avait gagné... Une jeune femme refusant de se sentir en couple alors qu'elle s'y sentait si bien... Une paumée - presque comme elle l'était à une époque - qui prend garde de rester cachée... Une amazone comblant les vides d'un géant blond qui le lui rendait bien...
Une Libertad...

Cataclop... Cataclop... Cataclop...
Les sabots marquent le rythme frénétique de la valse des pensées.
Et oui, mesdames et messieurs, venez apprendre la plus grosse blague du jour: la Panthère avait trahi Libertad! Elle est pas bonne celle-là? Ah si, fallait l'avouer, c'était la meilleure blague de l'année. Voire même de la décennie écoulée.
Qu'est-ce qui faut pas entendre comme mensonges, aneries et bassesses...
Calée sur sa chaise, dans cette taverne la moins miteuse du Rouergue - dire que la leur est à quelques lieues seulement, avec son amie qui se plonge dans un mutisme digne d'un coup de fesses l'expédiant sur la lune - Lycia lui sort ça entre deux pintes mal raffinées. Elle, traitre à Libertad... AH! Qui avait bien pu balancer cette grossiereté? Cal? Lorenz? Mange? A moins que ce ne soit Sélène...?
Baste... Elle avait fixé un moment Lycia, le flot impétueux prêt à se déverser, exigeant des explications, des justifications; prête à sommer la jeune femme pour connaître leur vérité et expliquer la sienne!
Et puis...

Et puis à quoi bon... S'ils voulaient le croire... Qu'est-ce qui serait changé par ce flot? Qui aurait l'esprit assez ouvert pour comprendre que ce n'était pas à la Licorne qu'elle était fidèle, mais à elle-même? Qui comprendrait ses choix?
Là-bas? Personne, comme toujours. Dans un sourire las, elle se contemplait dans le regard de Lycia, sachant que ça ne servirait à rien. Tout comme de s'échiner à expliquer certains faits à certaines personnes qui lui servaient de famille.
Ca ne changerait rien, elle s'épuiserait dans le vent; avoir quoi en retour? "ah oui, on savait pas, nous sommes désolés". Désolés de quoi? Qu'ils se gardent leurs mots creux. Qu'ils se gardent leurs mensonges, leurs certitudes sur son compte.

Elle n'en avait cure. Vit pour ceux qui avaient su gagner sa confiance en allant au-delà du mur qu'elle exposait, vit pour ceux qui savent. Méprise ceux qui ragotent leurs illusions sur son dos.
Qu'ils crèvent de leur fiel, ça leur serait même un sort trop doux.

Cataclop... Cataclop... Cataclop...
Oui, garnement aux yeux magnifiques... Oui mon Loup...
Ce soir, malgré tout, la vie lui semble belle.
Ce soir, malgré tout, elle a envie de rire...

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Milo1
[Villefranche de Rouergue... 'Cause when the lights are down, there's no more to say...]

Elle est sortie en trombe, énervée, plus que blessée par les mots de celui qui l'a suivi peu de temps après. Ho bien sûr, elle n'a rien dit. Mais ses gestes et ses paroles acerbes ont parlé pour elle. Et lui... Le colosse... Sous le coup de la colère, peut-être de l'inquiétude, n'a ni retenu ses mots, ni ses coups. Lui tordre le poignet était la dernière des choses à faire en présence du géant. Mais lui n'a pas bougé. Même si l'envie était forte. Même si le besoin de sentir sa chair craquer sous la sienne lui a mis un instant éphémère l'eau à la bouche.

Mais une Emeraude plantant ses éclats dans ceux d'une Azur aux reflets d'huile l'en avait dissuadé C'est son combat, pas le sien. Et elle n'a pas besoin de lui pour gérer ça. Alors, quand elle est sortie, il a hésité. Quelques minutes, posant une question à son amie blonde. Faisait-il bien ? Était-il utile ? Elle avait éludé ses questions pleines d'inquiétudes, lui ordonnant de la suivre pour tenter de l'apaiser.

Il l'a cherché, longtemps. Une angoisse sourde montant petit à petit alors que seuls parvenaient à ses oreilles les échos morbides de l'obscurité, surveillés par une blafarde tout aussi lugubre. Angoisse étreignant son coeur à l'en rendre fou, à le faire plier en deux. Comme cette fois là. Où il l'avait cru morte. Où il avait découvert son corps reposant dans le feuillage, inerte et pourtant si paisible, ses cheveux bruns éparses le long de son corps, comme si elle était endormie. Les ombres jouent avec lui, alors qu'il pense l'apercevoir non loin.

Revenu au point de départ, la respiration saccadée d'avoir couru à en perdre haleine, il frappe, encore et toujours. Peu lui importe la douleur dans sa dextre. Peu lui importe le liquide carmin qui commence à souiller le mur de pierres. Peu lui importe de frapper encore et toujours plus fort. Peu lui importe de laisser monter en lui cette vague de haine et de colère, qui menace à tout moment de le déborder. Longtemps... Qu'il n'avait ressenti ça. Cette haine si puissante qu'elle pouvait changer n'importe qui en bête immonde et monstrueuse, la bave aux lèvres, les yeux révulsés.

Il s'arrête enfin, dans un dernier cri rauque,à peine ravalé, alors que quelques gouttes du fluide vital lui fouettent le visage. Azurs fermées, le corps encore tremblant de la violence de ses coups et de la course effrénée qui l'a finalement ramené à son point de départ,il tourne lentement son corps pour se laisser glisser contre la pierre, se pliant en deux, dextre serrant sa senestre meurtrie à la base du poignet, laissant s'écouler sa vie en offrande à une terre toujours plus assoiffée et exigeante sur le tribut à payer.


*Ha... alors nous y voilà... Tu ne supportes pas, n'est-ce-pas ? De te sentir impuissant, de te sentir si inutile. Mais rends toi à l'évidence, pauvre fou. Tu leur est aussi utile qu'un courant d'air voulant rattraper le mistral. Allons, mon Azur, vient. Laisse moi sortir, laisse moi leur montrer qui je suis. Comme avant. Tu t'en souviens ? Comme c'était bon ? De sentir leur vie s'écouler entre nos doigts ? De sentir leur dernier battement de coeur, de respirer leur dernier souffle ? Comme c'était jouissif de se délecter de leur peur, suintant par tous les pores de leur peau, s'élevant dans l'air alors que leurs entrailles libéraient le flot de foutre accumulé depuis tout ce temps ? Bien sûr que non... Tu me laissais faire. Lâche. Imbécile. Pauvre niais.*

Il se tait, senestre aux doigts crispés tournés vers la blafarde, tels les pattes d'une araignée morte encore chaude de son dernier souffle, dextre serrant toujours plus fort son poignet, comme s'il voulait juguler la douleur inhérente par la simple pression de sa propre chair. Epaules rentrées, recroquevillé sur lui-même. Elle a raison, comme toujours. Celui qui croît aux elfes pour faire rire les gens ne peut être qu'un abruti. Un fou rêvant sous les étoiles de jours meilleurs. Comme lui. Un niais voulant seulement être entouré de son chien et de son cheval, cueillant parfois des fleurs pour les regarder dériver sur les longs fleuves rencontrés, porteuses d'un message pour ses morts, Azurs aux variations amusées. Un simple d'esprit voulant encore vivre ces longues soirées passées au coin du feu, une Ambre collée contre lui, une blonde lui racontant la vie. Un rêveur, courant sous l'astre flamboyant à la recherche de songes égarés pour fuir ce qu'il vit, ce qu'il est. Un monstre en puissance, une ordure à éviter.

Des bruits de pas le font relever la tête, le sortant de sa réalité morbide. Pupilles dilatées, quelques mèches blondes s'échappant de leur prison de cuir, il se relève doucement, sans bruits, alors que le corps frêle de l'Onyx ténébreuse apparaît. Son coeur à peine calmé rate un battement, se demandant s'il doit sortir de l'alcôve ombrée dans laquelle il s'est niché. Réponse ne se fait pas attendre, alors qu'elle n'est plus qu'à quelques mètres de l'auberge. Rapidement, la distance les séparant est comblée. Gestes brusques, reflets des sentiments qui tourbillonnent encore dans son esprit, il la sert contre lui, dextre n'ayant rien à envier à sa jumelle, nichant d'autorité sa tête contre son torse.

Se moquant bien du mal qu'il peut lui faire, à la serrer ainsi, toujours plus fort. Se moquant de la douleur qui peut irradier des blessures encores récentes du fouet. Se moquant des ricanements du souffle du vent venant titiller ses oreilles. Se moquant de l'oeil livide braqué sur eux. Se moquant des ombres railleuses et sinistres les enveloppant. Se moquant des relents de puanteur des ruelles avoisinantes venant lui chatouiller les narines. Se moquant des gouttelettes séchées sur son visage, tout comme des traînées de sang sur sa dextre. Se moquant de tout. Sauf d'eux.


- Pourquoi t'fuis, fillette ?

Voix déchirant le silence pesant, pleine d'inquiétude, de peur, de regrets, de honte. Tenant toujours la jeune femme collée contre lui, il laisse ses mains douloureuses remonter pour venir se poser contre son visage, le relevant doucement pour le contempler. Azurs troublées qui ne laisseront pas leurs scintillements s'échapper, plongeant dans les Onyx nébuleuses, son coeur battant contre le sien, voulant se fondre en elles, et s'y perdre à tout jamais.

Il approche son faciès du sien, ses pouces jouant sur ses lèvres, effaçant les dernières traces de vomissures qui pourraient encore y traîner. Si proche qu'il peut sentir le souffle de la jeune femme réchauffer sa peau, s'entrelaçant au sien. Accent laissé de côté, hypnotisé par les yeux de Lycia, ses mains protectrices enserrant pratiquement tout son visage, le géant parle de cette voix profonde de basse, aux accents suaves et changeants qu'il réapprend à connaître, petit à petit.


- Pourquoi... Tu... Me... Tues ?
Lycia
[mode hrp on: j'vous ai fait l'impasse sur les paroles en vert pour une fois, trop de vert tue le vert, c'est bien connu. mode hrp off]

Souvenir d'une soirée étoilée...

Sortant de l'ombre, il s'approche, lui lance LA phrase qui fait mal. Celle qu'il ne fallait surtout pas qu'il prononce. Celle qui remet d'autant plus en cause ce qu'elle ressent en cet instant. Mais déjà il l'enlace, la porte contre lui, jusqu'à l'étouffer d'un amour qu'il dissimule à coup de sourire en coin et de phrases anodines.
Elle le laisse faire, éteinte. Tout s'arrête. Elle ne ressent plus que l'amertume laissé en bouche d'la gerbe déposée peu de temps avant. Léger goût rance d'une bière pas totalement digérée, qui saisit la brune à la gorge et lui donne pour une fois, l'envie de boire un verre d'eau fraîche. Elle se contente de songer qu'elle bien cela lui ferait de boire ça. De sentir couler dans sa gorge une boisson oubliée depuis si longtemps.
Il caresse son visage, plonge son regard dans le sien sans qu'elle ne voit l'Azur la détaillant. Il est doux, il est tendre, elle est morte et glaciale. Et la question qui s'ensuit la frappe de plein fouet, la ramenant à la réalité. Les yeux papillonnent, elle le fixe quelques minutes, avant de le repousser brutalement.
Elle lit la surprise sur son visage, mais ne lui laisse pas le temps de réagir qu'elle le repousse à nouveau, encore et encore avant de se retourner et d'avancer de quelques pas.

La gorge se serre, au loin une étoile filante apparaît et le souvenir d'une conversation eue quelques mois auparavant avec sa mioche refait surface. Toutes les deux, si hautes dans leur perchoir feuillu, isolées du reste du monde, parlant comme si de rien n'était. Alors que cette étoile là s'en allait peu de temps après rejoindre Bireli.
Sainte Boulasse, que le monde lui pesait en cet instant. Que n'aurait-elle pas donné pour laisser la folie tant de fois caressée, l'envahir à nouveau. Que n'aurait-elle pas donné pour ressentir à nouveau les coups de fouet des soldats Ténébris pour se laisser aller à frapper, et frapper toujours plus.

Elle vivait comme le Marlou, sur un fil, manquant de perdre l'équilibre à chaque instant. Bien que tentée par le vide l'appelant de sa douce voix, elle fixait l'horizon et avançait, un pied après l'autre, les bras écartés pour ne pas tomber plus bas.
Elle ne fuyait pas. Elle ne fuyait pas. Elle cherchait juste à ne pas basculer, parce qu'elle savait qu'une fois en bas, elle ne pourrait remonter sur son fil.

La Rouge se retourna et le fixa longuement, sans qu'il ne fasse un geste.



T'crois quoi...
Qu'connaître ma vie, un peu, ça f'ra d'toi mon sauveur?
T'crois quoi...
Qu'j'ferme ma gueule parc'que j'suis trop fragile pour causer d'moi?


T'crois quoi bordel?
Pour qui m'prends tu? T'connais rien d'moi! T'peux pas comprendre! J'sais qu'ta vie l'a pas été rose non plus. Et alors? C'comme ça!
J'suis comme ça! J'vis avec tout ça!


Si j'fuis, c'just'ment pour pas m'casser la gueule...

Elle lève la manche de sa chemise, lui désigne une cicatrice large et profonde, encrée profondément dans sa chair.

C'qu'tu vois là, c'moi. Dès qu'ça va pas, ça m'démange, ça m'bouffe, ça m'détruit, alors j'me détruit et j'gratte la peau jusqu'au sang. Si j'pouvais atteindre l'os t'crois qu'ça m'f'rait quoi? T'crois qu'la douleur finirait par m'ram'ner? L'est trop tard! J'peux pas faire marche arrière, j'peux pas ...
Alors n'joues pas au sauveur avec moi Milo! Parce qu'j'te tuerais bien plus qu'tu sembles le penser aujourd'hui...


Elle s'approche de lui, pose une main sur son torse et fixe son cou, n'osant affronter son regard. Perdue. Elle est perdue. Qu'ils ne comptent pas faire quoi que ce soit pour elle, plus rien ne pouvait la changer. Rien ni personne. Elle vivait comme elle pouvait, elle aidait comme elle pouvait ses amis, à sa façon. Sans chercher de reconnaissance, juste parc'qu'aider les autres lui donne l'impression de s'aider elle même.
Pourquoi croyez vous qu'on la considère comme la pire des chieuses, la pire garce, la plus mauvaise femme. Peut être n'a-t-elle pas envie de s'aider en fin de compte...


Laisses moi tranquille Milo.
S'tu tiens à moi... Cherches pas plus loin, acceptes c'que j'suis et n'cherche pas à m'changer, à m'faire avaler tes elfes et ton monde. T'en as b'soin, j'te l'laisses. Pas b'soin d'ça. Pas b'soin d'rêves.
J't'ai toi. J'ai l'Crok. J'ai la blonde. Pour l'moment sur la route ça m'suffit. Sois t'm'prends comme ça, soit tu m'perds.


Elle lève enfin son regard vers lui, plonge ses yeux dans les siens et murmure:

Mais si tu m'prends... Fais gaffe à pas sombrer à ton tour... J'suis l'pire poison qu'tu puisses prendre....

Au dessus du blond, une étoile file à nouveau, l'été arrivait. Un an bientôt que la conversation avec l'Aphélie avait eu lieu. Elles s'étaient quittés sur un: sois heureuse.
Sois en vie. C'est déjà pas mal pour Lycia...
Ilmarin
Un Diable, ses trésors, sa troupe: l'approche des chemins pavés de bonnes intentions...

Où sont-ils?
Aucune idée. Inutile de compter sur les étoiles pour la renseigner.
La jeune femme pourrait demander à un de ses voisins, surtout son Loup de compagnon, cavalier toujours à ses côtés plongé dans un mutisme de vieux briscard. Il sait forcément, lui. Non qu'elle ne soit pas habituée aux trajets, avec les lieues avalées depuis des années; elle est surtout une habituée des rêveries qui la perdent loin des rubans de poussières plus ou moins sombres. Son Licorneux le sait, ainsi que son page Luthifer; son autre page, Moustique, gamin aux cheveux noirs et yeux émeraudes comme son compagnon d'entourloupes, le découvre; ces deux hommes si proches le savent, donc, qu'elle plonge toujours plus loin en elle quand la route lui devient épuisante.
Les décoctions qu'elle se prépare en secret, confiées à son compagnon, soulagent en grande partie les tensions; l'avant-veille, elle a même pu poser la ceinture qui lui bloquait les reins, respirant enfin à pleins poumons; l'avant-veille, sa main droite gantée avait même cessé, quelques minutes, de trembler, posée calmement sur sa cuisse, comme un répit volé au Temps, avant de reprendre sa gigue infernale. Mais rien n'arrête ses pensées et leurs mille tourbillons plus ou moins colorés...

La compagnie, en pleine nuit, traverse un bled totalement inconnu. Enfin une localisation?
Pourtant, la Panthère se désintéresse tellement de ce nom que c'en est presque risible. Elle a souvent - toujours? - considéré qu'elle n'était jamais si bonne mercenaire que lorsqu'elle se contentait de son boulot: escorter et taper. Le reste du temps, elle boit en taverne, discute, surveille les gamins, pense, rit avec lui, observe la troupe, pense, contrôle la carriole, nourrit et panse leurs montures, pense.
Tiens, un douanier les arrête, demande leurs noms; grondements des deux mâles combattants, agacés sans doute par leurs dernières mésaventures avec les maréchaussées, méfiants, pressés... Mais le pauvre homme - une femme peut-être, sous sa capuche comment savoir? - lui tend une missive. Un pigeon à moitié mort de soif qui attendait depuis la veille. A elle. La Blonde enrêvée au sourire revenu.
Une seule personne connaissait leur parcours. Enfin! Enfin sa Rousse amie daignait prendre la plume et lui répondre! Evidemment, pas le temps de la lire maintenant. L'anticipation lui tire un sourire déjà amusé, certaine de trouver raleries et récriminations diverses et variées, entre les bonnes nouvelles routinières de l'Ephémère et son amourette avec le moucheron. Et bien sûr, ce parchemin dudit moucheron n'était qu'une sombre blague destinée à la faire râler plus fort. Perdu! Elle se contentera de se moquer de lui.

Dans un tout petit jour glacial - si petit qu'il est à peine naissant, le groupe pénètre dans un domaine, dont là aussi elle ignore tout.



Promesse tenue. Mission accomplie.

Distraitement, elle observe les lieux, bien agencés, mignons. Loin de ce qu'elle imaginait comme retraite pour le mercenaire qui l'a embauché, comme elle se plaisait à le clamer sur tous les toits, mais après tout, pour se reposer...


« Restez ici pour le moment… Je veux la voir, seul. »

Nulle objection à cette requête. En dehors d'un sombre pressentiment qui semble le tenir et dont il refuse de parler, en dehors de toute connaissance du drame qui noue ses fils, qu'aurait-elle pu lui dire? Les retrouvailles avec les êtres aimés se passent dans le secret des chambres et des salons, pas devant de parfaits inconnus, même croisés en taverne, une fois, par pur hasard.
Et puis... Elle allait pouvoir décacheter cette lettre et la lire. Sourire. Rire. Une lettre de Maha ne pouvait qu'être un grand moment! Le parchemin est sorti d'une des sacoches, elle s'éloigne un peu, laissant les pages, le géant et les deux brunes à la surveillance de Rhuyzar. Ils attendront le temps nécessaire, dans les jardins, avant d'être présentés.

"Ma chère Ilmarin…Ilmarin…"
Ca partait bien. Ma chère Maharet... Elle l'imaginait griffonner cette lettre depuis un coin de bureau encombré de plaintes, de textes juridiques, de codes, de jurisprudence; Tristan à quelques mètres, en train de jouer avec Lucas. D'un coup, l'Ephémère lui manquait, leurs soirées, leurs querelles. J'ai fini mon contrat, on rentre bientôt...

"... Ilmarin… mes peurs ne sont pas infondées, nous ne nous reverrons plus..."
Un coup de tonnerre retentit. Dans sa tête. Dans son coeur. Dans son âme.
Non.
Elle a mal lu... Impossible... Pitié... Pas ça... Hagarde, son regard se relève pour chercher celui de son Loup. Puis retourne dévorer les mots soudain tremblotants; les silences cachés; le rire moqueur du Destin gravé en filigrane.

"... Cette fois on ne va pas faire comme si tout allait bien et que nous nous retrouverons bientôt parce que ce serait un mensonge ..."


Non...

Subitement, ses yeux la brûlent. Elle n'avait pas pleuré depuis si longtemps qu'elle en avait oublié la sensation. Les picotements, la chaleur comme un tison fouillant les paupières, le barrage luttant de toutes ses forces pour ne pas céder.
Ces pleurs incoercibles, venus du tréfond d'une âme. Ces pleurs que seul le vide peut créer. Ces pleurs que seule la Mort peut générer.
A nouveau son visage se relève, elle vacille, tangue. Inquiet, il se rapproche, enlace sa taille, guetteur muet demandant des explications qui ne sortent pas. Il entame la lecture, sans doute, à son tour, alors que la sienne continue.
Message inexorable, s'écoulant comme le Styx et sa puanteur sulfureuse.

"... Ma chère amie, ma sœur, n’oublie pas que je t’ai toujours portée dans mon cœur ..."
Non...
C'était une blague. Forcément. Une mauvaise blague mais une blague quand même. Maha a toujours été là, du moins dans ses souvenirs.
Forte, vaillante, rieuse, attentionnée. Même à Compiègne, elle avait survécu. Elle était revenue se faire savonner, ouvrir leur taverne.
Même après les trahisons de son enfoiré de mari, elle était restée humaine, vivante, amoureuse, s'occupant de tout et de tout le monde.
Même lors du voyage dans le Béarn, même après leurs engueulades, elle était là. Même ivres mortes, elle était là. Solitaires à tour de rôle, au gré des vents, des courants, elles étaient là l'une pour l'autre.
Plus soeur que sa soeur; seul Rhuyzar avait une telle complicité avec elle.
Non. Elle ne pouvait pas mourir. Pas maintenant! Pas comme ça! Pas là-bas! Pas seule!

"... Adieu Ilmarin... et merci pour ton amitié si précieuse ..."
Non...
Lentement, le parchemin quitte ses doigts soudain glacés.
Lentement, ses jambes se dérobent, ses genoux se plient.
Lentement, une larme roule sur sa joue.
Une poigne ferme la rattrape, guide jusqu'au sol sa chute. Plongée dans le cou de l'homme qu'elle aime, l'armure glaciale explose.
Ses sanglots maudissent le Gardien qui ose La toucher pour la faire traverser; maudissent la Vie, les Anges et les Démons, le Néant et l'Indicible; maudissent la Terre et l'Univers.

Implacable, l'Hiver ne pouvait rendre les armes seul.
Il emportait un bout de son coeur, dans les tréfonds des galeries puantes des Enfers, jusqu'aux champs bienheureux.
Un rayon de soleil plein d'espoir, timide, fraye son chemin, éclaire le couple secoué par ses sanglots silencieux pour sécher la cascade argentée de larmes oubliées. Vainement.

Adieu mon amie, ma complice. Ma soeur. Ma chérie.

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Milo1
[Retour en arrière, Villefranche de Rouergue, une blafarde, une Onyx, une Azur... And when the lights are down you're so far away...]

Pourquoi... Ca fait si mal ? Pourquoi... ? Azur abasourdie qui encaisse sans dire mots les paroles et les gestes. Lesquels lui font le plus mal d'ailleurs ? Son coeur se serre d'avantage, alors qu'elle avance de quelque pas, laissant la fraîcheur de la nuit l'envelopper. Il veut aller dans sa direction mais quelque chose l'en empêche. Peut-être est-ce sa tête qui tourne. A moins que ce ne soit la violence de ses paroles. Et dire que même les coups de Crokie, s'ils venaient à se battre, ne le feraient pas vaciller autant.

Il se tait, la laissant finir, encaissant du mieux qu'il peut. Chaque nouvelle parole lui coupe le souffle. Chaque nouveau mot le fait sombrer toujours plus. Pourtant, il ne bouge pas. Il la laisse vider son sac. Même si l'envie de fuir à son tour commence à se faire pressante dans ses jambes. Maudite sois-tu, Ilmarin. Elle est ton avenir pour le moment, hein ? Regarde l'Azur fermée... Regarde la... Regarde la, pathétique et pitoyable sous les assauts de cette Onyx déchaînée. Regarde la, silhouette affaissée sous les rondeurs de la lune. Regarde la, sa vie coulant à même le sol, ses mains meurtries par sa propre folie... Regarde la, prête à briser les derniers éclats bleutés qu'il restait dans son coeur. Maudite sois-tu...


- Et toi Lycia... Qu'est ce que tu crois ? Qu'est ce que tu veux ?

Voix profonde de basse qui se fait murmure, accent toujours absent, assez forte toutefois pour que les pierres funèbres les amplifient. Azurs qui s'éveillent à nouveau et fixent un instant la main frêle posée contre son torse puissant, avant de remonter pour se fixer dans les éclats noirs, d'où se reflète sa propre silhouette. Grondement qui s'échappe de son torse, sourd et rauque.

- Ou plutôt... T'as eu ce que tu voulais ? "On a couché ensemble, maintenant, merci le niais pour la jouissance, tu peux te tirer et vivre ta vie comme si de rien n'était "? Mâchoires crispées, son regard se fait plus dur, son visage se transformant en rictus amère. Bien sûr que je ne connais rien de toi, bien sûr que je ne peux pas comprendre... Je suis comme les autres, n'est ce pas ? Un beau salaud qui partira à la première pute rencontrée, qui se désintéressera de toi à la première croupe croisée ? Et bien sûr, c'est moi qui partirait. Pas toi Lycia, MOI ! Parce que je suis comme tous les autres, tout ce qui m'intéresse, c'est de culbuter la première passante et de m'en aller après !

Et puis, se détournant d'un seul coup, laissant la main de la jeune femme en suspend, mur à portée, son poing droit s'abat encore une fois contre la pierre, à s'en faire craquer les os. Peu lui importe la douleur, elle est encore trop faible à son goût. Peu lui importe de souiller encore la roche, le goût amer dans sa bouche ne part pas pour autant.

- Ton sauveur ? TON SAUVEUR ?! M.erde à la fin ! Et si je voulais simplement rester à tes côtés ? Tu peux comprendre ça ?

Ricanement désabusé offert à la la nuit muette, poing tournant doucement sur la pierre, à faire couler toujours plus de sang, offrant son dos à la jeune femme.

Ha mais j'oubliais, ça ne compte pas. La fragile Lycia souffre, les autres s'amusent ! Je ne peux pas comprendre, c'est vrai ! Je suis trop niais pour ça ! Toi et les autres me l'avaient assez répété, au cas où je ne comprendrais pas du premier coup !

Paroles fielleuses qui ne peuvent s'empêcher de sortir, coeur qui se comprime toujours plus. Thor... Pourquoi... Aimer... fait-il si mal ? Souffle court, palpitant qui s'affole, respiration saccadée, il se retourne enfin vers la jeune femme, sa vision brouillée alors que son poing quitte le mur purificateur. Corps si proches qu'il peut sentir le peu de chaleur émanant du sien. Corps si proches que le désir se fait sentir, malgré la tension. Dextre sacrifiée qui vient prendre le menton délicat pour la forcer à le regarder, Azurs devenues vides de toute expression.

- Tu ne pourras pas me changer non plus, fillette.

Lentement, sa senestre meurtrie, gardée le long de sa hanche descend, son corps l'accompagnant, pour venir soulever l'épais tissu composant sa botte, dextre tenant toujours son menton. Main qui se referme sur la garde de sa dague, tirée dans une note métallique qui paraît presque douce en cet instant, faisant délicatement le chemin inverse. D'un geste tout aussi doux, la droite ensanglantée quitte son menton pour venir prendre la jumelle lui faisant face, dont les doigts sont progressivement dépliés, avant de soutenir le poignet de la brune, alors que la gauche imposante dépose la garde dans la paume ouverte, Azurs plongeantes dans les Onyx ténébreuses.

Délicatement, les doigts sont repliés, prison de chair se voulant ferme et inébranlable, accompagnant la levée du poignet, pointe qui se pose lascivement sur sa jugulaire, un sourire déterminé sur les lèvres, pierres neutres toujours ancrées dans leurs vis-à-vis obscurs.

- Alors... Tu sais ce qu'il te reste à faire, Lycia. Tue-moi. Puisque je ne changerais pas, et toi non plus. Tue-moi, puisqu'il n'y a pas d'issue possible...Voix qui se fait murmure, ses lèvres frôlent sa joue, avant que sa dextre ne lâche son poignet pour venir enlacer sa taille et la coller contre lui. Mais, sache une chose... Joue contre la sienne, ses lèvres caressent la naissance de son cou, près de sa mâchoire, alors que la pointe de sa dague rencontre sa peau et libère une goutte carmin. Il est trop tard pour me sauver, fillette. J'ai bu le pire poison que je puisse trouver le jour où tu m'as approché...

Son coeur bat plus lentement, le corps en attente, alors que quelques éclats azurés s'échappent de leur prison nacrée, roulant sur sa joue, venant finir leur course effrénée contre la peau de la libertadienne.

Pleure, Géant, pleure.
Ce soir, peu importe que tu l'aimes à en crever.
Ce soir, ton sang est une offrande à ton Dieu.
Ce soir, ta vie n'a pas de prix.
Ce soir... Les elfes entament peut être leur ultime danse...
Lycia
Plus rien n’a de sens que ce regard s’enflammant. Elle sent vibrer sous sa main le torse puissant prit d’assaut par la douleur et la colère. Les mots s’insinuent en elle, la faisant frémir tandis qu’il lâche ce qu’il a sur le cœur qu’elle prend un malin plaisir à torturer pour se protéger. Le pousser jusqu’au bout, jusqu’au bout de lui pour qu’il crache ce qu’il ressente. Le voir ainsi la blesse plus qu’elle ne se l’imagine, tandis qu’elle encaisse à son tour le retour des flammes. A trop jouer avec le feu on fini par cramer…
Il se détourne, elle avance. Il frappe, elle grimace. Elle l’écoute, se mordant les lèvres, satisfaite et malheureuse à la fois. Elle voudrait l’enlacer, le bercer contre elle et se laisser aller à devenir une femme aimante, douce et tendre pour qu’ils soient heureux, ensemble. Autant qu’elle voudrait s’enfuir, à toute allure, regrettant de l’avoir laissé faire, de l’avoir poussé, jouant tout deux un jeu dangereux, bien trop dangereux au goût de la brune. Il ne serait jamais heureux avec elle. Elle vivait des routes, des courses sous les étoiles, du vent dans ses cheveux tandis qu’elle s’engageait à corps perdu dans une bataille dont elle se foutait royalement. Elle aimait tuer autant que boire, autant qu’insulter, se plaindre, râler, torturer, s’amuser. Sans scrupule elle est.
Elle n’agit que pour elle, satisfaisant l’appel de la violence en elle depuis son adolescence, en se battant pour libertad, pour le peuple, soulageant sa conscience comme elle pouvait. Les deux faces de l’écu. La plupart du temps en équilibre sur la tranche.
Elle ne voulait pas qu’il souffre à cause d’elle, mais ne voulait pas qu’il s’éloigne non plus. Elle voulait juste qu’il ai conscience du bordel dans lequel il s’était engagé en tombant amoureux d’elle.
Il s’approche à nouveau, plonge son regard dans le sien et murmure. La voix grave pénètre ses veines et la font frémir davantage. Le tuer… N’était-ce pas déjà ce qu’elle était en train de faire ? Sur sa peau elle sent la chaleur de son sang se déposer alors qu’il lui fournit l’arme pour l’achever.
Elle l’attrape, sentant se poser dans son dos une main l’attirant à lui. Et ses lèvres sur son cou, son souffle contre son oreille, ses larmes, ses paroles. Le cou entaillé, la main blessée, elle ne dit rien, ne fait rien, ferme les yeux et se laisse bercer par ses démons. Le sang s’agite, le cœur palpite, la vie s’excite, l’air crépite… « Tue moi »… Ses mots résonnent dans son crâne et dansent à vive allure tandis qu’elle sent contre elle la vie du blond qu’elle pourrait ôter en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire. Se débarrasser de lui pour reprendre le cour normal de sa vie, pour ne plus se poser de question. Elle pourrait lui trancher la gorge, voir gicler sur sa peau pâle l’écarlate brûlant, qu’il se taise, qu’il se taise, qu’il se taise et ne l’appelle plus fillette, qu’il ne lui dise plus qu’elle est fragile, qu’il ne lui montre plus qu’il l’aime.
Un grondement remonte dans la gorge de la veuve noire qui en gémit. Elle ferme les yeux, se lèche les lèvres alors qu’il est là, contre ses hanches, désireux, quémandeur d’elle. Sentir le désir monter à vitesse folle alors qu’il pleure contre son cou, qu’elle a la lame meurtrière en main. Lentement, elle la presse davantage contre lui, entaillant davantage la peau pâle du blond. Puis laisse tomber à leurs pieds l’objet tandis qu’elle le repousse un peu et le défie du regard.

Les cuisses tremblantes, le regard fou, elle lui tourne autours, se répétant inlassablement les paroles lâchées plus tôt : Tue-moi… Tue-moi… Tue-MOI… Le souffle s’accélère tandis qu’elle s’approche à nouveau, agrippant ses cheveux pour attirer son visage contre le sien. Elle inspire son odeur, sa peau, son souffle, son sang, elle observe ses lèvres, ses joues humides, son regard clair et lui arrache un baiser passionné, mordant sa langue au passage tandis qu’elle attrape de l’autre main celle nouvellement blessée.

Pas d’issue…

Elle porte les doigts à ses lèvres, embrassant la chair meurtrie, s’en foutant pleins les lèvres au passage qu’elle lèche à nouveau.
Elle n’était pas tendre, ne le serait jamais. La passion, la folie, le feu habitaient son âme. Et ce soir, plus amoureuse que jamais, elle ne pouvait cacher ce qu’elle était.
L’enlaçant, elle alla chercher son cou pour y déposer quelques baisers avant de glisser ses mains sous sa chemise qu’elle lui enlève.


Tu veux mourir ?

Son nez joue contre sa joue, tandis qu’elle sent frémir l’homme sous ses doigts. Murmure à nouveau, lui repose la même question, bassin se plaquant contre le sien tandis que ses doigts parcourent son torse. Fiévreuse, elle se recule à nouveau, l’observe et lâche un léger sourire avant d’embrasser à nouveau ses lèvres. En elle-même de songer qu’il la rendait folle sans qu’elle comprenne exactement pourquoi, s’interdire de le faire souffrir à nouveau, qu’elle n’aurait pas à se cacher, qu’il finirait par comprendre et accepter. Ou pas.
Milo1
[Villefranche, toujours à se demander si...Cause when the lights are down, she'll take me away]

Corps en attente, muscles tendus à l'extrême, plus rien n'a de sens sauf sentir celui de la jeune femme contre le sien et la pointe effilée sur sa peau. Les larmes continuent de couler sans qu'il ne puisse les arrêter alors que le fer pénètre enfin dans sa chair. Jusqu'à ce que lame et larme tombent enfin au sol, dans un dernier tintement sonore, dans un dernier aveu humide. Il relève la tête et contemple les reflets sombres apparaître et disparaître alors qu'elle lui tourne autour, dans une danse étrange et hypnotisante. Azurs qui ne deviennent plus que deux fentes, dont seule la blafarde laisse deviner les éclats troublés, sa respiration se faisant plus rapide.

Enfin, elle s'arrête, enfin elle s'approche, l'agrippant avec une force qui lui coupe le souffle, mêlant sa langue à la sienne, leurs lèvres scellées dans un baiser passionné. Il ne bouge pas, se laisse faire, s'enivrant de la fureur des sentiments qui montent en lui, venue annoncée par un grondement bestial et guttural, alors qu'elle goûte sa peau et lui ôte sa chemise. Que lui trouve-elle ? Il n'est pas combattant, ni brigand. Il n'a rien à offrir, pas même son honneur, pas même sa vie. La question posée tourne en boucle dans sa tête tandis qu'elle colle son corps contre le sien, aguichant toujours plus ce désir qui lui échappe. Veut-il mourir ? Ce n'est qu'un paumé parmi tant d'autres, un rêveur qui n'attend rien de plus de la vie que la mort. Pourtant... Pourtant il ne s'était pas senti aussi vivant que depuis le jour où elle lui avait offert le poison maudit qui coulait dès à présent dans ses veines.

Il rouvre les yeux alors qu'elle plaque son bassin contre le sien, murmurant de nouveau son éternelle question, exacerbant encore et toujours sa soif d'elle. De longs frissons lui parcourent l'échine lorsque ses doigts partent à la découverte des monts et collines formées par ses muscles, séparées par une large rivière aux reflets argentées sous les lueurs de la livide. Leurs lèvres se lient à nouveau, alors que ses mains meurtries viennent prendre possession de son visage, sans douceur, Azurs plongées dans ses Onyx, clarté contre ténèbres, jour s'unissant à la nuit. Un sourire carnassier se dessine sur son visage, laissant ses mains descendre au creux de ses reins, la collant avec violence contre lui.


- Est-ce que je veux mourir ?

Nouveau grondement alors qu'il la porte et la plaque contre le mur souillé de l'alcôve sombre, se moquant du mal qu'il pourrait lui faire, douleur irradiant de ses mains oubliée pour l'instant. Tout comme il n'a cure de son dos zebré de cicatrices dûes au fouet tombé trop de fois, à ces témoins ancrés profondément dans sa chair et à ce "L" majuscule frappé au fer rouge sur son épaule gauche, offerts sans pudeur à la lune. Il n'est plus qu'un prédateur avide de sentir ses crocs se planter dans la chair tendre de sa proie, une bête souhaitant assouvir sa faim dévorante. Silencieux, il s'empare de ses lèvres, les mordant jusqu'au sang, se délectant à son tour de son essence, pressant son corps contre celui de la brune, glissant un genou autoritaire entre ses cuisses, la forçant à les écarter.

- Est-ce que je veux mourir ? Sa bouche glisse sur sa joue, s'emparant du lobe de son oreille. Ses mains descendent sur ses hanches, l'une tordant le tissu de sa chemise pour l'ôter de ses braies, l'autre défaisant à tâtons les lacets. Son souffle glisse contre elle, alors qu'il plonge le nez dans la chevelure d'ébène, lapant avidement la peau pâle, plaquant toujours sans ménagement le corps frêle contre la pierre froide. Je ne souhaite que ça...

Il recule un instant la tête pour la contempler, les lacets de ses braies défaits, le tissu libre de tout lien. Nouveau sourire féroce qui se dessine lorsqu'il revient à l'assaut de ses lèvres, l'embrassant fougueusement, se repaissant encore du sang qui s'écoule de nouveau, sa langue entamant une danse lascive avec sa jumelle, son pouls s'emballant. Dextre qui plonge dans l'étoffe lâche, glissant sur l'une de ses cuisses pour remonter jusqu'à atteindre son intimité, se faisant tour à tour tendre, impérieuse ou avide.

- Et toi... Fillette... Qu'est ce... Que tu... Veux ?

Grondement qui se fait haché et saccadé, il lâche la bonde à son désir et le laisse prendre possession de l'objet de sa convoitise. Son appétit est tel que dans un sursaut de lucidité, presque avec amusement, il se demande si cette nuit suffira à le calmer. Lueur moqueuse qui se répercute dans ses Azurs fermées, sa bouche s'attaquant à son cou, senestre aguicheuse qui remonte lentement sur le ventre et la poitrine de l'Onyx, avant de glisser dans ses cheveux. Oui, il n'est plus qu'une bête sauvage. Oui, il se moque de la douleur qu'il peut lui infliger, à la tenir ainsi serrée contre lui, sa main droite devenue pour le compte exploratrice implacable et sauvage. Mais une chose est sûre. Malgré l'envie qui le presse de plus en plus à se lier à elle, il ne le fera que lorsque ses gémissements lui demanderont de mettre fin à cette délicieuse torture.
Lycia
Lorsque la folie gagne les corps...

A tambour battant le coeur cogne et s'affole, comme les cuisses qui tremblent, la poitrine qui s'agite, le souffle qui s'accélère, la gorge qui s'assèche, les yeux qui se ferment.
Le délire monte en elle, malade et fiévreuse, folle à lier, folle de lui, de ses doigts sur sa peau, de ses lèvres sur son cou, son souffle sur sa nuque. Il l'appelle, la découvre, s'insinue sous ses vêtements, part chercher la fleur convoitée qui attend la délivrance de ses coups de reins.
Une cuisse remonte derrière lui tandis qu'elle le plaque davantage contre elle, inspire son odeur et laisse glisser un gémissement tandis qu'elle le sent devenir chaque seconde plus vivant.
Il agrippe ses cheveux, la maltraite de trop d'amour et de passion, inerte, elle se laisse faire, savoure, plaisir s'écoulant d'elle qui attend de n'en plus pouvoir pour se jeter sur lui.
Guetter la proie, inspirer son odeur, suivre ses traces, l'observer, la découvrir, attendre le bon moment avant de sauter, d'accélérer, de foncer tête baissée puis d'attraper l'animal entre ses dents, de jouer avec lui avant de le dévorer complètement.

Sur sa peau, les poils se hissent, la poitrine se redresse, les seins s'épanouissent sous les doigts taquins du blond qui éveillent et jouent avec l'un ou l'autre de ses mamelons. Son ventre se contracte, ses lèvres arrachent un baiser fougueux à Milo tandis qu'elle sent son contrôle s'envoler comme les soupires qu'il lâche à ses oreilles. Les paumes découvrent les muscles tendus de son dos, ses épaules fortes, ses bras puissants qui la portent et la bloquent contre son mur froid. Cicatrices caressées du bout des doigts, index taquinant les boursouflures de sa chair meurtrie tandis qu’elle l’imagine si fragile et si fort à la fois. « Je ne souhaite que ça… » Un sourire furtif sur les lèvres de la brune qui bientôt se mettent à saigner. Elle en grogne de plaisir, arrache sa propre chemise et attrape la blonde chevelure pour guider ses lèvres à sa peau.
Sous ses paupières dansent et dansent encore les étoiles tandis qu’elle répond, le regard fou, les lèvres contre son oreille qu’elle mord lentement :


J’veux vivre…

Sur ses collines sentir ses lèvres l’effleurer, ses dents la mordre, sa langue se jouer d’elle, amante folle et aguicheuse comme putain de première dans le meilleur de tous les bordels.

Atteindre ses braies qu’elle défait rageusement, découvrir ses cuisses et ce qui fait de lui un homme dans un sourire gourmand tandis qu’elle l’éloigne d’elle pour le contempler. Et faire que le temps s’arrête, suspendu à son regard alors que ses doigts cherchent l’homme.
Qu’il la prenne, qu’il la laisse vide de force, qu’elle ne soit plus qu’une loque reprenant son souffle avant que Morphée vienne la violer à son tour dans ses rêves les plus fous. Et l’aimer tandis qu’il s’amuse, qu’il gémit contre ses lèvres en mordant sa langue offerte si gracieusement.
Les mains se lient, s’enlacent, guident et trouvent, caressent, griffent, se font douces ou puissantes, fortes ou faibles, les cuisses s’agitent et tremblent, affaiblissant les genoux qui voudraient lâcher. Se soutenir mutuellement tandis qu’ils finissent de se dévêtir, qu’ils font courir leurs lèvres sur leurs corps, qu’elle ondule contre lui avant qu’il ne la prenne violement contre le mur.
Fermer les yeux, perdre les pédales, corps agités et fiévreux, soupires et morsures, baisers et fougue. Ils s’aiment, se mélangent, s’emmêlent, vont et viennent. Ils tombent alors sur le sol, elle le plaque contre la terre et le domine tandis qu’elle l’observe conquérante, un sourire aux lèvres alors qu’elle contrôle le rythme de la danse. Et lui de la retourner à son tour et de glisser ses mains dans les siennes tandis qu’il l’écrase de son poids. A coup de dents, de langues, montrer son mécontentement tandis qu’il la domine, mais aimer ça plus que tout, et sentir d’un coup le plaisir monter en elle pour exploser dans un long hurlement se répercutant jusqu’au 7ème ciel, la laissant pantelante et gémissante contre lui qui vient à son tour.

Elle en pleurerait de plaisir, elle recommencerait sur le champ, elle le boufferait jusqu’à l’os, jusqu’à la fin des temps. S’il n’y avait pas la route à reprendre. Si il n’y avait pas le chemin à se créer.
Nus, enlacés, elle fait glisser ses mains dans ses cheveux humides tandis qu’elle tente tant bien que mal de reprendre son souffle.


J’veux vivre… Et qu’tu sois là pour voir ça.

A peine un murmure, rien qu’une constatation. Ses cuisses l’enlacent, elle ferme les yeux et n’écoute plus que ses cuisses finir de trembler, son intimité finir d’hurler. Un sourire s’échappe, une larme coule tout de même sans qu’elle n’ai le temps de se maudire.
P’tin on est bien là….
Milo1
[Ouaip, on est bien là... Naked limbs reflecting from the moon, I'll be there for you soon, first wish for this night : let me be your delight]


Sourire fin qui vient étirer les lèvres du géant alors qu'il a le nez enfoui dans les cheveux de Lycia, sa tempe contre la sienne. Il connaît la réponse à sa question. Il la connaissait même avant de se la poser. Cette nuit ne suffirait pas. Ni elle, ni toutes les autres. Sans dire mot, laissant en suspens la phrase qu'elle vient de prononcer, l'Azur écoute les battements de coeur du joyaux ténébreux, alors qu'elle reprend peu à peu sa respiration, devenue hachée au même rythme que la sienne. Savourer sa peau humide contre ses lèvres, le contact de ses doigts dans ses cheveux, devenus fols pour le compte, geste tendre devenu familier au fil des jours qui défilaient.

Corps pantelant, il ne bouge que lorsqu'une trace aqueuse et plus chaude que le reste cavale sur sa joue. Haussant un sourcil, il relève la tête et prend appui sur ses mains meurtries, observant pendant un long moment le visage à demi-caché par les ombres que renvoie la lune. Un songe égaré, qui aurait pu passer inaperçu. Azur souriante qui vient tendrement récolter le garnement fuyard, avant de descendre sur sa joue et de reprendre ses lèvres, désir qui se fait de nouveau sentir, tout comme les pulsations de la fleur humide et encore chaude contre lui. Peu importe s'ils doivent partir à l'aube, il la veut encore, tremblante, haletante, folle sous ses doigts et féline contre lui.

Dents qui mordillent et aguichent ses lèvres, sa dextre rougie vient prendre possession d'une courbe ronde et pleine, alors que la brune fait glisser ses doigts sur sa nuque puis sur son dos en charpie qu'elle commence à griffer lentement. Grondement qui sort du torse puissant, bouche qui emprunte le chemin ouvert plus tôt par la main aux reflets carmins, jusqu'à descendre aux portes de son être, là où la fleur palpitante et vibrante n'a pas encore tout à fait fini de s'épanouir. Un sourire carnassier se dessine sur son visage, alors que sa langue goûte avidement au nectar qu'une fleur impatiente n'a pu retenir, ses gémissements l'enhardissant dans son exploration.

Gémissements qui redoublent d'intensité, le rendant toujours plus fou et avide, ses doigts dansants sur la poitrine de la jeune femme au rythme de l'archet insensé qui donne le ton sur son dos. Grognant de plus belle, il relève la tête et vient prendre possession de ses lèvres, alors que les mains de la pierre aux reflets ombrés viennent à leur tour jouer avec lui. Azurs qui se ferment sous la délicieuse torture, se laissant plaquer contre le sol, tandis qu'elle devient chef d'orchestre. Et écouter simplement vibrer son corps sous la baguette hypnotisante et ne souffrant d'aucune fausse note.

Jusqu'à ce qu'elle le chevauche et se lie à lui avec une violence qui n'a d'égal que celle de leurs sentiments. Coeur au bord du précipice, il se relève et vient mordiller son cou, senestre et dextre caressant les témoins inscrits à jamais sur la chair de son dos. Ballet des corps qui continue, tout comme l'union des doigts et des coeurs, il lui reprend la partition des mains pour y apporter sa propre touche. Coups de reins qui se font toujours plus impérieux, tout comme les dents de sa partenaire sur ses lèvres et sur son cou.

Concerto qui se termine sur une ultime note, apothéose flamboyant qui voit l'Onyx laisser enfin chanter ses éclats sombres, rejoints peu après par ceux d'une Azur vibrante et haletante, essences des deux coeurs mélangés. Seul leur souffle saccadé vient transpercer le silence qui suit, alors qu'il reste encore un peu en elle, profitant de la douce chaleur qu'elle peut lui apporter, son front contre le sien et qu'elle l'enlace de nouveau.

Sourire timide qui s'esquisse sur ses lèvres. Est-ce que l'amour est ainsi fait car les hommes veulent rester enfants et dans le ventre de leur mère ? Est-ce le seul moyen que la nature ai trouvé pour apaiser leurs craintes et leurs peurs ? Il chasse cette question d'un soupir et se recule doucement, l'attirant avec lui, se posant contre la pierre. Nez enfoui dans son cou, bras l'englobant entièrement, il ferme les yeux et écoute sa respiration, frissonnant légèrement sous les assauts d'une brise taquine, les mots lâchés plus tôt tournant en boucle dans sa tête.


- J't'abandonn'rais pas, fillette, jamais. Sourire sincère qui prend place, reflets tendres dans les éclats bleutés, il laisse sa senestre handicapée venir prendre son menton pour la forcer à le regarder, déposant un baiser sur son front humide. Azur contre Onyx, chevelure blonde contre crinière d'ébène, corps puissant et musclé contre silhouette frêle et gracile. Et si c'était à r'faire... Thor sait qu'j'l'r'frais sans hésitation aucune.
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