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[RP] Essayage et retouches, ou quand une vie bascule ...

Baudouin
[Dans la chambre, le coeur entre deux eaux]

Adorable Amarante. Son nom rimait avec charmante et avec désarmante. Elle l'était. Ce qui le mettait d'autant plus mal à l'aise. Il l'enlaça tendrement lorsqu'elle posa son front contre le sien. Douceur...

Il avait tout de suite aimé cette douceur qui émanait d'elle, une jeune femme apaisante qui lui avait appris la tendresse et la paix. Il n'y croyait plus, peut-être est-ce pour cela qu'il était en train de laisser s'échapper ce bonheur qu'il n'attendait plus. Il avait du mal à croiser son regard et pourtant, il aurait tant aimer savourer ses retrouvailles. L'espace d'un instant, il mit sa culpabilité de côté et la serra fort contre lui. Le temps d'un soupire. Mais déjà elle lui échappait et lui proposait de prendre place.

Silencieusement, il s'assit et lui adressa un sourire, tendrement.


Comment vas-tu ma douce? Tu m'as écris être malade, tu vas un peu mieux? Non? Tu es toujours aussi belle, quoiqu'il en soit!

Elle touchait ses tempes et il sourit. On y voyait clairement le poids des ans, contrastant avec la jeunesse et la fraîcheur de la jeune fille. Il prit vivement sa main et l'embrassa avec amour. Comment lui dire... Aurait-il la force, le courage, quitte à tout briser entre eux? Elle était pâle et la maladie tirait encore ses traits et pourtant, elle était radieuse.

Oui, j'ai grand faim ma chérie et ce sera avec plaisir que je partagerai ce repas avec toi, enfin!

Il préférait chasser ses sombres pensées. Pas encore, pas si vite, profiter encore, juste un peu, savourer d'être bien là, avec elle...

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Amarante.
Il prit place dans le fauteuil qu'elle occupait quelques instants avant ... Elle sourit quand il lui prit la main pour y déposer un baiser. Ils allaient enfin pouvoir partir de zéro et tout recommencer. Oublier tous ces malheurs vécu ces derniers mois, la perte de ce bébé qui avait fait tant de dégâts ... Et cette déchirure avec Cerdanne ... Il fallait tout oublier ... Oui il le fallait si elle voulait qu'il soit heureux ...

Comment vas-tu ma douce ? Tu m'as écrit être malade, tu vas un peu mieux ? Non ? Tu es toujours aussi belle, quoiqu'il en soit !

La main toujours dans la sienne, elle lui sourit ...

Oui j'ai été malade, j'ai pris froid en allant à la pêche et quand je suis allée voir Rodrielle à Paris, j'ai fait beaucoup de fièvre ... J'ai encore tout un tas de médication à prendre ... Mais je me remets doucement ...

Elle n'allait pas lui parler tout de suite qu'il lui faudrait certainement quitter la Bretagne pour un duché plus au sud du royaume. De plus elle se disait qu'un simple voyage suffirait peut-être, donc rien ne pressait ... Elle avait le temps pour cela et elle voulait profiter de ces retrouvailles en toute tranquillité ...

Oui, j'ai grand faim ma chérie et ce sera avec plaisir que je partagerai ce repas avec toi, enfin !

Heureusement, elle n'avait pas terminé le plateau que lui avait amené la taulière de l'auberge quand elle le lui avait demandé. Elle lui coupa une bonne tranche de pain et elle déposa un morceau de fromage dessus qu'elle lui tendit, puis elle lui versa une choppe d'eau ...

Je n'ai que de l'eau Amour ! Veux-tu que je te fasse monter autre chose ? ...

Elle s'installa ensuite sur le bord du lit et elle le regarda manger avec appétit ce qu'elle venait de lui servir. Tout en le regardant, elle ne put empêcher son regard de suivre la petite cicatrice qu'il avait désormais au niveau de l'arcade ...

Je vois qu'elle a bien cicatrisé ... Tu ne m'as pas dit ce qu'il s'était passé ... Tu t'es battu avec un client ?

C'était plus fort qu'elle, il fallait qu'elle lui pose la question ... Elle avait accepté qu'il prenne ce travail à contre-coeur, mais qu'il revienne amoché dès le premier jour de travail ne lui avait pas spécialement plus ...
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Le fil d’or enchanté, créations de Bannières.
Baudouin
Il croque dans le pain qu'elle lui tend, appréciant le fromage qui s'y marie. Il l'observe, assise sagement sur le bord du lit. Que faire... lui avouer tout, tout de suite, ou attendre... le moment opportun. Mais y avait-il un moment opportun pour ce genre de choses? Il redoutait plus que tout de la perdre, elle était sa vie, sa joie, son présent et son avenir.

Furtivement, il pose un doigt sur son arcade... la question qui tue... et les souvenirs qui remontent... Comment lui dire que cette cicatrice, il la doit à Cerdanne et qu'après leur altercation, ils se sont réconciliés sur l'oreiller...


Hum... L'autre soir à la Rose, j'ai vu Cerdanne...

Les vannes sont ouvertes. Il caresse maintenant la cicatrice. Va-t-elle comprendre. Sentira-t-elle?

Nous avons eu une conversation un peu... musclée...

Première étape, une partie est dite, mais pas la plus difficile, il esquisse un sourire.

Tu la connais...

Il voudrait se jeter à ses pieds, lui demander pardon, la supplier de ne pas le rejeter, la supplier de lui pardonner. Il en demande trop, il en veut trop... L'inécluctable est là pourtant, face à eux.

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Amarante.
Hum... L'autre soir à la Rose, j'ai vu Cerdanne...

Elle le savait, elle l'avait vu entrée, quand par curiosité, elle était venue voir où il travaillait ... Elle y avait même vu son marin ... Elle hocha simplement la tête pour lui signifier qu'elle s'en souvenait et le laissa continuer ...

Nous avons eu une conversation un peu... musclée...
Tu la connais...


Là les sourcils s'arquèrent d'étonnement ... Ce n'était donc pas son marin qui lui avait fait cela, mais Cerdanne ! ... Mais pourquoi donc ? Elle le regardait incrédule, sentant son coeur se serrer ... N'y tenant plus elle posa la question ...

C'est Cerdy qui t'as fait ça ? Mais pourquoi donc enfin ? Tu t'en es pris à son marin ? ...

Nerveuse, elle se leva pour arpenter la chambre. Décidément Cerdanne ne changerait jamais. Elle la connaissait la brune et sont fichu caractère, mais de là à se battre avec Baudouin, elle n'aurait jamais cru ... Ils s'étaient quand même aimé tous les deux ... Elle s'arrêta et posa sur lui un regarda douloureux ... Il n'arrivait pas à tourner la page et pire encore, il n'y arriverait peut-être jamais ... Elle chassa cette idée de son esprit ... Ne voulant pas y croire. Il était là après tout ...

Amour ! Raconte-moi ce qu'il s'est passé ... Je veux savoir pourquoi Cerdanne t'a frappé à la tête ... Ca aurait pu être beaucoup plus grave ...

Elle allait certainement regretter de vouloir savoir cette vérité ... Mais elle ne voulait pas de mensonge entre eux. Elle voulait une relation saine. Elle savait pertinemment qu'entre son amie et son amour c'était toujours compliqué, mais ils s'étaient promis d'être honnête l'un envers l'autre ...

Avant de retourner s'asseoir sur le bord du lit pour écouter la suite, elle appela une servante et lui demanda une cruche de vin avec une choppe supplémentaire ... Elle n'aimait pas particulièrement le vin , mais quelque chose lui disait qu'elle en aurait certainement besoin ...

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Baudouin
[Aveux?]

Il fallait, il devait. Mais c'était si dur... Il posa sa main sur celle d'Amy et détourna le regard, refusant de croiser le sien.

Bah, tu sais... on se dispute souvent et j'ai du pousser le bouchon un peu loin, je me suis énervé et elle a riposté comme elle pouvait, me laissant ce petit souvenir! Et...

Lui dire... ou attendre encore...

... et puis voilà tu vois! Je suis entier ai final et j'avoue que c'était un peu de ma faute.

Il était lâche, il n'y arrivait pas. Il voulait la sentir contre lui, oublier... encore. Il l'attira à lui et la fit s'asseoir sur ses genoux, caressant doucement son échine et fourrant sa tête contre ses seins comme un enfant pris en faute. Il aurait voulu qu'elle devine, mais Amy n'était pas devin. Tristement, il lâcha un long soupire.

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Amarante.
Bah, tu sais... on se dispute souvent et j'ai du pousser le bouchon un peu loin, je me suis énervé et elle a riposté comme elle pouvait, me laissant ce petit souvenir! Et...

... et puis voilà tu vois! Je suis entier ai final et j'avoue que c'était un peu de ma faute.


Elle s'était réinstallée sur le bord du lit, l'écoutant de nouveau. Oui, elle le connaissait et elle savait qu'il pouvait entrer dans des colères monstrueuses, même si elle n'en avait jamais fait les frais pour sa part ... Cerdanne lui avait parlé d'une fois en particulier et Baudouin, ne s'en était pas caché. Il lui avait dit, être ainsi et elle l'acceptait comme il était. Pour rien au monde, elle l'aurait voulu autrement ...

Il tendit le bras, lui prenant la main pour l'attirer contre lui. Elle s'installa sur ses genoux, comme aimait si bien le faire. Il posa alors son visage contre sa poitrine et le soupir qu'il poussa alors, n'eut pas la même signification pour elle que pour lui. Pour elle, c'était un soupir de contentement, heureux de l'avoir enfin retrouvé ... Mais il n'en était rien et elle n'en savait rien ...

Le temps sembla alors suspendu, passant ses mains dans sa crinière grise qui avait légèrement poussé, elle ferma les yeux, savourant cette simple caresse depuis trop longtemps oublié ... Elle sursauta, comme prise en faut quand trois petits coups furent frappé à la porte ... Un simple « entrez » dit d'une voix enroué et la servante apportant le vin entra sans prêter attention au couple enlacé ... Elle ressortit aussi vite qu'elle était entrée ...

Les joues légèrement rougit d'avoir été vu ainsi, elle regarda la porte ce refermé avant d'offrir un sourire à l'homme qu'elle aimait ...


Il va falloir que tu mettes de l'eau dans ton vin avec Cerdanne mon coeur, tu sais que c'est aussi mon amie et que cela me fait mal quand vous vous déchirez comme cela ...

Elle prit son visage entre ses mains et déposa un doux baiser sur ses lèvres ... Le coeur battant, elle avait envie de le sentir, de toucher sa peau dont-elle était depuis trop longtemps privé ...

Ne penses plus à elle pour le moment ... Tu m'as tellement manqué ... Amour ...
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Baudouin
[Oubli...]

Il ne s'était même pas rendu compte de l'intrusion de la servante, il se perdait contre la chaleur de la poitrine d'Amy... Elle lui parlait et les mots résonnaient dans sa tête, ils dansaient et lui ne savait plus... Attendre encore, faire durer, ne rien dire... Il sait qu'elle n'aime pas quand ils se disputent avec Cerdanne, mais que dira-t-elle quand elle saura?

Elle passe ses mains dans ses cheveux et lui dégage la divine poitrine y déposant de petits baisers.


Tu m'as tellement manqué aussi...

Et de joindre le geste à la parole, sa bouche la cherchant, ses mains la parcourant, l'effeuillant tendrement, amoureusement. Douces caresses qui préludent à l'éveil des sens. L'oublier... oui, Cerdanne est loin. Il n'y a qu'eux et l'ivresse de leur amour. Lentement, il la redécouvre à nouveau, lentement, il se fait sien, bercé par les gémissements de leurs ébats jusqu'à l'union parfaite, la fusion de leurs corps.

Tendrement, il l'entraîne vers le lit, se blottissant contre son corps chaud, murmurant à son oreille:


Je t'aime...

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Amarante.
Et le doux baiser devint passion. Bouches qui se dévoraient, mains qui découvraient à nouveau le grain de peau sous les vêtements qui volaient petit à petit. Elle était toujours assise sur ses genoux et elle se laissait entrainer par le feu qui grandissait en elle, comme à chaque fois qu'elle était avec lui ... Tel des aimants qui s'attiraient, elle le laissait découvrir, redécouvrir son corps qui lui était destiné ... Du moins le pensait-elle ...

Tu m'as tellement manqué aussi...

Il parlait, mais elle ne l'entendait plus ... Quand il se leva pour la guider vers le lit, elle le suivit sans résistance, au contraire, elle l'entraînait presque ... S'allongeant l'un contre l'autre, elle brulait sous ses doigts experts qui la faisaient frissonner, se cambrer et gémir à la fois. Ses doigts n'étaient pas en reste et elle redécouvrait ce corps parsemer de cicatrices ... Leur union était douce et passionnée à la fois ... Elle dura jusqu'à ce que le volcan qui brulait en eux explose, les laissant pantelant ... Une fusion des corps et des coeurs ... Ils étaient faits l'un pour l'autre, des âmes soeurs, elle en était persuadée ... Et pourtant ...

Je t'aime...

Elle était blottie contre lui, nue contre sa peau chaude, apaiser et repu de lui ... La tête posée contre son épaule et ses doigts jouant sur son torse, une jambe mêlée à la sienne, elle était bien. Elle venait de passer un moment inoubliable ... Pourtant ... Peut-être une impression ... Mais elle le sentait loin ... Il était là, son corps physique était avec elle, puisqu'elle le tenait entre ses bras ... Mais elle sentait que son esprit était ailleurs ... Ou alors se trompait-elle ? ...

Je t'aime aussi ... Profondément ...

Elle se releva sur un coude, prenant appuis de sa main sur sa joue, elle plongea ses émeraudes dans son regard noir et lui sourit ... Un peu tristement ... Elle caressa sa joue rugueuse de sa main libre ...

Baudouin ? Je te sens ailleurs ... Tu n'as pas aimé ? Peut-être es-tu fatigué ?

Son sourire s'élargit, soudain taquin ...

Tu aurais dû me le dire avant que je ne te dévore ...

Puis il redevint légèrent triste ...

Dis-moi ce qui te tracasse ... Tu peux tout me dire tu le sais bien ...

Son regarde pétillait, mais si on y regardait bien, on y voyait une petite lueur d'inquiétude ... Il s'était passé quelque chose ... Mais quoi ?
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Baudouin
Elle le connait bien sa brune, elle sait tout interpréter et rarement de travers. Alors, tandis qu'elle lui demande ce qui ne va pas, il l'enlace un peu plus fort et lâche un soupire lourd.

Une seule solution, ne plus tarder, dire les choses franchement, froidement, alors même qu'il a encore son goût sur ses lèvres et son odeur sur son corps. Il voudrait la retenir mais il ne peut pas, il ne peut plus.


Amy... Je...

Nouveau soupire alors que son regard croise celui de la jeune femme.

Cerdanne... j'ai... J'ai fait quelque chose de terrible avec elle...

Il bafouille le vieux soldat, il ne sait plus où se mettre et baisse la tête, tristement.

Je sais que rien n'effacera la souffrance que je te cause, mais... Amy... je te demande pardon.

Le cri du coeur qui signifie "je ne veux pas te perdre, mais déjà... je sais, je t'ai perdue."

Il voudrait la serrer plus fort, lui dire qu'il l'aime à en mourir et qu'il ne peut vivre sans elle, mais les mots restent là, pendus à ses lèvres, sans qu'aucun son ne sorte. Il doit faire face, face à celle qu'il aime, face à la souffrance qu'il cause.

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Amarante.
Il la regarde et son coeur se serre d'une angoissante douleur ... Il n'a pas encore parlé et pourtant ... Il soupirait, cherchait ses mots et elle fronçait imperceptiblement les sourcils, le regardant un peu plus intensément ...

Amy... Je...

Cerdanne... j'ai... J'ai fait quelque chose de terrible avec elle...

Je sais que rien n'effacera la souffrance que je te cause, mais... Amy... je te demande pardon.


Les mots faisaient leur chemin entre ses oreilles, mais elle n'en comprenait pas le sens ... De quoi parlait-il ? Quelle terrible chose avait-il fait avec Cerdanne ? Son coeur battait de plus en plus fort et quand il lui demanda pardon, elle comprit alors de quoi il parlait ... Elle se releva. Toujours sur le lit, elle était maintenant assise et tirait le drap sur elle.

Elle avait peur d'avoir comprit, comprit qu'il avait de nouveau fait avec elle ce qu'ils venaient de faire à l'instant ... Elle se décomposait au fur et à mesure que cette pensée s'insinuait dans son esprit ... Elle le regardait alors que des larmes montaient irrémédiablement dans ses yeux. Il lui avait menti ?! Elle qui s'était senti mal au début de leur relation ... Peur de s'être immiscer entre eux ...

Dieu que cela faisait mal d'entendre cela de la bouche de celui qu'elle aimait plus que tout ... Même si au fond d'elle-même, elle l'avait toujours su, mais elle avait espéré, elle avait tant voulu y croire ... Elle était persuadée qu'ils lui avaient menti ... tous les deux ... Elle avait cru en ses belles paroles, mais il avait menti, ils avaient menti ...


Pourquoi ?

Ce simple mot eut du mal à franchir la boule qui obstruait sa gorge douloureuse ... Les larmes coulaient à flot sur ses joues devenus crayeuses et elle se recula pour descendre du lit. Tout à coup elle voulait s'éloigner de lui, ce protéger de ses mensonges ... Cette idée était encrée dans son esprit désormais ... Elle s'enroula dans le drap et un sentiment de colère l'envahi ... Oui elle était en colère, elle était trahie et il piétinait son coeur ... Ce coeur qu'elle lui avait donné sans retenue ...

Tu l'as toujours aimé n'est-ce pas ? Malgré tes belles paroles tu l'as toujours aimé !! Tu m'as menti Baudouin !! Pourquoi ?

Pourquoi !!

Je pensais que tu étais heureux ... Qu'ai-je fait ? Ou plutôt que n'ai-je pas fait pour que tu retournes vers elle ... Elle ne t'a pas assez fait souffrir que tu en redemandes ???


Incompréhension, colère et douleur ... Elle était perdue et elle s'enfonçait dans un gouffre sans fond ...
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Baudouin
Il la regardait, prenant sa colère en pleine face, sa douleur en plein coeur. Que dire, que répondre à ce "Pourquoi" criant de souffrance. Oui, Cerdanne l'avait brisé et oui, il l'aimait toujours sachant pertinemment que c'était impossible, qu'ils étaient trop différents, que trop de choses les séparaient. Amy, elle, était tout, elle était don, douceur, tendresse, amour, elle était sa rédemption et lui, par égoïsme, pour un plaisir fugace, avait tout gâché. Il la perdait, chaque mot, chaque regard les éloignaient un peu plus.

Pourquoi... Parce que... Il n'avait pas complètement tourné la page avec Cerdanne, il ne la tournerait probablement jamais, petit être mort les liant l'un à l'autre, malgré eux, leur rêve et leur cauchemar. Mais Amy, elle était vivante! Elle était la plus merveilleuse des femmes qu'il avait jamais rencontré et maintenant, tout était piétiné?

Il ne put que répéter machinalement:


Je te demande pardon... je... je ne sais pas... je pensais tourner la page...

Piètre excuse, pitoyable, il se contenta de baisser la tête en soupirant.

Je ne t'ai pas menti... je t'aime Amy...

Chaque phrase sort un peu plus difficilement, il en pèse tout le sens.

Tu ne me pardonneras jamais... J'ai tout perdu, même celle que je voulais pour femme.

Les yeux noirs se relèvent et se posent sur elle, la contemplant encore une fois.

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Amarante.
Elle le regardait sans le voir tant ses larmes coulaient à flot. Elle ne comprenait pas ce qui avait raté, elle ne voyait pas où cela avait dérapé et une colère sourde contre Cerdanne qui lui volait son bonheur alors qu'elle l'avait piétiné allègrement en ne venant pas à son propre mariage avec lui ... Elle souffrait, elle avait mal d'un mal lancinant, un coup de poignard n'aurait pas fait mieux qu'en ce moment précis ...

Je te demande pardon... je... je ne sais pas... je pensais tourner la page...

Elle n'entendit pas ses paroles tant les battements de son coeur tambourinaient dans ses tempes tel un étau lui enserrant le crane. Elle qui vivait un moment inoubliable quelques instants avant, vivait un véritable cauchemar présentement. Elle n'arrivait pas à y croire, il lui faisait une blague de mauvais gout ... De très mauvais gout ... Pas possible autrement ...

Elle se recula encore, jusqu'à toucher de ses jambes un de ses nombreux coffres et celles-ci ne la soutenant plus, elle s'effondra sur le sol ...


Je ne t'ai pas menti... je t'aime Amy...

Comment pouvait-il ? Comment osait-il lui dire cela après ce qu'il avait fait avec cette vipère de Cerdanne. Elle mit les mains sur oreilles pour empêcher les mots d'arriver jusque là tout en secouant la tête négativement ... Elle avait la robe de marier de Cendriel sous les yeux et elle s'arrêta brusquement. D'un mouvement de rage, elle ouvrit le coffre où elle avait mis sa propre robe. Elle la prit et se leva tant bien que mal pour prendre le couteau qu'il y avait sur le plateau ...

Les paroles que Baudouin prononça à ce moment-là rejoignaient ses pensées ...


Tu ne me pardonneras jamais... J'ai tout perdu, même celle que je voulais pour femme.

Elle le regarda droit dans les yeux quand elle planta la lame dans le tissu fin de la robe qu'elle avait fait avec amour ...

Oui tu as tout perdu !! Je t'aimais Baudouin ... je t'ai tout donné ... Comme je n'ai jamais donné à personne ... Regarde cette robe ... C'était celle que je devais porter ... Pour notre ... Union ...

Elle fit alors glisser la lame d'un coup sec et de rage, elle la déchiqueta, signifiant ainsi la fin de leur amour ... Et au cas où il n'aurait pas comprit ...

Va-t-en Baudouin !!! Va t'en hors de ma vue !!! Va-t-en hors de ma vieeeee !!!

Va-t-en !!!

Il devait s'en aller avant qu'elle ne s'effondre complètement ... Seul la colère et la rage la maintenant encore debout, mais elle sentait qu'elle allait fléchir et elle ne voulait pas qu'il voit cela. Elle devait lui montrer qu'elle était forte et que même sans lui, elle survirait ... Même si à ce moment précis, elle doutait fortement ...
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Baudouin
Pétrifié, il l'était lorsqu'il vit la jeune femme s'effondrer mais il devint blême lorsqu'il fut le témoin impuissant d'une brisure infinie. La robe tombait en lambeau, vestige de leur amour. Il passa un doigt sur ses lèvres cherchant le goût de sa bien-aimée, un goût amer, douloureux.

Et puis, elle le chassa, comme un chien, mais méritait-il mieux. Toute autre qu'elle aurait eu droit à un retour de feu, à la violence de Baudouin, on ne le chasse pas comme ça. Il l'aurait frappé, comme il l'avait fait avec Cerdanne, il l'aurait forcée, violentée, donnant libre cours à cette rage qui était en lui, mais pas avec elle. Il ne pouvait pas. Sa douceur, sa tendresse. Peu à peu, conscient de ses actes, conscient d'être le seul artisan de leur malheur, il la regardait, les yeux vides.

Le vieux soldat courba l'échine. Il avait pris quelques années d'un coup, il ressemblait à un vieillard. Le dos voûté, la gorge noué, les yeux secs et le coeur amer, il ne prit même pas ses affaires, il lui lança juste un regard douloureux, un regard où il n'y avait plus de rêves, un regard où il n'y avait que la mort.

Il ne dit mot, elle l'avait chassé, pire qu'un chien même, il n'y avait plus rien à dire. Une fois encore dans sa vie, tout était mort, mais c'était une fois de trop. Il remonta son col et sans rien que ses vêtements et son bâton, il quitta la ville.

Quelques années plus tôt, il serait allé se noyer dans l'opium des bas-fonds, se détruisant la santé et prenant plaisir à s'abandonner dans les affres de l'oubli. Mais il était devenu trop vieux et le poids de sa faute était trop lourde. Il marcherait, jusqu'à ce que mort s'en suive s'il le fallait, il n'avait qu'un but: expier ses fautes. Qu'est-ce qu'un homme quand il n'a plus aucun espoir, pas même celui qu'un jour Amy lui pardonne. Il prit la route de l'Abbaye la plus proche. Si elle ne lui pardonnait pas, lui, penserait à elle chaque jour que Dieu fait et il prierait pour elle, espérant qu'elle trouve le bonheur, ailleurs...

En quittant Rieux, il ne put s'empêcher de murmurer entre ses lèvres, un gros poids sur la poitrine:


Je t'ai aimé mon amour... sois heureuse maintenant, oublie-moi...

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Amarante.
Elle se tenait droite devant lui, elle avait lâché le couteau et la robe gisait sur le sol, déchiqueté. Elle était irrécupérable, tout comme l'amour qui était désormais brisé entre eux. Pourquoi ? Elle savait pourquoi, mais elle ne l'acceptait pas. De nouveau les larmes coulaient sur ses joues. Il ne disait aucun mot et elle le regarda se vêtir, se lever et sortir ...

Elle s'était attendue à un coup de colère de sa part, mais il ne s'était rien passé. Il l'avait simplement regardé sans essayer de se défendre, sans essayer de lui faire comprendre en insistant. Il était simplement parti sans se retourner ... Elle en était presque choquée de ce manque de réaction, le connaissant et quand la porte se referma sur lui elle laissa échapper un cri de douleur en s'effondrant sur le sol ...

Son corps était secoué de spasme plus fort les uns que les autres ... Elle avait pris les morceaux de sa robe et les broyaient entre ses doigts fins, enfouissant son visage dans le tissu satiné ... Elle était désespérée, elle était brisée ...


Baudouin ... Baudouiiiinnnnnnn !!!

Elle l'aimait, elle l'aimait et elle ne voulait pas qu'il parte, mais comment pardonner. Elle ne pouvait pas parce que Cerdanne avait ce qu'elle n'aurait jamais ... Son amour ... Et elle la maudissait pour cela ... Elle pleura ainsi pendant des heures jusqu'à ce que la fontaine de ses larmes se soit tari. Il faisait presque nuit quand elle prit la décision de partir. Elle se leva, complètement épuisé, mais se releva et elle appela une servante.

Quand celle-ci vint frapper à la porte, elle s'inquiéta, mais elle n'écouta pas un mot de ce qu'elle disait et lui intimant de redescendre tous ses coffres dans son charriot et d'attacher son étalon à l'arrière de celui-ci. Elle partait le soir même et c'était sans réplique. Elle s'habilla en faisant des gestes mécaniques, le regard vide de toute émotion et les yeux gonflé et rougit de toute sa détresse ...

Un défilé de serviteurs venant cherché ses coffres allaient et venaient dans la chambre. Elle avait récupéré la robe de Cendriel et tous les accessoires. Elle était terminée, alors elle la déposa délicatement sur le lit avec son voile. Elle la regarda un moment se disant qu'elle ne connaitrait pas ce bonheur ... Comme elle ne reverrait pas la jeune femme, elle lui laissa un petit mot ...


Citation:


Ma très chère Cendriel ...

Je te laisse ta robe et ton voile. Je suis certaine que tu trouveras quelqu'un pour ta coiffure. Je sais que tu voulais que j'assiste à ton mariage, mais je ne peux malheureusement pas. A l'heure où tu liras ce mot, je serais déjà loin. Je quitte la Bretagne.

Sois heureuse ... je te le souhaite du fond du coeur.

Ton amie Amarante.


Elle n'en rajouta pas plus. Elle déposa le parchemin sur la robe, prit sa capeline en remontant la capuche sur ses cheveux et sortit le coeur lourd de l'auberge. Elle préférait dire adieux à personne ... Quand elle arriva dehors, elle vit son chariot rempli et Faran attaché, comme elle l'avait demandé. Elle avait perdu beaucoup dans ce duché, même si elle y avait fait de belles rencontres, elle ne pouvait plus rester ici ...

Elle grimpa alors sur le banc du chariot et prenant les guides, elle les fit claquer sur les croupes de ceux qui tiraient. Elle partit en direction de Rennes où elle allait rejoindre le jeune couple qui lui avait proposé de faire un bout de voyage avec eux ... Ne pas regarder en arrière et aller de l'avant ... Malgré tout ce qu'elle pouvait dire Baudouin était celui à qui elle avait donné son amour sans condition ...

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