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[RP] Ceci n'est pas une ceinture de chasteté.

Finn
Croyait-elle sérieusement que le whiskey l'immuniserait contre le charme sauvage (et un peu décrépit) de son nouvel époux? Pire, allait-elle jusqu'à envisager parvenir à l'en persuader? Malheureuse... L'Irlandais en avait couché plus d'une grâce à ce subterfuge! Tout homme sensé reconnaît l'alcool fort comme son meilleur allié lorsqu'il s'agit d'investir la croupe d'une femelle. C'est d'ailleurs sur ce point que la fourberie humaine surpasse celle de la bête. Alors non, l'Irlandais n'était pas dupe. Les noces seraient consommées jusqu'à plus soif, à l'aube, lorsque l'homme se rendrait compte que son orgueil venait de le conduire à se laisser savamment manipuler par une Saint Just qui n'avait probablement aucune intention de s'astreindre à la sagesse...

De cet épisode, Finn écopa d'un terrible mal de crâne et du sentiment étrange de n'avoir pas réellement vécu ce qu'il s'y était déroulé. Il s'empressa les jours suivant de soigner l'un comme l'autre par un mal connu et nécessaire l'unissant à la Saint Just: l'alcoolisme. A croire que la consommation accrue de spiritueux constituait un remède à de nombreuses difficultés de la vie du vagabond. Heureusement pour lui, ils arrivaient en Flandres, hauts-lieux de brassage où la fraternité éthylique est célébrée avec abondance.
La Saint Just devait avoir quelque affaire à mener en son fief ou ailleurs tandis que lui souhaitait renouer avec certaines fréquentations glanées ou approfondies lors de son premier séjour flamand. La Choovansky en faisait partie.



[Domaine d'Herlies, Flandres.]



Citation:
Katinsky,

Voici plusieurs jours que les Flandres nous abreuvent de leur blanche mousse en ta compagnie et je réalise à quel point j'ai manqué de gratitude. Figure-toi que nous avons finalement gagné les terres de la Comtesse (la brune complètement pintée de l'autre soir). Je te convie à nous rejoindre dans les plus brefs délais à compter d'aujourd'hui.
Si l'invitation ne suffit pas à te faire entrer dans tes bottes, sache qu'un petit paquet de madeleines de Bruges n'attendent que ton couperet et qu'un individu masculin à la chevelure rousse se tient prêt à céder à tous tes caprices. Si même cela ne marche pas, il faut te rendre à l'évidence: tes chevilles ont dangereusement enflé.

Que Dieu guide tes pas.

Hélène.

PS: N'hésite pas à oublier ta cornemuse.


La signature renvoyait au souvenir de leur première rencontre, sur le seuil d'une Gentilhommière délabrée. Elle, vendeuse de saintes écritures au porte à porte et lui, Hélène de Troie. Le quiproquo de l'anecdote arracha un bref sourire à l'Irlandais. Nostalgie qu'il dut bien prestement remettre de côté, l'on tirait sur sa manche...
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Katina_choovansky.
Hôpital de Bruges

14h57


- «Vous plaisantez ou quoi ? »

La brune sursauta et se retourna vers Anne Gertrude, infirmière spécialement affiliée à sa surveillance depuis qu’elle était rentrée en cuisines avec son assiette la veille, hurlant en cherchant le chef « J’VAIS LUI FAIRE BOUFFER !! ON VA VOIR S’IL OSE ENCORE APPELER CA DE LA NOURRITURE ! »

- «Ca vous a pas suffit la dernière fois ? »
- « Non, mais la dernière fois, j’avais vu court sur la longueur, alors forcément, ça c’est mal passé », tenta-t-elle de se justifier, les épais lambeaux de draps dans la main.
- « Et si vous sortiez par la porte cette fois ? »
- « Et si je pardonnais au cuisinier son ragout d’hier ? »
- « La rancune ne nourrit pas son homme », philosopha Anne Gertrude en lui remettant un pli, motif premier de sa visite.
- « Le ragout d’hier non plus » rétorqua la brune en décachetant la lettre, qu’elle parcourut avant de lever le nez sur Anne Gertrude. « Ne comptez pas sur moi pour le repas de ce soir… »
- « J’avais déjà cru comprendre hier que vous ne souhaitiez plus manger ici… »
- « C’est l’avantage des menaces, ça, c’est implicite. » acquiesça la flamande, experte.
- « Vous… vous voulez que je reste… au cas où ? », demanda Anne Gertrude que son instinct poussait à ne pas contredire la brugeoise, et que son professionnalisme poussait à rester pour alerter les secours si nécessaire.
- « Excellente idée, vous me tiendrez la corde », acquiesça la brune en attrapant de quoi écrire.





Hélène,


Je ne vois pas une seule bonne raison pour refuser cette invitation. Déjà, parce que la gratitude du foiE est importante,. Alors je vous le demande, malgré toutes mes évidentes qualités, qui serais je pour la refuser ?
Ensuite, parce qu’il est inutile de nier ma dépendance aux madeleines fromage blanc/amandes (au passage, je sais pas si vous avez gouté les nouvelles à la poudre de noisettes, mais je vous les conseille vivement) et que si je peux faire quatre jours de route sans m’arrêter pour aller en chercher, quelques lieux ne me font pas peur (voire, si ça me tirait pas sur les points de suture, j’en rirai allégrement)
Ajoutons à ça le page dévoué que vous me promettez, surtout si c’est le rouquin manchot dont vous m’avez déjà parlé, et je me vois mal vous demander quoique ce soit de plus pour mon bonheur… si ce n’est cette superbe paire de bottines vertes eau qui iraient merveilleusement bien avec cette petite robe ramenée de Corse…

Considérez-moi comme arrivée.
Le temps de solidifier les nœuds de ma corde, de planter un talon dans la main du cuisinier et je suis des vôtres.


Flamandement,

Katinsky





15h32

La brune atterrit avec grâce –ou presque- au sol.

- « Ca va ? », demanda Anne Gertrude en passant la tête par la fenêtre.
- « Impec ! », la rassura-t-elle. « Un dernier tour aux cuisines et on est bon… », conclue-t-elle pour elle-même en se dirigeant vers l’aile nord.


Il y eut des cris, des menaces, des supplications et quelques larmes, aussi, la brune, après avoir monnayé des doigts valides contre le prêt d’un cheval, prenait la route.
Balade calme pour l’éclopée temporaire, le long des petites routes enneigées de la campagne flamande, quand enfin, le petit castel creva le paysage de sa forme élégante et élancée.
Rejoignant la bâtisse où devaient déjà se trouver ses hôtes, Katina mit botte à terre en appelant depuis le parvis:


- « Quelqu’un pour m’indiquer le chemin de la cave ? »
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Maitre Troubadour à la Confrérie
Gaetan
Ils avaient osé.

Si on le lui avait dit, il ne l'aurait pas cru.

Non pas qu'il soit comparable à un enfant de la famille - si tant est qu'on puisse comparer le groupe disparate à une quelconque famille, même des plus bizarres - ni même à un petit animal domestique qu'on chouchouterait... Gaetan n'est pas particulièrement bien traité par les adultes qu'il accompagne, il dort par terre, à la porte, il leur sert de souffre douleur quand ils ne l'oublient pas, et il faut avouer clairement qu'il est loin d'être le favori, l'enfant gâté, à croire que même un chien recevrait plus d'attention que le jeune manchot.

Mais qu'on l'oublie DEUX FOIS en à peine deux semaines ? Quand même... Il n'en revient pas.

Faut bien avouer également que Gaetan n'a pas l'idée de ce que ça pourrait donner, être bien traité... il en a eu un aperçu avec Matalena, mais la froideur apparente de la Réformée ne l'avait pas habitué à la tendresse et au final il ne se plaignait pas de sa condition, considérant dans sa naïveté que tous les enfants devaient subir le même sort, à part les petits nobles, comme Raphaelle, mais c'était normal aussi, ils étaient riches et se la pétaient. Et encore... Raphaelle lui avait semblé bien seule, loin de sa famille, et s'ennuyant souvent.

Bref, s'il trouvait normal de ne pas bénéficier d'un traitement de faveur, en revanche il digérait assez mal le fait d'être constamment oublié à l'arrière. S'il avait soupiré la première fois qu'il avait du rattraper le couple de lapin, cette fois ci le rouquin grince des dents.

Heureusement que le couple d'ivrognes était prolixe question plan de voyage et qu'ils avaient laissé échapper tous les détails nécessaires à la recherche du domaine étape. Du coup, fatigué, vexé mais content d'arriver, il se présente à la porte juste derrière une... une inconnue. Une étrangère. Pire ! Une dame ! Chance pour Gaetan, elle n'est encore que sur le parvis, à taper de la botte, et le môme non encore dressé, à peine débourré, tout à fait dessaoulé vu que personne ne consent à l'abreuver, se glisse furtivement, genre le manchot invisible, et l'air de rien entre dans le domaine, à la recherche d'un Irlandais ou d'une pochtronne qui s'la pète.


- Agnès ? Finn ? VOUS M'AVEZ OUBLIE ENCORE !

Plus doucement :

- Sinon y'a une fille dehors on dirait elle veut des champignons.
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Gnia
Des profondeurs, l'on clama*

On est là !
Et dis à la fille aux champignon de venir aussi !


Une pause, visiblement nécessaire à un rapide conciliabule inaudible

Sans cornemuse si possible, ça résonne trop ici...

Confortablement installés sur des tabourets autour d'une table vermoulue, l'Irlandais et l'Artésienne avaient largement entamé le décompte du contenu des caves et magasins du domaine d'Herlies. Autour de la pâle lueur d'une lanterne, les armes de leurs crimes couvraient la table. Godets, choppes, assiettes de charcutailles et de fromages, nécessaire à mise en perce de fût et autres tonnelets s'amoncelaient pêle-mêle, témoignant de la précision tatillonne que mettaient les occupants de la cave à leur inventaire.

C'était la première fois qu'Agnès mettait véritablement les pieds sur sa seigneurie d'Herlies et sous le regard ahuri du vieux couple qui en gérait l'intendance, elle avait pris possession des lieux comme si elle les avait toujours connus. Les deux anciens n'avaient eu que le temps de faire chauffer et préparer les chambres, de dégotter au pied levé quelqu'un capable de faire chauffer une marmite et de rôtir une venaison qu'ils découvraient que toute l'attention de leur maîtresse se portait sur le contenu des caves.
Elle n'avait pas demandé à ce qu'on lui serve une collation dans la grand salle du castel, ni a visiter les terres et villages, non.
Juste à ce qu'on lui éclaire convenablement la plus grande cave et qu'on lui apporte le minimum vital pour en profiter pleinement.

Etranges vraiment, les coutumes artésiennes...
Les Flamands en étaient restés comme deux ronds de flan.



*[HRP : variation sur le célèbre "De profundis clamavi ad te, Domine", La Bible, repris par C. Baudelaire.]
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Finn
La déception du coup de théâtre passée, l’expression se fit plus claire.

- « L’autre, tout de suite… », protesta mollement l’Irlandais, engorgé de lard.

Imperceptiblement, se hissa un menton cruel.

- « On ne t’a pas oublié, tu nous as perdu de vue. Réjouis-toi que je ne t’en tienne pas rigueur ! », rétorqua-t-il au pauvre garçon avant qu’il ne soit expédié vers la visiteuse. « J’aurais juré qu’il ne nous avait pas quittés. », confia-t-il à la noble Artésienne.

Pas un pour rattraper l’autre. Il était sûr que sa voisine approuvait, voire appuyait sa mauvaise foi. Il n’était pas homme à reconnaître ses torts, surtout face à un marmot, incomplet qui plus est ! Quant à la comtesse, il l’envisageait faite du même bois… sec. Quoique peut-être plus inflammable, la comtesse.
Il suffisait de s’attarder ne serait-ce qu’une seconde sur l’état de la table dévorée par le temps. L’anarchique accumulation de cadavres cognant la vieille bière ne laissait que peu de doute sur le scenario qui s’était joué sous les regards désolés de la géronte et de son galant. La Saint Just savait recevoir son monde. La Saint Just était généreuse, de corps et d’esprit. Un bon parti qu’il se félicitait d’avoir, même illégitimement, pris. Et lui, toujours affamé, toujours dans le besoin, n’avait pas eu le cœur, pas plus que l’audace de refuser qu’on étanche sa soif.


- « Encore un que les vers n’auront pas. », lança-t-il à Agnès, arrachant à son corps une belle cuisse de volaille baignant dans la graisse.

Katinsky comprendrait. Ils avaient prononcé le mot TO-LÉ-RANCE, une fois, il en était convaincu.

- « On ne t'attendait plus. », prétexta-t-il d'avance lorsqu’enfin la troubadour rejoignit les abysses de la demeure.

Lui d'ordinaire si sensible au confort d'autrui, la Saint Just avait décidément mauvaise influence. A moins que ce ne fut l'opulence.
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Gaetan
Il aurait du s'en douter. Naif qu'il est ce gamin, de lever la tête vers l'escalier en criant, alors que depuis le temps, il sait bien que y'a qu'à la cave qu'on a une chance de les trouver, quand ils ne sont pas occupés à confessionner.

Et quelle mauvaise foi ! Il est manchot, le rouquin, pas sourd. Et pendant une seconde, il a failli douter et s'en vouloir ... avant de réaliser que non, quand même, faut pas pousser la mule dans les pisse-au-lit, il a pas rêvé, ils l'ont planté deux fois de suite. C'est pas évident de distinguer les moments où faut pas regarder parce qu'ils font des cochonneries, et les moments où ils s'échappent pour changer de cave. Zut à la fin.

Pour un peu il serait colère, sauf que pour changer on ne lui en laisse pas franchement le temps. Ni de se fâcher, ni de descendre gouter le pinard, comme d'hab. C'est toujours tout pour les mêmes...


- Ramener la fille des champignons... ramener la fille des champignons... je la connais même pas la fille des champignons... et depuis quand ils ont des champignons en plus... j'ai soif moi... Grommelle-t-il en se retournant vers la porte et donc le parvis. Dire qu'il avait réussi à passer super furtivement sans se faire alpaguer ni rien... bien la peine de donner de faire des efforts... c'est jamais récompensé d'toute façon...

Il fait du boudin, Gaetan, en se plantant devant la visiteuse du jour. Et marmonne en la regardant à peine :


- pour les champignons c'est en bas...

Il indique la direction de son seul bras... avant de s'engager sans lui laisser le temps de passer et de la doubler tranquillement dans l'escalier qui s'enfonce vers la cave. Sa prof de bonnes manières a été un peu trop occupée ces derniers temps pour lui apprendre à laisser la priorité. Ou alors il a d'instinct senti qu'un serviteur précédait les invités pour ouvrir la marche. Allez savoir.

Une fois arrivé à destination, il se cale dans un coin, lorgnant sur la picole.


- je peux avoir à boire ?

Dit-il en lorgnant sur la bouffe.
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Katina_choovansky.
On l’avait prévenue bien sur.
Mais c’était pas sa faute.
Un éclat d’rousseur, c’est comme un soleil qui brille. C’est beau.
Alors oui, elle n'aimait pas les enfants, pariait sur des combats entre eux et des sangliers, poussait les bébés qui apprennaient à marcher et qui menaçaient baveusement de s’accrocher à ses jupons, mais quand elle vit la tignasse du p’tit rouquin émerger sur le parvis avec son air de martyr sur la gueule, les sourcils froncés d’elle ne sait quelle râlerie, le regard fuyant du môme « qui fait ce qu’on lui dit mais si on lui avait pas dit ben il l’aurait pas fait », ça lui fait quelque chose… pis alors, pas aimable pour un denier. Ni bonjour ni merde, juste un truc concernant des champignons marmonné dans une barbe inexistante. Et manchot. Le clou.

C’était décidé, elle l’aimerait… mais à la flamande. Elle lui épargnerait les jets de parpaings, en échange, il lui en serait reconnaissant au moins à vie. Une belle histoire à venir quoi.

Elle le suivit, puisqu’il ne lui en laissait pas le choix. Et puis, un guide, c’était pas du luxe non plus. La maison était vaste.
Le gamin devant donc, elle s’enfonça donc dans le couloir, descendit l’escalier, faisant tinter ses talons bottés sur les marches menant à la cave, le regard rivé sur la tignasse rousse.
Des canetons, elle n’en avait jamais vu. Du coup, en observant Gaétan, elle essayait d’imaginer Finn au même âge…

L’appelait-on déjà Hélène ?
Froncement des sourcils.
Si ça s’trouve, ça venait même de là… D’une enfance passée à porter des culottes longues et bouffantes, des nœuds et des barrettes pour tenir la crinière, avant de déclarer, d’une voix vacillante à l’adolescence : « c’est fini les ch’veux longs ! Et appelez-moi Finn , bordel ! »

Et le pire, c’est qu’elle pourrait trouver ça plausible.

- « Ah, vache… » laissa tomber le Maitre Troubadour en découvrant le spectacle.

Coup d’œil circulaire sur la pièce, inventoriant avec succès –elle est flamande, donc alcoolique- le nombre de cuites qu’il y a de quoi prendre ici.

- On ne t'attendait plus.
- « J’vois ça », rétorqua-t-elle en apercevant le pilon juteux dans la main irlandaise. « Mais j’compte bien vous faire profiter de ma présence maintenant », rajouta-t-elle, un sourire en coin, laissant planer l’affreux doute qu’elle pourrait jouer de la cornemuse à un moment ou à un autre.

Quasi sure que les effusions, c’était pas leurs trucs à eux non plus et ayant encore du mal à rouler des pelles à tout va, à la mode Artésienne, elle se contenta d’un hochement de tête en égrenant les prénoms.


- « Agnès, Finn… ». Un regard bleu sur le môme qui avait pris place dans un coin. « Le rouquin qui sait pas dire bonjour… »

La main manucurée saisit une bouteille, puis un gobelet avant d’entamer la conversation.

- « Désolée du r’tard. Une affaire urgente à régler avant de partir. Vous savez c’que c’est. Il y a des mots qu’on ne doit pas remettre à plus tard. Surtout quand il s’agit de ragout », conclut-elle, une lueur mauvaise s’allumant dans la prunelle au souvenir désastreux du repas de la veille. Une lampée de vin pour faire passer. « Jolie cave, Agnes… et je sais d’quoi j’parle. Pas trop déçue par la visite du coup, j’imagine… »

Puis, désignant le môme du doigt, intriguée.

- « Il reste debout ? »
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Maitre Troubadour à la Confrérie
Finn
L'accueil flamand ne fut pas trop abrupt, contre toute attente. Loin d'être polaire, Katina sut se mettre à l'aise, autrement dit se jeter sur la vinasse, et faire montre d'une indéniable bienveillance à l'égard de son hôte. Sa considération s'étendit même au pauvre petit manchot bougon.

- « Non, il va venir s'assoir à table avec nous au lieu de quémander. », répondit-il à la Flamande en tournant la tête vers Gaetan, tapi dans son coin. « Allez, presse-toi, tu mets notre invitée mal à l'aise. », ordonna-t-il cette fois-ci directement à l'intéressé sur un ton dénué d'agressivité.

Le constat douloureux que quoiqu'il fasse, l'enfant s'entêtait à vouloir le suivre comme son ombre fit son chemin chez l'Irlandais. Depuis des mois maintenant, et à son grand dam, Gaetan faisait partie de sa vie. Il avait d'abord failli sombrer dans le déni, puis vînt la colère, mais rien n'y fit. Gaetan était une épine dont on ne se débarrassait pas. Une infection incurable, hélas. Un mal visible qu'on pouvait cogner, heureusement. Un jour ou l'autre, L'Irlandais devrait rendre les armes et accepter ce que des puissances supérieures ont décidé pour lui. Il serait sans doute plus aisé de supporter un tel destin en s'y soumettant plutôt qu'en le combattant aussi farouchement.

C'est ainsi qu'il remplit de son propre chef un large godet et regroupa plusieurs victuailles dans une écuelle qu'il disposa à la place désignée pour l'enfant, voisine de la sienne. Tandis que les femmes semblaient s'appliquer à poursuivre en dépit de tout l'inventaire de la cave à la lumière vacillante des candélabres, l'Irlandais entreprit de faire les présentations.


- « Il s'appelle Gaetan, enfin, s'il n'a pas menti. », révéla-t-il à la Flamande, lui laissant le soin de se présenter à son tour au môme qui paraissait avoir survécu à la douche irlandaise. « Ma Dame? Je crois sincèrement qu'on y gagnerait tous à te laisser nous guider sur la voie du savoir-vivre, notamment à table... », interpela-t-il Agnès, scrutant de biais l'évolution catastrophique du repas de Gaetan.

Lui-même n'était pas un modèle, mais il s'attachait à le devenir en certaines circonstances. Même les truands doivent savoir se montrer éduqués, surtout un Pique. Si Gaetan devait le suivre, il faudrait lui apprendre quelques rudiments de bonnes manières. L'instruire en matière de convenances ne pouvait lui revenir, trop bourru et si peu patient. Non, il était du devoir de la plus érudite de s'y atteler. Car après tout, elle aussi risquait de se trouver talonnée de près par l'enfant, à l'avenir.

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Gnia
La table dressée dans la cave venait de s'agrandir de deux convives. La Saint Just salua le maître troubadour et la gratifia d'un sourire satisfait à la mention de la cave.

Loin d'être déçue. Je gage que le fait de ne jamais venir ici explique la quantité de breuvages et de mets entreposés dans les caves et magasins.

Et d'ajouter, le front plissé, en tentant de comptabiliser ce qui aurait pu être transformé en écus sonnants et trébuchants dont elle manquait tant

Ainsi que les difficultés à faire voyager les rentes de mes fiefs depuis le Nord jusqu'au Sud, évidemment. Ce qui n'est pas dans mes caisses percées est ici...
Entre autres.


Et tandis qu'on se décalait, qu'on faisait passer la bouffe entre les convives, la demande de Finn suspendit le voyage depuis la table jusqu'aux lèvres de la Saint Just - destination idyllique s'il en est - d'un épais bout de fromage sur son lit de mie de pain. Haussant comme à l'accoutumé un sourcil de surprise, elle envisageant l'Irlandais et se rendit à l'évidence. Il semblait sérieux.

Le savoir vivre à table ? Hmm... Comment dire...

Et de laisser à son point de départ sa tartine pour tenter d'expliquer qu'à table, le savoir vivre résidait en bien peu de choses.
Elle ramassa la courte dague au manche damasquiné qui lui tenait lieu de couteau et découpa d'épaisses tranches de pain légèrement rassis et les disposa une à une devant les convives.


Bon, j'suis généreuse, un tranchoir par personne. C'est là dessus qu'on pose la bouffe qui n'est pas de la soupe, du brouet ou du potage.

Normalement, on devrait avoir une nappe, ou mieux, au moins un valet pour présenter les linges, pour s'essuyer les doigts et la bouche.
Donc on évite les manches de chemise ou de bure... Ou le bas des robes...

Nous, on va se débrouiller avec ça et ça.


Et de désigner un linge en boule sur la table et une large écuelle de bois remplie d'eau qui trône à sa droite, qu'elle pousse au milieu de la table.


J'avoue que le fruit confit sur la tarte sucrée serait d'avoir quelqu'un pour servir le vin et la bouffe, voire découper la viande, mais là, c'est une petite collation informelle...

Et d'achever sa démonstration, en découpant une épaisse tranche de jambon fumé pour chacun qu'elle dépose sur les tranchoirs. Puis elle lève pouce, index et majeur de la main droite et se saisit de la viande qu'elle laisse en suspens à mi-chemin de l'idyllique voyage mentionné plus tôt.

On mange avec la main droite, mais seulement avec ces trois doigts.
Et le mieux reste quand même d'avoir son propre couteau.
T'as un coutel Gaetan ?


A peu près sûre de la réponse négative, elle ajouta avant d'enfourner le jambon

T'iras en demander un aux cuisines, un petit pratique que tu peux emporter partout avec toi, et discrètement. Tu me montreras...

S'adressant ensuite à Katina

Vous aussi si vous voulez...

La bouche encore pleine, elle haussa les épaules et lança à Finn

Cela dit tu ferai mieux de lui apprendre à lire et écrire, ça serait nettement plus utile que d'apprendre à baffrer correctement. Je doute qu'il soit invité un jour à un banquet chez les nobles...

Et de conclure sa démonstration en trempotant ses doigts gras dans le bassin de fortune avant de les essuyer dans le linge.
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Lionel.blanc.combaz
[Bruges, la veille]

Ils ont fait un long voyage en coche. Long. Le gosse en a ras-le bol d'être trimballé sur les routes, il aurait préféré rester avec Papa. Papa, qui sourit, papa qui ne cesse de lui répéter qu'il est précieux, Papa qui l'embrasse et le porte. Mais Papa il est occupé, il parait.

Alors on va voir Mère. Mère ne sourit pas, ou rarement. Mère ne l'appelle jamais "mon fils, mon sang, mon héritier !", Mère ne l'embrasse que le soir pour dire bonne nuit, et ça l'ennuie, on dirait. Mère ne le porte jamais. Si encore il ne l'aimait pas, il s'en ficherait d'elle comme elle semble se ficher de lui. Si encore elle n'etait pas belle et ne sentait pas bon, il s'en ficherait, le gamin, qu'elle ne l'embrasse ou ne le tienne jamais contre elle.

Il a revu sa mère la veille, brièvement, à son arrivée en ville. Une ville qui commence par Bru. Il s'en souvient parce que c'est le même début que le nom de sa nourrice. Brunehaut, aka Bru, leur a loué une chambre dans une auberge, parce qu'il était tard et "qu'on ne débarque pas ainsi chez votre mère en pleine nuit, nous irons demain", qu'elle a dit. Seulement Bru, elle ronfle. Si si. Alors l'enfant a descendu l'escalier, pour voir les grands. Il en a trouvé un.

Le garde du corps de Mère. L'homme était à peu près aimable, au début, lui demandant de fouiller ses poches pour lui payer une tournée. Il était content, le petit lion, de jouer aux grands, de payer sa tournée comme il avait vu faire des hommes des vrais... Mais mère est arrivée, et bien qu'elle ne l'ai pas grondé sur sa présence en taverne à une heure indue, l'homme a gâché son beau soulagement tout neuf en changeant du tout au tout ! Il a raconté des menteries plus grosses que lui. Lionel n'est pas bien au fait encore des vicicitudes de ce monde, mais il sait que c'est pas beau de mentir, et il sait aussi que l'homme l'a fait pour le faire gronder.


[Domaine d'Herlies, Flandres, le jour même]

Alors le lendemain, quand le coche s'arrête enfin devant une grosse bâtisse et qu'il échappe, comme si souvent, à la vigilance pas si vigilante que ça de ça nourrice - c'est facile, suffit d'attendre qu'elle parle à quelqu'un- Le lendemain, dis-je, quand il trottine dans le batiment à la recherche de sa mère et finit par entendre des voix venant du bas.... Il est pas ravi de retrouver ce même homme assis à table avec sa mère, avec une autre femme, brune. Comme un invité, il est assis et il mange. Comme un invité, pas comme un garde...

'Jour mère, jour ma dame.... jour, mossieu menteur.

Il a prononcé le dernier salut à contre coeur, parce que maman se facherait, sinon. Mais c'est pas logique, ça, en fait. Les gardes, papa lui a appris qu'on leur parle pas toujours gentil, et qu'on leur tape sur le casque. On boit pas avec eux, si ? Il s'apprête à poser la question, mais une cervelle de trois ans ça n'a pas beaucoup de concentration, et quand son regard se pose sur un enfant plus grand que lui, roux et manchot.. Il bloque.

Tu t'appelles comment ? Pourquoi t'as pas deux bras ? Moi c'est tit lion. Pasque mon vrai nom, l'est cro long.
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Gaetan
Il en perd pas une miette le môme. Au sens littéral comme au figuré d'ailleurs. Depuis qu'il suit les traces de Finn, là aussi au propre comme au figuré, il ne se souvient pas s'être assis à une table en sa présence. Et encore moins depuis qu'Agnès les a rejoints. Faut dire qu'ils passent moins de temps assis qu'allongés, debout, au confessionnal ou dans une chambre. Enfin ça Gaetan n'en sait pas grand chose, il sait juste que des repas assis, complets, et avec une pointe de discussion, c'est une première.

Et nom du cul d'une catin vérolée, il compte bien en profiter ! D'une fesse sur le tabouret et d'un coude sur la table, il se jette sur l'écuelle posée devant lui par l'Irlandais, non sans avoir d'abord vidé le godet, saluant son futur repas d'un rot prodigieux. Le gras lui coule déjà sur le menton, un bout de peau collé sur ses braies, des miettes qui s'égrainent tout autour de lui, qu'Agnès n'a pas encore commencé son laïus...

Oups.

Lorsqu'elle débute son petit cours, le rouquin hésite entre l'écouter religieusement, ou l'écouter en continuant à s'empiffrer... des fois qu'on lui retire sa bouffe à des fins pédagogiques... Mais il se rappelle de sa première leçon Justienne, et, à lourds regrets, délaisse quelques instants ses victuailles entamées pour écouter le cours de bonnes manières... Et soupire de soulagement quand la comtesse professe qu'il faut manger de la main droite. Faut dire qu'il aurait été vachement emmerdé pour se servir de l'autre..


- un couteau ? vraiment ? à moi ? faut le rendre après ? je pourrai couper des trucs ?

Elle est folle Agnès, complètement folle... un couteau. Il n'en revient pas le môme, s'imaginant déjà taillader des tas et des tas de machins et autres bidules... Pour sûr, dès qu'il aura fini de manger -et de boire- il ira s'en choisir un oui ! il risque pas d'oublier. Sainte Agnès des Justes Couteliers... ou quelque chose du genre.

- il avait commencé, mais... après il a plus eu le temps...

Forcément, c'est plus intéressant de frayer dans les jupes des filles qu'apprendre à un garçonnet à lire... n'empêche que Gaetan défend Finn quand même, investi d'une loyauté dont on se demande parfois d'où elle sort. Et alors que la maitresse des lieux allait le laisser se replonger dans son assiette, qu'il a esquissé ce qui lui semblait être un sourire poli à l'invitée, mais qui devait plutôt ressembler à une grimace, et quémandé la permission de l'Irlandais d'un regard, un autre contretemps s'en vient le priver d'une bouchée pourtant attendue comme le messie.

Un inconnu au bataillon, haut comme trois pommes, et beaucoup trop propre pour un gamin de cet âge.


- Gaetan... Soupir. j'ai qu'un bras parce que j'ai dérangé un gens pendant qu'il mangeait.

Bah quoi ? Il est plus petit ! Plus petit = torturable, moquable, insignifiant. Hey, il a été éduqué par Finn, Matalena et Agnès bon sang ! Vous vous attendiez à quoi ? de la compassion ?

- Tilion... tes parents t'aimaient pas trop toi non plus, hein...

Et bien sûr, personne n'aura pris le soin de le prévenir qu'une partie des parents évoqués était dans la salle. Et d'entourer son écuelle de son coude valide, d'y plonger la main, de la porter à sa bouche, en surveillant d'un regard acéré le champ laissé libre par son côté manchot.
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Finn
La réunion imperceptiblement familiale se poursuivant, l'Irlandais releva l'arrivée du lionceau d'un vague salut. Autant dire qu'il n'en était pas franchement ravi. Il avait déjà presque failli céder à l'aversion qu'il nourrissait pour ce dernier lors de leur premier entretien. Notre homme ne voyait en lui que le reflet de sa triste ascendance paternelle, et la cause de biens des chagrins dont la mollette progéniture ignorait tout. Lorsque celle-ci détourna son intérêt de lui pour le porter sur son aîné au membre défaillant, il en profita pour déclarer son irritation à sa mère d'une raideur bien connue dans le regard. Lui-même se désintéressa alors de l'enfantine conversation, échappant malgré tout un bref ricanement, à coup sûr mauvais, face à la menace du fidèle manchot.

Il saisit l'opportunité servie par la Saint Just et interrompue par son fils de révéler à la Troubadour le motif de sa venue. Enfin, le caché.

- « En effet, cela fait trop longtemps que je tarde à enseigner à Gaetan ce qu'il réclame avec tant d'ardeur. », reprit-il tout en sortant, par un procédé se voulant tout à fait innocent, un emballage truffé des pâtisseries promises à l'invitée. « Qui mieux qu'une équilibriste de la langue jonglant avec les lettres pour nous offrir le bon mot serait en mesure de m'épauler dans cette formidable aventure pédagogique? », argumenta-t-il sans en désigner clairement le destinataire.

L'allusion à Katinsky se confirma lorsque l'offrande sous forme de madeleines fut poussée en sa direction par un Irlandais particulièrement élogieux.

- « S'il se trouve être convié à la table des Grands, au moins saura-t-il les divertir en plus d'étaler son adresse au couteau de cuisine. », finit-il, trop fier pour supplier la Flamande davantage...
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Lionel.blanc.combaz
- Gaetan.... j'ai qu'un bras parce que j'ai dérangé un gens pendant qu'il mangeait. Tilion... tes parents t'aimaient pas trop toi non plus, hein...

L'enfant plisse le nez, tentant de comprendre. Quoi, il sait pas écouter en mangeant, le demi grand ? Enfin, un pas en arrière, c'est plus sûr. La remarque sur son nom lui fait froncer les sourcils de concentration. Que va penser maman de cette phrase..? Pourtant il a bien entendu, le roux, qu'il a dit "bonjour mère" en entrant, non ? En plus d'être manchot, il est peut-être un peu sourd ? Le pauvre... Approchant à nouveau, tout à fait sûr, à la réflexion, d'être en sécurité en présence de sa mère, il observe le visage sale du jeune gueux avec commisération, et tente de lui expliquer, en parlant bien fort et en articulant exagérément. S'il n'était pas sourd et manchot, le petit lion lui envierait certainement le droit de manger sans faire attention à sa vêture.

C'est Bru m'appelle Tilion. Faut pas me couper un bras, sinon mon papa il te tue, ca sorait dommache. Mon papa, c'est le roi bientôt, pôtet, et il m'aime cré plein.

Il redresse les épaules, fier comme un paon, et lance à sa mère un regard qui cherche, comme toujours, son approbation.

Et ma maman, elle est là.

Il désigne Agnès de son index encore potelé, mais n'ose pas ajouter que sa maman l'aime cré beaucoup aussi. Au cas où elle irait le nier... Elle le dit pas, mais il aime bien penser qu'en fait, elle l'aime plein. Les mamans, ça aime leurs enfants, elle a dit, Bru. Délaissant le demi-grand tout sale qui finalement n'est pas très intéressant, il se rapproche de sa mère, toujours à la recherche pathétique d'un signe d'appréciation de sa part.

Bru elle est là-haut, mère. Je cours plusse vite, moi.
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Gnia
Agnès esquissa une petite moue à l'enthousiasme un peu trop prononcé de Gaetan à l'idée de posséder un objet tranchant. Néanmoins, dans la mesure où Finn n'avait pas fait de remarque sur le don prévu, Agnès en déduisit que quelques coups de lattes mettraient fin à d'éventuelles velléités d'utilisations trop zélées de coutel.

On ira le choisir ensemble Gaetan.

On est jamais trop prudent.
Et le chien mord rarement la main qui le nourrit.
Parait-il...

Sur ces entrefaites, déboula, comme il semblait en prendre l'habitude, façon cheveu sur la soupe, sa progéniture. Petit froncement de sourcil, avant de décider qu'après tout il faut bien qu'enfance se passe, et que la curiosité n'est pas un si vilain défaut à cet âge.
Evitant soigneusement le regard de l'Irlandais qu'elle devine à minima agacé, elle haussa les sourcils aux réponses de Gaetan à son fils. Visiblement Finn avait pris le parti de tenter de refiler ses missions d'éducation à Katina et ne se souciait guère de Lionel, ce qui arrangeait bien les affaires saint-justiennes.


On ne montre pas les gens du doigt, Lionel.

Ralala, l'amour maternel selon la Saint Just.
Attendrissant, toujours.


Venez donc vous asseoir avec moi, et parlez moins fort. On ne s'entend plus mastiquer.

Et aussi étrange que cela puisse paraitre, Agnès fit signe à son héritier de prendre place sur l'un de ses genoux. Un peu de provocation, beaucoup d'instinct de louve, à défaut d'autre chose.
Elle lui présente machinalement sa tartine de fromage qu'elle na jamais réussi à manger, en profite pour se pencher légèrement au dessus de la table et planter un regard acéré sur la trogne du rouquin qui lui fait face.
La voix rauque gronde, inquiétante


Avises-toi encore une fois de manquer de respect à mon fils et de le menacer, et tu devras manger comme les porcs, la gueule à même ton auge, et apprendre à tenir une plume avec ta bouche...
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Katina_choovansky.
Un sourire à l’attention d’Agnès pour le cadeau proposé. Pas l’temps de répondre, l’attention est attirée par un second gniard qui déboule. Un petit, un comme elle les aime pas.
Plissement des lèvres vaguement dégoutté d’avance, parce que c’est sûr que le bambin approchera ses bras potelés, ses petites jambes rondelettes de la table… les enfants font toujours ça : aller dans les pattes des adultes qu’ont autre chose à foutre…


- « J’suis pas dame, Katina suffira amplement», rétorqua-t-elle sans se départir d’une expression méfiante quand le môme les salua.

« Pas vers moi, pas vers moi, pas vers moi », entonna-t-elle intérieurement avec ferveur, avant de laisser une expression de soulagement s’afficher quand le lionceau choisit comme proie l’animal le plus faible de la tablée : le manchot.

Le manchot qui lui graillait comme un affamé, enfournant, avalant, prenant tout juste le temps de mâcher… Epatant l’agilité avec laquelle il amenait autant de choses à la bouche avec seulement cinq doigts. Emportée par cette fascinante vision, elle dut laisser passer quelques secondes avant de regarder vers Finn et de répéter, pour vérifier si l’information avait été bien entendue , désignant le rouquin d’un index manucuré.

- « Vous voulez que je lui apprenne à lire et à écrire ?... »

Attiré par le mouvement, la flamande laissa le regard couler sur l’offrande rutilante que l’irlandais avait poussé vers elle. Plus rien n’avait d’importance.
Le mini lion aurait pu sauter sur une gazelle égarée et la croquer qu’elle n’aurait pas levé le nez.
Agnès aurait pu avoir un élan d’amour maternel, qu’elle ne l’aurait pas vu non plus (ce qui explique donc, qu’elle ne l’ait pas vu, oui, je sais, c’est fichtrement judicieux)

Bordel…
Y avait au moins un kilo de madeleines sur la table… Un trésor… han !... avec celles fromage blanc/amandes… Finn n’y était pas allé avec le dos de la cuillère. Le fourbe…


- « Et bien, j’imagine que je peux essayer de faire quelque chose », fit elle en attrapant une des pépites sucrées pour la porter à ses dents. L’enseignement ne lui faisait pas vraiment peur. Elle survivait au quotidien à Atlantide, son apprenti à la confrérie était encore vivant, en passe de devenir un troubadour épouvantablement doué… « Il faudra cependant que l’on se mette d’accord… mes méthodes ne regarderont que moi. Carte blanche. », exigea-t-elle en croquant dans la madeleine en cherchant l’approbation dans le regard de Finn. « Qu’il s’en plaigne ou pas d’ailleurs », précisa-t-elle.

Une moue de satisfaction au gout de la madeleine en bouche.

- « S'il se trouve être convié à la table des Grands, au moins saura-t-il les divertir en plus d'étaler son adresse au couteau de cuisine. »
- «… ouais, enfin c’est bien beau les couteaux, mais parfois, une serviette, c’est pas du luxe…», proposa-t-elle en regardant le gras dégouliner du menton de Gaétan. « C’est entendu Hélène, j’lui apprends à lire et à écrire. Veillez à ce qu’il se présente avec un petit panier de madeleines à chaque cours… Croyez-moi, il vaut mieux que mon humeur soit au beau fixe… »

Elle parlerait de la prime des bottes avec un peu plus d’alcool dans le sang. Et puis, c’est Agnès qui capta son attention :

- « Avises-toi encore une fois de manquer de respect à mon fils et de le menacer, et tu devras manger comme les porcs, la gueule à même ton auge, et apprendre à tenir une plume avec ta bouche... »

Rha… et merde… le môme c’était le sien… faudrait qu’elle fasse attention à pas l’pousser trop fort s’il s’approchait.

- « La plume avec la bouche, je peux lui apprendre », conclut-elle après une seconde ou deux de réflexion. « avec les pieds aussi… Gaétan ? » demanda-t-elle au gamin. « A vue de nez, tu es meilleur en roue en salto arrière ? et ne viens pas m’argumenter que c’est ni l’un ni l’autre parce qu’’avec un bras en moins c’est pas facile… », le prévint elle, laissant un sourire espiègle venant malgré elle lui taquiner le coin de la bouche.

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Maitre Troubadour à la Confrérie
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