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[RP Fermé-Janvier 1460] Journée des pensionnaires.

Jules.
[Dans la cour, fin de matinée]

Bien qu'il se fut couché aux petites heures de l'aube, Jules était déjà debout quelques heures à peine plus tard, faisant ses ablutions dans l'eau glacée en sifflotant.

Oui, vous avez bien lu, en sifflotant. Pas le genre de Jules, et pourtant. C'est que quelques jours plus tôt, il avait recu missive de sa cliente Tourangelle, celle qui avait si généreusement offert les meubles et tapisseries du Boudoir. Damoiselle Eloanne venait lui rendre visite. Et c'est aujourd'hui qu'elle arrivait. De bonne humeur comme rarement, il ne sentait ni le froid ni la fatigue.


[Cuisines]

Remontant au Boudoir la taille ceinte d'un simple linge, il se vêtit rapidement, fila au rez de chaussée dévérrouiller la lourde porte donnant sur la rue et l'ouvrir afin qu'Eloanne puisse monter frapper à l'huis en haut des escaliers, puis se dirigea vers les cuisines. La damoiselle ne devrait plus tarder à présent, et il voulait voir s'ils auraient quelque mets à lui offrir. Jules savait qu'elle n'attendrait pas le soir et la foule pour venir ; son mécène voulait voir ce qu'il avait fait de son cadeau, c'était bien naturel qu'on le lui montre avant l'ouverture...

Un petit sourire aux lèvres, il entreprit de fouiller le garde manger.

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Desiree.
Janvier.
Près de trois moins maintenant qu'ils travaillaient d'arrache-pied à renflouer leurs caisses.
Et, lentement mais sûrement, telle la fourmi d'une fable qui serait écrite plus tard, ils engrangeaient.
Mais à ne s'accorder aucune nuit de répit, à manger à peine assez, on s'épuise parfois.
Les journées de la blondine n'étaient plus peuplées de joies et de rires.
Elle dormait, autant qu'elle le pouvait. Dès que possible. Dès que son fils dormait.
Ce qui n'était pas son cas, car le fort gaillard tétait.

Les pieds nus se glissèrent tant bien que mal dans d'épais bas de laine, qui tire bouchonnaient sur les chevilles, faute de liens pour les tenir au genou. De sa main libre elle saisit la fourrure qui s'étalait sur le lit, et l'enroula comme elle put autour d'eux. Direction la cuisine, où elle se laissa choir sur un banc, et s'empressa de remonter ses jambes nues sous la tiédeur de la pelisse.


Jour...

Il y avait longtemps qu'elle avait franchi le cap de la gène. Elle ne se cachait plus dans sa chambre quand son fils avait faim, et si souvent elle essayait de trouver un fauteuil ou la tiédeur du lit qu'elle quittait si peu, il n'était pas rare non plus de la voir, comme ce matin là, déambuler à demi éveillée, la chemise délacée et descendue sur une épaule, le marmot collé au sein.

Les yeux semblèrent s'ouvrir un peu plus, car elle réussit à formuler une phrase compréhensible:


Y'a que'q'chose ? J'ai faim...

Puis, alors que l'ambiance joyeuse, incongrue, qui régnait sur la pièce et semblait due à Jules en personne traversait enfin les brumes de son cerveau, l'éveillant tout à fait:

T'es d'bien bonne humeur pour quelqu'un djà debout toi! 'C'qui s'passe ?
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©Linda Ravenscroft, création Atelier des Doigts d'Or.
Jules.
[cuisines : touchant tableau]

Depuis qu'ils géraient ensemble un établissement, égaux et libres, sans l'oeil d'une maquerelle pour les surveiller, les relations entre Jules et la blondine s'étaient radoucies. La liberté et la maternité seyaient à la jeune femme, et il sourit en la voyant entrer, yeux endormis, cheveux en bataille et enfançon au sein. La blonde hautaine de la Rose Noire n'avait pas totalement disparu, mais on la voyait de moins en moins souvent...

Y'a que'q'chose ? J'ai faim...

Jetant sur la table un morceau de pain trouvé pendant sa fouille du garde manger, il lui lança un "'Bon Jour à toi aussi ! " retentissant, comme jamais les pensionnaires du Boudoir n'en avaient entendu, plus habitués aux grommellements de Jules au réveil.

T'es d'bien bonne humeur pour quelqu'un djà debout toi! 'C'qui s'passe ?

Sortant la tête du garde manger, il lui jeta un regard confus. Avait-il oublié de prévenir les autres... ? Surement. Mais le sentiment ne dura pas, et bien vite le plaisir reprit ses droits tandis qu'il répondait.

Damoiselle Eloanne. Tu sais, celle qui a offert tous nos meubles ? Elle m'a écrit.

Sans entendre la fierté qui transperçait dans son ton en mentionnant le cadeau d'Eloanne, quand les filles n'avaient obtenu que des prêts, il posa une motte de beurre sur la table et entreprit de lui beurrer une tartine. La bonne humeur, ça rend les gens serviables, faut croire. Et en lui tendant le pain beurré, tout sourire, il lâcha...

Elle arrive d'une minute à l'autre.

Ou comment lancer un pavé dans une mare sans en avoir conscience.
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Sarah_elisabeth
[Dans la cour, l'heure du marché]

Emilla depuis le mois précédent est devenue invisible. Retour du caméléon. Transparente, insignifiante, servante sans éclat. La nuit d'orgie, la journée d'affrontement. Il y a quelque chose de cassé chez la jouvencelle, dissimulé sous le vernis d'un visage doux et calme.

Comme chaque matin depuis la journée d'affrontement, elle se faufile au petit jour hors de son canapé, dans le salon. Elle rangera plus tard, elle n'a pas envie de réveiller les garçons, d'être confronté à leur regard. Alors sans bruit, elle ramasse le linge sale de la veille et va le laver. La seule concession avec le froid qui devient glacial est d'aller chercher de l'eau au puits et de la réchauffer un peu au coin du feu qu'elle ravive. Pendant ce temps, elle cherche les taches, les frotte au savon noir et quand l'eau est supportable, elle les rince soigneusement pour les étendre près du feu. Le reste de vaisselle de la veille est terminée, puis l'inventaire des ventes de boisson de la veille pour réapprovisionner le tout.

Une bourse, un grand panier et un sac où elle cache des petits sachets d'herbe. Elle a mis du temps à songer à ça. Mais dès qu'ils se rendent en forêt, elle ramasse les simples qu'elle débusque et les fait sécher pour réaliser ces petits sachets. Depuis qu'elle a trouvé ça, elle les échange sur le marché contre du pain et du lait voire parfois du beurre. Au moins, c'est ça qu'ils n'ont pas à acheter.

Alors elle traverse le marché, sourire de façade collé aux lèvres, aimable et douce avec chacun : on n'ose moins pinailler avec une jolie fille gentille et amène. Si seulement ils percevaient la froideur de ce qu'il y a au fond d'elle...



[Un courant d'air dans la cuisine]

Retour au Boudoir, les boissons achetées, quelques caramels au beurre salé, gourmandise d'un de leur client et des miches de pain avec un broc de lait frais. Emilla pousse la porte sans bruit sur les derniers mots prononcés par Jules. Elle sent sa gaîté et se fait plus discrète encore. Le lait et le pain sont posés sur la table. Elle y touchera peut être plus tard mais pour le moment un gout de bile envahit sa gorge. Un salut sans bruit de la tête, regard fuyant et impersonnel. Prenant le panier, elle s'active à plier le linge séché sans bruit, toujours aussi transparente que possible. Le visage est doux, les gestes calmes, rien ne reflète ce qu'il se passe à l'intérieur.
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Rector of Imperial Heraldic School - Imperial head translator - Imperial Marshal of Arms
Desiree.
D'une minute à l'autre?

Le quignon de pain entamé est reposé sur la table, la blondine négligée déjà relevée, l'enfançon sur le bras.
Dos tourné à la porte donnant sur la cour, elle ne voit pas arriver celle qu'elle pense être encore en train de dormir.


Mais je ne peux pas être présentée à elle dans cette tenue ! Et les autres dorment encore!

Panique à bord. Panique de chez panique.
Elle file au petit trot au salon, et pépie en tapant aux portes des alcôves.


Debout préparez vous ! Debouuuuuuuuut!

Elle file en chantonant encore:

La bienfaitrice de Jules arrive debout debout!

Elle frappe encore à la deuxième chambre, elle ne sait pas toujours qui dort où, ou avec qui, alors dans le doute, et elle trotte encore vers sa chambre. L'enfant braille quand elle le prive du sein, mais que peut elle y faire ?
Vite, vite, les cheveux sont brossés, nattés, la chemise changée, les bas noués, une robe simple enfilée par dessus la chemise, et le corset serre taille, enfilé.
L'enfant hurlant son mécontentement a du finir d'éveiller le reste de ses collègues. Elle le remit donc au sein, apaisant les cris de colère.
Et trottina de nouveau vers le salon, cherchant Jules.
Elle se planta devant lui, lui tournant le dos.


Y'a qu'toi d'levé, faut que tu serres pour moi s'il te plait sinon Artur va me détester encore plus!

Oui, la liberté lui va bien. Plus détendue, plus douce, plus... mère.
Haïssant pourtant toujours autant son métier. Mais qu'importait, puisqu'elle était libre, et que son enfant grandirait en paix ?
Alors, en dehors de leurs heures de travail, elle était gaie. Plus qu'auparavant, en tous cas.
L'important, c'est d'être libres.

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©Linda Ravenscroft, création Atelier des Doigts d'Or.
Eloanne
[Paris, la rue, le Boudoir des Sens, les portes ...]

«Je vous attends.»

Mieux qu’une promesse, ces trois mots qui concluent la lettre du courtisan, ont eu pour Eloanne l’effet d’un guide.

Voilà des jours qu’elle a quitté Tours et ce matin, le cheval harassé par la course presque ininterrompue a franchi l’enceinte parisienne.

Le temps de se faire indiquer le bon quartier, celui des commerçants les plus connus, de trouver ensuite l’échoppe qui la concerne. Elle veut se débarrasser de cette obligation qui était d’aller payer la note de mobilier et de tentures.

Ensuite, il lui faut trouver une écurie pour y laisser son cheval et sa carriole quelques heures... Plusieurs heures, si possible -pour le repos de l’animal bien entendu -, avant de se rendre non loin du quartier Lafayotes.

Malgré l’impatience manifeste qui la ronge, elle ne peut ignorer la crispation en son ventre, à l’idée de franchir bientôt, la porte du Boudoir. La timide n’a pas totalement disparu, elle s’en rend compte.

C’est pourtant à l’heure ou les maraichers remballent les légumes du marché, qu’elle arrive dans la rue calme.

Elle s’arrête devant une première porte, ornée d’une lanterne pour l’heure éteinte, s’ouvrant sur une volée de marches en pierre.

L’escalade terminée, la main se tend pour attraper le heurtoir froid.
Une seconde suspendue dans les airs, le temps d’une respiration, le temps.... d’oser, et le voila qui retombe dans un bruit mat contre l’huis, une fois, puis deux.

Et la main redescend le long de sa jambe, se crispant discrètement mais nerveusement sur le velours de la cape, pendant que l’autre abaisse le capuchon pour découvrir son visage...

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Blythe.
[Dans une chambre, en pleine toilette/ Salon. ]

Elle brosse longuement ses cheveux, comme tous les "matins". Il parait que c'est cent coups de brosse au coucher qu'il faut, mais la petite rouquine est trop épuisée au coucher. Et puis elle aime ce moment de la journée, rien que pour elle. Elle peut penser tranquille, et personne ne viendra lui reprocher d'entretenir sa crinière de feu qui intrigue tant de clients.

59, 60... Emilla a vraiment changé ces derniers temps. Elle ne lui parle plus de rien à par le tout venant... Et Jules, depuis ce fameux jour... Il est aimable avec elle, va jusqu'à se confier un peu à elle, mais jamais au sujet d'Emilla, avec qui elle le trouve d'une froideur horrible.

75, 76... Elle s'inquiète, la Rouquine. A part l'amour, c'est ce qu'elle fait de mieux, s'inquieter pour ses proches. Elle voudrait bien parler à Emilla, mais celle-ci semble... inatteignable...


Debout préparez vous ! Debouuuuuuuuut!

Tiens, pourquoi Désirée appelle comme ça...? La jeune fille se tourne vers la porte, tout en brossant encore ses cheveux. 82, 83...

La bienfaitrice de Jules arrive debout debout!

La brosse tombe parterre dans un "clac" retentissant. 85 ou cent, quelle différence, vraiment ? Eloanne ! Ah, pour ça elle l'a entendu ce nom, dans la bouche du Jules. Il s'agirait pas de lui faire perdre sa meilleure cliente en présentant mal ! Les petites mains vérifient sa vêture, chemise en place, jupons lissés, corset réajusté. Dans un beau mirroir offert par la bienfaitrice de Jules, justement, elle se pince les joues jusqu'à les rosir, s'humecte les lèvres, fait une révérence rapide pour voir si son décolleté n'est pas trop plongeant. Enfin, elle sort en trottinant de la chambre, cheveux sur les épaules, et trouve Jules corsetant Désirée, Artur dans les bras. Ouf, si ni Emilla ni Marceau ne sont là encore, c'est qu'elle n'est pas si en retard que ça !

Je suis pas coiffée ! C'est grave ?
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Jules.
[cuisines, salon, porte : qui a le tournis ?]

Mais je ne peux pas être présentée à elle dans cette tenue ! Et les autres dorment encore!

Ah. Oui, tout à son empressement de se préparer, lui, il n'avait pas pensé aux autres... songea Jules avec un haussement d'épaules à peine contrit. Etait-il bien nécessaire qu'ils se réveillent tous ? C'était lui qu'elle venait voir... Bientot la blondine était sortie, presque en courrant, reveillant toute la maisonnée, faisant de cette visite un branle bas de combat qu'il n'avait pas prévu...

Tout à son amusement de voir ainsi Désirée s'affoler comme un poulet sans tête, Jules n'avait tout d'abord pas fait attention à la présence d'Emilla. Vrai que ces derniers temps il faisait tout pour l'ignorer, toujours amer de leur dernier échange. Et vrai aussi qu'elle faisait tout pour l'être. Resté seul avec elle, il tenta de se concentrer sur le garde manger, mais très le silence pesant rendit l'air irrespirable. Décidant qu'il ne laisserait rien ni personne gâcher son plaisir à accueuillir son mécène, il sortit bien vite, s'installer dans le salon pour l'attendre, mais incapable de rester assis, se trouva bientôt à faire les cent pas.

Parquet, parquet, tapis. Eloanne ne devrait plus tarder. Tapis, tapis, parquet. Bon, il la présenterait vite fait aux autres et hop, dans la chambre... Parquet, parquet... robe. Levant les yeux, il se trouva nez à dos avec Désirée.


Y'a qu'toi d'levé, faut que tu serres pour moi s'il te plait sinon Artur va me détester encore plus!

Avec un sourire, il obéit à sa demande, tirant fermement sur les lacets d'une main, l'autre plaquée sur le creux des reins pour stabiliser le dos de la blondine.

Ne t'inquiète pas, tu lui plairas.

Une furie rousse déboula dans la pièce, essoufflée, chevelure ruisselant sur les épaules.

Je suis pas coiffée ! C'est grave ?

Avec un sourire amusé, il secoua la tête. Non, ce n'etait pas grave. Lâchant le dos de Désirée, il nouait les lacets d'une main habituée -combien de filles avait il aidées à se relacer en hâte avant l'arrivée de leur père/ frère/mari ?- quand deux coups secs retentirent à la porte.

Dieu, c'est elle.

Virevoltant la blonde sur elle même pour qu'elle se trouve face à lui, il dégaga une mèche de son front, y déposa un baiser et sourit à l'enfant accroché à son sein, puis à la Rouquine.

Vous êtes parfaites.

Qu'elles étaient mignonnes, toutes les deux, dans leur curiosité de découvrir celle à qui ils devaient ce décor chaleureux, et dans leur empressement à lui plaire, en partie pour lui, il le savait. La solidarité avait vraiment du bon. Sans plus attendre, il tourna les talons et rejoignit la porte en quelques pas. Le judas lui assura bien vite que c'etait elle, en effet. La porte fut déverouillée d'une main impatiente, avec force crissements. Et enfin, ils étaient face à face. Elle était aussi jolie et fraiche que dans son souvenir.

Damoiselle Eloanne...

Prenant sa main pour la baiser, incapable de sourire ou d'ajouter une phrase de bienvenue polie, il l'attira à l'intérieur. Heureusement que les filles étaient là, ou il eut certainement cédé à l'envie d'attraper Eloanne dans ses bras pour la saluer, oubliant toute étiquette et sans se demander si son mécène apprécierait...

Laissez moi vous présenter Désirée et Rouquine.
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Sarah_elisabeth
[cuisine, comptoir, présence diaphane]

Emilla ne dit mot quand Désirée sort. De toute façon, qu'a t'elle à dire? Il y a plus d'un mois que tout a été dit et brisé. Alors évitant de croiser le regard de Jules, s'évertuant à être la plus discrète possible, elle finit son travail. Revenant vers la table, elle extrait les denrées échangées du panier, et vient les déposer dans le garde manger une fois Jules parti.

Emilla regarde la nourriture, mais comme d'ordinaire, l'idée de croquer dans un bout de pain lui déclenche une nausée. En un mois, la serveuse est devenue si menue et fine qu'on ne reconnait plus les rondeurs qu'elle avait pris au départ à son arrivée au boudoir. Son physique inexorablement reprenait les formes du jour où elle avait rencontré la Rouquine. Cette impression de s'effacer, de disparaitre soulageait son impression de ne pas être à sa place et de ne pas la mériter. Elle laisse donc les denrées aux autres et va se préparer une tisane de racines de fenouil et de chien dent. Regardant l'infusion, elle reste le regard dans le vide un moment, puis vide la tasse d'un coup. Elle perd du temps là, elle doit encore préparer le salon pour le soir!

Emilla peu à peu a pris un rythme immuable ce dernier mois. Après le départ des derniers clients,Emilla va changer les draps des lits avant que chacun ne se couche, elle range la salle, met de coté les linges sales pour le matin et fait le compte des recettes pour tout mettre à l'abri et prévoir les courses de réapprovisionnement du matin. Elle va ensuite s'effondrer sur un canapé près du feu et se laisse gagner par le sommeil une heure ou deux. Le lever du soleil marque alors sa nouvelle journée et elle profite que tous dorment pour ranger, laver, et aller au marché sans risquer de croiser des regards. Ainsi, à son retour, une tisane et elle met à neuf le comptoir avant de se glisser dans l'alcôve laissée vide de Marceau si possible pour dormir et ne pas avoir à parler aux autres. Elle a peur de nouveaux cris de Désirée, de devoir s'expliquer à Rouquine, des baisers de Marceau et surtout du regard lourd de colère à son encontre de Jules. Elle ne se réveille qu'au soir pour se laver en frottant sa peau d'un gant de crin pour retirer la souillure de ses cauchemars, s'habiller d'une tenue sobre et discrète, chemise épaisse pour lui donner un peu d'épaisseur à la taille et cacher son corps, jupons du même acabit pour cacher ses chevilles et ses pieds. L'ensemble renvoie le message clair qu'elle n'est pas là pour s'adonner au plaisir mais n'est qu'une petite main besogneuse en charge de servir les boissons en souriant.

Emilla songe à tout ça quand elle traverse le salon avec les bouteilles et friandises pour le soir. Elle apperçoit Rouquine et Desirée près de l'entrée, visiblement excitées tandis que Jules va ouvrir la porte. Sans un bruit, Emilla poursuit sa route pour aller se charger du ravitaillement. Un nom fuse, Eloanne, qui tire une pâleur à la jouvencelle. Mais le visage reste doux, posé et agrémenté d'un sourire qui cache son âme et ses pensées. Après tout, la dame avait investi dans les lieux, et sa visite n'a rien de surprenant. Elle passera un bon séjour au Boudoir, Emilla en est persuadée, comme elle sait qu'elle se réveillera de ses quelques heures de sommeil en sueur et le visage couvert de larmes, bonne pour étriller son corps des cauchemars qui la hantent. Ne pas regarder dans l'entrée, Emilla tourne le dos à l'excitation et sobre et effacée, elle se met à son labeur, jetant un oeil discret à la petite fée verte qui la nargue au coin du comptoir.
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Rector of Imperial Heraldic School - Imperial head translator - Imperial Marshal of Arms
Eloanne
Dans l’espace temps, court pourtant, entre le bruit métallique qui résonne sur la porte et l’ouverture de cette dernière, l’envie de s’enfuir à toutes jambes gagne du terrain dans la caboche brune. Elle se dit que peut être, il ne l’attend pas si tôt. Qu’il dort encore. Idiote qu’elle est de ne pas avoir songé que son métier se pratique plus souvent de nuit à ce qu’on en dit.
Qu’elle se fera plus discrète en revenant plus tard...

Mais, en plus de l’envie évidente de revoir le courtisan bien sûr, il y a la curiosité de découvrir les lieux.
Ce n’est même pas dans l’idée d’un contrôle parce qu’elle en a financé certains achats, ça... elle l’oublie presque. Non, c’est surtout qu’un bordel, elle ne s’imagine pas à quoi ça peut bien ressembler, de l’intérieur.

Elle va le savoir bien vite, un bruit de clé qui tourne dans une serrure, des crissements aigus et ... Jules qui apparait dans l’encadrement de la porte une fois ouverte.

Comme la toute première fois, elle doit lever les yeux vers lui, elle en a presque oublié comme il est grand.
Comme la toute première fois, sa stature d’homme viril l’impressionne et provoque un frisson le long de son échine.


Jules...

Elle n’a le temps de rien de plus. Et qu’aurait – elle dit ? « Je suis heureuse de vous revoir. » Banal... Terriblement banal. « J’avais hâte de reprendre nos leçons. » Elle le lui a écrit déjà...
Autant se taire, laisser parler ses yeux qui, eux, sourient à son vis-à-vis.

Déjà sur sa main, les lèvres s’avancent et s’y posent doucement avant qu’il ne l’entraine plus avant à l’intérieur, jusqu’à ce qu’elle découvre derrière lui, deux femmes, l’une un nourrisson dans les bras.

Décontenancée -à sa décharge il faut dire que pas un instant, elle n’a pensé avoir droit à un comité d’accueil- son regard passe de Jules à Désirée, de Désirée à Rouquine, puis à l’enfançon. Certainement les proches amies qu’il a évoqué en lui révélant son secret.


Bonjour ! Désirée, Rouquine... Enchantée. Jules m’avait mis dans la confidence de votre situation, touchante.

Le regard s’attendrit en se posant à nouveau sur le petit être dans les bras de sa mère.

Vous êtes bien celles qui êtes parties avec lui pour sauver cet enfant je suppose et une jeune fille, n’est-ce-pas ?
Elle a pu s’enfuir avec vous j’espère ?


En tournant la tête pour jeter un coup d’œil à l’ancien soldat, un mouvement dans son dos attire l’attention de la demoiselle.
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Blythe.
[Salon : présentations]

Nerveuse, la rousse ? Oui, c'est pas tous les jours qu'on reçoit un mécène au Boudoir. Elle arque un sourcil amusé en voyant le soldat bourru s'essayer au baise main, il doit être nerveux lui aussi. Quand il s'écarte, elle aperçoit enfin la fameuse cliente riche et généreuse. Plus jeune qu'elle ne l'aurait pensé, Eloanne est de petite stature, ni ronde ni menue, un visage fin et des yeux noirs, le tout auréolé de cheveux chatains. Jolie.

Bonjour ! Désirée, Rouquine... Enchantée. Jules m’avait mis dans la confidence de votre situation, touchante.

Occupée à se tenir droite, préoccupée que ses cheveux ne soient pas en chignon pour recevoir la nobliote, Rouquine relève vivement les yeux à la mention d'une confidence. Un coup d'oeil à Jules, dont le visage ne révèle rien comme souvent... Ainsi, c'est en lui racontant leurs malheurs qu'il a obtenu ce si généreux don...? Malin, le Jules, plus manipulateur qu'elle ne le croyait, songe-t-elle. A tord ou à raison ?

Grand merci de votre généreux don, qui a largement contribué à notre projet... dit-elle avec sincérité, les yeux pétillants.

Vous êtes bien celles qui êtes parties avec lui pour sauver cet enfant je suppose et une jeune fille, n’est-ce-pas ?
Elle a pu s’enfuir avec vous j’espère ?


Rouquine suit le regard de la jeune femme, et remarque Emilla, plus discrète que jamais. Une bouffée de tendresse l'envahit. Elle est sauvée du tapin, et de la rue, oui, mais la petite souffre visiblement de sa premiere peine de coeur. Peut-être devrait elle entendre que Jules a pensé à elle de la bouche de cette cliente ?

Oui, damoiselle. Il s'agit de ma petite soeur. Emilla, approche, chérie !

L'enfer est pavé des meilleures intentions.
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Sarah_elisabeth
[Salon : à vouloir faire au mieux, on fait souvent du mal]

Emilla n'a pas changé d'un pouce d'activité à l'arrivée de la "mécène" de jules. celle qui fut la "petite" range les verres, verse les breuvages dans les carafons, laissant les cabochons ou non, suivant que l'alcool doivent être préservé ou aérer. Travailler et occuper ses mains lui permet de tenir. Puis vient l'absinthe.. Seulement elle n'est pas seule aujourd'hui, alors elle la verse sans en laisser une goutte pour calmer son âme, se contentant de laper une goutte sur son doigt, les yeux mi clos. Avec la petite fée verte qui veille sur elle, elle parvient à atténuer la douleur et à passer les heures. Bientôt elle aura fini ses tâches et pourra aller se cacher dans une alcôve pour commencer enfin sa nuit et se perdre dans les nimbes. Non décidément, une goutte ne suffira pas et Emilla verse un verre à liqueur qu'elle prend sans bruit, profitant de tous occupés à se présenter. Le verre est rincé déjà quand la voix de Rouquine fuse dans la salle.

Oui, damoiselle. Il s'agit de ma petite soeur. Emilla, approche, chérie !

La fée verte a déjà commencé à déployer ses ailes sur son esprit et Emilla met un moment à comprendre que Roxanne parle d'elle. Le verre lui échappe des mains et sans l'eau du baquet, il serait déjà brisé. Emilla le sort nerveusement du liquide et l'essuie. Non, elle ne s'empresse pas. Là, tout ce qu'elle voudrait c'est rentrer au plus vite dans une alcôve pour ne pas à avoir à paraitre. Seulement, la pièce est trop petite pour prétendre ne pas avoir entendu. Et la lumière de l'entrée qui perce à la cruauté de rendre aux visages leur tristre réalité. Emilla se pince donc les joues, se mord les lèvres et espère que cela suffira pour chasser sa pâleur et attirer les questions. Un sourire poli et supposé serein pour éviter des questions, elle se retourne finalement et se dirige vers l'entrée pour saluer Eloanne, regard baissé, inclinaison polie et silencieuse de la tête. Quand on ne vous laisse pas le choix, il faut bien agir. Petite fée, j'espère que tu me tiendras bien à l'écart..
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Rector of Imperial Heraldic School - Imperial head translator - Imperial Marshal of Arms
--Marceau


[Dans l'alcôve de gauche]

Lui il dormait, il travaillait trop pour ne pas se reposer. Et oui il retrouvait Vanidelle certaines après midi et l'homme avait besoin de dormir tard pour se reposer, surtout si toutes les soirées finissaient comme celle du mois dernier. Non vraiment il lui fallait du repos. Le blond dormait donc à poing fermé. Sauf que ...

Blondie passe par là. Elle braille et réveille le Marceau. Réaction ? Oui il se cache sous les couvertures. Pas question de bouger, pas question de se lever, il reste là ou il est. Bienfaitrice ou pas il reste dans l'alcôve. Un grognement se fait entendre avant qu'il ne s'étouffe sous les couvertures rabattues sur le tête du blond.


Jules.
[Salon : ou plutôt guêpier]

Il lui avait décrit ces filles comme sa famille, ou presque. Comme les choses avaient changées depuis, songea le soldat, gêné que le sujet du sauvetage d'emilla vienne sur le tapis. La Rouquine, toujours aussi amène, souriait, et il lui rendit un sourire empreint de tendresse. Etrange comme, tout en s'éloignant de sa petite soeur, il n'avait jamais pu se résoudre à se détacher d'elle. Peut-être parce qu'elle ne lui avait jamais reproché son comportement avec Emilla. Peut-être parce qu'elle lui avait montré de la reconnaissance, là ou Emilla, aveuglée par son béguin, ne le voulait pas, ou ne le pouvait pas...?

Et Desirée. Qui eut cru, deux mois auparavant, qu'elle deviendrait elle aussi importante à ses yeux... Si changée, si radoucie et pourtant toujours si pragmatique, la blondine était une force de la nature sur laquelle il faisait bon se reposer de temps à autre. Là ou toutes les autres éveillaient son instinct de protection, Désirée lui donnait une impression de solidité à toute épreuve.

Ah, si Emilla pouvait seulement se remettre de ce stupide béguin et redevenir l'attachante jeune fille du début... Lui sourire, venir se blottir dans ses bras. Alors il aurait trois soeurs. Enfin, on peut rêver.


Oui, damoiselle. Il s'agit de ma petite soeur. Emilla, approche, chérie !

Oh, non... pas ça. Serrant les mâchoires, il se raidit, regardant la jeune fille approcher sans se hâter. Pire, elle ne décochait pas un mot à Eloanne. Jules n'en fut pas surpris. Autant la Rouquine pouvait parfois bourder, autant les antennes d'Emilla la trompaient rarement le concernant. Sans nul doute avait elle compris qu'il appréciait beaucoup sa cliente. D'ou la froideur... L'ecarter, vite. Pour diffuser la situation gênante et eviter tout éclat ou gêne entre les deux jeunes femmes, oui. Mais aussi pour épargner Emilla. Il avait beau lui en vouloir d'etre aussi obtue et ingrate, son évidente souffrance le peinait.

Ahem. Asseyons nous. Voulez vous quelque chose à boire, damoiselle Eloanne, et vous les filles ? Emilla, veux tu bien aller me chercher une bière, en attendant que ces dames se décident ?

Oui, l'envoyer se réfugier derriere son comptoir etait la chose la plus humaine à faire. Et s'il était excédé par la tournure qu'avait pris les choses entre eux, il n'etait pas cruel.
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Eloanne
[Un pas après l’autre, on avance]

Il n’y a donc pas qu’elle qui semble être nerveuse ? Si elle en croit la posture des jeunes femmes, droites, presque tendues, on peut dire que non.

L’une des jeunes femmes prend la parole, Rouquine sans hésitation ou alors ces deux là ont vraiment à cœur de compliquer les choses, tant on ne voit que sa chevelure détachée qui capte le moindre rayon de lumière.
Enfin, c’est ce qu’Eloanne ne voit d’elle, jusqu’à ce qu’elle relève vers elle des yeux d’un bleu vif, qui pétillent à présent. La courtisane doit attirer nombre de clients, ses formes généreuses complètent l’image d’une femme vers qui ils doivent aimer se rendre.


Grand merci de votre généreux don, qui a largement contribué à notre projet...

Un geste instinctif de la main en première réponse. Elle possède de quoi vivre très aisément, sans avoir à rendre de compte sur sa manière de dépenser son héritage. Elle sait sa chance d’être « bien née », d’autant plus en étant face à ces personnes qui usent de leurs corps...

Je suis ravie de savoir que vous en avez fait bon usage.

Rouquine suit son mouvement de tête et confirme. Il y a bien une autre jeune fille dans la pièce.

Oui, damoiselle. Il s'agit de ma petite soeur. Emilla, approche, chérie !

En l’appelant, elle attire naturellement les attentions sur Emilla, au moins celle d’Eloanne qui la regarde arriver près d’eux.

Dieu qu’elle semble jeune, bien assez en effet pour mériter d’échapper à une vie de catin.
Si la rousse est plantureuse, sa sœur est maigre, pâle malgré deux taches rosées sur ses joues.
En quelque secondes, la comparaison est faite, mais ce qui interpelle la nobliote est de la voir rester tête baissée et silencieuse après qu’elle ait incliné pourtant poliment la tête.
Est-elle, elle Eloanne pourtant si mal à l’aise en cet instant, impressionnante au point que la jeunette en perde l’usage de sa langue ? Evidement, il lui manque des données importantes pour saisir la raison du mutisme...

Inconsciente donc des tenants et aboutissants, elle observe encore quelques secondes, celle que Jules tenait tant à sauver, augmente même sans doute au coté pénible en ajoutant
.

Bonjour Emilla. Vous avez un ami pour qui vous comptez beaucoup.

Et avant de pouvoir poursuivre plus, un toussotement, Jules se rappelle –comme si elle avait pu oublier qu’il est là non loin d’elle- à son bon souvenir.

Ahem. Asseyons nous. Voulez vous quelque chose à boire, damoiselle Eloanne, et vous les filles ?

Sourire spontané qui revient dès que son regard se pose sur lui.

Avec plaisir oui. Je prendrai volontiers un verre de vin, blanc si vous en avez ? Merci.

Le temps de gagner un fauteuil elle étudie la salle. Une cheminée en occupe une large place, disposés autour, des fauteuils et quelques tables, non loin du bar sur la droite.
Au mur et aux sols, tentures et peaux de bêtes peaufinent l’impression de chaleur. Impression seulement, le feu ne ronronne pas encore dans l’âtre. Et au fond, deux alcôves, l’une d’elles encore close. C’est donc là que Jules.... Qu’il...

Ses pensées s’échappent alors que les souvenirs du corps du soldat, eux s’imposent à ses yeux pour l’imaginer maintenant dans le cadre même où il exerce chaque jour.
Son sourire augmente et, avec lui, l’impatience du moment où elle se retrouvera seule avec lui... Tout en l’appréhendant aussi un peu.

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