Afficher le menu
Information and comments (0)
<<   <   1, 2, 3, 4   >>

[rp fermé] Sur chaque rive nous nous retrouverons...

Pattricia
[Quand il vaut mieux se péter une jambe qu'avoir une écharde...]


Si vous vous comportez comme le boucher que vous êtes surement, je vous égorge comme un porc !!!

Une rouquine ressemblant à une sorcière de contes pour enfants, un loup babine retroussées envoyant un grognement du plus bel effet, un "médicastre" une pince à la main et une dague posée sur le cou, la tente infirmerie ne manquait pas d'ambiance. Évidemment on taira au passage les deux "infirmières" poussant des cris d’orfraies et qui étaient parties en courant... Une goute de sueur coule le long de la joue de l'homme à la pince, ses yeux à moitié révulsés de frayeur fixant les émeraudes qui le toisent.

La vindicative à le bras tendu, ne tremblant pas d'un millimètre, et tient cette dague qui, quelques minutes auparavant, maintenait sa tignasse dans une sorte de chignon nippon, et dont la lame effilée s'appuie sur la carotide du chirurgien. Elle est penchée légèrement sur le côté, la fesse droite plus ou moins en l'air, et dans le prolongement de cette dernière, une jambe bandée et maintenue entre deux planche de bois lui servant d'atèles.


- Feriez mieux de l'écouter docteur, elle est tout à fait capable de vous égorger...
- Comment être sûr de ne pas laisser de cicatrice !
- Comment être sure de ne pas vous trancher la gorge !
- Humphr !
- Mon cul est parfait, alors vaut mieux pour vous qu'il le reste !
- 'fin en même temps faudrait pouvoir comparer...
- Vous, on vous a rien demandé ! Ou plutôt si, vous allez vous rendre utile ça changera...
Ramenez charrette, mule, et chevaux à la maison à la sortie de Chinon, direction Tours. Videz la de tout son chargement tonneaux, prévenez Mélie et revenez me chercher avec des béquilles, j'en avais mis dans le coche au cas où...
- Ça sera tout ?
- Nan ! J'ai faim aussi, ramenez-moi un repas froid et lambinez pas en route, j'ai pas l'intention de rester plus d'une heure ici !
- Vous pourriez-pas arrêter de gesticuler, vous allez finir par me la trancher ma gorge !
- Souffredoul exécution !!! Toubib écharde !!!


L'écharde fut enlevée avec une délicatesse digne de certains doigts de fée, l'esclave de Patt revint la chercher avec des béquilles, la vindicative rentra auprès de sa tribu, rassurée de ne pas avoir croisé le corps de Cast dans l'infirmerie puante qu'elle avait évidemment fouillée de fond en comble. Tout ce qu'elle avait à faire était de se faire dorloter, Scoldt était arrivé vivant, d'autres avaient suivi, plus mal en point les uns que les autres. Chinon bruissaient de râles, d'injures, de malédictions et autre braillements de soldats frustrés et vexés d'avoir été touchés.

La guerre et son quotidien...

_________________
--.josephine.
Qu’est-ce que le temps ? Il peut être à la fois un minuscule grain de sable dans une vie toute entière, ou bien également une éternité simplement. Il peut être un sourire joyeux qui vous fait sentir femme, vivante ou bien une cruelle larme qui dévale une joue par un cœur meurtri. Il peut être le premier cri du nouveau né, tout comme le dernier soupir de notre ainé. Il est l’imparfait, le présent mais également le futur. Il est omniprésent, en chacun de nous, constamment à surveiller que nous le gaspillons pas possiblement….

Cloitrée dans un monastère par son désir, la jeune de Cordas était à son habitude étendue sur la mousse qui recouvrait la cour de son domaine. Cette dernière n’était pas aussi grande que celle qu’elle possédait avec sa famille au Manoir de Cordas mais depuis le temps qu’elle fréquentait cette établissement, elle s’y sentait chez elle. Joséphine en était à se demander si les sœurs et les prêtres qui vivaient ici n’étaient pas également de sa famille ! C’était sa cour, tout comme c’était la leur. Elle avait un livre sur le ventre, le regard dans le vide sur le ciel sans même le voir. Toujours aussi rêveuse même après ses années d’enfances évanouies, ses immenses yeux semblaient inanimés…. Mais sa petite tête brune vivifiait à toute allure à l’opposé pourtant.

Son esprit gambadait ici et là, à ce que serait la vie si elle avait fait d’autres choix, si sa meilleure amie, sa Bullette était près d’elle. Elle lui manquait tellement cette chère sœur. Et les jumeaux ? Et la petite Floribel ? Elle devait être âgée de 3 ou peut-être même 4 ans maintenant ? Y’avait-il si longtemps qu’elle s’était enfuit du nid familiale pour sa retraite en ce temple des rêves ? Peut-être, elle avait depuis longtemps perdu le sens du temps…

- Mademoiselle de Cordas …. Joséphine, vous rêvassez encore Mademoiselle. Il est temps de rentrer, vous allez être trempée… Ne vous êtes vous pas rendu compte qu’il pleuvait ?

La jeune femme sortie de sa torpeur, on l’appelait semblait-il. Où était-ce dans son imagination encore, qui lui, lui jouait des tours ? Cela lui arrivait constamment alors, possible que ce soit encore une fois le cas. Elle redressa le haut du corps pour constater que sa jolie crinière brune, qu’elle tenait de son père, était plaquée contre son minois frêle. Des torrents de larmes se déversaient de ce ciel que pourtant, elle regardait quelques instants auparavant. Il faisait beau quelques secondes avant non ? Où est-ce de cela qu’elle avait rêvé ? Possible aussi… Elle avait du mal à discerner la réalité de ses rêveries depuis quelques temps. Et la Mère Supérieur qui l’interpelait du porche en ce moment même n’allait surement pas manquer de lui rappeler de cesser ses divagations constamment et de vieillir un peu par la même occasion !

Lentement, sans empressement, déjà trempée de toute manière jusqu’à l’os, elle se releva, prenant appuis contre le sol et rentra au couvent. L’air désapprobateur qu’elle lisait sur la femme d’âge mûre qui gérait l’endroit où elle habitait suffisait aux remontrances… mais non, arrivée tout près d’elle, Joséphine y eut droit tout de même.

- Vous êtes la plus lunatique que j’ai jamais vu… songer sous la pluie… ensuite vous allez encore être malade ! Ne pouvez vous pas faire comme Murielle et trouver des occupations plus utiles mon enfant ?

Joé leva des yeux d’enfants qu’on puni sans cesse, une moue mutine sur les lèvres de cette réprimandes. Elle aidait pourtant beaucoup ici. Elle donnait des cours à de jeunes enfants pour apprendre à lire, s’occupant également des orphelins qu’ils hébergeaient mais elle ne pouvait faire autrement… dans ses moments de liberté… elle disparaissait et pas que physiquement…


- Ne me regardez pas comme cela… vous savez que je ne résiste jamais…

La Mère Supérieure soupira tout en secouant la tête légèrement. Joséphine vit même poindre un léger sourire aux coins de ses lèvres. Elle avait gagné !

- J’ai fais préparer un foyer dans votre chambre pour éviter que vous ne tombiez malade… ce n’est pas le temps de vous mettre à éternuer dans tous les sens. Je vous pardonnerais pour cette fois encore mais en échange, écrivez donc une lettre à votre pauvre père qui est sans nouvelles de vous depuis un trop long moment. Me tromperais-je ?

Encore une fois, la moue revient sur les lèvres de la jeune de Cordas, prise en flagrant délit. Elle avait raison, elle n’avait pas écrit à son père depuis son dernier attentat quelque part dans le Nord. Elle avait même pensé à aller le rejoindre mais il avait réussit à l’en dissuader. Elle espérait qu’il allait bien maintenant depuis ce temps. Elle acquiesça donc, ce qui fit partir la Mère d’un pas lent et sonore, retentissant dans les couloirs échos de l’endroit par sa démarche de droiture. Elle en profita donc pour s’échapper dans sa petite cellule où une douce chaleur régnait.

Elle eut envie aussitôt de se dénudée pour se débarrasser de sa robe très lourde par l’eau accumulé et de s’enmitoufler sous les couvertures bien au chaud mais se souvenant de sa promesse, elle n’en fit rien. Elle s’allégea, se changeant pour des vêtements secs et s’installa à son secrétaire. Comment arriverait-elle à faire pardonner son long silence à son paternel ? Elle n’en avait aucune espèce d’idée et les premiers écrits eurent tôt fait de finir en boules de parchemins autour d’elle. Mais… elle finit par réussir, du moins, acceptablement, à être honnête et à donner des nouvelles à son père.




De : Joséphine Dict du Cougain, Demoiselle de Cordas
À : Castelreng Dict du Cougain, Senher de Cordas
En date du 24 Octobre 1459, Languedoc

Mon très cher père…

Je sais que vous serez en ce moment même, à lire ses mots avec un ravissement intérieur mais une moue de réprobation sur les lèvres également. Vous savez celle que je suis… toujours à être là sans y être totalement… Mes silences font parties de vos inquiétudes et mes mots de votre joie de vivre. Ne m’en veuillez pas de mettre autant de temps à vous dire avec certitudes que je vais bien. C’est le cas vous savez…

Je suis toujours dans ce monastère de Narbonne, tout près de chez moi, mais loin tout à la fois. J’aime ce sentiment d’avoir constamment quelqu’un qui me rappelle à l’ordre puisque vous n’y êtes pas pour le faire vous-même. J’aime également ce que je peux apporter à ces pauvres enfants esseulés que je côtois chaque jour. J’ai eu la chance de bercer un nouveau-né à qui le Très-Haut à rappeler sa mère ce matin. Une toute petite fille, sa mère morte en couche. Elle sera sous peu adoptée j’imagine, je l’espère très fortement, elle est si belle, si calme Père… si vous la verriez… Elle est belle comme tout ! La Mère Supérieure m’a chargée d’elle en attendant des parents adoptifs et m’a demandé de lui attribué un prénom. J’ai pensé de suite à celui de Mère. Mais avant, j’aimerais avoir votre approbation bien-entendu. Mais je crois, qu’elle aurait bien aimé cette idée et je crois que moi également. Qu’une infime partie d’elle subsiste encore aujourd’hui, même si cela n’est que dans un prénom est rassurant. Elle me manque tellement…

Parfois j’ai l’impression d’être orpheline également, Mère dans un monde hors d’atteinte, et vous à la guerre… Un vide s’est crée en moi et dans ce temple de foi, j’ai l’impression qu’il est moins profond. J’espère que vous comprenez mon choix. Mais rassurez-vous, je sors parfois également. J’ai même fait un tour en ville hier après midi. Enfin, il aurait peut-être mieux valu que je reste ici au vu de la rencontre que j’y ai fait. Enfin, cela est mitigé puisque j’ai fais deux rencontres. La première, une demoiselle d’environ mon âge, nous avons de suite sympathisé. Elle est très gentille. Et l’autre Messire Aegidus. Il a tenu des propos à votre égard, ainsi qu’à Dame Cebyss et son mari Klan qui m’ont grandement outré. Je ne comprends pas que certaines personnes arrivent à être aussi mesquines. Je sais du plus profonds de mon être que vous n’êtes pas capable de commettre les horreurs qu’il ose vous accusez. Ce n’est que diffamation. Enfin, ne vous en faites pas pour moi, mis à part les murs du couvent, je vois aussi autre chose et me mêle à la société tout de même parfois.

J’espère que vous prenez grands soins de vous, car très cher Père, je vous aime et vous me manquez énormément. Dites-moi quand pourrais-je espérer votre retour parmi nous. Je prie tous les soirs pour que cette guerre cesse et que je vous vois rentrer bientôt. Je prendrais bientôt congé de ma maison secondaire pour aller voir Hélie et Heaven au Domaine. Je crois qu’il serait bien que nous passions les fêtes en famille même si ce dernier ne sera pas facile sans l’âme qui nous manque tous. Donnez-moi rapidement de vos nouvelles.

Votre dévouée, attachante, rêveuse, aimante, attendrissante….. et bien plus encore … fille !

Joséphine


Elle sourit à la relecture, juste aux derniers mots, dont elle s’était fait des éloges, elle lui ferait décrocher un sourire. Elle connaissait cet homme par cœur. N’était-elle pas un petit reflet de lui-même ? Tout à fait ! Elle cacheta son vélin avec le seau familiale et le posa contre le secrétaire. Plus tard dans la journée, elle le ferait porter dans les campements. Avec de la chance, sous peu, il serait dans les mains de son père.

Chose finalement faites, elle se glissait dans son lit, voulant prendre son livre, se rendit compte qu’il devait être rester sous les torrents… Et un nouveau gaspillage… une perte inestimable… Un soupire et finalement, la tête dans son oreiller, elle se remit à rêvasser, plus simple, sans contrainte cette fois.


--Adrien
Le réveil fut brutal, les soldats revenaient au campement plus ou moins en bon état. Les bruits des armes qui claquent contre les armures, les grognements des hommes, tout ceci dans un brouahaha insupportable des laquais qui se réveillent pour aller offrir leur aide à l’un ou à l’autre de ces nobles qui avaient le loisirs de se payer les soins d’un serviteurs.

A ces sons de la guerre, Adrien se réveilla en sursaut, il avait oublié le feu et son Seigneur, il était là, la mine encore endormie quand il prit conscience de son erreur. L’aube n’allait pas tarder à pointer le bout de son nez et le feu s’était éteint. L’enfant eu pour premier reflexe de tenter de le relancer, non pas qu’il le juge indispensable, bien que l’air fut frais, mais parce que Castelreng lui avait demandé de l’entretenir et qu’il ne voulait pas décevoir son protecteur.

Mais que faisait-il d’ailleurs ? Lorsqu’il se rua hors de la tente pour voir revenir les centaines de soldats, il remarqua rapidement qu’il n’y avait là que ceux que le Très-Haut avait épargnés et qui pouvaient se déplacer sans soutien. Jeune et innocent, le blondinet ne mit tout de même pas plus d’une demie minute pour comprendre que si le Seigneur n’était pas rentré au camp, c’est parce qu’il allait surement lui manquer des bouts au retour. Mais il était grand, il était fier le Ténébreux, il ne pouvait rien lui arriver de grave. Alors, un inconnu, un grand type à l'allure fatiguée, la mine rongée par les kilomètres qu'il parcourait chaque jour avait du voir l'enfant sortir de la tente aux couleurs des Còrdas parce qu'il l’interpellait. Et comme Adrien ne réagissait pas, il l'attrapa par le col, l'arrêtant dans ses recherches.


Tu travailles pour le Seigneur de Cordas ?
- Gné ? Hein ? Quoi ? .... Oui ...
- J'ai une lettre pour lui !! Remets lui, c'est important !
- Ouais, c'ça ...


La lettre fut prise et mise dans la poche des ses beaux vêtements, puis aussitôt oubliée par l'enfant qui repartait dans ses pensées.

Non, assurément, il ne pouvait rien lui arriver, sinon, qu’adviendrait-il du Minot ? Il commençait à douter, à se poser des questions malgré son jeune âge et quand Adrien entreprit de retourner dans la tente aux couleurs du Seigneur de Còrdas, il en vit au loin et dans la presque obscurité les battants se lever. Castelreng était de ret…. Oh, il n’était pas seul, au moins trois personnes, mais aucune qui avait l’allure du noble, sa stature ou la démarche. Le gamin s’empressa alors vers l’abri espérant qu’il ne s’agisse pas là de voleurs, profitant des horreurs de la guerre pour piller les voisins.

Quand il reconnu sur la civière de fortune son maître, le blondinet eu un léger mouvement de recul, puis pensant que s’il était mort ou gravement blessé il ne serait pas là, il se faufila dans la tente avec toute l’assurance possible.


Hey, qu’est’c’vous faites ? C’est chez l’Seigneur d’Cordas et personne n’entre sans son autorisation !

- Très bien garçon, alors on le laisse dehors et tu te débrouilles pour le remettre sur sa couche ?, fut la seule réponse qu’il obtint et d’un mouvement de bras, le garde repoussa l’enfant dans un coin de la tente, le brasero était reparti, arrachant un bref sourire au visage du petit blond à la limite entre la crise de nerf et la panique.

On lui laissa quelques instructions qu’il n’écouta que vaguement, se perdant dans le flot de ses pensées et il s’approcha du noble qui se trouvait tout de même en mauvaise posture. Na sachant pas quoi faire et dans l’impossibilité de retrouver le sommeil, le gamin posa à côté du lit, sur une tablette de fortune, la miche de pain et la cruche d’eau. Il ajouta une couverture de plus sur son soldat, se souvenant que ça mère le faisait quand il se sentait mal et il s’assit à son chevet, épiant ses moindres réaction. Il souffla un bref :


Z’en faites pas Seigneur, j’m’occupe d’vous !

Et il s’endormi de nouveau d’épuisement, le front sur le rebord du lit.
Pattricia
[Mauvaise nouvelle, mauvaise humeur, mauvais début...]



- Alors ?????
- 8 armées, forcément on a pris une branlée...
- Mesurez vos paroles !!!
- Nan mais sérieux, vous auriez fait ce genre de connerie ?
- ...
- Voyez !
- Souffredoul... Si vous ne me dites pas immédiatement ce qu'il en est du seigneur de Cordas, je vous balance dans la rivière !
- Ben... rien...
- Comment ça ben rien ????
- Je suis allé au camp comme vous m'avez demandé ce matin, même le gamin que vous m'avez décrit n'y était pas, y'avait pas un chat. Alors j'ai posé quelques questions ça et là, mais personne n'a su me répondre. J'en ai déduit qu'il était toujours au front.
- Vous venez de me dire que nous avions perdu à plate couture, alors comment Cast pourrait-il être encore au front hein !!!
- ...


La discussion s'éternisa, l'esclave de la vindicative ne finit pas dans la rivière et la tribu reçut un mot du prêtre local... Ce dernier donnait une bénédiction pour les soldats indemnes ou blessés qui étaient rentrés du front. Patt prépara les enfants avec Mélie et emmena tout la petite famille à la bénédiction religieuse sur une grande place, claudiquant, soutenue par ses deux béquilles...
_________________
Castelreng
S’il n’avait été la douleur pour le réveiller, il n’entendit rien des échanges fait entre les hommes qui le mirent au lit et son jeune Adrien. Lorsqu'enfin il ouvrit les yeux la première chose qu’il vit fut le gamin reposant inconfortablement, la tête sur le bord de son lit. L’enfant dormait si profondément qu’il ne voulu pas le réveiller pour lui demander un simple verre d’eau afin d’étancher sa soif. Aussi prit-il appui sur son bras gauche pour se redresser et, n’ayant pas songé au manque de force dans lequel il se trouvait, perdit l’équilibre et retomba lourdement sur le dos. La douleur qui ne l’avait pas quitté se montra alors dans toute sa puissance et il ne put retenir le cri qui lui monta du plus profond de son être. Une sueur froide lui glaça le front et la sagesse lui disait qu’il lui fallait rester là, tranquille mais son esprit retors pensait tout autrement.

Il voulait se lever.

Il voulait étancher sa soif.

Il voulait savoir où il se trouvait.

Il voulait aller aux nouvelles.

Il voulait…. Il voulait savoir comment Elle allait !

Il lui aurait suffit d’interroger le gamin, lui demander de lui apporter de l’eau, il n’avait besoin de s’extraire de son lit pour savoir. Il en était d’ailleurs conscient mais il aurait fallu l’attacher pour qu’il reste là sans bouger.

Les traits tirés par la douleur, il inspira un grand coup, lui arrachant une grimace et reprit appui sur son bras gauche, prit son temps pour cette fois garder l’équilibre et finit tant bien que mal à parvenir à la position assise. Il avait la désagréable impression d’avoir fait un effort surhumain pour ne faire que s’assoir et cet état de fait le mit de très mauvaise humeur. Bien sur Adrien s’était réveillé et il pouvait lire sur son visage aux yeux encore endormis que moult questions se bousculaient dans sa petite tête. Il se força donc à lui sourire pour le rassurer sur son état et lui demanda ce fameux godet d’eau qu’il aspirait à boire depuis trop longtemps. Une fois qu’il eut étanché sa soif il demanda à son Minòt de l’aide pour changer sa chemise et s’enquit juste du lieu où ils se trouvaient.

Chinon, il s’en doutait un peu et cela ne lui déplaisait pas cela dit de se retrouver là. Il avait appris à aimer cette ville et ses habitants forts accueillants par des temps pourtant durs. Il savait que là il parviendrait à avoir des réponses sur toutes ses interrogations. Une fois sa chemise propre enfilée non sans mal, il se leva, se demandant ce qu’il en était de ses compagnons d’armes et surtout d’une certaine rousse dont il était sans nouvelles depuis plusieurs jours. Après quelques pas incertains, il rassura de nouveau l’enfant qui ne cachait pas son inquiétude.

Ça va aller Minòt… t’en fais pas… recharge le braséro et retourne te reposer, je vais aller en ville voir ce qu’il en est de Patt… Je ne serais pas long…

Plus il s’approchait de l’entrée de sa tente plus ses pas s’affirmaient. Lorsqu’il fut dehors, l’air froid qui le saisit le revigora et c’est à grandes enjambées qu’il traversa le campement, souhaitant ne pas croiser l’un de ces bouchers se disant médecins, qui feraient à n’en point douter tout pour qu’il regagne sa tente. Le bras gauche contre son torse, la main droite refermant l’ouverture de son mantel, il se retrouva vite de l’autre coté des remparts.

Parvenu à l’entrée de la place, il aperçut un début de rassemblement ressemblant à rien d’autre qu’une messe en plein air. Curieux, il s’approcha quelque peu et la fatigue le reprenant s’adossa contre un arbre le temps de se reprendre mais surtout de voir ce qu’il allait vraiment se passer là. Le regard curieux sur cette place se figea un instant quand il se posa sur une rousse sur béquilles. Elle était donc là. Mais elle n’était pas seule, trois enfants l’entouraient. Il fut soulagé de la voir debout même si c’était sur quatre pattes. Il ne s’en demandait pas moins la gravité de sa blessure. Il la suivrait en décida t-il, dès qu’elle quitterait cette place et ce qui allait s’y dérouler. Elle avait retrouvé sa petite famille, sa tribu, comme elle aimait à la nommer et il ne pouvait décidément pas la rejoindre maintenant.Elle, ne le voulait pas, il ne ferait donc rien en ce sens et, les regardant tous, se rendit compte qu'il en était soulagé. Il ferait en sorte qu’elle le voit et se retrouveraient, comme souvent, en taverne…

_________________
--_lucie



Depuis la veille qu'elle avait entendu une charrette s'arrêter dans la maison où ils étaient installés, Lucie ne tenait plus en place. Maman était rentrée... Évidemment, le côté discipline qui était toujours plus relâché en son absence avait repris le dessus, mais c'était pas grave, elle était là et pis c'est tout. Le truc aussi, c'est que Cantor allait forcément se calmer. Lui avoir confié le rôle d'homme de la maison n'avait pas été la meilleure idée que sa mère avait eu, il s'était un peu pris pour le petit chef et forcément cela avait dégénéré. Ils s'étaient bagarré souvent au grand dam de Mélie qui ne savait plus comment les prendre quand ils se comportaient comme de vulgaires gamins des rues.

Mini-Chieuse avait évidemment fait une longue liste de reproches à sa mère une fois les câlins terminés et celle-ci s'était contenté de grimacé et avait décrété la loi martiale dans la maison. Une fois tous nourris, ils avaient dû aller se coucher et pour se faire, quelques coup de pied et bousculades de représailles s'étaient encore échangés pendant la montée des escaliers, sous la menace d'une béquille qui, heureusement pour eux, forçait la vindicative à rester en bas....

C'était la première fois que leur mère étant à la maison ne montait pas leur chanter une chanson une fois tous au lit. C'était aussi la première fois qu'ils étaient punis alors que la môme au loup venait à peine de rentrer. C'était la première fois que les triplés ne se souhaitèrent pas bonne nuit...

C'est au matin que les choses s'arrangèrent, faut dire que Mini-Elle et Mini-Chieuse n'eurent pas le choix. Floris s'était installé contre la porte et campait là les bras croisés. Lucie, prudente de nature, avait évité son frère et était partie derrière le paravent pour se soulager sur le seau prévu à cet effet. Comme à son habitude, Cantor avait ricané, comme d'habitude la blondinette avait râlé après son frère et comme d'habitude Floris avait mis le holà !


- J'vous préviens, si vous recommencez à vous comporter comme des bébés comme hier soir, alors qu'on avait pas vu Maman depuis des lustres, j'en prends un pour taper sur l'autre !!!
- Pff ! Mais c'est elle ! Elle fait sa chochotte dès le réveil !
- Mais arrêteuhhhh !!!
- Bon maintenant ça suffit ! Cantor tu fermes ta bouche et toi Lucie tu mets pas deux heures à faire pipi, t'es pas seule a avoir envie hein !


Ça avait grommelé, pissé, lavé ses mains dans la cuvette sur la commode, et ça avait gentiment attendu que Floris ouvre enfin la porte pour que tout le monde descende. Évidemment ça s'était tout de même bousculé pour arriver en premier dans la cuisine et le sourcil levé de leur mère avait amené tout ce petit monde à se tenir tranquille. Lucie avait profité du petit instant où ses frères étaient restés figés pour se faufiler et se blottir contre sa mère, un sourire vainqueur planter sur sa frimousse, le regard assassin de Cantor la laissant complètement indifférente, voire même lui procurant encore plus de satisfaction. Floris quant à lui, il avait attendu patiemment que sa sœur et son frère aient fini leur crise de possessivité pour à son tour câliner sa mère.

Quand Lucie avait appris qu'ils allaient tous assister à une bénédiction, la seule préoccupation de la gamine avait été "mais quelle robe vais-je mettre ???". Comme si elle en avait des tas tu parles ! Sa mère était drôlement radine, sous prétexte qu'à leur âge fallait du pratique, qu'ils grandissaient vite et que de toute manière ils étaient rarement invités quelque part... Sa mère qui n'avait qu'une seule belle robe...
Trop la honte !!! Lucie n'avait jamais compris comment la vindicative pouvait se passer de belles toilettes, c'était un véritable mystère pour elle... Puis il avait fallu partir, tous grimpés à l'avant de la charrette, à côté de Souffredoul, Mélie et leur mère derrière, cette dernière la jambe tendue entre ses deux atèles.

Pis là ben... Elle avait de nouveau envie de faire pipi, donc elle gigotait et Mélie lui donnait de petits coups de coude pour l'obliger à rester tranquille. Floris buvait les paroles du prêtre, quand à Cantor, il se contentait d'admirer les soldats en armure venus pour se faire bénir pour les batailles à venir...Pendant ce temps, Maman baissait la tête, debout devant le prêtre, pour recevoir sa bénédiction.


Pattricia
Ça gigotait dans son dos, elle le savait. Des triplés... Si elle avait voulu faire exprès, elle n'aurait pas fait mieux. Trois mioches adorables et infernaux, que les adultes de la tribu adoraient, quoi qu'il en disent quand les terreurs étaient dans le coin. Une bénédiction dans son état tss... Fallait toujours qu'elle gigote elle aussi, c'était bien ses enfants, ils étaient si semblables... Quand le prêtre lui avait demandé de s'agenouiller, elle avait bien failli s'enquérir de si il avait pas gouté un peu trop le vin de messe. C'est que le père Minlawa était largement porté sur la chose, la deuxième phrase qu'il disait en entrant dans une taverne, après les formules de politesse d'usage, ressemblait toujours de près ou de loin à un "qui m'offre à boire ?" La vindicative avait donc levé les yeux au ciel, appelant à témoin Ari pour qu'il compatisse, et ensuite avait levé sa béquille pour la mettre sous le nez du curé, histoire qu'il remarque que l'agenouillement était hors de question. Elle s'était donc contenté d'avancer, et de baisser la tête devant le représentant du Très Haut pour attendre la bénédiction.

Patt était bonne Aristotélicienne dans l'ensemble, elle avait toujours eu de l'affection pour les serviteurs du Très Haut qui consacraient leur vie à l'amour de leur prochain, mais elle en avait aussi rencontrés qui se servait de leur sacerdoce pour opprimer, menacer ou encore nuire. La vie lui avait appris à se méfier de la robe de bure, et elle attendait toujours un peu avant de se faire une opinion désormais. Une pensée fugace alla vers des hommes et des femmes qu'elle avait aimé, ou aimait encore, Choubinet, le père Thran, Marilou, Astorius, Minlawa ou encore feu Psy... Mais être une bonne aristotélicienne ne voulait pas dire être une grenouille de bénitier, ça elle savait pas faire. L'hypocrisie et l'onctuosité de certains lui avait appris à serrer les mâchoires et à passer son chemin, ceux qui s'étaient mis en travers de sa route avaient échoué dans leurs manigances, quant aux autres, elle les avaient ignorés et évités. Mais revenons à cet instant...

Une fois que le prêtre l'eut bénie, la môme au loup se retourne pour rejoindre un des bancs improvisés pour les blessés. Elle ne peut s'empêcher de sourire en regardant la tribu et se dit qu'elle a vraiment beaucoup de chance. Puis son regard glisse un instant sur le reste de l'assemblée, elle ne connait pas tous les hommes et femmes présents, les armées sont vastes et certains vivent plutôt en reclus, mais son œil aiguisé est attiré au-delà de l'assemblée, vers le fond de la place, sous un arbre qui commence à perdre son feuillage, l'automne étant déjà là. Son cœur s'arrête, ses prunelles se dilatent sous le choc
Il est là ! Par le Très Haut, mais il est blessé !!! instinctivement, elle s'apprête à le rejoindre de toute la force de ses bras cramponnés à ses béquilles, mais la raison reprend ses droits et son regard va de l'homme qui ne quitte jamais ses pensées à la tribu. Elle voit bien qu'il a le bras replié, mais c'est son teint qui l'inquiète, il semble avoir de la fièvre, la barbière en elle fait son diagnostique et l'inquiétude l'envahit. Il va très mal, si il reste là il va perdre connaissance, mais quelle tête de mule !!!

Elle claudique le plus lentement possible, ses émeraudes ne pouvant quitter son regard d'aigle, elle doit retourner s'assoir près de sa famille sans rien montrer, mais c'est une vraie torture. Ce qui se passe entre ses deux là, les mots qui ne franchissent pas leurs lèvres, les mains qui ne se touchent pas, personne ne s'en rend compte. Mais leur esprit est déjà ailleurs, au moment où ils seront seuls au monde, l'un contre l'autre... Fichue bénédiction qui va durer des heures !!! Si, si, elle est une bonne Aristotélicienne, mais à ce moment précis elle est une femme inquiète et amoureuse, rien ne peut lutter contre ça...
_________________
Castelreng
C’était belle et bien une cérémonie qui se déroulait sous ses yeux. Une messe pour les éclopés.

La voix haute et forte du curé lui parvenait alors qu’il était toujours en retrait, adossé à l’arbre. Il n’aurait pas été dans si mauvais état qu’il s’y serait rendu et aurait fait bénir son épée ne put-il s’empêcher de penser. Hors, il se rendait compte de la folie qui lui avait pris de quitter son lit. La sueur, dut très certainement à un début de fièvre lui perlait le front et la douleur de son épaule meurtrie ne cessait de lui affirmer son inconscience.

Son esprit s’évada alors quelque peu le ramenant au plus fort des combats de la veille. Il revoyait les hommes tomber, entendait les bruits des armes, les cris de douleurs, sentait presque l’odeur aigre de tout ce sang versé. Soldats de tous bords sans distinctions aucunes, chairs humaines défendant d’un camp à l’autre leurs convictions tombant cependant comme des mouches. Il était fatigué, mais n’était-il pas venu pour justement ferrailler, pour mettre sa vie en danger ? N’avait-il pas trouvé là l’échappatoire idéale à sa vie triste et monotone ? Bien sur que oui ! Et si la mort pouvait le prendre il irait tout droit retrouver sa tendre épouse !

Sortant de ses pensées, il riva son regard sur ce qui se passait à quelques pieds devant lui. La crinière couleur feu attira telle la limaille sur l’aimant les yeux de l’homme. Et lorsqu’elle se leva, empoignant ses béquilles pour aller rejoindre le prêtre qui officiait, il eut tôt fait de comprendre qu’elle avait une jambe cassée. Quelque peu rassuré sur l’état de la belle, il n’en gardait pas moins les yeux sur elle, suivant de ce fait la bénédiction que l’homme de Foi lui donna. Lorsqu’elle se retourna pour regagner sa tribu, il sut à quel instant elle remarqua sa présence. Leurs regards se verrouillèrent. Une seconde il crut qu’elle allait le rejoindre et éprouva une pointe de déception en constant qu’il n’en fut rien, qu’elle retournait sagement auprès des siens. La regardant en famille, il réalisa combien la sienne lui manquait à cet instant et en vient à la jalouser quelque peu. Il se sentit d’un coup vraiment seul. Il se força donc à quitter son précieux appui et, longeant la place au plus loin de la cérémonie qui se poursuivait, gagna la première taverne en vue.

La porte du bouge poussée, il lui fallu quelques secondes pour que ses yeux s’habituent au peu de luminosité de l’endroit. Il apprécia la chaleur qui régnait grâce aux bûches flambantes dans le large âtre, s’en approcha après avoir marmonné un vague salut au tenancier et se laissa tomber sur la chaise la plus proche de la source de chaleur. Il commanda ensuite un godet d’eau de vie de prune qu’il vida en deux fois, s’adossa comme il put à son siège et ferma un moment les yeux. Juste un peu, le temps de reprendre un peu de force. Décidément se rendait-il compte, il n’aurait jamais du quitter sa tente !!

_________________
Pattricia
Les soldats, blessés ou en forme, arrivaient dans un flot ininterrompu. Il lui tardait de partir, mais il lui fallait une excuse valable. C'est quand des blessés arrivent encore, qu'elle fait signe à la tribu de se lever pour partir. D'autres avaient besoin de s'assoir et c'était l'occasion rêvée pour s'éclipser sans subir les foudres du padré... Après avoir laissé tout le monde passer devant, la môme au loup empoigne solidement ses béquilles et avance à la suite de la tribu. De temps en temps, elle adresse un sourire ou un signe de tête au quelques personnes de sa connaissance, en général des frères et des sœurs d'arme. Elle se rendait compte qu'il lui tardait de rentrer, bien des choses avaient et allaient encore changer et elle devait mettre de l'ordre dans ses affaires avant toute chose. Pas un instant elle n'avait pensé à ce que deviendraient ses enfants si il lui arrivait quelque chose, il était temps qu'elle fasse le nécessaire et qu'elle prépare son testament. Il fallait juste qu'elle trouve un homme de loi, celui de Bryn tiens, elle devait avoir gardé son nom et son adresse quelque part...
Une fois l'allée centrale remontée, tout ce petit monde se retrouve sur la partie de la place encore dégagée et la vindicative distribue les rôles pour le reste de la matinée.


Mélie, je te laisse ramener les enfants à la maison, je vous rejoindrai pour le déjeuner. Je dois prendre des nouvelles de certaines personnes.

Le regard que lui lance la nounou en dit long sur ce qu'elle comprend par ce "certaines personnes", un petit sourire en coin finit de convaincre Patt que, pour Mélie, elle était bien trop transparente. Agacée, la vindicative tourne le dos à son amie bien trop perspicace et s'approche de Souffredoul afin de n'être entendu que de lui seul.

- Vous avez remarqué le seigneur qui était appuyé contre l'arbre ?
- Hmm ?
- Bon... Vous allez quitter votre tête de mal vissé ou sinon je vous allez tâter de mes béquilles !

- Ouai ben si vous me toucher, moi j'rends ma cotte de mailles !
- Grrr !!!
- Humphr...
- Ecoutez-moi au lieu de faire l'andouille ! Vous allez partir à sa recherche, vous renseigner quoi ! Et une fois que vous savez où il se trouve, vous venez me chercher.
- Vous voulez pas que je vous l'emballe et vous le livre pendant que vous y êtes !
- Souffredoul de Sarlat, ma patience a atteint ses limites, exécution !!!


Pour toute personne étrangère à la tribu, ou encore à la garnison du Périgord Angoumois, un tel échange aurait choqué, mais c'était plutôt une sorte de rituel où chacun prend l'avantage à son tour. Une fois son estafette partie musarder à la recherche de Cast, la jeune femme vérifie que sa trousse médicale est bien dans sa besace, elle file ensuite se positionner devant une vitrine d'une boutique afin de vérifier si elle est bien coiffée, etc... Elle n'est pas du genre coquette, mais depuis qu'elle est avec son épervier, elle a tendance à se demander chaque jour, quand elle rejoint enfin sa tente, qu'elle tenue plairait à Cast, quelle coiffure lui qui aime tant jouer avec ses mèches rebelles, etc. Elle n'était pas frivole, loin de là, mais elle faisait plus attention. Bon là... forcément... avec les béquilles... on avait fait mieux dans le genre sexy...

Quand Souffredoul revient et lui indique une taverne qu'elle connaissait déjà, la jeune femme hoche la tête et lui ordonne de rentrer à la maison sans autres formes de procès. A peine a-t-elle fini de transmettre ses instructions, qu'elle a déjà fait demi-tour et se dirige, clopin... clopan... en direction de la dite taverne. Elle est fébrile, inquiète et heureuse d'enfin le retrouver. Il semblait si mal d'après ce qu'elle avait pu voir qu'elle activait ses béquilles comme elle activait son monde au quotidien, avec énergie et impatience de ne pas obtenir mieux. Quand elle se retrouve enfin devant la porte de la taverne, la jeune femme vérifie sa tenue, maladroite comme une jouvencelle à son premier rendez-vous, prend une inspiration et pousse la porte...

Il est là... dans le fond... il semble perdu dans ses pensées... Mais la première chose qu'elle note, c'est son teint verdâtre, puis les gouttelettes de sueur, et enfin le rictus de douleur qu'il ne peut s'empêcher d'avoir par moment. Elle s'approche tant bien que mal, slalomant entre les tables, les tabourets, chaises et autres bancs, tous là pour lui rendre le trajet plus difficile et se plante devant lui.


Dites-moi soldat, est-ce qu'une barbière aux doigts de fée pourrait faire quelque chose pour vous ? Car si c'est le cas, je me porte volontaire !

Elle affiche un sourire qu'elle ne ressent pas, plus inquiète encore maintenant qu'elle le voit de plus près...
_________________
Castelreng
Les yeux clos, il appréciait la chaleur bienfaitrice des flammes de l’âtre tout proche. Les bruits de salle lui arrivaient, lointains. Les rires gras et les choppes s’entrechoquant, le raclement des bancs et chaises sur le sol, les mots hauts du tenancier face à un mauvais payeur ne l’atteignaient pas, il était comme retiré dans un autre monde. Il était conscient et souriait même intérieurement à quelques blagues salaces dites par les uns ou les autres.

95 deniers la chope ! l’ était à 89 la semaine passée ! Tu veux not’ ruine Lepichet ! D’jà qu’les miches sont à 12 écus on va d’voir bouffer du caillou si ça continue !!

De qui ?

Pas d’ta femme Legros ! Elle est plate comme une planche ! C’pas toi qui porte le corset et elle la culotte d’ailleurs ?

Tout cas c’point ma Berthe qui traine autour du camp’ment Lepingre !

Du calme les gars j’veux point d’casse chez moi …. Chuis bon prince la prochaine c’est pour la maison !

Bah vu tes prix tu peux Lepichet !


Ç’appelle les affaires ça Lepingre ! Bois ça t’calmera…


La douleur lui broyant l’épaule maintenait son esprit parfaitement éveillé, le godet d’eau de vie de piètre qualité n’avait eut que l’inconvénient de lui brûler la panse. Il n’aurait sut dire depuis combien de temps il était là à se chauffer la couenne et s’en moquait bien. Pour le moment il aurait été incapable de bouger. Dans son coin, on lui fichait la paix et c’était bien là le plus important en cet instant !

Soudainement il ouvrit les yeux à cette douce voix qui faisait contraste à celles entendues jusque là. Il ne l’avait pas entendu arriver. Elle était plantée là sur ses béquilles, un sourire forcé aux lèvres, il n’en fut pas dupe. Il lui répondit par un sourire tout aussi pâle que le sien et, ne la quittant des yeux lui répondit d’un ton taquin.


Une barbière je ne sais pas mais une couturière ça c’est sûr ! Ma chemise à grand besoin d’un ravaudage… Tes doigts sont-ils assez féériques pour ce faire ? Tu comprends, je ne voudrais pas gâcher si beau lin...

Il la regarda ensuite de la tête aux pieds et ajouta toujours sur le même ton.

Je vois que toi tu fais dans la mode canard… tu es charmante ainsi équipée…

_________________
See the RP information <<   <   1, 2, 3, 4   >>
Copyright © JDWorks, Corbeaunoir & Elissa Ka | Update notes | Support us | 2008 - 2024
Special thanks to our amazing translators : Dunpeal (EN, PT), Eriti (IT), Azureus (FI)