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[RP] " Poupée doppée , t'es ma beauté "*

Anaon
" Pour être dur il faut être fragile. La douceur est la véritable pugnacité. "
      - Gretel Ehrlich -


    Plaisir pulsatile, les cuisses s’ébranlent d’un ultime spasme alors que la voix se perd dans sa dernière note. Une complainte jouissive puis un soupir d’aise quand la main libère les joues blanchies de sa poigne. L’esprit exsangue de toute volonté, elle se laisse pleinement aller contre le corps de Judas. Petite mort qui l’enveloppe de ses bras de coton. L’instant qui suit le contentement est certainement tout aussi délectable que l’ébat. Une douceur languide qui apaise autant qu’elle scelle le désir pleinement assoupi et savouré. Une volupté qui calme l’ivresse des corps. Esprit vide, seul lui parvient la respiration assagie de son amant. Morsure qui lui tire un furtif sourire et quand le corps complice l’abandonne elle se laisse glisser au fond du baquet.

    Disparue sous la surface, elle s’enivre du silence assourdissant qui lui étreint le crane. Si sa respiration le lui permettait, elle s’endormirait là, flottant entre deux eaux, bercée par la seule mélopée de son propre sang qui pulse à ses oreilles, battant sa douce cadence. L’air ne manque pas et c’est la voix brouillée de Judas qui la tire de sa somnolence sous-marine. Elle crève la surface d’un bond avant de fixer de son regard bleu sombre la main tendue vers elle… et de comprendre pleinement les propos prononcés.

    La main se love dans sa consœur , y prend appuie pour l’aider à se lever et sortir du bac. Elle vient alors presser ses cheveux puis laisse à Judas le soin de la sécher. Les mains masculines courent les courbes sans qu’elles n’y rencontre aucun réticence. Une ossature arachnéenne, aux galbes de mère non de pucelle, une chair que l’Anaon avait su rendre vigoureuse avec le labeur. Un frêle sourire vient remercier le Von Frayner et à la balafrée de s’empresser de se rhabiller. Elle enfile la cotte immaculée qu’elle surmonte du surcot de Judas avant de rechausser ses cuissarde délaissées dans un coin. Avec ses tics de vieille tisserande elle vient pincer entre ses doigts les tissus au niveau de sa taille pour les cintrer. Le seigneur à beau être mince, il reste un homme et elle une femme, c’est un fait. M’enfin, ces habits iront parfaitement bien pour le moment.

    La mercenaire vient alors faire face à l’homme et elle prend alors le temps de contempler sa vêture. Hier encore, le soir, il déambulait torse nu au milieu de sa cour de débauche, seuls ses bijoux et son charisme pour trahir sa noblesse. Maintenant il a tout d’un vrai seigneur, tenue en plus pour redorer sa superbe. Elle y voit là l’aubaine de satisfaire sa lubie de la journée.

    _ Laisse-moi m’occuper de tes cheveux…

    Déjà la main s’empare d’un peigne qui repose sur un meuble et sans lui laisser le moindre choix elle le contourne pour glisser ses doigts dans les longs filins d’ébène. Elle le peigne alors comme on peignerait la chevelure d’un enfant, les doigts empreints d’une douceur presque maternelle. Elle se fait méticuleuse et cette simple tâche finit de la détendre complètement. Elle l’a décrété, elle aime ses cheveux. Les brosser, elle en fait un plaisir tout simple qu’elle ne laissera pas lui filer entre les doigts. D’un geste mainte fois répété, marqué du savoir-faire - ou du secret - dont toute femme digne de son nom devrait avoir, elle remonte ses cheveux sur sa nuque et vient les nouer astucieusement, les retenant par deux longs mèches noires gardées à part. Un catogan sans ruban.

    Du plats des mains, elle lisse les épaules de Judas, glisse le long de son dos pour trouver son point d‘ancrage sur sa taille. Les lèvres viennent se poser sur sa nuque. Un baiser d’une amante, non d’une mère.

    _ Voilà…


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Images originales: Victoria Francès, Concept Art Diablo III ----[Clik]
Judas.
« La curiosité est autant parente de l’attention que l’attention l’est de la mémoire. »
Richard Whately

Un sourcil étonné s'arque sur le visage du Frayner.

Ainsi Anaon, tu serai femme à faire un baise main à un homme...


Rire bref. Judas l'a compris, telle est l'Anaon, "fi des convenances"... Ce n'est pas pour lui déplaire, par ce geste inhabituel voir déplacé en société, son amante se démarque de toutes les autres. Il comprend soudain qu'il ne la regardera plus comme ces autres là, pendant que le peigne glisse le long de ses cheveux aux pointes humides. Quelque chose se passe lors de cet instant étrange, pendant que les doigts de femmes nouent habilement le crin sombre de Judas.

Raconte moi ce que tu fais de tes journées, de ta vie. Où demeures-tu, les jours où te ne te perds pas chez moi?

Car les interrogations piquent à l'heure ou tout semble fait, tout n'est pas encore dit. Ayoub entra sans frapper, et comme pour se faire pardonner cette audace déposa les affaires de la Roide sans mot dire avant de ressortir prestement. Alors que l'esclave est déjà reparti, judas murmure pour lui même:

Tu as raison Ayoub, ne t'attardes point trop céans. Je te ferai couper les oreilles pour ta curiosité...

Car la maison fourmille, et les petites gens de Judas ont une vie aussi derrière leurs obligations. Certains lient de secrètes amours, d'autres grossissent de fameux ragots. Le maistre n'est pas dupe, chaque nouvelle femme arrivant à Petit Bolchen fait l'objet de folles rumeurs et de pronostiques inavoués. "Celle-ci restera quelques jours", "Celle là cèdera bien assez tôt"... Les servantes surtout bavardaient dans le dos, faisant d'astucieux paris pour une miche de pain en plus. Judas se faisait sourd, fallait-il bien leur laisser quelque chose pour leur pauvre destin. Et puis n'étaient-ils pas à son image?

L'anaon se fond dans son dos, il sait qu'elle partira bientôt. Au moins ses questions lui permettront de la retrouver...

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Envie de jouer?.
Anaon
" On ne résiste à rien plus difficilement qu'à la tentation de pénétrer dans l'espace intérieur d'un être. "
      - Elias Canetti -


    Un sourire coule sur les joues sciées et l’Anaon en vient à s’amuser du nombre de fois ou elle a put sourire aujourd’hui. Ainsi même un mausolée est capable de s’illuminer.

    _ Sur le papier je suis Bretonne, mais je passe le plus clair de mon temps en la Capitale. Même si souvent j’aime aller me perdre au cœur de l’Armorique…

    La porte s’ouvre et la mercenaire se hisse sur la pointe des pieds pour voir par-dessus l’épaule de Judas son suivant leur poser son barda et repartir en silence. Au murmure, les lèvres s’approchent de l’oreille du seigneur.

    _ Laisse lui donc ses oreilles à ce pauvre bougre…

    La mercenaire se sépare alors de lui pour aller ausculter le paquetage apporté.

    _ … il m’a ramené mes affaires, je suis contente.

    Le barda n’est pas gros et Visgrade n’est plus jeune, autant ne pas s’encombrer et l’encombrer de broutilles inutiles, l’étalon a déjà sa cavalière à porter, ce n’est pas rien. Plus que le linge, c’est le contact rassurant du fourreau qu’elle vient chercher. Les doigts de sa droite effleurent amoureusement la garde de l’épée avant de l’abandonner pour chercher prestement la poche intérieure d’un gilet qu’elle tâte puis en extrait une petite chaîne qu’elle noue à son cou. La petite croix druidique retrouve sa juste place contre sa poitrine. Satisfaite elle finit par faire l’inventaire de choses plus futiles. Tout en continuant de converser.

    _ Je n’ai pas vraiment de travail fixe. Je prends ce qu’on m’offre, bien que je loue plus souvent mes services pour des tâches qui nécessite plus de… discrétion. Tant que l‘écus teinte je fais et je me tais. Je joue parfois les chaperons des nobles, les préceptrices… j’éduque les chieuses de Digoine à monter à cheval…

    De chieuse, l’Anaon avait trouvé sa perle et elle savait qu’elle n’en avait pas fini avec la Blanc-Combaz. Le ton est placide malgré les sous-entendus, comme si ôter la vie pour quelque écus est chose aussi banale que vendre son pain ou ses carottes. De son minimum syndical, la balafrée extrait une paire de braie pour se couvrir le séant. Elles les enfile avant de renouer correctement ses cuissardes puis elle vient cintrer sa taille d’une ceinture. En gardant tout naturellement les affaires prêtées par Judas.

    Barda et épée dans les bras, elle fait de nouveau face à Judas en haussant brièvement les épaules.

    _ Bref… je suis multitâche. Je vend mon âme… mes armes. Mon temps. Mais pas mon corps.

    Là est une chose sur laquelle elle met un point d’honneur. Anaon, chair à canon, pas femme de chair. Elle ne s’abaissera jamais à jouer les catins pour de l’argent. Bien qu’il ne faille jamais dire jamais…

    _ A quoi ressemble la vie d’un seigneur? Mise à part passer les nuits à courir les femmes?

    Sourire en coin.

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Judas.
« Parler - se taire : un même meurtre. »
Jean-Claude Renard

La menace n'était pas une promesse pour le pauvre Ayoub, Judas s'amusa de voir sa roide si compatissante. Pendant qu'elle sondait les affaires ramenées, il s'assit sur un fauteuil qui se tenait toujours près du baquet. Il se revit un instant trônant sur ce même baquet, face au corps nu de la Frêle grelottant dans l'eau claire. Nyam avait commencé sa vie de servante ici, dans cette même pièce, écrasée par l'ombre menaçante du Von Frayner. Regard à son amante. Mieux valait qu'elle ne sache pas tout ce qui avait pu se dérouler dans les murs de Petit Bolchen. Il ne s'étonna même pas de ses confessions d'Anaon, ni ne s'en offusqua, lui qui s'était habitué à côtoyer les gens qu'il ne fallait pas. Et puis , Judas ne courrait pas les femmes, c'étaient les femmes qui courraient le Judas!

Digoine? Il est de chez moi celui-là.

Une constatation pensive qu'il exprima en nouant une cape. Il se leva lorsqu'elle lui fit face avec son paquetage, et l'invita à le suivre hors de la pièce tout en bavardant.

Ha un seigneur... Il chasse, souvent. Il fait ripaille... Il exploite ses propriétés.

Sur ce dernier point a double sens, Judas resta sciemment vague. Il termina sa phrase en surjouant, levant les yeux au ciel tout en progressant dans les corridor aux meurtrières.

Il y a aussi les allégeances, les interminables réunions de famille à Bolchen, en Lorraine, les déplacements sous escorte, les messes ...


En général les seigneurs considérés comme des membres puissants du royaume étaient au service de la reyne tout en dominant la paysannerie en échange de leur protection... Mais chez les Von Frayner, le cas de figure différait un tantinet. D'ailleurs si la Reyne mourrait un jour de façon mystérieuse, il y aurait fort à parier qu'un Frayner soit le noeud de l'intrigue. Dominer la paysannerie, oui, mafoy Judas le faisait fort bien, à sa manière... Penser que notre zig respectait les principes chevaleresques comme la protection des faibles était juste risible. La réalité, c'est que la plupart des grands menaient des guerres entre eux, dont les paysans étaient souvent les victimes. Bref! Comme partout, il y a les bons seigneurs et les mauvais, et fomenter restait le passe temps le plus courant de ces nobles gens.

Sexte sonnait. La veillée et la journée avaient été mine de rien bien remplies. Il s'étaient séduits, s'étaient drogués, s'étaient abandonnés, s'étaient nourris, s'étaient appris comment faire des enfants et comment ne pas en faire, s'étaient baignés, et enfin, avaient fait connaissance.


Non, vraiment, ma vie n'est pas du tout mouvementée...

Du tout.

J'ai quelque chose à te dire, avant que ne te reprenne l'envie de me quitter.


Et moi de te voir partir.
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Envie de jouer?.
Anaon
" Le peuple déjeune, la bourgeoisie dîne, la noblesse soupait. L'estomac se lève plus ou moins tard chez l'homme selon sa distinction. "
      - Edmond et Jules de Goncourt -


    Propriété. L’Anaon se doute bien quel sens ce mot peut avoir. Comprendre Judas, exploit impossible. On ne peut prévoir l’imprévisible. Mais cerner ses mœurs et ses lubies, une chose à la portée de la perspicacité de la balafrée. Judas est mâle autant que mal. Seigneur dominateur, elle l’imagine bien abuser de quelque pouvoir sur ses suivants… ou ses amantes.

    Quand il lui parle de réunion et autre cérémonie de « faire-voir » la mercenaire décoche un sourire ironique. Dieux qu’elle remercie ses parents de lui avoir ôter la cuillère en argent de ses lèvres de nouvelle-née. L’oisiveté l’aurait tué. Les paperasses aussi. Du temps où elle était installée et qu’elle ne courait pas les villes et les tavernes à la recherche d’un fol espoir, l’Anaon était celle qu’on trouvait au four, au moulin et au champ. Quand elle n’était pas avec les maréchaux, elle était à la mairie. Quand elle n’était pas à la mairie, elle était aux bains. Quand ce n’était pas les bains, elle était avec ses chevaux ou encore aux champs. L’inactivité l’aurait achevé.. Tout comme son énergie l’a certainement usé.

    Si l’Anaon avait gardé une distance relative avec sa famille, c’est qu’il y avait une bonne raison. La noblesse, un art de se faire voir et faire de la politique. Et la politique les Dieux savent qu’elle l’abhorrent. Encore qu’elle n’aurait pas refusé un lopin de terre avec bois et gibier en échange de quelque devoir de nobliau . Il y eut un temps où elle détestait la chasse avant d’en avoir fait l’un de ses passe-temps fétiches. En même temps, quand la viande venait à faire défaut sur les étalages, il fallait bien trouver de quoi nourrir le foyer. Une tâche d’homme selon l’Anaon, mais quand l’homme lui aussi vient à manquer…

    Un hochement de tête amusée vient suivre à ses dires avant qu’il ne l’interpelle d’une toute autre façon. " J’ai quelque chose à te dire ". Une formule qui sent le sapin. C’est comme prévenir quelqu’un qu’il va se prendre un pain… Mais non, il ne faut pas! Frappe donc et tais-toi! Encore que la balafrée ne voit pas qu’elle claque elle pourrait se prendre… outre celle de sa senestre…

    Le visage de la balafrée se tourne vers Judas, sans un mot, seulement pour lui signifier qu’il a tout son attention.



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Judas.
Il s'arrêta.

Si un jour il t'arrivai quelques mésaventures, ne te garde pas de m'en parler... Si tu as besoin d'aide pour quelque raison que ce soit, si tu te retrouves en mauvaise posture face à qui que ce soit... Dis le moi.

On jure implicitement de protéger ce qui nous touche, on se garde de trop en dire pour ne pas en rire. Que la nature de l'homme noble est amusante... Fière et possessive. Les yeux de Judas parlent pour lui.

Ha Anaon! Tu m'as déjà donné le plus dur! Ne te recroqueville pas dans ta fierté lorsque tu détourneras tes yeux de moi. Pour d'autres horizons, ou d'autres hommes. Il y a quelque part des choses qui lient même au coeur de l'absence, du silence. Tu peux partir, vaquer, faire ta vie et m'oublier! Bien sûr...


Ce ne sont pas des grands mots, je n'aime pas les feux de paille. Juste...

Les yeux roulent encore, comme pour chercher à rendre moins solennel la requête.

Une promesse.

Ils reprennent leur marche, dans un silence ténu. Judas promet de pourfendre le premier qui jettera la pierre à sa dame de roc, il en cuira au fol qui lui fera du mal, à mots couverts. La Roide en fera bien ce qu'elle voudra, les choses valent toujours le coup d'être dites avant qu'il ne soit trop tard. L'homme ne s'attache pas, il expérimente chaque jour l'art d'aimer les femmes, et de protéger ce qu'il aime.

Fin du premier acte.

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Envie de jouer?.
Anaon
" Prenez le temps comme il vient, le vent comme il souffle, la femme comme elle est. "
      - Alfred de Musset -


    … Et Judas tel qu’il est. Avec ses humeurs et ses caprices. Sa douceur et sa froideur. Ses serments et ses parjures. L’arrêt la force à le regarder droit dans les yeux et l’oreille se fait des plus attentives. Silence sérieux. Presque électrique. Rien ne passe sur le visage de la balafrée, peut être juste le marbre qui reprend doucement ses droits sur ses traits détendus.

    Judas, si tu savais comme je me suis promis de ne plus être l’agneau et comme j’ai détester les hommes de ne pas pouvoir compter sur eux. J’ai haï l’ami, l’amant, l’amour. Autant que j’ai souffert de leurs absence, j’ai méprisé ma dépendance. Je ne veux plus être celle que l’on garde derrière les lignes. Qu’on me laisse le gout de mes vengeances. Ce n’est pas de la fierté, c’est une culpabilité que je ne veux plus ressentir.

    Je ne serais plus l’agneau.

    Les azurites se sont détournées du seigneur pour se fixer sur le sol qui s’étend devant leurs pieds. Le silence se scande de leurs talons qui claquent sur le pavé. Une promesse. Un lien créé pour être rompu. Pessimiste l’Anaon? Peut être… juste qu’elle n’attend plus rien, ni des autres ni de la vie, bien que les paroles de Judas la laisse songeuse.

    Il y a des " merci " qui ne se prononcent pas. Et des gratitudes qui ne serait pas sincère. La mercenaire s’exprime par le silence, privée de mot. Seule sa main vient chercher le frôlement de la droite masculine. Furtive et brève, avant de retrouver sa place contre son paquetage. Rien de trop dit. Rien de non-dit...



    " La femme est une promesse non tenue… "


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