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En quête de fraîcheur - Actes I & II puis Acte IV

Cristòl
Oh, une jeunette, une mignonette ! Le Baron n'était pas regardant. Appétissante, était-ce le mot ?
Il eut en tout cas un sourire, et cessa de regarda par la fenêtre au dehors, les jardins du logis. Une brune... Un peu comme les brunes des Pyrénées, qui avaient pourtant, elles, la peau légèrement plus basanée.

Quelques attributs qu'un corsage mettaient en évidence, et des jupons qui ne demandaient qu'à être troussés, au regard du jeune homme aux sens émoustillés.
Tout en répondant, il s'avança vers elle :


-« Allons, il serait peu galant de ma part de te faire attendre, si chargée, sur le pas de la porte. Verse, verse donc... Le bruit de l'eau est beau, même si ta voix l'est davantage.
Je n'aurais pu rêver mieux qu'une nymphe pour préparer mon bain... »


Peu ont déjà vu en action Cristòl, face à une femme. Il fallait concéder une chose : les seules qu'il ait jamais courtisées à dessein de toute sa vie étaient bergères, si l'on exceptait une noble et pieuse dame en Languedoc, qui l'avait rendu fou de rage. Le Chevalier de Sìarr était un homme de chair et de volonté ; guère d'esprit, quoiqu'il en eût parfois, de portée limitée.
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Aurore
Dans une nouvelle révérence, Aurore acquiesça à la demande du jeune homme. Verser l'eau ? Elle était là pour ça. Elle ne réagit pas vraiment aux mots du seigneur, cela était souvent ainsi, au début. Et puis après, plus rien. A 18 années, elle avait encore un peu de temps avant de trouver un bon époux. Sans doute un autre domestique du château. Si le seigneur le permettait. Mais ça, Aurore n'y songeait pas vraiment.

- Oui messire, bien messire.

Elle s'approcha alors du baquet, posa l'un des cruches au sol, et vida l'autre dans le baquet. De la vapeur s'éleva alors dans la pièce. Elle fit de même avec la seconde. Le bain commençait à être prêt. Il faudrait un second voyage pour permettre au seigneur de profiter pleinement des plaisirs du bain. Et encore d'autres pour le rincer, ensuite. Une fois l'eau dans le baquet, elle se passa la main sur le front, l'effort était plus grand qu'il n'y paraissait, et l'eau était chaude, ce qui n'aidait pas. Elle vérifia qu'il y avait bien du savon à proximité, que rien ne manquait, et elle reprit la parole :

- Je descend chercher le reste de l'eau, mon bon messire. Je ne serai pas longue.

Une nouvelle petite révérence -ça ne mange pas de pain- et elle se retira, le regard baissé, courant jusqu'aux cuisines chercher le reste de l'eau, de quoi remplir le baquet. Elle ne serait pas longue, et le seigneur n'aurait pas à attendre longtemps son retour.

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Aurore
Servante du Château
Cristòl
Alors que la servante repartait chercher encore de l'eau, le jeune homme retira ses vêtements de voyage, pour ne garder que la cotte du dessous, d'étoffe moyenne. Elle devait être emplie de sueur, et Cristòl se demanda un instant s'il devait vraiment faire une infusion de chemise dans le baquet ; il était relégué à la lessive...

Mais la servante allait revenir, et quelle image aurait-il, s'il se dévêtait tout à fait ? Ce n'était pas une étuve ici, pas l'un de ces lieux de débauche où la nudité ne choque pas. Il repensa aux rivières de Pyrénées... L'eau n'était pas chaude, loin de là, mais là bas pouvait-il au moins patauger dans son plus simple appareil.
Le Chevalier se fit glisser dans le baquet encore à demi rempli, et sa chemise se mit à coller à sa peau. Il aspergea son visage d'eau. Douce vie... Et Aurore, qui ne tarderait plus à revenir.

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Aurore
Aurore rejoignit les cuisines, où le reste de l'eau chauffait encore. Elle se saisit des deux récipients et, chancelante à cause de la masse à transporter, elle remonta aussi vite qu'il lui était possible vers les appartements du seigneur. Elle ne savait même pas comment l'appeler. Pourtant, ce serait nettement plus pratique pour lui répondre, de pouvoir utiliser son nom. Après un voyage qui sans être très long n'était pas spécialement aisé pour autant, elle était de retour dans l'aile Nord, et avança jusqu'aux appartements en question. Ensuite, il faudrait les préparer pour le soir, afin que le seigneur puisse y dormir, lorsqu'il serait temps de se reposer, une fois qu'il aurait vu le maître, sans doute. Lorsqu'elle revint, elle ne vit pas le jeune homme de suite, puis réalisa qu'il était déjà plongé dans l'eau, bien qu'il n'y en ait guère assez encore. Elle manifesta sa présence, de peur de surprendre le jeune cavalier.

- Messire, voici le reste de votre bain. Je suis navré pour le délai que cela a occasionné.

Elle s'approcha alors et recommença les gestes qu'elle avait déjà fait quelques instants plus tôt, en finissant de remplir le bain de l'invité. Pendant qu'elle vidait son eau, elle posa le regard sur le jeune homme. On le sentait étranger au pays, par son accent, mais aussi par son visage. Mais il paraissait gentil, au moins, cela changeait de certains autres. Elle avait encore en tête un visage, un gros vilain pas beau, qui avait fait un scandale au mariage du seigneur Louis. Celui qui venait en visite en ce jour était plus jeune et était plus plaisant à regarder. Ce n'était pas grand chose, mais cela rendait la tâche un peu moins pénible à faire. Lorsqu'elle eut finit sa tâche présente, elle alla reposer les deux récipients, vides à présent, près de la cheminée, d'où aucun feu ne sortait pour l'instant. Il faudrait qu'elle s'en occupe pour le soir, même si pour l'heure rien ne pressait encore. Ramener du bois, allumer le feu, l'entretenir, veiller à ce qu'il convienne... Elle aurait à s'en occuper une fois que le seigneur aurait terminé. Revenant vers le baigneur, elle brisa à nouveau le silence.

- Puis-je me rendre utile en quelque chose, messire... ?

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Aurore
Servante du Château
Cristòl
De l'eau, encore de l'eau, si chaude, si douce. Les muscles du jeune homme se détendirent petit à petit. Il papillonnait des yeux, les fermant et les ouvrant successivement, comme pour mesurer le degré de réalité de la situation. Non qu'il fût en extase ; mais elle était fort singulière.
Il était chez un homme à qui il devait beaucoup et ignorait absolument les raisons de sa présence ; du moins, ces raisons auraient pu justifier sa présence en n'importe quel lieu fréquenté par de fraîches jeunes filles. Qu'elles fussent belles n'avait d'ailleurs que peu d'importance.

Son regard se posa sur Aurore, qui vidait de l'eau. Elle n'était pas laide... Insignifiante, en fait. Un regard dur, peut-être - ou perdu, il n'aurait su le dire. Etait-elle heureuse ?


-« Puis-je me rendre utile en quelque chose, messire... ? »

Le Baron leva ses yeux vairons sur elle, et lui lança dans un sourire aimable :

-« Oui, ma jolie, assieds-toi donc sur le bord, tiens-moi compagnie... Sauf si ton homme t'attend, peut-être ? »

La question n'était pas innocente, bien sûr. La promiscuité d'une jeune femme, en tête à tête, avait presque totalement disparu de la vie du Méridional. La fois précédente, c'était avec Loreleï : jamais il n'aurait pu demander à Loreleï ce qu'il envisageait d'obtenir d'Aurore...
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Aurore
"Ma jolie". Il l'avait appelée "ma jolie". Cela ne surprit pas tellement la jeune fille. Elle avait beau être encore niaise, elle avait beau ne rien connaître des choses de l'amour, elle était servante et habituée à recevoir quelques mots doux des seigneurs, des bourgeois et même aussi souvent des gardes. Elle avait apprit à vivre avec, car cela s'arrêtait là. Ce qui laissait la jeune fille encore innocente, au moins pour ce point de vue là. Mais elle compensait largement, par sa langue bien pendue, cette innocence, car elle était bavarde, et s'empressait de raconter les secrets qu'il lui arrivait d'apprendre. S'asseoir à ses côtés et lui tenir compagnie ? Oui, elle pouvait faire. Et puis, cela ferait tant de choses à raconter ensuite. C'était juste très inattendu. Gardant le regard baissé, regardant ses pieds, elle reprit alors :

- Si cela est votre bon plaisir, je peux bien le faire, même si ma compagnie ne sera peut être pas la meilleure.

Et c'est presque naturellement qu'elle continua :

- Et non, aucun homme ne m'attend. A part Monseigneur. Ou bien mon oncle. S'ils ont besoin de mes services. Pour l'instant, je dois veiller à ce que vous ne manquiez de rien.

Aurore hésitait. Il n'aurait pas été bien de faire ce que le seigneur lui proposait de faire. Mais il souhaitait sa compagnie, et elle devait lui donner cela, sinon oncle Gautier risquait de ne pas apprécier. Alors, pour rester à sa place tout en satisfaisant la demande du seigneur, elle se plaça en fasse le lui, debout, les mains jointes, dans son dos, le regard baissé, sur ses petits pieds, légèrement intimidée, et priant de ne pas commettre d'impair.

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Aurore
Servante du Château
Cristòl
« Beaux yeux toujours baissés » aurait dit Cyrano à Sœur Marthe... Mais Aurore, elle, n'était pas religieuse, loin de là ; quoique chaste, à ce que crut comprendre Cristòl. Mais ce n'était pas un obstacle, et cela exacerba même ses sens et aspirations.

Allons, comment faisait-il déjà, avec les bergères ? La flatterie, mais elle était souvent gauche, parfois grossière ; la stratégie ? Oui, tel un général, il pourrait approprier la place sans heurt, par la ruse, en laissant l'adversaire s'approcher, mordre à l'appât...


-« Jolie Aurore, ta compagnie est bien la meilleure que je peux souhaiter, tu es si douce ! Mais il me manque, à vrai dire, une chose, mais je ne sais si tu peux me l'accorder... Tu crois que tu pourrais ? »

Et tout en parlant, il alternait faux regards profondément admiratifs et coups de savon sur sa peau qui avait tant vécu. Le bruit de l'eau qui gouttait, de celle qu'il brassait, et l'odeur du suif du savon enveloppèrent peu à peu la chambre.
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Aurore
"Tu crois que tu pourrais ?" Eventuellement, oui, encore fallait-il qu'elle sache quoi faire. Elle releva un peu les yeux, et l'observa. Il mettait beaucoup d'ardeur à se frotter. Aux cuisines, elle en avait apprit un peu sur lui. Il avait voyagé depuis l'Ouest du Royaume, revenu de la guerre. Ses vêtements sales et poussiéreux confirmaient ces rumeurs. On le disait en visite de courtoisie, et proche du châtelain. On le disait de haut rang, aussi [et pas de Oran]. Il l'était forcément, pour avoir des appartements alloués. Mais les rumeurs faisaient état de sa haute lignée, et il était pourtant, d'apparence, très simple. A parler avec elle en bonne compagnie, bien que le protocole ne reste bien présent. Il y avait quelque chose qui n'allait pas. Et elle ne savait toujours pas son nom : aux cuisines il n'était pas encore sut quand elle y était passée. Alors, en attendant de mieux, elle tâcha d'être de bonne conversation, comme le souhaitait le seigneur.

- Si ma présence convient à messire alors je resterai. Mais je peux aussi aller faire une course pour vous. Et s'il vous manque une chose, alors je tâcherai de vous l'apporter.

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Aurore
Servante du Château
Cristòl
Par quoi commencer ? Le Baron hésitait. Elle semblait prendre à cœur son devoir de servante, un peu trop guindée, peut-être, par les convenances. Ce n'en était que plus attrayant, comme jeu : sans obstacles, on gagne moins à triompher (nous aurions pu dire aussi "à vaincre sans péril, on triomphe sans gloire". Mais y a-t-il vraiment du péril à se faire repousser par une servante, et quelle gloire trouvera-t-on à l'avoir ?).

Il eut un soupir tout calculé, et répondit :


-« A dire vrai, il me faut un rasoir, peut-être recouper mes cheveux, un peigne aussi... Mais d'abord, pourrais-tu, ma jolie, ma si charmante Aurore, frotter mon dos ? Je ne peux le faire moi-même, et cette chemise qui me colle n'arrange rien... Pourtant, n'est-il pas autant à laver que le reste ? »

Et se redressant dans son baquet, penché même un peu en avant, il tendit le savon à Aurore, pour l'inviter à se mettre à la tâche.
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Aurore
Et bien voilà qui était mieux : il disait ce qu'il souhaitait. Aurore allait pouvoir donc se rendre utile. De quoi se raser et se peigner, histoire de se faire propre. Aurore repensa à ce qu'elle en avait entendu, s'il revenait de la guerre, alors ce ne serait pas de trop. Elle osa levé un peu le regard pour vérifier que ce n'était que trop nécessaire. Et cela se confirma, il aurait bien besoin d'être rafraîchi. Il ferait sans doute plus jeune, enfantin peut être, quoi que. Mais il serait présentable, sans aucun doute. Elle pourrait lui apporter le nécessaire, mais pour l'instant, le jeune homme semblait préférer autre chose. Etant là pour être aux petits soins pour le cavalier, Aurore ne pouvait qu'accepter, sens du devoir oblige.

- Je devrais pouvoir vous apporter ce que vous souhaitez, messire...

Elle laissa sa phrase en suspension. Peut être le jeune homme se présenterait-il, cela rendrait les choses plus simples pour elle.

- J'irai vous chercher de quoi vous raser de près et de quoi vous peigner. Vous avez bien raison, si je peux me permettre. Et en attendant, si je peux me rendre utile ce sera avec plaisir.

Empoignant le savon tendu, elle fit le tour du bain. Elle hésita un instant : c'est qu'il ne fallait pas faire de bêtises, pas là. Le premier problème qui se posa fut la chemise. Aurore devait la retirer, afin de libérer le dos du seigneur, mais sans gêner le dit seigneur par des contacts trop répétés. Alors, délicatement, saisissant la chemise par le col, et la tira tout doucement, puis laissa le tissu retomber, sous l'eau. Avec le savon, avec toute son énergie, sans en abuser toutefois, elle s'attela au lavage en règle du dos de l'invité surprise. La situation aurait put être gênante, mais Aurore ne prenait pas garde à cela. Elle ne songeait pas aux choses de la vie, ignorante de tout cela, et se contentait de faire ce qu'on lui avait demandé, espérant que cela convienne.

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Aurore
Servante du Château
Margot
Dans les cuisines

Grand bruit dans la domesticité de Meaux, un grand seigneur était arrivé pour rencontrer le Vicomte. D'après la rumeur, celui-ci viendrait d'assez loin et ne serait pas trop vieux.

Margot, la jeune servante, avait passé un long moment à fureter pour essayer de le croiser au détour d'un couloir. Aussi quand elle entendit Maitre Gautier donner l'ordre à Aurore d'aller s'occuper du bain du voyageur, elle fut dépitée.
Cette gourde d'Aurore, encore pucelle, ne saurait mettre l'homme dans d'heureuses dispositions.

Se glissant furtivement hors des cuisines, Margot passa dans la chambrée commune, au premier étage du donjon, afin de mettre un peu d'ordre dans sa tenue. Tirant sur sa chemise afin de laisser une plus belle vue sur sa gorge. La gorge, tout homme y était sensible et il était important de la mettre en valeur.
Elle se recoiffa aussi et fit son chignon de telle sorte qu'en retirant une pince, tout les cheveux seraient libérés. Cela aussi rendait les hommes fous.
Se mirant dans le pot qui lui servait pour faire ses ablutions, notre jeune délurée se trouva appétissante.

Devant les appartements du Baron

Une fois apprétée, Margot se rendit devant les appartements qui étaient réservé au dit Seigneur, et attendit qu'Aurore n'en sortit. En espérant, que la pucelle ne se soit pas transformée en catin.
Il fallait quand même se méfier de l'eau qui dormait

Bravant les ordres, Margot entra délibérement dans l'appartement. Son excuse ? Réchauffer le lit du seigneur en glissant un poele de tisons fumants sous le matelas.

En entrant, elle se courba devant le noble invité, en profita pour faire un tour d'horizon du désordre de la pièce, voyant qu'Aurore était toujours habillée, elle sourit.
Prenant la parole, pour expliquer son entrée aussi impromptue que malvenue :


Vue votre seigneurerie ne s'offense pas de ma v'nue. J'susi venue réchauffer la couche, il fait bien froid ici la nuit, sa Seigneurie sera bien contente de dormir dans un lit chaud.

Jouant exprès avec le double mot, et avec son petit sourire mutin, Margot se rendit vers la cheminée afin de récuperer les braises chaudes. Prenant bien son temps, et sans cesser de jetter des coups d'oeil vers l'homme.
Elle ne se posait même pas la question de savoir s'il lui plaisait ou pas, il avait l'air riche, le vicomte faisait grand cas de lui et cela suffisait à Margot.
Le vicomte ne pouvait recevoir aussi bien qu'un invité de marque.
Cristòl
Frigide.
En un mot, même si le Méridional aurait sans doute utilisé quelque terme plus coloré, voilà ce qu'il pensait d'Aurore. Elle n'était pas prude : c'était très différent. La pruderie avait cela d'intéressant que l'on pouvait jouer avec elle ; la pruderie fait rougir, la pruderie gêne, pousse à la retenue et aux petites minauderies. Avec la pruderie, on peut tenter quelque chose. On peut s'essayer à abaisser la garde qu'on nous oppose.

Avec la frigidité, aucun émoi ne peut être attendu. Le viol était la seule solution, avec le déplaisir de forcer la partenaire, et celui d'être le seul à s'y plaire.
Renfrogné par cette idée, alors qu'il se faisait laver le dos, le Chevalier s'essaya au moins à être aimable :


-« Tes mains sont très dou... »

La fin de sa phrase fut étouffée par le bruit de la porte qui s'ouvrait, sur un courant d'air aux goûteuses formes.

-« Que votre seigneurerie ne s'offense pas de ma v'nue. J'suis venue réchauffer la couche, il fait bien froid ici la nuit, sa Seigneurie sera bien contente de dormir dans un lit chaud. »

Les yeux de Cristòl s'illuminèrent ; quelques mèches blondes s'échappaient de son bonnet. Blonde comme Loreleï, ah, Loreleï, qui le faisait tant souffrir ! Qu'on ne se méprenne pas : ce n'était pas de l'amour. Mais le désir d'une si fraîche demoiselle, si désirable, d'autant plus qu'elle lui était inaccessible avant la noce.
Alors qu'Aurore continuait à lui frotter le dos avec une consciencieuse énergie, le jeune homme intercepta quelques regards malicieux de la servante à pâle chevelure et généreux décolleté.


-« Les braises finiront par s'éteindre, et le lit sera froid... J'aime les lits toujours chauds. » Et c'était presque un mensonge, puisqu'il dormait, la plupart du temps, sur une paillasse sous une tente, au milieu de la boue et des insectes, en campagne militaire. « Comment t'appelles-tu ? »
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Margot
Margot avait rapidement compris l'interet que lui portait le jeune seigneur. Ses regards qui glissaient inéluctablement dans son décolleté étaient fort éloquent.
Sans pudeur, elle continuait à lui faire des petits sourires et à se laisser regarder.
Le Noble seigneur lui entama la conversation, et Margot revint donc vers la baignoire pour lui répondre plus aisément.

Mon prénom de baptème est Marguerite Messire, mais tout le monde m'appelle Margot, pour vous servir
encore un regard des plus malicieux, Décidemment Margot avait l'art et la manière de mener un homme là où elle le désirait.
Elle capta aussi un regard desapprobateur d'Aurore, visiblement celle-ci prenait plutôt mal la venue de la coquine.
Mais revenons au plus interressant, l'intrigue qui se nouait entre les deux autres, en effet Margot reprenait la parole

Que Messire ce rassure, son lit s'ra toujours chaud, j'en fait mon affaire. Sa seigneurerie aurait-elle d'ailleurs d'autres envies? Veut-elle que je lui monte de quoi s'nourrir?
Margot attendit, en bonne servante aux ordres du noble invité. Elle espérait ainsi lui faire comprendre qu'elle lui obéirait dans tout ses commandements.
Aurore
Tandis qu'Aurore remplissait sa tâche, une irruption dans la chambre se produisit. Et sa collègue Margot entra, s'occupa du lit, du feu. Pourquoi Gautier ne lui en avait-il rien dit ? Le seigneur semblait désireux de parler avec tous ceux qu'il croisait, et il entamait aussi une discussion avec la nouvelle arrivante. Aurore n'aimait pas les manières de la Margot, même si elle ne pouvait pas dire pourquoi. Elle la trouvait gentille, mais il y avait un elle ne savait quoi de dérangeant. Mais il y avait plus important que ses pensées, il y avait la satisfaction du seigneur. Alors, tandis que Margot proposait également ses services, elle ouvrit la bouche et, la voix étouffée, elle demanda :

- Messire est-il satisfait ? Dois-je continuer ou bien ?

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Aurore
Servante du Château
Cristòl
Après la pirouette des sens, celle des sentiments ! Le cœur du jeune homme était tout embrasé de ce qu'il entendait, et ses lèvres ne purent retenir son exclamation :

-« Margot ! Ah, mes aïeux ! »

Quel contraste ! Le blanc et le noir, le jour et la nuit, le soleil et la lune, l'eau et le feu... La vertu et le vice. Mais le même nom. Maudite mode, qui jouait des tours à ce jeune cœur ! La gaude et l'intouchable... C'était presque trop facile, quand avec l'autre, c'était tout à fait impossible. Un lit toujours chaud...

-« Messire est-il satisfait ? Dois-je continuer ou bien ? »

Que faire, alors ? Renvoyer la première semblait une bonne idée : tout deviendrait plus facile avec la seconde. Mais Cristòl se demandait comment le Sénéchal prendrait son projet pour Margot... Cavalier, sans nul doute, et peu respectueux de l'hospitalité offerte.

Le Baron lança un nouveau regard aux courbes généreuses de la servante, toute proche désormais. Une bouffée de chaleur naquit en lui. Au diable les convenances !


-« Non, c'était très bien, tout ce qu'il fallait, ma jolie : tu peux sortir, il faut que je me sèche, que je sèche mes cheveux aussi, que je passe des vêtements propres... Tu reviendras d'ici un moment pour mes cheveux et ma barbe, d'accord ? »

Et tournant son visage vers Margot, d'un air qui n'était pas difficile à interpréter, il conclut :

-« Oui, ma bonne, j'ai grand appétit... Sauras-tu l'apaiser ? »
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