Cyrinea
Acte III, scène 3
Entre la salle n°1 et la salle N°2
Personnages : Les mêmes
Des gardes.
Les personnages courent pour se rendre dans lautre salle afin dentendre la plaidoirie de la défense. Soudain, coup de théâtre !
Des gardes surgissent côté cour, se précipitent sur le procureur et lui lisent un message officiel de Sa Grâce Mircha, lui annonçant sa destitution du poste de Procureur. Décision qui ne surprit point laccusée et dont elle avait été mise au courant au Conseil de Guyenne, et avait donc eu le temps den prévenir son avocate.
Entre la salle n°1 et la salle N°2
Personnages : Les mêmes
Des gardes.
Les personnages courent pour se rendre dans lautre salle afin dentendre la plaidoirie de la défense. Soudain, coup de théâtre !
Des gardes surgissent côté cour, se précipitent sur le procureur et lui lisent un message officiel de Sa Grâce Mircha, lui annonçant sa destitution du poste de Procureur. Décision qui ne surprit point laccusée et dont elle avait été mise au courant au Conseil de Guyenne, et avait donc eu le temps den prévenir son avocate.
Mircha a écrit:
Citation:
Au peuple de Guyenne,
Et à tous ceux qui liront ou se feront lire la présente,
Nous, Mircha Céleste de Champfleury, Duchesse de Guyenne, par la grâce de Dieu et la volonté du peuple et du conseil, annonçons :
Après une première mise en garde lors de précédents procès, le procureur de Guyenne, frère Bardieu, ayant une nouvelle fois lancé des procès sans consultation du conseil et des autorités ecclésiastiques concernées, ainsi que sans demande de conciliation préalable, est démis de ses fonctions de procureur et devra démissionner de son poste de conseiller ducal.
Les procès initiés dans ces conditions, même s'ils ne sont pas cautionnés par nous car non conformes à notre conception de la justice, se poursuivront néanmoins jusqu'à leur terme. L'accusée étant une conseillère ducale et en vertu du Coutumier de Guyenne, nous déciderons des verdicts la concernant.
Fait à l'Ombrière le deuxième jour de mai 1460.
Ils sortent avec lui côté jardin sous les yeux écarquillés des spectateurs.
Acte III, scène 4
Salle N°2
Les personnages : Les mêmes
Tout le monde sinstalle, souffle un coup pour endiguer lémotion de ce coup de théâtre inattendu.
Laccusée se lève, un vélin à la main.
Messieurs de la cour, mon avocate étant empêchée de se rendre aussi rapidement qu'elle l'eût souhaité en Guyenne, elle m'a chargé, moi, Cyrinea Rondot, si vous me l'autorisez, de vous lire sa plaidoirie.
Elle déplia le vélin et entreprit d'en faire lecture.
A la duchesse de Guyenne, sa grâce Mircha Céleste de Champfleur.
Au juge de Guyenne, père Hull19
Au futur procureur de Guyenne, qui se verra désigné
Plaidoirie faite en ce quatrième jour du mois de mai de lan de grâce 1460, par maître Dyvina, avocate de lOrdre du Dragon.
Bonjour à la Cour
Ne pouvant être en Guyenne avant lundi à mon grand regret, et afin de ne pas abuser davantage de laimable patience du juge le père Hull19, cest donc par le biais de cet écrit que je transmets à dame Cyrinea Rondot cette plaidoirie.
Plaidoirie faite pour servir à sa défense, et qui sera lue en votre tribunal par laccusée.
Je viens dapprendre quen date du 02 mai 1460 frère Bardieu, procureur qui a ouvert ce procès, a été destitué de sa charge, et invité à quitter le conseil de Guyenne.
Sil nest pas dans mon intention de porter un jugement quant à cette décision, jen souligne cependant au nom de la défense, le caractère raisonnable et déjà précautionneux...
Raisonnable, parce quil est une évidence criarde, que ce procureur a été ces derniers temps, en proie à de fortes pulsions compulsives dauto satisfaction, au détriment du professionnalisme qui seyait à sa fonction. Troubles qui viennent de lui couter son poste délu, mais qui ont fait, ne loublions pas une victime en la personne de ma cliente.
Précautionneux, parce quaprès avoir pris connaissance dun courrier quil mavait adressé en date du 27 avril 1460, (Expéditeur : Bardieu - Date d'envoi : 27/04/2012 - 00:48:28 - Titre : Re: Procès Cyrinea )
Jen avais déjà conclu quil outrepassait allégrement ses prérogatives de procureur, et que ce procès avait déjà des relents de vice de procédure.
Jinforme donc la Cour que je tiens à sa disposition ce courrier dans lequel messire lex procureur Bardieu, minforme personnellement vouloir aider la défense.
Il aurait eu une révélation ! Je crois quil deviendra un jour avocat cet homme. Alors je vous en livre un passage, tel quil en parle dans son courrier, afin de ne pas déformer ses propos.
[SNIP]
Et moi qui ai oublié de le remercier! Enfin après tout, il la été par la duchesse, cest donc chose faite.
Cependant si daventure quelque projet de cette nature se tramait dans les coulisses du castel, il est évident que la défense ferait immédiatement réviser ce procès près de la Cour dAppel. La Charte de Bonne Justice est mère de conseils pour un avocat et elle ne laisse rien passer.
Mais ne souhaitant pas en arriver là, je vais de suite rappeler les faits stipulés dans lacte daccusation afin quil ny ait rien de tel qui vienne gâcher la fin heureuse de ce procès.
Dame Cyrinea Rondot est mise en procès pour trouble à lordre public, pour sêtre exprimée sur la voie publique ou/ et la place publique, cest selon la phrase que lon considèrera dans lacte daccusation, en présentant un programme aux élections. Programme qui remettrait en cause les fondamentaux de la coutume guyennaise, et le concordat, et ayant eu pour conséquence de choquer tous les guyennais, et malheureusement, sur choqué le procureur, avec pour conséquence la fin tragique quon lui connait.
Voilà donc quels sont les faits cités par la procure, dans ce procès.
Vous conviendrez aisément quil nest pas ici question de débattre sur une nécessité de démission, qui naurait pas eu lieu. Là sont dautres faits nayant pas à être jugés aujourdhui, puisque nayant aucun rapport avec le présent procès.
Présent procès dont les faits qui viennent dêtre rappelés, ne relèvent de toute manière pas de la Haute trahison conformément à ce qui est décrit dans le Grand coutumier de Guyenne, article 5 du chapitre IV, des chefs dinculpation.
Ceci étant dit, je ne peux faire moins que de soulever maintenant, les vices de forme qui parsèment lacte daccusation.
-La date des faits, tout comme la date douverture de ce procès, ne sont pas communiqués à la défense.
-Lendroit précis où ma cliente se serait exprimée est un élément de plus, qui a été passé sous silence. Le procureur parle de voie publique, puis de place publique. Alors que ce nest ni lun ni lautre, et je vais vous démontrer que la vérité est ailleurs !
En effet, nous sommes aujourdhui le 04 mai 1460, et même si nous ne connaissons pas la date des faits précisément, ils ne peuvent quêtre antérieurs à la date daujourdhui. Or ma cliente na à ce jour, jamais déposé ou même parlé du dit programme politique, en place publique, ou encore sur la voie publique. Par conséquence prétendre le contraire, nest ni plus ni moins quun délit de détournement de la vérité, de la part du procureur !
Ce quil nous montre dans son acte daccusation, ne sont pas des propos tenus par ma cliente en place publique, ou sur la voie publique, mais une simple affichette déposée à la sénéchaussée.
La sénéchaussée est un bâtiment qui regroupe les bureaux judiciaires, universitaires et administratifs servant notamment aux élections ducales ou comtales.
La sénéchaussée est un lieu visitable de tous, cest vrai, mais nullement à considérer comme une place publique et encore moins une voie publique. Car cela reviendrait alors à dire que le tribunal est une place publique, tout comme luniversité ou encore les bureaux administratifs du conseil qui sy trouvent. Ce qui nest pas le cas.
Par contre la gargote est bien la place publique, où lon peut échanger. La taverne est un lieu public où lon peut se parler. Les endroits où chacun peut sexprimer sont des lieux publics. A la sénéchaussée tout le monde ne peut sy exprimer !
En conclusion, la sénéchaussée est ouverte au public, mais nest ni la voie publique, ni la place publique.
Pour en revenir à laffiche. Celle-ci a été déposée dans un stand PRIVE, appartenant au parti de ma cliente, pour la durée des élections ducales. Pour ce faire, elle a payé lemplacement 200 écus. A la différence du panneau public, en place publique qui lui est gratuit !
Alors oui laffiche peut ensuite être consultée par qui aura la volonté daller la lire, mais encore faut-il lavoir cette volonté.
Laffiche nest absolument pas disponible aux yeux du premier passant.
Ainsi une fois sur place, il faut encore choisir le nom du parti que lon souhaite visiter parmi tous les autres présents. Et là en loccurrence il y en a quand même 4 (GPS, Guyana, RAGE, OST).
Ensuite il faut entrer dans le stand pour pouvoir lire le programme, sous réserve quil y en ait un daffiché, chose que lon ne peut savoir quune fois à lintérieur.
Alors où je veux en venir ? Et bien à ceci.
Il y a peu de chance pour que ma cliente avec ce moyen de communication davantage sélectif que public, ait pu choquer toute la population de Guyenne.
Ce moyen de communication est mis à la disposition des partis politiques, mais nest certainement pas le meilleur moyen pour communiquer avec la population. En ce sens quil ne permet aucun échange entre protagonistes, aucun débat politique, ayant pour objectif de convaincre ou convertir le peuple, puisque uniquement consultatif, passif et des plus retirés de la vue de tous.
Il est donc abusé de prétendre que la lecture de ce programme ait pu choquer toute une population, ou puisse représenter une quelconque atteinte préjudiciable au dogme de léglise. Là, ne sont que les allégations dun procureur, qui nous sert un effet de manche, raté.
Comment voulez vous savoir combien de personnes ont été lire ce programme ? Le procureur cest certain oui, il y est allé, mais voilà un partisan dont ma cliente se serait bien passé !
En même temps grâce à lui, on ne peut que reconnaitre que ma cliente naura jamais eu autant de réclame pour sa campagne électorale. Cest clair que maintenant tout le monde a pu découvrir son programme !
Et puis je métonne et je pose les questions suivantes, parce que je veux comprendre. Où sont donc les témoins choqués ?
Comment se fait-il que pas un nait été appelé à témoigner pour laccusation, alors que la Guyenne compte pas moins de 1000 habitants ? Et parmi eux, plusieurs hommes, femmes déglise dailleurs.
La Cour en déduira ce quil y a à en déduire, à savoir que seul le procureur a vu le mal, là où il nest pas !
Poursuivons.
Si le procureur a exagéré en prenant le bâtiment de la sénéchaussée pour une simple place publique, sil a carrément abusé en présentant lensemble des guyennais comme les victimes avérées du programme de ma cliente, il a également scandaleusement usurpé lautorité ecclésiastique de larchevêque de Bordeaux, en ce sens quil a de sa propre initiative et seul, interprété au mépris de ce que précise le concordat à son article 6 (Art 6. Les évêques de l'Eglise Aristotélicienne en Guyenne sont les garants du respect du dogme Aristotélicien), le contenu du programme de ma cliente, comme étant un projet en contradiction avec la coutume de Guyenne et le concordat.
Je cite dailleurs un passage de lannonce du 02 mai 1460 de la duchesse Mircha qui latteste.
[...Après une première mise en garde lors de précédents procès, le procureur de Guyenne, frère Bardieu, ayant une nouvelle fois lancé des procès sans consultation du conseil et des autorités ecclésiastiques concernées, ainsi que sans demande de conciliation préalable, est démis de ses fonctions de procureur et devra démissionner de son poste de conseiller ducal...]
Alors je pourrais maintenant appeler Monseigneur Aurélien Maledent de Feytiat, Archevêque de Bordeaux à venir témoigner, afin quil nous confirme, si oui ou non, ma cliente a enfreint le concordat, mais je nen ferai rien. Car sa réponse, il nous la déjà donnée. Et même plusieurs fois!
Monseigneur Aurélien Maledent de Feytiat a, à maintes reprises en Guyenne rabâché quil est le seul homme déglise en Guyenne, de par sa fonction darchevêque, à avoir le droit et la compétence nécessaire pour statuer sur le non respect du concordat.
Par conséquent, cette affaire ayant largement suscité lémotion publique, sa non réaction est la preuve irréfutable dans laffaire qui nous occupe, que le concordat de Guyenne na pas été enfreint par ma cliente.
Dautre part, il nest un secret pour personne que ma cliente est en train de suivre actuellement sous sa direction, une pastorale en vue de se faire baptiser et devenir une bonne aristotélicienne. Cette pastorale se poursuit toujours, et larchevêque ny a pas mis un terme.
Preuve est là encore que le projet de ma cliente ne contient à ses yeux, rien qui puisse être interprété comme étant du prosélytisme et contraire au concordat et qui justifierait une sanction pour ma cliente ! Preuve est là aussi qu'il n'interprète pas de la même manière que le procureur Bardieu, le contenu du programme électoral de ma cliente.
Maintenant avant de terminer cette plaidoirie, je vous propose de redécouvrir quelques unes des paroles de Monseigneur Aurélien Maledent de Feytiat, et qui prouvent ce que je viens de vous dire.
En espérant que cela inspire la procure pour lavenir, et la duchesse, lors du rendu des verdicts à venir.
Bonne lecture à lauditoire.
Ces propos datent dil y a deux jours, et ont été prononcés par larchevêque Aurélien, au tribunal de Guyenne, dans une autre affaire.
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[Dame Cyrinea me voit régulièrement pour entendre mes enseignements concernant les erreurs où l'ont entrainé ses amis réformés, dans le but d'abjurer et de prendre toute sa place dans la communauté des fidèles. Et je l'y encourage de tout mon cur, et je lui apporte mon aide et mon soutien de toutes mes forces, car le retour de la brebis égarée, est ce qui consiste en l'essentiel de mon sacerdoce. Tant pour messire Archybald que pour Dame Cyrinea, je dénie à quiconque, de douter de la sincérité de leur démarche, si moi, clerc de l'Eglise Aristotélicienne, Archevêque de Bordeaux, je crois à leur sincérité.
Ce que j'ai dit est dit, et que personne ne me fasse dire le contraire de ce que j'ai dit, ni en tire des conclusions contraires à mes propos...]
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Voici un autre extrait. Il sagit dune annonce rédigée et signée de la main de Monseigneur, qui date de juin 1458.
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[...Avis au peuple de Guyenne
Nous, Monseigneur Aurélien Maledent de Feytiat, en notre qualité d'archevêque de Bordeaux, Primat de France, Membre du Conseil Religieux de Guyenne, rappelons qu'il est du rôle des clercs, et donc du premier d'entre eux, moi même, de statuer sur la conformité ou non par rapport au concordat et que ce rôle n'appartient pas à la vox populi, rappelons que notre bureau est et reste ouvert à tout fidèle qui souhaite avoir réponse à ses questionnements, et qu'il ne serait question que cela se passe dans le tohu-bohu d'une place publique.
Fait à La Rochelle, ce septième jour de juin 1458 et transmis au sous-secrétaire apostolique de Guyenne afin que cela soit vu et connu de la population de Guyenne...]
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Encore un dernier extrait afin quil ny ait aucun doute sur linnocence de ma cliente.
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[...Au peuple de Guyenne
Qu'il soit su de tous que nul habitant de Guyenne, quelque soit sa fonction ou sa charge, n'a autorité pour décréter hérétique quiconque. Seules les officialités ou l'inquisition romaine sont investies de ce pouvoir.
Qu'il soit su de tous que nous ne tolérerons aucun acte contraire aux intérêts de l'Eglise, et de qui que ce soit.
Fait à Bordeaux, ce deuxième jour de juin 1458]
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La défense en a terminé pour le moment.
Ma prochaine plaidoirie portera sur la partie pénale, nettement moins attrayante pour les oreilles non accoutumées au fait.
Je serai en Guyenne lundi sans faute.
Merci à la Cour pour son écoute.
Dyvina
Avocate de lOrdre du Dragon
Elle replia la missive, remercia la Cour et se rassit.
Censure par {Carcajou} : Pas de citation de MP ou de courrier IG sans accord de l'auteur.