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[RP] Le cimetière des miracles

Swan
Rodrielle !

Comme tous ici, elle avait été prévenue du jour et du lieu des funérailles. La cour, elle connaissait comme sa poche et bien plus encore ... Elle avait ici de nombreux souvenirs et beaucoup avec Rodrielle !

La première fois qu'elle l'avait rencontré, c'était aux manoir des Crocs Rouges. Elle faisait partie des chefs et même si c'était Richard et Erin qui avaient pris en main son apprentissage, Rodrielle là, à veiller dans l'ombre comme souvent. Puis les Crocs c'était dissout et la jeune rouquine c'était retrouvé seule dans la nature, mais elle avait toujours su où trouver Rodrielle si elle avait besoin. Et maintenant ...

Maintenant elle suivait un cortège funèbre, seule. Elle n'avait pas demandé à Sarpé de l'accompagner. Elle devait venir seule cette fois. Dire que Rodrielle ne savait même pas qu'elle était enceinte. La dernière fois qu'elle l'avait vu, c'était juste avant son départ pour l'Espagne et depuis, bien des choses avaient changé pour elle !

Elle fit glisser ses doigts sur son ventre rebondit à l'extrême. Encore un mois et l'enfant serait là.


R'garde Rodrielle, t'vois même moi aussi, j'vais donner naissance à un enfant ! Qui l'aurait cru un jour hein !

Elle regarda un peu qui était présent. Pour l'instant, à part Enjoy qu'elle avait rencontré sur un noeud en BA, elle ne connaissait personne.

Ici. Elle reposera ici...

Parfait.
Aller, on creuse.


La rouquine resta debout un moment, mais creuser allait prendre du temps alors elle se trouva un arbre et s'y adossa pour se reposer un peu en saluant d'un signe de tête les présents.
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Cerdanne
C’est pas l’époque de son pèlerinage, mais deux fois valent mieux qu’une.
Et puis Rod ne pouvait dormir que là.
Avertie de la petite réunion de famille, elle n’avait renvoyé qu’un seul mot rédigé à la hate.

Rod c’est Rod. Je serais là.

Cette famille, elle la suivait de loin en loin.
De plus en plus loin chaque jour.
C’est comme ça..

D’apprendre que Rod, la belle tatouée, avait cassé sa pipe l’avait laissé perplexe.
Dès qu’elle avait reçu la missive, elle s’était glissée discrètement dans le cimetière.

Depuis le temps qu’elle y venait, elle connaissait suffisamment de recoins et de points de mire capable de l’abriter tous en lui permettant de ne rien louper de qui était là ou pas.
Tandis qu’elle les regardait s’avancer la gueule allongée, triste, bien de circonstance,
elle réalisa qu’elle n’avait jamais assisté à un enterrement en bonne et due forme.
Un instant, elle eut un doute.


Va pas y avoir de curé quand même …
Nan…va pas y avoir…



Déjà, la terre jaillissait et formait un petit tas...
La provençale, joua encore un peu avec ses cheveux détrempés avant de sortir de l’ombre d’une vieille croix de pierre.
De toutes les silhouettes qui se dressaient là, elle n’en connaissait même pas la moitié…
Elle voyait Enjoy, la merdeuse qu’elle avait croisé en Anjou.
Laell ne devait pas être bien loin…

Rendre hommage, c’est pour ça qu’elle était là…
La main longue et fine plongea dans la besace et en ressorti doigts serrés sur une bouteille.
Tout en s’avançant, la bouteille contre ses lèvres se vidait.
Les gorgées, énormes se succédaient et la brune s’acharna jusqu’à la dernière goutte.
Ploc.
La bouteille est lâchée là.
Un simple cadavre de plus jonche la terre meuble…
Pile devant les tombes.
Instinctivement, elle s’inclina devant la gargouille …
Conversations habituelles pour la Provençale, elle ne fait aucun cas des autres et s’assoie contre la gargouille.


Sad…On t’a trouvé de la compagnie…
Admire ta famille, Bella…
J’en connais même pas la moitié…
C’est Rod qui vient te rejoindre.
Elle n’a trouvé rien d’autre à faire que de rendre les armes… La belle tatouée…


Les mains resserrées sur les genoux, elle contemplait le trou qui s’agrandissait.

Sad…Tu crois qu’ils savent que la mort n’est rien...
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Carensa.


Les nouvelles étaient allées bon train dans tout le Royaume. La Matriarche avait rendu les armes, la Corleone, la Tatouée avait choisi de rejoindre sa dernière demeure.

La Sublime avait remonté les ruelles de la Cour sans vraiment prendre garde à ce qu'il s'y passait. Ses pensées étaient ailleurs, loin, bien plus loin.

Des rares fois où elle avait eu le plaisir de la rencontrer, Carensa en garderait de bons souvenirs. Malgré les sourires et les rires qui cachaient bien mal sa souffrance, elle avait trouvé la femme d'une force et d'un courage rare. Souvent d'ailleurs, elle la comparait à sa Platine. Quelques fois elles avaient parlé et ça avait marqué la rousse, instinctivement elle avait eu de la tendresse pour cette femme qui l'avait aussi accueillie à bras ouverts dans "son clan". Bienveillante malgré ses rares apparitions, elle s'inquiétait de ses "ouailles" mais savait aussi que 'Joy veillait sur elles.

Bella était partie plus tôt et aujourd'hui Rodrielle tirait sa révérence après une vie jouée d'acte en acte.

Elles se connaissaient peu, certes, mais les quelques mois passés à ses cotés avaient été remplis de bons souvenirs, de "bons coups" aussi. Alors aujourd'hui elle était là pour lui dire au revoir et puis aussi pour être là auprès de 'Joy et Amalio.

Elle poussa la grille qui menait au cimetière et bientôt en vue, les membres du clan. L'automne était là, les arbres dépouillés de leurs feuilles, un ciel bas et chargé de pluie, un vent froid, glaçant les sens.

Discrètement elle se rapprocha, suffisamment proche pour dire un dernier au revoir à la Matriarche sans pour autant se fondre dans la "Famiglia".

Aucune prière ne sortirait d'entre ses lèvres, juste quelques mots :

- Que ton voyage soit aussi beau que le fût ta vie avec ton Clan, Rod, passe le bonjour à Bella de ma part. Vous ne vous êtes pas rencontrées de votre vivant, vous aurez une éternité pour le faire. Insufflez-nous votre force, votre courage, votre fougue et votre gourmandise de la vie.

Son regard se posa sur le trou qui se formait petit à petit.

Montrez nous le chemin de la réussite..J'ai été heureuse de te rencontrer, des rencontres brèves mais enrichissantes. Tu manqueras Rodrielle Corleone, à ta famiglia, à ton clan, à ces hommes et ces femmes qui auront eu la chance de te connaitre. Bon voyage...

Étrangement la rousse n'était pas malheureuse, non étrangement elle était aujourd'hui soulagée pour la Matriarche. Ces derniers mois avaient été sans doute un calvaire pour elle. Amalio tentant de la soulager puisque la soigner était devenue une douce utopie.

Aujourd'hui l'Automne était là oui, et Rodrielle Corleone n'était plus..


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Envie de vous amuser ? Je suis ouverte à tout rp pourvu qu'on y trouve tous notre compte ! n'hésitez pas à me contacter, mon pigeon ne mord pas, enfin pas encore
Agnesina_temperance
Jeune Corleone suivait le cortège, le visage froid et la mâchoire serrée. Elle n'avait malheureusement pas beaucoup connu la Matriarche. Elle aurait voulu. Pour apprendre d'elle mais la Tatouée avait rendu les armes. C'était ainsi et Agnésina l'acceptait. Elle regarda le ciel qui versait ses larmes. Oui, le ciel car dans l'esprit de la jeune femme, Rodrielle Corleone veillerait d'en haut, sur la lune, tourmentant quelques âmes égarés, parce que l'éternité devait être bien ennuyeuse.

Enfin. La brune ne pleurait pas. La pluie s'en chargeait très bien toute seule. Triste journée. Journée où la Mort jubile. Agnésina ferma les yeux un instant, Rodrielle avait laissée un héritage qu'il allait falloir faire prospérer. Le Clan, certes. L'Orphelinat, aussi. Digne héritage laissée par la Matriarche à la brune. Lorsque les yeux s'ouvrent, ils observent le trou qui s'agrandit. La dernière demeure de Rodrielle Corleone. La brune trouvait ça ironique. Pourquoi ? Elle ne savait pas. Juste une sensation amère. De contraction avec la grande vie que la Matriarche Corleone avait vécu. Une vie sans chaîne, échappant à une vie un peu trop banal, fuyant les prisons pour finir dans un trou.

Elle secoua discrètement la tête. Le corps, juste le corps, Agnésina. L'âme, elle, c'est différent. Elle vit, encore. Jeune Corleone nommée Vachette releva la capuche qui protégeait sa chevelure de la pluie. Elle avait besoin d'air. De frais. Ses lèvres restent closes, parce qu'elle murmurait des propos intérieurs. Combien elle aurait aimée la connaître, qu'elle espérait que d'où elle les observerait, elle serait fière d'eux et qu'elle ne devait pas douter qu'ils feraient tout pour.

Elle n'oubliait cependant pas qu'elle avait participé aux prises de mairies aux côtés de la Tatouée, une femme digne et qui n'avait pas peur de donner la mort. La dernière fois qu'elle l'avait vu, c'était à l'Orphelinat. Rodrielle était épuisée et à bout de force. Une image qu'elle n'oubliait pas pourtant, Agnésina ne voulait pas garder cette dernière image en tête car ça ne correspondait pas à la Tatouée. Les bras croisés, elle pencha la tête sans faire un mouvement de plus.

Ils étaient là.
Tous unis et indivisible à cet instant.
Que devait-elle penser de là où elle était ?
Se marrait-elle de voir leur tête ? La brune ne mettrait pas sa main sur le feu sur cette hypothèse.
Avait-elle une posture fière en faisant un petit sourire en coin ? C'était possible.

Ils étaient là pour lui faire leurs derniers adieux.

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Annelyse
    « Je n’ai pas besoin d’être ce que les autres veulent que je sois. Et je n’ai pas peur d’être ce que je veux être et de penser ce que je veux penser ! » -Mohamed Ali

En une phrase voilà ce qu'était la Tatouée, elle-même. Et voilà ce que notre Angevine se répétait sans cesse prenant parfois exemple sur elle l'ayant longuement admiré par ce qu'elle dégageait et par son caractère. C'est donc avec une nuit d'insomnie près de l'âtre crépitant, le cœur douloureux, l'esprit torturé par des souvenirs à jamais gravés qu'Annelyse redoutait le lever de ce jour terrible en essayant en vain de retenir le temps pour ne pas avoir à subir cet adieu déchirant. Cette nouvelle lui était tombé sous le nez du jour au lendemain depuis la dernière lettre reçue de Rodrielle pour la prévenir de son état, sauf que le Grain de beauté en avait décidé autrement ne voulant croire qu'elle pouvait s'éteindre et à présent elle s'en voulait pour toutes les fois où elles auraient dû se revoir mais l'une comme l'autre remettaient à plus tard ce moment.
Ce plus tard désormais sera à jamais...
Comme elle aurait voulu ne pas vivre cette journée, rester sous son édredon et passer au jour suivant. Hélas elle savait la chose impossible, que son souhait ne ramènerait pas à la vie cette femme qui aurait dû faire partie de sa famille et qui les quittait ce jour.

Dans un profond soupir la fine silhouette se leva et s'aspergea le visage d'eau. Le reflet dans son miroir poli n'était que souffrance et pâleur. Les émeraudes pétillantes s'étaient éteint finement ornées d'épais cernes bleuâtres à force d'avoir trop pleuré les nuits précédentes. Dans un silence religieux elle revêtit alors ses habits obscurs et prit la route en direction de la cérémonie.

    [ Au cimetière des Miracles. Dans le cortège ]

Le trajet se passa sans un mot, tant l'émotion et la douleur transperçaient le corps de la damoiselle, la fine silhouette sombre marcha lentement sous le regard désolé d'une domestique qui l'avait accompagné jusque-là. Tête baissée, elles suivaient le convoi, son esprit n'était pas présent.
Difficile de s'imaginer qu'elle ne pourrait plus la croiser en taverne ou aux Rosiers où elle avait tant souvent séjourné.
Difficile de s'imaginer qu'elle n'entendrait plus ses coups de gueule avec son père et ses rires aussi.
Difficile de s'imaginer qu'elle devrait dorénavant vivre sans elle et qu'elle n'aurait plus la chance d'être lové au creux de ses bras telle une mère ferait avec son enfant pour la consoler. Elle n’oublia jamais leur rencontre et l’intérêt qu'elle leur avait donné à sa sœur et elle quand son père faisait des siennes.

Du peu qu'elle avait observé les gens présents il lui semblait ne connaître personne, finalement elle se rendait compte qu'elle n'avait jamais pris la peine de connaître l'entourage de l'Italienne. Quel gâchis... « Puisses tu me pardonner »
À l'approche du point d'arrivée, elle, lâcha un souffle d’espoir. « Dites-moi que tout cela n'est point vrai » la jeune femme n’aimait guère ce genre de cérémonie. Elle y allait plutôt à reculons, comme tout le monde d'ailleurs, mais elle tenait toujours à être présente. Tout cela de surcroit, lui remémorait d’autres souvenirs funestes lointains, d'autres plus récents. La vie était ainsi faite, présente un jour et disparaissant un autre. L'on disait parfois qu'une mort était suivie d'une naissance ou l'inverse... Elle espérait du moins que les mauvaises nouvelles ne se succéderaient plus.

Les mains croisées sur une Rose - car Rod faisait incontestablement partit des Rosiers - les émeraudes ne quittaient pas le chariot sur quoi reposait la dépouille d'un trésor qui fût précieux aux yeux de plus d'une personne. Un long soupir suivi de bien d'autres retentirent alors que la tombe où elle logera à jamais s'agrandissait pour l’accueillir..

      « Ne pleure pas celle que tu as perdue. Au contraire, réjouis-toi de l'avoir connue » Anonyme.

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Lililith
Carry my soul into my heart
May the stars light my way
[...]
Sing a song, a song of life
Made without regret
Tell the ones, the ones I loved
I never will forget
I never will forget.

[Porte mon âme dans mon coeur.
Que les étoiles illuminent ma route
[...]
Chante une chanson, une chanson de vie
Faite sans regret
Explique à ceux, à ceux que j'ai aimé
Que je n'oublierai jamais
Que je n'oublierai jamais.
]

Lili, évidemment, était là aussi. Elle avait serré la main d'Aevil, qui avait pris comme la suite logique de Rodrielle, mais qui toutefois ne la remplacerait pas, jamais. Qui était cet homme qu'elle n'avait pour ainsi dire jamais vu, et qui pourtant se trouvait là ? Pour quelle raison n'était-il apparu que lorsque Rodrielle allait mourir ? Était-ce lui qui l'avait « tuée » en quelques sortes, parce qu'il était là ? Il lui semblait que non. Et la Forme - qui était là - ne semblait avoir d'animosité pour aucun d'entre eux. Forcément : c'étaient pour la plupart des gens du Clan, des gens de son Sang, de sa Famille.

L'oncle avait lâché sa main pour s'avancer. L'Étoile, elle, avait passé la sienne dans ses cheveux pour en ôter les perles qui s'y posaient. Elle s'était campée à côté du chariot où reposait le corps, le veillant pour s'assurer que personne de bien intentionné y touche.

Elle serra les dents, contemplant le visage pâle de la Tatouée. Elle se souvint de leur première rencontre. Personne n'avait fait attention à elle, excepté Rod'. La Minusculissime avait admiré le regard fier de cette femme qui s'était dressée devant elle. Elle avait aimé ces étranges dessins sur son visage, sans qu'elle n'ose jamais lui demander ce qu'ils signifiaient. Elle ne le saurait jamais. Peut-être était-ce mieux ainsi. Que la Mamma garde une part de mystère. Elle grimpa dans le chariot, hésitante, prit une profonde inspiration et tendit ses petits doigts vers le visage de la Matriarche. Elle toucha les ornements et en suivit les contours. Serrant les dents, comme si elle avait peur de la réveiller ce faisant.

La Forme était assise sur le rebord du véhicule. Lili releva à peine la tête pour lui jeter un regard noir. Elle n'avait rien à faire ici. Quand bien même elle aurait un dernier hommage à rendre à celle qu'elle venait d'emmener.

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Umbra
Ainsi la Matriarche était passé de l’autre côté. Il fallait un certain courage pour franchir le cap, pensait l’Ombre parmi les tombes. Maintenant Rodrielle avait l’éternité pour guerroyer. Qu’elle prépare le terrain, le reste de la Famiglia la rejoindra tôt ou tard. Qu’en enfer, tous tremble au nom des Corleone autant qu’ils sont maudits ici bas. Allez-va…

Umbra, adossée à un mausolée délabré, observait le cortège de loin. Elle n’avait pas sa place à ces funérailles et pourtant. Ne connaissant la Tatouée que de renom, ça aurait-été un peu gros de pleurer sur sa tombe. Surement que la Mama ignorait l’existence de la Noiraude comme beaucoup d’autres. Ombeline n’avait été qu’un court instant une paire de bras supplémentaires dans la Spiritu Sanguis sans actes de bravoure particulier. Cependant, son unique bras valide restait toujours au service du Clan et d’une, en particulier….

Comme on dit : "le roy est mort, vive le roy". La Bâtarde avait une loyauté sans faille envers la nouvelle meneuse, Enjoy. Pas de raisons apparentes à cette fidélité, un attachement étrange, dénué de logique. Quelque chose qui dépasse la raison, que seul le cœur comprend et admet. La Manchote, dans l’ombre de la Mc Douggal, s’évertuait à tiser l’espoir qui déclinait gravement chez l’Ecossaise. Une cheffe ne baisse jamais les bras. Rod’ l’avait prouvé jusqu’à ce jour funeste et Dieu seul, sait où son âme était partie vagabonder maintenant.

L’Ombre craignait de devoir remettre les pieds ici sous peu. Qui serait le prochain à trépasser ? De sa dextre, Umbra rabattit sa capuche sur son visage pour se protéger de la pluie battante puis toussa en sourdine. Contre une bière froide, elle regardait la procession se dérouler, protégeant dans sa sacoche une bouteille de gnôle. Une personne avait déjà faibli au réconfort de l’ivresse. Rajoutant son cadavre de verre au champ de macchabées résidents. A sa distance, la Noiraude avait du mal à entendre leurs propos. Elle voyait simplement les endeuillés se mouvoir dans le rideau de l’averse.

Même le ciel se soulage de sa peine. Aujourd’hui, ce n’est pas un errant ou un soldat inconnu qui se meurt. C’est une figure connue de par le royaume et l’au-delà.

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Arsene
    « Mort : (n. f.) Fin de la vie, cessation définitive de toutes les fonctions corporelles » Un dictionnaire


    Hydrométéore météorologique. En d'autre terme, il pleut. La pluie se déverse lentement et doucement. Nettoyant tout sur son passage, elle se laisse mollement tomber à terre, glissant dans un écoulement silencieux sur les pavés. L'averse enveloppe la ville dans un cocon apathique. Silence pesant et presque dérangeant.

    Mini Corleone, dans l'ombre de ses aînés, suit la procession, étrangement muette et renfermée. La main gauche est posée sur le chariot. Le bois est effleuré du bout des doigts tandis que les pensées s'envolent, dégringolent au rythme de l'esprit de la rousse. Ses rencontres avec Rodrielle avaient marqué des changements décisifs dans le caractère de la mioche. Premier incendie gratuit et premier acte emplis d'un sadisme barbare non masqué. La psychose avait enflé jusqu'à un éclatement progressif.

    La maladie s'était infiltrée. Elle avait remonté insidieusement dans les veines de la blonde. Attaquant sournoisement le corps jusqu'à l'épuisement total. La Corleone avait choisi de sortir en beauté. Défiant et méprisant la maladie. Elle avait choisi le clou de son propre spectacle. La fin de son histoire. La gamine avait assisté dans l'ombre à cette chute progressive et à son final inattendue. Témoin silencieuse et respectueuse de la fin d'une légende.

    La Matriarche s'écroule et c'est toute la famille qui s'ébranle. Le coup est difficile a accusé mais ils se redresseront. Unis jusqu'au bout et dans toutes les situations. Le convoi se stoppe et le maigre corps se déplace, la dextre se saisit une pelle et elle creuse machinalement.

    Arsène se recule, observant le trou d'un œil torve. Un jour, son tour viendra également. Délicatement, elle effleure la blondeur de Rodrielle. Dernier hommage à la femme. L'un des rares contacts physique dont peut faire preuve la mioche. Sans une parole et sans un bruit, la main gauche se pose sur l'épaule de la Minusculissime.


    There's nothing I can say
    There's nothing I can do now
    There's nothing I can say
    There's nothing I can do now

    Up above the world so high

    And everything you loved
    And every time you try
    Everybody's watching
    Everybody cry

    Goodnight, travel well..*



    (*Il n'y à rien que je puisse dire.
    Il n'y à plus rien que je puisse faire maintenant.
    Il n'y à rien que je puisse dire.
    Il n'y à plus rien que je puisse faire maintenant.

    Au dessus du monde, tellement haut.

    Et tout ce que tu as aimé,
    Et chaque fois que tu as essayé,
    Tout le monde regarde.
    Tout le monde pleure.

    Bonne nuit, bon voyage..)

_________________
Rodrielle.
    « Another day in this carnival of souls
    Another night settles in as quickly as it goes
    The memories of shadows, ink on the page
    And I can't seem to find my way home »*


Loin de chez elle, mais près des siens.
L’astre Solaire a laissé place à la pluie. Le temps est aussi gris que l’âme des Corleone. Mais le spectacle est beau. C’est dans la tristesse que l’on retrouve l’Unité, et ce jour-là, les membres de la Famiglia ne font qu’Un. Corleone, à la Vie, à la Mort. Rien ne les empêchera d’être ensemble, rien ne les séparera. Pas même un pilier, car la Forteresse est solide, ceux sont tous des rocs, les Fondements sont indestructibles. Elle a réussi.

Rodrielle Corleone sera partie comme elle le devait : Fière et sans regret. Mourir, c’est revenir sur sa vie, se retourner avant le dernier souffle sur ses accomplissements, ses échecs, sur toute une vie que l’on aura forgé au fil du temps. Et la Tatouée ne regretta rien. Le dernier regard qu’elle offrit à Amalio et Aevil, fut serein. Elle esquissa même un sourire lorsque la lame du couteau entra en contact avec sa peau. Partir à sa manière, Elle ne se sera jamais avouée vaincue, pas même face à cette maladie qui la consumait à petit feu. De cette manière, Rodrielle avait bravé la Mort elle-même : elle était partie quand elle voulait et comme elle le souhaitait.

Aujourd’hui, sa place est aux côtés de Sadnezz. Près de son Modèle, près de celle qui aura été la base la plus remarquable d’une famille aujourd’hui reconnue dans le Royaume. Rodrielle avait beaucoup de mal à accepter sa propre Mort, découvrait son nouvel univers, spectral, n’y croyait pas encore… « Alors, c’est ça, la mort ? Partir ailleurs. » Oui… Rien de nouveau sous la lune. A présent, elle devait trouver sa nouvelle place. Elle la savait aux côtés de la Belladone. Elle l’avait retrouvée pour qu’enfin elles puissent observer, ensemble, les nouvelles générations prendre leur place, tenir la Famiglia comme elles l’avaient fait. Côte à Côte, elles observaient…


    « All the places I've been and things I've seen
    A million stories that made up a million shattered dreams
    The faces of people I'll never see again
    And I can't seem to find my way home »*


Ils étaient là, tristes, silencieux. Aujourd’hui, les mercenaires les plus redoutables du Toyaume n’étaient que des âmes en peine, unis dans la perte d’un être cher. Alors, elle comprit qu’elle avait réellement compté, qu’elle les avait vraiment aimés, tous. A sa manière. Chagrin. Qui va les protéger ? Qui va s’occuper de ces jeunes pousses maintenant qu’elle n’est plus là ? Oui, ils sont assez grands pour réussir, pour gérer tous ces êtres si différents les uns des autres… Mais pourtant.

Le cortège est arrêté devant la Gargouille Corleone. La pluie, qui tombait jusqu’à lors en trombe, finit par s’estomper, laissant percer une lueur faible qui vient se poser sur eux. Réconfort, courage. Ils ne perdront pas espoir, ne se laisseront pas aller dans une chute vertigineuse. S’ils restent soudés, les Corleone se relèveront. Elle sait qu’Enjoy, Amalio et Laell feront du bon travail, qu’ils mèneront la Famiglia à la perfection. Elle a une confiance totale en eux. Parce qu’ils ont tous une partie d’elle en eux :

Enjoy, l’Autorité. La main de fer dans un gant de velours. Elle a la même perception de l’Honneur, de la Fierté de la famille. Elle sait faire bouger les autres membres de la Famille lorsqu’ils stagnent, elle sait les réveiller lorsqu’ils s’endorment. Enjoy sera l’Ambition.

Amalio, le Père. Il est son calme, sa sérénité. Il vient équilibrer l’impulsivité d’Enjoy avec sa patience et ses responsabilités. Il sait gérer les crises avec douceur et apaiser les tensions. Amalio sera la Réflexion.

Laell, la Bonté. Elle est ce que Rodrielle a toujours refusé être. Elle est la face cachée de la Tatouée… La rudesse mais plongée dans la douceur. Le point de confiance qui aura rallié les troupes plusieurs fois déjà. Laell sera l’Eprit.

Et les autres… Les autres ! Les électrons indispensables qui gravitent autour de cet Astre Corleone. Chacun ayant une place précise dans la famille. Mais aussi dans son cœur. Aevil, son frère, son Amour. Celui qui lui aura manqué et qui lui manquera surement le plus. Arthor, qu’elle aura elle-même accueillit avec plaisir dans la Famiglia. Praseodyme, la porte-parole de la famille qu’elle n’aura pas eu l’occasion de saluer comme il se devait. Agnesina, qui avait directement sa confiance pour la direction de l’Orphelinat. Umbra, qu’elle savait jouer un rôle important futur dans la famille. Carensa, à qui elle s’était confiée ces derniers mois. Arsene, qui avait surement son côté sombre. Puis Lili… Son Etoile, sa Protégée, celle qu’elle ne voulait pas quitter si vite. Il ne manquait que Fralis et Maledic, ses deux amours, ceux qu’elle voudrait revoir, ici, une dernière fois. Les seuls à qui elle voudrait offrir des excuses, pour ne pas avoir été présente.

Puis il y avait ceux qui ne portaient pas le nom Corleone, mais qu’elle considérait comme faisant partie d’elle. Des gens qu’elle aurait dû revoir avant de mourir… Swan avait grandit, mûri, suffisamment pour être mère et avoir la fierté de la Tatouée pour cela. Cerdanne était là, elle aussi, pour l’accompagner vers Sadnezz et lui montrer le chemin vers la Belladonne qui les liait. Puis Annelyse, la beauté, le piquant et la noblesse d’une rose, la fille qu’elle n’a jamais eue mais qu’elle aurait aimé considérer comme tel.

Ils étaient tous présents pour rendre son corps à la nature, pour l’enfermer dans sa dernière demeure. Oui, elle y serait bien. Après tout, elle n’avait fait que quitter son enveloppe corporelle. Son âme était toujours présente, dans les airs. Elle était la terre, l’eau, l’air, le feu, elle était Tout, autour d’eux. Le trou était creusé pour l’accueillir, enfin.

Un vent fort souffla et se glissa dans leur dos. Il était l’heure de dire Au Revoir. Mais qu’ils se rassurent, ce n’était pas un Adieu ; chacun portait une partie d’Elle en eux. Il suffisait qu’ils ferment les yeux pour le comprendre, le sentir, pour ressentir sa présence, comme l’Ange Gardien dont ils auront besoin.

Ne vous inquiétez pas, je suis toujours là, je veillerai sur vous.
A tout jamais.




                « Les morts sont des invisibles, mais non des absents. » - Victor Hugo





"Un autre jour dans ce carnaval des âmes
Une autre nuit s'installe à la même vitesse qu'elle s'en va
Les souvenirs des ténèbres, de l'encre sur la page
Et je n'arrive pas à retrouver mon chemin"
[...]
"Tous les endroits que j'ai visités et les choses que j'ai vu
Un million d'histoires qui ont fait un million de rêves brisés
Les visages des gens que je ne reverrai plus
Et je n'arrive pas à retrouver mon chemin"
Far From Home - Five Finger Death Punch
Gianni.pole
...Ils sont venus Ils sont tous là, dès qu'ils ont entendu ce cri ...Même...

Regarder, scruter, épier...Ne pas se faire voir...Mais par qui ?

Accroupi à même le sol humide, une large cape l'enveloppant, Gianni Pole observe le cortège funèbre, sans se montrer.
En la cité de Cahors, il avait reçu divers pigeons, tous relatant ce fait, ce drame pour la famiglia Corleone..
Rodrielle n'est plus.

Rodrielle ? Cette femme qu'il avait si peu connue, parfois aperçue, assise en son coin en taverne, cette femme qu'il n'avait osé approcher, comme il n'avait osé approcher l'homme, celui qui était responsable, en partie, de sa venue sur cette terre...

Ses yeux de furet balayent le scène...Il les observe mais ne peux avancer.
Une furtive requête, une pensée fugace, celle d'être plus proche, de partager cette funeste ambiance..Ses sentiments restent confus. Il reste en sa position.
Il cherche du regard les jumeaux...de son poste, ne les voit pas...Mais aperçoit la rouquinette, repliée en ses tristes pensées, il soupire, les lèvres pincées. Comme il voudrait lui tenir la main...
Apercevoir les autres qu'il a cotoyés et d'autresqu'il ne connait pas...
Et lui, là, l'homme, ce géant à ses yeux, celui qui a certainement oublié, qui a certainement autres pensées prioritaires en ce triste moment ...


Qui es tu toi ? Il ne peut se répondre. Ce qu'il peut se dire, c'est qu'il n'est plus le même, ces quelques mois de solitude en Cahors ont fait de lui un solitaire, un être sans vraiment de passé, et sans passé comment se construire ici bas un avenir...
Que reste t'il du gamin enjoué, heureux et fortement naïf ?
La pluie traverse le fin tissu de sa cape, il ne sent plus son corps...Engourdi, il se redresse lentement, pose ses yeux sur la dernière chaumière de la bien nommée Rodrielle.

Au revoir Madame...

Il n'aura certainement pas autant d'hommages pour son ultime voyage.

Enfin, il se décide, ramasse sa besace. Décidé et sans trop réfléchir, y puise en ses trésors, y attrape une médaille, héritage de sa génitrice et sans regret, sans un regard, la laisse choir en cet endroit.
Un cimetière des âmes est aussi bon pour les souvenirs sans fondement.

Un moment d'hésitation, le dos courbé, il ne se retournera pas...
Perdre son regard embrouillé vers l'avant, haussement d'épaules, le bras balayant la pluie salée sur son visage.
Sans égard en ses propres sentiments, il ordonne ses pas.

Et demain, une autre histoire, la naïveté gardant les secrets restants bien au chaud.

_________________
Laell
Ainsi c'était vrai...

Elle n'avait pas été au chevet de Rod lors de son agonie. La rumeur était parvenue jusqu'à elle mais n'avait pas percé les limbes de ses errances. Depuis le début de l'été son âme se torturait sans cesse. Elle était loin aujourd'hui la jeune femme insouciante que rien n'ébréchait. Le temps et la vie s'étaient ligués pour lui offrir tant de choses qu'aujourd'hui elle perdait. Comme il lui semblait loin le temps où rien n'avait de prise sur elle. Le temps où elle parcourait la campagne dans le seul but de trouver une autre victime et une taverne où dilapider son butin.

Des mois plus tôt comme l'ensemble de la famille, elle avait répondu à l'appel de la Matriarche et s'était hissée, avec l'appui de celle qui était devenue sa femme, aux cotés de Rod, la secondant comme elle même avait secondé Sad auparavant. Tout s'était mit en place au fil des mois. Prenant la tête des mairies quand le Maledic avait fait son apparition s'attachant à la cheville de sa mère comme un boulet indéfectible. L'Italienne avait gagné en fierté, peut être même en orgueil, ce qui finalement l'avait rendu vulnérable. Plus jamais elle ne devait faillir. Et même si jamais ce n'était arrivé, le simple fait de se l'interdire rendait la défaite possible. Comme une fissure dans son assurance, les sentiments avaient grandit. Elle qui n'avait jamais rien eu à perdre jusque là se heurtait à la réalité. La disparition de sa frangine l'avait affectée bien plus qu'elle ne l'avouerait jamais. Sa femme partie au front sans un mot, sans une lettre, alors qu'elle partait à la recherche de la blonde lui avait donné le coup de grâce. De là était née la colère, colère qui avec le temps avait mué en douleur. Torture de l'âme indescriptible qui chaque jour grignotait un peu plus ses forces.

Aujourd'hui elle était là, solitaire, entourée uniquement par les tombes ornant le sol du cimetière. Ce cimetière foulé la première fois pour l'enterrement de celle qui avait payé de sa vie le meurtre d'une Reyne. Visité une seconde fois en compagnie d'Enjoy pour lui parler d'elle. Les autres étaient regroupés autour de la Gargouille. Elle se tenait au loin. Tiraillée de toutes parts, elle ne s'approcherait pas. Elle n'irait pas creuser et ensevelir le pilier de la Famille une nouvelle fois. Elle avait eu le courage de porter le corps mutilé de Sad quelques années plus tôt mais le poids des responsabilités qui lui faisaient face aujourd'hui était trop lourd pour elle pour le moment. Ses démons l'entouraient et prenaient possession de son âme. Elle se sentait bien trop faible pour montrer son visage aux autres. Sous l'égide de ses tantes, elle avait apprit, ne jamais montrer qu'on peut fléchir à ceux qu'on guide, ne pas laisser l’occasion aux dissensions de prendre de l’ampleur.
Elle n'avait pas accouru, ni traversé le royaume à la vitesse du vent comme c'eut été le cas à la mort de Sad. Non pas qu'elle ne respectait pas autant la Tatoué, non... Mais le poids de cette mort était bien plus lourd de conséquences. Bien sûr qu'elle avait rêvé de ce jour où elle prendrait pleinement les rênes. Bien sûr qu'elle se sentait l'âme de mener le Clan vers la destiné qu'il s'était choisi. Mais tout devenait réel alors même qu’elle s’effondrait.

Laell resta un long moment assise sur la pierre froide qui recouvrait le corps sans vie d'un quelconque inconnu. Inconnu qui sans doute avait lui aussi laissé un vide dans le coeur de ceux qui l'avait connu. Qu'avait-il fait de grandiose dans sa vie pour mériter une place bien en vue ? Avait-il autant brillé que les deux Corleone à présent cote à cote dans la mort ?
La pluie tombait toujours, sa cape s'était imbibée laissant les gouttes atteindre sa chevelure, ruisselant maintenant comme des larmes sur ses joues. La morsure du froid commençait à dévorer le corps immobile de la Brune. Tremblante sur la roche taillée, son esprit se vidait peu à peu. Elle n’était plus que l’ombre d’elle-même. Sa force reviendrait sans nul doute. Son âme continuerait à se battre contre les affres de la vie. De nouveau elle saurait transformer sa seule faiblesse en souffle de vie.

Les prunelles fixées sur le petit groupe, ses lèvres se descellèrent un instant laissant passer son souffle.

Rod, soit en paix, comme tu l'as fait après Sad, je veillerai sur notre famille. Notre nom vibrera encore aux quatre coins du Royaume. Je vous le promets mes tantes. Les Corleone vivront encore longtemps.

De nouveau, naquit dans son regard cette étincelle qui lui était propre. Il lui faudrait encore un peu de temps mais Laell reviendrait plus forte qu'avant, prête à assumer le rôle qui était le sien dans la grandeur du Clan.

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Umbra
[Et si tu prie pour mon Salut,
Fais-le en silence.
Je ne veux pas être le cocu
De ta dépendance.]
*

Ils étaient là petits et grands, il n’y a pas d’âge pour un enterrement. L’Ombre s’avança de quelques tombes, toujours voilée de la tête aux pieds. L’averse bruyante noyait sa venue et toujours en retrait d’une dizaine de pas, elle observait les faciès moroses. Certains y allaient de leurs promesses, d’autres de leur silence parlant mais ce qui choqua le plus, Umbra, c’est qu’aucune larme ne fut versée. Peut-être la pluie battante accompagnait-elle trop bien leur tristesse et dans le fond, c’est ce qu’elle espérait. Avait-il tous trop de fierté pour pleurer ici et maintenant ? Les iris de jais balayaient l’assemblée et l’unique question qui lui vint fut : étaient-ils réellement soudés ?

Pourquoi chacun demeurait-il dans son coin ? Pourquoi personne ne soutenait-il l’autre ? Pourquoi restaient-ils plantés là ? Pourquoi ne se parlaient-ils pas ? Le froid, les Corleone se l’ordonnaient eux-même. Tous se muraient dans leur propre deuil sans aider son prochain à en sortir. Comment pourraient-ils se reprendre en main si aucun d’entre eux ne tendait la sienne à un autre ? Certes à l’appel du combat, ils répondaient tous présents mais voilà ce qu’était la Famiglia quand sonnait le glas. L’œil sombre jugeait, méprisant. Quelle honte pensait-elle intérieurement à les voir se terrer dans leur mutisme égoïste.

Ils étaient là petits et grands, sans limites à leur accablement. Les visages renfermés défilaient sous le regard accusateur de la Noiraude. Qu’attendaient-ils bon sang pour se réveiller ? Elle aurait voulu rompre ce silence pesant et inutile, elle aurait souhaité les libérer du fardeau qu’ils s’imposaient tout un chacun, elle aurait aimé briser les murailles où ils se cloitraient en solitaire. De son unique bras, Ombeline aurait attrapé celui du premier venu pour coller sa main dans celle d’un autre. Dans l’ombre d’un troisième, elle se serait glissée pour le relever. A l’oreille d’un muet, elle aurait chuchoté.

Oui mais voilà…Elle aussi perdurait là. Isolée dans un recoin du tableau, elle se figeait parmi les autres, inerte et le cœur gros. Sa dextre libéra la bouteille de la sacoche et la lâcha dans la boue environnante. Tout doucement, le verre s’enfonça dans la glaise et la Bâtarde, sans un bruit, rebroussa chemin vers la Cour.

Petits et grands, ils étaient là. Il y a des choses qui ne s’expliquent pas.


* Paroles de Six pieds sous terre de Manau.

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Aevil.
Sa dernière demeure fut creusée, déjà abîmée par la pluie, rendant boue cette terre qui recouvrira son corps pâle. Aevil grimpa à la surface, jetant plus loin cette pelle qui pesait trop lourd pour lui, à présent. Il allait doucement, très doucement, pour ralentir ce moment fatidique où il l'enfermerait pour toujours à l'intérieur. Trop dur. Trop tôt. Pourtant, il fallait le faire... Les autres membres du clan, de la Famiglia, restaient là, muets. Chacun se complaisaient dans leur tristesse, dans leur dernier hommage.

C'est l'heure.

Lourdement, ses pas se dirigèrent vers l'italienne allongée, le corps trempé. Sans faire attention à ceux qui se trouvaient là, le Balafré s'accroupi aux côtés de sa soeur, dégageant son visage, tentant de retirer toute la pluie venant gâcher sa beauté brute. Qu'elle était belle, sa petite soeur, son coeur, son amour. Qu'allait-il faire sans elle ? Qui allait le disputer, le rappeler à l'ordre lorsqu'il se fait trop absent ? La barrière s'effondra alors. Les larmes salées se mêlèrent à la douceur de la pluie sur son visage balafré. Il l'avait perdu...


Perdonami. Dovevo proteggerti

Son visage glissa alors dans le cou glacé de l'italienne pendant quelques secondes. Puis Aevil se redressa, entraînant Rodrielle dans ses bras. Les derniers pas avec elle. Ses bras tremblaient, le geste était trop douloureux. Mais il gardait la tête haute, tentant d'être aussi fier que sa soeur l'aurait été. Le Balafré retourna ensuite dans la tombe pour y déposer délicatement le corps inerte de l'italienne avant de rejoindre les autres.

Un regard aux présents, puis il commença à la recouvrir de terre.
A présent, son visage sera gravé dans les mémoires ; la Tatouée n'est plus.

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Ernst.
[Belle viens voir si les heures c'est le temps qu'il saigne*]


Il est des temps pour tout et des temps pour rien. On pourrait en faire une suite longue comme l'avant-bras, et encore, ce fut court. Ernst avait été présent au mariage d'Enjoy. Ce fut une fête dont il se rappelait peu de choses. Le temps avait passé. Il se rappelait sa fille dans un tonneau de bière, récalcitrante à l'heure du coucher. Il se rappelait d'Enjoy mais pas de la mariée, peste soi de lui. Il se rappelait du lieu mais pas de l'heure. Il se rappelait de l'endroit mais pas de l'envers. C'était du Ernst et du Corleone. C'était tout un tas de choses, liées entre elles et si différentes. Autre temps, autres mœurs.

Des broutilles en sommes mais un même nom de famille. O pas le sien nom, trop germanique pour être françois. Trop étranger pour être d'ici. Corleone suffisait. C'était bien assez pour les faire trahir. Ernst n'avait pas accepté. Ce ne fut qu'un détail, rien de décisif. Une goutte d'eau parmi le reste de l'océan. Pourtant, un lien s'était tissé entre la famille C et la famille von Z. Ce genre de lien indescriptible et inaliénable. Pas encore de la confiance mais cela existait-il seulement? Difficile question.

Il n'y avait que le blanc des yeux, mort ouvif, qui pouvait différencier ceux qui se comprenaient des autres. Lui, le rhénan aux poches pleines, eux, les innocents aux mains de même. Une belle image digne de la hérauderie. Un blason à faire, un jour. D'ailleurs, un bourgeois riche à s'en faire damner était-il mariable à une va-la-dague-à-la-main sans le sou? Probablement que oui. Cela restait-il a prouver. Dans tout cela, Ernst restait immobile, affecté, devant la tombe d'une matriarche qu'il regrettait ne pas avoir connu. Il s'agenouilla simplement, sans fioriture, puis regagna l'entrée du cimetière. Une prière aux dieux ... Comme on dit
.


* Soan - No Pasa Nada
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[En cours]
Tord_fer
Le Borgne n'avait appris que tardivement la mort de Rodrielle, et plus tardivement encore ou était entrée le corps.De toute façon, les enterements il n'aimait pas cela. Lui qui avait appris à craindre dieu, avant de le hair.
Il preferait etre seule pour ces choses là.
Il n'avait rien à dire. Les morts ne parlent pas de toute façon, il tenait juste à voir.
Il se rendit au cimetiere de la cours comme bien d'autre avant lui. Il ne voulait pas lui rendre hommage, ce n'était pas de son temperament, mais il respectait cette ritale à qui il avait sacrifié son corps en l'échange d'un C marqué au fer rouge.

Il ne mis pas longtemps à trouver la tombe ou la terre plus fraiche que les autres se ditinguait par la couleur. Pas de fleur, pas de mots, pas d'hommage. Il ne s'agenouilla pas non plus devant cette tombe. Il se contenta de la regarder et de lire le noms. Rodrielle Corleone.
Il resta ainsi quelque minutes face a cette pierre, le vent lui fouaitant le visages. Il avait toujours du vent dans un cimetiere. Peu etre est ce les âmes de ces corps qui s'envolaient.
Tord n'était pas vraiment porter religion, ou du moins il ne l'était plus Et quand à ce qui se passer apres la mort, il n'avait pas vraiment réfléchit à la chose, et s'en moquer bien.
Cette mort lui fit juste prend conscience du temps qui passe. Du temps qui ne l'avait pas encore pris malgré son âge.
Il repensa à tous ceux qu'il avait perdu.
Il inclina legerement la tête vers la tombe de Rodrielle et tourna les talons.
C'était ça façon de lui rendre hommage.

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