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[RP ouvert] Gargote : Au Tengu Immaculé.

Ria
[Nouvel an]

Voir le soleil ce lever sur un nouveau jour, une nouvelle année. Du haut du toit de la gargote la vue s’étendait sur la mer donnant une impression de flottement au dessus de la ville. La fatigue et l’événement devait y ajouter également mais qu’importait ? Le plaisir était bien présent. Himi sagement installée entre les bras de Ria, il n’était pas question de risquer une chute depuis cette hauteur, chaudement emmitouflée pour ne pas prendre froid, chacun voyait à sa façon ce levé de soleil hivernal.

La veille avait été riche d’événements et de réjouissances. Oublier pour un temps la guerre et les armées en perditions sur les chemins d’Otomo et profiter d’une fête qui ce voulait conviviale et joyeuse.

La gargote avait été exceptionnellement fermée pour l’occasion, n’acceptant que les proches. Ria s’était affairée à la préparation toute la journée, profitant de l’absence de Tsune et Himi pour qu’à leur retour, il n’y ait plus qu’à profiter pleinement de la soirée. De mémoire, elle n’avait jamais cuisiné autant de plats différents et aussi élaborés, assez pour ce demander s’ils allaient arriver à tout absorber.

C’était également l’occasion de prendre un peu plus soin de soi et de sortir les kimonos de fêtes ainsi que les ornements de leurs boites où ils reposaient le reste de l’année. Elle avait prit le temps pour Himi avant qu’elle ne parte en compagnie de Tsune et plus tard pour elle-même. Même Keiko-chan, la poupée d’Himi avait été apprêtée pour ce nouvel an. Cela avait été l’occasion d’offrir à la fillette de quoi habiller son dernier jouet.

Il avait été convenu qu’ils passeraient le temps en jeux divers et il n’y avait pas à douter que cela occasionnerait quelques fou-rires et autres ronchonnements en cas de perte de partie. Chacun déploierait probablement des trésors d’ingéniosité pour se donner les moyens de gagner. Là non plus, il y avait peu de place au doute, mais après tout, tout était permit ce jour tant que l’on s’amusait. Ria avait eut également dans l’idée de faire danser Himi. La fillette avait apprit quelques mouvements, c’était l’occasion d’en faire démonstration et si ni l’une ni l’autre ne maitrisaient cet art comme certaines femmes, cela restait néanmoins tout à fait acceptable pour une soirée comme celle-ci.

Laisser de coté la timidité et la réserve habituelle pour ne plus songer qu’à s’amuser. Cela avait été aussi l’occasion d’apprendre de nouvelles comptines à Himi et retrouver pour un instant les souvenirs d’enfance. L’émerveillement avait été également de mise lorsque Tsune avait offert quelques étoiles de couleurs avec ses fusées. Mille et une occupations pour attendre le levé du soleil puis s’en retourner prendre un peu de repos avant de reprendre une vie devenue routinière.
Asami...
[L'année du Dragon]

Asami avait, par le passé, entendu beaucoup de choses sur l'année du Dragon qui revenait tous les 12 ans.

On disait que le dragon portait chance à tous.
Cette année, il était donc recommandé de prendre des risques. C'était une année où l'ambition était prônée. On pouvait se permettre d'être entreprenant, d'aller de l'avant.

Même s'il était fort probable que ce soit une année épuisante, elle était aussi attendue comme une année brillante, emplie de fêtes, de victoires mais aussi de défaites.
L'année du Dragon était censée être favorable aux réussites, que ce soit à la guerre ou dans un autre domaine.
Le souhait d'Asami de voir enfin la Paix régner sur tous les kunis était décuplé.

Les naissances durant cette année prévoyait des enfants en bonne santé, débordants d’énergie, vivant longtemps mais aussi impatients et obstinés.
Il était inutile de s'en faire pour eux... sauf s'il naissait un jour d'orage...
C'était aussi la meilleure année pour les mariages. Et c'était tant mieux pour Lujan et elle.

Cependant, une chose était particulièrement à craindre... le feu.

Mais quoiqu'il en soit, on avait beau entendre et croire à toutes sortes de choses, ou non, il restait que la célébration d'une nouvelle année, emplie d'énergies neuves, était un moment qu'on aimait, en général, passer auprès des gens qu'on aimait.
Et aujourd'hui donc, plus que tout autres jours, Asami avait bien entendu tenu à venir passer ce moment auprès de Ria, Tsune, Himi et son tendre Lujan.

Une évidence, bien sûr.
Et même si elle avait pensé, lors de cette fête, à son père qui avait rejoint le monde de là-bas, à sa mère qu'elle n'avait pas revu depuis des années, et à ses frères et soeurs qu'elle avait à peine eu le temps de connaitre, Asami avait tenté, autant que possible, de transpirer d'amour et de joie.
Himi
[Une nouvelle année]

La transition d'une année à l'autre était toujours un moment éprouvant et relativement impressionnant pour des yeux d'enfants. C'était d'ailleurs la première fois qu'Himi fêtait le début d'année dans l'environnement du Tengu, entourée de sa troupe de protecteurs.

Au fond, elle n'avait pas vraiment l'habitude de cette fête, dans son passé on n'y mettait pas autant d'importance. On mangeait plus que d'habitude, mais la comparaison s'arrêtait là.

Cette journée-là était pourtant différente de toutes les autres : Des danses, des jeux, les magnifiques feux d'artifices que Tsune savait faire, les histoires d'Asami, porter les plus beaux habits et ornements confectionnés par Ria, veiller une grande partie de la nuit et voir le lever de soleil rougeoyant qui symbolisait toutes les promesses de l'année à venir.

Les yeux de la petite n’avaient pas cessé de briller, et son sourire n’avait pas quitté les lèvres une seule seconde. Au fil de la journée Himi s’était rendue compte de la chance qu’elle avait d’être là, de fêter avec eux.

Que cette année soit à l’image de cette journée où tous étaient réunis simplement dans la joie et la bonne humeur...
Tsunesaburo
La voix du Tengu

Passer d'une année à une autre est toujours l'occasion de penser à l'avenir. Et puis quand on atteint un certain âge, de penser au passé. En cette occasion toute particulière, les deux étaient mêlés pour Tsune, ainsi qu'un petit peu de présent entre les deux!


En effet, il avait promis à Himi qu'il l’emmènerait faire un tour en ville pendant la fête. Et c'était bien là toute la raison de cette sortie: s'il ne voulait pas faire plaisir à la petite, sans doute aurait il passé la journée chez lui, paisiblement, à ne rien faire de bien particulier à part manger beaucoup et rester au coin du feu à discuter avec les invités. Mais une fois dehors, tous bien habillés de leurs Kimonos et la petite juchée sur ses épaules (il ne voulait pas la voir bousculée dans la foule, ni la perdre de vue un instant), il devait bien avouer savourer un peu cet instant également. Kokura n'était qu'un petit village, mais même les paysans avaient fait des efforts. Les lampions un peu partout ajoutaient à l'ambiance de fête sans que l'on puisse constater les excès des fêtes des grandes villes.


Comme attendu, des marchands ambulants étaient venus spécialement pour l'occasion. Des simples étalages de gâteaux, de friandises, aux différents cerfs volants, jouets, poupées, et marionnettes, on pouvait voir de tout et surtout, acheter de tout. Avant de partir, il avait promis à Ria, mais également à lui même, qu'il n’achèterait rien, ou en tout cas pas trop de choses à Himi. Il fallait qu'elle mange bien pendant le repas du soir, et qu'elle ne soit pas trop distraite. Mais une fois dans les rues, dans l'ambiance, et avec les petits pieds qui trépignaient sur ses épaules, comment dire non? Cela lui rappelait sa propre enfance, et au moment de rentrer, les poches seraient pleines d'accessoires pour poupée, gadgets et jouets divers, mais aussi de différentes choses à se mettre sous la dent. Ria n'allait pas être contente, le matin même, il avait acheté un petit requin aux pêcheurs, sur le port, et il y avait déjà de quoi manger pour plusieurs jours. Mais Himi savait se montrer persuasive.


Tout cela l'avait replongé assez vivement dans ses jeunes années. S'il espérait qu'Himi se souviendrait longtemps de ce jour, et notamment du feu d'artifice qui aurait lieu dans la nuit, il lui était difficile de définir quel était son premier souvenir. Peut être était ce la présence d'Asami à ses cotés, mais il pensait beaucoup aux trois vieilles nourrices qui avaient fait ses jeunes années. Il n'était alors pas plus vieux qu'Himi, mais déjà intenable. Toujours seul avec elles, la vie de château n'était pas très amusante. Il ne trouvait rien de plus plaisant que de les pousser à s'arracher les cheveux.

Il avait commencé sagement, en se faufilant la nuit dans les quartiers interdits de la demeure. C'est en explorant seul les chambres vides qu'il avait découvert le peu de choses qu'il savait encore aujourd'hui sur sa mère. Et puis tout un étage, gigantesque quand on est si petit, complétement vide, c'est un grand terrain de jeu. Encore plus la nuit, où tout change, et où une cachette finit vite par constituer un nid pour dormir. Ses disparitions remarquées au matin ne manquaient pas de faire pleurer les vieilles femmes, provoquer des disputes entre elles, et mettre leurs nerfs à rude épreuve.


Plus tard, après de sévères corrections infligées par le père ayant appris ses errements nocturnes, il avait fini par apprendre à se faire plus subtile. D'abord grâce à un voyage effectué en Chine, mais également à cause de la découverte de l’emblème familial. Entre huit et dix ans, son père l'avait donc emmené dans ses campagnes, avec ses grands frères. Il y avait découvert la grande muraille, un autre monde, mais surtout une autre religion. Ou plutôt, on lui avait enseigné un monde, continental, différent, mais également enseigné à le détester. C'était aussi l'époque des premières leçons véritables. On avait investi toute une fortune dans un bagage complet de précepteurs et maitres d'arts en tous genres. Il était question d'en faire un héritier, mais à tout lui enseigner, il n'apprenait rien.


Son premier véritable souvenir, du moins un qui comptait beaucoup, remontait donc à cette époque. Il connaissait le bouddhisme en le rejetant, et il apprenait le shintoïsme en adorant le Tengu, comme tous les autres garçons de la famille. Plus qu'un devoir, une identité se forgeait. Pourtant jeune, il formait des parallélisme entre les deux religions. Il appréciait l'idée de Ying, Yang et voie du milieu, car il pouvait la rapprocher du symbole familial, démon protecteur, figure à la fois bienveillante et malveillante. Un peu à la manière de ces dessins animés modernes, il lui semblait, enfant, pouvoir sentir sur une épaule une facette angélique de lui même s'opposer à une facette démoniaque. Généralement, c'était au moment de faire des bêtises, et on devinait rapidement à son sourire en coin lequel des deux avait gagné.


Il n'était plus simplement question de chercher des cachettes dans des pièces vides, mais de tout faire pour échapper à la surveillance des vieilles nourrices. Avec force et violence parfois, mais le plus souvent, un certain sadisme malsain. Déjà, le Tengu lui soufflait des plans machiavéliques à l'oreille. Pour lui, c'était une période magique où enfin, il pouvait s'amuser. Ses actes de malveillance n'étaient pour lui qu'un jeu innocent. Jusqu'au jour où la farce de trop s'invite dans le jeu: son père allait rentrer d'un long voyage de plusieurs mois, et il y avait un repas de fête à préparer. Lui n'aimait déjà pas son père et n'avait aucune envie de saluer son retour. C'était un simple inconnu, qui l'avait privé de sa mère, et qui n'était bon qu'à lui crier dessus et lui infliger des leçons interminables de bonnes manières. Et son père l'aimait tout autant, lui reprochant de l'avoir privé de sa mère, morte en couche, de lui infliger des soucis sans fin dés qu'il avait le dos tourné, et de lui couter une fortune sans résultat. Quoi qu'il en soit, les cuisiniers avaient préparés tout un plat de Fugu, le fameux poisson qui, mal préparé, constitue un plat fatal. Et si Tsune n'était pas l'élève idéal, il y avait certaines choses qui captaient son attention.

Il allait donc se glisser la nuit dans les cuisines pour semer un peu le trouble, et faire croire que quelqu'un avait récupéré les entrailles du poisson pour en tirer un poison. Le désordre n'échapperait à personne, et il lui suffirait à l'heure du thé de sourire en regardant les nourrices devant leurs biscuits fourrés au haricot rouge et d'ajouter: "Votre gourmandise vous perdra!" pour que toute la maison soit en émoi pour le reste de la journée. Bien sur, rien n'était empoisonné, mais la panique lui donnerait l'occasion de fuguer en paix, fier de son coup magistral. Une fois son père rentré, les vieilles nourrices, dépassées, seraient remplacées par d'autres, beaucoup plus jeunes. Il approchait alors les 13 ans, et les vilaines farces feraient place à une tactique plus insidieuse, reposant sur le charme, le chantage, et encore un peu plus tard, la jalousie entre jeunes femmes.


Depuis, il avait souvent entendu le volatile s'adresser à lui. Comme toujours pour lui souffler de mauvaises taquineries à faire, parfois des choix salutaires pour lui sauver la mise. Et quand Ria le mettait au pied du mur, parfois le soir, en lui demandant ce qu'il souhaitait, lui même n'avait pas de réponse. C'est tout juste s'il ne pouvait pas voir la bête se dresser, en lui arrachant une brulure digne du jour où on le lui avait tatoué sur la peau, pour sortir de son kimono et le regarder dans les yeux. Il lui soufflait toutes sortes de choses, bonnes et mauvaises, confuses, entre envie et fierté mal placée, ce qui avait pour effet final un silence lourd, faute de pouvoir se prononcer en paix.


Heureusement, la petite qui trônait sur ses épaules alors qu'il errait dans ses souvenirs était bien plus sage et plus jeune. Le plus grave était d'éviter les attentats des billes oubliées dans les escaliers. Il songeait avec plaisir à son innocence et à l'émerveillement dont elle faisait souvent preuve face aux choses simples qu'il n'avait pu connaitre à son âge. Le soir, alors qu'elle serait installée entre les bras de Ria prés du toit de la gargote, il irait sur la plage pour tirer quelques fusées de bambou sagement dosées. Certaines, aveuglantes, brillaient comme le feu du dragon qu'on fêtait. D'autres, aux compositions mêlées, luisaient sous toutes les couleurs, allant principalement du violet au rouge, et parfois au vert, sifflaient en montant et éclataient bruyamment dans le ciel, ou se propulsaient en silence. En tout cas, aucune n'était semblable à la précédente, et en guise de bouquet final, il avait planté des bambous dans le sable, les uns contre les autres. Ceux ci étaient spéciaux: les Chinois les appelaient "bambous à feu continu" dans une traduction littérale. Dans un langage plus moderne, il s'agissait de lances flammes, qui, en s'embrasant, allumaient le voisin, comme un jeu de domino. Il aurait le temps de rentrer dans sa gargote et rejoindre son public avant que la gerbe d'étincelles et de flammes du dernier bambou ne soit totalement épuisée.

Faute de dragon, un Tengu avait embrasé la plage de Kokura. Depuis le temps qu'il préparait son coup, l'occasion s'était enfin présentée.
Ria
[Quelques jours plus tard...]

Le nouvel an commençait à devenir un lointain souvenir et rien n’avait réellement changé depuis. La vie poursuivait son cours, impassible, dans l’ennui le plus complet malgré les quelques sursauts d’activités.

Il fallait ce rendre à l’évidence, Kokura ne serait jamais plus ce qu’elle avait été par le passé. Plus personne ne prenait le temps de vivre, de découvrir. Il fallait tout, tout de suite et sans le moindre effort… Plus aucun intérêt pour ce qui n’était pas soi-même, plus d’échanges aimables et cordiaux. Rien. Que le silence pesant. Village fantôme et sans âme.

Sans la présence d’Himi, il en irait de même au Tengu. Les enfants sont la vie. Mais ils ce font rares et la monotonie fini par s’installer. La fillette aimait l’exclusivité dont elle était sujette auprès de Ria et Tsune, mais en était-elle réellement heureuse ? Comment croire qu’une enfant de cet âge puisse s’épanouir harmonieusement entre deux adultes dont l’un des deux au moins passait son temps à douter ?

Pourtant, Himi continuait de sourire, encore et toujours. S’émerveillant d’un rien, toujours optimiste. L’épisode du bonsaï et du caillou en forme de fleur avait été une preuve de plus. Si Tsune avait suggéré un Torri pour apporter une petite touche supplémentaire, Ria en était restée sur son idée première et c’est une petite grue finement ciselée qui était venue s’implanter dans le pot de l’arbre miniature.

Faire entrer la nature à défaut de pouvoir aller la contempler. Voyager en rêve, au chaud et confortablement installé. Elle aurait pu rester des heures ainsi à regarder le bonsaï trônant sur le coin du comptoir. C’était aussi l’occasion avec Himi d’inventer des histoires, de rêver des vies qui n’étaient pas les leurs. Exercice amusant et ô combien stimulant pour l’imaginaire déjà bien fertile de la fillette. Des moments d’insouciances loin des tracasseries habituelles.

Moments de paix intérieur aussi rares que précieux…
Ria
[Kai-Awase]

Déchargée du port qui avait perdu de son attrait à ses yeux, les champs en hivernage et la nécessité de combler l’absence, avait poussé Ria à réfléchir sur les activités qui auraient pu les distraire Himi et elle. La chose n’était pas aussi aisée qu’elle semblait et il avait fallut fureter un peu partout autour d’elles pour trouver de quoi les distraire quelques jours. Le jeu de « mikado » les avaient occupées quelques heures mais Ria s’imaginait mal y jouer des jours durant.

Si les matinées étaient consacrées à l’entretien de la gargote et à diverses tâches, le reste des journées étaient quant à elles consacrées à Himi. Chaque jour, un moment était réservé à l’apprentissage. Lecture et écriture avaient la part belle et les contes et légendes prenaient bien souvent le relais pour tout ce qui concernait le reste. Le sérieux cédait le pas sur l’amusement jusqu’à ce que le jeu finisse par tout à fait prendre le dessus.

Profitant d’une éclaircie, elles avaient été se promener sur la plage, ramassant quantité de coquillages pour l’une des idées de Ria. Sans en expliquer le but à la fillette, elle s’était contentée de lui donner les indications de formes et de taille sur ce qu’elle souhaitait ramener. Coques et palourdes à la nacre la plus blanche possible avaient été ainsi rassemblées. Rarement entières en cette saison, mais cela convenait parfaitement de par la régularité des formes de ces espèces.

Elle avait réservée la suite de l’activité pour le lendemain. Et esquissant un petit sourire mystérieux pour simple réponse à la fillette quand celle-ci essayait de découvrir à quoi tout cela allait servir, Ria s’amusait de la voir impatiente et spéculer sur les probables utilisations des coquillages. Elles avaient mit leurs récoltes à bouillir pour les débarrasser de leurs impuretés de sel et de sable puis les avaient soigneusement séchés avant de les mettre de coté pour la nuit.

Il avait fallut attendre encore une demi journée avant que Ria ne ressorte les coquillages et munie d’un stylet grave le fond des coquilles d’idéogrammes. Vingt-quatre coquillages avaient été retenus, douze paires. Chaque idéogrammes étaient reproduit deux fois à l’identique sous l’œil curieux d’une Himi de plus en plus impatiente. Douze paires, douze signes, douze végétaux qui représentaient les douze mois et leurs fêtes associées.

Le travail avait été long et fastidieux mais pas inintéressant. Pour combler l’ennui d’Himi et la faire participer à l’élaboration du jeu de coquillage, Ria lui avait confiée la tâche ô combien minutieuse et patiente d’encrer les rainures faites au stylet. Et tant pis si celle-ci finissait avec plus d’encre sur les mains que les coquillages ne pouvaient en contenir. Le principe était de l’occuper agréablement et de lui faire apprendre par le jeu. Une fois les bavures essuyées, il avait fallut attendre encore une journée avant de pouvoir laquer les coquillages pour que l’encre reste le plus longtemps possible et leur donner un aspect brillant.

Trois jours de travail pour qu’enfin apparaissent le pin, le prunier, le cerisier, la glycine, l’iris, la pivoine, le lespédèze, la miscanthe, le chrysanthème, l’érable, le saule et le paulownia, inspirés par le jeu d’Hanafuda.

Le jeu allait pouvoir débuter. Retrouver les paires mais également et surtout reconnaitre chacun des signes, les nommer et associer les fêtes liées. Et pourquoi pas créer des histoires à partir des coquillages gagnés au cours de la partie. De longues heures d’occupations en perspectives pour de simples coquillages glanés sur la plage.
Ria
[Printemps]

Les cerisiers avaient succédés aux pruniers et partout l’on pouvait voir la nature se réveiller après la longue léthargie hivernale. Pourtant, Ria n’avait pas participé aux festivités habituelles célébrant le retour du printemps. L’ennui et les désillusions l’avaient peu à peu retranché dans un mutisme et un isolement qui lui devenait difficile à briser. La seule qui était encore capable de la faire sourire et sortir de sa coquille était Himi.

La fillette occupait tout le temps libre de Ria et cela lui convenait parfaitement. Entre les promenades et les jeux à la gargote les jours de pluie, elles avaient rarement l’occasion de s’ennuyer.

Pour la fête des fleurs, elles s’étaient amusées à composer des bouquets et les avaient disposés un peu partout dans la grande salle. Tant est si bien que l’endroit en gardait les effluves que le vent frais du soir dispersait à travers les pièces. Plaisir simple et enfantin, mais Ria n’en avait cure. Himi semblait heureuse et c’est tout ce qui importait.

La vie suivait son cours.
Ria
[Koneko ou Bakeneko ?*]

Le sujet avait été abordé maintes fois mais tout autant abandonné pour des raisons aussi diverses que variées. Himi avait émis le souhait d’avoir un animal de compagnie. Du tamia, ils étaient passés au chien puis au chat, cherchant le compagnon idéal pour la fillette. S’ils l’avaient écoutés, un de chaque serait déjà présent dans la gargote mais il avait fallut faire un choix, imaginant sans peine les résultats d’une telle cohabitation. De calme et paisible, l’ambiance au Tengu aurait vite eue fait de tourner au champ de bataille animalier. Un tamia terrorisé lacérant de ses petites griffes les précieux coussins et le papier fragile des portes coulissantes, un chat pas d’avantage délicat achevant de crever tout ce qui lui passe sous les pattes et un chien jappant et culbutant tout sur son passage à la poursuite des deux premiers. Cette scène aurait put faire sourire Ria si elle n’avait pas été celle qui entretenait la gargote et si cela n’avait eut aucun effet néfaste sur Himi.

La fillette entretenait de grands espoirs sur la possibilité de jouer avec ce nouveau compagnon et aurait été fortement déçue si elle n’avait put s’en approcher. Et c’est encore une fois Tsune qui avait mit tout le monde d’accord en choisissant lui-même la future boule de poils. Si Himi avait été plus que ravie et intéressée, Ria était également satisfaite. A bien y songer, le chat était ce qui ce rapprochait le plus de leurs attentes et caractères et ce dernier point l’avait quelque peu amusé. Calme et paisible la plupart du temps, ils n’en demeuraient pas moins fiers et indépendants, n’hésitants pas à remettre en place les inopportuns.

Cependant, à l’annonce de l’arrivée du chaton, il avait également fallut ce préparer efficacement. Tout devait être prêt le jour de son arrivé et ne rien laisser au hasard, leur tranquillité et le mobilier en dépendait. Des discussions avec Tsune, Ria avait retenue qu’il faudrait éduquer l’animal au plus tôt s’ils ne voulaient pas passer tout leur temps en nettoyage et réparations diverses. Un petit caisson de bois avait été assemblé pour pouvoir y déposer du sable et improviser une litière. Pour la survie des tatamis et du mobilier, un vieux tapis avait été sacrifié puis fixé sur une bûche, elle-même solidement clouée sur un support. Mettant tout le monde à contribution, Ria avait profitée des talents de forgeron de Tsune et des idées prolifiques d’Himi.

Les jouets n’avaient pas non plus été oubliés. Il avait été demandé à Tsune de forger un grelot plus gros que celui qu’il avait offert à Ria autrefois. Si les petits chats étaient comme les enfants, il fallait prévoir à ce qu’il n’y ait pas de risque que les jouets soient avalés. Ria avait également demandé à Himi de lui dessiner un joli poisson, pas trop gros, mais assez pour qu’elle puisse le découper dans la fine planche de bois qui lui servirait de support. C’était encore une fois l’occasion de faire découvrir de nouvelles choses à la fillette et l’encourager à développer une imagination qu’elle avait débordante et souvent de bon sens. Ce poisson là serait fixé à une cordelette, elle-même attachée à une petite canne de bambou. Himi pourrait jouer en toute sécurité pour ses doigts.

Moments privilégiés de détente, de rires et de partages pour une famille quelque peu hors normes et s’imposant à elle-même.


[* Koneko = petit chat ; Bakeneko = démon chat]
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