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[RP] Renovatio...

Matouminou


Citation:

- Rhooo bah tu me connais, tout en douceur ! Je vais l'avoir à l'oeil... Il va astiquer le pont de fond en comble !


la réponse de Stromb ne la rassura qu'à moitié, oui...elle commençait à bien le connaitre. Toutefois, elle était heureuse que l'homme et l'enfant s'entendent aussi bien.
Elle regarda sa fille et sourit pour elle-même. Mahaut avait volontairement mis une petite distance. Il est vrai qu'elle était plus réservée que son frère et surtout qu'elle n'avait pas l'habitude de se jeter à la tête de quelqu'un qu'elle venait à peine de rencontrer.
Matou était confiante, Stromb saurait se faire aimer de ses enfants, et ceux-ci verraient très vite à quel point sous ses airs pas toujours sérieux, ily avait un homme sensible, généreux et affectueux.
Son sourire s'accentua un peu plus. Pour sa part, elle ne cessait, chaque jour, de le découvrir et de l'aimer un peu plus, si c'était possible.


- Allons-y, laissons les marins d'eau douce à leurs affaires...

Plus d'un ton moqueur et assez fort pour que Stromb et Guillaume l'entendent, elle ajouta:


- Mahaut, je vais aussi te montrer l'emplacement du canoé de sauvetage, sait--on jamais....


Elles s'éloignèrent toutes les deux en riant.
_________________















.guillaume.


Il ouvrit de grands yeux et la bouche aussi , prêt à riposter aux premières paroles de Stromb. Mais non, il ne voulait pas du tout nettoyer le pont, peut-être un peu, mais lui ce qu'il voulait, c'était tenir la barre, comme un vrai capitaine. Il regarda l'homme et vit son sourire espiègle, il sut alors qu'il ne voulait que rassurer maman. Celle-ci fit une remarque au sujet du canoé de sauvetage. Comme si avec de grands marins comme Stromb et lui, un naufrage était envisageable. Il fronça les sourcils, c'était une atteinte à leurs compétences évidentes.

Il s'y croyait vraiment, déjà entièrement immergé dans ce jeu que le compagnon de sa mère lui offrait. Sa curiosité, sa spontanéïté et le fait qu'il n'avait pas froid aux yeux firent le reste. Il avait soif de s'amuser, d'oublier ces derniers mois où il avait fallu être si sage, bien se tenir, réprimer ses rires..


Citation:
- Bien ! Je te nomme major de ce bateau. Lève la main droite et jure que tu le serviras en donnant ta vie s'il le faut, que tu resteras fidel à ton capitaine... moi donc... et que tu feras honneur à ton uniforme... d'ailleurs à ce propos, va falloir qu'on s'en trouve, des uniformes...


Il s'exécuta aussitôt, levant la main droite:


- Je jure fidélité à mon capitaine, je ferai honneur à mon uniforme et je donnerai ma ...euh...ma vie en servant jusqu'au bout et je coulerai aussi avec le bateau s'il le faut...


Il fit une légère grimace, se disant tout de même qu'il faudrait lui aussi, qu'il repère le canoé de sauvetage. Mais, il avait sa fierté, il afficha un sourire imperturbable. Puis, il cracha par terre pour sceller le serment. Il avait une fois vu ça dans un pari entre deux marchands, et il trouva que la situation était adaptée. En plus, maman n'était plus dans le coin.

Après qu'il eut prêté serment, il écouta Stromb lui donner les premiers ordres :


Citation:

- Parfait ! Te voila engagé ! Maintenant va sortir les canons, les fusils, les tonneaux de calva ! Nous allons prendre Troyes !! Yihaaaaaaaaaaaaaaaa !!!


Il regarda l'homme et avec un aplomb sans pareil, il lui dit:

- Mon capitaine, cela fait un moment que les canons sont sortis et tournés vers la ville de Troyes, chaque marin a reçu son fusil. Les tonneaux de calva sont en bonne place et j'ai mon épée, et ma dague.


Il avait ouvert sa besace et en avait sorti l'épée en bois qu'il s'était fabriqué. Il la glissa dans la ceinture qui tenait ses braies. Il sortit aussi un petit couteau, fabriqué par son père il y a bien longtemps.

Deux pommes et quelques quignons de pains s'échappèrent de la besace.


- On a même assez de provisions pour tenir un siège, Capitaine!!

C'est aussi le moment que Bob choisi pour prendre l'air. Mais Stromb était déjà en train de hisser la voile, laissant un court instant la barre n'en faire qu'à sa tête, le bateau dévia un peu.
Il vit Stromb reprendre la barre et s'excuser auprès d'un couple en barque qui, vu la pâleur de leurs visages, avaient du serrer les fesses.


Citation:
- MAJOR !! Où es-tu ?? La marine de France compte sur toi crévindjiou !!


Il mit Bob sur son épaule, et se précipita aux côtés de Stromb.
Mettant ses mains autour de son oeil droit pour imiter une longue-vue, et scrutant l'horizon, il dit alors d'une voix tragique:


- Oh, oh, oh...je crois qu'un problème de taille s'offre à nous...Il semblerait que droit devant...oui...oui...je ne me trompe pas... une baleine nous obstrue la voie...


Il regarda Stromb:

C'est une baleine marteau....ahhh..ce sont les pires!!!! il va falloir la déloger...Un harpon et une corde feront l'affaire!
Ne vous inquiétez pas Capitaine, comme option avec mon choix de devenir marin au long cours, j'ai pris "compétence en baleine, avancée"!!!
Elle va pas faire un pli, la grosse!!




































Stromboli
Citation:
- Oh, oh, oh...je crois qu'un problème de taille s'offre à nous...Il semblerait que droit devant...oui...oui...je ne me trompe pas... une baleine nous obstrue la voie...


Une baleine ?? ENCORE ??? Stromb sortit la longue vue qu'il avait trouvé dans la cabine de capitaine et balaya la surface de l'eau du regard. Il finit par repérer une forme un peu plus loin.

Citation:
- C'est une baleine marteau....ahhh..ce sont les pires!!!! il va falloir la déloger...Un harpon et une corde feront l'affaire!
Ne vous inquiétez pas Capitaine, comme option avec mon choix de devenir marin au long cours, j'ai pris "compétence en baleine, avancée"!!!
Elle va pas faire un pli, la grosse!!


Il ne put s'empêcher d'éclater de rire.

- Bien, tiens la barre pendant que je m'occupe de cet animal.

Il fit ralentir considérablement le bateau et récupéra une vieille caisse de whisky vide. Il la posa au pied de la barre pour que Guillaume puisse être à la bonne hauteur.

- Bien, tu tiens la barre bien droite, pas de mouvements brusques sinon ta mère va vouloir nous occir. Entendu ?

Un sourire en coin et il se hâta d'aller chercher un harpon et une corde. Il revint sur le pont ensuite, se planta à coté de la barre et ressortit la longue vue. L'animal était tout proche désormais. Il s'approcha du bastingage et se tint prêt. Il fit tournoyer la corde au dessus de sa tête tel un lasso et finit par appercevoir la "baleine". A peine la forme sortie de l'eau, il vit qu'il s'agissait en réalité d'une baigneuse, certe en bon point, mais tout de même. Hélas il avait déjà envoyé la corde qui s'était enroulé autour du corps de la femme qui se mit à pousser un cri de surprise. Stromb se mordit la lèvre... mais quelle idée aussi !

- Désolé ! Je vous avais prise pour une baleine !

Sous le regard couroucé de la baigneuse, Stromb tenta de l'aider en tirant la corde dans tout les sens, ce qui bien sûr ne faisait qu'accroître son emprise. Et plus la corde était serrée, plus la salve de jurons se faisait impressionante. Alors il attacha la corde au bastingage et cria à la baigneuse...

- Bon, on va à Troyes, je vous libèrerai là-bas, ce sera plus simple. On en a juste pour deux jours, ça ira ?

Et ainsi il reprit la barre et lanca l'embarcation. Pendant deux jours, les bêtises se multiplièrent à bord, allant de la course sur le pont, du concours du craché le plus loin, des meilleures grimaces aux gens sur la berge, de qui glissera le plus loin sans tomber sur un pont savonneux et ciré... et bien d'autres.

La baigneuse quand à elle, fut sauver des flots par Didier. La légende dit même qu'elle aurait remercié son sauveur dans la petite barque de sauvetage qui suivait derrière le bateau...


Et un beau jour, Troyes fut en vue. Ce fut au tour de Matou d'avoir les commandes, celle-ci étant beaucoup plus apte à faire un créneau sans défoncer le ponton. Stromb finissait de remplir valises et malles avant de les mettre dans la charette, lorsqu'il sentit un crissement terrible. Il se boucha les oreilles en réflexe. Plus tard, une fois dehors, il appercut une rayure sur la coque. Il regarda Matou l'air de dire "T'as vu quelque chose toi ? Moi non...". En espérant que Lilin ne s'appercoive pas de la voile recousue, de la coque rayée et de la vaisselle cassée...

Stromb n'avait qu'une idée en tête désormais : retrouver ses enfants. Il avait croisé une nonne en ville et lui avait littéralement sauté dessus.


- Bonjorn...euh... votre seigneurerie. Dites, je dois aller chercher mes enfants à l'orphelinat, vous pouvez m'y emmener ?

La bonne soeur en question posa un regard affolé sur cet homme qui s'était saisit d'elle.

- Je vous prie de me lacher ! Il n'y a que le seigneur qui puisse poser ses mains sur mon corps ! Et quand à vos enfants, je suis navrée mais il vous faudra attendre demain dimanche, le jour du seigneur, pour pouvoir les récupérer. C'est la règle. Vous avez des papiers attestant votre lien avec ces enfants ?

Un instant de réflexion... Des papiers ?? Il n'en avait strictement aucun. Et puis soudain, il repensa à la dernière lettre d'Inba. Il lacha la soeur et fouilla sa besace. Il en ressortit une lettre tachée de sang séché et la brandit sous le nez de la religieuse affolée.

- Oui, j'ai une preuve. Voici une lettre de leur mère avant qu'elle ne décède.

La religieuse réprima un haut-le-coeur et détourna les yeux du parchemin souillé.

- Bien... bien... Vous n'aurez qu'à venir demain à l'orphelinat dans ce cas là. La mère supérieure vous rendra vos enfants si elle juge que ce sont bien les votres. Que Dieu vous garde...

Elle prit congé prestement, laissant un Stromb planté bêtement sur la place du village. Il rangea sa lettre et tourna les talons. Il maudit intérieurement ces nonnes. Et s'il était arrivé lundi ? Il n'aurait jamais attendu toute une semaine. Il prit néanmoins la décision d'attendre, patiemment, jusqu'au lendemain...
Heinsenberg
Heinsenberg alors tout fraîchement élu maire de Troyes, ne s'attendait pas à rencontrer les personnes qui allaient se présenter face à lui, par un beau jour ensoleillé après avoir siroté de la bonne bière troyenne et observé par la fenêtre le parterre de fleurs jonché d'orchidées il entendit grincer légèrement la porte de la taverne où il se trouvait et aperçu deux personnes qu'il n'avait pas vu auparavant.

Il fit alors leur connaissance tout à tout rapidement puis jactèrent ensemble de tout et de rien. Après avoir su qu'il s'agissait d'un merveilleux couple il leur promit d'aller faire un tour dans leurs villes respectives, d'où ils étaient originaires à savoir Villefranche-de-Rouergue et Fécamp, bien qu'il eu du mal à noter les noms des villes où ils résidaient.

Après avoir également observé la dextérité dont faisait preuve Matouminou dans le "ficelage de pigeon" et le courage dont avait fait preuve Stromboli pour réanimer la pauvre bête étranglée par Matouminou, il ne put s'empêcher de rire, après quoi d'ailleurs Stromboli servit quelques gouttes de Calva au pigeon qui partit aussi sec.

A la suite de quoi, Heinsenberg dévoila son identité au grand jour aux amants : " Écoutez je dois vous dire une chose, ne soyez pas effrayés mais je suis le grand maître des hiboux ! " Après avoir entraperçu la mine dubitative de Stromboli il décida alors de procéder à une démonstration, histoire qu'ils puissent constater que ce qu'il disait était véridique, voici la première étape de la formation de tout hibou qui se respecte...

Heinsenberg commença à pivoter légèrement la tête puis la fit tourner jusqu'à ce qu'il puisse s'arrêter...Après avoir observé l'envie de Stromboli de devenir un hibou il lui confia alors sa première mission : " Jeune aspirant hibou, la première étape consistera à faire comme moi c'est à dire de faire pivoter ta tête à 270 degrés pour cela il faut essayer de te mettre dans la peau du hibou, te sentir être un hibou ! Ce n'est pas chose simple mais je sens le jeune hibou qui sommeille en toi et qui désire être révélé ! Mais sache que la formation totale se constitue de cinq étapes :
- Celle que tu vas accomplir, qui te permettra d'avoir un champ de vision plus étendu.
- La deuxième étape consistera à aller pêcher un poisson en suivant ton instinct de hibou, en étant aussi vif que lui, pour cela il te faudra te mettre dans la condition du prédateur ! Ensuite tu pourras débusquer le moindre poisson qui se situe aux alentours !
- La troisième étape consistera à te repérer dans le noir comme le fait le hibou, la nuit sachant que c'est un animal nocturne, ainsi tu deviendras nyctalope.
- Ensuite les choses ce corsent à partir de là tu es un hibou accompli, il te faudra affronter le plus grand ennemi du hibou c'est à dire le froid, qui décime des populations entières de hiboux parfois ! Pour cela nous allons te recouvrir de glaçons et tu devras résister pendant une minute, suite à quoi tu seras doté d'une excellente résistance au froid !
- La dernière étape la plus compliquée, chaque hibou sait voler pour cela il va falloir t'élancer dans le vide et penser à trois mots très importants qui feront de toi le maître en la matière : "Grâce, légèreté et splendeur" , tu verras pourras alors contempler tes nouvelles capacités et tu auras l'envergure d'un maître hibou ! "


Après avoir observé Stromboli réussir avec brio toutes les étapes il le nomma alors maître hibou et lui décerna l'habit distinctif de chaque hibou ayant accompli la totalité de sa formation, il lui remit aussi son diplôme et après la fin de la danse traditionnelle hibouesque pour célébrer le succès de Stromboli il lui confia ses quelques mots : "En plus de pouvoir maîtriser toutes ces nouvelles capacités tu as aussi acquis le langage des hiboux, par conséquent saches que chaque hiboux viendra à ton aide en cas de problème ou de nécessité, tu es maintenant des leurs et j'espère également que tu me surpasseras en pouvant obtenir la forme originelle du hibou, chose que je ne suis pas parvenu à accomplir. Tu peux également recruter de nouveaux membres dans notre confrérie en t'occupant de leur formation, houuuuuu houuuu houuuuuuu * (*bonne continuation jeune hibou !), je te nomme pour finir en sachant que tu as peur des termites : Hibou du Cap , tu es désormais leur prédateur, j'espère que cela te fais plaisir!



[Bonjour, Bonjour,
Retrait de l'image par mes soins car hors norme. Veuillez prendre connaissance des Règles d'or du coin des aRPenteurs.
Bon jeu, Bon RP,
Modo Mahelya]
Stromboli
La journée avait été des plus agréable ! Le jeune maire de Troyes rencontré en taverne, Heinsenberg, était en réalité le maitre des hibous. Stromb, qui voulait découvrir le hibou qui sommeille en lui, lui avait dit qu'il voulait suivre la formation.

Il subit donc les étapes. Il appella pour ce faire le hibou qui l'habitait. Il s'était donc retrouvé sur une poutre, à se dandiner au dessus du vide, grattant son pelage de son bec pour en faire tomber les puces. Et ce, tout en restant un homme ! Il avait également testé le service des choppes dans le noir, mais cette étape fut sans conteste la plus aisée, car les choppes, il était même capable de les servir en faisant le poirier. L'étape de la pêche fut la plus rafraichissante, il avait apprit à attraper des poissons rien qu'avec sa bouche. Et parmis les autres étapes, donc le saut par la fenêtre pour arriver à voler, il avait prit grand plaisir à devenir tout au fond de lui un vrai hibou !

A la fin de sa formation, Heins l'avait couronné maitre hibou, un titre majestueux tout autant que l'habit et la danse hibouesque. Et enfin, il su qu'il était un hibou du Cap ! Son coeur s'emplit de joie à cette idée ! Jamais plus il ne craindrait les termites !! Désormais, il les mangerait !!!!


- Houuuu hou houuu houuuuu ! (merci grand maitre !)

Sur ce, il prit son envol et alla pêcher pour le repas du soir.
Matouminou


ARRIVEE A TROYES, le 8 avril 1460

Le voyage sur la Seine s'était déroulé dans les meilleures conditions. Le bateau avançait tranquillement, chaque manœuvre se déroulant sans encombre.
Le pont retentissait de leurs rires, de cavalcades, les jeux se succédaient. Matou et Mahaut n'étaient pas les dernières à participer à ce joyeux brouhaha. Le soir, les enfants s'endormaient sans demander leur reste, alors Matou et Stromb se retrouvaient au mess, profitant l'un de l'autre, parlant de leurs projets, Ils avaient encore un cap à passer, ils le savaient. mais après cela, plus rien, ni personne ne les empêcheraient de vivre comme ils l'entendaient et surtout de profiter de leur bonheur.
Stromb parlait de ses filles tout à sa joie de bientôt pouvoir les serrer dans ses bras.

Enfin, après deux jours de navigation, tandis que le soleil était en train de se coucher, le port de Troyes apparut devant leurs yeux. Matou prit la barre, tandis que Stromb faisait le nécessaire pour descendre la voile, il fallait entrer dans le port le plus doucement possible. Guillaume rassemblait les cordages, Mahaut l'aidait.

L'autorisation d'accoster arriva par une mouette et Matou guida le foncet vers l'anneau prévu. Stromb et les enfants se tenaient à ses côtés. Un crissement s'était alors fait entendre. Vraisemblablement, et c'est ce qu'ils constaterait en en débarquant, Matou avait serré d'un peu trop prêt le ponton. Ben oui, elle était pas non plus une experte!!

Ils passèrent une dernière soirée à bord. Le lendemain aux aurores, Matou alla toquer à la porte de Aégidius, pour l'informer qu'ils allaient débarquer et que, de fait, c'est lui qui devenait capitaine. Il l'a remercia avec un sourire, s'excusant de ne pas avoir été plus présent. Elle lui sourit à son tour et le pria de ne pas s'excuser, elle savait qu'il avait besoin de repos. Puis, elle lui souhaita un bon retour.

Sitôt descendue, Matou se mit en quête d'une auberge avec Mahaut et Guillaume qu'ils trouvèrent vite et où elle réserva deux chambres, précisant qu'il faudrait rajouter dans l'une d'entre elle, un berceau et un petit lit.
Quant à Stromb, ne pouvant plus attendre, il se fit expliquer le chemin vers l'orphelinat et ne tarda pas pour se mettre en route.

Quelques heures plus tard, Strom l'avait rejointe, la mine déconfite. Il lui expliqua qu'il avait rencontré une nonne en ville qui lui avait dit qu'il était inutile qu'il aille jusqu'à l'orphelinat, les visites n'étaient autorisées que le dimanche, or l'on était samedi. Matou le réconforta, il était abattu. Si près de ses filles, et devoir encore patienter.

Un homme était alors entré, il se présenta comme étant Messire Heinsenberg, bourgmestre de la ville. Cet homme était plein d'allant, et se révéla fort aimable. Ils sympathisèrent immédiatement avec lui.
Il y a des personnes, comme cela, avec qui on a envie de faire plus ample connaissance.
L'homme, toutefois, était un peu étrange....Tard dans la nuit, il entreprit de leur raconter une bien curieuse histoire....


Citation:
Écoutez je dois vous dire une chose, ne soyez pas effrayés mais je suis le grand maître des hiboux ! "



RÊVE OU RÉALITÉ?

Il existe des moments où l'on ne sait plus trop où l'on se trouve...Lorsque Heins, le maire de Troyes, s'était mis à raconter cette histoire de confrérie des hiboux, Matou avait souri et l'avait attentivement écouté. L'histoire était belle et amusante et elle ne fut pas étonnée quand Stromb s'écria joyeusement
:

- Je veux en être!! je veux réveiller en moi le hibou qui m'habite!


Et l'apprentissage commença. Heins avait l'art et la manière de faire régner le suspens, de laisser passer un temps, pour ménager les effets de surprise. Stromb se faisait docile et écoutait attentivement, et elle, elle riait, heureuse de ces moments magiques, feignant parfois l'étonnement, fronçant les sourcils, secouant la tête et levant les yeux au ciel... le jeu était plaisant.

Les étapes de ce réveil commencèrent. Strombibou les passa haut la main, ou plutôt haut l'aile. L'avant dernière étape donna des frissons à Matou, il fallait affronter le froid or son volcan était un homme du sud. Elle lui avait alors alors murmuré, espiègle:


-Pense à moi, mon chéri, pense que tu me tiens contre toi...

Et il passa l'épreuve avec brio.

Mais c'est la dernière épreuve qui fit le plus peur à Matou. Un hibou doit voler, et voilà Stromb, au bord de la fenêtre la plus haute de la taverne, prêt à s'élancer.

Elle avait étouffé un cri, mais il était inutile de tenter de lui faire entendre raison. Elle commençait à bien le connaitre, il irait jusqu'au bout. Au moment, où il s'élança, elle ferma les yeux, attendant le bruit caractéristique d'un corps s'écrasant au sol. A la place, elle n'entendit que des grognements rageurs. Elle s'était précipitée à la fenêtre et la scène l'avait faite éclater de rire. Strombibou, plus Stromb qu'hibou d'ailleurs à ce moment là, car il râlait tout ce qu'il savait, s'était écrasé sur des bottes de paille.
Qu'à cela ne tienne, il ne s'avoua pas battu pour autant et il recommença. Le deuxième essai fut le bon... Il était devenu un hibou accompli.
En plus d'être un Hibou t'en train, un car Hibou, un Hibou lasse parfois, il devenait le Hibou du cap, prédateur des termites, insectes dont il avait une peur bleue.

Matou avait applaudi, fière du nouveau statut de son volcan. Toutefois, elle avait émis une réserve sur certains aspects de la vie de ce rapace nocturne:


- Pas de nid!!!! pas de plumes dans le lit!! Et tu réveilles le hibou qui est en toi, que si c'est d'une absolue nécessité!! Et surtout....tu me préviens quand tu te sens plus hibou que volcan!!


Heins et Stromb avaient joint leurs rires aux siens et Heins avait lancé:


-Dommage Matou que tu ne veuilles pas tenter de réveiller l'hiboute qui est en toi!!



Elle avait secoué la tête, rétorquant un peu moqueuse, en regardant Stromb:

- Nannnn...il faut qu'il y ait quelqu'un qui reste la tête sur les épaules!!

_________________




































Stromboli
- Pas de plumes dans le lit ?? Pffff... forcément, si tu y mets SI PEU du tiens !

Et il râlait encore et toujours ! Et plus il râlait, plus Matou rigolait. Et plus elle rigolait, plus il râlait... Bref, Troyes resterait dans la mémoire de Stromb. A la fois comme étant le lieu où c'était déroulé une tragédie qui avait failli l'achever lui-aussi, mais aussi grâce à la bonne humeur qui régnait ici. Il comptait désormais le maire Heinseberg comme l'un de ses amis, même si ce bougre de hibou avait bien failli le plumer au ramponneau !!

Le dimanche arriva enfin. Tôt le matin, Stromb avait bondit sur ses pieds direction l'orphelinat. Il avait traversé la forêt qui le séparait du village et emprunté le petit chemin de terre pour enfin arriver. C'était une batisse des plus modestes, surmontée d'un petit clocher et entourée d'un vaste jardin. Si tôt dans la journée, il n'y avait aucun bruit d'audible. Tout était calme, endormi... Seul le chant de quelques oiseaux s'éveillant à la vie raisonnaient plus haut dans les arbres.

Le brun s'approcha de la lourde porte d'entrée. Il toqua. Pas de réponse. Il recommenca plusieurs fois jusqu'à ce que le judas finisse par s'ouvrir et dévoiler deux yeux manifestement aigris et furieux d'avoir été tirés de leur sommeil.


- C'est pour quoi ? Vous avez vu l'heure ??

Une voix sifflante, persante, haut perchée. Stromb mit deux secondes avant de répondre.

- Et bien je... je suis là pour récupérer mes deux filles. J'ai croisé une nonne hier et elle m'a dit de passer aujourd'hui, donc me voila... Ixia et Luna. Elles ont 5 ans et 4 mois. J'ai un papier attestant de ma bonne foi.

Il tendit le parchemin souillé de sang croûté à la nonne revêche. Celle-ci plissa le nez en voyant la chose immonde sous son nez. Elle le lu en diagonal, sans sembler y prêter grande attention. Puis fronca les sourcils pour tenter de déchiffrer le nom à la fin, celui-ci étant écrit de la main d'une agonisante sentant ses forces la quitter. Puis elle détailla Stromb des pieds à la tête.

- Je ne sais pas qui vous êtes. Votre parchemin n'est pas clair et plein de sang. Et je doute qu'un homme seul puisse s'occuper de deux fillettes si jeunes. Passez plus tard, la mère supérieure décidera.

A peine eut-il le temps d'ouvrir la bouche pour protester que le judas se referma dans un claquement sonore. Il en resta coi. Il sentit la colère monter en lui. Comment ces nonnes, ces maitresses de Dieu, osaient-elles retenir ses enfants en toute impunité ? Pendant quelques secondes, il s'efforca de se raisonner et de maitriser sa rage naissante. Allons allons... rien ne sert de faire une entrée remarquée, tu n'aurais plus aucune chance par la suite... Il fit quelques pas pour se calmer. Il était trop tôt, il allait les froisser. De plus les enfants devaient dormir encore. Alors il jetta un regard à l'orphelinat et tourna les talons. Il s'enfonca dans la forêt au hasard. Au bout d'un moment, il choisit de quitter le sentier battu. Les mains dans les poches, pensif, il marchait entre les arbres. Le soleil brillait et annoncait une belle journée. Plus le temps passait, plus il montait dans le ciel. Il jettait sur la forêt qui s'éveille des couleurs fraiches assorties à la rosée matinale. Il respira à pleins poumons l'air de cette forêt, senteur de terre et végétation mêlées. Il vagabonda pendant plusieurs minutes, laissant son esprit se calmer et profitant du calme serein de l'endroit.

Un bruit vint à son oreille. Il redressa la tête et sortit de ses songes. Il stoppa pour mieux repérer et compendre la nature de ce son. Il était assez loin, mais il put entendre clairement le bruissement d'une source. Il y avait de l'eau qui coulait quelque part par là. Stromb décida de s'orienter dans cette direction.Aprés tout, peut-être un endroit pittoresque ? Au fur et à mesure qu'il progressait, le bruit se faisait plus proche, plus claire. Il sentait qu'il se rapprochait.

Mais alors qu'il avancait inexorablement, il tomba sur une petite clairière baignant dans le soleil et protégee par la végétation environante. Et tout au bout de cette clairière, Stromb appercut une chose à laquelle il ne s'était pas préparé du tout. Son coeur se glaca dans sa poitrine et ses jambes stoppèrent. Elle était là. La roulotte d'Inba. Nichée dans la verdure.. Elle semblait le guetter. Le brun en resta pétrifié. Il observa cette vieille dame de bois qu'il connaissait si bien. Son coeur battait fort, mais il ne put résister à l'envie de s'approcher. Alors il s'avanca doucement, avec précautions, comme le pélerin s'avance vers un sanctuaire de prière. La roulotte était intacte, les carreaux aussi. Manifestement, aucun brigand ne l'avait visitée. Il posa sa main sur le bois, retenant son souffle. Puis il aggripa la poignée et la tourna.

La porte s'ouvrit et il pénétra à l'intérieur. A peine un pas dedans que les souvenirs se jettèrent sur lui comme des rapaces sur une charogne. Son coeur battait toujours aussi fort et son regard balayait la "cuisine" qui faisait office d'entrée. Il huma l'air, cet air si familier. Il y reconnu habituelle odeur de vieux bois, une petite senteur de savon, ainsi que celle de chacun de ses occupants. S'ajoutait désormais une odeur de poussière mêlée à quelque chose d'autre... comme du fruit pourri. Il posa son regard sur les objets environants : la vaisselle sale était posée dans un coin, réclamant d'âtre lavée. Des restes de petits déjeuner pourris trainaient sur la table : quelques fruits, un fond de lait tourné au fond d'un bol, un quignon de pain rassis... Un sourire mélancolique s'ettira sur son visage. Connaissant bien Inba et les filles, elles avaient sûrement du partir en vitesse s'amuser quelque part, laissant la vaisselle de côté pour plus tard.

Il était confronté à cette vison de la roulotte vide, inanimée, abandonnée. Et dans le même temps, il revoyait les matins et les petits déjeuners à table qui étaient tout sauf calmes et ennuyeux. Ca parlait, ça riait, ça balancait de la mie de pain, ça chantait parfois... Et puis finalement, on laissait tout en plant et on partait vite s'amuser dehors. Ce souvenir lui serra le coeur, surtout maintenant qu'il voyait cette pièce tellement silencieuse et figée dans le temps... Il décida de s'avancer un peu. Il apperçut la porte donnant à la petite chambre de Luna. Il la poussa et pénétra à l'intérieur. Rien n'avait changé, tout était à sa place. Le berceau au milieu, les rideaux à moitié tirés à la petite fenêtre, quelques malles dont on ne savait pas quoi faire et que l'on avait empilé là... Il s'approcha du berceau et jetta un oeil dedans. Evidement, pas de bébé. Les couvertures étaient relevées et une petite peluche en forme de mouton trainait au fond. Son coeur se serra encore à a vue de ce doudou. Il leur avait envoyé un soir, ainsi que d'autres objets, pour leur montrer qu'il ne les oubliait pas. Il prit la peluche dans ses mains et sortit.

Il entra ensuite dans la chambre d'Ixia. En bordel, comme d'habitude, et ça le fit sourire. Tout ses jouets trainaient ici et là, le lit n'était pas fait, des parchemins remplis de dessins tronaient fierement ici et là... Il s'assit sur le petit lit et laissa son regard vagabonder. Ca n'avait pas changé d'un pouce ici aussi, figé dans le temps. Seule la poussière et une odeur de renfermé étaient apparu. Il avait construit à Ixia nombre de jouets en bois et cédé un nombre encore plus grand de babioles qu'ils avaient ramené des nombreux marchés visités. Il soupira et se leva. La suite de la visite s'annoncait plus difficile...

Il pénétra enfin dans l'ancienne chambre à coucher qu'il partageait autrefois avec Inba. Son coeur était au supplice. Les souvenirs ici étaient bien trop forts, bien plus qu'ailleurs. Il ouvrit la penderie, les malles, constata que son incroyable garde robe était toujours là. Il ouvrit également certains tirroirs où il reconnu des choses lui ayant appartenu. A chaque objet remontait un souvenir, un sourire, un rire, une petite manie... Il s'assit sur le lit en plongeant dans toutes ces bribes de temps qui enfin de compte s'étaient échappées si vite. Il ouvrit d'autres tirroirs, d'autres malles pour trouver des trésors.

Et puis le tirroir qu'il ne fallait pas ouvrir. Il contenait des lettres... des correspondances. Son sourire mélancolique s'effaca et son regard s'assombrit au fur et à mesure de ses découvertes. Il lisait rapidement les lettres et regardait les noms des expéditeurs. Certaines étaient un peu froissées, d'autres tachées de ce qu'il pensa être des larmes.

Il tenait enfin, dans ses mains, les fameux courriers qui avaient fait basculer Inba. Les fameux noms qu'il ne pensait jamais connaitre... il les avait enfin.

Au fur et à mesure qu'il lisait, il sentait une rage sourde, incontrolable monter en lui. Les gens qui l'avait trahi étaient des amis trés proches. Et les horreurs qu'il lisait le firent trembler de rage. Ces personnes avaient osé rapporté à Inba des horreurs, des choses que Stromb avait confié, des choses qu'il voulait garder secrètes pour ne pas la faire souffrir... Et ces personnes là avaient tout balancé... Elles crachaient impunément sur lui, ses actes, et les courriers étaient manifestement destinées à faire souffrir gratuitement, juste pour le plaisir d'achever quequ'un déjà trés fragilisé. Les personnes qui avaient fait ça savaient qu'elles pousseraient à bout Inba, elles savaient que la fragilité et la sensibilité de celle-ci la pousserait à faire une grosse bêtise... Ces personnes avaient poussé délibérément Inba dans le vide.

Ses mains tremblaient de rage, son regard était devenu aussi noir que la nuit. Une colère sans nom, sans égal, s'était emparée de lui. Il avait envie de frapper fort... mais pas ici. Il avait envie de sang, de vengeance... mais pour ça il lui faudrait être patient. Il éplucha les courriers et repéra les noms. Il en retint 4. Quatres noms que même la pire sorcellerie ne pourrait pas lui faire oublier. Quatre traites qui paieraient un jour leur couardise, leur méchanceté gratuite.... qui paieraient leur meutre, tout simplement. Car si Stromb était conscient de ses erreurs, il avait désormais conscience que certaines personnes en avaient faites de plus grosses. Il ramassa toute les lettres, les fourra dans sa besace et sortit.

Une fois dehors, il ramassa une hâche et se mit à tapper de toutes ses forces dans un arbre, à chaque coup criant sa haine et sa rage meurtrière. Les éclats de bois volaient dans tout les sens et l'arbre qui était pourtant solidefut trés rapidement entamé par les coups qui l'assénaient. Au bout d'un moment, il plia et tomba dans un craquement sourd. Loin d'être calmé, Stromb sauta dessus et le matraqua de toutes ses forces. Aprés plusieurs minutes à faire du petit bois, il lacha la hache, épuisé. Il se laissa tomber et s'adossa contre le tronc. Le souffle court, il songea à mille façons d'accomplir sa vangeance. Car ce crime ne resterait pas impuni, ça non !

Il finit par se lever et entra à l'intérieur. De retour dans la chambre, d'un calme trés relatif et tremblant toujours, il entreprit de faire un tri. Il se saisit d'une malle et entassa quelques affaires et souvenirs d'Inba, nécessaires à son deuil. Puis il se rendit dans la chambre d'Ixia, entassa habits et jouets dans la malle. Le peu de place qui restait servit à ranger les maigres affaires de Luna. Il ferma les volets de la roulotte et sortit. Un regard à l'intérieur, le dernier de toute sa vie. Jamais plus il ne mettrait les pieds là-dedans, jamais. La derniere fois qu'il avait quitté cette roulotte, le même silence pesant y régnait. Mais cette fois-ci, jamais plus la vie reprendrait dans la vieille dame de bois...

Il ferma la porte à double tour, ayant gardé une clé de la roulotte au fond de sa besace. Il hissa la malle sur le siège qui servait au meneur et se rendit vite compte qu'il lui manquait un cheval pour tirer. Il se souvint qu'il avait croisé un âne en venant, quelques mètres en amont. Il couru le chercher, ou plutôt le voler, et revint avec. L'animal était coriace, mais Stromb arriva à le trainer et à l'attacher avec quelques cordes à la carioles. Il se placa à côté de l'animal et le fit partir, mettant en branle la maison sur roues. Il resta à côté tout en marchant, son esprit refusant de se défaires des visages traitres.

Aprés plusieurs minutes, il finit par atteindre le bord d'une rivière. Et un spectacle encore plus éprouvant l'y attendait...
Stromboli
La rivière était là. Il l'avait atteinte sans même s'en rendre compte, trop occupé à ruminer ce qu'il venait de découvrir. Il leva son regard fou sur cette petite étendue d'eau. Il n'y avait pas de sable, seulement des cailloux. Pas trés approprié donc pour faire une pause. Il décida alors de passer son chemin sans s'attarder d'avantage. Mais alors qu'il allait s'enfoncer à nouveau dans la forêt, quelque chose attira son attention.

C'était une chose qu'il ne s'attendait pas à voir dans un tel paysage, c'était même une absurdité. Il attacha l'âne à un arbre et s'approcha de plus prés. Plantée au pied d'un arbre, à quelques mètres des cailloux et cachée par l'ombre des feuilles... une pierre tombale trônait là. Il écarta les feuilles de sa main et ce qu'il vit le glaca comme jamais.


INBA

Il porta sa main à sa bouche en reflexe. Son regard était happé, tétanisé par ces 4 lettres gravées dans la pierre. L'impression qu'un étau pesait sur sa poitrine et l'empêchait de respirer... Il se sentit défaillir. Les jambes en côton, il tomba à genoux devant la tombe, nez-à-nez avec son pire cauchemar, nez-à-nez avec tout ses démons. Son cerveau était comme balayé par une tempête. Il n'arrivait plus à penser, à réfléchir, à être sensé. Il mis plusieurs minutes avant de retrouver ses eprits. Il posa sa main sur la pierre froide et caressa du bout des doigts le nom de cet être cher et tant aimé parti trop tôt... La sensation d'être complètement abasourdi se mua en chagrin, un chagrin perçant, immense. Un chagrin réel qui le ramenait un mois en arrière, alors qu'il apprenait la terrible nouvelle.

Puis il réalisa avec effarement qu'Inba se trouvait juste sous lui. Par reflexe, il baissa la tête et regarda la terre sur laquelle il était agenouillé. Alors il se laissa tomber totalement dessus, posant sa tête tout contre la pierre tombale. Presque recroquevillé, il caressait la terre du bout des doigts, le regard un peu fou, son esprit malmené déconnectant complètement. Il chantonnait entre ses dents une berceuse d'enfant, qui vu le ton et la circonstance n'avait plus rien de rassurant. Une larme perla au coin de sa joue et vint mourrir dans la terre. Il aurait aimé sentir sa présence, sa chaleur... Aprés plus d'un mois de séparation et des lieues de distance, les ex amants terribles étaient à nouveau réunis pour une ultime danse. Quelques larmes coulaient de son visage et s'enfoncaient rapidement dans la terre, comme pressées de la rejoindre tout au fond...

Il resta comme ça plusieurs heures durant, pleurant silencieusement et remémorant tout ses souvenirs en caressant cette terre. Il revoyait leur rencontre à Villefranche, leurs rigolades, les conseils qu'elle lui avait donné. Puis le départ à Espalion, quelques baisers volés par ci par là, sentiments inavoués et inavouables qui les avaient prit aussi subitement que rapidement. Il revoyait son sourire, ses rires, ses coups de gueule et sa façon de râler. Il la voyait encore descendant à une vitesse déconcertante des bouteilles entières de calva, de vin, de whisky, de prune... mais aussi des tonnelets de bières comme s'il en pleuvait. Il avait eu du mal à être ne serait-ce qu'à son niveau. Elle le narguait, il râlait, mais au fond de lui ça le faisait rire.

Il était parti pour la Normandie et elle voir les nonnes, les deux fuyant l'amour bêtement. Courriers échangés, sentiments intarissables... Quelques mois aprés, il avait tout quitté pour la rejoindre, et elle avait fait de même. Dés lors, il n'avait jamais cessé de voir leur amour grandir plus encore chaque jour. Les deux bestiaux étaient coriaces, et les disputes étaient monaie courante. Et vu le caractère de chacun d'eux... La vaisselle volait trés rapidement. Les réoncilliations tout aussi fortes. Avec les temps et certains évènements, les disputes avaient prit le pas sur le reste. Je te quitte, moi aussi. Je reviens, moi aussi. Puis finalement je te requitte, toi aussi tu me fait ch***... Aprés maintes disputes et de longs mois d'amour, les amants terribles s'étaient dit adieu, gardant comme fruit de leur amour la petite Luna.

Etrangement, il ne pensa pas aux coups durs. Son esprit d'habitude si torturé semblait avoir décidé de lui montrer que de bons souvenirs, des souvenirs doux-amères qui lui faisait mal au coeur, mais sans pour autant le poignarder trop violement. Chaque moment intense, tendre, beau de leur vie défila dans sa mémoire. Il ferma les yeux et se laissa emporter dans cette douce torpeur. Il s'endormit et voyagea dans ses souvenirs. Il les passa un par un, sans en oublier aucun...

Et il finit par arriver à la fin. Le dernier souvenir était leur dernière soirée ensemble. Elle avait était positive et plus ou moins sereine. Il s'étaient soulés comme des gamins, comme au début de leur relation, et avaient fait les fous. Et arrassés, ils s'étaient adossés au mur de la taverne. Elle avait posé sa tête contre la sienne et il avait fait de même. Ils étaient resté comme ça de longues minutes, profitant du silence et du seul fait d'être ensemble, même si c'était la dernière fois.

Et puis plus rien. Le noir.

Alors dans son rêve apparut Inba. Mais rien à voir avec la Inba ensanglantée de la première fois... non... C'était la Inba qu'il connaissait, celle qu'il avait aimé. Elle était plantée devant lui, l'air assuré, ses yeux verts pétillaient comme à chaque fois qu'elle posait son regard sur lui. Un sourire magnifique et un rien espiègle s'étira sur son visage. Elle portait une robe blanche immaculée dans laquelle il l'avait vu une fois et qui l'avait profondément troublé. Alors il se leva prestement et s'approcha d'elle. Il la regarda avec les yeux du croyant qui voit apparaitre le Christ. Il voulu toucher son visage, du bout des doigt, avec d'infinies précautions... C'était tellement réel.. il pu sentir la douceur de sa peau sous sa caresse, même le frisson courrir le lond de sa peau. Son coeur cognait contre sa poitrine, il balbutia quelques mots...


- Mon dieu... c'est toi... tu... tu es si belle.

Le sourire de la jeune femme s'étira de plus belle. Elle était rayonnante. Il se serait couper un bras pour savoir que ce n'était pas son imagination qui lui faisait voir ça mais bel et bien la réalité...

Il avait longtemps rêvé de ce moment, mais jamais il ne s'était posé la question du "je lui dis quoi maintenant ?". Et présentement, c'était exactement son problème... Il ouvrit la bouche et articula quelques mots.


- Tu es magnifique...vraiment magnifique... si tu savais comme je m'en veux...

A son grand étonnement, il entendit sa voix s'étrangler dans sa gorge. Il fuit incapable de dire la suite. Un sanglot avait prit la place. Il se maudissa intérieurement d'une telle faiblesse. Voila qu'il allait pleurer comme un gamin, comme un lâche.

Il la regarda les yeux brillants, retenant les larmes et la détresse qui l'habitait. Il était planté là, impossible de dire quoi que ce soit et au bord de l'implosion. Quelle belle impression il faisait... Voila jusqu'où sa fierté exacerbée l'avait menée. Il baissa la tête.

Un doigt fin se posa sous son menton et le releva. Le regard vert se plonga dans le regard noir. Il sentit du réconfort dans ce geste, son âme qui s'apaisait sans qu'il comprenne pourquoi. Enfin elle parla.


- Va t'en, Stromb.

Interloqué, il la regarda.

- Quoi ? Non ! Non... Pourquoi ??

Elle le regarda droit dans les yeux et poussa un léger soupire.

- Stromb... arrête les tortures... arrête d'enrager... et surtout arrête avec ta fierté. Tu as vu où ça nous a mené ? Quand est-ce que tu vas arrêter tes bêtises ? Grandis un peu bordel !

Il ouvrit la bouche pour dire quelque chose... mais rien ne sortit. Groumpf ! Il la regardait. Elle était belle. Il constata qu'il n'arrivait pas à la laisser partir. Une mort trop soudaine, trop brutale... il n'acceptait pas. Alors elle reprit la parole.

Je t'aime Stromb... tu dois me laisser partir maintenant. Les étoiles sont nombreuses dans le ciel. Elles sont toutes à mes côtés..

Il voulu répliquer, c'était peine perdue. Elle l'attira contre lui. Ses bras l'entourèrent et il se laissa aller. Il pu sentir son odeur, reconnaitre sans probleme les méandres de son corps... Il la serra fort contre lui. Il était proprement incapable de dire un mot. Mais elle savait. Elle avait toujours su. Les mots n'étaient qu'une option et l'avaient toujours été. Il profita donc de cette étreinte le plus longtemps possible.

Il finit par se détacher d'elle. Il sentit sa main caresser son visage doucement. Son regard était toujours ancré au sien. Il murmura dans un souffle...


- Adieu...

Il recula et elle ne le retient pas. Un dernier sourire, et elle lui envoya un baiser. Il le reçu comme une onde de choc, un réveil sur sa condition et sur tout ce qu'il avait raté. Il prit conscience à ce moment là de ce qu'il devait faire, des changements à opérer. Tandis qu'elle disparaissait et que son rêve se déchirait, il murmura un "je t'aime" entre ses lèvres. Avant qu'elle ne parte complètement, il crut la voir faire faire un clin d'oeil. Il ne fut même pas vraiment étonnée. Elle était comme ça. Elle était Inba.


Lorsque Stromb se réveilla, il était nuit. Il ouvrit les yeux, la tête lourde, et se redressa comme il pu, en équilibre sur un coude. Combien de temps avait-il dormi ? Bien trop longtemps en tout cas... Froissé, il regarda autour de lui et reprit doucement ses idées. Il regarda la pierre tombale froide, sans âme, puis tourna son regard vers le ciel. Il étincellait de mille étoiles... Son regard changea du tout au tout. Ce rêve... lui avait paru si réel. Pendant un moment, il regarda l'étoile la plus brillante et fut intimement persuadée que c'était elle qui brillait tout là-haut. Elle faisait la fête, mais gardait un oeil sur les gens qui était encore en bas. Alors il s'allongea de nouveau, sur le dos, et admira le ciel étoilé pendant plus d'une heure.

Le fait d'avoir trouvé la scépulture avant tout le monde était finalement une bénédiction. Il avait pu dire adieu à son amour, commencé à tourner la page, tout doucement. La tache serait longue et dure, mais il se promit d'y arriver.

Au bout d'une heure, il se leva. Il regarda une dernière fois le lieu où Inba reposait, puis se dirigea d'un pas las vers la roulotte et l'âne. Il détacha la bête et rentra au village.

Arrivé à l'auberge, il cacha la roulotte dans la grange et détacha la brave bête. Une caresse et il monta dans la chambre qu'il partageait avec Matou. Il y pénétra silencieusement, se déshabilla et se glissa entre les draps. Il resta la nuit entière à la regarder dormir, sachant désormais où se trouvait son avenir.

Sa vie désormais appartenait à Matou, mais Inba ne le quitterait jamais.
Matouminou


Elle tournait en rond, nerveuse et attendant le retour de Stromb, parti pour l'orphelinat, en ce beau dimanche de juillet.
Elle avait hâte de serrer les petites dans ses bras. Luna n'était encore qu'un bébé, pourtant, Matou était sûre qu'elle avait ressenti l'absence de sa mère. Quant à Ixia, c'était évident. La fillette devait se poser des tas de questions. Les nonnes, si elles peuvent se montrer généreuses et à l'écoute, n'ont pas toujours la sensibilité et les mots pour ce genre de situation. De plus, aucune ne connaissait l'histoire d'Inba et de ses filles.

Matou soupira, elle imaginait les petites, pauvres petits bouts de choux livrées ainsi à la cruelle loi de la vie. Elle se promit de leur apporter toute la tendresse qu'il leur faudrait.

La journée s'écoula, elle alla en taverne, parla avec Heins et Sysley, essayant de ne pas trop penser. Arriva le soir, elle dîna avec ses enfants, elle avait réussi à ne pas montrer son anxiété et leur avait même expliqué l'histoire de Stromb, d'Inba et des petites. Elle n'avait rien caché de la raison pour laquelle ils étaient à Troyes. Mahaut avait bien accueilli la nouvelle. L'idée d'avoir deux petites filles dont elle ne manquerait pas de s'occuper, lui plaisait. Elle était très maternelle.
Quant à Guillaume, il avait haussé les épaules, prenant un air blasé et avait dit en soupirant:


- Deux filles de plus..arff..va falloir qu'on s'impose avec Stromb!!


Cela avait faire rire Matou. La soirée avait ainsi passé à parler des projets à venir. Matou avait envisagé d'engager un précepteur, enseignant qui les suivrait et veillerait aux études des enfants. Puis, elle était revenue sur cette idée. Après tout, elle était capable de s'en occuper, apprendre à lire et à écrire à Ixia ne poserait pas de problème, faire revoir sa littérature à Mahaut serait un jeu d'enfant aussi bien pour elle que pour Stromb du reste, récemment diplômé dans ce domaine. Et puis, il y aurait l'enseignement sur "le tas" comme elle disait. Au fur et à mesure de ce qu'ils découvriraient au cours de leur voyage.
Pour les matières un peu plus ardues, rien ne l'empêchait de trouver des érudits dans chaque village où ils passeraient. Il faudrait qu'elle en discute avec Stromb.

La nuit venait de tomber quand ils allèrent se coucher. Elle les embrassa tendrement, leur souhaitant une bonne nuit, puis regagna la chambre qu'elle partageait avec Stromb. Elle rangea quelques affaires, n'oublia pas de nourrir Josiane de quelques bouts de saucisson. Stromb avait emmené avec lui Ernest, le petit rat d'Ixia. Il avait pensé qu'elle serait heureuse de le revoir.

Elle lutta pour ne pas s'endormir, en vain. Peut-être était ce mieux. Le sommeil était un refuge.

Le lendemain, en ouvrant les yeux, elle constata tout d'abord que la place dans le lit à côté d'elle était vide. Toutefois les draps étaient froissés, preuve que Stromb était rentré. Elle ne l'avait pas entendu. Elle se leva et le vit à la fenêtre. Nulle trace des petites. Son cœur se glaça.
Il dut l'entendre car il se retourna. Elle étouffa un cri. Son visage était cerné par la fatigue, de grosses cernes ornaient ses yeux. Son regard était noir, ses lèvres serrées en un rictus de colère mêlée à un immense chagrin.

Elle le regarda en l'interrogeant du regard. Alors lentement, il lui raconta ce qu'il avait découvert. Elle l'écouta sans l'interrompre, hochant seulement la tête de temps à autre.

Lorsqu'il eut fini, elle avait pris la pleine mesure de ce qu'il avait vécu la veille. Son coeur se serra mais elle ne dit rien, elle savait que le deuil était en bonne voie. Bien sur les blessures seraient longues à guérir et les cicatrices resteraient à jamais. Inba avait énormément compté dans la vie de Stromb, il se devait de la garder dans son cœur. Il apprendrait à vivre avec leurs plus beaux souvenirs, et un jour il raconterait à Ixia et à Luna, toutes les belles choses vécues avec leur maman.

Elle se serra contre lui. Il la prit dans ses bras, et ils restèrent ainsi un moment, enlacés. Il fallait se tourner maintenant vers l'avenir, non seulement pour eux, mais pour leurs enfants.

Pour autant, le souci de l'orphelinat n'était toujours pas réglé. Ça en devenait alarmant.

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Stromboli
Le soleil brillait sur la ville de Troyes. Il innondait les chaumières d'une douce chaleur et redonnait motivation aux travailleurs. Les paysans étaient au champs, les mineurs à la mine, les nobles à leurs bureaux... Et Stromb n'avait pas mis le nez dehors. Les volets mi-clos, la porte fermée à clé. Il ne voulait voir personne. Assis au petit bureau, une bougie éclairait faiblement la piece et son visage. Il avait la mine complètement fermée.

Depuis la veille, il ne faisait qu'à penser à ces 4 personnes. Quatres noms, quatre visages, quatres traitres. Il repensait à ce qu'il avait vécu avec elles : les moments de joie, de rire, d'extrême complicité voire même de fraternité. Il entendait leurs paroles, amicales, chaleureuses. Et en repensant à tout ça, c'était les lettres qu'ils revoyait. Des mots agressifs, couchés avec méchanceté sur des parchemins assassins. Des mots durs, sans pitié, qui détruisent sans hésiter, balayant tout sur leur passage. Il y avait des passages tellement ignobles qu'il les avait retenu par coeur sans même s'en rendre compte.

Alors il essayait de comprendre. Pourquoi un tel acharnement envers Inba ? Et pourquoi ces gens avaient-ils étaient pris d'une telle haine envers lui ? Il avait prit un vélin et l'avait plié en deux. A l'intérieur, les noms y étaient inscrits. En tête de liste, figurait une femme. C'était elle qui avait fait le plus de tors, envoyé des lettres et des bribes entières de conversations, de secrets.. Il ne savait même pas comment elle avait su certaines choses. Avait-elle espionné ? Y avait-il eu des complices ? Cette dernière pensée le rendait complètement paranoiaque. Qui ça pouvait-il être ? Encore des noms à rajouter ? Le pire, c'est que cette femme avait fait ça, et ça il en était certain, car elle était "vexée". Vexée pour des choses futilles, des préocupations puériles. Et voila les dégats qu'elle avait fait. Il voyait ça comme un gosse qui aurait tué ses deux parents et mis le feu à la maison pour se venger d'avoir été privé de dessert aprés une bêtise.

La deuxième personne sur la liste était également une femme. Une qu'il savait traitresse et fourbe au plus haut point. Cependant il avait été ami avec elle, et ce sincèrement. Elle avait également trahi, et cela ne l'étonnait pas. Elle s'était toujours mêlé de ce qui ne la regardait pas, sans même savoir où elle mettait les pieds et sans même connaitre l'histoire d'Inba et Stromb. C'était une personne lache, qui en taverne n'était pas capable d'avoir de la répartie et qui ne l'ouvrait que lorsque ses amis s'y trouvaient. Mais même là, elle n'était pas à la hauteur. Alors elle faisait les pires crasses dans le dos des gens, sûrement pour se sentir à la hauteur, pour se dire qu'elle n'était pas rien. Alors qu'elle était tellement rien...

La troisième personne était un homme. Un homme qu'il considérait comme un frère, un homme qui avait des liens forts avec Inba. De toute évidence il avait craqué. Stromb se rappella qu'il lui avait même fait ses excuses pour certaines choses la dernière fois qu'il l'avait vu... Cette pensée lui donna envie de vomir, l'envie de se crever les yeux tellement il était dégouté de lui même. Pourtant le cas de ce personnage était compliqué. Inba y tenait trop. Lui aurait-elle pardonné s'il le tuait ? Il était sûr que non. Alors il dessina un point d'interrogation à côté de ce nom.

La quatrième personne était aussi un homme. Un petit con, un lache, qui s'était toujours retrouvé d'une façon ou d'une autre collé aux basques de Stromb. Il était en réalité comme la crotte sur laquelle on marche, on a beau s'essuyer partout il en reste toujours coincé un peu partout. Cet homme avait connu intimement Inba, elle l'avait jetté, il ne l'avait jamais vraiment laché. Stromb l'avait vu lui tourner autour. Il n'avait jamais vraiment relevé, se contentant de montrer les crocs par moment. Il savait qu'Inba tenait à lui, alors il se maitrisait au possible. Cet homme pourtant était un vrai lache. Toujours à se poser la question : "j'en ai marre... tiens, je vais me tuer". Et Inba qui devait le consoler pendant des heures. Cet homme de toute évidence, semblait avoir réapparu lors de la séparation. Il aurait enfoncé le clou un peu plus, et qui sait peut-être était-ce une manoeuvre pour la conquérir. Car toujours collé à son cul, Stromb était persuadé qu'il n'attendait que ça.


Il regardait pensivement son vélin. Deux femmes, deux hommes. Il sortit les parchemins en question qu'il avait récupéré dans la roulotte. Il se leva et prit la bougie. Se rapprochant de l'âtre, il les laissa tomber au fond et jetta la bougie dessus. Les vélins prirent feu et s'embrasèrent petit à petit. Les mains dans les poches, Stromb regardait d'un air glacial le papier prendre feu et crépiter dans la cheminée. Il les regardait brûler avec une intense satisfaction, se disant que bientôt ce serait leurs corps qui brûleraient sous ses yeux, et l'odeur de viande grillée remplacerait celle du papier cramé. Tout ceci serait pour bientôt. Il avait un plan, des informations, et surtout il avait besoin de sang. La tare Mazaryck était éveillée, tout son corps réclamait du sang et des morts. Et à l'image de son état de folie pure lors de l'enlèvement de Luna quelques mois plus tôt, il tremblait d'impatience de passer à l'action. Voir la vie quitter un corps aprés des heures de torture, ça n'a pas de prix...

Les derniers morceaux de parchemins finirent par noircir et les flammes avalèrent les restes de papiers. Seules quelques misérables cendres au fond de l'âtre attestaient de ce qu'il venait de se passer. La bougie s'éteint et la pièce bascula dans la pénombre. Les minces rayons de soleil qui filtraient à travers les persiennes ne parvenaient pas à redonner vie à la pièce. Stromb ne bougait pas, respirait à peine. Il était une statue de pierre, aussi froide que la pierre tombale d'Inba.

Aprés quelques minutes, il prit ses affaires et se rendit d'un pas menacant à l'orphelinat. Il en reviendrait avec ses filles, que les nonnes le veuillent ou pas.
Matouminou
RETOUR SUR UNE JOURNÉE TRÈS PARTICULIÈRE... 5 JUILLET 1460



Le voyage en bateau se déroulait sans encombre, les jours passaient et ne se ressemblaient pas, cependant.
Parfois, ils s'écoulaient tristement, au gré de l'humeur morose de Stromb. Matou savait que mille souvenirs l'assaillaient alors, que la culpabilité le rongeait, l'inquiétude aussi, inquiétude de ne pas arriver à temps pour chercher ses filles à l'orphelinat. Matou savait qu'il ne fallait pas l'ennuyer, elle se faisait discrète, il savait qu'elle était là s'il avait besoin d''elle.
Parfois, ce n'était que rires et chants et Stromb, Matou, Mahaut et Guillaume s'en donnaient à coeur joie.
Matou était ravie de voir que Guillaume et Stromb s'entendent si bien. Mahaut était encore en phase d'observation, Matou le savait. Stromb comprenait et acceptait sa réserve, Matou louait sa patience.
Pour autant, jamais Mahaut n'avait été désagréable à son égard. Il y avait même des petits signes qui ne trompaient pas, comme ce fameux matin lorsque Matou avait annoncé d'une voix joyeuse:


- Aujourd'hui c'est l'anniversaire de Stromb!


Mahaut s'était alors exclamée:


- Il est gourmand, on doit lui faire un gros gâteau!!

Alors, elles avaient demandé à Guillaume de s'occuper de Stromb, l'éloignant du mess où les préparatifs pour la fête se faisaient. Matou et sa fille avaient confectionné un gâteau avec les moyens du bord: farine, oeufs et yaourt trouvés dans la cale, des pommes, du miel et un soupçon de calva, avaient terminé la préparation.
En début de soirée, le mess avait été briqué, la table était dressée, le gâteau et les cadeaux attendaient cachés derrière le comptoir. Dans la journée, un bouquet avait été livré, il provenait d'Ixia. Matou savait que Stromb serait fou de joie en le voyant.

Il ne manquait plus que le héros de la fête. Matou alla le chercher. Il bloqua la barre et la suivit, lui confiant avec un grand sourire:


- J'ai une faim de loup!!


En arrivant dans le mess, il avait ouvert de grands yeux, ne s'attendant pas à ça. Sur la table trônait un énorme jambonneau que Matou avait commandé.
Les assiettes furent vite remplies et tout aussi vite vidées. Les rires et les plaisanteries fusaient. Le calva remplissaient les verres des grands, les enfants avaient eu droit à un peu de calva coupé avec beaucoup d'eau.
On fit un concours de grimaces qui les fit rire aux éclats, on chanta. Stromb chantant à tue tête et plus faux que jamais, comme quand il était très heureux.

Puis vint le dessert. Là aussi, il créa la surprise et l'émotion dans le regard de l'homme. Mais ce ne fut rien à côté des cadeaux.
Matou lui avait offert un tricorne de capitaine qu'il étrenna immédiatement, fièrement, puis, il découvrit la boussole qu'elle avait dénichée à Rouen, et sur laquelle elle avait fait graver les mots suivants:

Citation:

Pour mon volcan
Joyeux anniversaire

Le 5 juillet 1460

Matou


Mahaut lui donna un parchemin et il lut tout haut ce qu'elle et son frère avaient écrit:
Citation:

Messire Stromboli

On vous souhaite un très joyeux anniversaire
On est heureux que vous soyez entré dans la vie de notre maman
Et dans la nôtre aussi.
Son sourire radieux quand vous la regardez parle plus que tous les mots, et on vous dit un grand merci.

On vous embrasse affectueusement

Mahaut et Guillaume


L'émotion était palpable tant chez Stromb que chez Matou. Elle fut à son comble lorsqu'il découvrit admira le beau bouquet d'Ixia. Il remercia tout le monde avec chaleur.

Le gâteau était une réussite car il en engloutit deux grosses parts.

Cette journée avait été une bien belle journée, durant laquelle les soucis et tracasseries avaient été oubliés.

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Stromboli
[Juillet 1460, Troyes]



Stromb faisait des signes à la troupe qui s'éloignait de la ville. Des cavaliers, un seigneur, un chariot, une enfant... Les signes de la main étaient avant tout pour elle. Il tenait dans les bras un petit tas de couvertures qui bougeait légèrement. Tandis que les pas des chevaux et les roues du chariot faisaient s'envoler les dernières volutes de poussière, Stromb reporta son attention sur l'enfant qu'il tenait dans ses bras. Luna, 4 mois, le regardait de ses grands yeux et commencait à s'agiter. Il était temps de rentrer. Il tourna les talons et traversa la ville pour rentrer à l'auberge. Il monta dans la chambre qu'il occupait avec Matou depuis plusieurs jours et la chercha. Personne, tant pis, il attendrait qu'elle rentre. Il posa le panier de la fillette et les quelques affaires qui lui appartenait sur le lit. S'asseyant lui aussi et posant son dos contre le mur, il la regarda, caressant son minuscule visage d'un doigt qui paraissait anormalement long en comparaison. Les pieds étirés et croisés sur la paillasse, il savoura la joie de la tenir enfin dans ses bras.


Quelques heures plus tôt, à l'orphelinat, Stromb avait rencontré la mère supérieure. Celle-ci était déjà en entretien avec un homme qu'il n'avait jamais vu auparavant. Il portait un blason qui lui était familier et qu'il n'avait pas reconnu au premier abord. Puis il s'était présenté, Stromb avait réalisé alors ce qui venait de lui tomber dessus, telle un rocher s'écrasant sur sa poitrine à pleine vitesse. Cet homme était envoyé par son maitre, le Comte Arnaut Pendragon, seigneur de Najac. Stromb connaissait cet homme, il l'avait rencontré plusieurs mois auparavant en Rouergue. C'était quelqu'un d'intelligent, de fort, de déterminé. Il avait du respect pour cet homme qui avait annobli Inba pour ses mérites. Mais là, tandis qu'Ancelme, son envoyé, été en train de lui expliquer la situation, l'opinion de Stromb sur le Comte avait changé du tout au tout. Son pressentiment avait été le bon. Ancelme lui avait appris que son maitre voulait à tout prit ramener le corps de sa vassale en Rouergue, et trouver manifestement des gens à punir. Le brun s'en doutait. Arnaut était comme lui, il ne laissait pas les crimes impunis. Il voyait alors trés bien dans quel situation il s'était mis.

Il avait réfléchit et en était arrivé à la conclusion qu'Arnaut faisait là respecter les dernières volontés de celle qu'il considérait comme sa fille. Et qui dit dernières volontés, dit testament... Conclusion logique. Et manifestement les enfant devaient revenir à Arnaut qui serait leur tuteur. Les choses devinrent claires dans la tête du brun : Arnaut voulait non seulement sa peau, mais en plus il allait lui retirer les filles. Il était toujours dans le bureau de la mère supérieure et ne prêtait plus guère attention aux conversations entre l'homme de main et la religieuse. Il se mis à réfléchir froidement, efficassement. Comment trouver une solution et se sortir de ce guêpier ? Il mis sa rage de côté, c'était pas le moment. Peut-être lui servirait-elle plus tard.

Mais tandis qu'il ne voyait pas tellement de solutions à part la confrontation, chose qui forcément était à son désavantage vu le nombre d'hommes de main du Comte, il commencait à réfléchir à un plan de fuite. S'infiltrer dans l'orphelinat, se saisir de ses enfants et partir dans la nuit... Mais il n'était pas homme à fuir, et ce lieu était gardé comme les geoles d'un chateau. Il soupira, les solutions commencaient à se faire de moins en moins nombreuses. Mais il en trouverai une, c'est certain.

Alors l'impensable se produisit : Ancelme confessa à demi mots qu'il aurait de gros problemes s'il ne trouvait pas le corps d'Inba. Il mirroita quelques menaces à la soeur qui ne s'était pas chargé de l'enterrement, et tout deux semblaient coincés. Un sourire s'étira sur le visage du rouergat. Et bien la voila la solution ! Il savait exactement où se trouvait le corps, ainsi chacun avait ce que l'autre désirait. Il n'eut pas le temps de lui proposer un marché qu'Arnaut apparu soudainement dans le bureau. Forcément faché, forcément prés à empailler Stromb sur le champ. Le brun n'était plus à ça prés, et il savait se battre. Il était prêt à se défendre sans baisser les yeux. Il assumait ses erreurs mais refusait qu'on le rendre responsable de la mort d'Inba.

Les choses alors finirent par se mettre en place. Ancelme renseigna son maitre sur ce qu'il savait et sur ce que Stromb savait. Chacune des parties pouvait trouver son compte dans un accord. Alors forcément, les hommes et la religieuse tombèrent d'accord. Arnaut était quelqu'un de persuasif et la religieuse finit par céder les deux fillettes au Comte. Aprés les retrouvailles et les nombreux calins, tous se rendirent sur la tombe de la défunte. Stromb ouvrait la marche, se guidant d'aprés ses souvenirs. Et ils finirent par la trouver. Son coeur se serra un peu en revoyant cette pierre qu'il ne voulait jamais plus revoir. Le Comte restait impassible devant ses hommes, mais il pouvait aisément imaginer la douleur qu'il ressentait à ce moment là. Il resta un peu en retrait et laissa les hommes de main creuser. En apprenant la mort de la jeune femme, il avait envoyé de l'argent à la paysanne qui avait conduit les enfants à l'orphelinat pour qu'un enterrement soit fait, une messe dite et une pierre gravée, ainsi qu'un petit pécule pour la remercier.

Au bout d'un moment, le cerceuil de bois dans lequel elle reposait fut sorti de terre et amené dans le chariot. Il l'avait suivi du regard jusqu'à ce qu'il soit posé dans un bruit mat. Un linge noir fut posé dessus pour le recouvrir. Il avait tenu les fillettes à l'écart. Ce n'était pas un specatacle pour de jeunes enfants, surtout sachant que leur mère pourrissait à l'intérieur... Il avait lui-même beaucoup de mal avec cette idée là.

La troupe retourna au campement. Déjà les hommes remballait tout, prêts à partir. L'accord serait tenu. Mais Stromb avait réfléchit sur la route. Il avait observé Ixia et avait réfléchit. Il en était arrivé à une conclusion étrange, qu'il ne pensait pas faire un jour... Celle que peut-être la fillette serait mieux à même de faire son deuil au milieu des gens qu'elle connaissait, dans une ville qu'elle connaissait, au calme. Il refusait pourtant de se détacher d'elle, c'était trop dur. Mais la raison lui en dictait autrement. Au fond de lui, il savait que c'était la meilleure solution pour elle. Il n'était même pas son vrai père. Alors, au moment où le départ d'Arnaut et ses hommes fut tout proche, il s'isola avec l'enfant. Il lui expliqua qu'elle allait partir avec eux, qu'elle serait plus heureuse ainsi, et que cela ne l'empêcherait pas de l'aimer trés fort et de venir la voir de temps à autre. Il avait caressé son visage d'enfant, ce visage si espiègle d'habitude et qui avait perdu de ses couleurs, ce visage qui lui rappellait tellement celui de sa mère... Il la serra dans ses bras et lui fit un millier de baisers, lui promettant d'être là pour elle au moindre problème. Un pigeon et il serait là. Il prit sa main et la confia à Arnaut, surpris, mais qui l'accepta bien évidement.

Il prit la petite Luna dans ses bras et regarda s'éloigner la troupe. Ses mains firent des signes à l'enfant, son coeur saignait. Mais tout au fond de lui, il savait qu'il avait prit la bonne décision. Ils diparurent dans un nuage de fumée et Stromb rentra à l'auberge...


Allongé dans son lit, l'enfant dans ses bras, il repensait à tout ce qui c'était passé en cette journée. Danae faisait sa vie de son côté, Ixia serait désormais sous tutelle d'Arnaut, et il savait qu'il en prendrait soin... ne lui restait plus qu'une fille, minuscule, qui avait passé de bras en bras depuis sa naissance et qui avait fini dans ceux de son père. La rancoeur qui le rongeait était toujours présente, mais ce n'était plus une obsession. Elle était passé au second plan. A présent il voyait à travers les yeux de sa fille le nombre de choses qui l'attendait. Le nombre de BELLES choses. Il avait envie de tirer un trait sur le passé et de s'occuper de l'avenir. Avec Luna, avec Matou. Désormais il ne vivrait que pour cela, se faisant discret aprés la tempête d'évènements dans sa vie, pansant ses blessures une à une. Il était impatient de présenter sa fille à Matou, et plus impatient encore de rallier les côtes ensoleilées et calmes de la Méditerranée...
Matouminou
MÊME JOUR, MÊME ENDROIT



Stromb était parti depuis quelques heures déjà, et elle ne cessait de penser à lui. Pourtant, elle avait essayé de tuer le temps comme elle avait pu. Elle était allée au marché avec Mahaut et Suzon laissant Guillaume au bon soin de l'aubergiste qui l'avait emmené voir le dressage d'un tout jeune cheval.
Bien sur, Guillaume avait poussé des cris de joie. C'était autrement plus intéressant que d'accompagner les femmes au marché.

Matou avait fait semblant de se concentrer sur le choix d'un nouveau tissu pour une tenue pour Mahaut, puis, elle avait aidé sa fille à choisir deux peignes à cheveux, mais manifestement, son esprit était ailleurs.
Elle ne pouvait s'empêcher de se faire du souci, car aujourd'hui et contre toute attente, se déciderait le sort des deux petites filles pour lesquelles ils avaient fait ce voyage. Cela faisait quelques jours que Stromb essayait de voir la mère supérieure de l'orphelinat, quelques jours qu'il revenait, abattu de ne pouvoir avoir des nouvelles de Ixia et Luna, excédé de se heurter à chaque fois à un refus catégorique assorti d'explications bien peu convaincantes.

Elle même, après l'avoir rassuré - il fallait vérifier qu'il était bien le compagnon d'Inba, le père par substitution d'Ixia et le vrai père de Luna, on ne pouvait laisser partir des enfants si jeunes avec un inconnu, finalement - elle même n'avait plus grand espoir. Peut-être le suzerain d'Inba avait-il déjà récupéré les enfants. Elle savait que cela mettrait Stromb dans un état de profond abattement et de grande colère.

De retour à l'auberge, elle avait tourné un moment en rond, puis, elle avait décidé de se rendre à la mairie, histoire de discuter un peu avec Heins. Durant une petite heure, il lui changea les idées, lui parlant de mille et un projets. Elle l'avait écouté, avait souri à certains propos un peu extravagants, puis avait pris congé non sans le remercier de lui avoir donné un peu de son temps.

Le soleil était en train de lentement amorcer sa course pour céder dans quelques heures la place à la nuit, et elle se hâta vers l'auberge une nouvelle fois, espérant y trouver Stromb et les deux petites.
Dans la grande salle commune, quelques voyageurs étaient attablés devant un repas ou une chope. Les conversations allaient bon train. Nulle trace de son volcan. Elle décida de monter dans la chambre.

Et c'est là qu'elle les vit. En poussant la porte, elle fut saisie par le spectacle qui s'offrait à ses yeux: il était adossé sur le lit et, dans ses bras, il tenait Luna, minuscule petite fille qu'il couvait du regard presque comme si, lui-même, avait encore du mal à réaliser qu'elle était bien là, au creux de ses bras.

Elle s'approcha doucement, le cœur battant, lui souriant sans dire un mot et regarda le bébé. Elle n'avait pas encore beaucoup de cheveux et dans son visage, c'était ses grands yeux que l'on voyait, de couleur bleue sombre, ils fixaient son père avec attention. Sa bouche était rieuse et elle avait de bonnes joues, signe qu'elle avait été bien nourrie. Elle avait saisi le doigt qu'il lui avait tendu et le serrait fort. Elle agitait ses petites jambes, tentant d'attraper un de ses pieds de sa main libre.
Matou sentit les larmes lui monter aux yeux, elle avait devant elle le bonheur personnifié. Stromb la regarda un sourire lumineux sur le visage et elle répondit par un sourire aussi.

Il lui fit signe de venir s'installer près de lui, ce qu'elle fit et elle l'écouta lui raconter comment tout s’était déroulé...la confrontation avec la mère supérieure, puis avec le serviteur de Arnaut de Pendragon, puis, avec le comte de Pendragon lui même...l'exhumation du corps d'Inba et le choix de laisser Ixia entre les mains du suzerain de cette dernière, promettant à la fillette qu'il serait toujours là pour elle.
Elle ne l'interrompit pas une seule fois. A la fin, elle le regarda, puis regarda la petite Luna:


- Tu as fait ce qu'il fallait faire, mon chéri...maintenant, nous allons prendre soin de Luna.


Elle se mordit la lèvre. Machinalement, tant cela lui paraissait normal et évident, elle s'était inclue dans ce rôle. Elle le regarda, un peu confuse, mais son sourire la rassura. Elle le vit hocher la tête et lui tendre la minuscule fillette.
Elle la prit contre elle, doucement, déjà son instinct maternel était en train de se manifester pour ce bébé. Elle lui déposa un baiser sur le front, puis posa sa tête contre celle de Luna.
L'instant était chargé d'émotion. Il y avait dans les yeux de son volcan tant de douceur pour sa fille, tant d'amour. Quant à elle, elle savait au plus profond d'elle-même que, déjà, elle l'aimait comme sa propre enfant.

Stromb l'attira contre lui et ils restèrent un moment blottis l'un contre l'autre, avec Luna qui s'était endormie.

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Stromboli
Quelques jours plus tard, la troupe avait repris la route jusqu'à Chateauroux. Quelques jours d'arrêt pour voir Danae qui se remettait de ses blessures et c'était reparti. A partir de Guéret, les deux amoureux plongèrent dans un monde étrange, préocupant, et surtout trés chiant... Le Monde Perdu !! Car oui, cet enchainement sans fin de villes mortes qu'ils traversèrent leur paru surréaliste ! Improbable ! Inimaginable !

De plus, Stromb prit rapidement conscience des problèmes qui se posaient désormais à lui. Il lui fallait trouver du lait pour la petite, il avait donc courru toutes les villes pour trouver une poitrine nourricière qui accepterait de les suivre dans leurs nombreux voyages. Mais sans succés. Heureusement Matou était là et aidait le grand novice qu'il était. Elle lui avait montré comment créer un sein artificiel à l'aide d'un corné de vache vidé, nettoyé et percé d'un trou. En le remplissant de lait de vache ou de chevre, la petite avait bu volontier. Il avait réussi à régler ce probleme et s'était retrouvé confronté à un autre : la pousse des dents. La fillette pleurait souvent, et dés qu'il lui donnait son doigt elle le mordait. Pareil s'il avait le malheur d'approcher son visage pour lui faire une bise, c'était son nez qui y passait. Il avait mis du temps avant de comprendre cette rage, jusqu'à ce que Matou, encore une fois, lui explique le pourquoi du comment. Il avait également du lui faire un berceau plus grand. Malgré le fait qu'elle soit née en avance et encore petite et pas bien grosse, elle grandissait à une allure affolante. Il s'interrogeait sur à peu prés tout, affolé qu'à 4 mois elle fasse déjà ses dents et qu'elle puisse déjà se passer de lait maternel...

Alors Stromb avait cogité et décidé de prendre une nourrice. Il voulait en premier lieu trouver une paire de seins, convaincu que si les femmes allaitaient aussi longtemps c'était pas pour des bananes. Pour ce faire, il avait décidé de passer une annonce. A Clermont, qui était une grande ville, il espérait trouver la perle rare. Il placarda donc plusieurs parchemins un peu partout, à la mairie, sur la place publique, au lavoir, sur la tronche d'un mandiant...



Recherche nourrice motivée, prête à se déplacer
Grande, élancée, forte poitrine, blonde... non c'est pour rire, on s'en fout
Qualités recherchées : en mesure d'allaiter, pas trop méchante, pas trop pleureuse
Vous serez nourrie et logée et vous découvrirez des paysages fabuleux au fil de nos voyages !

Se présenter à l'auberge de la municipale. Attention départ ce soir ! A vos marques, prêtes, partez !!!



Dés qu'il eût fait le tour, il rentra à l'auberge et s'assit à une table en commandant une biere bien fraiche le temps de voir venir les prétendantes.
Matouminou


Leur passage en BA, aussi bref fut-il, ne leur laissa pas des souvenirs impérissables. Toutefois, Matou appréciait chaque moment passé avec son compagnon, celui qui avait changé sa vie, et surtout, qui lui avait redonné l'espoir et l'envie de croire au bonheur d'une vie à deux, d'une vie en famille également. Car, mine de rien, la famille s'était encore agrandie avec le retour de la petite Luna que Stromb avait enfin pu serrer dans ses bras.

Matou et ses enfants avaient accueilli le bébé avec joie et chacun faisait en sorte de s'en occuper à sa façon. Guillaume adorait lui faire des grimaces ce qui faisait rire aux éclats la petite fille, Mahaut aimait la bercer, et s'essayait aussi à lui donner le biberon, Matou avait renouvelé sa garde robe, car, des vêtements récupérés par Stromb dans la roulotte à Troyes, il n'y en avait plus guère qui lui allait. Et puis, c'était aussi des câlins et des bisous qu'elle ne se lassait pas de lui donner, la serrant dans ses bras, en lui chantonnant des berceuses qu'elle avait chantées , bien des années en arrière, à ses enfants pour les calmer ou les endormir, ou tout simplement pour partager un moment d'affection avec eux.
Il n'en restait pas moins que son amour maternel était resté intact et elle aimait Luna comme sa propre fille.
Tous avaient été conquis par cette adorable bébé.

Stromb, lui, faisait ses premiers pas dans le rôle de papa et, en voyant sa tête bien souvent perplexe, devant les réactions de sa fille, Matou avait ri plus d'une fois.
Elle avait répondu à de nombreuses questions qui prouvaient son état de novice en matière de bébé, la première concernant cette manie de Luna de vouloir mordre sans pour autant avoir de dents encore:

- Chéri, Luna fait ses dents, cela veut dire qu'elles sont en train de pousser...d'ici un mois ou deux, nous verrons les premières percer. Cela lui fait mal....et il est nécessaire de lui donner quelque chose pour la soulager..

Et, elle avait ajouté en riant de bon coeur:

- ...quelque chose d'autre que tes doigts ou ton nez...

Quelques jour plus tard, elle avait vu Stromb sortir de sa besace un collier d'ambre pour que Luna puisse y frotter ses gencives douloureuses. Matou avait vérifié que les perles tenaient bien, inutile de courir le risque que Luna en avale une et s'étouffe.

Puis, il avait fabriqué un berceau en bois, plus spacieux que le panier dans lequel Luna dormait depuis sa naissance et dans lequel elle commençait à être à l'étroit. Il avait griffonné un plan, récupéré du bois, l'avait découpé, poli, vernis et avait assemblé le tout. Le résultat était une belle réussite.
Matou avait confectionné un petit matelas, en bourrant un sac de tissu qu'elle avait découpé au dimension du berceau, de paille. Elle avait cherché, en vain, des plumes de canard, qui auraient été un rembourrage bien plus moelleux. Aussi, afin que cela fasse une paillasse plus confortable, elle avait doublé le tissu, et, aidée de Suzon, elle avait confectionné des petits draps. Luna avait un lit digne d'une petite princesse.

Toutefois, elle voyait bien que Stromb n'était pas totalement satisfait et une question le taraudait. Il avait demandé à Matou s'il était normal qu'un bébé de quatre mois, puisse se passer de lait maternel. Elle lui avait répondu que, dans certains cas, et notamment quand la mère ne pouvait pas allaiter, faute de lait,ce qui arrivait, ou quand l'enfant ne supportait pas le lait maternel, ce qui arrivait aussi, il était nécessaire de le faire passer au lait de chèvre ou d'anesse, bien plus digeste que le lait de vache.
Et c'est ce qu'ils avaient du faire, faute de nourrice à disposition. Ainsi, depuis leur départ de Troyes, la fillette était nourrie ainsi. Pour autant, Stromb s'était mis en tête de trouver une paire de seins, comme il disait en riant, pour Luna.
S'il y avait une chose que Matou avait bien compris chez son volcan, c'est que lorsqu'il avait une idée en tête, il ne l'avait pas ailleurs. Aussi, elle ne se risqua pas à tenter de lui faire changer d'avis. Pourtant, elle était curieuse de voir si Luna reviendrait au sein aussi facilement que cela.

Elle lut l'annonce qu'il avait rédigé, riant au passage de la couleur des cheveux, et pour le taquiner un peu, elle avait dit très sérieusement:

- Ahh..mon coeur, attention, l'intelligence et les connaissances d'une nourrice sont très importantes...car, son savoir passe dans son lait..et donc, Luna en buvant ce lait, acquerra beaucoup de connaissances qu'elle sera capable de retransmettre en grandissant....Par conséquent, mon amour...

Elle l'avait regardé toujours avec le plus grand des sérieux:

- Je pense que tu devrais ajouter sur ton annonce qu'il est indispensable que cette nourrice soit diplômée dans plusieurs domaines, dont les arts et lettres, la diplomatie, la médecine...et....


Elle n'avait pu continuer en le voyant ouvrir de grands yeux, et avait éclaté de rire.
Bien sur, il avait râlé, pesté, grogné...car, il fallait bien l'avouer, elle avait, un bref instant, créé en lui un sacré doute.

Matou aimait quand il râlait, elle l'appelait son "ronchonchon" et riait de le voir ainsi. Et plus, elle riait , plus il râlait. Tous deux savaient que ça ne prêtait pas à conséquence. Un chose était certaine, depuis déjà un moment, elle avait constaté avec soulagement qu'il n'était plus sujet à de monumentales colères qui le mettaient dans un état proche de la destruction. Elle aimait à penser que c'était un peu grâce à elle, à cette douceur et patience qu'elle essayait de lui faire passer.
Pour autant, il avait toujours un caractère bien trempé, ne mâchait pas ses mots, savait toujours ce qu'il faisait, et ce qu'il voulait. Il restait têtu mais jamais ne refusait d'écouter son point de vue à elle. Du reste c'est aussi ainsi qu'elle voyait leur complicité s'intensifier. Ils parlaient, ils donnaient leurs avis, et ils prenaient très souvent leurs décisions ensemble. Il restait lui et c'est ce qu'elle voulait, c'est ainsi qu'elle l'aimait. Elle savait aussi combien il était doux, dans ses gestes et ses mots, dans leurs étreintes dont elle ne se lassait jamais.

L'annonce fut rédigée en plusieurs exemplaires et placardée à des endroits stratégiques dans la ville de Clermont.

Le soir même une femme se présenta alors qu'ils étaient attablés en taverne.

Elle était vêtue simplement, avait des cheveux très courts et était assez trapue. Le regard de Matou s'était posé sur sa poitrine, après tout, c'était cette partie qui comptait et elle ne put s'empêcher de prendre un air étonné. Cette femme était presqu'aussi plate qu'une planche à pain, en tout cas, on était loin de la forte poitrine demandée dans l'annonce.

Matou s'était alors penchée vers son compagnon et lui avait murmuré:


- Chéri, on dirait ...euh...un ..homme...


Puis, elle avait salué la candidate et l'avait invitée à s'asseoir en face d'eux. Ensuite, elle avait laissé Stromb mener l'entretien.

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