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[RP Ouvert] Quartier Spiritu Sanguis, taverne la Sans Nom

Fanchon...


Ça pour détoner, il détonait : racé, dédaigneux, nippé à la mode exotique et fichtrement basané… ‘Fallait pas être grand clerc pour deviner que l’oiseau n’était pas dans son environnement naturel, à tous les points de vue.
Quelques regards glauques accompagnèrent l'étranger jusqu'au comptoir ; et Fanchon interloquée n'écoutait plus qu'à moitié l'ivrogne qui lui pleurnichait à l'oreille.

Qui a dit que toutes les journées se ressemblent, déjà ?
Fanchon avait de la visite. Si.

Haranguée, la taulière vint appuyer ses paumes sur le comptoir, face au Mauresque, sourire rouge tordant sa jolie gueule :


- La seule, l’unique, mon tout beau. Et qui la d’mande ?

De près, il dégageait un immanquable parfum d'embrouille.
Un zig comme ça, ça n’atterrit pas par hasard au beau milieu de la lie du monde ; ça cherche quelque chose. Suffisamment pour tendre la gorge à tous les saignoirs du coin. Et si celui-ci pouvait éviter de se faire égorger dans son bouge, ça l’arrangerait bien, rapport au ménage qu’elle n’a pas envie de faire.

Mais qu'à cela ne tienne. Fanchon a la peau dure.
Isleen
La porte s’ouvre à nouveau brusquement sur une petite tornade rousse, qui referme tout aussitôt l’accès des lieux, dissimulant sa crinière reconnaissable à la rue, se dissimulant à ses poursuivants. En sécurité pour un moment, quoique vu les lieux et les habitués qui y sont et qu’elle aperçoit suite à son premier coup d’œil sur le contenu des lieux, la sécurité est relative, elle en a bien conscience….un coupe gorge comme tant d’autre.

L’irlandaise le sait, il faut savoir y aller au bluff dans certains endroits, dissimuler ses craintes, affirmer une assurance pleine et entière même si l’on est loin de l’avoir totalement, si on ne veut se faire manger toute crue, surtout lorsque comme elle on a la taille de trois pommes. Jusque là, elle a su faire, puisque toujours en vie et toujours pucelle, mais on ne s’étalera pas sur ce sujet, rien à voir avec sa présence nouvelle dans cet établissement.
Comment l’irlandaise en est arrivée là ? Simple, elle a fait ce qu’elle fait d’habitude, elle a céder à cette pulsion incontrôlable qui mène sa vie et dérobé à une bourgeoise dont le malheur a été de croiser sa route, cet adorable mouchoir brodé actuellement au fond de sa poche. Pour son malheur, la dame était accompagnée d’une escorte, elle avait bien vu le premier mais pas le second, du coup son habilité et surtout sa discrétion fut grandement mis à mal, ceci entrainant cela, la rouquine a du faire marcher ses jambes au travers des rues pour échapper aux chiens de garde de la dame d’ou son atterrissage en ces lieux particuliers. Tout ça pour un mouchoir brodé me direz vous ! Et oui, tout ça pour un mouchoir, c'est que notre écureuil irlandais est cleptomane, elle dérobe tout et n'importe quoi, souvent n'importe quoi d'ailleurs, cleptomane un jour, cleptomane toujours.

Le regard droit, le pas on va dire assuré la rousse se dirige vers le comptoir, espérant qu’aucun de ses poursuivants n’ouvrent la porte, observant celle qui doit être la maitresse des lieux, aussi rousse qu’elle, en pleine conversation avec ce type à la peau aussi foncée que la sienne est claire. Un frisson retenu, la rouquine s’approche.


B’jour, j’voudrais un verre.

Elle précise pas de quoi l’irlandaise, d’façon y a pas la carte d’afficher, mais une chose est sur, c'est qu'on sert pas d’eau chaude ici, d'façon qu'ils en serviraient qu'elle en prendrait pas pour tout l'or du monde et quitte à entrer autant commander pour éviter d’faire louche, quoi que vu ce qu’il y a comme types louches dans ce bouge... suffit de regarder l’homme à ses cotés qui lui semble aussi net que ses premiers langes mais dans le genre pas net comme y a un truc pas net, un truc qui détonne avec sa mise...mais ça c'est pas son soucis, c'est celui d'la maitresse des lieux.
--Gussetmaurice
[Dans la rue, devant la taverne.]

Moi... pff... j'te dis que... elle est rentrée... là... dedans...

Gustave haletait. Il avait le visage rouge, les yeux écarquillés et sa grosse tronche était luisante de sueur. Il se tenait à demi plié en deux, ses deux grosses paluches sur ses genoux.
Maurice, plus calme, le regardait avec l'air de mépris qui ne le quittait jamais. Il se tenait plus droit, ses bras croisés sur son buste musclé. Il était un peu plus haut que Gustave, plus jeune aussi (et sensiblement moins épais), et leur course ne l'avait pas autant éreinté.


Conn'ries, Guss'. Elle détallait à toutes gambes quand on l'a vue tourner dans c'te ruelle. Pourquoi est-ce qu'elle se serait arrêtée dans ce... bouge ?

Puisque... je te dis... que je... l'ai vue ! Malheur... Maurice... tu me... rendras chèvre !

Il tapa sur son genoux, énervé, et sa bedaine – qu'il avait jolie – eut un sursaut indigné.


On l'a... paumée... de toute façon... qu'est ce que ça coûte... de vérifier ?

Petit sourire involontaire, qu'il espère que Maurice ne comprendra pas. Faut dire qu'il vérifierait bien plutôt le contenu des caves de la tôlière plutôt que la présence de la fugitive, qu'il n'avait absolument pas vue rentrer. Et puis quoi, merde ! C'était qu'un mouchoir ! Un mouchoir ! Zut, il avait bien assez couru pour ça.
Maurice avait l'air dubitatif, il lissait sa moustache pour se donner un air pénétrant... Mais Gustave n'attend pas sa réponse et pousse la porte du bouge.


[Dans la taverne]

Le bouge était crade, limite craignos, mais enfin ça n'était pas bien pire que ce dont Gustave avait l'habitude. Il avait repris son souffle ; il avança plus paisiblement vers le comptoir en essuyant son visage rougeaud avec un torchon jaunâtre. Son pas était lourd, et il pouvait sembler surprenant qu'il ait pu tenir l'allure de son collègue et de la voleuse. En vérité, Gustave avait plus de ressources qu'il apparaissait.
Maurice lançait sur tout ce qui l'entourait un regard empli du plus profond dégoût.


Pas signé pour ça,
grommela-t-il. Trou à rats... fichons le camp... trouvera rien.

Oh, merde ! Je prends juste un godet, et puis... Par les douze couilles du sans nom, la rouquine !

Un instant, saisi par la sensation agréable qui l'enveloppait toujours quand il passait la porte d'une taverne (et certainement, aussi, par cette autre sensation éveillée par la vue de la poitrine de l'autre rouquine – c'était à croire qu'il n'y avait que ça dans ce bouge!) il avait complètement oublié la voleuse qu'il poursuivaient. Il avait oublié comment il avait justifié d'entrer dans ce bouge pendant leurs heures de services.

Pas de chance, marmonna-t-il tout pas pour que Maurice ne l'entende pas.
Dirait que j'aurai même pas l'temps d'en vider un...

Maurice, en effet, ne l'avait pas attendu pour avancer droit vers la jeune rouquine.

Dis-donc, tas de merde, fit-il avec sa délicatesse habituelle, radine donc ici !

Maurice, voyons !
s'écria Gustave avec un sourire. Ce n'est pas ainsi qu'on s'adresse aux gens. Tiens, regarde.

Et il se tourne vers l'autre rouquine.

Une rousse, ma jolie, puisque c'est l'ambiance de la maison.

Et il s'accoude au comptoir, bien décidé à laisser Maurice se démerder pour récupérer le mouchoir.
--Achim_al_quasim



Et le bouge Sans nom de tenir sa promesse d’égaler les autres rades locaux. Ivrognes assoupis sur les tables, jouvencelles en détresse qui arrivent en courant, des gaillards louches… Tout le charme de ce Paris loqueteux…
Un sourcil en hausse en détaillant du regard la taulière accorte. Le chirurgien sourit, d’un sourire blanc , avant de tirer d’une de ses amples manches le pli à livrer.


On m’a demandé de vous remettre ceci…

Il a adopté un ton plus bas. Après tout, autant être le plus discret possible sur le but de sa venue… Le vélin glisse lentement mais sûrement sur le comptoir jusqu’à elle avant qu’il ne reprenne un peu plus fort.

Servez moi un verre d’hypocras…

Et d’une pièce de rouler sur le bois alors qu’il examine rapidement la faune arrivée entre temps, en espérant qu’elle n’ait pas à son tour d’exigence au sujet du message pour pouvoir décarrer rapidement. Il ne s’attarde même pas sur les charmes ostensiblement présentés, ni sur le minois de la jeune rousse. Mauvais souvenir que les rousses, et il n’est pas du genre à se faire prendre deux fois dans le rôle du sauveur de donzelle en péril. Il reste attentif aux deux gus bruyants... pas vraiment inquiet. Juste attentif.
Isleen
nach é seo mo lá ...*

Mots lâchés par la rouquine alors qu’elle aperçoit du coin du regard les deux abrutis qui l’ont poursuivi, va falloir qu’elle trouve un truc pour s’en sortir…. Le bluff, l’aplomb, de bonnes jambes et un bon coup de chance, elle n’a plus que ça, vu que ce n’est pas ici qu’elle trouvera un sauveur de demoiselle en détresse sensible à son minois qu’elle sait assez joli d’ailleurs. Ce serait bien, mais l’irlandaise ne croit pas aux miracles. Non ici va falloir qu’elle se débrouille toute seule. Vous pourriez voir ce qui se trafique dans la tête de la rouquine que vous verriez les rouages de ses méninges tourner à toute vitesse tentant de trouver une manière de se sortir de là, vu que les deux gus lui bloquent l’accès à la porte.

Dis-donc, tas de défection, radine donc ici !

C’est pas à elle qu’il s’adresse, mais il s'est déjà radiné un peu trop près d’elle à son goût, que l'autre reste là ou il est ça lui convient parfaitement. C'est le jeune le plus dangereux, ça se voit et s'entend au premier coup d'oeil, elle doit le garde à l’œil si elle veut s'en sortir.

Elle se tourne vers lui, prête à tout, non sans noter au passage que le comparse grassouillet s’est arrêté pour commander un verre… "bien bien, un de moins " il préfère la bibine et les charmes de la tavernière, c’est parfait pour elle. Un rouage plus loin, l’irlandaise à trouver son plan, elle lui a même donné un joli nom : "aplomb et attaque " si Maurice pense qu’elle va se laisser faire, il se care le doigts dans l’œil, l’irlandaise est tel le petit pimousse.
Un coude sur le comptoir, tournée vers Maurice, la rouquine attend de voir ce qu’il va faire, après tout, ils ne peuvent être certain que c’est elle la chapardeuse de mouchoir, il n’a vu d’elle que sa tignasse, les choses se sont passées si vite, et une rousse ressemble à une autre rousse surtout vu de dos et sur le visage de l'irlandaise un masque d'innoncence c'est fait, histoire d'insinuer le doute.


* c’est pas mon jour

_________________
Fanchon...


En même temps que son interlocuteur, la taulière avait tourné les yeux sur le cortège d’hurluberlus pénétré dans sa taverne. D’abord une donzelle, frimousse de souris noyée sous une tignasse de feu :

- B’jour, j‘voudrais un verre, qu’elle avait dit.
- J’ arrive, mignonne.

A peine eut-elle répondu qu’une paire de zig' entra à sa suite, l’un mal luné, et l’autre bien plus dans son élément. Pas moyen d’être tranquille pour parler affaire, hein ? Fanchon observa leur manège d'un air goguenard, jusqu'à ce que le plus chétif vienne s'accrocher à son bar.

- Une rousse, ma jolie, puisque c’est l’ambiance de la maison.
- Mais c’est qu’il est gentil, avec ça ! fit-elle de sa voix rauque, avant de lever le menton pour apostropher son comparse resté planté devant la porte : Pas comme l’compère, hein ! Viens donc ça, prend’exemple. Et prend’un coup, aussi. Ca va t’détendre.

Puis, elle tendit une oreille aux murmures du maure messager :

- On m’a demandé de vous remettre ceci…

Pas de nom. Comme tu veux, beau brun : la maison s’en offusquera pas, c’est écrit dessus.

Du courrier, en revanche. Du courrier ? Du courrier. Ben les v’là, les embrouilles. Mais Fanchon n’eut guère le loisir de s’en étonner, conscience professionnelle oblige. Elle attira le vélin à elle d’un geste souple, et en un clin d’œil, le fit disparaître dans les plis de ses jupons. Sur son contenu elle n’avait pas la moindre idée ; mais le basané avait baissé d'un ton, et pour qu'on prenne la peine de lui écrire…


- Servez-moi un verre d’hypocras, reprit-il alors, plus haut.
- A ton service, mon grand.

Fanchon empocha la piécette et se détourna pour aller tirer une bière à un tonnelet. De la rousse ? Ou un breuvage approchant. Les palais locaux ne faisaient pas la différence. Mais de la bière quand même, et pas trop dégueulasse encore – la cuvée spéciale « clients pas suffisamment torchés ». Elle la posa devant le Gus avec un sourire gouailleur, non sans le laisser lorgner tout son saoul dans son décolleté.

C’était pour ça qu’ils venaient, les types. Pour ça, et pour ses manières rudes de matrone. Occasionnellement, pour d’autres raisons. Certainement pas pour la qualité de sa gnôle, en tout cas, à moins qu’on la mesure au degré alcoolique ; auquel cas Fanchon avait deux trois trésors dans sa cave.


- Tiens, mon gars. Ca t’rafraichira d’ta course.

Elle attrapa une bouteille de vin d’épices, pour servir le Mauresque et, pourquoi pas ? La petite aussi.

- V’là. Et pour toi, petiote.
- 'anchooon ! Chanp... Chanze... Change pas... Change padama... mada... pas - de - main. Pfiou. Jz'ai soif. hoqueta un pochard en levant son verre dans les airs, avant de s'écrouler sur sa table.

Elle ricana, tout en examinant du coin de l’œil le tendron. Une souris dans un trou à rats… Décidément, c’était la journée des téméraires. Et si la taulière ne doutait pas que le Maure soit en mesure de charpir un éventuel agresseur, elle avait un peu plus de doutes à l’endroit de la gringalette, qu’avait pourtant l’air de s’être collée dans le pétrin. Enfin. Chacun ses ennuis, pas vrai ?

En parlant de ça... Elle ressortit les siens, et accoudée au comptoir, entreprit de lire en douce le billet reçu. Car Fanchon savait lire, aussi. Mal. Très mal. Mais elle savait. A mesure qu'elle peinait pour déchiffrer les caractères tracés à la va-vite, son minois froissé par l'effort se teintait de perplexité.
--Gussetmaurice
- Fichtre foutrecul, Guss', y'a deux rouquines.
- Ben, voueye. Vu qu'tu bois pas, ça peut pas être une impression. T'en vois deux, y'en a deux.
- Nan mais chiure, Guss', ça veut dire qu'on sait pas laquelle c'est.
- T'as raison. Du coup, t'as peut-être traité une innocente de tas de défection.
- Ta gueule, Guss'. C'est la Cour des Miracles, ou bien le Louvre ? Innocent, ça existe pas, ici.
- Limite, même au Louvre, je sais pas...
- Ta gueule, Guss'. Je t'entends encore cracher sur l'administration royale, et je te cogne, tu piges ?

Gustave haussa les épaules. En vérité, Maurice n'avait pas véritablement d'autorité sur lui, mais il n'aimait pas entrer dans des débats compliqués avec lui. Il n'aimait pas quand il cognait, non plus.
De son côté, Maurice semblait perplexe. Il regardait alternativement les deux rouquines, celle derrière le comptoir et celle devant, tentant visiblement de trouver une solution à son problème.


- Ce que je pense, Guss', c'est que c'est celle qui a piqué le mouchoir qui l'a sur elle. C'est logique.
- C'est logique.

Faut dire, c'était pas une flèche, le Maurice. Plutôt un gourdin. Un gourdin bien lourd. Il plissa les yeux, l'air pénétré. Et il parla très lentement, comme s'il disait quelque chose de bien, bien, intelligent et réfléchi. Mais attendez, hein, z'allez voir.

- Alors je vois qu'une solution, Guss' : faut les fouiller toutes les deux. Celle qu'on trouve le mouchoir dessus, c'est celle qui l'a piquée.

Gustave se tourna de côté pour rire sans être vu de son collègue.

- Bonne idée, Maurice. Tu sais quoi, t'as qu'à fouiller celle que tu viens d'insulter, hein. Et moi pendant ce temps là, je fouille l'autre.


Maurice, qui n'était pas aussi demeuré que son collègue, se doutait bien que la rouquine qui se trouvait derrière le comptoir, et qui s'apprêtait à lui servir un verre, était visiblement la tôlière, et donc ne pouvait pas avoir volé le mouchoir. Tant qu'à faire, autant donner l'autre à fouiller au gros déb... pardon, à Maurice.

- Et puis tu sais quoi, je vais la cuisiner un peu, peut-être qu'elle a vu l'autre rouquine refiler le mouchoir à un des glandus du rade, hein ?

- Ca, c'est malin.

Puis, après un silence, avec un air de mépris prononcé :

- Demande lui si elle l'a pas filé au sarrasin. Tous des voleurs, ceux là.

Maurice sourit à nouveau en regardant le dit sarrasin.... qui était visiblement bien trop bien fringué pour s'occuper de receler des mouchoirs.

- Tiens, mon gars. Ca t’rafraichira d’ta course.

- Merci. Dis donc, belle enfant, t'habites chez tes parents ?

Et il se met à chantonner tout bas, pour lui même, en payant sa consommation :

Un, deux, trois,
Nous irons chez moi,
Quatre, cinq, six,
Cueillir ta cerise.


Cependant que Gustave menait un interrogatoire serré, Maurice s'était approché de l'autre rouquine – non sans un regard méfiant en direction du barbaresque. Il se planta, droit devant elle, et tenta de l’impressionner par sa stature.
Il pensa à ce que Gustave avait dit, et il fit :


- Bonjour, mademoiselle. Dans le cas où vous n'auriez pas volé le mouchoir de Madame, je vous prie de m'excuser de vous avoir traité de tas de défection.
Dans le cas contraire, merci de me retourner le dit mouchoir illico, ou bien je vous écrase la face.
Sauf vot' respect.
--Achim_al_quasim



Un rictus en esquisse en réaction aux mots familiers de la taulière. Il laisse passer et réprime cette envie de rabattre les caquets. Il a accepté ce rôle de messager et acquiesce donc sans laisser trop transparaître le mépris que cette faune lui inspire.

Le maure continue d’observer les gaillards bruyants. Tant qu’ils lui foutent la paix, ils peuvent bien faire ce qu’ils veulent.
Ils assurent le spectacle le temps qu’il se décide à mouvoir sa carcasse et repartir.
Autant que le manège des rousses l'amuse. Il se demande si la tenancière va défendre la jeunette qui semble dans le pétrin ? Si elles sont de mèche... Ou si la plus jeune est en combine avec les deux autres pour emberlificoter la proprio.

Lentement, il éloigne sa carcasse de la zone de conflit, glissant le long du comptoir, tirant son verre pour se caler en coin. Silencieux, le chirurgien, et fort peu porté sur les bagarres d’ivrognes et les donzelles en détresse. Il a déjà goûté ce genre là et n’en a retiré qu’une insatisfaction amère…
Nul doute que sous peu l'on va voir son sauveur, ou son proprio légitime débarquer, revendiquant ses droits sur les charmes de la roussette, non sans lui retourner élégamment quelques torgnoles pour bien marquer son emprise.

Toujours le sourire méprisant aux lèvres, il continue de feindre de boire de cet hypocras dont il n’a pas pris une goutte.
Isleen
Rhaaaa, elle le contient son cri la rouquine, elle le contient mais elle l’hurlerait bien, histoire d’au moins se sentir mieux sur le moment, un bon hurlement primaire pour lequel nul besoin de traduction. Un bon hurlement pour traduire son énervement d’être là, d’avoir été si maladroite sur le coup du mouchoir, de ne pas avoir réussi à semer ces deux zig, celui de ne pas comprendre tout de l’échange de ces deux là , d’ailleurs note pour plus tard : pensez à apprendre le françois encore mieux et si possible savoir le lire- bref un bon cri pour traduire cette journée de M…..

raibh maith*

Un remerciement donné à la tenancière machinalement dans sa langue natale, accompagné d’un léger signe de tête, la rouquine ne quitte pas des yeux Maurice qui pointe sa fraise devant elle dans l’idée de l’impressionner.
Un éclair de colère dans le regard obscur de l’irlandaise, alors qu’elle comprend que finalement le tas de défection s’adressait à elle tout à l’heure. Sur le coup, elle avait eu un doute et s’était dit que ne ressemblant absolument pas à cette description, il s’était adressé à l’autre zig et non à elle. Elle n’avait pas tout compris de ce qu’il lui avait dit, mais l’essentiel était là.


Sauf mon respect….t’en a de bonne toi ! Corne de bouc, non j’excuse pas !

L’irlandaise bien que petite s’avance, elle a pas envie d’être commode, elle a beau devoir lever la tête pour le regarder dans les yeux, il peu se carrer pour l’impressionner, elle en a vu des plus grands et plus costaud que lui se prendre l’entre jambe de douleur parce qu’ils l’avaient chercher d’un peu trop près, alors lui va retourner danser chez sa Madame !

J’suis pas celle que tu cherches an mustache** et pi c’est quoi cette histoire de mouchoir ? J’ai une tête à voler un handkerchief***?

son ton est plein de dédain, de colère de s’être fait traité de « tas de défection », le tout assaisonné d’une bonne dose de mauvaise foi mêlée, mais ça, elle est la seule à le savoir, elle lève les yeux au ciel. Ca veut tout dire pour l’irlandaise, mais là ça traduit sa pensée, une pensée qui dirait à peu près ça : « t’es pas bien mon gars faut t’faire piquer »

un mouchoir ! moi Tháinig mé díreach le haghaidh deoch**** c’est tout. Va voir ailleurs. Mieux retourne voir ta Madame.

Et l’irlandaise de se reculer prudemment prenant son verre au passage, elle a mêler allégrement le français avec son irlandais natale, c’est ce qui se passe lorsqu’elle s’emporte, elle s’emmêle, s’embrouille, mais il aura compris l'idée le larbin de sa dame, il aura compris et il lui fichera la paix s'il est intelligent. Faut se méfier des apparences, la rouquine est petite mais elle ne s'en laisse pas compter.

*merci
**le moustachu
***mouchoir
****je suis juste v’nue boire un coup

Fanchon...


Qui c’était donc que c’type ? Carne… C’est qu’en plus il gribouillait comme un sagouin…

Fanchon, un bras sur le comptoir, avait attrapé la pièce du Gus, et la triturait négligemment entre ses doigts. A l’étage au dessous, le vélin incriminé commençait de se froisser, à mesure que sa main se crispait sous l’effort de lecture ; mais si fort qu’elle essayât de se concentrer, le raffut ordinaire lui résonnait aux oreilles, attirant irrésistiblement son attention.

Y’a pas. Crasse pour crasse, les vivants étaient toujours plus rigolos que le papier.


Un, deux ...
traité de tas de....
... irons chez moi,
... contraire, merci
..., cinq, ...
... le dit mouchoir...
Cueillir ta cerise.
… ou bien je vous écrase la face

C’est pas que la blague soit nouvelle, et Fanchon n’était pas un perdreau de l’année. Mais elle finit par répondre au Gustave d’un ton badin :

- Chez toi ? Voyez-vous ça… Et c’est où donc, chez toi ?

Des avances, Fanchon en recevait trois cent fois le jour – pensez donc ! une femme comme elle ! Dans un bouge pareil ! Et ne s’en lassait pas. Tant qu’elle en recevait, elle aurait toujours de la clientèle. Et même qu’un jour, lorsqu’elle serait devenue vieille et laide, elle aurait encore des atouts dans le décolleté, et suffisamment de poudres et d’artifices pour donner le change devant les pochards – c’est ce qu’elle se disait pour se rassurer, quand elle songeait à l’avenir.

Autant dire : pas souvent. Les plans sur la comète, c’était pas son genre, à la rouquine. Elle préférait l’ici et maintenant.

Comme la prise de bec entre l’armoire à glace et la forte tête à la drôle de parlure, par exemple. Rapidement, elle se prit de passion pour l’affaire du mouchoir volé, et abandonna carrément sa lecture.

Un mouchoir ? C’t’idée, de chourer un torchon… A moins que…


- Un mouchoir, tu dis ? susurra-t-elle, sourire narquois aux lèvres. Pour c’genre d’article, l'larbin, c’pas la racaille qu’on fouille, d’habitude, c’est plutôt les jolis cœurs…

C’est pas que Fanchon ait tant côtoyé la nobletterie, comme vous imaginez ; mais c’est ce qu’on racontait, au détour d’une nuit de beuverie : les minauderies, les affectations, le vernis rutilant et fragile qu’appliquaient tous ces entitrés sur cette bonne, vieille, indécrottable nature humaine. Et ça faisait marrer les bas-fonds.

A vrai dire, elle se souciait comme d’une guigne du sort dudit mouchoir, de sa propriétaire, et même de celui de la petiote - tant qu’on l’égorgeait pas sur son pallier. Chacun ses ennuis, on vous dit. Mais elle ne pouvait pas résister à l’envie d’asticoter la valetaille.


- C'est qu'elle doit y t'nir, à c’torchon, ta patronne, pour vous l’envoyer chercher par ici. Plus qu’à vos trognes, en tout cas. Elle en "perd" souvent, des mouchoirs ?
--Gussetmaurice
Sauf mon respect….t’en a de bonne toi ! Corne de bouc, non j’excuse pas !
J’suis pas celle que tu cherches an mustache** et pi c’est quoi cette histoire de mouchoir ? J’ai une tête à voler un handkerchief***?
un mouchoir ! moi Tháinig mé díreach le haghaidh deoch**** c’est tout. Va voir ailleurs. Mieux retourne voir ta Madame.


Il sembla qu'ils étaient arrivés, comme on dit chez des gens (peut-être – quand on est très bourré... et encore?) au fond du trou du cul d'la vache. Y'en a qui disent : au fond du trou ; c'est une abréviation (mais si!), y'en a qui disent : au bout du rouleau, eh bien, au bout de quel rouleau ? Ca n'a pas de sens.
Enfin bref, voilà où ils en étaient – tous les deux. D'un côté y'avait le Maurice, dont l'irrésistible logique, la rigoureuse science de déduction avait, vraisemblablement, failli. Car s'il ne pouvait cogner les innocents, et qu'il avait besoin de cogner pour savoir si la rouquine (l'étrangère, pas la taulière, c'est vrai, ça devient compliqué, ces rouquines partout) était innocente, c'était l'impasse (ou l'cul d'la vache, c'est selon).
Et puis en plus il était passablement sur les nerfs, déjà il était dans un bouge pendant l'service, et ça c'est pas correct, et puis on lui parlait dans une langue chelou qui devait pas vraiment exister.
Et ça bavasse, et ça bavasse, et ça bavasse, et le Maurice il aime pas quand ça cause. Sauf si c'est pour donner des ordres. Sinon, c'est trop compliqué.


Et de l'autre côté, vous avez le joli-cœur . Enfin, joli, on se comprend, et puis cœur, bon.
- Chez toi ? Voyez-vous ça… Et c’est où donc, chez toi ?
Qu'est-ce que tu réponds, à ça ? Quoi, on essaie de la jouer finement, et on est tellement sourd comme un pot que la chansonnette qu'on pensait marmonner tout bas est entendue par l'autre rouquine.
Et hop, le trou du cul d'la vache. Comme l'autre.
Alors il tète au godet, et il la boucle, parce qu'il se sent con (genre, encore plus que d'habitude). Ouais, le Gustave, c'est pas une flèche, non, mais d'habitude, il gère un minimum la société. Avec le bide et la tronche qu'il se trimbale, faut bien compter sur l'esprit.
Du coup là, pour l'esprit, c'est râpé.

Mais revenons-en à l'autre mouton. Et, par association, à l'autre rouquine, puisqu'elles en ont un chacun, et que, visiblement, eux ils en auront aucune des deux. C'est la vie, ma pov' Lucette.

- C'est qu'elle doit y t'nir, à c’torchon, ta patronne, pour vous l’envoyer chercher par ici. Plus qu’à vos trognes, en tout cas. Elle en "perd" souvent, des mouchoirs ?
- C'est pas un torchon, c'est un mouchoir. Et c'est comme avec les serviettes, faut pas mélanger.
Et tout ça ça ne faisait pas avancer la choucroute dans laquelle ils pédalaient. Il eut fallu, pour sortir de cette situation pourave (ita est, le trou susnommé), un éclair de génie de la part d'un des deux surdoués.
Ou bien – c'était plus probable, une grosse connerie.

- Mais c'est bien sûr !
Et le Maurice de bousculer, avec une délicatesse toute relative, son collègue, qui renverse sa chope à demi-pleine (ou demi-vide, c'est selon), sur le décolté de l'autre rouquine derrière le bar (qui, lui, est complètement plein, mais on dira pas de quoi, parce qu'il faut rester dis-tin-gué).
Et le Maurice, l'air faussement gêné, de faire :

- Oh bah zut ! Y'a pas quelqu'un qu'aurait un mouchoir pour essuyer ?
C'est qu'il est fûté, le Maurice.
Seulement, pourquoi est-ce que c'est toujours Gustave qui essuie l'ardoise ? (cela dit, cette ardoise là, il l'essuierait volontiers, et même sans mouchoir s'il faut).
--Achim_al_quasim


Finalement, il ne regrette pas d'avoir pris son temps, de trainer là.
Autant parce que la part la plus sombre de son cerveau continue de fomenter maints scénario, plans et autres perfidies en vue du paiement du service, que parce qu'il a vraiment droit à une représentation burlesque.

Ses yeux noirs passent les abords du comptoir en revue. En bon spectateur... La rousse taulière qui semble peiner sur sa lecture, à moins que ce ne soit le contenu qui lui arrache ces mimiques successives jusqu'à ce que le joli coeur ne l'arrache à sa contemplation crispée.
La jeunette qui baragouine un truc encore plus incompréhensible que le patois local, s'emporte contre les deux péquenots qui assurent quant à eux la meilleure part de l'animation.

Et lentement un fin sourire vient étirer ses lèvres, alors qu'il glisse à la Fanchon, faisant l'effort d'être un peu moins laconique :


Devriez annoncer en façade que vous faites dîner spectacle...

Le brin de moquerie suffisant dans la voix avant de continuer de s'amuser de la mine déconfite du Gus qui s'est fait moucher comme un bleu par la taulière et plonge le nez dans sa chope.

Jusqu'au bouquet final, en forme d'arrosage des plus...
Un sourcil se hausse, il sifflerait presque, admiratif du stratagème du Maurice. Une gorge blanche et sa suite dégoulinent de bière, devenant la cible des mâles regards et des évènements.
Autant dire que le gaillard sembla avoir de la suite dans les idées. Sans compter que ses yeux suivent sans vergogne les filets de bière dont il vient d'arroser généreusement la matrone.

Il lui adresse même une moue significative, entrant dans le jeu pour signifier que non il n'a pas ça... Mentir ne lui pose aucun problème en la circonstance, il préfère de loin continuer de profiter de cette pause légère.
Isleen
Pas le temps de boire, ni même de payer son propre verre de…de quoi d’ailleurs ? Elle ne sait même pas ce que la rouquine derrière son comptoir lui a servi bref pas le temps que les choses semblent s’enchainer les unes ou autre, tel des dominos qui tombent les uns sur les autres dans une folle farandole, suffit de la première impulsion et paf toute la pille s’écroule. Voilà l’effet que lui fait la scène qui se déroule sous ses yeux et dont elle croit être le déclencheur involontaire . L’énervement d’une rousse amène à l’éclaboussement d’une autre. L’effet papillon à ce qu’il parait, petite cause, grande conséquence. Enfin tout est relatif, la conséquence n’est pas la proclamation d’une guerre prochaine et puis après tout ce n’est pas elle qui pousse donc qui renverse, non non elle n’y ait pour rien, même le mouchoir qui lui brule la poche, façon de parler hein, il ne brule pas vraiment, il n’y a pas encore de cas déclaré de combustion spontanée de mouchoir, et rêver pas, c’est pas l’irlandaise qui déclarera le premier cas, donc bref, même le mouchoir c’est pas elle, il est venu tout seul dans sa main, sans qu’elle le demande, innocence, c'est son deuxième prénom. Vous la voyez, là,l’auréole au dessus de sa tête ? Non ? zut !

Oh bah zut ! Y'a pas quelqu'un qu'aurait un mouchoir pour essuyer ?

Elle arque un sourcil l’irlandaise, un mouchoir pour essuyer, il voit petit le Maurice, un regard vers les dégâts, oui petit qu’il voit, mais elle plonge tout de même ses mains dans ses poches, réflexe féminin quand tu nous tiens, elle s’arrête heureusement à temps réalisant l’habile piège dans lequel elle a faillit tomber. Filou le Maurice, filou, mais elle est maligne aussi. Une mimique pour faire semblant de chercher, un signe négatif de la tête dans une réponse sibylline mais claire.

J’ai pas.

Haussement d’épaules, l’air de dire "tant pis désolée, j’ai pas". Elle ment, elle sait faire avec plus ou moins d'habilité selon les moments...avantage pour Isleen : sa courte taille, son visage fin qui la font paraitre toute jeunette, à ça suffit qu’elle rajoute un léger regard de biche innocente et paf on la croit…l’inconvénient de l’avantage, c’est qu’elle est souvent prise pour quantité négligeable, traitée comme une môme qu’elle n’est pas et j’en passe... d'ou son caractère relevé pour compenser.

Faut pas mélanger qu’vous avez dit… a tuáille...enfin une serviette serait mieux qu’un mouchoir pour essuyer les dégâts.

Tu dis quoi de ça le Maurice ? L’esprit pratique d’une femme, on peut rien contre ça ou presque, elle a failli se faire avoir mais elle a de la ressource.

Y en a pas un qui aurait une serviette plutôt pour v’nir essuyer ?

Et la rouquine de regarder Maurice en souriant d'un air entendu, puis Gustave et d’un rapide coup d’œil toute la taverne. Ca va se bousculer pour venir essuyer, ce qui est drôle c’est à coup sur y en aura bien un ou deux avinés pour sortir de leur poches des bouts de tissus immondes de crasse qu’ils oseront appeller avec l’air le plus innocent du monde "mouchoir" ou "serviette", mais le plus drole sera de voir leurs mines déconfites lorsque la rousse tavernière les enverra ballader.
Fanchon...


Un… deux… oh, et un troisième ! Pas moins de trois soûlauds répondirent à l’appel ; car parmi la pouillerie, y’a aussi des chevaliers servants. Il suffit de les prendre par les sentiments. Et à un moment où la vinasse ne les abrutit pas trop. Or donc, l’événement avait réveillé les ivrognes qui pouvaient encore l’être, et les regards s’étaient braqués sur l’objet du délit. Un maigrichon se leva comme un ressort et tira de sa poche une longue pièce de tissu malpropre ; un balafré affalé sur le comptoir proposa sa manche ; et un plus jeune, au nez cassé et aux larges yeux injectés, brandit un tout petit mouchoir de fille.

Fanchon remise de sa surprise lança un regard incrédule au Maurice, en forme de « c’est tout c’que t’as trouvé ? ». Puis elle leva les paumes vers ses sauveurs empressés.


- Tous doux marauds ! gronda-t-elle, moitié colère, moitié rieuse. Gardez vos puces ! J’sais ben qu’ma santé vous soucie, mais vous bilez pas… la fluxion d’poitrine, c’pas pour tout d’suite. Allez, du vent !

Et sous l’œil dépité des sigisbées de la fange, la tenancière se saisit de l’un de ses propres torchons – entendez : l’un de ses torchons personnels – et entreprit d’éponger sans vergogne les dégâts. En quoi ils trouvèrent tous largement compensation.

- ‘sont bons garçons, pas vrai ? lança-t-elle à la petite rouquine, avant de se tourner vers Maurice. Blague à part, l’arsouille. J’crois qu’tu dois un verre à çui-ci.

Du menton, la taulière désigna le brave (et bavant ?) Gustave. Elle avait les mains prises, vous comprenez.

Non, même pas fâchée, Fanchon. Ca se paierait – peut-être, si elle trouvait moyen. Et sinon, bah ! à mettre sur l’ardoise du destin. Depuis le temps qu’il lui apportait des embêtements… ça, c’était trois fois rien. Et ça faisait le spectacle, comme avait dit l’Mauresque. Bon pour les affaires.


- Parlant d’ça… les émotions, ça donne soif, non ? lança-t-elle à la cantonade – et reçut trois réponses.
--Gussetmaurice
Bah, pourquoi qu'tu baves Guss' ?
Je bave pas, andouille, je paie mes respects à un chef d'oeuvre.
Tronche dubitative – voire franchement perplexe – de Maurice.
Laisse tomber. T'as aucun sens artistique.
Et à la taulière, en tendant sa chope vide :
La même, pareil. C'est le grand con qui régale, il paraît.
Il parle de la chope, mais il pense au reste.

Maurice, lui, pense à tout autre chose, et ne se rend pas compte que Gustave vient d'ouvrir une ardoise à son nom. Non, il a des soucis bien plus importants. Il pense que son stratagème – pourtant génialement brillant, hein – vient de tomber à l'eau. Il pense que ça va faire – à un poil de cul près – une plombe qu'ils ont laissé Madame. Que c'est pas sérieux. Qu'ils sont dans un bouge à chercher un mouchoir, et que c'est du même niveau que de chercher une aiguille dans une butte de foin (à la différence que faut être franchement con pour foutre ses aiguilles dans une botte de foin, mais enfin, bon, ne digressons pas). Qu'il en a plein les grolles, et le reste (quel reste, on dit pas, toujours la dis-tinc-tion qui caractérise cette narration).

Alors il va vers Gustave, et l'attrape par l'épaule.

Guss', j'en ai plein l'cul.
Notez que malheuresement, les narrés sont moins distingués que la narration. La narration décline toute responsabilité à ce sujet. La narration elle fait son boulot, c'est tout. Et au passage, elle digresse. Donc.
C'est bizarre. Moi je viens d'en avoir plein la vue, et là je vais en avoir plein la glotte. Je sais pas comment tu te démerdes, mon vieux.
Ta gueule, Guss'. J'fais mon boulot, moi. Pas comme d'autres.
Puisque j'te dis que je cuisine la taulière !
Foutre, Guss'. Y'a rien à cuisiner. Ca fait une heure qu'on a laissé Madame, depuis elle a sûrement eu le temps de se faire chiper sa montre, sa bourse, et son chien. Pour un mouchoir, ça vaut pas le coup.
Très-Haut, que Gustave détestait quand Maurice avait ces éclairs de bon sens ! Et il fallait que ça tombe au moment où ils étaient au bistrot ! Avec une taulière jolie ! Qui était amoureuse de lui ! (mais si, seulement elle le dit pas, elle est timide)
Mais non, Maurice, t'as raison, faut faire notre boulot, c'est toi qu'a raison.
Laisse tomber, j'te dis, il est pas là le fichu mouchoir.
Affolé, Gustave commence à s'agiter.
Mais si, mais si, t'as pas bien fouillé au fond !
Guss', me prend pas pour un con.
Jamais.
Et PAF la beigne. C'est peut-être pas celui des deux qui la mérite le plus, mais enfin c'est pas comme ça que ça marche.
Sal...
Ta gueule et marche.
Tiens, t'imagines si Christos avait dit ça au lieu de...
PAF.
Ta gueule, j'ai dit.
Grmbl...
Et Gustave s'éloigne de sa chope vide en grommelant, suivi de près par un Maurice pris d'un élan autoritaire.
Plus vite.
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