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[RP] L'Hôtel Castelmaure.

Aimbaud
Il court il court, le sanglier, le sanglier Josselinière ! Il a les neurones qui se vrillent à la recherche d'une échappatoire. Pas de lettre, pas d'issue ! Ici, le chiot princier lui court après. Là il est poussé dans ses retranchements. Enfin il est acculé, ficelé, prit à pleine pattes dans le trictrac des amusements royaux, la langue pendante et le cerveau vide. Il faut distraire le Prince. Il faut savoir faire de l'esprit.

Il a le front chaud et la chemise humide, maintenant. Son genou sautille sans y penser, irrépressible et comme sur ressort. Ah qu'il est malheureux ! Ah qu'il se trouve en peine, là, dans ce salon mondain avec une grosse-tête d'adolescent pour seule compagnie. Pourquoi n'est-ce pas plutôt un bibelot, posé là à la place de ce petit maigrelet ? Un renard empaillé par exemple. Un BEAU renard taxidermisé la patte en l'air, le regard creux en billes de verres. Avec de petites canines souriantes. Une chose qui ne réfléchit pas, parce qu'elle a du foin à la place du cerveau, et qui ne cherche pas à piéger vilement son prochain ! Ou alors une chose qui ne dit pas "Parlez." mais qui parlerait, elle. Une fille par exemple. Mettez une fille à la place de ce foutu fils de Reine couleur lavabo. Mais non ! Forcément. Il faut que ce soit autrement ! Eh bien je dis : même pas drôle.

Aimbaud avait donc l'espace entre les omoplates plutôt mouillé, à l'heure où je vous parle. Il se questionnait d'ailleurs sur l'imperméabilité de ses vêtements. NON ! Il se questionnait sur la bibliographie qu'il devait faire à Charlemagne. Mais peut-être se questionnait-il aussi sur la frange du tapis qui était près de sa botte, était-elle bel et bien en soie, cette frange ? NON ! Il se questionnait uniquement sur ce qu'il devait diiiire, raconter sa viiiie. Oh. Oooh. Ohh. Oh le beau tableau. NON ! Réfléchir. Penser. Introduction. Développement. Conclusion ! Bon.


Ben.

Toussotement. Faux départ.

Pour ce qui est de Decize, c'est mon épouse qui observe les dépenses. Elle préfère s'occuper elle-même de la bien-tenue du domaine et des doléances. J'apporte ma contribution en conseils... Mais je n'ai encore passé que trop peu de temps dans cette seigneurie pour en connaître bien la conduite.

En vérité je partage le plus clair de mon temps entre Corbigny et Nemours, dont je sais mieux les ressorts et tenants pour le premier, et dont j'apprends peu à peu le maniement pour ce qui est du second, avec les bonnes grâces de Clémence... Mais c'est sans dire que lorsqu'on a pas besoin de moi, je suis plutôt à la chasse et aux jeux. Je fréquente peu la cour... Et concernant mes fréquentations, j'ignore ce qu'on a pu vous dire. Ma foi, je les choisis... distrayantes !


Il apposa là une mimique de point final, presque un peu grimaçant. Fallait-il dire d'autres banalités ?
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Charlemagne_vf
ZZzzZzzzzzz. Ou pas.
Il n'a pas été nécessaire de lutter, en fait, car si la vie du Josselinière n'a, aux yeux du Prince, rien de palpitante, elle a le bénéfice d'être rapide à raconter. Ainsi, le Marquis de Nemours laisse à son épouse le soin de l'administration et des corvées, et se distrait avec des fréquentations qui ne sont pas issues de la Cour. Il joue. Il chasse.
Ah si, il apprend un peu aussi.
Charlemagne se trouve presque surpris de constater qu'il soit au monde des Héritiers qui ne portent pas le poids de leur ascendance. Peut-être en fait-il trop, lui. Mais admettre qu'Aimbaud serait une normalité quand lui serait l'être hybride flippant, à mi chemin entre l'adulte et l'enfance, sans aucune fougue dans la tête, ni aucune force dans le corps relève de l'impensable. Pour l'Aiglon, l'époux de Clémence n'est qu'un attardé, le genre de môme que l'on appelle affectueusement Pitchoune jusqu'à l'aube de sa majorité, le genre de gamin pourri que deviendra Franc Claude, son propre frère puîné.
C'est à vomir. Ostensiblement, le Duc du Nivernais soupire. Il se fait chier. Il n'y a rien d'amusant chez la coqueluche du tout Paris. L'idole des jeunes est en fait un môme pas sûr de lui derrière une enveloppe pourtant pleine de promesse. A le voir, l'on imagine qu'il est noble. Un chevalier à venir, et fringant. A l'entendre, on veut se pendre.
Alors, l'Aiglon se lève, puis regarde son Grand Père, qui tire toujours la même tronche de portrait officiel.
Et oui. C'est vassal en tes terres, mon vieux. Ta fille a choisi des gens géniaux, et elle a clamsé histoire de ne pas trop avoir à les subir elle-même. Quelle femme délicate, cette Béatrice.


Peut-être pourrions-nous manger quelque chose. A moins que votre lettre ne vous tienne tant à coeur ?
Sinon, on se retrouve au souper.


C'est austère et sans vie. Presque dégoûté.
Le comble de l'hospitalité est de se forcer à y répondre. L'on en deviendrait presque discourtois.
Passer trois jours avec Nemours promettait finalement d'être ennuyeux, à moins d'un miracle.


Nous pourrions chasser ensemble, en Nivernais, un jour.

Ces promesses mondaines que l'on n'a pas l'intention de tenir.
L'on pouvait au moins concéder au Josselinière que ses activités, toutes futiles fussent-elles, avaient le mérite de répondre à son rang. Dans ses veines coulait un sang pas trop mauvais. Un peu trop angevin. Un peu trop Penthièvre, mais peut-être arriverait-on à faire quelque chose de ce vassal dédaigné.


Ce soir, on nous servira un cygne. Et du Chablis.

Du Chablis, surtout, parce qu'outre le fait qu'il faut faire fonctionner ses propres affaires, savoir se vendre et faire sa promotion, il était presque sûr que sans alcool, la fête risquait de ne pas être plus folle.
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Aimbaud
Effectivement, la fête promettait d'être follement ennuyeuse. Mais Aimbaud n'était pas en peine pour autant, j'en veux pour preuve, il ne traînait pas les poulaines, et suivait son suzerain en direction du banquet avec un bon pas. Car durant la suite de l'entretien, cette fois, entre Charlemagne et lui, il savait qu'il y aurait quinze pieds de table drapée, pitance et buvance à foison, des meilleurs arrivages ! Tant qu'à être prisonnier de l'hôtel princier trois longs jours durant, autant en profiter pour passer le plus clair de cette séquestration... à table.

Oui, oui, il fallait faire durer le souper et jouir bien comme il faut de la cuisine princière, et du vin de pays ! Découvrirait-il des marinades étrangères, des braisements exotiques, des fruiteries du bout du Monde, des bouchées extravagantes, des fricassées de luxe, des flambées inhabituelles, des gauffrements curieux, des feuilletades insoupçonnées, des fourrés épatants, et j'en passe ? Y aurait-il troubadours, tours de pitres et fabliaux ? Des danseuses ? Eh bien en fait... Non.

C'était une grande table austère dans une pièce aux ogives noires, aux tentures conservatrices, et les plats qu'on amenait étaient peu ou prou du même acabit que ceux servis à Nemours.

Voilà le repas qui débute. L'Infant pose son cul sur sa chaise. Vraiment, la pièce n'est pas franchement conviviale : c'est d'avantage un repas d'enterrement qu'une franche rigolade. On amène donc la volaille, les légumes verts pour les cuisses roses, et on graille. Charlemagne se fait servir un verre.


Vous aimez le Chablis ? Dit-il.

Ayant trouvé un siège qu'il a avancé plusieurs fois pour être bien sûr de l'emplacement parfait sous ses fesses, puis observé d'un oeil bovin les nombreuses fourchettes qui cerclaient son assiette, Aimbaud hume. Il hume la bonne grosse viande qui lui chatouilles les narines à l'aide de ses petites volutes séduisantes. Le voilà qui salive à gros bouillon.


Ça oui ! À tout vous dire je ne suis pas difficile.

Yolanda, sa soeur, elle, a bien hérité de la science oenologique du père. Lui, du père, il n'a hérité que la soif.

Ah !

Surpris que le palais du "stupid boy" aie la subtilité nécessaire pour apprécier un bon vin, le Prince se demande finalement s'il a vraiment un gout raffiné ou s'il n'avalerait pas n'importe quelle piquette en la prenant pour un Corton-Charlemagne.

J'avais constaté que vous n'étiez pas difficile.
Mais à défaut, vous êtes chanceux...

On le dit, votre altesse ! J'ai la chance. Alors euh... goûtons-voir.

Nemours tend sa coupe à un valet qui l'emplit sans une seule goutte à côté. Oh la classe, la classe... S'il envoyait un peu Aymon prendre des cours à cette école ? Puis il hausse le verre à la manière angevine.

La santé ! Joie dans les..! Santé.

Et de s'avaler une gorgée qu'il fait mousser sur la langue pour paraître professionnel. Très professionnel, avec une moustache de vin.

Ah là je dis "goûtu".

Charlemagne s'étonne de la soudaine familiarité de son vassal, mais joue le jeu à l'angevine, donc, sans savoir d'où vient l'us.

Santé, donc.
Et oui, goûtu, il vient de mes terres.


Il avale, et se fait resservir, parce qu'il n'y a plus de "Papa" pour dire non.

Vous avez une moustache.

Holà non ou si peu... Il pige. Ah. Il va pour s'essuyer sur sa manche de velours... arrête le geste. Et prend la serviette.

Hum.

Aimbaud enfourne un morceau de volaille en écoutant le silence. Puis il déglutit en jetant un coup d'oeil sur le côté, cherchant matière à parler.

Vous chassez, altesse ? Bruit d'aspiration de chablis. Il est des bois fameux, par-ici. De Rambouillet à Sénart, l'on a pas de quoi s'ennuyer !
J'adoooore chasser.

Les sushis, c'est autre chose.

Sluirp.
Mais vous savez, quand on a pour emblème paternel comme maternel une Aigle bicéphale, l'on est plus proche de la fauconnerie que de la chasse à courre.
Ah oui, hin hin. Nous c'est le sanglier. Le marquis le coupe en rigolant dans sa coupe. Ça vous la coupe.
Mais comme Père a été tué par son Aigle, je préfère un chien et un cheval. Le Nivernais est vaste, l'on y fait de belles chasses. La Bourgogne a de belles forêts. Partez de Sully jusqu'à St Fargeau, c'est en effet...bien.

Faute d'être super, génial, trop cool...
Aimbaud s'étrangle un peu en entendant le passage sur le père, qu'il n'avait pas lu dans les livres.
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Charlemagne_vf
Alors, le Josselinière, peu enclin à parler d'un mort à table, et moins encore quand il s'agit du père du glaçon, préfère embrayer sur la chasse.

Ah, alors il faudra que je vous montre les allées que l'on fait à Corbigny, j'en connais toutes les embuches; et il en est de bien bonnes ! Hors ça, mon père une fois s'est trouvé jusqu'aux oreilles dans un marécage ! HIN HIN.

Il postillonne un peu de ce qu'il a dans la bouche.
L'Aiglon a du mal à réprimer un sourire devant l'enthousiasme soudain de son hôte, même si imaginer le Tri dans un marécage est plutôt pitoyable.


Je viendrai à Corbigny, donc.
Même si j'en garde un mauvais souvenir.


Sa fuite du Louvre, qui n'était pas une fuite d'eau.
Le Josselinière ne trouve rien à répondre et retombe peu à peu sur lui-même pendant qu'un blanc se pose dans la conversation. Il mange pour faire croire qu'il est occupé, faut pas parler la bouche pleine à une altesse royale.


Le Castelmaure grignote une cuisse de cygne, puis attaque un navet, puis une lampée, puis une bouchée, puis une lampée, avec gourmandise.

J'aime bien les banquets.

Genre, c'est un banquet.

*Parce qu'il appelle ça un banquet ? Ça ressemble plutôt à un dîner d'affaire. Il n'y a même pas de troubadour !*
Ah oui oui, c'est animé.


Vous aussi, vous aimez le silence ? Il n'y a pas meilleure musique. Ecoutez.

Il tend l'oreille pour ne rien entendre, et laisse baloter sa tete tout doucement...cinglé.

Chom.. miom.. chlurp...

Claquement de langue du Maître des lieux.

Mchoui.. Enfinchmr Avale. Enfin j'aime aussi la musique.
Ah ? On a voulu m'apprendre la citole. C'est ennuyeux comme la pluie. Mais bon. Soit.
Heinrich ! Musique !


Aimbaud évite de le regarder de travers, mais quand même, il le trouve très spé ce petit.
Deux types débarquent avec leurs grattes et se posent.
L'invité regarde l'attirail, étonné de la rapidité. C'est bon, le luxe.


Sluirp. Lampées.
Je vous ferai envoyé quelques tonneaux à Decize.
Glop glop. Lampées.
Bien volontiers ! On produit aussi un petit vin à Nemours.
Les vignes ne sont pas bien pentues, mais il a d... comment dire. Fruité !


Charlemagne hausse les épaules et lève un sourcil.

Ah ?
Vous savez qu'en Aquitaine, ils se piquent de faire du vin.

Ho ho.
Huhu.

Aimbaud ouvre des yeux ronds. Le prince a ri.

C'est un peu comme en 1505 le médaillon d'Isis Nauvenack.
Mouhaha. Sooo Gad Elmaleh.

Le Josselinière ne comprend pas la référence futuriste, mais opine avec l'air de tout à fait saisir.

Et... Vous ? Altesse, vous ne m'avez pas parlé de vos occupations.

Il retend sa coupe au laquais.

Moi.

Se fait remplir la coupe aussi.

J'étudie beaucoup. J'apprends le combat. Mais je ne commence jamais une journée sans faire le tour des villages du Nivernais à cheval.
Et quand je suis à Paris.
J'invite quelqu'un.

Et la fête, vous faites un peu la fête ? Aaah à votre âge j'ai donné de ces surboumes au château de ma mère...
Nostalgique.

Non.
C'est futile.
La danse m'ennuie.


Aimbaud noie sa gaffe dans une grosse gorgée de vin.

Mais j'aime bien entendre les troubadours chanter mes louanges et celles de mes parents.
Et puis j'administre mes terres.
Des fois, je dois aller en Lorraine.
Et j'ai un plaisir particulier.
Je tresse des paniers.


Corbigny s'apprête à rire en saisissant la blague, regarde le prince et se recompose un visage sérieux.
Nevers boit un coup pour noyer son graaand sourire de mec qui raconte une connerie.


J'ai chaud.
Si nous étions à Nevers, on viendrait nous éventer.

Ça c'est pas un été ! C'est une tuerie. Qu'est ce là que je mange ? Du canard ? Il est tendre comme un caneton.

Il regarde son assiette, un peu pété, bouge un peu la chose avec son couteau, avant d'en placer un gros morceau sur sa langue.

Mais non ! C'est un cygne !
Et vous avez laissé des plumes ! Blanc bec !

AaaaahhhHhmminom...

Toussote.
L'Infant trouve sa blague entre plume et bec particulièrement fine.

Vous dites ?
Je me disais qu'il y avait des arrêtes.

Va pour fouiller dans sa bouche de l'index, mais repose sagement la main sur la table.

Y'a pas d'arrête dans le canard, y'en a dans le poisson.
Hin hin mais les deux nagent.
Han oui ! Pourquoi nagent-ils ?
Parce que ce sont des nageants de la maréchaussée !

Charlemagne est tout rouge. Il comprend la blague et pouffe.

Attendez, j'ai une idée !
Heinrich ! Un Charlemagne ! Vite !

Je suis toute ouïe.
Vous voulez du Charlemagne ? Il est bon...C'est mon nom Charlemagne.
Vui.
J'y ferai honneur, vassaliquement.


La main sur le coeur.

Vous êtes un bon vassal !
Merci mon prince !

Étonné, franc.

Je vous dois subsistance, buvons !
Connaissez-vous la comptine ? Sur le vin. Qui nous vient d'Anjou. Ou d'artois... D'un duché qui commence en A.

Charlemagne se fait servir un Charlemagne, donc, ou deux.

Non, j'connais pas, mais j'en connais zune !
J'en connais mille !
Chantant : Buvons à ce soir, à nos ptites chéries, qui font le trottoir !

Aimbaud s'étouffe en goûtant la cuvée.

Ménestrels ! La ferme ! Mon vassal va chanter.
Et reboit un verre.

Mais la votre est trop belle, altesse !
Ma ferme ? Il n'a aucun goût.
Hum.. Huhuhuhinhinhinhin.
Là, je vais CHANTER.


S'humecte le gosier d'un demi verre bien vidé.

QUAND je bouéééé du vin claireeeeeet
Amis tout tourne tourne tourne tourneeeeuh
Aussi désormais je boué
Anjou ou arbouééééé


Charlemagne fait le diapason du doigt.
Aimbaud chef d'orchestre avec ses couverts.


À ce flacon faisoooons la gueeeeeeerre
Chatons z'é buvoooooons


Le Prince se lève avec un couteau.

A la gueeerre !
Aimbaud ! Stop ! Ils nous attaquent, écoutez...


L'Aiglon observe la pièce, tombe sur le portrait de Béatrice au regard inquisiteur.

M.erde ! Ma mère !
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Anthoyne
Imperturbable, ses bottes frappaient les tomettes de l’Hôtel Castelmaure avec un rythme régulier. Un pas rapide l’amenait jusqu’à une salle destinée à la réception d’invités. Cela faisait quelques jours qu’il avait pénétré dans l’antre parisien des Castelmaure et déjà il s’était habitué aux lieux. La reconnaissance des fourmis qui grouillaient dans ce bâtiment aidait à cette sensation. Le passage d’Anthoyne n’était plus ponctué par des regards étonnés et autres yeux écarquillés mais par une inclinaison de la tête comme s’il faisait partie de la Maison depuis des années. Mais ceci ne faisait pas tout. Ce qui rendait cet hôtel familier au fidèle Loup de son Altesse était qu’il se sentait maintenant à sa place. Longtemps il l’avait cherché et son Graal, il l’avait trouvé : Charlemagne. Ce n’était pas tant le personnage qu’il vénérait mais surtout le symbole qui s’en dégageait. Le Roi de France légitime ou Son Roi de France. A présent, il avait son destin ainsi que toutes les cartes entre ses mains. Il ne lui restait plus qu’à abattre la bonne au bon moment.

Une course l’avait éloigné de l’Hôtel Castelmaure durant toute la journée. Une fois de retour, le soir, un valet lui annonça le désir de Charlemagne de s’entretenir avec lui. Une nuance avait été énoncée : un des vassaux du jeune noble était présent. Anthoyne remercia le domestique et s’était dirigé directement vers la salle de réception. Depuis quelques semaines déjà, il devait s’entretenir sérieusement avec son Altesse mais le temps avait fait défaut. Cette fois-ci, il ne voulait pas lâcher l’affaire. De plus, rencontrer ce vassal serait intéressant pour Maillé. Il pourrait essayer de connaître les intentions de cet homme et savoir s’il pourrait compter sur lui dans le futur. Le manque d’expérience du prétendant au Trône pouvait le laisser faible face à ce genre d’individus, telle une proie esseulé par son prédateur.

Une fois arrivé face à la porte, un garde s’approcha de lui et affublé d’un franc sourire, lui bloqua le passage.


« Son Altesse Royale ne veut pas être dérangée.
- Trêve de plaisanterie, ne m’énervez pas. Vous savez qui je suis et son Altesse a demandé à s’entretenir avec moi.
- C'est non négociable. »


Anthoyne lâcha un long soupir tandis que de l’autre coté de la porte en bois massif, des bribes de chant se firent entendre jusqu’un grand et fort :

« A la gueeerre ! »

Il reconnut aussitôt la voix de son maître. De son bras, il écarta le garde face à lui et l’épée déjà à la main, il pénétra en trombe dans la pièce qui se présentait devant lui. Face à la scène qui s’offrit à ses yeux, il se stoppa net. Un Charlemagne totalement ivre et un vassal, pas dans un meilleur état et qui n’avait pas l’air méchant pour deux sous. A cet instant, Anthoyne se sentit assez idiot pour lâcher un bégaiement.

« Vo…Votre Altesse… Tout va bien ? »

Edit : correction typologie
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Charlemagne_vf
A défaut d'une Béatrice en bleu du Lauragais, les cheveux bruns attachés, tournés, pliés sous des océans de tissus, hénins, voiles, et autres coiffes en tous genres, ce fut un ancien garde de la Souveraine qui fit son entrée.
Charlemagne n'en fut pas moins perturbé que si le fantôme de sa défunte génitrice avait décidé de faire une entrée spectrale et froide en des lieux où les glaçons n'étaient plus tant les êtres que le bloc faisant "gling" dans leurs hanaps.
L'Infant resta interdit.
Si, en soi, il n'y avait pas de honte à se montrer ivre en la meilleure compagnie du monde civilisé, avoir un visage gai, rougi, et la parole vive était, aux yeux de l'Altesse, une perversions de la nature : sa nature toute mesurée, une nature culturelle, une nature travaillée : fierté, contrôle, silence, grandeur et austérité.
L'échauffement spirituel de l'Aiglon disparut en un "psshhhht", provoqué par un sceau d'eau versé sur les braises luisantes de son cerveau qui, lors, était davantage celui d'un moineau que d'un vaillant rapace.
L'Infant resta pantois.
Il avait été vu autrement. Comment asseoir la moindre autorité sur des êtres qui vous connaissent dans l'appareil le plus léger, dans l'état le plus frivole ? Pire : ce sont des êtres dotés de la parole en plus de la vue. Il faudrait leur ôter un sens, ou la vie. Mais tuer un Marquis ? Et si le Loup est son garde, c'est qu'il saura se défendre. Les faire brûler avec l'Hôtel ? Jamais. Trop de souvenirs en ces lieux. Charlemagne avait bien fait brûler la moitié du Château de Giry, témoin de ses nuits pécheresses. Mais pas Paris.
L'Infant resta de marbre.

Il toussota, essuyant ses lèvres rougies par un nectar fruité, et reprit place, droit.
Faire confiance, alors ? Solution peu satisfaisante : la confiance, ça marche avec la parcimonie, et non la nécessité.
Le regard se referme, avec peine. L'alcool et ses fragrances chatouillent encore les narines du Prince.


Hips.

Trahison du corps contre la raison. Se tuer soi-même pour se faire taire, alors ? Non. Non.
L'oeil guiséen fixe Aimbaud un moment, puis, avec un air faussement las, le Castelmaure pivote jusqu'au Seigneur.
Peut-être l'inviter aux réjouissances ? Non. L'on tolère de s'amuser avec un Marquis, pas avec ce qui n'est qu'un laquais à vos côtés.

Tout va bien, Anthoyne.

La main diaphane prie donc l'importun de sortir, puis, la voix muant, bruite, haut perchée.

Et vous vous ferez punir ! J'avais dit de pas déranger, enfin.
Burp.


Il faut maintenant trouver une excuse.

C'est un conseil de guerre ici. Je parle avec mon vassal. Voilà.

Et les luth sont des épées, les citoles des boucliers.

Dehors. Et tout ici est sous le secret. Sinon...

Couic.

Hein, mon bon vassal ?
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Aimbaud
Le bon vassal avait vassaliquement cessé de chanter quand les portes du réfectoire s'étaient ouvertes avec fracas sur le pas d'un homme d'arme. Il avait pour un peu sursauté et plongé le coude dans son assiette, laissant choir une cuillère d'argent dans son geste de recul. Stoïque ensuite, il ne bougea plus d'un poil, fixa du regard l'intrus serviteur, et laissa le velours de sa manche s'imbiber, là où il était, de jus de cygne aux petits oignons. Pour un peu, la pause paraissait détendue, et la sauce était assez chaude pour être confortable. Il observa donc Anthoyne de la Louveterie sous sa paire de paupières feignasses, l'oeil lustré par le bon vin, et le bec un peu bleu.

Après cet examen attentif, il conclut que le nouveau venu était la nourrice de Charlemagne. Ou le garde du corps, si on préfère. Un larbin en quelque sorte. Larbin qu'il chassa d'une main molle (celle qui ne pouvait pas trop se lever, parce qu'il avait le coude dans le plat).


Oué oué, c'est une conférence ès guerroiement ici. Il en est qui travaillent, 'voyez, alors bon-vent-bisou-mémé. Et rapportez-nous du dessert en passant.

Puis comme son discours avait besoin d'une tournure de fin, quelque chose qui claquerait et qui enverrait ce bougre au tapis, écrasé face à tant de prodigiosité intellectuelle, il apposa la Aimbaud's touch en fin de phrase. Quelque chose d'inimitable, avec un petit bruit de reniflement gras si caractéristique à chaque syllabe, soutenu par un timbre du fond de la gorge. Un rire.

Hin hin hin hin.
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