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[RP] " Poupée doppée , t'es ma beauté "*

Judas.
« Tout se résume à la peau. »
Marc Gendron

Pertinente... Et si impertinente! La joute peu prendre fin, des deux cotés les masques sont tombés. Pour la première fois depuis longtemps Judas lâche un peu la bride, pourquoi nier ? Elle est dans le vrai.

Non, je te l'accorde. Tu me plais ... Tu m'inspire. J'ai envie de toi.

Les détours sont parfois bien inutiles, surtout quand le désir est évident, distendu entre le fin garde-fou de la raison. L'Anaon met fin habilement aux hostilités en terminant de se mettre à nue. Baisser les armes est souvent une preuve d'intelligence.

Le geste est empressé lorsque d'un coup sec il tire sur les braies qui cèdent et tombent en désordre. Elle qui n'a su que se détourner de l'intérêt qu'il lui a porté se met à lui baiser les lèvres, soudainement le prélude devient longuet pour le Frayner que les moindres de ses gestes et mouvements laissent à vif. Toucher, palper, agripper, caresser, la valse des jeux d'amours est d'une variété sans nom, mais à l'instant éphémère ou elle daigne bien se laisser prendre, c'est l'envie de claquer cette chair qui l'étreint. L'amour brutal, à l'instinct.

Touche moi, en dedans. A quoi ressemble la vie près de toi? Sentimental Judas? Peut-être. Inassouvi depuis longtemps, surtout. Au delà des sentiments naissants, l'homme a toujours un but plus terre à terre. Une descendance, qui s'inscrit sur les rondeurs d'un sein nourricier, la courbe d'une hanche maternelle, le galbe d'une fesse généreuse. Un instinct primaire, un besoin de conquérir et de peréniser. La main se fait vandale, forçant le rempart qu'on croirait impénétrable de l'Anaon. Elle se fait douce dans le lit suave et inattendu, calquant ses gestes sur les réactions de la créature. Prendre et recevoir, ainsi n'y a-t-il pas plus de sens à la vie de l'humain? Elle court, elle court , la fureur... La fureur des mains jolies. Elles sont passées par ici, elles repasseront par là... Elle gonfle elle gonfle l'envie, qu'on la délivre, qu'on l'exauce. Qu'on l'exprime.

Se détachant de l'étau de ses bras il sème sur son cou une myriade de fugaces baisers, cheminant jusqu'au coeur puis contournant le chemin de ronde jusqu'au puit du monde, le nombrilissime qu'il abandonnera bien vite. Encore la chute, jusque dans l'aine tendre , puis la laine tendre, toison des origines qu'il vient embrasser avec ferveur. Le baiser lui offre le gout légèrement salé des écumes dont seules les femmes ont le secrets, sur l'estoc de la langue qui s'enorgueillit de posséder d'autres lèvres. L'église répudiera, Anaon exultera, peut-être d'effroi.

Qu'elle est accueillante la Reyne, qu'elle est chaleureuse! Qui oserait encore l'appeler roide, lorsque sous ses regards peu jouasses se cache une ébullition latente? Le bliaut a chu, la virilité s'est échappée de sa prison de tissus. N'importe quel clampin pourrait entrer et les surprendre, le spectacle a quelque chose de banal au Petit Bolchen, Judas couche sur son lit plus de femmes qu'il ne saurait s'en souvenir... Exauçons-la , exauçons nous.

Judas l'abandonne brièvement pour reprendre sa hauteur d'homme. Il la mord à la gorge et la prend dans un soupir étouffé, crocs plantés sur la chaude jugulaire qu'il sent s'affoler un peu. Le premier assaut est toujours le plus délectable, si l'on omet le dernier. Une joie qui fait souffrir, un premier contact brut et doux à la fois qui réchauffe et apaise. L'enceinte a cédé, l'ennemi est en les murs. Il faudra capituler ou empêcher de dévaster, combattre jusqu'au dernier cri ou se coucher. Le vin a afflué entre les carreaux de pierre en une fine rigole carmine, non loin de la coupe abandonnée. Le capiteux de sa fragrance se mêle à celle de sa compagne.

En attendant, le Maistre sonne le glas des heures chastes et scelle son plaisir dans un baiser à l'odeur de raisin et au gout de cyprine.

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Envie de jouer?.
Anaon
" Être pour tout le monde la femme la plus indifférente à l’amour, et être en secret, pour son amant, la créature la plus libertine - si j’avais été femme, quelle jouissance ! "
      - Paul Léautaud -


    A quoi bon continuer le combat quand les deux parties lâchent les armes. Les mots se rangent derrières les langues qui se mêlent et le corps de la rebutée s’abandonne sous les mains du seigneur. Qu’il réduise les derniers remparts d’étoffe en lambeau, qu’il se fasse impétueux, qu’il lui arrache l’âme si c’est son bon vouloir. Peu lui importe. Dans le dernier craquement de tissu, elle réalise l’ampleur de son propre désir. Et çà lui claque dans les entrailles. Et çà lui lance dans la poitrine.

    Que commence la valse des soupirs. Que débutent les spasmes du corps qui quémande plus aux doigts inquisiteurs. La bouche se fait avide, les sens s’aiguisent et l’appétit palpite dans chaque veine du corps. Une faim de chair. Une faim de lui. Les hanches chaloupent à la recherche de la main qui s’exauce dans l’écrin.

    Puis laisser ses lèvres la fuir. Frissonner sous les lippes volages qui sculptent ses courbes. Elle contemple sa descente impudente, lenteur insolente. Savourer la vision. Elle qui s’était plut à faire languir un courtisan une nuit d’abandon subit aujourd’hui le doux supplice de l’indolence. L’amour n’est que frustration qui s’assouvit pour laisser place à d’autres encore plus fortes. Ainsi l’envie se fait désir et le désir devient folie jusqu’à l’instant ou tous les sens galvanisés se brouillent pour ne devenir qu’un amas émotion qui explose quand les corps trouvent la grâce tant désirée. Mais comme une prière qui ne s’exauce jamais, on se cherche encore, on recommence, on part de nouveau à la conquête de la plénitude absolue. Jamais pleinement satisfait. L’homme, un frustré éternel.

    Griffer le bois des ongles qui s‘y plantent. Creuser l’échine quand les lèvres honorent la féminité qui s’offre à lui. La tête bascule, la gorge tressaille des muscles qui y dansent. Fermer les yeux pour mieux le ressentir. Les poings se serrent, le cœur s’emballe.

    Et quand il la surplombe de nouveaux pour mieux la prendre dans une morsure, elle laisse échapper un hoquet étouffé. L’Animal qui la mord sans vergogne! Soit doux d’une main, violent de l’autre. L’Anaon qui n’a connu que l’amour bercé de sentiments, celui que l’on fait dans un rire complice, plongé dans un lit d’amants, savoure à présent les affres d’une étreinte plus viscérale. Plaisir brutal.

    Latence de la première union. Secondes pour savourer le premier contact qui viendra lui faire vibrer l’échine. Corps qui tremble, transi du désir qui lui brule les tripes. Une main retourne se lover dans la nuque alors que la seconde vient chercher la cambrure du dos. Et les jambes se nouent aux hanches masculines pour l’inciter au mouvement sur lequel elle n’aura plus aucun contrôle. Elle cherche les perles d’anthracites, mais il lui impose un baiser qu’elle lui retourne avec vivacité.

    Judas… Le nom lui laisse un gout de miel au relent de fer. Froid comme une lame, pourtant chaud comme les flammes. Elle veut l’avoir dans la peau comme elle n’a jamais désiré personne. Elle veut s’y briser comme l’océan contre la falaise, sentir vibrer en elle le fracas de leurs sens. Seigneur au nom d’opprobre, une douce violence qui s’insinue dans tout son être. Diable! Et Dire qu’elle avait voulut lui fuir!

    Judas. Sois mon outrance.


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Images originales: Victoria Francès, Concept Art Diablo III ----[Clik]
Judas.
« Rappelle à l'ordre un ami en secret et loue-le en public. »
Caton l’Ancien

Le mâle prend sa femelle, avec l'appétit des jours de disette. Fi de baisers, et autres caresses qui s'éternisent, Judas a faim. Faim du corps et de la chair. Si l'Anaon avait eu un poil de noblesse dans le sang, il ne l'aurait pas mieux honorée, en sus il aurait dû la vouvoyer. Non décidément, trousser à sa guise était encore le meilleur des passe-temps pour un homme sans épouse.

Sans manière il l'attira debout à lui, remontant une cuisse contre ses flancs. Un grognement sourd lui échappa lorsque l'envie de la posséder plus rustrement se fit sentir. Quelques objets tombèrent au même sort que la coupe de vin et dans le tumulte de l'étreinte il la mena peu à peu contre une fenestre qui offrait une lueur blanchâtre qui n'avait rien à voir avec l'heure matinale.


Tourne-toi... Regarde.

L'ordre n'en était pas vraiment un, car déjà il la fit pivoter face vers l'extérieur. Petit Bolchen s'était habillé dans son manteau d'hiver et son austérité étrange. Il força le passage entre ses cuisses, la faisant se cambrer malgré elle contre lui. La vision de la neige à peine née le fit sourire, murmurant quelques secrets à l'esgourde de sa mie. Poudreuse beauté, fugace et éternelle, une invitée qui s'en revenait toujours visiter Judas. Un peu comme l'Anaon, espérait-t-il.

Tu ne peux partir par ce temps, il te faudra rester encore.

Encore, ce mot qu'il adorerait s'entendre dire au moment où, brutal, il la tient par la nuque en l'arrangeant vigoureusement, les yeux brillants de lubricité. Ses mains baladeuses vinrent gravir quelques sommets, et parcourir quelques plaines, triomphantes jusqu'à trembler un peu d'une jouissance égoïste. Elle s'est tue, donnant à Judas une drôle de raison d'achever le périple qui les a conduit des casseroles aux murs de la pièce. Lorsque la vue se brouilla et qu'un râle gronda à la vue de ses propres mains agrippant hanche et mamelle, il fut sûr qu'il la voudrait de nouveau, plus tard. Judas était beau parleur, roy du boniment et des négoces arrangeantes... Il en allait de même en amour. Le plaisir qu'il prit à faire ployer l'Anaon fut grand, il se mit à penser qu'il la garderai près de lui, au moins pour ses talents, ou pour ce feu qu'elle couvait sous la glace.

Sans la prendre pour un lapin de six semaine, Judas était de par son égo de dominant, persuadé qu'il avait encore des choses à montrer à l'Anaon. Il accepta l'idée implicite que ce serait lui qui courrait quelques temps, à grand renfort d'attentions, sans se douter qu'il appartenait à cette catégorie d'hommes qui sont battés en pensant mener. L'union n'avait pas été trop brève, et il lui avait tout de même arraché quelques soupirs... Soucieux qu'elle ne s'en contente pas, il se rassura à sa façon, comme tout bon mâle qui se respecte: Elle devait bien savoir que la première fois n'était jamais l'affaire d'une journée... Une main caressante dans les cheveux de la Roide et quelques demandes chichement détournées alors que le souffle est encore court...


La tempête se lève, je ne puis permettre que tu te mette en danger... Je t'en pries, reste quelques jours. Je te ferai aménager une chambrée, j'y ferai mettre tout ce que tu désireras. Regarde, mon esclave est déjà entrain de mettre ton cheval à la paille propre...

Il indiqua un point mouvant, de l'autre coté de la fenestre tout en embrassant son épaule. La femme, cette promesse non tenue... L'homme, ce mensonge presque innocent.
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Anaon
" Il faut laisser les gens avec le nectar sur les lèvres. Le désir est la mesure de l’estime. Jusque dans la soif du corps, c’est une finesse de bon goût que de la provoquer, et de ne la contenter jamais entièrement "
      - " L’homme de cour "de Baltasar Gracian -


    Mains ancrées dans la chair de l’amant, bouche ouverte à la recherche du souffle qui lui fait défaut. Se faire soumise à ses caprices pour accepter la nouvelle pose et savourer la douleur comme un repas salvateur. Il est brutal et elle se surprend à y prendre plaisir. Dans les bras du démon, la morala dort, paisible. Elle se laisse aller, elle se fait diriger bien que sa soumission lui laisse un arrière gout de de rage. Rebelle qui n’accepte pas l’emprise. Insolente qui n’a pas le loisir de la réplique.

    Soudain, il la retourne et il n’aurait put être plus violent que dans la vision qu’il lui offre. Elle sursaute comme prise d’un soudain élan de pudeur face à l’immaculé. La neige, évocatrice de tant de mal pour l’esprit de la damnée. La dernière fois qu’elle l’a vue tomber, elle crevait en son sein. Hiver. Fatal hiver. Judas fait mal, inconsciemment.

    Les mots se font lourds dans son oreille alors qu’il la rudoie comme la dernière putain du bourg. Le dos se cintre. L’Anaon n’a rien d’une catin, ni même d’une marquise, mais elle porte dans son sang un lignage qui pourrait bien surprendre le Von Frayner. La main agrippe la hanche dans son dos. Sensations nouvelles qui l’enivrent. Le corps du seigneur est animal, mais sa voix se fait douce. Factice. Hypocrite! Il bat le fer pendant qu’il est chaud, caresse l’Anaon pendant qu’elle est encore malléable. Il est manipulateur, calculateur jusqu’à dans sa façon de la prendre, jusqu’à l’apothéose où lui exulte en lui laissant dans les tripes cette sensation d’inassouvi. Amer frustration de l’inachevé. Et a cet instant, elle le maudit.

    Un long frisson lui tire la chair de poule quand la main glisse dans ses cheveux. Anaon, sans doute plus sensible par la chevelure que nul part ailleurs. Ah! Qu’elle aimerait s’en départir, frustrée qu’il ne lui ait pas accordé la jouissance méritée! Judas, avant gout d’une débauche qui lui laisse un arrière gout de sel. Les yeux se ferment, les sens se calment et la mercenaire reprend peu à peu pied avec la réalité. Murmures heurtés qui s’épanchent au creux de l’oreille et les paupières s’ouvrent pour voir le rétif mené par la bride au dehors. Les mâchoires féminines se crispent de contrariété et le regard se voile de nouveau dans un soupir. Maudit Judas.

    _ Demain…. Si le temps est plus clément, demain je reprend la route pour Paris….


    Implacable. Mais prenons donc le temps comme excuse. La respiration se fait plus profonde alors qu’elle maitrise ses saccades. C’est alors qu’elle pense avec déconvenue aux crissements d’étoffes qui ont accompagné leur ébat… et là, l’Anaon se sent fine. Doucement elle se défait de l’étreinte puis attrape les bouts de ses braies démantelées encore coincées dans ses cuissardes. Elle les remonte comme elle le peu avant de contempler d’un air incrédule les deux bouts injoignables qu‘elle tient entre ses mains. Et un regard des plus accusateurs est offert à Judas.

    _ Je reste un jour de plus si tu te débrouilles pour faire rapatrier mes affaires restées au bourg…

    S’il faut jouer du chantage autant que se soit utile. Le visage qu’elle contemple alors ne lui apparait plus de la même manière et les anthracites qui la fixent la font déglutir. La balafrée se détourne. Attirance réprouvée ou soudain excès de pudeur? Même dépit quand elle prend conscience de l’état de sa chemise. Dieux que les hommes peuvent être mufles! Au plus grand plaisirs des dames certes…. Mais au plus grand malheur des vêtements….

    _ Tu dois bien avoir de quoi vêtir décemment une femme?

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Judas.
« Un pardon sincère n’attend pas d’excuses. »
Sara Paddison


Elle se détourne de lui, et le menton légèrement relevé le seigneur la suit du regard. Il l'a blessée. Ou du moins touchée, là, au coeur de l'égo. C'est fragile une femme, même une Reyne, même une Roide. Les milles visages de Judas se fondent en un masque de douceur, usant de délicatesse pour ne pas briser un peu encore le ténu filin qui la retient de s'écraser sur le tranchant du remord. La vesture s'est faite défroque entre les mains avides de l'envie, c'est après la guerre que l'on compte les morts... Judas constate l'ampleur des dégâts, silencieux. Ses mains viennent toucher l'étoffe déchirée, longer le tissus jusqu'à rejoindre celles désabusées de l'Anaon. Un baiser sur le front, pour briser à sa manière le silence de son amante. Ou l'amertume des mots qui sont à venir. Le feu pétarade d'un éclat rougeoyant qui achève sa course en frémissant dans le vin renversé, le pouce lisse de l'homme vient essuyer une poussière imaginaire sur la joue sauve de la brune. Un jour, un modeste jour. C'était bien peu.

Je vais envoyer un cavalier chercher tes vêtements.


Lui pourra bien trépasser à la glace, Judas voyait toujours ses priorités au plus précieux. Il se rhabilla prestement. D'un mouvement apaisé il la saisit dans le dos et sous l'arrondi du séant, la portant en épouse. Ne pas laisser une femme se promener à moitié nue, même pour le plaisir des yeux. L'égoïsme avait heureusement ses limites... D'un timbre sec et résonnant dans les cuisines calmes il héla son esclave qui ne trainait jamais trop loin de lui.


Ayoub! Prépare le bain.

La voix traversa la porte mal fermée, au delà de son seuil des pas furtifs se firent entendre. L'eau apaiserait peut-être les tensions, nettoierai l'affront et invitera à l'accalmie des âmes. Certainement pas des corps. Le couple emprunta une porte dérobée des cuisines pour gravir avec lenteur une voûte de pierre. Le passage les mena directement en face de la pièce aux drogues, laquelle fut dépassée pour rejoindre la chambre de Judas. Ce dernier déposa la créature sur sa couche, et vint cueillir la fleur de sa bouche avant que de ne se retourner vers un coffre trônant au pied du lit. Ledit coffre fut éventré, Judas farfouilla d'un air concentré, ou ailleurs. Difficile à déterminer.


En attendant que le baquet soit rempli, cela te conviendra-t-il...? Pardonne les dégâts causés. Je suis bien mal maniéré lorsque je perd la tête.

Aveu lancé. Une cotte blanche et un surcot sans manches ocre bordé de fourrure à l'emmanchure lui furent tendus, l'Anaon les passerait après le bain, en garçonne. De quoi patienter un peu... Machinalement il se choisit aussi une tenue assortie.

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Anaon
"  Possible ou impossible, le pardon nous tourne vers le passé. Il y a aussi de l'à-venir dans le pardon. "
      - Jacques Derrida -


    La fureur laisse place à la douceur. Seigneur de l’inconstance, il a un comportement en constante mouvance et sa tendresse laisse un fois de plus la mercenaire sans réponse. Simple d’encaisser un coup de bâton sans broncher, moins simple de répondre à la main qui caresse. Par la même douceur certainement. Chose dont l’Anaon est encore incapable. Elle prend à cet instant pleinement conscience de la complexité de Judas et se fait à l’idée qu’elle n’arrivera probablement jamais à le cerner complètement.

    _ Qu’il ramène tout… J’ai payé l’aubergiste jusqu’à cette nuit. Pas plus…

    Le ton est encore sec de la contrariété qui y vibre et l’idée d’abandonner armes et habits dans la chambre louée n’est pas du tout pour lui plaire. Qui sait combien de temps elle restera réellement ici. Profitant que Judas se rhabille, elle ramasse au sol gilet et poignard puis vient les serrer tout contre son ventre nu. Laminer les étoffes d’une ancienne tisserande, c’est comme poser sur la table d’un boulanger un pain à l’envers. Certes, elle ne l’aurait contredit pour rien au monde quelque instants plus tôt, mais désormais elle prend conscience du fait… Et plus qu’un simple mécontentement, c’est une gène mal cachée qui l’étreint. Mais Judas a réponse à tout.

    Surprise d’abord. Joues de pivoine ensuite. Elle a l’impression de n’être plus qu’une jouvencelle maladroite le jour de ses noces. Elle se fait raide dans ses bras qui la soulève avant d’oser se détendre. Lente marche qui la berce. Étrange silence qui les accompagne. Et toute aigreur s’évapore… Anaon, petit bout de femme derrière les lames.

    Une porte est franchie, il la pose sur le lit et la femme se laisse aller sur le flanc, jambes repliées et mains calées entre les genoux. Les azurites se font tranquilles sur le visage du seigneur. Elle aime ses cheveux. Ils sont beaux, sombres et long. Elle a envie d’y glisser ses mains. Il fut un temps où les siens chutaient sur ses reins. Désormais il n’en reste plus que deux longues tresses et un dégradé anarchique qui couvre à peine le haut de son dos.

    Une main se lève pour attraper les affaires tendues. La voix se fait douce.

    _ Ce n’était que des vêtements… Pas de quoi rivaliser avec l’Instant. La prochaine fois je céderais en connaissance de cause...

    Aveu pour aveu. Les lèvres balafrées s’animent d’un sourire sincère. Les bras se replient sur les vêtement, venant couvrir sobrement sa poitrine et les doigts s’amuse à frictionner la fourrure du surcot.

    _ Tu n’as jamais eu d’épouse?

    Plus qu’une question, une constation. Innocente qui plus est. Pour la première fois l’Anaon fait preuve d’une curiosité anodine, sans désir de faire mal dans le ressenti qu’elle pourrait soulever. Ici, rien n’est féminin, le seigneur semble être un libertin aguerri. Chose assez surprenante quand il est de coutume de prendre épouse dès ses quatorze printemps. Les habits qu'il lui a présenté ne sont pas ceux d’une femme passée, mais bien les siens. Encore que cela pourrait bien se comprendre. On a jamais envie d’habiller le présent de souvenir.


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Judas.
« Mauvaise question ? Mauvaise réponse ! »
Olivier Lockert

"La prochaine fois". Regard furtif vers l'Anaon. Pause infinitésimale. Il ne lui fera pas l'affront d'un sourire, qu'elle prendrait pour ce qu'il n'est pas. De la suffisance, ou un sentiment ouvert de victoire. Aussi les prunelles grises reviennent à ses affaires qu'il lisse du plat de la main machinalement. La question qu'elle lui posa le tira de ses pensées, mais au même instant on toqua à la porte entrouverte. Etrangement les portes étaient toujours entrouvertes dans la demeure de Judas. Comme des secrets mal gardés, des coffres jamais fermés à clefs. Il se saisit des affaires de la brune qui se retrouva dénudée, encore, et alla à la rencontre d'Ayoub. Quelques murmures échangés en aparté.

- L'eau du baquet est chaude Maistre.

- Tiens, prends ces affaires, porte les aux bains.
- Bien Maistre.
- Ha, et fais chevaucher un homme pour récupérer les affaires de notre invitée.
- Où sont-elles?
- A l'auberge du coin certainement, et puis il n'aura qu'à les fouiller toute, cela me laissera plus de temps en compagnie de leur propriétaire...
- ...
- Ne fais pas cette tête, fais ce que je te dis. Et j'oublierai de fermer la porte de Nour ce soir...


Prendre par les sentiments, par les cou**es, prendre au dépourvu. Tout un art de manipulation auquel personne n'échappait sous son toit. Le fidèle esclave prit congé avec les vêtements, l'air presque heureux et Judas s'en revint vers l'Anaon. Il admira sa position inoffensive, vint la saisir de nouveau pour la porter au bain qui les attendait. Dans un soupir d'éffort il répondit simplement:

Non. Un jour, peut-être.

Des amantes, des amis, des ennemis. Mais point de femme pour un Judas. Quelle femme avait les épaules assez larges, le coeur assez grand et les cornes assez longues pour garder un époux volage? Pourtant, cette femme viendrait un jour, et elle aurait tout. Tout sauf la fidélité de son mari. Celle du corps, du moins. Elle lui donnerait quelques enfants, et quelques soucis, il lui donnerait le droit de se contenter d'une solitude quasi permanente. Le nez vint fourrager les mèches brunes, en humer l'odeur.


Ma façon de vivre déplait aux femmes... A la plupart du moins. Ainsi qu'à ma famille. Et toi?

Les jambes de l'Anaon se balancèrent légèrement dans le vide, jusqu'à la pièce au baquet d'où une chaleur humide se dégageait. Les affaires avaient été pliées précautionneusement dans un coin, le baquet était au trois quart rempli, fumant. Un regard à une esclave qui attendait sagement près de l'eau, brosse et savon à la cendre en main.

Laisse-nous.

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Anaon
" Il y a des chagrins d’amour que le temps n’efface pas et qui laissent aux sourires des cicatrices imparfaites. "
      - Marc Levy -

    La réponse est sans surprise. La mercenaire se contente d’hocher de la tête contre l’épaule du seigneur qui la porte une fois de plus. Judas est homme à femmes, pas à une seule. De nouveaux à moitié nue dans ses bras elle prie pour que la salle d’eaux soit la plus proche possible et qu’elle n’ai pas à se faire trimbaler de la sorte dans la moitié de la demeure. Puis naturellement, il lui renvoi la question posée et la balafrée se perd alors dans quelques pensées.

    Quand la parole daigne éclore, c’est une porte qui s’ouvre, coupant l’Anaon dans son élan. Enfin la salle, son atmosphère chargée d’humidité et… une femme. Les regards n’ont pas d’emprise sur la balafrée. En temps normal. Mais on se sent toujours plus fort derrière des remparts de cuir et de fer. Pas en étant quasi nu comme un ver. Le regard qui aurait observer l’esclave sans sentiment en d’autre circonstance reste obstinément rivé sur la gorge palpitante de Judas. Frémissement des narines qui trahisse l’agacement et la mercenaire ne se détend qu’une fois la femme congédiée.

    Ses deux pieds retrouvent le sol et sans se faire prier elle se détourne pour achever de se mettre à nue. Les liens des cuissardes cèdent, les bas sont abandonnés. Le visage de la païenne se tourne pour se retrouver nez à nez avec un miroir. Lentement, elle se redresse est vient faire face au tain silencieux. Muet, mais si révélateur. L’index vient retracer calmement le sourire de l’ange.

    _ Moi j’ai déjà été fiancée. Il y a bien longtemps… mais il est mort avant d’avoir pu honorer nos épousailles. Assassiné. Du moins, normalement…

    Normalement. L’Anaon s’était fait à l’idée, aux rumeurs qui ne le disait pas mort. Peut être que le souffle qu’il avait livré dans ses bras n’était pas le dernier. Peut être que tout le reste n’a été qu’une macabre supercherie. Fiancée veuve ou femme abandonnée. Elle ne le saura probablement jamais.

    L’échine se tord pour offrir au miroir le reflet de son dos martyrisé. La main vient pousser les cheveux pour dégager la nuque. Visage qui reste de glace, mais silence qui en dit long. Elle n’a pas tous les jours l’occasion de regard ainsi son corps. Chaque fois c’est comme une redécouverte bien qu’elle soit incapable d’oublier çà. Elle se tourne encore, un doigt vient suivre une zébrure qui lui courre sur la hanche alors que d’autre effleurent la cicatrice qui lui marque la cuisse droite et qui se réveille parfois quant la fatigue se fait sentir pour lui rendre la démarche boiteuse. Comment des hommes peuvent ils encore touché çà… Elle, elle ne supporte plus son propre corps. Il y a des cicatrices qui saignent encore plus que les plaies elles-mêmes. *

    Vif demi tour et la femme fait face au seigneur à la peau immaculée avant de porter son attention sur le baquet. Elle y plonge un pied avant d’y entrer presque religieusement. A Paris, elle ne se contente que d’une bassine pour ses ablutions. Autant dire qu’elle ne fréquente pas les rares bains publics. Ce bains lui apparait alors comme une véritable bénédiction.

    Elle s’y assoit jusqu’à noyer ses épaules avant de fermer les yeux et de soupirer d’aise.

    _ Dieux que c’est jouissif…


*Jean-Marie Adiaffi

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Judas.
« L'âme-soeur finit malheureusement assez souvent par coucher avec le corps-frère. »
Gilbert Cesbron


Elle avait aimé. Aimé et souffert, puisque les deux vont de pair. Judas prit soin de se dénuder lentement, faisant tomber les remparts d'étoffes encore entiers, épargnés. La chaleur de l'eau fit se former une atmosphère humide et vaporeuse dans la fraîcheur de la pièce. La surface frémit, l'Anaon s'était immergée , soupirant de plaisir. Il vint la rejoindre, cassant le fil a peine apaisé comme on brise un miroir en marchant accidentellement dessus. Le clapotis se tût un instant, le temps que le seigneur vienne rejoindre le corps stigmatisé de sa voisine. Sans trop mot dire, il se saisit du savon de cendre qu'il laissa glisser entre deux omoplates de femme.

Instant de volupté, la viscosité du contact mêlée à la chaleur du corps de la Roide lui fit penser à ses cuisses tremblantes, prêtes. Réaction érectile instantanée. Le baquet n'étant pas d'une grandeur exceptionnelle, les deux amants se rapprochèrent inévitablement, jusqu'à ce que Judas la tienne en un étau de jambe, en son joug. Il frotta du plat de la dextre cette peau au relief inégal et grossier, traçant le sillon des souvenirs douloureux.


Mon premier amour a été assassinée aussi.

Silence pesant pour un Judas qui avait promis de ne plus aller pleurer sur une tombe qui l'empêchait de faire le deuil. L'image de Marie revint, tellement différente de cette femme auprès de lui dans la mare savonneuse. Marie. De celles qui vous font monter des marées de sel aux paupières, et qui vous laissent un jour exsangue dans le tourment de vos regrets. Ou de vos remords. Les larmes vont aux fleuves, et les fleuves à l'amertume*.


Je l'ai bien mérité.


Conclusion monocorde pour un Judas résigné, et puis comment expliquer l'indicible? L'eau coula d'une main en coupe dans le creux des seins d'Anaon. Baptisée d'un pécheur, amen. Une bouche volage vint effleurer le cou de biche, la prude avait été apprivoisée. La rétive avait embrassé l'apaisement. Judas murmura bien légèrement:


On aime toujours ce qui ne nous revient pas.

* D. Saez
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Anaon
"Les femmes désirent ce qu'elles aiment, les hommes aiment ce qu'ils désirent."
      - Sacha Guitry-


    Le corps féminin se redresse légèrement de quoi laisser de la place à Judas qui se coule dans son dos. Il vient l’enclaver de son corps et l’Anaon garde les yeux clos pour mieux dompter la tension répulsive qui ne demande qu’à naître sous la peau susceptible. Un effort pour se détendre complètement quand la main glisse sur son dos.

    Ainsi donc Judas avait déjà aimé. A quoi peut bien ressembler les sentiments d’un homme aussi libertin? Aussi sincère qu’un autre peu être. L’Anaon le sait bien, la déchéance n’est qu’une résultante de la douleur. Initialement, on nait tous blanc comme neige ensuite c’est la vie qui nous entache. Quel qu’il en soit, le Von Frayner semble en avoir été blessé par le passé et sa seconde réplique interloque la mercenaire. Les sourcils se froncent. Qu’à t’il donc bien put faire pour lui sortir une chose pareille? Le visage se tourne imperceptiblement et les lèvres s’entrouvrent avant de se raviser aussitôt. Il n’y a pas réellement de mauvaise question, seulement des réponses douloureuses ou dérangeantes. Ainsi elle préfère ne pas remuer le couteau dans la plaie. Pas encore.

    Instinctivement, le cou se tend sous les lèvres légère comme une invitation silencieuse à y fureter plus encore. La voix placide lui répond alors sur le même ton.

    _ On ne désire bien que les choses qu’on ne peut atteindre. Ca sert à çà le désir, à être désiré. Pleinement assouvie, il n’a plus de saveur par ce qu’il n’a plus lieu d’être. Comme une veille vengeance, une fois exécutée elle ne nous laisse que le goût du vide sur la langue alors qu‘on aura frémit pour elle pendant des années. On se languit d’une amante, on s’ennuie d’une épouse. Aimer ce qui nous reviendrait de plein droit serait bien trop facile…On aime pas ce qu’on acquiert en un battement de cil. Aimer l’interdit, c’est tellement plus délectable…

    Faut il encore réussir à aimer. L’Anaon fait partie de ses femmes qui ont donné leur cœur une fois sans jamais plus le reprendre et ce malgré la tombe. Il y a des deuils qu’on ne fait jamais. Il y a simplement des cicatrices, plus grosses, qui viennent recouvrir les premières sans jamais les faire disparaitre pour autant. L’Anaon avait pourtant compris qu’on peut continuer à désirer sans aimer. L’Amour et le Désir sont souvent des choses qui se marient mal au fil des ans. Et quand le premier meurt prématurément autant se contenter du second qu’on voue à d’autre. L’Amour pour l’outre-tombe, la convoitise pour les hommes de ce monde.

    Le tête bascule et les lèvres tailladées se posent sur la ligne de la mâchoire masculine.

    _ Qui peut bien mériter la perte d’un être qui lui est cher?

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Images originales: Victoria Francès, Concept Art Diablo III ----[Clik]
Judas.
« La conscience est la conséquence du renoncement aux pulsions. »
Sigmund Freud

Dieu qu'il aime la voir s'abandonner, tendre la joue comme un encore inavoué. L'Anaon lui plait, lorsqu'elle se tait et même lorsqu'elle parle. Il ne manque pas de l'observer et de boire ses mots, les mains sous marines viennent trouver l'aine et les hanches, juste pour déconcentrer, déconcerter. Les doigts viennent chercher l'interdit, et la langue persiffle une constatation.

Les pécheurs.

Contre les fesses l'envie, contre l'envie l'Anaon. Il serait imprudent de ne pas la contenter une seconde fois, aussi les lèvres dans son cou se font prudes alors que la senestre du gaucher qu'il est vient glisser plus au coeur de l'aine qu'elle abandonne bien vite. Audacieuse, elle caresse avec tendresse, puis appuie son désir. Toucher une femme n'est pas affaire à prendre à la légère, et Judas garde un calme relatif pour la sentir s'ouvrir un peu, pour sentir son palpitant s'affoler lentement. Tout se faisant, il hume ses cheveux qui trempent de pied dans l'eau du bac, marbrant lorsqu'elle se redresse un peu ses épaules de femme.


Anaon, reste encore un peu. Ne t'effraies pas de mes esclaves, ni de moi.

La dextre rejoint sa jumelle pour mieux explorer ce qui fait de l'Anaon une créature de dieu, avec ses forces et surtout ses faiblesses. Le lobe de son oreille est mordu de tendresse, juste pour sentir se mêler à l'eau ce dont il a encore le gout sous le palais, pour forcer un "encore" qu'il a langui l'heure précédente. Le savon a coulé, il n'a plus besoin de sa texture pour glisser sur la peau de son amante. Il veut la Roide lascive entre ses mains qui la percent d'audace, et cette fois il ne la délivrera de ses cuisses que lorsque les siennes auront ployé sous le spasme.

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Envie de jouer?.
Anaon
" Les tentations, contrairement aux bonnes occasions, se présentent toujours une seconde fois. "
      - O. A. Battista -

    Les mains qui se font baladeuses sont gracieusement ignorées par l’attention qui se fige sur les mots sifflés. Pécheurs. Le regards se fait sceptique et la voix prend le ton d’une pensée qu’on révèle à voix haute.

    _ Suis-je à même de comprendre ce mot?

    Le pécher, une culpabilité inventée par Aristote. La païenne, elle, a d’autre démons. Les yeux se ferment sous le toucher des lèvres tandis que l’esprit se penche sur les mains masculines qui se font plus taquines. L’homme est un gourmet qui n’est jamais rassasié. La tension qui nait dans ses reins la ramène à l’inachevé précédent et elle livre une expiration plus profonde qu’une autre.

    Et de nouveau il l’a prie, chauffe le fer pour mieux le tordre selon son caprice. Ah! Saloperie de Judas! Il lui tend encore la main et la sucrerie dans l’autre, cherchant à l’acheter avec le plaisir dont il lui offre les prémices. Et çà, çà l’agace, çà l’irrite même! Les mâchoires de l’Anaon se serrent, les muscles palpitent de contrariété sous les joues martyrisées. Mais ce qui l’exaspère, c’est son incapacité à se soustraire de son joug alors que ses manières l’agaces. Non, elle ne veut pas fuir ses caresses qui affolent le rythme dans ses veines, mais elle voudrait le claquer quand il joue de ses faiblesse avec une telle désinvolture. Dieux qu’il est si détestable! Dieux qu’il est si désirable…

    Les mains s’agrippent aux genoux qui l’encadrent alors que le corps se cambre. Rester? Sa vie est à Paris, quelque part entre les couloirs du Louvre et les bas-fonds douteux dans la capitale, pieds et poings liés par quelque contrat de nobles. Elle restera… mais peu.

    Un sursaut tel un hoquet de plaisir. Une fois de plus les mains la possèdent dans une emprise des plus délicieuses. La surface liquide s’agite du corps qui se tend et se détend sous le rythme des doigts qui la transpercent. Entrailles en ébullitions. Souffle qui se fait lourd. Et la peau vibre du plaisir naissant. Les mains glissent le long des cuisses masculines.

    _ Alors retiens-moi encore…

    Et pour la première fois la supplique éclot dans un murmure pareil à un aveu. Pour la seconde fois elle se livre à l’incube, animé d’une ondulation lascive entre l’étau de son ardeur et de ses mains provocantes, mais brulant cette fois de la ferme intention de ne pas le laisser s’assouvir sans qu’elle n’aie reçu son du...

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Judas.
« Créer, non posséder ; oeuvrer, non retenir ; accroître, non dominer. »
Lao-Tseu

Tout ce que tu voudras ma mie.


Retenir, une chose que Judas sait faire sans trop d'effort. Retenir, au sens le plus terre à terre qu'il soit lorsqu'il passe sa senestre sur la bouche de l'Anaon, en bâillon de chair. Le geste est aimant, bien qu'on pourrait le trouver violent dans son sens profond ou sa signification. Il ne l'étouffe pas, il la soumet à l'inéluctable. Tandis que les doigts libres convergent vers un évident plaisir, ceux qui retiennent le souffle de la Roide s'échauffent, traçant de clairs sillons sur le rose de ses joues. Poigne masculine, toute appliquée à retenir. Retenir.

Des cris ou des suppliques, du bien en soupirs. Le bonheur au bout des lèvres dont son amante ne peut se détourner. Il y a dans les yeux de Judas un air curieux, de la froideur méthodique et de l'envie compulsive, yeux qu'il ferme pour mieux entendre son autre s'abandonner un peu, beaucoup, encore. L'eau s'agite un peu, comme elle noierait un animal fatigué d'avoir trop vécu, sa houle légère lèche les auréoles éveillées et les baigne d'une salve de langoureuses vagues. Le corps exutoire reçoit, le corps exulté retient, imprimant ses gestes cadencés.

Une canine audacieuse vient mordre l'oreille, pour mieux sentir les naseaux de sa jument se retrousser, la chair de poule s'étioler. Deux pavés dans la mare, l'eau qui dort s'encanaille au contact des échaudés et laisse ses embruns s'étirer jusque sur les rives du baquet. Les rouleaux s'écrasent, de déversent pour sonner la mort de la sagesse contenue. Bruit de liquide qui s'épand entrecoupé d'hoquets étouffés, de sanglots doucereux, monte la marée, monte ... Guette la saccade, guette, mon amante des jours maussades.

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Envie de jouer?.
Anaon
" La vertu des femmes est à la merci des tentations des hommes. "
      - Thérèse Tardif -


    Il faut savoir être bon joueur pour apprécier le jeux et se soumettre aux règles comme à la main qui bâillonne. L’Anaon se fait complice pour son plus grand plaisir. Les yeux se ferment pour mieux savourer et la tête s’appuie contre l’épaule de Judas, soumise, comme une condamnée résignée qui attend sa sentence. Et quelle sentence!

    Le corps austère se fait chair de luxure. Chaud et accueillant. Souple et suppliant. D’abord la langueur puis vient l’ardeur. Elle ploie sous les doigts qui offensent l’antre trop longtemps resté chaste avant ce jour, brisant le calme de l’eau de ses cambrures convulsives. Il éveille la géhenne dans ces veines, embrase la fureur des sens. Peau contre peau, torse dans son dos, d’un touché il la chauffe à blanc.

    Les cordes chantent sous les mains virtuoses, les doigts trouvent le bon accord qui fait éclore les notes du plaisir étouffées par la chair en bâillon. La pulpe presse, écrase les suppliques d’une Anaon en transe. Roide d’esprit, la balafrée supplie. D’une courbure galvanisée, d’une main qui presse elle quémande l’exaltation. L’amour, un plaisir partagé. La luxure, une jouissance égoïste. C’est sans remord qu’elle se repait du délice qu’elle est seul à savourer. Par le corps tout au moins. Il y à certaine volupté qui se satisfont d’autre manière. Elle laisse à Judas la jubilation de son emprise sur elle, la balafrée se contente du désir plus terre à terre. Pas encore aimante, elle est une amante qui s’assouvie et qui renâcle comme une cheval piaffe.

    Qu’il sonne l’hallali! La biche est rompue, elle n’est que plaisir en saccade. Les membres tremblent, l’esprit chancèle. Qu’il l’achève! La raison embrasse la perdition des sens. Les mains se crispent sur les cuisses masculines, dernier point d’ancrage pour la conscience révulsée. Sous la paume du gaucher les nacres mordent lèvres et doigts. Le cœur en chamade attend l’éclatement. Les cuisses fébriles attendent l’abattement.

    Achève-moi.

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Judas.
« C'est parce que tu ne ressembles à personne que j'aurais voulu te rencontrer toujours, n'importe où »
De Corto Maltese à Pandora Groovesnore, Corto et les femmes.


Exaltée, jouet tout à lui vouée. Il est fort plaisant de voir combien un être peut avoir de visages. Les femmes se fardent, les hommes illusionnent. Nue de corps et d'esprit, l'Anaon n'a plus rien à cacher, et ce ne sont pas les balafres ni les stigmates qui parlent pour elle, non. Pas cette peau, cette enveloppe qui n'est bonne qu'à tromper le monde. Ses vérités sont ailleurs, là ou personne ne pense devoir les trouver, là où personne ne s'attend à les découvrir. Diversion naturellement humaine. Nos défauts et nos infirmités ne sont pas ridicules en eux-mêmes, c'est l'effort que nous déployons pour les dissimuler qui l'est. Et la Roide est une Reyne de l'illusion, un adversaire à la hauteur, c'est dans son cri de jouissance qu'elle se révèle. On ne ment pas quand on jouit. On ne minimise plus, on ne retient plus la carapace, la force du corps est trop éprouvée pour ça. Quant à l'instinct pénible des intouchables... Mais quel instinct?

Entre ses mains, ce n'est plus une orgueilleuse. Ce n'est qu'une femme qui l'espace d'un instant cède et accepte de se coucher. Ou de s'élever. Judas savoure dans un grognement de jubilation l'infime moment où le corps de son amante s'ébranle, où sa voix s'étrangle. Il ne l'avouera pas mais pour cette qualité à savoir s'offrir, il l'admirera. Certaines choses ne tiennent ni à la noblesse, ni à la fierté. Certaines choses tiennent au sentiment de sérénité, sécurité. Les hommes qui ne savent pas s'abandonner ne sont que des couards, bon gré ou malgré eux. C'est la peur qui leur lie les poings. Quand un homme abandonne son pouvoir entre les mains d'une femme, il n'y pas long pour qu'elle en vienne à le mépriser.

Quand on est aimé, on ne doute de rien. Quand on aime, on doute de tout.
L'amour est fait du désir de comprendre et bientôt, à force d'échecs répétés, ce désir meurt, et l'amour meurt aussi, à moins qu'il ne devienne cette affection pénible, cette fidélité, cette pitié.. Il est plus facile de renoncer à un sentiment que de perdre une habitude. Les échecs, le Frayner n'en faisait pas vraiment un problème. Mais qu'en était-il de la peur, la peur de l'échec...

L'eau avait refroidie, le couple put retrouver cette sensation désagréable après avoir dégrisé. Judas mordit affectueusement l'épaule d'Anaon, avant de sortir , l'échine secouée par un frisson. Il se sécha, se vêtit prestement afin de tarir avec douceur son autre. La silhouette masculine du seigneur se vit étirée en hauteur par le port de chausses très ajustées, comme la taille et le buste du pourpoint qui attendaient sagement pendant les jeux du bain. Ses épaules sont étoffées, ses manches sont fendues. Les vêtements sont retenus non par des boutons mais par des laçages et des aiguillettes. La houppelande est passée*, la main du Frayner appelle celle plus fine de son invitée.


Viens donc que je te sèche, tes affaires ne devraient plus tarder.

Fugace sourire, qui est cette brune finalement? Ce qui est bien quand on a trop de pensées et de questions qui se bousculent, c'est qu'on peut, à l'heure ou l'on veux, se retirer en soi-même. Nulle retraite n'est plus tranquille ni moins troublée pour l'homme que celle qu'il trouve en son âme.

* (Contrairement aux idées reçues, la houppelande est un vêtement porté par les nobles aussi bien femmes qu'hommes, généralement mi-longue et ouverte sur toute la hauteur)

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Envie de jouer?.
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