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[RP] Les étuves de Nancy ou bordiau du St Abandon

--Mahault
Bains publics, bordiau de la Capitale, lieu de débauche pour les aristotéliciens et les autres, ou de retrouvailles des corps en paix, lieux de papotages et d'amour, lieux d'oubli...les étuves sont entretenues par les autorités, les évêques,ou de très hauts personnages et autres nonnes du Royaume qui perçoivent les fructueux loyers de la maison...
Les filles doivent se faire contrôler par les nonnes de la ville pendant une retraite spirituelle afin de prouver leur bonne santé pour pouvoir égayer ensuite leur clientèle...
Chaufferies, cuves, mais aussi chambres et literies s'alignent dans cette grande maison...accueillante, avec cheminée imposante et cuisine débordant d'activité...
Les ribaudes harcèlent gentiment les honnêtes gens , les racolent dans les tavernes et les amènent ensuite au bordiau où l'on festoie avant de gagner les chambres...Le prostibulum publicum, la maison lupanarde de Nancy est connue comme celle de Toul, Dijon ou Lyon...Certaines ribaudes plus courtisanes par choix,traversent les Royaumes pour aller d'étuves en étuves comme Mahault, ayant voyagé de par le monde et notamment les villes de Venise et Florence où l'art de l'amour règne en maître...
Les Nancéens y trament des complots ou parlent de politique tout en savourant qui, un sein, qui une cuisse ou des fesses galbées...la vie pourrait être pire...
--Mahault
Le St Abandon est toujours là !
Pour relire une partie des tribulations des hôtes de ces lieux, venez ici: http://www.univers-rr.com/RPartage/index.php?page=rp&id=3100 , et savourez!!!



Mahault riait tout haut des écrits d'un moine bien connu de tous qui venait régulièrement au St Abandon et ne pouvait pas s'arrêter de transcrire tout ce qu'il entendait sortir de la bouche des filles; c'était comme une maladie qui le tenaillait, même en dehors du couvent, il devait tenir la plume qui ne chancelait jamais, vivant sa propre vie, faisant jaillir à profusion son encre.....C'est ainsi que Mahault lisait:

Archives de la maison des filles...

Réveillée par un bruit de brouhaha de foule, Mahault s'extirpa de son lit froissé sous lequel embaumaient des plantes séchées, se frotta les fesses, ouvrit la porte de chez elle et vit toute une foule attroupée.
D'où elle était, elle ne pouvait pas voir quel était le fou du roi du jour...Et surtout, son esprit arrivant en même temps que sa faim, c'est pas dans cette rue qu'avait lieu le marché aujourd'hui...
Elle referma la porte, et monta un étage. Ouvrit la fenêtre, se frotta les yeux, et vit que des hommes principalement, encerclaient une fille debout sur un tonneau qui cherchait à se vendre.....
Son sang ne fit qu'un tour:

Ehhhhhh!!!! OOOOHHH!!!
Catin du jour !!!! Quelle fourbe!!!
Catin de nuit!!!! On jouiiiiit!!
Sombre chèvre déloquée!!!! qu'oses-tu faire à la profession!!!!Espèce de salisson!!!!Putain déshonnête !!!
D'accord, les pécheresses sont absolument nécessaires à la Terra, mais choisis ton heure!!! Tu voles la clientèle, égalité dans les oeuvres!!!Travaille en bordiaux, non point au vu de tous!!! Puterelle novice!!! Tu vas descendre de ce tonneau, oui?????????????
Et respecter les règles ? Orde Ribaude !! Viens-là céant, te faire reluire les attributs ailleurs qu'en la place ou je te les fesse devant tous!!!
Laisse les putiers avoir envie de nous à la nuit, et ne t'avise plus de tenter les panses à cette heure de la journée!Tu entends ????????????En plus tu m'as l'air yvroigne , pas bon du tout pour notre réputation, mal t'en prends! Même les moines trouvent que c'est oeuvre sainte, pie et méritoire, mais de grâce , Vilaine!!!
Pas en plein soleil, et viens te joindre à nous, en égale !!!!

Mahault toussa un peu, se râcla la gorge, ayant un peu trop hurlé, descendit un étage, ouvrit la porte, et dans le plus simple appareil dit:

Sache, ô pucelle extravertie de Nancy, que vivre du commerce de ses appâts en pleine lumière, et complètement avinée nuit au commerce des putains averties!!! tu nous prends le perdreau dans la bouche...
Tu es ivre et tu sens le tonneau sur lequel tu campes!!!!
Nous respectons les règles que les grands de ce monde nous ont obligé de suivre pour ne pas fermer les bouges!!!
Si tu t'y prends autrement, nous allons avoir des problèmes avec nos meilleurs oisillons nobles ou cléricaux!!!Sache que Mahault est connue jusqu'en Avignon, et jusque dans les étuves de Lyon pour être femme de goût !!! N'avilie pas ce métier davantage, et respecte le mâle en te respectant toi-même!
Aime, mais aime sans débordement de vinasse !!!
Je crains qu'à cette heure, tu ne puisses plus penser raisonnablement...ou même comprendre ce que tous te disent...


Mahault pensait que ce moine était tout de même incroyable!!Toutes les expressions, il les avait notées, n'oubliant aucun terme truculent, comme un musicien à l'oreille fine, une fouine des mots...Elle continua sa lecture (il y avait bien dix pages retranscrites par ce moine génial)...
--Ludivine.


Ludivine ! Lou pour la plupart des gens qui la connaissent. Seize ans, sale, apeurée et affamée. Il n'a pas fallut grand chose pour que la brute la maitrise. Depuis l'avortement et l'hémorragie, elle est plus faible qu'un chiot nouveau-né ! Son histoire ? Bah ! Semblable à la plupart de celles des petites paysannes pauvres de l'époque !

Douze ans ! C'est l'age où les fillettes entrent au service d'une maison. Être l'ainée de sept enfants, sept bouches à nourrir, vous oblige à trouver du travail de bonne heure. Son père la vend alors contre une petite bourse à une famille de basse noblesse qui a besoin de mains pour les taches les plus viles. Et si la fillette s'en sort plutôt bien, pendant presque deux années, malgré les coups et les privations, c'est sans doute du à un miracle. Jusqu'au jour où ....

Le baron, le grand ami du maitre dont elle n'arrive pas à retenir le nom, le baron arrive pour passer deux jours de chasse en compagnie de la maisonnée. Pour elle, ça ne change rien ! Un peu plus de travail, des nuits un peu plus courtes, la routine. Mais voila, la routine est faite pour être brisée et sa vie aussi !
Le maitre a décidé, grand seigneur, de fournir une couche chaude et accueillante pour son hôte, et c'est Lou qui doit s'en occuper. Le maitre a bien déjà eut quelques "attentions" envers la fillette mais la maitresse avait l’œil, et puis il semble peu attiré par le manque de formes de la fillette. Il faut avouer qu'elle cache bien son corps sous des vêtements trop grands, récupérés chez les autres domestiques.

Trois nuits ! Trois nuits seulement et pourtant les plus longues, les plus effrayantes de sa vie ! Les plus terribles, mais moins que ce qui en découlerait. Le baron avait apprécié, avec brutalité, comme un pourceau, le cadeau de son hôte et ne s'était pas privé d'en profiter. A son départ, l'enfant n'était plus, il y avait à sa place une jeune fille meurtrie, muette, au regard vide. Et quelques mois plus tard, quelques nausées en plus, la maitresse avait été informée par une langue acérée de la domesticité que la petite était engrossée. Il n'avait pas tardé qu'elle soit jetée à la rue.

La cuisinière, grosse femme rougeaude, compréhensive et affligée de la situation de la jeune fille, lui conseilla une sorcière, une "faiseuse d'anges" .... La douleur, encore et toujours, le sang comme s'il ne s’arrêterait plus. Puis la rue, le froid, la faim, la mort que l'on appelle de tous ses pores.

Mais la faucheuse n'était pas venue et lui avait envoyé un type, osseux, malfaisant, la figure rongée par une vérole ancienne. Il l'avait menacée, lui avait tordu les bras et lui avait dit de la fermer et de le suivre. Les pieds trainant, les gifles volant, il l'avait jetée dans une cave.....

Et le temps s'était arrêté !
--Ludivine.


Des heures ....Des jours .... Elle ne se souvenait pas. Tout ce que sa mémoire lui disait c'était qu'elle avait faim, soif, froid loin du soleil. Recroquevillée sur elle-même, elle attendait quelque chose, un bruit, un signe.

La porte s'ouvrit violemment et elle ferma les yeux sous le flot de lumière qui entra. Elle sentit qu'on l'attrapait fermement par un bras pour la trainer dehors. Elle tenta d'ouvrir les yeux et aperçut une grosse femme, une matrone, en bras de chemise, le tablier noué sur sa grosse panse.


- Toi ma fille, tu es plus crasseuse que l'pire des porcs d'la ferme d'à coté ! Tu vas prendre un bain et j'te donnerais un bout d'pain ......Mais je veux point entendre un seul mot ! C'est compris ? Qu'tu ouvres la bouche une seule fois et tu retournes au trou !

Sur elle avait compris ! Et c'est toujours aussi muette, comme elle l’était depuis des années, qu'elle se laissa laver, frotter, de la tête aux pieds,sans ménagement par la grosse femme. Puis elle lui refila une robe de lin qu'elle enfila et se jeta sur le bol de soupe qui accompagnait le pain. Son destin avait-il décidé de prendre le chemin de la lumière ? Elle le crut ...... Un instant, juste un instant !

L'homme à la face criblée de trous entra dans la pièce et lui jeta un regard noir.


- Qu'est ce qu'elle fout là ?

- Ben, écoute, tu connais le bordel du Saint Abandon ? Regarde la .... T'sais combien ils nous donneront pour elle ? Une bonne grosse poignée d’écus. On va lui trouver une robe, puis on ira la marchander. Qu'est ce t'en dit ?


L'homme fit un geste de la main, puis sembla abandonner la partie.

- Qu'elle soit prête dans une demi-heure ........

Il devait être parfaitement organisé car le temps écoulé, il se repointa. La jeune fille, tassée sur le sol près de la cheminée, sursauta et se colla contre le mur. Il marcha sur elle, lui agrippa le bras et la tira fermement.

- Tu ne pipes pas un mot ! Compris ? Tu fais un seul faux pas, un seul mouvement suspect, un seul cri et tu rejoins ton bon dieu !!!

Ses yeux noirs la brulaient, la transperçaient, si fort qu'il lui semblait qu'ils lui faisaient mal. Elle baissa les yeux pour qu'il ne voit pas les larmes qui y perlaient. Puis il l'entraina à l’extérieur, ils longèrent quelques rues, elle ne savait même pas où elle se trouvait. Puis il frappa à une porte arrière d'une maison sombre.

- La Mahault !!! Ouvre, bon sang !!! Magne toi !!!
--Mahault
Oh, gredin, tu sais ce qu'elle te dit La Mahault ????

Une voix répondit du tac au tac aux coups de poings sur la porte...

Y a-t-il mort d'homme ?
Un gentilhomme prêt à jouir des beautés intérieures, de musique, de chants onctueux et de poèmes doit savoir attendre...


Personne n'ouvrait, mais la voix de Mahault continua:

Sache que nul homme ou femme ne peut rentrer ici, s'il ne respecte pas quelque bienséance qui sied aux dames et à l'ambiance de ripaille ou de langueur, selon les soirs, nécessaires au bien de tous...
Calme ton impatience ou je laisse porte close, ta colère nous importune !


Sur ce, on n'entendit plus rien.
--Ludivine.


La face à trous maugréa entre ses dents, peu lui importaient les catins qu'il pouvait y avoir dans son "palais" à la Mahaut. Il ne déboursait jamais un sou pour tremper sa trique, la vieille à la maison faisait toujours l'affaire s'il ne trouvait pas une p'tite écervelée à trousser.

A propos d’écervelée, il avait toujours la gamine à la main. S'il voulait faire affaire avec la tenancière, mieux valait lui obéir et il baissa d'un ton.


C'est le maraudeur, j'ai que'que chose pour toi ! Ouvre donc qu'on cause affaire !

Il serra un peu plus sa poigne sur le bras et répéta son ordre à la bougresse.

Pas un mot toi sinon ...

Il passa son doigt sous sa gorge, histoire de lui faire peur. C'est qu'elle n'en menait pas large la Lou, n'y avait-il moyen qu'on la laisse en paix, qu'on la laisse mourir dans son coin, seule, tranquillement. Son regard fuit sur les cotés, peut-être que le temps qu'ils discutent sur le pas de porte, elle aurait l'occasion de s’échapper......
--Mahault
Le marau........!!! Mahault faillit s'étouffer...Il avait bien du toupet de venir frapper à la porte du St Abandon...avec la réputation de gueux qu'il avait....Personne ne l'avait jamais laissé entrer, vu l'odeur qui s'exhalait de lui....et les affaires pas très claires dont il s'occupait.
Et quelle affaire veux-tu que je trame avec toi.....Je n'en vois aucune possible....Qu'est-ce qui t'amène ?

Mahault n'en pouvant plus de curiosité, monta quatre à quatre un étage et se pencha doucement de la fenêtre...et elle vit .....une jeune fille apeurée qu'il maintenait fermement...Elle avait l'air de vouloir fuir, et elle n'avait pas de chausses.

Elle redescendit, pour parler derrière la porte cadenassée.

Dis-moi en quelques mots ce que tu veux. Tu sais que je ne t'ouvrirais pas, tu pues trop, lourdier, et les nonnes tiennent à ce que leur principal apport de revenus ne tarisse pas et que leurs ribaudes "assermentées"... ahh ahahaha -Mahault gloussa en hoquetant, aient une santé irréprochable...Que veux-tu?
--Ludivine.


On entendit des pas lestes descendre quatre à quatre un escalier puis la voix vint distinctement de derrière la porte. Roublard, il se voyait déjà entrer et se retrouver face à la Mahault bien aguichante, fallait l'avouer. Il l'avait déjà reluqué plus d'une fois et il aurait bien mis une main ou deux quelque part .....

Bref ! La petite maline voulait marchander à travers la porte. Quoi ? Comment ça, le maraudeur pue !!??!! Il leva le bras qui ne tenait pas la drôlesse et se fourra le nez dessous. Grimace ! Ouais, c’était vrai que le dernier bain remontait à quelques temps déjà mais ce n’était pas son parfum de rose qu'il venait offrir.


Dis donc ....T'aurais pas b'soin de quelques donzelles en plus dans ton "poulailler" ? J'ai là avec moi une mignonne, tout bien comme il faut, et même qu'elle est jolie ! Je te fais un prix d'ami ! Que dis-tu d'une cinquantaine d’écus ? Ouv' donc et r'garde la, elle les vaut. Tu s'ras vite remboursée !

Il grinça des dents, espérant bien repartir avant la nuit, avec une poignée d’écus dans la poche.
--Mahault
Ecoute bien , le "maraud......deur", les filles, ce sont les nonnes qui les choisissent....
Alors, tu files la présenter derrière l'église,au couvent, une petite retraite spirituelle te fera le plus grand bien, ahahah...
et elles l'ausculteront comme il se doit, de leurs mains bénissantes, ahaahaa, et elle reviendra ici, avec l'insigne le prouvant....
Tu gèreras la tractation avec la papauté!!! héhééhhé...
Je m'en lave le ....
Bonne chance ! elles ont l'oeil, les religieuses, pour voir si tu l'as bien traitée, ta donzelle !
--Ludivine.


Devant chez Mahaut

- Sacrée garce !!!

L'insulte avait été marmonnée entre les dents mais surement suffisamment forte pour qu'elle entende à travers la porte. Le maraudeur continuait de maugréer dans sa barbiche, tentant de prendre une décision.

Que faire d'elle ? La maquerelle n'avait pas voulu payer, et la gamine lui avait déjà trop couté ! La laisser là, sur le pas de la porte ? Pourquoi pas après tout ! Dommage que les esclavagistes ne passaient pas par là, il en aurait peut-être tiré quelques pièces.

Soupir !

Et si la vieille bique qui dirigeait les ursulines en avait pitié ? Il pourrait se faire passer pour un bon samaritain et demander une petite compensation pour avoir "sauvé" la drôlesse ..... Hummm, idée pas si idiote ! Enfin pour une cervelle aussi abimée par l'alcool que la sienne !

De nouveau, la pauvre Lou était refoulée du pied. De nouveau, elle était malmenée, tiraillée par un bras, trainée dans la rue pour aller elle ne savait où.


Le couvent des Ursulines

Un cloitre ... ou quelque chose s'y rapprochant. Elle ne savait pas lire et ne put déchiffrer les signes sur la porte. La face de passoire toqua la porte, ôta la "bouse" qui lui servait de chapeau, et sourit à la sœur qui ouvrit la petite porte dans la grande.

Mensonge, manipulation, tromperie. Il savait y faire et moins de cinq minutes plus tard, ils se présentaient tous les deux devant la mère supérieure. Vieille pour sur, l'air point aimable, des yeux petits et enfonces qui semblaient vous transpercer pour fouiller votre âme lorsqu'ils se posaient sur vous.


- B'jour, m'dame, que j'vous explique. V'la t'y pas qu'hier au soir, c'te pauvresse tombe devant l'pas d'ma porte. Vlan, comme que j'vous l'dis. Moi, pis ma femme, on a pris soin, on lui a donné une bonne soupe, pis du pain, pis même c'te robe qu'é porte ! Mais z'avons pas les moyens, vous comprenez, m'suis dit que vous vous pourriez mieux l'aider.

Un sourire édenté fini son élocution quelque peu difficile à comprendre par la mère supérieure. Lou, tête baissée, priait intérieurement que la femme accepte et la prenne avec elle. Après tout, il ne devait pas être pire d’être bonne sœur que morte de faim dans la rue !

- Humm !

La vieille nonne se redressa sur son fauteuil.

- Nous ne faisons pas la mendicité à l’intérieur du cloitre. Ici, nous n'avons que des jeunes filles de bonnes familles qui vont prononcer leurs vœux, ou au moins vont être de parfaites épouses en sortant.
Cette jeune personne n'a rien à faire ici.


Une pause, un blanc, le cœur de Lou s’arrête et elle sent les larmes revenir à ses yeux.

- Cependant .... Le moins que je puisse faire c'est l'aider à trouver un toit et un travail.

Elle venait de se dire que plus de filles dans la maison de Mahaut, serait plus de revenus pour le cloitre. Elle se leva d'un mouvement alerte et s’avança vers Lou, en fit un tour, la main sur le menton.

Le maraudeur, filou de son état, pouvait sentir le coup venir de loin. Comment en retirer quelques pièces, là était le plus compliqué.


- Comprenez qu'j'ai investit, il s'rait bien que j'récupère au moins ça !

La mère supérieure empoigna la robe deux fois trop grande que Lou portait et la lui retira d'un geste vif. Puis elle la jeta à la tête du bouc.

- Prenez votre bien et partez, avant que je ne vous fasse chasser et arrêter pour esclavagisme !!!

Lieux saint ou non, le maraudeur pesta encore et encore, jusqu'à ce qu'il fut à l’extérieur de la place forte. Il n'avait finalement rien gagné sur cette petite gueuse, mais son regard fouillait déjà les rues à la recherche d'un nouveau coup facile.

A l’intérieur du couvent, la femme pieuse avait convoqué une sœur infirmière qui avait fait passer un examen physique à la jeune fille, toujours muette. La seule chose qu'elle avait prononcée était son nom : Lou.

Puis elles l'avaient habillée d'une robe noire de novice et lui avaient donné des sabots.


- Faites préparer le coche et qu'elle y monte, je serais prête dans dix minutes.

Retour chez Mahaut

Deux coups légers furent émis sur la porte du bordel, mais la nonne était certaine que du haut de son perchoir, l'oiseau de nuit avait aperçu le coche arriver. Elles attendirent en silence que la jeune femme vienne leur ouvrir.
--Mahault
Mahault jouait de l'épinette des Vosges, comme à son habitude, corsetée d'en haut et nue d'en bas, l'épinette ne glissait pas sur ses cuisses nues...
Le plectre allait et venait sur les cordes, faisant vibrer les basses, et le bâtonnet appuyait sur la touche, faisant sa petite plainte du bois sur le métal...

Mahault entendit un coche s'avancer et s'arrêter devant le bordiau...le cheval s'ébrouait...Elle s'arrêta de jouer, se pencha par la fenêtre, les pommes douces à croquer...les clients savouraient la vue de l'abricot mais patientaient pour pouvoir encore l'entendre chanter, ils savaient qu'en fin de compte, ils auraient gain de... plaisir

La nonne ! Bon sang ! elle n'a pas prévenu....Serait-ce déjà le gredin qui a réussi à vendre sa pauvre fille ?


Mahault attrapa une jupe qui traînait là, l'enfila plus vite qu'un sac de blé pour une course en sac et ouvrit la porte:

Bonsoir à toi ! Abbesse ! Que me vaut l'honneur de ta visite ? Nous nous sommes pourtant déjà vues il y a peu pour nos affaires...
--Ludivine.


Sur le coup, la pauvre Lou se dit qu'il valait mieux être avec une femme, au moins celle la, elle refusait catégoriquement de la toucher. Bah quoi ? Elle n'était pas lépreuse la gamine ! L'avait pas la peste non plus ! L’était juste une pauvre fille de la rue, vendue par son père, violée par un noble, trimbalée dans une ville de lorraine par une tronche de crapaud vérolé et finalement escortée d'une nonne !

Bref, Mahaut ouvrit la porte et la jeune fille baissa la tête, la rentrant dans le col de la robe noire comme si elle pouvait y disparaitre. La mère supérieure prit la parole, sèche et indispose de se trouver en ce lieu alors que ce n’était pas le moment.


- Je sais, Mahaut, je sais .... J'ai reçu une visite désagréable et un cadeau dont je ne sais que faire.

Elle donna une poussée dans le dos de Lou qui trébucha sur le pas de la porte et entra un peu malencontreusement en collision avec Mahaut.

- Cette pauvre fille n'a ni toit, ni famille, et j'ai pensé que tu pourrais l'embaucher, je trouve que les revenus des étuves sont bas depuis quelques temps. Évidemment je l'inclus dans nos comptes. Elle est propre mais pas pure, c'est certain. Elle dit s'appeler Lou, nous n'avons rien pu tirer d'autre de sa bouche, et je ne pense même pas que ce soit son vrai nom.

Elle fit deux pas en arrière comme pour s'en aller.

- Apprend lui le métier, mais si elle ne fait pas l'affaire, je ne veux pas en entendre parler. Débrouille toi pour qu'elle réussisse !

Je repasserais en temps voulu ....


Derniers mots comme une sentence, elle fit demi-tour, monta dans le coche et disparu. Elle ne laissait pas le temps à la tenancière de répliquer, ce n’était même pas conseillé.

Lou pressa ses mains l'une contre l'autre, se demandant de quel métier les deux femmes s'entretenaient. Des étuves ? Bah, la jeune fille avait travaillé dur dans la maison du maitre, ce n’était pas ça qui lui faisait peur. Avec un peu de chance, ici, elle aurait même un salaire.
--Mahault
Lou, avance-toi ! Salut ô donzelle ! Sache qu'ici, tu ne feras rien que tu ne veuilles...c'est un bordiau éclairé, où les catins sont plus courtisanes que serviles...Je dois t'apprendre....Toutes, nous allons t'apprendre !
Ici, la cuisine ronfle fort, les fourneaux sont toujours chauds, les mets délicats , les vins choisis...les chants et les poèmes annonceurs de frémissements futurs, la gouaille haute, les murmures flamboyants, c'est la demeure de Dyonisos...


A la tête que faisait Lou, Mahault comprit qu'elle ne comprenait rien à ce qu'elle disait, autant parler une langue étrangère...

Sais-tu lire, écrire? Qu'aimes-tu faire ? Commençons par cela!
Tu pourras cette semaine épier, te cacher, découvrir les étuves à l'étage du bas, le salon au rez de chaussée, les chambrées à l'étage du haut! Fouine ou pas, repose-toi ou non, parle si tu en as le désir ! Mais de grâce, donne-moi dans sept jours ta décision! Tu restes ou tu pars.
Nous ne pouvons garder une bouche à nourrir inutile plus de ce temps-là...
--Ludivine.


La première salve de paroles fut un peu confuse pour la jeune fille, qui ne retint que deux choses : une positive, elle ne ferait rien qu'elle ne veuille ! Une négative, elle se trouvait dans un lieu de ....débauche ? Elle n'avait guère de vocabulaire pour ce genre d'endroit, pas plus que de connaissances.

Elle put répondre aux questions suivantes, ou presque.


Je ne sais ni lire ni écrire, Dame Mahaut. Je .... Je ne sais pas ce que j'aime faire, on ne m'a jamais laissé loisir de choisir.

Elle avait parlé plus en un instant que toutes ces dernières semaines. Rebaissant la tête, car elle avait appris que quelque soit le maitre, il appréciait l’humilité de la servante, elle réfléchis aux mots qui suivaient. Elle avait une semaine pour faire un choix : rester ou partir. Rester pour devenir une de ces ribaudes, qui somme toute semblaient souvent plus heureuses qu'elle ne l’était. Ou partir, retourner à la rue et ses dangers, à sa famine, à ses coups .....

Elle repris la parole, plus bas, plus doucement, presque craintivement.


Je saurais me rendre utile durant ces sept jours dame, je n'ai jamais manqué de courage à la tache, vous ne serez pas déçue.

Elle tortilla ses mains sur le devant de sa robe noire sans forme, ses cheveux blonds ternes tombant sur ses épaules, elle ressemblait juste à la petite fille qu'elle était. Quelques jours pour essayer de devenir une femme. Quelques jours qui décideraient de son sort. Quelques jours où la petite Ludivine se transformerait peut-être en Lou la catin .......
--Mahault
Puisses-tu cesser de baisser la tête, Lou, et rire à gorge déployée!
Je ne sais ce que tu as vécu chez le maraudeur et sa greluche...mais tu es tombée dans le meilleur bordiau qu'il soit,
nous sommes courtisanes libres...et les gredins de son espèce ne rentrent pas ici ou à coups de sabots!

Cours à la cuisine, si tu veux,il y a du pain sur la planche, ou alors, plonge-toi dans les étuves, ou alors dors, mais ne baisse plus la tête!!! De grâce!
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