Afficher le menu
Information and comments (1)
<<   <   1, 2, 3   >>

[RP ouvert] Le Languedoc vu d'en bas

--Alissandre


L'alcool dans un corps à jeun, la nervosité qui lui avait fait battre le sang plus vite dans les veines, tout ceci pouvait aisément expliquer sa faiblesse momentanée.
Mais de cela, la Rousse n'en avait pas conscience et à cet instant, elle s'en moquait éperduement. Son vertige lui fit perdre un instant l'équilibre, puis ce fut le contact des bras étrangers qui la ramenèrent à elle. Relevant les yeux, elle se trouva littéralement nez à nez avec le Chapeauté. D'un mouvement réflexe, elle posa ses mains sur le torse de Mordric pour le repousser, oubliant qu'elle tenait encore sa dague à la main droite.
Une petite estafilade de la longueur d'une phalange se dessina à la base du cou du Chapeauté.


"Ah!"


Tendue comme la corde d'un arc, elle s'obligea à se détendre et, tout en rendant son sourire à Mordric, se dégagea d'un mouvement de hanches souple qui les fit frôler celles de son "sauveur", sans le quitter du regard.

"C'est qu'j'ai pas encore eu ma bière quotidienne."

Intérieurement, la Féline bouillait. Par tous les diables ! Pourquoi fallait-il que ça lui arrive maitenant ? Elle s'ébroua, passant les mains dans ses cheveux pour déguiser sa nervosité et s'avança vers la table que venait de vider Lift d'un pas volontairement indolant. Inutile de provoquer la chance en se vautrant une fois de plus. L'humiliation était déjà bien assez brûlante pour la Rousse.

Puisqu'il avait décidé de faire comme si de rien n'était, la Féline entendait bien faire de même et s'y appliquait avec tout le talent qu'elle avait su développer ces dernières années. Elle s'installa donc à la table, le menton posé au creux d'une main, ses yeux noisettes posés sur son hôte du soir.


"J'ai soif", fit-elle d'une voix calme et impérieuse.
Mordric
La Féline avait bien des griffes. Aiguisées et tranchantes.
Il ne prit conscience que l'animal pouvait être dangereuse que lorsqu'il sentit contact froid de l'acier sur sa peau. A peine plus qu'une écorchure, mais la blessure aurait pu être plus douloureuse.
En souriant il se rappela l'image d'un Lifthrasir déjà bien amoché qui récoltait une future cicatrice supplémentaire.

Écarté par les hanches de la belle, il la regarda retourner s'asseoir, égarant son regard sur les courbes ondulantes de la Rouquine. Elle était belle, désirable.
L'affolement que provoquait sa chute de rein commençait à faire bouillir son sang. Plus belle de dos ? Non, ce n'était pas rendre hommage à l'harmonie de ses formes.
Habillée comme un homme, elle n'en était que plus mystérieuse. Ses frusques mal taillée masquaient et dévoilaient inhabituellement ce corps si féminin. Et puis cette chevelure, cette rousseur...
Un appel à la passion, un appel au sang, à la bestialité.


Méfie toi, Mord... Elle pourrait te faire perde la tête...

Un murmure, rien d'autre, pour lui même, pour se ramener à la réalité.

Le Taulier venait tout juste d'essuyer les traces de sang laissées par la vérole sur patte quand son divertissement reprit place.
Incroyable comme ce tavernier tenait à la propreté de son établissement depuis peu.


Soif ? Et de quoi petiote ?

Question pleine d'amusement alors qu'il s'installait à son tour.

Tisane ? Lait de chèvre ? Tu veux manger quelque chose pour te remettre peut-être...

Léger ricanement cette fois. Il se moquait d'elle, mais que pouvait-il faire d'autre ? Elle aurait sûrement beaucoup moins aimé qu'il soit condescendant.

Taulier, apporte moi un verre propre et ce que voudra mon amie...

Se faisant, il s'était emparé de la bouteille venue du nord. S'il appréciait son contenu, il avait appris aussi qu'il nettoyait bien les plaies...
La lame avait prélevé sa dîme du sang de la vérole avant de l'écorcher. Ce contact indirect l'insupportait.
Sans quitter sa nouvelle amie des yeux, il versa un peu de liquide dans le creux de sa main avant de le plaquer sur la plaie d'où quelques gouttes de sang s'étaient échappées.


Alors comme ça tu voulais me voir ?
_________________

Yes ! He's back ! J'vous aime les filles...
--Alissandre


Elle ne le quitta pas des yeux, tout le temps qu'il lui fallu pour la rejoindre et s'installer à son tour, fascinée par l'aisance avec laquelle il s'affirmait maître en sa demeure, sans même un mot. Elle se sentait hypnotisée, captivée, et pendant quelques secondes, perdit même la sensation de danger au profit de celle, plus savoureuse, du désir. Un désir comme elle n'en avait plus connu depuis trop longtemps. Pendant ce temps, les vestiges de son faux-départ avaient été nettoyés : quel maniaque, ce Tavernier ! Il devait pourtant en voir de plus belles, dans ce coin-là.

"Soif ? Et de quoi petiote ? Tisane ? Lait de chèvre ? Tu veux manger quelque chose pour te remettre peut-être..."

La remarque la hérissa : elle retroussa légèrement les lèvres en une mimique de mépris souverain. Tandis que le Tavernier partait en quête d'un verre, elle agrippa la bouteille de "Oui-ce-qui" que le Chapeauté venait de reposer et en but une lampée au goulot. Elle retint de justesse une grimace : elle savait à quoi s'attendre, mais ce n'en était pas plus agréable pour autant.

"La cervesa* est minable, ici. Je vais prendre ça."

C'était un geste de défi, évidemment, mais également une vérité : quand on a passé un après-midi à se saouler à la meilleure bière du Comté, et aux frais des hôtes, difficile d'avaler la piquette mal tournée de ce bouge. Par contre, prudence étant mère de sureté, surtout quand vous aviez un tel prédateur en face, elle leva la main à l'attention du Tavernier.

"Apportez-moi d'la viande ! Et du pain. C'lui qui régale."

Elle désigna son vis-à-vis du cul de la bouteille tandis qu'elle prenait une nouvelle lampée avant de la reposer et de la lâcher.

"Alors comme ça tu voulais me voir ?"

La Rousse l'observa un instant de ses yeux noisettes étincelants d'une froideur à l'égal du désir que cet homme lui inspirait malgré elle, avant d'éclater d'un rire cassé par l'alcool.

"Et c'est parce qu'on t'a raconté ces âneries qu't'as accouru pour m'voir ? T'es trop chou, Mordric, fallait pas."
Sourire moqueur : chacun son tour !
"C'brave Lift est un foutu messorgaire**, mais puisque j'lui dois mon repas, j'lui en veux pas trop. Pour cette fois."

Le regard en biais qu'elle lança en direction des escaliers ne laissait aucun doute sur ce qui adviendrait lors de leur prochaine hypothétique rencontre.
Peu à peu, la griserie de l'alcool du nord et de la présence de Mordric lui rendait son assurance.


"Non, j'te cherchais pas, meu gat***. Mais j'ai tendance à êt' curieuse."

*bière
**menteur
***mon chat
--Lifthrasir


La garce ! Rien le temps de comprendre que j'sens la morsure qui m'déchire la joue.
La mauvaise en plus. J'verrais presque des papillons tellement ça fait un mal de chien surtout que j'ai encore des traces d'alcool du Chapeauté dans la bouche.

Pas l'temps d'bouger qu'elle fuit déjà, pas l'temps d'la rattraper. J'jette un regard affolé au Taulier qui lui baisse les yeux. J'suis dans la merde et il le sait. Moi aussi.

Rha et ça pisse le sang c'te balafre. J'tamponne avec ma manche mais j'parie qu'il va falloir qu'j'me refasse recoudre...


Salope... J't'jure que ça se paiera...

A peine l'temps de finir qu'mon signal d'alarme à moi retentit.
En même temps, on l'entends de loin l'patron qui gueule.
L'est temps pour moi d'décaniller... Et vite...
Mordric
Le spectacle était plaisant.
Chacun d'entre eux, paradaient et la tension charnelle était presque palpable. Elle l'aurait été d'ailleurs si quelqu'un avait glissé la main sous la table.

Pourtant, c'est un oeil noir qui se posa sur la Rouquine.


Ne t'avise pas de toucher à Lifthrasir.
Il n'a fait que m'obéir et je ne supporterai que tu prélèves quelque plaisir supplémentaire à le tourmenter.
C'est une vérole, mais il m'appartient et il sait se rendre utile.


Le temps de se servir un verre d'alcool, il cacha son regard à la Belle. Ainsi lorsqu'il le reposa sur elle, toute menace, toute animosité avait disparu.
L'amusement qui l'animait depuis plusieurs minutes reprenait le dessus.


Je n'ai pas accouru pour toi gojata... Je n'avais prévenu personne de mon retour ici, tu t'en es chargée pour moi en mettant la puce à l'oreille de la Vérole.

Une petite pause pour s'enfiler une rasade de Whisky.

Et comme moi aussi je suis curieux, je me demandais pourquoi une belle jeune fille comme toi s'intéressait à moi...
Surtout au point d'en parler au premier inconnu qui passe.


Le Taulier choisit ce moment pour apparaître entre eux deux et déposa une assiette débordante de viande. De quoi nourrir plus d'une chatte, aussi affamée fut-ce-t-elle. Le privilège de dîner à la table d'un homme qui avait la réputation d'enflammer les tavernes.
Au sens propre.
Le pain suivit, frais et odorant. Une miche appétissante de plus autour cette tablée.


Va faire un tour devant la porte Taulier... Je n'ai pas envie qu'on nous dérange...

La phrase était sans menace. Ni un ordre, ni commandement sévère. Une suggestion que l'aubergiste se hâta d’exécuter.

Le Chapeauté se désenchapeauta alors, et le posa sur la table.


Tu as des questions à me poser ? Je t'écoute...
Laisse moi contenter ta curiosité...


Le sourire aux lèvres, il laissait son regard errer sur elle. Des mains fines aux épaules; des yeux captivants aux lèvres attirantes; de la finesse de sa mâchoire aux profondeurs de son décolleté. Il se régalait alors qu'elle entamait autrement plus physique.
_________________

Yes ! He's back ! J'vous aime les filles...
--Alissandre


Le délicieux frisson de crainte et d'excitation qui parcourut sa nuque la réduisit quelques secondes au silence; elle ne put empêcher son regard de flamboyer un instant, avant de détourner les yeux pour essuyer son couteau sur l'une de ses manches.
Allait-il tenter de la réduire au silence, maintenant qu'elle avait éventé ce qui apparemment devait rester un secret ? Son besoin de fuir le disputait à son envie de goûter à la satisfaction de l'avoir en son pouvoir. Un homme tel que lui, aussi dangereusement puissant que lui...
Ah ! L'idée même lui réchauffait le creux du ventre. Elle était née pour ce genre de défis !
Peut-être jouait-il avec elle, lui aussi. Elle mourrait d'envie d'en savoir plus.
La Féline passa la langue sur ses lèvres pour évacuer sa nervosité tout en se découpant un morceau de viande, qu'elle piqua au bout de sa lame avant de mordre dedans avec un bel appétit.


"Ton larbin, hein ? Alors dis lui d'plus tenter d'm'approcher. J'y toucherai pas... s'il m'cherche pas."

Nouvelle bouchée de viande, puis elle planta le couteau dans la table et se pencha en avant par dessus le table en prenant appui dessus, plongeant ses yeux dans ceux, tour à tour menaçants et gourmands, du dé-Chapeauté. Elle inclina un peu la tête sur le côté, comme cherchant à lire dans ses pensées, les lèvres entrouvertes, perdue dans son observation.
Finalement, elle laissa tomber, à mi-voix.


"Qui es-tu ?
J'croyais que t'étais qu'un bellâtre un peu voyou sur les bords, un voyageur qu's'encanaillait avec les ribaudes de passage et qui s'réchauffait dans la couche des cavaletas* d'la haute. J'pensais qu't'étais qu'un drôle qui m'avait fait une farce.

Mais qui es-tu, Mordric ?"


Danger, quand tu nous tiens ! Dans ces derniers mots, elle avait mis la suavité d'une femme en chasse, laissant filtrer sans quiproquo possible toutes les possibilités qui s'offraient à lui s'il jouait le jeu : pourquoi faire semblant quand il suffisait de laisser parler le sang qui battait dans ses veines ?

*pouliches
Mordric
Il s'empêchait difficilement de sourire plus largement encore.
La Féline dégageait une telle confiance en elle, qu'elle en était troublante. Fascinante peut-être même.
De toute la scène, a aucun moment, il n'avait rompu le contact de ses yeux.
Il cherchait à y lire ce qu'elle était réellement. Cette énigme cachée sous ses manières, ses frusques trop masculines et sa voix rauque.


Qui je suis ?
Tout ce que tu as décrit.
Un peu bellâtre je l'avoue. Minaudant s'il le faut pour gagner des couches.
Mentant pour que l'on m'ouvrir draps et cuisses; payant ou menaçant s'il le faut. J'embobine et promets la lune pour goûter les plaisirs les plus cachés d'une femme...


Une gorgée d'alcool plus tard, il reprit.

Voyou je le suis plus encore.
Je vole plus que des virginités, et empli ma bourse autant que j'en vide d'autres.
Créances, vols, rapts, rançons, chantage... J'offre mes compétences à ceux qui sont capables de payer le prix.

Farceur, là aussi. Je vis en représentation.


Une pause, un sourire taquin, une gorgée, un regard affamé.

J'aime plaire et ça a ses avantages. Plus je parais aimable, moins on ne fourre le nez dans mes affaires. Et dans notre métier c'est agréable.

Volontairement, le "notre" avait été prononcé sur un ton qui ne laissait aucun doute. Il savait que la belle n'était pas innocente, quelque soit son vice, il perlait sous sa peau.

Tendant le bras, il attrapa la bouteille pour se resservir.

Et toi, ma douce ?
Qui es-tu ?

_________________

Yes ! He's back ! J'vous aime les filles...
--Alissandre


La Rousse sourit, comme si elle se délectait d'une sucrerie particulièrement excise, avant de se reculer pour prendre un nouveau morceau de viande tandis que Mordric répondait à sa question sans y répondre vraiment.
Le regard noisette pétillant d'amusement, elle nota non sans plaisir que le "petiote" avait laissé place au "ma douce". Un bon point pour elle. La vantardise dont il faisait preuve lui laissait entendre que soit il essayait de la séduire en l'impressionnant, soit il la considérait comme trop peu importante pour lui mentir et la cajoler comme il l'aurait fait avec une autre, peut-être.

Elle laissa son regard briser le lien qui les avaient tenus jusqu'ici et parcourir la salle d'un air nonchalant, tandis qu'un nouveau silence s'installait. Elle avait besoin de reprendre un peu d'air, comme une nageuse en plein effort. C'était ainsi qu'elle se sentait, presqu'essoufflée par le mélange d'excitation, de crainte et de désir qu'elle ressentait depuis de longs instants maintenant. Elle avait perdu l'habitude d'être une proie, et cette position inconfortable l'obligeait à se contorsionner l'esprit pour retomber sur ses pattes.
Mais cela ne dura qu'un temps, ses yeux retournèrent sur le Chapeauté, un sourire répondant à celui qui lui était offert.


"Moi ? J'suis..."
Un petit rire lui échappa.
"J' suis un animal sauvage qui survit comme il peut, j'suppose. J'ai pas d'maître, seulement mon bon vouloir."

Et son regard semblait le mettre au défi de tenter de la soumettre. Son sourire espiègle se teinta de cruauté. Elle prit le chapeau et le coiffa sur sa chevelure de feu, par jeu.

"J'ai quelques compétences que j'offre parfois au plus offrant... ou au plus intéressant. J'prends c'qui m'plaît et j'me débarrasse du reste, c'tout."

Elle haussa les épaules comme si elle venait de raconter une simple anecdote, comme si les morts qu'elle avait causées, directement ou non, n'étaient que des jalons posés sur une route tranquille.
La Féline était prudente : elle n'avait pas l'intention de dévoiler tout son jeu, ni de laisser au Chapeauté trop d'indices pour remonter la piste de ses derniers contrats. Hors de question de fanfaronner sur le pactole qu'elle venait d'amasser et sur ses futurs projets ambitieux.
Plus que tout, il était hors de question qu'elle tombe comme une pintade entre ses bras. Oh non, elle avait de bien meilleures idées...

Elle découpa un nouveau morceau de viande et le tendit à Mordric avant de se lever.


"J'crois qu'il est temps pour moi d'partir", fit-elle, en se penchant sur Mordric pour lui rendre son Chapeau, répétant une scène qui ne leur était pas inconnue. Sous le couvert du couvre-chef, elle s'approcha assez pour effleurer sa tempe du bout des lèvres, tandis qu'elle murmurait quelques mots.

"A bientôt ...peut-être."
Mordric
Indépendance, fierté, jeu...
La Féline était insaisissable. Ou du moins, elle ne se laissait pas approcher par le premier venu.
Mais ce soir, il n'avait pas envie de jouer, il ne voulait pas feindre d'être une proie, il ne voulait pas lui laisser croire qu'il avait besoin d'elle.
Lifthrasir l'avait passablement énervé depuis des jours et le rosser ne l'avait pas calmé.

C'est à ce moment là, que la belle décida de s'éclipser. Une nouvelle parade, un nouveau rapprochement.
Leurs rencontres se suivaient et se ressemblaient, seule la tension était plus forte à chaque fois.
Mais il resta de marbre pourtant, elle voulait partir, il ne l'empêcherait pas. Sans un regard pour elle, sans un frémissement malgré la douceur de son haleine sur sa peau, il hocha la tête. Il ne lui accorderait pas le plaisir de lui demander de rester.


Oc, ma belle.
Peut-être... Du moins si tu as besoin de quelque chose, tu sais où me trouver désormais.


Sans lui accorder d'autre regard il fit glisser l'assiette vers lui. Il avait faim.
_________________

Yes ! He's back ! J'vous aime les filles...
--Alissandre


Elle se redressa, faisant mine de ne pas prêter attention à l'indifférence de Mordric. A nouveau, la Rousse bouillait à l'intérieur mais choisit de n'en rien laisser paraître et de sortir aussi dignement qu'une reine.

Une fois dehors, elle attendit quelques secondes pour taper du pied comme une gamine, s'autorisant ce caprice pour extérioriser une bonne fois ça colère. Grinçant des dents, les yeux assombris d'inquiétude, elle leva le nez au ciel en inspirant longuement.
Là... voilà, le calme revenait, et avec lui la froidure de la nuit commençait à l'envahir jusqu'aux os. Il fallait qu'elle regagne sa planque et vite.

Demain était un autre jour... Demain était le début de sa nouvelle ascension. Du moins, c'était l'idée générale, quoi.

Elle s'éloigna d'un pas pressé, serrant contre elle son vêtement soudain trop ample et trop fin.
Mordric
Il était partagé. Quelle face était la plus belle ?
La croupe qui venait de le quitter en valait des dizaines...


Rha quelle saleté... Pourquoi m'attire-t-elle tant ?

Revenu, totalement transi par le froid, le Taulier se racla la gorge. Le Chapeauté ne l'avait pas entendu s'approcher, pourtant il se tenait debout, juste à côté de la table. L'homme avait du croire qu'il pouvait retrouver son comptoir puisque la donzelle était partie.

Qu'est ce que tu veux ? Tu n'étais pas bien dehors?

Le tenancier, bégaya qu'un homme l'attendait dehors, qu'il voulait le voir pour affaires et que lui ne savait ce qu'il devait répondre.

Un homme ? Tu le connais ?

De nouveau un bégaiement, des hésitations, des mots accrochés. Il ne le connaissait pas non, mais c'était un vieil homme qui disait le connaître, qu'il était du Puy.

Fais entrer alors... Et monte voir ensuite si la vérole est toujours là-haut, ou si elle a fuit...

La curiosité éclairait de nouveaux les prunelles du Chapeauté. La Rouquine venait presque d'être chassé de son esprit.
Presque... Au fond de lui, l'éclat flamboyant vibrait toujours.
Guettant la porte et l'invité surprise qui allait apparaitre, il poursuivit avec appétit la dégustation de son assiette.

_________________

Yes ! He's back ! J'vous aime les filles...
--Asemar


Cela faisait plusieurs minutes qu'il attendait.
L'homme devant la taverne lui avait expliqué la situation. Il y avait là quelques clients qui avaient demandé à être tranquilles. Le genre de personne à qui on ne refusait rien apparemment.
Cela avait réjoui Asemar. Les renseignements avaient été bons. Ce ne pouvait être que Mordric. La coïncidence aurait été trop grosse.

Hésitant un peu, il avait laissé passer un moment avant de poser la question.


Ce client, est-ce Mordric ?

L'homme ne laissa rien paraître. Il se contenta le regarder des pieds à la tête, façon habituelle de voir si le vielhet pouvait être dangereux.

Je sais que c'est lui ! Je suis peut-être vieux, mais pas idiot ! Va lui parler ! Dis lui qu'un homme du Puy veut le voir ! Il ne peut pas me dire non...

A ce moment là, la porte s'ouvrit. Une femme visiblement contrariée sortit, l'air revêche. Son entretien s'était-il mal passé ? Quelle faveur le Fourbe avait bien pu lui refuser ?
Baissant les yeux, il évita de la fixer. Épuisé, affamé, gelé, il ne voulait pas en plus se faire sauter dessus par une furie susceptible.

La suite ne traîna pas. La femme disparut, l'homme retourna à l'intérieur et quelques instants plus tard il fut introduit dans l'établissement.


Alors c'est vrai... Vous êtes de retour en Lengadòc...

L'homme au chapeau le dévisageait, bien sûr il ne le reconnaîtrait pas. Asemar n'avait été qu'une petite main pour lui, il y a si longtemps...
--Lo_bostiquejaire



[Deux jours plus tôt]

Le fouineur n'avait pas perdu une miette de l'échange entre le dénommé Lift et la Rousse sans nom, pas plus d'ailleurs qu'il n'avait manqué d'admirer les formes qu'elle mettait généreusement à disposition de tous les regards de la taverne à chaque fois qu'elle se tortillait. Il n'était qu'un homme, cela ne pouvait pas le laisser indifférent, mais contrairement à la plupart des autres clients, sa morale lui soufflait en douce qu'il n'aurait pas dû.

Un mendiant avec de la moral était un mendiant quasi-mort. Mais il n'était pas vraiment ce qu'il voulait faire croire.

Il nota le rendez-vous pris entre les deux comploteurs et un nom, également, qui le fit sursauter : Mordric. Soudain nerveux, il se tassa encore sur lui-même davantage et se mit à réfléchir intensément... Il n'aurait pas perdu son temps ce soir-là.


[Retour au présent, à l'extérieur de la taverne]

Dissimulé dans l'ombre, il avait eu beaucoup de mal à ne pas se faire repérer lorsque l'homme au chapeau était apparu près du carreau pour observer et écouter ce qu'il se passait à l'intérieur. Heureusement, il semblait bien trop obnubilé par le spectacle qu'il guettait pour remarquer sa présence.
Lorsque l'homme au chapeau entra, il prit sa place, devant la carreau, et ne manqua rien de la scène qui devait se jouer devant lui. Il fallit bien se faire repérer lorsque le Tavernier ouvrit la porte pour vérifier qu'il n'y avait personne, mais le zêle du bonhomme s'arrêta là : il n'avait visiblement pas prévu de faire le guet dehors par ce froid.

Le mendiant le comprenait : il ne sentait plus aucune de ses extrêmités tant le froid l'avait gelé, mais il était impossible qu'il manque ça. Mordric... la terreur de la ville basse du Puy, qu'on disait mort et enterré avec la ville, il y a de cela tant d'années. Ainsi, c'était donc lui ? Cet homme au chapeau ?

Il s'écrasa contre le mur en voyant sortir la Rousse en furie, et, par chance, c'est à ce moment-là qu'arriva un vieillard à l'approche de l'auberge. Décidément ! On aurait dit un soir de réception dans une salle d'audience comtale !
La Rouquine s'en allait : il admira un instant le paysage rebondi qui trottait en s'éloignant puis revint au carreau pour poursuivre son observation, le coeur battant.
See the RP information <<   <   1, 2, 3   >>
Copyright © JDWorks, Corbeaunoir & Elissa Ka | Update notes | Support us | 2008 - 2024
Special thanks to our amazing translators : Dunpeal (EN, PT), Eriti (IT), Azureus (FI)