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[RP] Le cimetière des miracles

--L_etincelle.
    « […] Moi, j'ai la lèvre humide, et je sais la science
    De perdre au fond d'un lit l'antique conscience.
    Je sèche tous les pleurs sur mes seins triomphants,
    Et fais rire les vieux du rire des enfants.
    Je remplace, pour qui me voit nue et sans voiles,
    La lune, le soleil, le ciel et les étoiles ! […] »


Elle aura tout pris. Héritage lourd à porter que le poids du souvenir, et pourtant celui des âges ne l’a jamais affecté. La chevelure si brune auparavant, s’est parsemée de fils d’argent, la lippe méprisante s’est brisée, dans un baiser affecté. A la mort, Faucharde. La Faucheuse a eu raison de ton orgueil, Faucheuse ou Epeire, tu as glissé le fil de ta vie entre des mains plus dangereuses que les tiennes. Est-ce cela l’Amour ? Tout céder jusqu’au dernier souffle de vie.

Belladone, réponds lui, réponds nous.

Pourquoi souffre-t-on par amour ? Pourquoi veulent-ils nous faire croire qu’ils souffrent plus que nous ? Il a suffit de si peu pour que tu touches du bout des doigts le bonheur absolu. Si peu pour que tu t’abreuves au calice de la paix, et tu as cédé ? Pas tout à fait, pas jusqu’au bout, ce sursaut de lucidité que tu gardes par devers toi, ce sursaut qui la fait chercher.

Provençale, provinciale, petit Chardon des prés qui s’escrime dans la boue putride des Miracles, jusqu’au bout, notre idole, jusqu’au dernier instant, la matrone. C’est une histoire de femmes que cette bague, une histoire de Fauchardes, et il n’y aura jamais eu de leg tout à fait honorable. C’est un secret, un passe-droit, mais là, regarde la qui crève à l’idée de t’ouvrir, de te voler ton semblant de dignité. Tiens sa main, Belladone. Tiens la lame, Corleone, tu l’as si souvent fait.

Il n’y a pas de papillons aux Miracles, pas plus d’Etincelles, il y a ce secret dans un anneau qui croupit aux fonds des entrailles d’un cadavre. Sois forte Cerdanne, il n’y a qu’à trancher dans le vif, dans le lard. Fais ce que tu fais le mieux, sois femme et fauche.


    « A mes côtés, au lieu du mannequin puissant
    Qui semblait avoir fait provision de sang,
    Tremblaient confusément des débris de squelette,
    Qui d'eux-mêmes rendaient le cri d'une girouette
    Ou d'une enseigne, au bout d'une tringle de fer,
    Que balance le vent pendant les nuits d'hiver. »
    Charles Baudelaire – Les Métamorphoses du Vampire.

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Miramaz
C'qu'il peut râler c'bonhomme..il fait qu'ça.. l'a pas l'air bien dang'reux final'ment.. Il cherche des gens qui train'raient ici.. hum..intéressant..s'pourait-il que..? Enfin hors de question qu'elle se présente à lui, sait-on jamais. Elle l'entend et l'aperçoit s'approcher, s'immobilisant, tassée sur le sol pour ne pas qu'il la trouve, c'est qu'elle se méfie quand même l'habit ne fait pas le moine d'après le dicton, et l'apparence rassurante de l'individu pourrait bien cacher une nature dangereuse.

Dis vu que t'es crevée, la voix, tu voudrais pas m'dire si t'as aperçu le corps d'une vieille? S'appelle Corleone.

Tiens tiens..lui aussi cherche la vieille, l'impression est donc confirmé il s'agit bien d'un des invités de Cerdanne. Elle ne le reconnaît pas, trop inquiète pour rapprocher cette fois à celles qu'elle connaît. Après quelques coups d'oeil en direction de la fosse, la Rasée décide de passer à l'étape suivante: démasquer l'homme avant qu'il ne lui tombe dessus. Rampant aussi discrètement que possible sur cette terre lourde où coudes et genoux s'enfoncent à chaque appui, elle progresse lentement entre vieilles tombes et monticules terreux, décrivant un quart de cercle autour de l'inconnu, jusqu'à se trouver légèrement dans son dos, à sa droite. Une fois fait la dague est enlevée de sa ceinture et tenue fermement lorsqu'elle se redresse pour se remettre accroupie, planquée derrière une motte de terre plus haute que les autres, position plus agréable pour observer.

Et là.. c'est le drame.. en fait nan.. la surprise lui interdit tout mouvement pendant deux-trois battements de cœur, le temps pour son esprit de faire le lien entre ce qu'elle voit et entend, et sa mémoire. Homme de petite taille avec un casque, sifflement et mauvais humour: le Nain.. Un sourire s'esquisse aussitôt sur la trogne de la Rasée alors que déjà elle se précipite sur lui, dague oubliée toujours en main et bouche ouverte sur un cri retentissant:


BOUH!!


Aieuuuuuuh


Oui..attaquer un nain pas très rassuré n'est pas forcément une idée très intelligente, surtout quand on ne mesure finalement qu'à peine deux tête de plus. Quelques coups échangés de part et d'autres et les hostilités s'arrêtent une fois la reconnaissance effectuée du côté Rikiki. Avec un grand éclat de rire pour Mira, qui frotte quand même les endroits douloureux de son corps.

Mouahahahaha j't'ai fait peur Rik d'amoûur? J'ai mis du temps à t'reconnaitre..c'ta voix..elle avait l'air..plus..aigûe que d'habitude.. t'as la frousse d'être ici?

Ricanement exagéré qui accompagne ses dires.. toujours accuser l'autre de ses propres torts, c'est le secret des relations humaines. Puis hausser les épaules d'un air de dire «nan mais je t'en veux pas.. ça arrive à tout le monde..ou presque».

Bon s'non.. t'es l'troisième arrivé.. Cerd' est là-bas au fond d'la fosse.. j'sais pas trop c'qu'elle y fait.. j'dois faire le guet donc.. je peux pas m'approcher pour voir.

Et hop la suite de la défense est en place, que lui aille voir s'il en a envie, elle elle ne peut pas..quel dommage vraiment.. mais faut bien qu'il y en ait un qui surveille.. pas de chance que ce soit tombé sur elle n'est-ce pas?
_________________
Rikiki
Tout ce passe vite, trop vite pour notre ami, trop concentré à regarder où il marche. il ne fait plus attention à ce qu'il y a autour. En même temps qui pourrait penser qu'on ce fait attaquer dans ce genre d'endroit...

Lorsque le "Bouh" sortie, il sursauta. C'est un humain pas un sur-homme il lui arrive d'avoir des petites frayeurs de temps en temps, mais ça reste entre nous, hein? Dans l'incompréhension la plus totale et la vision d'ensemble la plus fou qu'on puisse imaginer il commença à se défendre. Mais contre qui? Il ne l'apprit que plus et un sourire se dessina sur son visage quand il vu qu'il lui avait cette mauvaise farce.


Mouahahahaha j't'ai fait peur Rik d'amoûur? J'ai mis du temps à t'reconnaitre..c'ta voix..elle avait l'air..plus..aigûe que d'habitude.. t'as la frousse d'être ici?

Peur? Ah ah, non j'ai jamais peur! Enfin, euh.. Ouais ça va, un peu quand même, mais ça reste entre nous...


Gros blanc, Mira ricane, le nain toussote. C'est que c'est relativement gênant, le côté viril qu'il a souvent du mal à inclure dans les esprits à cause de sa petite taille, risque de s'écrouler au moindre faux pas. Il faudra la payer pour son silence, ça va couter cher en alcool tout ça, il finit par grimacer pour illustrer ses pensées.

Bon s'non.. t'es l'troisième arrivé.. Cerd' est là-bas au fond d'la fosse.. j'sais pas trop c'qu'elle y fait.. j'dois faire le guet donc.. je peux pas m'approcher pour voir.


Y a trop d'mort pour qu'j'aille voir, t'imagines si je retrouve le corps d'une de mes victimes? son âme voudra peut être se venger. Pis tu guettes quoi? si y a un gars qui se ramène, tu lui refais le coup d'la voix et puis basta. Pas la peine de vouloir tuer avec ton cure-dent, m'fin!

Pis t'es relativement crasseuse, tu t'es roulé dans la boue au milieu des morts? T'sais qu'on pourrait te cramer pour moins que ça, pis même ça fout les boules de savoir que tu te traines pas terre pour si peut. Suffit que je te quittes des yeux deux secondes. et valà... Rhalala


Joli revers de la part du nain, voilà comment il faisait pour noyer le poisson quand sur lui il n'avait pas de quoi faire oublier la personne le petit truc qui gêne, il balançait quelque chose qui pourrait faire pression. Bon c'est sur ce que sur ce coup, il aurait pu trouver mieux comme raillerie, mais n'oublions pas le contexte. Il est pas chez lui ici, c'est une fosse commune, et lui il pue la joie de vivre... Enfin à peu près..

Il s'assit sur une tombe sans plus de cérémonie arborant un sourire sarcastique.


Une fois que Cerd a retrouvé le corps, on en fait quoi?...
Et surtout se trimballer dans la rue avec un corps sur l'épaule, c'est relativement pas discret. et j'crois que c'est interdit...

Sinon t'as à boire?
Baile
Il existera un jour un homme, qui par la magie de ses mots et la force de son esprit, réussira à lui tout seul à transformer en oeuvre d'art une charogne rongée par la vermine*, lui conférant une vie autre et la rendant éternelle. Parce qu'il l'aimait.

Il existera un jour d'autres hommes aussi puissamment créateurs, qui sauront lutter efficacement contre l'usure du temps et celle de la mort. Mais quand on n'est pas doté d'un tel pouvoir, c'est seulement en équipe, et peut-être maladroitement, que l'on peut rendre un dernier hommage à une âme, un corps, qui nous a marqués au-delà de toutes les barrières.

Baile ne savait pas qu'elle ne serait pas seule à se rendre aux Miracles. Mais elle se doutait que le clan Corleone ne laisserait pas tomber sa Madone pour un ultime baroud d'honneur aux allures de pied-de-nez à la société bien pensante.

Elle n'avait pas eu besoin d'une Nine, la capitaine, pour pister une charrette. Le visage recouvert d'une capuche totalement quelconque, vêtue de braies et d'une chemise des plus banals, elle avait nonchalamment demandé aux divers gardes du Châtelet ce que l'on avait fait des corps. Jusqu'à ce que le dernier lui dise, satisfait, que "ces corps iront pourrir jusqu'au bout là d'où ils n'auraient jamais dû partir."

La Cour s'était imposée d'elle-même, autre Royaume sur lequel Sad avait régné à sa façon. La Baile y avait alors spontanément dirigé ses pas. La capuche qu'elle rajusta pour cacher un peu plus ses traits n'était pas dans ses habitudes. Cependant, depuis quelques temps, elle entendait de régulières remarques, tant de ses détracteurs que de ses proches amis, sur ses fréquentations et leur incidence sur l'Ordre royal dont elle était la capitaine.

Si les jugements des autres, quels qu'ils soient, sur la dualité relationnelle de sa personne ne l'atteignaient absolument pas, elle tenait à la Commanderie comme on tient à son seul refuge. Et elle en préserverait la réputation à n'importe quel prix, fût-il une capuche qui la dissimulerait pour la première fois de sa vie. Elle assumerait jusqu'à sa mort ce qu'elle était profondément, mais elle ne donnerait plus à personne de grains à moudre dans le moulin des ragots et de la diffamation.

Sadnezz avait marqué son existence, quelque court qu'y fut son passage. Et si régicide l'Italienne avait terminé sa vie, la Baile était bien loin d'être une royaliste acharnée pour renier celle qu'elle avait choisi d'aimer, à sa manière, passionnément et hors tout cadre. C'est à cette femme, unique en son genre, qu'elle voulait contribuer à donner sépulture digne de ce nom.

Les pas ralentirent d'eux-mêmes à l'approche du cimetière et la dague à la ceinture fut tâtée par réflexe. La jeune femme n'avait pas peur, bien qu'elle n'évoluât pas en territoire totalement conquis, mais il valait mieux ne pas perdre certaines habitudes dans certains lieux. Elle fit le tour du pâté de pierres tombales, jusqu'à distinguer deux silhouettes un peu plus loin, quelque chose qui ressemblait à un adulte et un enfant.

Plus elle s'approchait du duo, et plus le "quelque chose" prenait forme, celle d'une Rasée et d'un nain. Un sourire aussi furtif qu'un pack allopass sur les lèvres, elle rejoignit ce qui ne pouvait être que l'embryon du Clan Corleone venu achever comme il se devait l'histoire chargée de sa figure de proue. Levant la main vers Mira, le sourire furtif ayant disparu - comme un pack allopass au contact des autres - elle ne s'embarqua dans aucun discours superflu.

Vous l'avez trouvée, dis?...

Est-on jamais prêt à tourner une page qu'on aurait voulu voir s'allonger encore?






* Hommage au génie créatif de Baudelaire.
_________________

I never saw a wild thing feel sorry for itself. A little bird will fall frozen from a bough without ever having felt sorry for itself.
Nine_


Elle était sur un bon coup.
La moisson aujourd’hui, elle en était sure serait fameuse. Les matrones qui s’étaient engouffrées chez l’apothicaire avaient bonne mine.
Cousues d’or et d’argent. Elle en riait d’avance…

Ses yeux d’eau claire se troublèrent un instant et elle repoussa d’un mouvement agacé le môme à la trogne parsemée de taches de rousseur et qui, comme un perdu secouait ses jupons.
Son visage se ferma mais elle écouta avec attention le message.

La Cerd payait bien et puis elle soupçonnait que sa maitresse et elle faisait affaires. Et on ne contredit pas un client.
Encore moins un client ami et encore moins une amie amie.

Etonnée des prétentions de la brune, elle n’en laissa rien paraitre et hocha la tête dès la dernière parole du mioche zozotant.
Il eut droit à un sourire de presque chef qui remercie pour seul salaire et l’ordre de trouver d’autres petites mains pour l’aider à trouver ce que la provençale réclamait.

Un dernier regard vers les écus à portée de main et qui s’envolait et Nine s’engagea dans une ruelle sombre.
La liste des courses était simple et les réponses elle les aurait en temps et en heures..

Quand elle se pointa au cimetière, y’ avait déjà foule.
Elle trimballait un besace rebondie qui contenait les courses demandées et dans un soupir posa sa charge au sol.
Des visages vaguement familiers qu’elle avait sortis de leurs vapeurs alcoolisées et qu’elle gratifia d’un sourire narquois…


Je cherche Cerdanne.
L’est pas avec vous. ?


Cerdanne
[Elle se refuse toujours à comprendre, à entendre,
Elle rit pour cacher sa terreur d'elle-même.
Elle a toujours marché sous les arches des nuits
Et partout où elle a passé
Elle a laissé
L'empreinte des choses brisées.] (VIII Les petits justes Paul Eluard)


Dans la fosse : Acte II

Ils ont beau murmurer tout là haut, hausser le ton ; ils ont beau rire…jaune, elle n’entend pas…
Ils peuvent même mourir : de trouille ; étouffés par les miasmes, le cimetière peut bien se remplir de toute la chienlit du quartier, elle n’est plus là…

Elle est en pleine conversation la Provençale…
Le nez planté vers le ciel qui éclate, outrageusement lumineux et muet. Les vapeurs opiacées de la nuit, de celle d’avant et de toutes celles qui ont précédées rodent encore et encore.
Bienheureuse Cerdanne qui oscille dans les corridors de l’âme.
C’est un frémissement de l’air qui la cueille en plein vol et la ramène là….sur la terre noire des morts.

La dague entre ses mains brûle et son regard halluciné papillonne de la lame à la forme inerte qui la nargue.
Elle contemple une dernière fois le visage, le corps nu, menu de la Corleone et plisse les yeux.
Eclat de haine et de rage, éclat d’amour et de passion…

Comme guidée par une force souterraine, impérieuse, elle accomplit ce pourquoi elle est faite.
Ce pourquoi elle se bat encore et toujours.
Le corps de l’Italienne offre son flanc et d’un mouvement sec la lame trace son sillon…

La récolte est douloureuse et méthodiquement, méticuleusement la Provençale vide, arrache, tranche, fouille…jusqu’à ce que les doigts visqueux, sanglants, accrochent l’anneau doré…
Mâchoires serrées, regard vide, elle orne son doigt d’or et servante ordonnée, repousse tout ce qui ne servira plus à rien.

La chaleur pique et le soleil mord peu à peu le coin de terre ou elle s’était réfugiée…
Elle n’a plus rien à faire ici, elle voudrait dormir là maintenant et à jamais…
D’un revers machinal de main elle dégage son front brillant de sueur et de crasse et la chevalière marque le terrain d’un trait de rubis vengeur.

La griffe pour une vie qui revient.
Là haut, Mira doit attendre le corps.
Ce corps béant de l’âme sœur.
D’un geste nerveux, elle arrache sa propre chemise, et fébrilement couvre la Bella.
L’emmitoufle, la ficelle dans le tissu fin.

Elle est légère Sad…légère….légère...tellement légère.

Remonter est facile, facile de la trainer vers la première ombre venue…Moins facile de desserrer les mâchoires…
Moins facile de croiser le regard des vivants et de les saluer.


Trouvez lui un coin peinard à notre Bella…J’ai…Je reviens…Nine on y va…
_________________
Nine_


La Nine elle en a la mâchoire qui tombe. Son regard reflète l’innocence tandis qu’elle les fixe. Tous autant qu’ils sont.
Cherchant des réponses.
De voir la brune s’extirper comme un diable de la terre la cloue au sol et sa voix rauque met du temps à trouver son chemin.


Je suis, je suis.

La provençale a déjà détalée devant elle et après un dernier coup d’œil de détresse aux autres, elle trottine pour se porter à ses côtés.
Muette, la trouille au ventre elle laisse trainer son regard sur ses pieds. La frousse qui peu à peu l’envahit ne va pas tarder à lui donner des ailes.
La provençale, la diablesse, lui coupe le duvet qui déjà hérissait sa peau de bébé.
La main fine et puante pesait comme un âne sur ses frêles épaules et la voix grave retentit dans le silence.


Ici ça me parait bien... Qu’est ce que t’en dit ?
T’as tout ce que je t’ai demandé ?


Oui Madame.

Elle se foutrait des baffes la môme.
Tellement figée dans la peur, elle croasse comme un corbeau.
Mais quand elle relève la tête et que ces yeux plongent dans ceux de la Provençale, elle a moins peur.
C’est un regard qui fouille, déterminé mais amical.


Là c’est bien oui...le puits est juste contre le muret là bas…

le sac à son épaule tout à coup lui pesa et elle l’ouvrit devant les yeux fatigués de la brune.

Cerdanne
[...Un seul regard reprend tous les regards
Un seul mot libère tous les échos
Un seul geste rompt l’unique fièvre
Un seul geste rouvre toutes les veines
Nul sang n’est perdu nulle chair vaine ..] (Nulle chair vaine.FRANCOIS CHENG)


L’endroit est désert…
Un coin reculé de ce cimetière qu’elle maudit d’ores et déjà. Un bref regard vers le baluchon et Cerdanne acquiesce.

Une seule envie maintenant.
Se débarrasser des traces.
De toutes les traces.

Pendant que la môme s’active, brassant autant d’air que le vent, elle s’affale sur une pierre tombale.
L’eau est puisée, claire et pure, péniblement, elle se redresse et regarde Nine , le visage creusé par les tourments..


Parfait jeune fille. Un sourire triste éclaire un instant la Provençale.
D’un geste las elle montre le pain de savon, les brosses.
Les tissus tombent à terre et Cerdanne s’offre à l’eau fraiche et aux mains habiles….


Frottes et fort. Arrache la peau s’il le faut.
Mais enlève moi cette crasse, efface cette puanteur qui m’étouffe.
Et puis…
La dague est posée doucement au creux des mains de Nine.

Coupe. Ce sera plus simple. Coupe à ras, n’aie pas peur, ma jolie…
_________________
Nine_


Couper ??
Laver, frotter oindre le corps d’huile parfumée.
L’aider à se vêtir …Ca elle sait faire.
Mais couper !!

La main tremble un peu mais l’est solide la gamine et elle sent sans trop le comprendre l’importance et la confiance que cette diablesse met en elle.
La première mèche de cheveux tombe comme une fleur fragile.

Soulagée par la facilité avec laquelle elle tranche dans la crinière emmêlée elle retrouve tout son courage.
Avec application, elle dégage le cou gracile et fauche la moindre boucle.
Son regard satisfait brille et elle s’immobilise enfin.

Finie la danse légère autour de Cerdanne.
Elle contemple le dos, les épaules voutées et retient ses mots.


Voilà…c’est fini…fini…

Miramaz
Les palabres du nain la rassurent, même s'il se moque d'elle au moins n'est-elle plus seule dans ce lieu lugubre, en grommelant elle frotte braies et chemises du plat de la main, enlevant le plus de boue possible. Et elle grogne en voyant que la terre s'écrase tachant un peu plus encore le tissu, l'odeur est désagréable, tout sera bon à jeter une fois leur affaire fini, râlant de n'avoir pas pensé à emmener du linge propre avec elle.

On va pas m'brûler pasque j'ai d'la boue sur moi m'enfin! Si on m'demande j'dirai qu'j'me suis fait éclaboussé par un carosse, à cause d'un d'ces crétins d'cochers roulant exprès dans les flagues d'eau sale.

Et j'ai pas à boire nan.. c'toi l'pourvoyeur d'alcool pas moi.. m'enfin j'suppose qu't'as rien sur toi là? Pfff t'sers à rien.. t'auras plus qu'à m'payer à boire après tout ça pour m'faire oublier qu'j'ai du t'attendre seule pendant des heures..


Elle n'exagère pas du tout et n'essaie pas de profiter de lui.. nan pas son genre à la chauve, elle est l'innocence incarnée, juste que l'alcool est son péché mignon et qu'un verre offert est toujours meilleur que payé par ses soins et puis le nain a l'occasion de racheter son âme comme ça, la charité est le meilleur moyen de finir sur l'astre solaire. Une grimace aux lèvres, elle s'apprête à lui expliquer quelle bonne action il fera en lui offrant un tonneau entier de bière fraîche lorsqu'elle est interrompue par une silhouette encapuchonnée qui s'approche. Trop tard pour lui sauter dessus, encore la faute de Rik ça, il l'a empêché de faire le guet et maintenant on leur tombe dessus sans qu'ils n'aient le temps d'élaborer une stratégie. Heureusement pour le nain, il ne sera rendu responsable de rien la visiteuse étant finalement reconnue comme amie de la Corleone. Un sourire crispé répond à son salut, alors que la Rasée inspecte les alentours vérifiant que la Baile est venue seule, pas qu'elle n'est pas confiance au contraire m'enfin sait-on jamais. Et voilà qu'une autre ombre fait son apparition, la Nine est de retour son air agaçant toujours placardé sur la trogne, elle pose la même question que la Blanche -pas si blanche pour être ici en cet instant-.

Sont en bas..Cerdanne et l'corps.. elle d'vrait plus tarder j'crois...

Comme pour lui donner raison, la provençale apparaît telle un de ces zombies de mauvais films, sortant de terre et couverte de sang brunâtre et d'autres humeurs nauséabondes. La dépouille se retrouve à leurs pieds, enveloppée dans son linceul de fortune, tandis que la fossoyeuse d'un jour s'éloigne les laissant se débrouiller seuls pour l'étape suivante de cette sortie «familiale». Avec un soupir long comme un jour sans pain, Mira se baisse pour saisir le cadavre corléonien côté tête, évitant de trop regarder ce qui gît ainsi entre ses mains.

Savez où on peut l'enterrer dign'ment?
_________________
Rodrielle
["Même pour le simple envol d'un papillon tout le ciel est nécessaire". - Paul Claudel]


La brune était dans un état lamentable. Voilà déjà bien une heure que la petite brunette l'avait prévenu, et voilà une heure que la Corleone Xième du Nom buvait. Pitoyable. Qu'allaient-ils faire sans elle ? Pourquoi ? Comment ? Pourquoi ce Dieu dont elle voulait croire avait emmené LA Corleone. La Belladone, celle qui avait fait naître la crainte à chaque fois que l'on marmonnait le nom "Corleone". Quel avait était ce Destin, si cruel, qui avait décidé de la faire partir... Pourquoi ?

Elle ne tenait plus l'alcool, la Tatouée. Elle ne tenait plus rien, à vrai dire. La nouvelle l'avait assommée. Et c'est en jetant une bouteille quasiment vide qu'elle avait ordonné à Nine de partir de chez elle. La laisser seule, avec sa peine et ses prières. Enfin... Avec sa colère et ses palabres contre ce Très-Haut qui n'y comprenait rien. Qu'allaient-ils faire sans elle ? Perpétrer cette crainte. Lui rendre un dernier hommage... A leur manière. La Tatouée réussit enfin à se lever, tanguant jusqu'à la porte. Surement les autres devaient déjà être sur place. Surement le corps n'était plus là... Surement.

Le cimetière de la Cour des Miracles était aussi lugubre que le visage pâle de Rodrielle. Blanche, les yeux rougis par l'alcool et la peine, elle eut du mal à retrouver le groupe. Toujours les mêmes... Un nain et une rasée et une brune inconnue, bien trop séduisante pour ne pas faire partie de la famille d'une manière ou d'une autre. Rodrielle s'approcha du groupe et s'appuya contre la première pierre tombale à proximité. Pitoyable. Elle osa baisser enfin les yeux vers le corps inanimé de la Belladone, à en avoir des hauts-le-coeur. La Rasée venait de poser la seule question qui ait de l'intérêt sur le moment.

Danser autour de son corps... Un dernier hommage pour l'italienne... Faut faire quelqu'chose.

Ca non plus ne relevait pas le niveau... Tant pis, elle dégriserait plus tard.
Rikiki
C'est pas que le nain était embarrassé d’avoir tant de monde autour de lui. lui qui si associal et lunatique envers les autres. mais là il se sentait mal à l'aise. Personne avait les idées claires. Et même son sarcasme et son cynisme habituel avait disparu. Bon dieu c'est vrai ça, où est ce qu'ils vont la mettre la Corleone.

Il alla ouvrir la bouche et puis non... Et puis si.


Faudrait peut être quelque chose pour la transporter déjà... C'est pas un sac de patate... Faudrait voler une planche...


Cela devait être la seule bonne idée de la journée. Tout le monde était embrumé, certains par désarroi d'autres par l'alcool et d'autres encore embrumé par le manque d'action, non pas qu'il s'embête, mais juste qu'il est désemparé de voir tant de gens désemparé. Le nain lâcha un soupire qui brisa le silence. Il releva la tête, et ne voulant pas se montrer trop imposant en décision. il déclara sur un ton qui laissait les critiques au bon vouloir.


On d'vrait p'têt l'enterrer dans un beau coin, et on bâtit une taverne dessus pour lui rendre hommage...
--Sadnezz.
On est bien peu de choses, c'pas mon amie la Rose qui me l'a dit ce matin...

Juste une putain d'nécrose, un zeste d'échymose, qui m'a prise par la main..

A l'aurore je suis née, baptisée d'opiacées, je me suis épanouie, courreuse et courageuse aux orgies vermeilles, aux heures abandonnées...

Me suis ouverte la nuit, m'suis réveillée vieillie. Pourtant j'étais cruelle, j'étais la plus cruelle des fleurs du Malin...

Ou est bien peu de choses. c'pas mon amie la rose qui me l'a dit ce matin. Vois le dieu qui m'a faite, m'a fait tourner la tête.

Et je sens que je tombe, et je sens que je tombe, mon coeur est vermoulu, j'ai le pied dans la tombe. Déjà je ne suis plus. Tu m'admirais hier et je serais poussière pour toujours demain.

On est bien peu de choses, et mon ami morose est mort ce matin. La lune cette nuit, a veillé son ennui. Moi en rêve je l'ai vu éblouissant les nuits,

Son âme qui entonnait un air de déjà vu. Et qui me souriait. Croit celui qui peut croire. Moi je renie l'espoir, vois, je ne suis plus rien.*


Nonchalante et cynique, elle n'a pas raté une miette de sa découpe cadavérique, aux douces mains de la Provençale. Fallait-il partir sans laisser un cadeau, qui ne lui revenait même pas aux creux de ses boyaux? Se salir les mains, les siens savaient faire. Tant la Mira, tant la Cerdanne, tant tous les autres qui l'on côtoyé à s'en user le moral. Elle aura rit des conneries mortifères qui ont démystifié un peu cette réunion funéraire. Et elle se love encore, dans les bras assassins de sa folle moitié, dans un rictus léger.

Il ya donc la Baile, et son ami le nain, aux sourires des fidèles.. La belle Rodrielle, manque le Montereau, manque l'ombre de certains, pour ses petits matins, mais ce sera le vent et la paix du temps. Dire qu'elle voyait grandiose en rêvant à ses heures de cadavres, finalement partie lasse, Belladone laisse à peine sa trace. Là sur un front humide, là dans son trou fétide, là dans des yeux bien vides.

Aux réponses de L'étincelle, elle répond d'un regard, d'un battement de cils sibyllin et d'une fossette évanescente. C'est bon de n'être plus rien, ni chaines ni douleurs, c'est bon de vivre de loin.


* De f. Hardy, remixed sauce Sad.

Laell


[Quelques jours plus tôt...]

L'inconvénient avec le vol, c'est qu'au bout d'un moment les sous s'amassent mais les ventres se creusent. Qu'est ce qu'ils ont tous à se trimballer avec autant de sous et si peu de nourriture franchement ? Depuis quelques jours que les deux cousines étaient là elles n'avaient pas vraiment eu de chance... Quelques bourses soulagées mais pas de belle charrette pleine de marchandise et voilà que la faim commençait à tirailler leurs estomacs. Il allait être temps de rentrer en ville pour profiter du fruit de leur labeur.

Dès les premiers pas, la gamine sentait comme une drôle d'atmosphère, la rumeur grondait un peu partout. La gamine tendit l'oreille tout en se dirigeant vers la taverne la plus proche. Ca causait sec dedans, chacun y allant de son avis. Fallait les pendre disait l'un, un autre rétorqua qu'il fallait les torturer jusqu'à c'qu'ils crèvent. Le pire crime qui soit, rajouta un troisième larron. Quel crime ? La gamine jeta un oeil interrogateur à sa cousine. Elles n'avaient pourtant pas passé tant de temps à l'écart du monde. Puis l'explication arriva enfin dans une bribe de conversation à la table voisine. La garde royale avait attrapé les meurtriers de la reine. Ah, elle s'était fait tuée ?
Le nom d’un des assassins raisonna dans le crane de la gamine, Sadnezz. Merde alors ! S'ils l'avaient choppée, elle risquait d'y rester. Profitant de la discrétion légendaire des soiffards en taverne, elles apprirent où était enfermée leur tante, il ne leur restait plus qu'à foncer à Paris et réfléchir une fois là bas à une solution pour la sortir de là. Encore jeunes et ignorantes, elles avaient trop de chose à apprendre de la vieille Corleone pour la laisser crever tout de suite.

[L'arrivée, enfin...]

Trop tard... Les informations glanées innocemment le long des chemins les avaient ramenées au cimetière de la cour des Miracles. On avait jeté la Corleone dans un charnier dans la nuit, encore un manque de reconnaissance pour son œuvre. Se faire la reine c’était quand même pas mal comme dernier coup… L’arrivée au cimetière se fit dans le silence, la nouvelle ayant assommé la gamine. Elle ne savait pas vraiment pourquoi elles allaient là bas, mais leurs pas les y menaient.

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Miramaz
Réunions de pleureuses autour d'un corps sans vie... Brainstorming d'orphelins autour de la dépouille matriarcale... Les idées fusent à la vitesse d'un escargot par temps sec, aussi utiles qu'une cane à un cul de jatte... Soupirs et marmonnements s'enchaînent alors que Mira renonce à transporter ainsi la Corleone en chef.

Danser..monter une taverne..voulez pas hurler pour ameuter l'guet tant qu'vous y êtes?.. une planche..t'peux p'tête en voler une sur un cercueil..

Des ricanements idiots et légèrement grinçants ponctuent cette phrase pas plus intelligente que celles décriées, faut dire qu'elle n'en mène pas large non plus la Rasée, elle a beau être rassurée par leur présence à tous, l'ambiance l'effraie toujours plus que de raison. Elle jette un œil aux alentours, autant pour chercher un coin à la hauteur de leur tâche que pour tenter d'apercevoir Cerdanne. Sa disparition l'intrigue, elle préfèrerait autant la savoir avec eux qu'on ne sait où, pas de raisons qu'ils soient les seuls à s'agiter la cervelle. Frustrée de ne pas la voir revenir, c'est vers le nain, la tatouée et l'encapuchonnée qu'elle se retourna, la peur rendant sa voix plus aiguë et précipitée qu'habituellement.

On d'vrait la mett'dans un coin tranquill'..un endroit où personn' lui march'ra d'ssus.. où personn' ira r'muer la terre.. dans l'coin des beaux tombeaux.. et on pourrait voler un truc dans une chapelle pour marquer l'emplac'ment? Ça f'rait comme un trophée pour elle..

Haussement d'épaules et moue boudeuse agitent son corps aussitôt les mots échappés, les invitant à ne pas se moquer de son idée. Pas pire que les leurs.. pas mieux non plus.. Sad.. regarde les.. ta famille.. ton clan.. désemparés face à ta mort.. pourquoi les avoir abandonnés si vite?
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