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[RP] Mariage d'A. de Josselinière et de C. de l'Épine

Aaron




[Hôtel de Reims]

Le Cardinal de Nagan, qui allait être le maître de cérémonies de plusieurs célébrations sur Paris, se trouvait dans la capitale depuis déjà quelques jours en son hôtel du Marais où il avait prit soin de préparer avec minutie le mariage d'une marquise, mais aussi quelque jours plus tard d'un "prince".

Voilà déjà plusieurs mois que l'archevêque de Césarée ne cessait de faire des allés et retours entre la Normandie, la Champagne et Paris, qui par chance se trouvait entre les deux.

La veille du mariage, habillé d'une longue soutane toute de noir et d'une fourrure de zibeline par dessus, le prélat donna encore quelques directives aux chanoines de la Cathédrale de Paris qu'il avait réuni à Notre-Dame dans la perspective de boucler la cérémonie qui devait être parfaite pour le lendemain. Les derniers préparatifs furent abordés : fleuristes, chorale, trompettistes, musiciens,... chaque point était passé en revue, le cardinal ne laissant aucun détail au hasard... Il surveilla la mise en place des grandes tapisseries qui devaient pendre entre chaque arche de la cathédrale, pièce de tissu frappées aux armes des futurs époux. Par ces temps d'hiver, le cardinal devait user d'astuce pour réchauffer l'imposant édifice religieux en cette saison. Tôt avant l'aube, les "gens de la cathédrale" seraient chargés d'amener en grande quantité des braises à placer dans de grands et nombreux braseros de fonte afin de réchauffer l'atmosphère... L'air satisfait quitta l'église, monta un cheval noir, et reprit la route de son hôtel...

C'est ainsi qu'au soir du neuf décembre de l'an de grâce MCDLIX la cathédrale fut prête pour la cérémonie du lendemain...

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Aimbaud
Les rues de Paris défilèrent sur le passage d'un cortège de cavaliers et d'un coche, en direction de la cathédrale. Les deux premiers protagonistes ouvraient le galop en écartant la populace sur leur passage à coup de bâton dans l'air. C'étaient deux serviteurs en livrée de fête aux armes de Corbigny, fort élégants sous leurs toques bleues roy. Ils étaient suivis de près par deux pages qui agitaient des crécelles. Et enfin paraissait — sur un cheval noir et lustré dont la croupe était couverte par le tombant d'une grande cape de velours — paraissait disai-je, Aimbaud de Josselinière.

Il allait tête nue dans le froidure de décembre, le nez rougi sur une figure cadavériquement pâle, dans ses riches vêtements de mariage aux pièces d'armure d'apparat. Son extraordinaire classe était tempérée par les cernes noires qui cerclaient ses yeux, car à vrai dire, il n'avait pu fermer l'oeil de la nuit, malgré le confort de son lit en l'hotel de Josselinière. Les cuillerées de fortifiants qu'on lui avait administré quelques heures plus tôt, ainsi que les frottement du nez à l'alcool fort et aux essences de vigne rouge, dans le but de lui redonner un semblant d'énergie, n'avaient eut sur lui qu'un effet modéré.

Derrière lui chevauchait le reste de son escorte, dont son témoin Montmorency, et plus loin roulait sur les pavements boueux, un coche princier...

Il arrivèrent à grand bruit sur le parvis de Notre Dame, exécutant une ronde pour ralentir leur course, et immobilisant tout à fait leurs bêtes à la tombée des marches. Là, Aimbaud pu engager sa jambe dans la descente de son cheval. Il s'empêtra la cape dans un étrier, voulu se rétablir en battant des bras. Les mains d'un serviteur tombèrent à propos quand il manqua de s'étaler comme une crêpe au froment dans la gadoue. Hum ! Personne n'avait rien vu.

Il se rajusta le col puis leva la tête pour jeter un regard relativement terrifié aux voussures du porche de Notre-Dame.

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Aaron
L’air était sec et le froid piquant. Au matin du 10 décembre, la Maison du le cardinal de Nagan se leva aux aurores. Le maître des lieux lui-même fut accompagné à la sortie du lit par les doux rayons du soleil qui perçaient au travers des voiles de tenture de sa chambre. Nous n’étions qu’au début de la journée, mais déjà les femmes de chambres et les gouvernantes s’afféraient à la préparation des malles que le cardinal comptait emporter à Notre-Dame.

Après un frugal repas matinal, le prélat s’habilla des couleurs cardinalices, d’un rouge sombre, aux pièces de tissus en velours damassées, idéales pour cette saison rigoureusement froide. Le prélat ne connaissait que trop bien les rues parisiennes, et hormis quelque unes d’entres elles qui était pavées, la poussière et la crasse ne faisait que virevolter sous le sabot des chevaux en nuages poisseux et collant. Aussi ajusta-t-il au départ de son hôtel de Reims un long manteau-cape, tout de noir, et d’un épais tissu lourd qui le suivait sur plusieurs pas. Accroché au devant par une fibule en argent en forme d’abeille, le pardessus donnait à l’archevêque de Césarée une allure sévère et altière, surtout du haut de sa monture à la robe noire, elle aussi.

Les chevaux scellés, les gardes et accompagnants du cardinal rassemblés en la cour de l’hôtel, tout le petit monde était près à prendre la route de l’Île de la Cité. Le convoi équestre se mit en branle, et le prélat entouré de son escorte vêtu de noir et de blanc, traversa Paris sous les regards troublés des badauds.

Le cardinal arriva au pied des tours de Notre-Dame qui s’élevaient dans un ciel épuré bleu azur, alors que le futur époux gravissait les marches qui menaient au porche et semblait scruter les cieux à la recherche de quelque augure… Comme un signal, les cloches de la Cathédrale se mirent en branlent, et du plus profondes des entrailles de pierre de l’édifice saint, jaillit par les hautes fenêtres des beffrois, l’appel de la marié, de la famille et des témoins, dans un son grave mais solennel…

Brisant le moment de solitude du jeune homme, le cardinal, descendu de cheval quelque instant plus tôt, brisa également le silence qui entourait cette « méditation »…

Monsieur de Josselinière je présume, ou de la famille au vu des armes que j’ai pu apercevoir…

Dit-i l en tendant la main…
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Elim
Lorsque je reçus la missive d'Aimbaud, je ne pus m'empêcher de sourire. Lui, aussi brun que je suis blond, et moi, avions étant jeunes, traversé quelques aventures particulièrement riches en expériences. Il me parait loin désormais, ce temps d'insouciance, où nos parentés n'avaient guère d'emprise sur notre amitié. Si le temps et nos obligations nous séparèrent par la suite, nous restions toutefois respectueux de ces souvenirs bouillants d'une enfance joyeuse et aventurière. Et j'étais honoré qu'il me convit à ses noces.
La guerre nous vit pourtant dans des camps opposés, le hasard aurait pu faire en sorte que nous croisions le fer l'un contre l'autre, mais j'aime à penser que cela n'aurait en rien entâché le respect que nous avions l'un pour l'autre, bien au contraire, même. Il n'est pas de meilleur combat que celui de deux personnes accordant de la valeur à son adversaire.

Je lui répondis donc par l'affirmative, et l'informai que je viendrai accompagné par Azarelle, cette brune qui tourmentait et calmait mon coeur tour à tour, la fille de feue la duchesse de Dol. Dans le froid de la campagne artésienne, au milieu du camps militaire dans lequel nous vivions, je vins donc la chercher à l'heure convenue, pour que le carosse ducal aux armes du rohannais, le fief dont j'hériterai un jour, puisse nous mener à Paris en toute sécurité.
J'avais organisé une escorte importante, sachant que nous allions tout de même en terres hostiles. Toutefois, étant donné la parenté d'Aimbaud, mi-bourguignonne, mi-angevine, je gageais que nous serions loin d'être les seuls ponantais présents aux noces.

Ainsi nous fimes la route sans rencontrer trop d'encombre. Nous nous installâmes dans un hotel particulier loué pour l'occasion, et au petit matin, notre carosse rejoignit le long défilé des voitures des invités.

Sur le parvis de Notre-Dame, bâtiment qui ne laissait aucune personne indifférente, tant sa splendeur régalait les yeux, je descendis prestement, fit le tour du carosse, pour ouvrir et tendre la main à ma magnifique cavalière d'un jour, afin de l'aider à descendre.
Les lourds carossiers anglois qui tiraient la voiture, attendant placidement que nous soyons éloignés, pour repartir un peu plus loin, laissant place aux invités suivants.

Azarelle à mon bras, je m'avançais donc, regardant autour de moi l'animation qui régnait sur l'Ile de la Cité, secouée de bruits divers dû à ce mariage qui liait tout de même deux personnes de lignée exceptionnelle.

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Clemence.de.lepine
Il y avait eu les retrouvailles avec Blanche, les présentations à Astaroth et l'habillage. Long. Laborieux. Épuisant. Elle avait eu le temps de vouloir annuler trois fois le mariage, d'ordonner de le faire repousser une petite douzaine de fois, de demander à se faire remplacer devant l'autel environ autant, de désirer s'enfuir, faire la morte, se cacher sous le lit, faire assassiner Aimbaud, s'enfermer dans sa chambre et en avaler la clé, ingurgiter dix litres de décoction au coquelicot pour s'endormir pendant cent ans.

Sauter par la fenêtre. Ça, elle l'avait amorcé. Pour se mettre ensuite à rire convulsivement de la crédulité de ses domestiques, par rapport ce qu'elle affirmait n'être qu'une « simple blague destinée à détendre l'atmosphère ». Personne, hormis elle, n'avait même daigné sourire.

Et puis, on lui avait annoncé que l'heure de la cérémonie approchait – comme si elle n'aurait pu le deviner elle-même – et que pour arriver à temps, il faudrait songer à partir tout de suite. On y avait donc songé pendant les trois quarts de l'heure suivante et on avait enfin embarqué la mariée et ses deux témoins dans un coche frappé aux armes de L’Épine. Direction la Cathédrale. Et Clémence était prête, finalement, parce-qu'elle l'était toujours. En plus, elle avait le teint presque frais.

De la rue de Bièvre il n'y avait pas loin à aller jusqu'à Notre-Dame mais il y avait toujours les passants et cette mauvaise manie qu'ils avaient de venir se glisser sous les roues des carrosses. C'était d'un pénible. Le voyage fut rythmé par les « Place, place ! » outrageusement hurlés par les meneurs du cortège, si bien qu'on s'entendait difficilement à l'intérieur et que de toute façon, Clémence n'aurait sûrement pu sortir aucun son compréhensible de sa gorge nouée. Elle ne faisait que jeter des coups d'oeil anxieux à Blanche, face à elle, et échanger des petits sourires timides avec sa cousine. Dieu comme l'instant aurait pu être amusant, s'ils ne se dirigeaient pas tout droit vers la conclusion de son avenir. Elle se souvint de leur périple en direction de la Bretagne, elle se souvint de leurs rires et de leur complicité. Un soupir navré s'échappa de ses lèvres, et elle vint soulever le bord de la courtine afin de surveiller les extérieurs et s'assurer que l'époux de sa douce Hermine supportait bien, du haut de sa monture, les pavés glissants de Paris.

Le trajet lui sembla si long, et pourtant tellement trop court... Lorsque le coche s'arrêta devant le parvis, elle se tint collée contre le siège, à épier farouchement le moindre mouvement de son vis-à-vis – la blonde, donc. Les exclamations et les bruits extérieurs lui apprirent que son promis devait déjà être là, et cela la conforta dans l'idée qu'elle ne souhaitait absolument pas descendre maintenant.

Je ne sortirai pas d'ici tant que le Cardinal ne sera pas arrivé. Est-il déjà là ?

Et, butée, elle ne s'attacha pas à regarder par elle-même si l'officiant était déjà présent, prêt à l'accueillir, elle, tout comme les autres, mais surtout elle – n'est-ce pas ? Elle se contenta d'agripper les pans de sa traîne, de les tordre, et d'interroger de son regard effarouché ces deux personnes, si différentes, et pourtant si semblables, puisque muettement mais passionnément aimées par notre jeune Marquise. Le vacarme des cloches la fit sursauter, et elle se signa par trois fois avant de fermer les yeux et de murmurer une prière.
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Blanche_
Le trajet lui sembla affreusement court. Or, se l'étant imaginé bien des jours auparavant, elle avait convenu en elle-même que cet ultime moment avant de croiser le regard d'Aimbaud lui serait opportun pour se forger un visage indifférent et heureux. Elle s'était vue, sous un soleil radieux de décembre, parcourir en carrosse les rues de Paris et trouver à chaque carrefour une réponse, un argument pour enfouir plus profond son amour et l'enterrer à tout jamais.
Mais Clémence avait tiré les rideaux, ses certitudes s'étaient enfouies, et sans la présence chaude d'Astaroth près d'elle, sans la muette obligeance à son devoir envers lui, tout s'effondrait. Elle ne reconnaissait pas les instants, même si elle les confrontait à ceux qu'elle avait imaginé : rien n'était pareil, oh non, ni les mots prononcés.


Je ne sortirai pas d'ici tant que le Cardinal ne sera pas arrivé. Est-il déjà là ?

Elle ne répondit rien. Comment parler, répondre ? Elle avait oublié. Incohérente et ballotée par cette joie qu'elle s'était imposé, elle se contentait de sourire, et de hocher la tête de temps en temps.
Les mots doux de velours, elle ne les dit pas à Clémence. Elle répondit par un sourire, sans vraiment comprendre que ses muscles s'étaient contractés sans son accord.
D'ailleurs, ses yeux avaient un quelque chose de vitré que pas même l'arrêt du carrosse ne fit revivre.


Il va falloir. dit une voix.
Blanche mit un instant à reconnaître la sienne, si différence des sentiments qui l'étreignaient. Non non non non, non... pensait-elle. On ne lui avait rien dit sur l'attitude à prendre. Elle n'avait jamais réellement été préparée à cette journée. L'avait-elle seulement imaginée en entier ? N'avait elle pas rêvé d'un jour semblable, où le miracle des songes l'auraient propulsé à la place de la marquise rien qu'un instant ? Non non non non... Il ne fallait pas. Rien. Jamais. Elle aurait voulu mourir.
En plus c'est le parvis de Notre Dame ! Vous voulez donc nous faire attendre sur le parvis de Notre Dame ? Vous serez acclamée, sous le regard saint, unie par un cardinal ! Ne voyez-vous pas que c'est ce que vous avez toujours souhaité ?

Et Blanche sentit sa force glisser lentement. Ses coupables actions, jugées sur le parvis de Notre Dame... Elle frissonna. Le hasard voulu qu'en sortant au dehors elle croisa en premier les yeux du marquis de Gondomar.
Beata Mariae semper Virgini, je confesse que mon âme est pure.
Astaroth était à deux pas d'elle, elle caressa l'encolure de son cheval avant de le regarder à nouveau.
Seigneur, pitié... Quelle torture, quelle brûlure, l'ardeur de ce martyre dévore mon âme d'obscènes flétrissures...


Clémence, venez vite ! Il faut se hâter pour un jour de fête !

Raconte donc tes mensonges à tes mignons.
La vérité c'est que tu meurs de ne pouvoir tout arrêter et prendre sa place... La vérité c'est que personne ne peut acclamer la pureté de ton âme, car elle n'existe pas. Tu veux cacher tes coupables actions devant un aussi vieux regard ?


Il me sera pénible d'être loin de vous.

S'approchant d'Astaroth, elle se serra contre lui. L'âme difforme et partagée, questionnée, leurs peaux se touchèrent et son cœur s'adoucit. C'était la première fois.
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Melchiore
Lamentable défection. La tentative Melchiovérique pour délivrer Aimbaud du fléau nuptial avait échoué face à la faconde d'Armoria. Le Futur trottait en pleine déveine, suivi de peu par Melchiore. Au moins Aimbaud avait-il en poche de quoi soulager temporairement ses tourments. Melchiore espérait qu'il en ferait usage incessamment. Pour sa part, la dose avait déjà été expédiée, et les neurones du Montmorency voltigeaient sous la surface crânienne. L'épouvante s'était changée en délire frénétique.

Le cortège trottinait sur un nuage de pavés sanglotant. Les montures ruminaient leur mors en menant la joyeuse cohorte aux portes infernales. Le jeune Montmorency camé tanguait sur sa jument, un strabisme lui ornant la face. La cathédrale se dessinait au dessus de la canopée Parisienne. Le faîte de son clocher écrasait la bâtisse sous lui, trônant là comme incidemment. La course avançait, immuable. Sans même s'en rendre compte, Melchiore souriait benoîtement. Les champignons s'étaient mis à parler.

« Nous sommes actuellement aux Mouline-Os pour suivre en direct la course nuptiale. Le public est venu en masse, il y a énormément de jockeys. Au moment même où je vous parle, les convives, leurs montures et leurs coches approchent de la ligne d'arrivée. Premier de la course d'une bonne tête -quoiqu'elle lui rentre un peu dans les épaules- Aimbaud de Josselinière, casaque bleue à points noirs, chevauche Nofuture. En deuxième position, Melchiore, casaque blanche à tâches boueuses, monté sur Falépah L'Invité. Comme de coutume, plus la ligne d'arrivée approche, plus on ralentit. Le jockey Josselinière hésite encore à gagner l'incursion. Pourtant le lot est de taille: un bel anneau tout neuf, à partager avec Clémence De L'Epine.

En bout de course, bon dernier, le coche princier. Notez que l'expression populaire prend aujourd'hui tout son sens. Car aujourd'hui plus que jamais, chers auditeurs, les derniers sont les premiers! En témoignent le faciès des deux bouts de liste. Attention attention! Aimbaud décélère, Aimbaud arrive au pied des marches. À deux bonnes foulées d'avance sur le reste du cortège, il a toutes les chances de gagner. Mais attention, tout n'est pas terminé, la messe n'est pas encore dite! Il retire les pieds de son étrier et...Ouiiiiiii!!! C'est un moment intense, chers auditeurs. La-botte-sort de-l'étau-de-l'étrier-par-un-fulgurant-penché-sur-le-côté, elle-frôle-le-flanc-transversal-de-l'animal et....Buuuuuuutttttt! Aimbaud, qui était parti du mauvais pied a finalement réussi à atteindre le but ultime. Superbe foulée du Josselinière qui a bien mérité de se marier. Je crois qu'après avoir vu ça, on peut cuver tranquille. Quel pied! »


Melchiore, serein sous le regard de Notre Dame, souriait d'un air extasié. Et Spinoza trouva que cela était très bon.
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And for next year !
Aimbaud
[Parvis de la Cathédrale]

Rejoint par le Cardinal sur les marches de l'édifice, Aimbaud détourna les yeux des saints et diablotins de granit. Il écouta la voix de l'arrivant couvrir le son des cloches.


Lui-même, Monseigneur.

Répondit-il en ployant vers la main d'Aaron, y portant la sienne gantée, et apposant un baiser protocolaire à son anneau. Il ne connaissait pas le personnage, mais il le reconnu grâce au portrait qu'on lui en avait dressé. La présence de l'homme d'église suffit à lui redonner quelque confiance. Toutefois, restant très emprunté, il ne su trop ensuite quoi ajouter. Il se contenta d'expirer un souffle blanc dans l'air parisien coupant de froid, fatiguant le cuir de ses gants à se pétrir les mains d'inquiétude.

Belle journée, n'est-ce pas... Ah, voilà la mariée.

Dans un reniflement de goutte au nez, la gorge nouée, il observa l'arrêt des carrosses.
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Aaron
Le cardinal se réjouit de croiser le futur marié qu’il ne connaissait que de nom. Visiblement fébrile et inquiet face à la situation présente le prélat, d’un geste amical, accompagna le jeune seigneur d’une main sur l’épaule lorsque celui-ci se releva…

Hé bien c’est un plaisir…


Se tournant en même temps que le jeune Josselinière.

En effet, une journée ensoleillée qui mettra en valeur, c’est à n’en point douter, les visages radieux qui ne manqueront pas en ce jour, et notamment celui de votre future épouse…


Puis reprenant le futur époux par l’épaule pour le faire se retourner…

Mais comme la coutume qui tend à se mettre en place le veut, si nous rentrions saluer vos premiers invités, et laissé votre promise sortir sous les seuls yeux témoins des saints que vous regardiez il y a encore un instant ? – dit-il en souriant – Ce qui me donnera l’occasion de mettre notre tenue liturgique
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Aimbaud
Et comme le cardinal, d'une main douce mais catégorique à son épaule, lui intimait de le suivre, Aimbaud obtempéra en jetant malgré tout par dessus son épaule un coup d'oeil à l'attention de Melchiore et quelques mots articulés en play-back. L'angoisse de la cérémonie ne lui ôtait pas la joie de retrouver son compère angevin et témoin en chef. Aussi il comptait bien renifler en sa compagnie quelques pincées de poudre champêtre et discuter à l'intérieur, car la matinée avait été tant bousculée qu'ils avaient à peine pu parler.

Il passa donc les portes de Notre-Dame à la suite de l'homme d'église. L'intérieur de la cathédrale raisonna aux son de leurs pas et Aimbaud, qui n'avait pas souvent l'occasion de passer le seuil d'un pareil édifice, en resta quelque peu baba. C'était aussi le lieu qui avait vu le mariage de ses parents... L'encens et la tiédeur des pierres entrèrent dans ses pleins poumons.

Les hommes traversèrent l'immense nef rainurée de prie-dieu, foulant les dalles d'un pas mesuré. Les colonnes défilèrent gravement. Arrivé à dix pas des marches de l'autel, le sommet de la tête coloré par les motifs d'une immense rosace, Aimbaud plia le genou et se signa. Dans ce silence pieux ne retentirent alors que le frottement de ses épaulières contre le velours, et le bruissement des flammes de bougies contrariées par un courant d'air.


Montmorency !

Chuchota Aimbaud, quand le prêtre alla se vêtir. Melchiore devait être juste derrière lui. Il s'était relevé, et avait plaqué une main désespérée sur sa figure.

Je suis un homme mort...
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Melchiore
La place du parvis s'opacifiait de monde sous l'œil impavide des gargouilles protectrices. Une armée de palefreniers se déployait et s'infiltrait entre les arrivants, qui pour mener les coches se garer aux places réservées, qui pour décharger les arrivants de leurs montures, qui pour ramasser les crottins que ces dernières étrennaient généreusement sur les pavés. Et les cloches assourdissaient, entre chaque éclat de voix jeté sur le tas. Un coup d'œil alambiqué informa Melchiore que son comparse allait emboîter le pas du cardinal. L'Angevin suivit le duo d'un pas balancé par le rythme de sa canne. Son pied bot ripa chacune des marches, abruti qu'il était, et racla le sol pierreux de l'intérieur de la cathédrale. Immense. Un refuge pour les demandeurs d'asile, en principe vite réexpédiés d'où ils venaient.

Les pieux avaient élevé les voutes à des hauteurs intrigantes. Le but devait être le même que celui du cor: donner de la résonance aux prières, et leur permettre de monter au Très Haut. Ou quelque chose du genre. Mais les prières demeuraient souvent silencieuses. Et alors que les pensées humaines s'égaraient contre la pierre sourde de l'édifice, il était d'autres fidèles qui côtoyaient les toits et les interstices de la cathédrale. Des nuées de pigeons. Là haut, ce devait être quelque chose comme un nid à fientes universel. Une litière à ciel ouvert. Un chef d'œuvre offert aux défécations célestes. C'était beau tout plein. Melchiore en fut ému. Il renifla, faisant disparaître un reliquat blanc et farineux sous sa narine.

Quelque part dans sa tête, collé dans un recoin gravement atteint, Melchiore compatit au labeur des sonneurs qui devaient se coltiner la montée de la tour Nord tous les jours. Sûrement de braves types. Voués à supporter a bure qui les démangeait, et prier pour avoir un jour de congé à la semaine, histoire de lever le coude pour autre chose un jour, 'rien qu'un jour en bas' *. Du genre à kiffer grave les collants et autres moule-b...


Montmorency!

Le chuchotis chassa les pensées stones.

-Ouuuuaaaiis, Joooss'?

-Je suis un homme mort...

Un constat peu reluisant. Un problème auquel Melchiore ne voyait que deux solutions. Il répondit au murmure, un réseau rouge tissé au coin des yeux, une pensée purement spinoziste qui lui venait à l'esprit:

-La Joie permet d’approcher la Liberté, la Tristesse en éloigne. Soit tu choisis d'subir, soit tu fais comme si. Après tout, l'mariage consiste à engendrer. Alors tu t'actives et on n'en parle plus. Tu verras, ça sera plus facile. Respire la vie à plein poumon, quoi!

Il lui aurait bien proposé d'assommer la Future, pour arranger ça. Mais l'homme mort, ça n'aurait plus été Aimbaud. Il fallait savoir se montrer égoïste. Et puis, l'Angevin ne connaissait pas l'heureuse élue. Il avait supposé tout seul qu'Aimbaud n'avait rien élu du tout - à tort peut-être - mais ils n'avaient pas pu converser proprement depuis leurs retrouvailles précipitées. Melchiore fit peser une main sur l'épaule du marié -courage mon pote- puis se retourna vers l'entrée de la cathédrale, placé de manière à soustraire la silhouette d'Aimbaud au regard du tout-venant, un bref instant.
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And for next year !
Aimbaud
Et sous le regard saint de Notre Dame, de sa multitude d'angelots synthétisés en morceaux de verre coloré, et de ses fioritures de pierre en forme de fleurs et de démons, dans un silence religieux, les deux compères firent ombrage de leurs capes autour du centre de leur attention.

La pratique était répandue dans les milieux troubadours du XVème siècle, et par extension dans toute la région de l'Anjou aux frontières périgourdines, connue pour sa concentration en mécènes riches et crédules, et donc forcément : en artistes. Cette découverte revenait à un truffier du nom de Jean Foutre, qui faisait commerce de ses truffes réduites en poudre, afin de couper aisément la marchandise avec une part de chaux et d'excréments de mule, pour arrondir ses fin de saison. La légende dit que Sainte Extasie (dont la canonisation n'est reconnue qu'au sein du cercle réduit des toxicomanes de la Renaissance) serait descendue sur terre pour annoncer à Jean Foutre les bienfaits d'avaler sa poudre par le mauvais trou — nous parlons de la narine — et pour lui intimer d'en faire commerce dans tout le Royaume de France. C'est en 1450 qu'on dénombre les premiers échantillons de poudre à ménestrel sur les marchés. Échantillons qui, pour une facilité de transport et un passage plus tranquille des douanes de duchés, étaient placés dans de petits coquillages ronds : la coque. Vous comprendrez aisément que par un barbarisme de langage, l'on dise encore aujourd'hui "Sniffer de la coque".

Une pincée blanche. Un reniflement près du duvet de moustache. Une pupille qui se dilate. Une nuée de poudre dans la lumière qui s'envole quand on expire.


WOUah ! Pardon... Mais c'est trop bon...

Le Bourguignon s'essuya le nez d'un revers de manche, soudain ragaillardi, et colla une grande claque dans l'épaule de son comparse. Cela raisonna sous les arcades gothiques. Puis il annonça en agitant une main fébrile.

Tu es dans le vrai, Melchiore ! AH AH. Ça par exemple. HU HU. C'est un jour exceptionnel ! C'est heureux que tu sois là. HIN HIN ! Je t'aime comme un frère, tu le SAIS ça ? Tu le sais ? GNIAH ! C'est toi qui a les alliances ? Euuuurg. J'ai SOIF. Quelle cathédrale, ma parole, QUELLE cathédrale ! C'est BEAU. Elle est où, ma femme ? Hu hu hu hu. Sinon ça va l'Anjou ?
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Della
La lettre que Clémence avait écrite à Della, pour l'inviter à ses noces, était assez personnelle. Très franche.
La réponse que Della avait adressée était franche.

Les époux Amahir seraient du mariage.
Il y aurait Blanche.
Il y aurait Clémence.
Il manquerait Béatrice pour que le cercle intime soit complet.

Della ne connait que peu Clémence. Pourtant, plusieurs fois déjà, elles s'étaient trouvées en présence et avaient partagé de trop précieux moments de la vie de celle qui resterait leur Reyne. Aussi, l'idée même de mieux se connaître, peut-être de devenir plus proches, plaisait à la Baronne de Seignelay.

Il y aurait Josselinière.
Celui-là était apparu à Della, depuis leur première rencontre en Anjou, comme une peste en soi. Il avait beau être le fils de son grand ami Erik, il n'en demeurait pas moins...antipathique.
La liaison qui avait uni sa Colombe et le Josselinière n'avait fait qu'accroître l'animosité que Della vouait à ce jeune homme.
Peut-être Erik serait-il là. Sortirait-il de son château d'où il ne sortait plus que pour aller chasser ?
Della avait eu pour Erik, une admiration sans borne, elle l'avait toujours. Dire que si cet andouille de Theudbald n'avait pas fait l'andouille une fois de plus, elle serait sa vassale...
Elle soupira alors qu'elle brossait ses cheveux qui bientôt disparaîtraient sous une coiffe particulièrement élégante.


Clement avait été confié aux bons soins de ses nourrices, deux gardes étaient restés en faction devant les portes des appartements du couple. Depuis qu'on lui avait enlevé Charlemagne, Della développait une peur de rapt sur son enfant. Les gardes avaient vu leur solde augmentée, ils avaient juré de défendre le rejeton au péril de leur vie.

Kéri Chéri et son épouse arrivaient.
Leur carrosse s'arrêta devant Notre-Dame.
Della leva le rideau de portière, admirant une fois encore, la merveille architecturale qu'était la Cathédrale, son regard glissa sur un autre carrosse, celui de Clémence. On s'affairait autour. Clémence arrivait.
Le coche ouvrit la portière, près de Della.

Et bien, nous voici rendus, cher Ange.

Les Barons pénétrèrent dans l'édifice, avec toute l'humilité des Fidèles pour un lieu de culte aussi prestigieux et remontèrent la longue allée centrale, en silence.
Il aurait fallu être aveugle pour ne pas voir le futur époux. Pourtant Della ne lui prêta pas plus attention et se dirigea vers le Cardinal qu'elle salua en baisant son anneau.

Votre Eminence...le bonjour.

Pour le Josselinière, il n'y eut qu'un bref signe de tête, suffisant pour se rendre compte que non, décidément, il n'était en rien aussi prestigieux que son père.
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Clemence.de.lepine
Un jour de fête. Le moment dont elle avait toujours rêvé.

Non elle n'en avait jamais rêvé. Elle l'avait attendu, résignée, attendu le choix de ses parents, jusqu'à ses treize ou quatorze ans. Jusqu'à ce qu'elle se rende compte que personne ne ferait le choix pour elle. Alors elle était allée voir Béatrice, qui lui avait offert son soutien, son courage, qui l'avait dotée de Decize, pour qu'elle puisse faire le deuil de sa mère et s'émanciper de ce père absent.

Et puis Béatrice avait disparu. Et ses conseils avec. Son bon sens avec. Clémence avait à nouveau craint pour son avenir, jusqu'à ce qu'elle prenne connaissance du testament de Béatrice et de ce qu'elle lui avait légué.

Son approbation.

Alors non elle n'avait pas toujours rêvé de ce moment. Elle l'avait toujours craint, comme elle avait toujours craint sa solitude. Le mariage devait lui assurer de ne plus jamais la subir, mais ce jour, elle ne l'avait jamais autant ressentie. Elle regardait Blanche, elle voyait à travers ses paroles, elle creusait jusqu'à ses pensées, et elle avait mal. Elle lui aurait tout accordé, là, tout ce qu'elle lui aurait demandé, elle lui aurait donné. Tout, sauf sa place. Car Béatrice avait dit oui, et qu'il était trop tard pour qu'elle dise oui pour un autre.

Un instant, elle se demanda si Aimbaud n'avait pas eu raison dans son refus de voir Blanche assister à la cérémonie. Cela ferait souffrir tout le monde, finalement, et elle n'aurait comme réconfort que ce simulacre de félicité.

Elle risqua un œil au dehors et y nota l'absence du marié. Soulagée, elle posa un pied hors du coche, non sans avoir au préalable demandé à Isaure de l'aider à soulever cette lourde cape qui lui encombrait ses mouvements. Elle serra entre elles ses mains gantées de soie bleu, le bleu de sa suzeraine, et leva ses yeux à l'azur tout aussi profond vers les tours de Notre-Dame. Penchant légèrement la tête de côté, elle prit une moue songeuse et balaya le parvis du regard.


Qu'est-ce que je suis censée faire, maintenant ? Où est le Cardinal ? Est-ce que je pourrais lui parler ?

Elle reprit une de ses mauvaises habitudes et ses incisives s'attaquèrent à la pulpe de sa lèvre inférieure.

Ou est-ce qu'on ne pourrait pas... annuler tout et aller boire un verre ? Ses prunelles captèrent une silhouette connue, passant les portes du lieu saint, et sa phrase se brisa en un sourire joyeux.

J'ai invité Della. J'ai pensé que cela te ferait plaisir.

Et qu'ainsi, nous pourrions réunir un peu de nos amitiés défuntes.
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Calyce..
L'Anjou-'fin une partie seulement-est là pas loin de Notre-Dame la Parisienne, l’orgueilleuse qui vous regarde de haut. De beaucoup trop haut au goût de la brunette qui lève les mirettes dessus pour essayer d’en voir le clocher depuis sa banquette. Et ouais, toujours les mêmes effets. Soit elle en a le vertige, soit elle a l'impression d'être un truc tout petit genre une souris. Là c'est les deux. C'est une souris qu'a le vertige en plus d'avoir une servante bavarde que Trella l’a forcée à se coltiner jusque Paris avec un argument béton : " Va falloir que tu t’habilles là-haut , t’as b’soin d’aide parce que gourde que t’es tu vas finir avec le devant de la robe derrière ! –Euh ouais…" Bavarde donc la rousse-habilleuse assisse à ses côtés, assommante de par ses questions.

-Mais qu'est ce qui vous dérange avec ce mariage à la fin ?

-Et toi tu vas la fermer ta bouche à la fin ?-Il ne me dérange pas, c'est juste que... j'aime pas Paris.
-Vous y travaillez pourtant et j'vous vois pas tirer cette tête quand vous vous rendez à l'atelier de couture.
-Mais ta gueuleuh- La froidure des murs de la Cathédrale, sa profondeur, sa hauteur et ça fait que les gens ont une voix bizarre. J'aime pas.
-Il y a autre chose. Vous en pincez toujours pour le cousin bourguignon !
-N'imp' ! C'est juste qu'à force de fréquenter le gratin royalo, mon cher cousin en a oublié les principes de politesse, vois-tu.
-Ah. Et c'est l'quel de principe qu'est bafoué là ? Il n'est pas venu vous inviter de vive voix c'ça ? Pas assez personnalisé le billet d'invitation ?
-Non, du tout. Il déroge au truc de galanterie qui dit : Les femmes d'abord ! Il n'avait pas le droit de se marier avant moi.

La servante éclate de rire.
Ferme-la. Voilà c'est sorti, mettant fin à cet échange futile qui doit agacer les autres occupants de la voiture-mais ça c'est pas trop grave-

Station Notre Dame de Paris, terminus, tout le monde descend-sauf la rouquine poseuse de question, punie !-
Et avant de passer la grande porte de la Sainte-bâtisse, elle plisse les yeux en inspectant son compagnon double-face.


On rentre désarmés, hein.

Remarque lancée comme ça, l'air de rien. Ils sont ponantais et conscients qu'à l’intérieur ça grouillerait d’ennemis... Alors mieux vaut prévenir que guérir.

Ils entrent et elle sourit niaisement. Aristote se partage l'air de la cathédrale avec Spinoza, un bout de papy, c'est comme dans sa tête. Ça sent bon, c'est beau.

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