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[RP]De la transparence des choses, Episode 2

Cyrinea
Acte III, scène 3
Entre la salle n°1 et la salle N°2

Personnages : Les mêmes

Des gardes.


Les personnages courent pour se rendre dans l’autre salle afin d’entendre la plaidoirie de la défense. Soudain, coup de théâtre !
Des gardes surgissent côté cour, se précipitent sur le procureur et lui lisent un message officiel de Sa Grâce Mircha, lui annonçant sa destitution du poste de Procureur. Décision qui ne surprit point l’accusée et dont elle avait été mise au courant au Conseil de Guyenne, et avait donc eu le temps d’en prévenir son avocate.



Mircha a écrit:
Citation:



    Au peuple de Guyenne,
    Et à tous ceux qui liront ou se feront lire la présente,

    Nous, Mircha Céleste de Champfleury, Duchesse de Guyenne, par la grâce de Dieu et la volonté du peuple et du conseil, annonçons :

    Après une première mise en garde lors de précédents procès, le procureur de Guyenne, frère Bardieu, ayant une nouvelle fois lancé des procès sans consultation du conseil et des autorités ecclésiastiques concernées, ainsi que sans demande de conciliation préalable, est démis de ses fonctions de procureur et devra démissionner de son poste de conseiller ducal.

    Les procès initiés dans ces conditions, même s'ils ne sont pas cautionnés par nous car non conformes à notre conception de la justice, se poursuivront néanmoins jusqu'à leur terme. L'accusée étant une conseillère ducale et en vertu du Coutumier de Guyenne, nous déciderons des verdicts la concernant.

    Fait à l'Ombrière le deuxième jour de mai 1460.






Ils sortent avec lui côté jardin sous les yeux écarquillés des spectateurs.


Acte III, scène 4
Salle N°2

Les personnages : Les mêmes


Tout le monde s’installe, souffle un coup pour endiguer l’émotion de ce coup de théâtre inattendu.

L’accusée se lève, un vélin à la main.


Messieurs de la cour, mon avocate étant empêchée de se rendre aussi rapidement qu'elle l'eût souhaité en Guyenne, elle m'a chargé, moi, Cyrinea Rondot, si vous me l'autorisez, de vous lire sa plaidoirie.

Elle déplia le vélin et entreprit d'en faire lecture.




A la duchesse de Guyenne, sa grâce Mircha Céleste de Champfleur.

Au juge de Guyenne, père Hull19

Au futur procureur de Guyenne, qui se verra désigné

Plaidoirie faite en ce quatrième jour du mois de mai de l’an de grâce 1460, par maître Dyvina, avocate de l’Ordre du Dragon.

Bonjour à la Cour

Ne pouvant être en Guyenne avant lundi à mon grand regret, et afin de ne pas abuser davantage de l’aimable patience du juge le père Hull19, c’est donc par le biais de cet écrit que je transmets à dame Cyrinea Rondot cette plaidoirie.

Plaidoirie faite pour servir à sa défense, et qui sera lue en votre tribunal par l’accusée.

Je viens d’apprendre qu’en date du 02 mai 1460 frère Bardieu, procureur qui a ouvert ce procès, a été destitué de sa charge, et invité à quitter le conseil de Guyenne.

S’il n’est pas dans mon intention de porter un jugement quant à cette décision, j’en souligne cependant au nom de la défense, le caractère raisonnable et déjà précautionneux...

Raisonnable, parce qu’il est une évidence criarde, que ce procureur a été ces derniers temps, en proie à de fortes pulsions compulsives d’auto satisfaction, au détriment du professionnalisme qui seyait à sa fonction. Troubles qui viennent de lui couter son poste d’élu, mais qui ont fait, ne l’oublions pas une victime en la personne de ma cliente.

Précautionneux, parce qu’après avoir pris connaissance d’un courrier qu’il m’avait adressé en date du 27 avril 1460, (Expéditeur : Bardieu - Date d'envoi : 27/04/2012 - 00:48:28 - Titre : Re: Procès Cyrinea )
J’en avais déjà conclu qu’il outrepassait allégrement ses prérogatives de procureur, et que ce procès avait déjà des relents de vice de procédure.

J’informe donc la Cour que je tiens à sa disposition ce courrier dans lequel messire l’ex procureur Bardieu, m’informe personnellement vouloir aider la défense.

Il aurait eu une révélation ! Je crois qu’il deviendra un jour avocat cet homme. Alors je vous en livre un passage, tel qu’il en parle dans son courrier, afin de ne pas déformer ses propos.

[SNIP]

Et moi qui ai oublié de le remercier! Enfin après tout, il l’a été par la duchesse, c’est donc chose faite.


Cependant si d’aventure quelque projet de cette nature se tramait dans les coulisses du castel, il est évident que la défense ferait immédiatement réviser ce procès près de la Cour d’Appel. La Charte de Bonne Justice est mère de conseils pour un avocat et elle ne laisse rien passer.


Mais ne souhaitant pas en arriver là, je vais de suite rappeler les faits stipulés dans l’acte d’accusation afin qu’il n’y ait rien de tel qui vienne gâcher la fin heureuse de ce procès.


Dame Cyrinea Rondot est mise en procès pour trouble à l’ordre public, pour s’être exprimée sur la voie publique ou/ et la place publique, c’est selon la phrase que l’on considèrera dans l’acte d’accusation, en présentant un programme aux élections. Programme qui remettrait en cause les fondamentaux de la coutume guyennaise, et le concordat, et ayant eu pour conséquence de choquer tous les guyennais, et malheureusement, sur choqué le procureur, avec pour conséquence la fin tragique qu’on lui connait.

Voilà donc quels sont les faits cités par la procure, dans ce procès.
Vous conviendrez aisément qu’il n’est pas ici question de débattre sur une nécessité de démission, qui n’aurait pas eu lieu. Là sont d’autres faits n’ayant pas à être jugés aujourd’hui, puisque n’ayant aucun rapport avec le présent procès.

Présent procès dont les faits qui viennent d’être rappelés, ne relèvent de toute manière pas de la Haute trahison conformément à ce qui est décrit dans le Grand coutumier de Guyenne, article 5 du chapitre IV, des chefs d’inculpation.

Ceci étant dit, je ne peux faire moins que de soulever maintenant, les vices de forme qui parsèment l’acte d’accusation.

-La date des faits, tout comme la date d’ouverture de ce procès, ne sont pas communiqués à la défense.
-L’endroit précis où ma cliente se serait exprimée est un élément de plus, qui a été passé sous silence. Le procureur parle de voie publique, puis de place publique. Alors que ce n’est ni l’un ni l’autre, et je vais vous démontrer que la vérité est ailleurs !

En effet, nous sommes aujourd’hui le 04 mai 1460, et même si nous ne connaissons pas la date des faits précisément, ils ne peuvent qu’être antérieurs à la date d’aujourd’hui. Or ma cliente n’a à ce jour, jamais déposé ou même parlé du dit programme politique, en place publique, ou encore sur la voie publique. Par conséquence prétendre le contraire, n’est ni plus ni moins qu’un délit de détournement de la vérité, de la part du procureur !

Ce qu’il nous montre dans son acte d’accusation, ne sont pas des propos tenus par ma cliente en place publique, ou sur la voie publique, mais une simple affichette déposée à la sénéchaussée.

La sénéchaussée est un bâtiment qui regroupe les bureaux judiciaires, universitaires et administratifs servant notamment aux élections ducales ou comtales.

La sénéchaussée est un lieu visitable de tous, c’est vrai, mais nullement à considérer comme une place publique et encore moins une voie publique. Car cela reviendrait alors à dire que le tribunal est une place publique, tout comme l’université ou encore les bureaux administratifs du conseil qui s’y trouvent. Ce qui n’est pas le cas.

Par contre la gargote est bien la place publique, où l’on peut échanger. La taverne est un lieu public où l’on peut se parler. Les endroits où chacun peut s’exprimer sont des lieux publics. A la sénéchaussée tout le monde ne peut s’y exprimer !

En conclusion, la sénéchaussée est ouverte au public, mais n’est ni la voie publique, ni la place publique.

Pour en revenir à l’affiche. Celle-ci a été déposée dans un stand PRIVE, appartenant au parti de ma cliente, pour la durée des élections ducales. Pour ce faire, elle a payé l’emplacement 200 écus. A la différence du panneau public, en place publique qui lui est gratuit !

Alors oui l’affiche peut ensuite être consultée par qui aura la volonté d’aller la lire, mais encore faut-il l’avoir cette volonté.

L’affiche n’est absolument pas disponible aux yeux du premier passant.
Ainsi une fois sur place, il faut encore choisir le nom du parti que l’on souhaite visiter parmi tous les autres présents. Et là en l’occurrence il y en a quand même 4 (GPS, Guyana, RAGE, OST).

Ensuite il faut entrer dans le stand pour pouvoir lire le programme, sous réserve qu’il y en ait un d’affiché, chose que l’on ne peut savoir qu’une fois à l’intérieur.

Alors où je veux en venir ? Et bien à ceci.

Il y a peu de chance pour que ma cliente avec ce moyen de communication davantage sélectif que public, ait pu choquer toute la population de Guyenne.

Ce moyen de communication est mis à la disposition des partis politiques, mais n’est certainement pas le meilleur moyen pour communiquer avec la population. En ce sens qu’il ne permet aucun échange entre protagonistes, aucun débat politique, ayant pour objectif de convaincre ou convertir le peuple, puisque uniquement consultatif, passif et des plus retirés de la vue de tous.

Il est donc abusé de prétendre que la lecture de ce programme ait pu choquer toute une population, ou puisse représenter une quelconque atteinte préjudiciable au dogme de l’église. Là, ne sont que les allégations d’un procureur, qui nous sert un effet de manche, raté.

Comment voulez vous savoir combien de personnes ont été lire ce programme ? Le procureur c’est certain oui, il y est allé, mais voilà un partisan dont ma cliente se serait bien passé !

En même temps grâce à lui, on ne peut que reconnaitre que ma cliente n’aura jamais eu autant de réclame pour sa campagne électorale. C’est clair que maintenant tout le monde a pu découvrir son programme !
Et puis je m’étonne et je pose les questions suivantes, parce que je veux comprendre. Où sont donc les témoins choqués ?

Comment se fait-il que pas un n’ait été appelé à témoigner pour l’accusation, alors que la Guyenne compte pas moins de 1000 habitants ? Et parmi eux, plusieurs hommes, femmes d’église d’ailleurs.

La Cour en déduira ce qu’il y a à en déduire, à savoir que seul le procureur a vu le mal, là où il n’est pas !

Poursuivons.

Si le procureur a exagéré en prenant le bâtiment de la sénéchaussée pour une simple place publique, s’il a carrément abusé en présentant l’ensemble des guyennais comme les victimes avérées du programme de ma cliente, il a également scandaleusement usurpé l’autorité ecclésiastique de l’archevêque de Bordeaux, en ce sens qu’il a de sa propre initiative et seul, interprété au mépris de ce que précise le concordat à son article 6 (Art 6. Les évêques de l'Eglise Aristotélicienne en Guyenne sont les garants du respect du dogme Aristotélicien), le contenu du programme de ma cliente, comme étant un projet en contradiction avec la coutume de Guyenne et le concordat.

Je cite d’ailleurs un passage de l’annonce du 02 mai 1460 de la duchesse Mircha qui l’atteste.

[...Après une première mise en garde lors de précédents procès, le procureur de Guyenne, frère Bardieu, ayant une nouvelle fois lancé des procès sans consultation du conseil et des autorités ecclésiastiques concernées, ainsi que sans demande de conciliation préalable, est démis de ses fonctions de procureur et devra démissionner de son poste de conseiller ducal...]

Alors je pourrais maintenant appeler Monseigneur Aurélien Maledent de Feytiat, Archevêque de Bordeaux à venir témoigner, afin qu’il nous confirme, si oui ou non, ma cliente a enfreint le concordat, mais je n’en ferai rien. Car sa réponse, il nous l’a déjà donnée. Et même plusieurs fois!
Monseigneur Aurélien Maledent de Feytiat a, à maintes reprises en Guyenne rabâché qu’il est le seul homme d’église en Guyenne, de par sa fonction d’archevêque, à avoir le droit et la compétence nécessaire pour statuer sur le non respect du concordat.

Par conséquent, cette affaire ayant largement suscité l’émotion publique, sa non réaction est la preuve irréfutable dans l’affaire qui nous occupe, que le concordat de Guyenne n’a pas été enfreint par ma cliente.

D’autre part, il n’est un secret pour personne que ma cliente est en train de suivre actuellement sous sa direction, une pastorale en vue de se faire baptiser et devenir une bonne aristotélicienne. Cette pastorale se poursuit toujours, et l’archevêque n’y a pas mis un terme.

Preuve est là encore que le projet de ma cliente ne contient à ses yeux, rien qui puisse être interprété comme étant du prosélytisme et contraire au concordat et qui justifierait une sanction pour ma cliente ! Preuve est là aussi qu'il n'interprète pas de la même manière que le procureur Bardieu, le contenu du programme électoral de ma cliente.

Maintenant avant de terminer cette plaidoirie, je vous propose de redécouvrir quelques unes des paroles de Monseigneur Aurélien Maledent de Feytiat, et qui prouvent ce que je viens de vous dire.

En espérant que cela inspire la procure pour l’avenir, et la duchesse, lors du rendu des verdicts à venir.

Bonne lecture à l’auditoire.

Ces propos datent d’il y a deux jours, et ont été prononcés par l’archevêque Aurélien, au tribunal de Guyenne, dans une autre affaire.

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[Dame Cyrinea me voit régulièrement pour entendre mes enseignements concernant les erreurs où l'ont entrainé ses amis réformés, dans le but d'abjurer et de prendre toute sa place dans la communauté des fidèles. Et je l'y encourage de tout mon cœur, et je lui apporte mon aide et mon soutien de toutes mes forces, car le retour de la brebis égarée, est ce qui consiste en l'essentiel de mon sacerdoce. Tant pour messire Archybald que pour Dame Cyrinea, je dénie à quiconque, de douter de la sincérité de leur démarche, si moi, clerc de l'Eglise Aristotélicienne, Archevêque de Bordeaux, je crois à leur sincérité.
Ce que j'ai dit est dit, et que personne ne me fasse dire le contraire de ce que j'ai dit, ni en tire des conclusions contraires à mes propos...]
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Voici un autre extrait. Il s’agit d’une annonce rédigée et signée de la main de Monseigneur, qui date de juin 1458.

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[...Avis au peuple de Guyenne
Nous, Monseigneur Aurélien Maledent de Feytiat, en notre qualité d'archevêque de Bordeaux, Primat de France, Membre du Conseil Religieux de Guyenne, rappelons qu'il est du rôle des clercs, et donc du premier d'entre eux, moi même, de statuer sur la conformité ou non par rapport au concordat et que ce rôle n'appartient pas à la vox populi, rappelons que notre bureau est et reste ouvert à tout fidèle qui souhaite avoir réponse à ses questionnements, et qu'il ne serait question que cela se passe dans le tohu-bohu d'une place publique.
Fait à La Rochelle, ce septième jour de juin 1458 et transmis au sous-secrétaire apostolique de Guyenne afin que cela soit vu et connu de la population de Guyenne...]
***********************************************************************

Encore un dernier extrait afin qu’il n’y ait aucun doute sur l’innocence de ma cliente.

***********************************************************************
[...Au peuple de Guyenne
Qu'il soit su de tous que nul habitant de Guyenne, quelque soit sa fonction ou sa charge, n'a autorité pour décréter hérétique quiconque. Seules les officialités ou l'inquisition romaine sont investies de ce pouvoir.
Qu'il soit su de tous que nous ne tolérerons aucun acte contraire aux intérêts de l'Eglise, et de qui que ce soit.
Fait à Bordeaux, ce deuxième jour de juin 1458]
***********************************************************************

La défense en a terminé pour le moment.

Ma prochaine plaidoirie portera sur la partie pénale, nettement moins attrayante pour les oreilles non accoutumées au fait.

Je serai en Guyenne lundi sans faute.

Merci à la Cour pour son écoute.
Dyvina
Avocate de l’Ordre du Dragon


Elle replia la missive, remercia la Cour et se rassit.

Censure par {Carcajou} : Pas de citation de MP ou de courrier IG sans accord de l'auteur.
Holden.caulfield
Le jeune béarnais entra dans les locaux du Palais de Justice. Pour une fois, il y était presque en curieux et non comme avocat, au moins à titre principal.

Un coup d'oeil à Jeroen et une salutation.


Bonjour, je suis venu en accompagnateur de Dyvina, désormais mon épouse devant les hommes et sous des auspices propices. Je suis une sorte de secrétaire si elle en a le besoin.


Et le jeune avocat rit doucement pour ne pas troubler le calme du lieu, attendant l'entrée de Dyvina.

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Dyvina
La personne qui avait soumis les deux affaires à la jeune avocate, avait su facilement la convaincre de les accepter. Il avait suffit d'ajouter la précision ...«procès ouvert largement au public». Cela sous entendait donc l'ouverture de grandes salles aérées et un confort appréciable pour y plaider. Confort autre, que ne pouvait offrir à la défense et à son avocat, les salles sombres et exiguës majoritairement utilisées par les magistrats, et où même le mal voyant risquait d'y laisser le peu de rétine qui lui restait.


Cependant c'était ainsi, et cela le serait encore longtemps, tant que les accusés n'useraient pas de leur droit à vouloir que leurs causes soient entendues équitablement et publiquement, dans une salle suffisamment grande pour que le peuple puisse y entrer et se faire sa propre idée sur le pouvoir judiciaire qu'il avait élu. Pouvoir judiciaire qui pour certains magistrats tenait d'avantage de la manipulation politique, que du principe moral de faire respecter la coutume.


Aussi ne s'étonna t-elle même pas à son arrivée en Guyenne, de découvrir que le procureur qui avait été démis de ses fonctions pour non respect de procédure, et même renvoyé du conseil pour récidive, se retrouvait pourtant sur la liste électorale de celle là même qui l'avait viré de son poste. Et à moins de prendre le peuple pour un crasseux ignare, tout le monde savait que même une douzième position pouvait miraculeusement se retrouver au conseil...


Mais elle n'était pas là pour faire de la politique, son objectif était surtout la relaxe de sa cliente. Chose qu'elle savait être difficile, parce qu'un chien ne lâchait jamais son os sans y être contraint...C'est donc avec empressement qu'elle revêtit sa
robe d'avocate, et se rendit au tribunal en compagnie de son époux fraichement épousé.


Dire qu'elle était surprise d'y voir autant de monde était un mot bien en dessous de la vérité. Elle était littéralement ébahie de constater l'émotion populaire que ces affaires suscitaient. Il y avait du monde partout, et un bruit de fond sourd et constant, qui dénotaient bien l'intérêt que le peuple portait à sa justice. Mais il ne fallait pas se laisser impressionner par cette foule. Suffisait déjà la présence de son mari, avocat de la race des hargneux et devant qui elle pourrait difficilement raconter n'importe quoi, au risque de l'entendre grommeler ...MAIS PARLE EN DROIT!
Pas forcément plus rassurant, fut la confirmation de la présence de Jeroen. Maître Jeroen un de ces anciens professeurs qui lui avait donné quelques sueurs froides. Elle le salua d'un large sourire, tout en se disant qu'il ne manquait plus que la présence de la glaciale bâtonnière de l'Ordre du Dragon, assise sur une chaise haute la mirer du haut de son trône le calepin à la main, et elle en serait bonne pour revivre de vieux cauchemars...


Que nenni! Il faisait grand jour, donc pas l'heure des mauvais rêves, et personne ne lui enlèverait le plaisir d'être là. Aussi le port altier, la blonde se dirigea t-elle d'un pas assuré se faire annoncer près celui qui baillait aux corneilles. Le greffier.




Bonjour! Voulez vous s'il vous plait noter quelque part sur votre parchemin, que je suis maître Dyvina, avocate de la défense. Je vous en remercie!



Puis cherchant des yeux quelques soutanes et notamment celle du juge, elle s'étonna de ne pas la visualiser à sa place. Dans le doute quand même, parce qu'il devait bien être quelque part, elle saluer l'assemblée à voix haute...



Bonjour à la Cour. Votre honn eu rrr ? Hum...
Et bien je suis maître Dyvina. Maintenant présente pour plaider en personne en votre tribunal.



Peu convaincue par la portée de ce qu'elle venait de dire, elle lâcha immédiatement après un soupir de soulagement. Elle venait d'apercevoir une femme dans la case des accusés, correspondant parfaitement à la description de sa cliente. Ce fut donc tout naturellement qu'elle passa près d'elle pour la saluer.



Bonjour! Vous êtes certainement dame Cyrinea ? C'est moi Dyvina...



Elle lui sourit, puis à voix basse, par ce que secret professionnel...
Dites! Vous ne m'aviez pas informé que c'était un nain le juge... Je n'arrive même pas à le voir là.



Et de rajouter d'un air désolé...
Oh non...me dites pas que...la duchesse lui aurait fait la peau à lui aussi ?
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Jeroen
Le Lorrain était confortablement assis a suivre la suite des événements, sa belle a ses cotés, lorsque la porte s’ouvrit faisant place a Holden Caulfield l’un de ses confrères.

Il se doutait bien, lorsqu’il avait apprit avec satisfaction que c’était son ancienne élève qui viendrait défendre Cyréna, qu’il y rencontrerait Holden, et en rendant son salut, il sourit en l’écoutant se déclarer secrétaires.


Prenez donc place maître.

Il lui indiqua la seconde place libre à côté de lui.

Je vous présente dame Clytie, celle qui partage ma vie a ma plus grande satisfaction.

Je vous avoue que j’ai grande hâte confrère, de voir votre dame œuvrer ici, j’ai bien aimé sa plaidoirie lors de son examen, et de ce que j’ai pu entendre de sa lettre me semble fort intéressant. Reste plus qu’à la voir en robe maintenant.

Il sourit lorsqu’au même moment, l’avocates fit son entré dans la salle.

On allait enfin entrer dans le vif du sujet maintenant, ce qui le ravivait….

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Mircha
Puisqu'elle devenait partie prenante dans ces procès, la duchesse était venue assister aux plaidoiries pour se faire une opinion. Elle devrait effectivement statuer sur le cas de l’accusée et énoncer un verdict, puisque Cyrinea était conseillère ducale.

La duchesse s’était installée dans un fauteuil qu’un valet avait apporté pour elle et placé juste devant la cour, au premier rang.

Un nouveau procureur avait été nommé pour remplacer le Frère Bardieu démis de ses fonctions.

Elle repensa au Frère avec qui elle avait eu un long entretien et qui avait reconnu son erreur devant elle.
Il avait accepté son sort, sa destitution et la demande de démission. Pour lui, il allait de soi de payer pour sa faute qui après tout, n’était qu’un excès de zèle bien malvenu, mais n’entraînant pas mort d’homme ni conséquences abominables, juste une erreur de jugement de sa part. Il avait accepté d’en payer le prix et il avait donc gagné le droit de figurer de nouveau sur la liste ducale de son parti.

La duchesse ne put s’empêcher de comparer cette situation avec celle de l’accusée qui elle, avait eu des accointances reconnues avec des brigands, avait vendu Montauban au duché de Toulouse, avait trahi son duché, déclenché une guerre fratricide entrainant la mort de guyennois, et qui avait payé pour ses fautes. Elle se présentait maintenant encore une fois au suffrage des guyennois comme tête de liste ... Certains guyennois avaient voté pour Cyrinea aux dernières élections, donc ceux là lui avaient visiblement pardonné ... et la duchesse était respectueuse de la voix du peuple.
Le peuple comprendrait certainement que Bardieu ayant payé aussi pour sa faute pouvait se présenter la tête haute, lui aussi.

Elle chassa de ses pensées cette facette de l’accusée, elle n’était pas là pour faire de la politique n’est ce pas, comme l’avocate qui était arrivée dans le tribunal et avait l’air perdue dans ses pensées certainement très élevées ...

En attendant le réquisitoire du nouveau procureur, Frère Kronembourg, la duchesse en profita pour relire le réquisitoire de la défense.
Attrapant un petit calepin dans sa bourse en cuir brodé, elle y inscrivit ses réflexions à l’aide d’une mine de plomb.


Citation:
Vice de forme sur l’oubli de la date, rien à dire.

Le programme placardé au château ... ah oui bien sûr, ce n’est pas la place publique. Nuance !
On met là son programme bien caché pour que personne ne le voie bien entendu ... sauf ceux qui votent bien sûr, c'est-à-dire tous les guyennois ... une trentaine de lignes pour pondre une telle absurdité ... une avocate hors pair qu’elle a embauché, Cyrinea. J’espère qu’elle ne se fait pas payer au nombre de lignes, ça serait du vol manifeste.

L’avocate n’a pas appelé Monseigneur Aurelien comme témoin de la défense. Dommage. Elle aurait dû. J’aurais aimé voir sa réaction à la lecture de la partie relative à la religion du programme incriminé. C’était comment déjà ? Ah oui ! « ... faire de la Guyenne une terre de tolérance et de respect des différentes confessions religieuses, mettre fin à l’obscurantisme et aux dictats de la seule église de Rome ... ». Je suis sûre que le bon prélat aurait adoré cette partie là !
D’ailleurs, cette partie a disparu du programme, étonnant non ?


La duchesse referma son calepin en soupirant.
Elle se replongea dans ses pensées.

Elle était là pour rendre la justice et elle serait juste.
Pas question de tenir compte des viles paroles qu’elle avait entendues dans ce même tribunal, des paroles partisanes, éructées par des fanatiques prenant la salle du tribunal pour un vulgaire lieu de propagande.

Ne tenir compte que des faits, respecter ce haut lieu de justice et agir selon son intime conviction, voilà quelle sera sa ligne de conduite.

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Mircha Céleste de Champfleury, Duchesse de Guyenne
Clytie
La rousse porta son regard sur l'homme qui venait d'entrer et qui se présenta comme l'époux de l'avocate. Puis ce fut au tour de l'avocate elle même d'entrer. Un sourire étira les lévres de la testerine. Elle ne se souvenait point de procés qui avaient attiré en Guyenne autant de Dragons. Elle fut soulagée pour Cyrinea de voir enfin Dyvina présente.

Elle savait qu'il était courant, comme le lui avait expliqué son tendre, que la pratique des plairoiries par missive mais on ne lui ôterait pas de l'esprit qu'il n'y avait rien de mieux que de s'exprimer sans intermédiaire. Elle l'écouta avec attention se présenter puis posa son regard sur Holden auquel Jeroen la présentait.

La rousse fit un signe de tête à l'avocat et laissa son compagnon bavarder avec son collégue et lui faire part de son intérêt pour la plaidoirie de son épouse, tout autant que la confiance qu'il lui portait

Elle reporta son attention sur l'assistance, où un léger brouhaha venait de se faire entendre. La Duchesse venait de faire son apparition et s'installait sur le devant du premier rang. Elle sortit ensuite un calepin où elle griffona quelques lignes. Sans doute la liste des invités d'un quelconque festin alors que les taxes écrasaient les plus démunis ou les consignes pour un quelconque poutrage étrange. Elle soupira et détourna le regard, préférant se concentrer sur le déroulement du procés.

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Xanthi
Xanthi toujours adossée à son pilier près de l'entrée ou de la sortie, c'était selon n'est-ce pas, puisque le procureur était sorti et que trois personnes, qu'elle ne connaissait, venaient elles de faire leur entrée.

Si elle eut vite une idée de qui pouvait être les deux premières, elle se demanda si la dernière qui prenait place au premier rang, n'était pas la Duchesse. Duchesse qu'elle n'avait jamais rencontrée. Pourtant, elle en connaissait du monde la Xanthi, elle avait parcouru la Guyenne en large et en travers et plus d'une fois .... .... quoique si elle était de la Teste, il y avait bien longtemps que Xanthi n'y avait mis un pied ...

Elle se demanda ce qu'elle pouvait bien griffonner sur ses parchemins, peut-être n'avait-elle pas de mémoire et qu'il lui fallait tout noter ....
La jeune femme détaillait ses vêtements et n'en revenait pas. Elle avait bien belle vêture la Duchesse et qui devait valoir grande fortune en écus.

Elle regarda à nouveau son amie Cyrinéa, lui sourit et lui fit un clin d'oeil. Elle commençait à avoir faim mais elle ne sortirait point de là, à moins que la salle ne soit évacuée.

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Dyvina
Les chuchotis de la foule n’étaient guère discrets. Ils venaient de porter aux oreilles de l’avocate l’identité de la femme qui s’était installée au premier rang.

Il s’agissait de la duchesse, et quelque chose dans la gestuelle de cette femme avait fixé l’œil de l’avocate qui observa alors attentivement son petit manège.

Ce que seule l’attitude de la duchesse venait de révéler à qui savait observer, ne tenait ni à la finesse de son poignet, ni à la couleur de son calepin…

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Cyrinea
C’est avec un plaisir non dissimulé que Cyrinea identifia la femme qui venait de s’approcher d’elle pour la saluer. Elle eût été un homme, elle lui aurait sans doute chuchoté qu’elle était aussi brillante que belle. Mais homme elle n’était point :

Merci à vous d’être venue avec autant de diligence...et félicitation pour votre mariage !

Un nain ? Té ! On l’avait pas prévenue !

Ahhhhhhhh...

Elle pouffa.

Elle l’a peut-être mangé tout cru, allez savoir !

Quand on parle du loup, la bergerie n’est jamais très loin. Ironie de la situation, c’était elle le mouton, mais un mouton un peu spécial. Personne encore n’avait réussi à la manger.

Elle regarde Sa Grâce prendre place, et, voyant son air soucieux en même temps qu’elle griffonnait avec frénésie, elle ne peut s’empêcher de se pencher légèrement vers elle.


Vous vous sentez bien ma Duchesse ? Vous n’avez pas l’air dans votre assiette. Je soupçonne quelques pensées négatives qui vous travaillent. Vous savez que vous pouvez vous confier à moi ou même les dire tout haut. J’ai protégé une ville de la tyrannie, je peux soulager une âme en souffrance...

Clin d’œil vers Xanthi puis à nouveau vers Orandin, lui mimant un aller retour de ses doigts vers sa bouche genre : « T’as prévu du ravitaillement, parce que j’en vois une qui va nous faire un malaise là.... ».
Mircha
La duchesse, après avoir rangé son calepin, attendait calmement la suite du procès, observant les mimiques assez burlesques de certains ... bah au moins ils se taisaient, respectant ainsi la solennité du lieu.

Ah non ! En voilà une qui ne pouvait s'empêcher de pérorer, se sentant visiblement soutenue par toute sa clique présente au grand complet.

Elle avait même le toupet de s'adresser à celle qui devait la juger en se glorifiant d'avoir livré sa ville à un comté étranger. Décidément, certaines personnes ne changeraient jamais, traîtres dans l'âme, et cachant bien leur noirceur sous des dehors aimables, enfin aimables si on ne grattait pas trop loin.

Aristote fasse qu'une telle femme ne soit jamais duchesse ! Pauvre Guyenne !

Micha se tourna légèrement vers l'accusée et lui répondit d'un ton affable.


Je me sens on ne peut mieux, merci Cyrinea.
Vous savez, les pensées vont et viennent, vous même êtes souvent très pensive, n'est ce pas ? ... et parfois vous parlez trop aussi.

Mon âme se porte à merveille car elle n'a pas du sang de guyennois à se reprocher et marche dans la vérité d'Aristote.

Je ferai comme si je n'avais rien entendu car je dois garder mon impartialité pour vous juger sereinement. Ce que je ferai d'ailleurs, malgré vos provocations.

Vous pouvez aller vous asseoir.


Et la duchesse congédia l'accusée d'un geste gracieux de la main d'un air imperturbable.
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Mircha Céleste de Champfleury, Duchesse de Guyenne
Holden.caulfield
Holden salua, Clythie, la compagne de son confrère Jeroen lequel lui avait dit grand bien de Dyvina. Le jeune et grand avocat, grand par la taille à tout le moins, reporta son regard sur son épouse. Un temps hésitante, elle avait repris contenance et, marchant à pas mesurée, comme si elle arpentait le tribunal pour en faire son domaine, la blonde Dyvina jaugeait le monde et celle qui serait comme son adversaire du jour : la Duchesse de Guyenne.

Holden sourit et se penchant vers Jeroen lui dit à voix basse.


Il me semble que Dyv, marque son territoire comme louve ou lionne. Elle a presque la même contenance que notre bâtonnière, notre chère Elisabeth, lorsqu'elle s'apprête à plaider. Nous avons regardé le dossier et les texte, et Dyvina a trouvé des failles béantes dans le dossier de l'accusation.

Le jeune homme, comme par mégarde avait légèrement élevé la voix sur la fin.

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Dyvina
Cyrinea discutait avec la duchesse lorsque celle-ci brutalement la renvoya d’un geste de la main comme si elle essayait de chasser un moustique nuisible.

Haussant immédiatement les sourcils, parce qu’elle aussi n’aimait pas les moustiques nuisibles, l’avocate s’avança alors vers la duchesse, s’inclina respectueusement, puis s’adressa à elle, et cette fois sans sourciller.


Bonjour votre Grâce. Je me nomme Dyvina, avocate de l’Ordre du Dragon et je plaide pour la défense.

Je suis surprise de vous voir seule ici. Point de juge, point de procureur en ce tribunal…
Qu’est ce que ce tribunal ?
Est ce là, la coutume guyennaise que ce soit la duchesse qui assume tous les rôles de la magistrature à la fois ?



Votre grâce, je vous demande une interruption d’audience.


Comprenez que en tant qu’avocate de la défense je souhaite être mise au courant de l’organisation des deux procès ouverts à l’encontre de ma cliente. Je souhaite savoir qui fait quoi ici, qui est le procureur, et où est le juge Hull ?

Par ailleurs je demande à ce que me soient apportés les deux dossiers de ma cliente qui ont du être ouverts à la prévôté avant que le procureur n’ouvre ces deux procès, avec les preuves dedans bien sûr, et ce conformément à ce que dicte la procédure judiciaire dans vos lois.

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Dyvina
Et un peu de lecture pour faire passer le temps; Ses notes...



De la procédure judiciaire
Article 1
Toute victime est en droit de déposer plainte auprès des membres de la Prévôté. Les membres de la Prévôté sont chargés de monter le dossier de plainte, rassemblant les preuves nécessaires.

Article 2
Tout refus de coopération d'un suspect avec les membres de la Prévôté est considéré comme une obstruction à Justice et constitue une circonstance aggravante.

Article 3
Le dossier monté, le Procureur valide
ou non la plainte.

Article 4
Une conciliation est possible avant la mise en procès. Dès lors qu'un arrangement est trouvé, le procès n'a plus lieu d'être
.

Article 5
En l'absence
de conciliation ou en cas d'échec, le Procureur ou le maire lance le procès.

Article 6
Le Procureur ou le maire peut, dans son acte d'accusation, faire une proposition si l'accusé plaide coupable. En cas d'acceptation de la proposition par l'accusé, celui-ci le signifie dans sa plaidoirie de défense. Le Procureur ou le maire expose alors les modalités de rachat de l'accusé aux yeux de la Justice dans son réquisitoire, et demande une peine en cas d'échec. Le Juge rend son verdict en fonction de la réussite ou de l'échec du rachat de l'accusé.

Article 7
La non-application des engagements pris par un accusé plaidant coupable est une circonstance aggravante, étant considérée comme un outrage à la cour.



Faict à L'ombrière, le vingt-deuxième du mois d'avril de l'an de grâce 1458
Melior
Duchesse de Guyenne.

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Cyrinea
Quand le mépris tient lieu de vérité et remplace la superbe, la pitié fait place à la compassion.

C'est dans cet état d'esprit qu'elle s'en fut regagner sa place.

Pauvre Guyenne...qui incapable d'avancer ne trouvait rien d'autre à faire que de ressasser de vieux démons.

Kssssss...
Dyvina
Une ombre se profila sur sa gauche, et une main toute discrète lui tendit une missive. Dessus était écrit : Expéditeur Procureur Frère Kronembourg.

L’avocate adorait recevoir des lettres. Ce fut donc agréablement surprise qu’elle en prit connaissance, s’excusant au préalable comme il se devait auprès de la duchesse.

Veuillez m’excuser votre Grâce, je viens de recevoir une lettre du procureur Frère Kronembourg.
Permettez que j’en découvre la nature et en accuse réception. Nous pourrons ensuite si vous le souhaitez continuer notre échange.




Et une réponse immédiate fut adressée au procureur Frère Kronembourg.



Bonjour procureur, Frère Kronembourg

A la lecture de votre missive, j’en déduis donc que c’est vous qui êtes en charge de reprendre la suite des procès de dame Cyrinea.

J’en déduis aussi que si aujourd’hui vous venez me demander la lettre que Frère Bardieu ancien procureur m’avait adressée, et à laquelle je fais allusion dans ma dernière plaidoirie, c’est que ce dernier a omis de la joindre au dossier de ma cliente, qu’il ne l’a pas conservée ou qu’il ne souhaite lui-même pas vous aider.

La défense vous remercie pour cette information, dont elle fera bon usage.

Cependant comme je l’avais écrit lors de ma dernière plaidoirie, je tiens en effet cette lettre à disposition de la Cour. L’ensemble de la Cour aurais-je du préciser alors, et bien sûr dans l’objectif que cela serve à la défense de ma cliente et à faire toute la lumière dans ces affaires.

Il est une certitude cher procureur Kronembourg, que la défense d’une part n’est pas là pour aider la procure dans sa tâche, que d’autre part Frère Bardieu n’est plus aujourd’hui procureur, ni même conseiller, cependant il est toujours de ce monde.

Par conséquent sans son accord au préalable, ou sans une demande officielle du juge qui officiera dans les deux procès de ma cliente, cette lettre restera là où elle est, dans mon bureau fermé à clefs.

Ce que la défense avait à dire au sujet de cette lettre a déjà été dit au tribunal et l’accusation ayant la possibilité d’appeler deux témoins, qu’elle en use, qu’elle en abuse même.

Faites donc témoigner cet ex procureur. Mais n'oubliez pas d'en informer la défense au préalable, afin de ne pas bafouer ses droits.

Au plaisir de vous voir arriver très prochainement au tribunal.


Très respectueusement
Maître Dyvina
Avocate de l’Ordre du Dragon




Puis elle revint auprès de la duchesse, adressant au passage un clin d’œil à sa cliente.

L’accusation patauge dans la semoule…
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