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[RP] Renovatio...

Matouminou


Ce ne fut qu'à la quatrième nourrice qui se présenta que le choix fut fait. Matou avait écouté avec un sourire amusé les exigences de Stromb. La nourrice ne devait pas boire plus de deux chopes d'alcool par jour, car, il avait lu que cela pouvait passer dans le lait et faire du tort à l'enfant. De plus, elle devait toujours être propre et disponible et pouvoir les suivre en voyage. Il assurerait le toit, la nourriture et les vêtements plus un petit pécule qui serait versé chaque mois.

La première ne leur inspira pas confiance dès le début. Elle était sèche comme un coup de bâton et on se demandait comment cette femme pouvait se prétendre nourrice.
Les deux suivantes n'étaient pas disposées à quitter leur village, et donc encore moins à voyager. Stromb, dont la patience avait des limites bien définies et par forcément extensibles, commençait à râler. Matou lui avait rappelé qu'il était très difficile de tomber sur la bonne personne du premier coup.

Lorsque la quatrième nourrice se présenta, une lueur d'espoir brilla dans les yeux de Matou. Sans savoir pourquoi, elle eut immédiatement confiance en cette jeune fille. Elle était plutôt banale, le visage un peu rougeaud mais elle respirait la bonne santé. Une lueur de tristesse se lisait dans ses yeux. La raison de cette tristesse leur fut expliquée par la jeune fille, qui avait pour prénom Cunégonde:


- J'ai mis au monde, il y a deux jours, un enfant qui est mort seulement quelques heures après avoir poussé son premier cri. Le père m'a abandonnée avant la naissance, préférant vagabonder à travers le royaume... nous n'étions pas mariés. Mon père n'a point voulu faire enterrer cet enfant de la honte comme il l'appelle, et il l'a jeté dans la fosse commune...je...

Elle sembla fléchir sous le poids du chagrin qu'elle essayait de contenir, mais se reprit très vite:

- J'allais bander mes seins, pour arrêter la montée de lait, lorsque j'ai lu votre annonce..je me suis dis que je pouvais être utile...je suis libre et je n'ai plus de foyer, plus de famille...

Elle s'exprimait bien, d'une voix un peu rauque. Matou se pencha vers Stromb pour lui murmurer:


- Il me semble que des quatre, c'est celle qu'il nous faut! qu'en penses-tu?

Elle le vit hocher la tête, se lever, et dire:

- Très bien, nous allons faire un essai! Matou ? peux-tu aller chercher Luna, s'il te plait?


Elle acquiesça et, tandis qu'il posait encore quelques questions à Cunégonde, elle alla chercher la petite fille. Depuis plusieurs jours, ils s'étaient débrouillés pour la nourrir de lait de chèvre avec une corne, ou avec un embout sur le goulot d'une bouteille. C'était bien peu pratique, Luna, vorace, avait tendance à avaler trop de lait d'un coup, elle s'étranglait, régurgitait...il restait, cependant, à savoir si elle reviendrait aussi facilement que cela au sein.
Justement, luna commençait à pleurer. Elle avait faim et rien ne pouvait la calmer pas même la berceuse qu'était en train de lui chanter Mahaut.
Cette dernière, quand elle vit arriver sa mère fit une petite grimace:

- Elle a faim! Et Suzon dit que le lait de chèvre ne lui convient pas, il n'est pas assez riche...

Matou rassura sa fille en lui expliquant qu'ils avaient peut-être trouvé une nourrice, puis, elle prit délicatement le bébé dans ses bras. Pour la calmer un peu, elle lui déposa un baiser sur le front et la serra contre elle.
Elle ne tarda pas à retourner dans la pièce où la jeune fille se trouvait, toujours en compagnie de Stromb.
Délicatement, elle la posa dans ses bras. La petite hurlait maintenant, toute rouge de colère qu'on puisse la faire attendre ainsi. Matou sourit à Stromb, en secouant la tête et elle dit en riant:


- Elle a de qui tenir....

Puis, elle aida la jeune nourrice à donner à téter à Luna. Instinctivement, cette dernière avait ouvert sa bouche, et comme un oisillon qui attend la becquée, elle cherchait le téton. Cunégonde le lui présenta, tandis que Matou maintenant la tête de l'enfant contre le sein salvateur. Luna n'avait pas perdu son instinct de succion, et très vite sa petite bouche s'empara du sein et elle se mit à téter. Elle avait posé ses petites mains de part et d'autre du sein, comme pour être sûre que celui-ci n'allait pas lui échapper.
Matou sourit et murmura à Cunégonde:


- Ça va vous faire du bien à vous aussi, vos seins sont pleins et vous n'auriez pas tardé à avoir mal. C'était votre premier enfant?

La jeune fille se contenta d'un hochement de la tête, auquel Matou ne sut pas quoi répondre. Il était toujours terrible de perdre l'enfant qu'on avait porté neuf mois dans son ventre.
Elle s'exclama joyeusement:


- Je crois qu'elle vous a adoptée!

Luna, en effet, tétait goulument, les yeux presque fermés, tout à son bonheur de remplir son petit ventre.
Matou lui caressa doucement la joue en souriant. Puis, elle se tourna vers son volcan qui souriait aussi, sans doute attendri par le spectacle et aussi soulagé. Elle l'interrogea du regard. Il dit alors:


- Parfait demoiselle Cunégonde, vous êtes engagée! Ma compagne Matou vous présentera toute la maisonnée. La plupart du temps c'est à elle que vous aurez à faire..je..euh...je ne m'y connais pas trop bien en matière de bébé...

Il hésita un peu et ajouta:


- Autre chose, ne soyez pas étonnée de notre fantaisie...j'aime quand la maison résonne de rires...enfin...vous verrez par vous même!


La jeune fille murmura:


- Merci Messire, je saurai m'en occuper comme si c'était mon propre enfant.

C'est ainsi que Cunégonde entra ce jour là dans la famille Mazaryck. Elle devint la nourrice officielle de Luna.

_________________
--Mahaut_et_guillaume


VILLEFRANCHE DE ROUERGUE ~~~ AOUT 1460 ~~~

je veux un petit frère!!



C'est en montant quatre à quatre les escaliers de la grande maison, et sans se préoccuper si Luna dormait ou pas, que Guillaume arriva devant la porte de la bibliothèque. Il l'ouvrit à toute volée et appela:

MAHAUT???? T'ES LÀ??

Mahaut avait sursauté et en reposant son livre, elle avait bougonné:

- Arfffff...mais oui, je suis là!! tu as décidé d'ameuter toute la maison?? je te signale que c'est l'heure où Luna fait sa sieste et où maman et Stromb se reposent... tu es vraim....


Le petit garçon l'interrompit sans ménagement en prenant un ton mystérieux:


- Tu sais ce que je viens d'apprendre?

Mahaut soupira en plaquant un petit sourire sur son visage. Son frère était insupportable et il allait la déranger toute l'après midi, si elle ne faisait pas mine de s'intéresser à la nouvelle, sans doute sans intérêt, qu'il allait lui annoncer:

- Que les poules ont des dents...c'est faux Guillaume..Que les normands ont cessé de se poutrer entre eux? ...hum...fort improbable, mais je demande des preuves...que la terre est ronde? tu risques le bucher...méfie toi!! Sinon, quelle fadaise as-tu appris encore??


Un grand sourire illumina le visage du petit garçon.

- Bientôt, on sera un de plus...


Mahaut, le regarda, puis rangeant son livre pour en prendre un autre, elle dit avec une certaine nonchalance:


- Ohhhh...tu viens de découvrir que maman attendait un enfant...waouww, Guillaume, quelle perspicacité!! IL n'y avait plus que toi pour croire qu'elle avait pris des rondeurs juste pour avoir mangé trop de tartes aux poires!


Et elle éclata de rire, ce qui eut le don d'exaspérer Guillaume:

Gnagnagna!! je le savais, mais j'attendais d'être sûr...pfffff....évidement, moi, j'écoute pas aux portes!! En tout cas je suis drôlement content d'avoir un petit frère!!!

Elle haussa les épaules:


- Je n'écoute pas aux portes, j'observe, moi..je suis attentive à ce qui se dit aussi!
...Quant à avoir un petit frère, rien n'est moins sûr! Ce sera peut-être une fille!


Guillaume prit un air perplexe et se mit à réfléchir tout haut:

- Hum...mathématiquement, ça peut qu'être un garçon...regarde, une fille, toi..un garçon, moi, une fille, Luna...donc, le prochain sera un garçon!!

Mahaut ouvrit la bouche, la referma. Elle dut avouer qu'il avait l'art et la manière de la surprendre.
Elle esquissa un sourire et prit un air de savante:


- Sauf que les mathématiques n'ont rien à voir là dedans!! Et que c'est le hasard qui décide, regarde dans certaines familles, il n'y a que des filles..dans d'autres que des garçons...Je parierais pour une fille...


Guillaume prit alors un air catastrophé et gémit:

- Ohhhh....nooooon...pas encore une fille!! quelle poisse se serait!...

Mahaut ouvrit de grands yeux, et fit la moue, un peu vexée:

- Ben c'est gentil...bon allez file, tu me déranges maintenant...et fais la danse des ours..en implorant le ciel et la lune quand elle est pleine, parait que ça marche pour avoir un garçon..y'a qu'à te voir...
.guillaume.


Il fila comme sa sœur le lui avait demandé, un peu trop docilement même. C'est qu'il venait d'avoir une idée, et il allait la mettre à exécution. Pour cela il devait attendre patiemment que chacun dans la maison vaque tranquillement à ses occupations, bien surveiller les allers et venus de sa mère, trouver une éventuelle explication logique au cas où on le surprendrait. Sur ce dernier point, il ne se faisait guère de souci, il avait toujours une imagination débordante.

Il décida tout d'abord de noter les différentes étapes de son plan. Il se précipita vers le bureau qui servait parfois de salle d'étude, endroit qu'il aimait le moins dans cette maison regorgeant de mille trésors.
Il n'y avait personne:


-En même temps qui a envie de s'enfermer pour étudier...? grommela-t-il tout haut, tout en farfouillant à la recherche d'un parchemin, d'une plume et d'un encrier.

Lorsqu'il eut trouvé son bonheur, il fila dans sa chambre, mais au détour d'un couloir, il faillit se heurter à Stromb. Il lui fit un grand sourire, réprimant une envie de rire, car Stromb, vu l'état de ses cheveux et son regard inexpressif, devait venir juste de se réveiller.

Salut Stromb! la forme?? je vais dans ma chambre...euh...lire...une leçon à revoir avant que maman..enfin...tu vois....


Et, sans attendre de réponse, il poursuivit son chemin. Une fois dans sa chambre, il s'installa par terre, étala le parchemin, déboucha l'encrier, y trempa sa plume et commença à écrire:


Citation:
- Suzon
- Cunégonde
- Mahaut
- Maman
- Luna (?)

-1- surveiller quand elles ne sont pas dans leur chambre
-2- s'introduire dans leur chambre
-3- prendre un objet assez important


Il fit une petite grimace et se mit à réfléchir tout haut:


- Hum...pour aller dans la chambre de Suzon, faudra que je fasse attention à Didier, le mieux c'est que j'attende qu'ils aillent au marché...heureusement ils y vont tous les matins...ensuite Cunégonde, j'attendrai qu'elle aille en promenade avec Luna...


Sa grimace se transforma en moue dubitative, il fronça les sourcils, et poursuivit:


- Gnarff...c'est maman et Mahaut qui vont poser problème...je sais jamais quand elles sont là ou pas...va falloir la jouer fine mon p'tit Guillaume!!


Il regarda le dernier prénom et murmura:


- Luna...je me demande si elle est pas trop petite, ça va pas changer grand chose, je pense dans le résultat final...bon, je verrai si l'occasion se présente...

Puis, il sourit dans le vide, content de lui. Il écouta un instant les bruits de la maison. Une porte claqua en bas, sans doute celle de l'entrée. Peut-être était-ce Stromb qui partait au village. Une autre porte s'ouvrit dans un léger grincement. Il entendit des voix et reconnut celles de sa mère et de Mahaut, il les entendit rire. Cette peste de Mahaut devait raconter qu'il venait de découvrir que maman attendait un bébé. Elle allait voir, ce serait un garçon de toute façon et à deux, ils lui en feraient voir de toutes les couleurs.
Dehors, un chien aboya, un autre lui répondit en écho. Au loin, un roulement de tonnerre se fit entendre. Il soupira, il n'aimait pas les orages. Pour autant, peut-être cela apporterait-il un peu de fraicheur, il faisait si chaud.

Il se releva prestement, et cacha son parchemin dans la doublure du matelas de son lit. Puis, il décida qu'il n'y avait pas de temps à perdre. Plus tôt son plan serait exécuté, mieux ce serait.

















Matouminou


QUAND LES OBJETS DISPARAISSENT SANS EXPLICATION (épisode 1)

- Vous comprenez, Dame, je suis assez ennuyée, et inquiète aussi...quelqu'un s'est introduit dans ma chambre et m'a volé...euh...

Cunégonde rougissait comme une vierge effarouchée, ce qui fait sourire Matou. La situation est sans doute sérieuse, même si la nourrice en rajoutait un peu quand même. Elle avale une gorgée de sa tisane et fait la grimace. Elle déteste cela, pourtant ça l'aide à surmonter ses nausées. Fort heureusement, elles se font de plus en plus rares. Elle reporte son attention sur la femme, rouge d'indignation.

- Je comprends Cunégonde, je comprends, c'est en effet préoccupant, mais n'êtes vous pas sûre d'avoir mis ce qui a disparu, à un autre endroit, par exemple...moi même, il m'arrive de déplacer des choses, et d'oublier...

Elle voit alors la nourrice ouvrir la bouche, la refermer, façon carpe dans l'eau, puis rougir de plus belle et finalement s'exclamer:


- Mes culottes en dentelle, je les mets toujours au même endroit, dans le tiroir de la commode de ma chambre!! Et il m'en manque non pas une!! mais deux!!!!

Grimace de Matou, arfff..voilà qu'elle entre, bien malgré elle, de plein fouet dans l'intimité vestimentaire de Cunégonde. Elle pousse un léger soupir. Que dire? Elle imagine Stromb dans ce genre de situation, il s'en serait sorti d'une pirouette, avec un bon mot, ou un éclat de rire moqueur peut-être. Ou alors, il aurait lui aussi rougi...Elle sourit poliment.

- Ma foi, Cunégonde, que voulez vous que je vous dise? Je vais faire en sorte de surveiller un peu plus la maison. Tout ce que je peux vous conseiller, c'est de fermer votre porte à clé...voilà tout!! J'en parlerai à Messire Strombo...

La porte vient de s'ouvrir avec fracas, l'empêchant de finir son mot. De surprise, elle en laisse tomber sa tasse, celle-ci roule par terre sans se casser toutefois, mais la tisane est désormais répandue sur le tapis. Matou n'en est que plus soulagée, elle n'a plus à la boire..

- MAMAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAN!!!!!!!!!!!!

Hum...oui, la furie qui vient de pousser ce hurlement n'est autre que Mahaut. Ca doit être grave, la fillette est plutôt calme d'habitude. Immédiatement Matou songe que Guillaume doit être pour quelque chose dans la fureur de Mahaut. Elle sourit à Cunégonde, et la congédie gentiment:

- Je vous promets de résoudre ce mystère, à plus tard.

Puis, elle se lève, ramasse la tasse et la pose sur le guéridon. Déjà, Mahaut déverse un flot de paroles:

- Maman! c'est inadmissible!! mes peignes, ceux en nacre, ceux-là même que Stromb m'a acheté sur le marché, mes peignes ont disparu!! Je cherche Guillaume depuis une heure, je ne l'ai pas trouvé, alors j'ai retourné sa chambre sans rien trouvé! Si c'est lui qui les a pris, je te jure que je le tue!!

Matou esquisse un sourire, elle se reconnait quelque peu dans la colère de sa fille. Mais, il est plus prudent de ne pas prendre la situation à la légère, sa fille ne lui pardonnerait pas. Elle se rassoit:

- Tes peignes de nacre?

Gagner du temps en proposant une explication rationnelle:

- Euh, tu es sûre de les avoir bien rangés dans ton nécessaire à coiffure?

Question stupide, elle s'en rend d'autant plus compte, à l'air outré qu'a pris Mahaut. S'il y a bien une personne qui range ses affaires et qui y prend un soin infime, c'est Mahaut. Elle tient ça de son père...Matou est moins rigoureuse, Guillaume est carrément désordonné...

- D'accord, d'accord, alors tu penses que c'est Guillaume? Je ne crois pas qu'il s'intéresse à tes peignes, Mahaut.

Regard courroucé de jeune fille:

- Maman!! ne te souviens-tu pas qu'il avait pris ton joli collier de perles ainsi que tes boucles d'oreilles, pour créer son trésor de pirate...et les enterrer derrière le phare à Fécamp?

Hochement de la tête de Matou. Arfff...en effet, le garçonnet avait fait cela.
Nouveau soupir, avec Cunégonde, un sourire, quelques paroles rassurantes avaient suffit, mais avec Mahaut, ce serait une autre paire de manches. Et dire qu'elle avait espéré être un peu tranquille.


J'éluciderai cette disparition, ma chérie...


Petit hochement de la tête de Mahaut:

- Moui...et moi je vais trucider Guillaume

Sourire crispé de Matou, tentative de glisser une note humoristique dans toute cette conversation:

- Euh, essaye de le faire parler avant. Mort, il ne nous sera plus d'aucune utilité...ahem...

Mahaut n'a pas la tête à apprécier son humour:

- Pfffff...c'est pas drôle...j'y tiens à ces peignes...

Que dire, si ce n'est un banal:

- je sais...je sais...

Elle regarde Mahaut sortir, ferme les yeux un peu crispé et dans l'attente d'entendre la porte claquer, mais non, Mahaut la referme avec délicatesse.
Mahaut se cale dans le fauteuil, songeuse...une culotte, des peignes de nacre...curieux...Elle passe en revue, les personnes de cette maison, Suzon est trop honnête pour faire cela, quel intérêt aurait Didier a voler ce genre d'objet? Pour les offrir à Suzon? il en serait bien capable et surtout assez bête pour le faire....une piste à suivre...Sinon, Guillaume et Stromb, pour s'amuser, organisation d'une chasse aux trésors en vue? Elle sourit. Toutefois, il y avait bien assez d'objets qui remplissaient cette maison pour qu'ils se contentent d'e banales culottes en dentelle et de quelques peignes en nacre.

_________________
.guillaume.


Il avait donc mis son plan à exécution. Cela consistait à dérober un objet à chacune des femmes de cette maison, et à ses yeux, il n'y en avait que trop.
Et rien qu'à l'idée que le prochain enfant de la famille puisse être une fille, Guillaume en avait les poils qui se hérissaient.
Il avait bien tenté de faire part de ses angoisses à Stromb, mais ce dernier était très occupé à préparer le départ.
En réalité, ces préparatifs arrangeaient bien le petit garçon, car il n'y avait pas que Stromb qui y prenait part. Suzon et Didier s'affairaient aussi. Ils avaient été chargés de faire les provisions nécessaires pour aller jusqu'à Montpellier et pour y rester quelques jours. Aussi, la chambre de Suzon que Didier avait également fait sienne, était libre d'accès, du moins le pensait-il.

Rien de plus facile pour l'enfant que de s'y faufiler. De taille moyenne, c'était une pièce lumineuse avec deux petites fenêtres qui donnaient sur l'arrière du jardin. On pouvait y voir l'ancien enclos des moutons qui était vide depuis pas mal de temps.

Une fois dans la chambre, l'enfant referma la porte doucement. Le sol était fait de dalles, nulle crainte qu'il ne fasse du bruit. Il regarda autour de lui, contourna le lit et se dirigea vers une espèce de table qui devait aussi servir de bric-à-brac au couple. Son regard balaya la table et se fixa sur une brosse. Il sourit, cela ferait parfaitement l'affaire. Il la fit prestement disparaitre dans sa besace. Aux cheveux blonds qui s'y trouvaient, nul doute que c'était celle de Suzon. Didier étant roux, l'erreur n'était pas possible.

Tandis qu'il se dirigeait vers la sortie, il entendit alors des pas. Son coeur se mit à battre un peu plus fort. Il regarda, affolé, autour de lui. Vite, trouver une cachette, car les pas se rapprochaient et il entendait des rires.
Il ne fit ni une, ni deux, et plongea sous le lit attendant en serrant sa besace contre lui.

Avec horreur, il entendit la porte s'ouvrir, il avait espéré que ce n'était pas Suzon et qui que ce soit, qu'il passerait son chemin.
Hélas, c'était bien elle et accompagnée de Didier, en plus.
Guillaume retint un gémissement, voilà qu'il s'était mis dans un drôle de guêpier. Il pria pour qu'ils ne s'attardent pas trop, et attendit la suite des évènements. Son coeur battait si fort qu'il était presque persuadé qu'ils allaient l'entendre et déjà, il était en train de chercher une explication de sa présence sous leur lit. Tandis qu'il était en train de faire travailler tous les rouages de son cerveau, il sursauta en sentant le lit grincer et légèrement s'affaisser.

Il entendit Suzon glousser, puis soupirer, et Didier dire:


- Ohhh...ma p'tite poulette tout' dodue..rien qu'pour mé!! Hummm...t'sais qu'tu l'rend fou ton Didier??


Guillaume mit sa main devant sa bouche pour pas éclater de rire. Et Didier de continuer:

- Grrrrr...mais c'est pour qui tout ça?

Gloussements de Suzon, bruissement de vêtements qu'on enlève, grincements du lit, grognements de Didier...Guillaume se boucha les oreilles et se mordit la lèvre tant l'envie de rire était grande. Le pire, c'est que jamais il ne pourrait raconter ça à qui que ce soit. Quelle frustration!

Au bout d'un certain temps, les secousses du lit cessèrent. Il écouta, des ronflements s'élevèrent puis Suzon s'exclama:


- Didier, t'endors pas, Messire Stromboli t'attend pour descendre les malles du grenier...Didier!! secoue toi....et moi, je dois chercher les draps qui recouvriront tous les meubles...

Guillaume entendit Didier grogner pour finalement se lever. De Suzon et Didier, il ne voyait que leurs pieds nus. Il nota ceux de Didier couverts de poils roux et fit la grimace..où les poils allaient-ils se loger!!!

Finalement, ils repartir comme ils étaient venus. Guillaume s'extirpa de sous le lit, il se secoua un peu, et sans demander son reste, la précieuse brosse dans sa besace, il sortit de la chambre et fila jusqu'à la sienne. En déposant l'objet dans un petit coffre sous une pile de parchemins, il marmonna:


- Et d'un!! maintenant direction la chambre de Cunégonde!
.guillaume.


La chambre de Cucu, comme l'appelait Stromb , ce qui faisait lever les yeux au ciel maman, mais bien rire Guillaume, cette chambre se trouvait à l'étage, tout au bout du couloir. Il monta les escaliers sur la pointe des pieds, et, une fois arrivé sur le palier, il s'arrêta. A droite se trouvaient la chambre de Stromb et de sa mère, un bureau, et la grande bibliothèque. C'était la partie gauche qui l'intéressait. Il y avait la chambre de Mahaut, la sienne qui était la chambre de Stromb enfant, et tout au bout, la grande chambre de Cunégonde. Il n'avait jamais eu l'occasion d'y pénétrer, mais il savait que c'était là qu'elle dormait avec Luna. Restait à s'y faufiler. Ce fut simple, et en plus, elle n'était pas fermée à clé. Les volets étaient fermés, toutefois des raies de lumière passaient , plongeant la pièce dans une semi-obscurité. Il prit connaissance des lieux, notant une alcôve où il vit le petit lit de Luna. Il n'y fit pas plus attention que ça, et se dirigea vers une coiffeuse. Hélas, il n'y avait rien de bien intéressant.

Arffff, grommela-t-il, rien de chouette ici...

Il décida d'ouvrir alors la commode. Dans le premier tiroir se trouvaient, bien rangés, des chemises et des corsages. Il fit la moue, se demandant si ce ne serait pas trop risqué de dérober ce genre de vêtement. Il ouvrit le second tiroir et un sourire illumina son visage en voyant la lingerie intime de Cunégonde. Il fourragea jusqu'à ce qu'il trouve une culotte tout à fait convenable. Il ouvrit toutefois de grands yeux devant la dimension de ce sous-vêtement. Il n'aurait pas pensé que Cucu ait d'aussi grosses fesses. Il se mit à rougir un peu, et la roulant en boule, il la mit dans sa besace. Il hésita un instant, et en prit une deuxième qui rejoignit la première.

Soudain une petit voix s'éleva:

- Iyo??

Il fit un bond manquant de tomber à la renverse, une sueur froide lui couvrit le visage. Lentement il se retourna, et vit Luna, debout dans son lit qui lui faisait un grand sourire.

- Arffff...chuuut, Luna...chuuut...

Il se précipita vers elle. Quel idiot de ne pas avoir vérifié si elle était dans son lit. Il la regarda, elle levait vers lui ses grands yeux marrons et lui souriait. C'est dingue comme elle avait grandi, quel âge avait-elle, maintenant?...Il lui semblait avoir entendu sa mère dire qu'elle aurait un an quand le bébé arriverait...arffff...le bébé...c'était pour cela qu'il faisait tout ça.
Il regarda Luna qui maintenant tendait ses petits bras vers lui en lui sortant un charabia incompréhensible. Il secoua la tête:


- Non, non...je te prends pas, Luna...je m'y connais pas en bébé...et puis Cucu...enfin Cunégonde va venir te cherc....

Il se mit à blêmir...Cunegonde....arfff...deudiou, elle pouvait arriver d'un moment à l'autre. Il eut un instant de panique et recula. Voyant cela Luna, se mit à pleurer.
Il regarda vers la porte, paniqué, si on entendait la petite fille pleurer, il était fichu. Alors il l'a prit dans ses bras, se saisit d'un lange propre qui trainait sur le berceau et, la calant contre lui, il sortit de la chambre. Au pire, s'il rencontrait Cucu, il dirait qu'il avait entendu Luna pleurer, ce qui était vrai, et qu'il était allé voir ce qu'elle avait. En attendant, il l'avait sur les bras, elle riait et gazouillait, il décida de descendre aux cuisines.

Mais avant, il fit une halte dans sa chambre, et les deux culottes et le lange rejoignirent la brosse.
Une odeur lui parvint alors au nez. Il regarda Luna bien calée contre sa hanche et fronça les narines. Elle se mit à glousser en le voyant grimacer.
En ressortant, il tomba nez à nez avec Suzon. Il lui fourra Luna dans les bras:


- Tiens, elle pleurait, je suis allé la chercher..tu peux l'emmener à Cunégonde s'teuplait?? Pasque là, je suis occupé...pis les bébés, c'est pas trop mon truc..et j'crois qu'elle a fait quelque chose vu l'odeur qui se dégage d'elle...

Et sans attendre le moindre commentaire, il s'engouffra dans sa chambre. Il décida d'accélérer son plan, ça craignait pas mal et à tout moment, il pouvait se faire prendre. Il ne lui restait plus qu'à trouver un objet dans la chambre de Mahaut puis dans celle de sa mère. Il fallait battre le fer pendant qu'il était chaud.
Il reprit la brosse, les culottes et le lange et mit le tout dans sa besace, il prit aussi un livre qui rejoignit les objets.
Prudemment, il entrouvrit sa porte et jeta un œil dans le couloir. Il soupira de soulagement, Suzon était redescendue. Il écouta, aucun bruit, parfait!

Ce fut un jeu d'enfant de dérober le plus beau peigne de Mahaut. Il trônait bien en évidence sur sa coiffeuse.
Avant d'entrer dans la chambre de Stromb et de sa mère, il frappa. Il pouvait très bien inventer un besoin quelconque, de l'aide par exemple pour ranger ses affaires, en vue du prochain départ. Ne recevant aucune réponse, il baissa la clanche et poussa la porte. En effet, elle était vide.
Il chercha un instant quelque chose qui pourrait être vraiment représentatif de sa mère. Il finit par trouver un mouchoir avec son nom brodé. Il décida que ce serait très bien, il n'avait plus beaucoup de temps.

Il se retrouva dans le couloir avec soulagement, désormais, il ne pouvait plus se faire surprendre en train de voler.

Il dévala les escaliers, passa par la cuisine. Cunégonde était en train de nourrir Luna, il évita de croiser son regard, et retint un sourire en songeant aux culottes. Il sortit par la porte de derrière et courut jusqu'à la grange. Là, il rassembla de la paille, et mit au milieu les objets. Puis, utilisant un vieux briquet à silex trouvé parmi les trésors de Stromb, il y mit le feu. L'étincelle jaillit et la paille commença à s'embraser, timidement, puis avec plus d'intensité. Les flammes commencèrent à lécher les tissus puis, s'attaquèrent aux objets. Une odeur désagréable s'éleva.
Guillaume n'y prit pas garde, concentré sur son livre qu'il venait d'ouvrir. Il lut la première page tout bas:




Il se mit alors à psalmodier l'incantation qu'il avait trouvée, celle la plus adaptée à la situation et qu'il avait apprise par coeur. Il avait trouvé une formule qu'il fallait dire pendant que les objets se consumaient. En perdant de leur intensité féminine, tous ces objets ayant appartenu à des femmes, laisseraient la place au masculin. Ainsi, le bébé que portait sa mère dans son ventre serait un garçon. Enfin, du moins l'espérait-il. Il maugréa pour lui même:

- Qui ne tente rien n'a rien!!
Matouminou


Elle se tenait dans le petit salon, celui où, Stromb et elle avaient l'habitude de passer leurs moments tranquilles. La petite pièce, meublée sobrement, n'en restait pas moins confortable et conviviale. Elle avait quelques missives à envoyer, mais cela ne lui disait rien pour l'instant d'écrire. Elle repensa à cette affaire d'objets disparus, en plus de Cunégonde et de ses culottes, de Mahaut et de ses peignes, elle avait entendu Suzon se plaindre d'avoir perdu sa brosse...Elle fit la moue, persuadée qu'on retrouverait tout cela.
Elle jeta un oeil par la fenêtre et sourit. L'été était encore là, plus pour très longtemps sans doute, bien qu'on lui avait affirmé que l'automne, dans le sud, était souvent très beau. Elle fit une grimace, en songeant à la Normandie. Bien souvent l'automne était associé au brouillard, et à la pluie. Cependant, même si son duché ne lui avait pas manqué, elle était heureuse d'y rentrer.

Elle décida donc d'aller se promener dans le jardin. Il ressemblait encore à un grand fouillis de plantes, de fleurs et de buissons, même si elle s'était échinée, en compagnie de Mahaut , à dégager les massifs des fleurs, des mauvaises herbes. Pour autant, il aurait fallu tailler les haies et quelques arbres. Cela se ferait l'année prochaine avec les premiers beaux jours, car, elle espérait bien être de retour en Rouergue au printemps 1461.

Elle admira les massifs colorés, qui, pendant l'été s'étaient pleinement épanouis. Elle marcha dans l'allée, admirant le rosier qui avait grimpé le long du mur, puis, elle contourna la bâtisse.

C'est alors qu'une odeur de fumée lui parvint aux narines. Elle fronça les sourcils, se demandant qui pouvait faire du feu, était-ce encore un coup de ce voisin indélicat? Elle suivit l'odeur et se retrouva devant la grange. L'odeur s'était faite plus forte. Elle devait en avoir le cœur net, et entra.
Le spectacle qui s'offrit à ses yeux lui fit pousser un cri.

Au milieu de la grange, un feu dont les flammes étaient déjà bien vives, devant ce feu, Guillaume en train de marmonner. Il était tellement concentré que d'un, il ne l'entendit, et de deux, il ne semblait pas s'apercevoir que le feu était en train de grandir.
Matou analysa froidement la situation, inutile de paniquer. Elle saisit Guillaume par les épaules et le força à reculer.


- Qu'est ce que tu as encore inventé??


Elle le regarda, mais fit taire la colère qui montait en elle. Quelques flammèches avaient atteint une botte de foin, heureusement isolée, mais derrière, il y avait le gros du foin que Stromb avait laissé là, sans doute pour un élevage futur. La fumée se fit plus épaisse, plus âcre.
Il fallait agir.

- Cours chercher Stromb et Didier, remplis des seaux d'eau...dépêche toi...


L'enfant, affolé, semblait avoir compris la situation périlleuse, il ne se le fit pas dire deux fois.
Pendant ce temps, Matou repéra une vieille couverture. Elle la déploya et étouffa le foyer principal. Le feu, toutefois, avait trouvé sa voie, se nourrissant des brindilles de paille répandues un peu partout, et s'approchant dangereusement de la réserve de foin.
Elle essaya de l'étouffer toujours avec la couverture.
C'est alors que la fumée envahit ses narines, elle se mit à tousser et sentit ses yeux lui piquer. Elle lâcha la couverture, et voulut faire marche arrière. Mais l'odeur était si âcre qu'elle lui brulait les poumons. Elle se sentit chanceler. Elle essaya d'atteindre la porte d'entrée de la grange. L'air lui manquait, elle tenta en vain de crier, il fallait qu'elle sorte de là mais ses jambes refusaient de la porter.
Alors comme une chute que l'on peut faire au ralenti, elle se laissa tomber par terre et perdit connaissance.


_________________
.guillaume.
Il avait couru aussi vite qu'il avait pu, n'avait trouvé personne, il ne pouvait laisser sa mère affronter seule le feu. Il s'en voulait, c'était de sa faute. Il s'arrêta un instant, et se dit qu'il était inutile de perdre plus de temps.
Il courut jusqu'au puits, il remplit deux seaux d'eau et retourna le plus vite possible jusqu'à la grange. Il poussa la porte, il y avait de la fumée, il cria:


- MAMAN????

Et il la vit, allongée par terre. Il posa les seaux et se précipita, pâle de terreur, et il se mit à la secouer:

- MAMAN?????je t'en supplie, reviens à toi!!!


Un sanglot le secoua, mais il ne devait pas flancher. Alors, il se releva, alla chercher un seau et en versa un peu sur le visage de Matou. Cela eut l'effet escompté, elle ouvrit les yeux et se mit à tousser, il la vit lui faire un pâle sourire et lui souffler:

- ça va aller mon chéri..je...on va se sortir de là.


Il l'aida à se redresser avec peine, puis l'entourant de ses bras, il l'aida à avancer jusqu'à la porte. Elle s'immobilisa et lui dit encore:

- Guillaume...le feu ne s'est pas encore trop propagé... si tu verses les deux seaux aux bons endroits, je pense que ça ira...je vais... une quinte de toux la secoua... prendre l'air et ça ira mieux...ensuite nous...nous... retournerons au puits...

Il acquiesça et la fit sortir, puis, de nouveau il entra dans la grange et en se bouchant le nez à l'aide de sa manche, il prit un seau et le versa sur les flammes qui, faute d'avoir pu s'alimenter, commençaient à faiblir. Il répéta l'opération avec le 2e seau. Le bruit caractéristique du feu qui s'éteint, noyé par l'eau, se fit entendre, comme un sifflement:

-FFFFFFFFFFFFFFRIIIIIIIIIIIIIIIIIIISH

Il rejoignit alors sa mère qui, un peu chancelante sur ses jambes, s'était dirigée vers le puits, il l'aida et, en quelques seaux, le feu fut totalement anéanti.
Il vit Matou s'essuyer le front, elle avait de grandes trainées noires sur le visage, son chignon était défait. Il se jeta dans ses bras en pleurant. Il balbutiait et hoquetait en expliquant pourquoi il avait fait cela:


- Je ....je...veux tellement..un...un petit frè...re..re...j'avais...lu qu'en brulant...des... des...aff...affaires de femmes...on...pou....pouvait...

Il ne put terminer, Matou s'était accroupie à son niveau et le regardait:

- Guillaume, mon tout petit...rien ne peut changer le sexe du bébé dans mon ventre...et surement pas de la magie...il n'y a plus guère de choix, il te faudra accepter une fille s'il vient au monde une fille.
C'est ainsi!
Allez, sèche tes larmes, je vais prévenir Stromb afin qu'il vienne tout de même vérifier que ce feu ne risque pas de reprendre...inutile de lui dire que j'ai fait un petit malaise, ça l'inquiéterait pour rien du tout!

Guillaume, il faut que tu me promettes de ne plus faire cela, on a frôlé la catastrophe, tu t'en rends compte?


Il hocha la tête et se blottit contre elle.
Elle le serra, songeant qu'il avait eu bien assez peur comme cela, et surtout qu'il s'était bien débrouillé. Inutile de le punir. Elle se mit à rire:


- Tu sais que tu es mon héros!!...quand Stromb va savoir que tu t'es débrouillé comme un chef, il sera fier de toi!
Stromboli
L'incident resta inconnu du brun. Sage décision en fin de compte, car les oreilles de Guillaume auraient tellement chauffé qu'elles auraient fini par tomber.

Le jour vint où il fallu partir. L'été touchait à sa fin, et avant que le froid ne s'installe, il leur manquait encore quelque chose à faire : voir la mer. On fit alors les malles. Fourmillement dans la vieille batisse qui semblait ignorer superbement ce tapage. Le ménage fut fait, les meubles recouverts, les volets fermés. La charette fut remplie et la clé coulissa dans le verrou. Stromb tira le grillage et le coinca d'un coup sec. La maison pouvait se rendormir pour quelques mois.

La prochaine destination était Montpellier. A Rodez, un groupe de voyageurs fut trouvé, qui finit par devenir par la suite un groupe d'amis. Pépino, sa femme et Suisse rejoignirent les deux amoureux. Les villes défilèrent.. Rodez, Millau, Lodève... L'excitation montait. Il sentait Matou qui s'impatientait chaque jour un peu plus. Heureusement, un matin, la capitale languedocienne apparut. Ils descendirent dans une auberge chaleureuse et sympathique, à l'image de la ville. Trés vite, des têtes connues réapparurent : Virgile et Coccinelle, anciens rouergats, que Stromb retrouvait comme à chaque fois avec joie.

Les quelques jours passés à Montpellier furent inoubliable. L'ambiance bonne enfant et amicale avait laissé flotter un parfum d'insouscience qui était toujours bienvenu.

Une des premières choses qu'ils furent... voir la mer.



MONTPELLIER....coquillages et crustacés, sur la plage...abandonnés


Stromb et Matou étaient arrivés à Montpellier depuis peu. Le brun avait promis à la jeune femme, quelques mois auparavant, de lui montrer la mer. Il avait vu l'état d'agitation et d'impatience de sa belle augmenter un peu plus chaque jour, jusqu'à aujourd'hui.

Les deux amoureux foulaient enfin la plage, la main dans la main, et l'immensité azurée de l'eau s'offrait à eux dans une senteur d'iode mélangée à celle de la végétation environnante. Les derniers beaux jours étaient là, la chaleur toujours présente. Ils avaient bien l'intention d'en profiter avant de repartir vers le nord. Il sentait Matou au comble de l'excitation. Il la regarda l'air amusé et ravi.


Et bien, nous y voila ! Je sais pas toi mais moi j'ai trés envie d'y sauter dedans !

Et sans attendre d'avantage, il ôta sa besace, sa chemise, ses braies, ses chausses et posa le tout derrière un buisson. Complètement dénudé, il cacha ce qu'il y avait à cacher avec ses mains, l'air taquin. Il observa Matou et attendit qu'elle fut prête pour pouvoir se jeter à l'eau avec elle.
Matouminou


Ils y étaient!! Enfin!! Elle avait tellement attendu ce moment! C'est Stromb qui avait eu cette idée, l'emmener voir la mer, mais pas n'importe quelle mer, la mer Méditerranée, celle où l'eau est toujours chaude, et qui ne se retire jamais. Pas comme la Manche au bord de laquelle se trouvait son village, la Manche qui obéissait aux cycles des marées, en n'en piégeant plus d'un se croyant à l'abri sur le sable ferme.
Elle avait écouté des récits de voyageurs qui lui avaient vanté la beauté de cette eau bleu qui se confondait souvent avec le ciel du même bleu intense. Et cela l'avait fait rêver.
Et voilà que Stromb avait tenu sa promesse, comme toujours du reste, et qu'ils étaient arrivés à Montpellier.
Ils ne s'étaient pas longtemps attardés en taverne, tout à leur impatience de la voir, la grande bleue!!
Matou n'oublierait jamais ce sentiment de bonheur qu'elle avait ressenti en la découvrant devant eux, à perte de vue. Elle enleva ses chausses afin de sentir ses pieds s'enfoncer dans le sable fin, doux et tiède et poussa un cri:


Qu'elle est grande!!

Elle tenait fermement la main de son volcan, parce qu'il faut dire qu'elle se sentait un peu impressionnée devant tant de beauté. La mer était d'un bleu azur et l'on pouvait distinguer parfois, à sa surface, un peu d'écume. Les mouettes tournoyaient dans le ciel de la même couleur, en poussant des cris qui donnaient l'impression qu'elles se moquaient.
Ce qui surprit aussi Matou, c'était l'immensité de la plage de sable fin. A Fécamp, les plages, bien souvent, étaient faites de galets, et elles n'étaient pas aussi larges. De plus, la mer et le ciel n'avaient jamais donné une telle luminosité.
Elle cligna des yeux, puis les ferma un instant pour s'imprégner de la chaleur du soleil qui lui caressait le visage et des bruits des vagues, douce musique à son oreille, interrompue parfois par le cri des oiseaux blancs.
Elle les rouvrit en entendant Stromb s'exclamer:


Citation:
Et bien, nous y voila ! Je sais pas toi mais moi j'ai trés envie d'y sauter dedans !


Elle hocha la tête et balbutia:

- - Elle est immense... et si belle...

Elle ne put poursuivre. Son rêve se concrétisait, et c'était au-delà de ce qu'elle avait imaginé. C'était bien plus que découvrir la mer, c'était la découvrir avec lui, lui qu'elle aimait par-dessus tout.
Il lâcha sa main et commença à se déshabiller. Elle ouvrit de grands yeux quand elle vit qu'il enlevait tout, se retrouvant très vite dans son plus simple appareil. Elle sourit, ne pouvant s'empêcher d'admirer le corps musclé et bronzé de son volcan. Alors, ne faisant ni une, ni deux, à son tour, elle enleva sa jupe. Elle ne garda que son corsage qui recouvrait son petit ventre déjà bombé, signe d'une grossesse de bientôt cinq mois.
Elle lui sourit, resplendissante dans sa presque nudité, femme porteuse de vie, femme heureuse et comblée, c'est ainsi qu'elle se définissait, et elle mesurait pleinement combien elle avait de la chance.
Elle le regarda cacher ce qu'elle connaissait bien, et lui dit moqueuse:


- - On fait le timide??

Pour autant, elle ne put s'empêcher de regarder autour d'elle, ils semblaient seuls.
Elle envoya ses affaires rejoindre celles de Stromb dans le buisson, et tout en remontant ses cheveux sur la tête, elle lui dit en riant:


- Le dernier à l'eau a un gage!!

Et elle s'élança vers la mer.
Stromboli
Citation:
- Le dernier à l'eau a un gage!!


Groumfff... Il n'en fallait pas plus. Stromb s'élança dans l'eau, se fichant pas mal de la présence ou non de baigneurs ou promeneurs. Cette mer là était bien plus chaude que celle en Normandie. Il y sauta dedans jusqu'à l'avoir sous le menton. Sa tête s'enfonca un moment sous l'eau, et il pris plaisir à se rafraichir aprés une journée si chaude.

Il sortit la tête de l'eau et chercha instinctivement Matou. Elle avait suivi, plus belle que jamais, semblant comme un poisson dans l'eau dans cette mer qu'elle voulait tant connaitre. Il avait pris sa main sous l'eau et l'attira à lui. Glissant ses bras autour de sa taille, il joignit ses lèvres aux siennes dans un baiser salé. Son corps avait une douceur différente dans l'eau. Il appréciait pleinement ce moment.

Il finit par se détacher doucement d'elle et lui désigna une masse un peu plus loin, un sourire en coin.


- Regarde là-bas. Tu as vu ? Encore une baleine ! Y'a pas que dans la Seine hein !

Stromb rigola. Ce n'était évidemment pas une baleine, mais une grosse dame qui profitait manifestement de l'eau pour se rafraichir, ou se laver, mais l'eau de mer pour ça n'est pas trés conseillée... Il repporta son attention sur sa belle et déposa ses lèvres dans son cou. Il avait étrangement chaud, malgré la fraicheur bienfaisante de la mer. Et ce corps chaud et doux qu'il aimait tant, qui le mettait dans tout ses états, y était pour beaucoup.

Alors avant qu'elle ne décide de le noyer, il profitait de sa peau... de ces envies qui le lançaient sous le soleil du Languedoc.
Matouminou


Elle courut aussi vite qu'elle put, un grand sourire sur le visage, ils étaient fous, mais dieu que cette folie était douce. Elle n'eut aucune hésitation à se lancer dans l'eau la tête la première. L'eau était bonne et bien plus chaude que la Manche, c'est vrai. Elle remonta à la surface et repéra Stromb, non loin d'elle. Elle le rejoignit en nageant. C'est toute seule qu'elle avait appris. Habitant au bord de la mer, elle avait trouvé utile de savoir nager. Ça pouvait servir et ça avait servi, comme ce jour où, sur sa barque, pour chasser une mouette facétieuse, elle s'était mise à faire de grands gestes désordonnés et s'était retrouvée à l'eau.
Elle sourit à son volcan, il lui rendit son sourire et, lui attrapant la main sous l'eau, elle se retrouva tout contre lui. Ils échangèrent un baiser salé qu'elle prolongea un peu, faisant jouer leurs langues, et transformant ce baiser en un baiser fougueux. Déjà, elle sentait son corps réagir et son cœur battre un peu plus fort. Elle ne savait pas faire taire ses sens. Il avait le don pour la mettre en émoi.
Fort heureusement, il se détacha un peu d'elle et en lui désignant une masse au loin, il s'exclama:


Citation:
- Regarde là-bas. Tu as vu ? Encore une baleine ! Y'a pas que dans la Seine hein !


Elle tressaillit...quoi? une baleine? Puis, elle regarda dans la direction qu'il lui indiquait Arffff...il l'avait encore eu! En fronçant les sourcils, elle lui dit:

- Rhoooo...mais c'est une grosse dame, encore une...pffff...toi et tes baleines...et moi, je tombe dans le panneau...pfffff...tu mérites que je te noie!

Elle prit alors un air menaçant, en essayant de ne pas éclater de rire, ce qui affichait sur son visage, une drôle de grimace, plutôt cocasse.
Mais déjà, il l'avait prise dans ses bras et l'embrassait dans le cou. Elle frissonna, ses lèvres étaient douces et l'eau donnait à son corps une sensation nouvelle. Elle laissa échapper un soupir de bien être.
Le temps sembla s'arrêter, il y aurait pu avoir foule autour d'eux qu'elle n'aurait vu personne, juste lui...lui qui était en train d'embraser tout son être. Elle se serra contre lui, sentant que lui aussi la désirait autant qu'elle le désirait.
Elle passa ses mains sur son dos, doucement, s'attarda sur cette peau si douce que jamais elle ne se lassait de caresser, passant sur le relief de quelques petites cicatrices,vestiges de vieilles blessures, puis remonta vers le haut de sa nuque, jouant dans ses cheveux avec ses doigts, sensuellement.
Elle lui murmura à l'oreille:


- - Je vais un peu attendre avant de te noyer...j'ai l'impression qu'un autre projet se dessine à l'horizon...

Lentement, elle fit glisser ses lèvres sur la joue de l'homme. Elles vinrent effleurer sa bouche, s'attardèrent un instant au coin.
Matou écarta alors son visage et plongea son regard dans celui de Stromb. Un petit sourire se dessina sur sa bouche et elle se mordit la lèvre.
Stromboli
Le corps blanc et doux de Matou était vissé à celui rude et hâlé du rouergat. Il sentit les doigts fins qu'il connaissait bien l'effleurait le long de son dos, lentement et avec une insolence délicieuse. Il frissona quand ses doigts se posèrent sur sa nuque, jouant avec les petites pointes de ses cheveux bruns. Son nez et sa bouche toujours nichées dans son cou, il ferma les yeux. Ses lèvres parcoururent sa peau, se délectant de ce gout familier auquel venait s'ajouter une pointe iodée, une délicieuse gourmandise marine que la chaleur de sa peau rendait encore plus savoureuse.. Il savourait chaque centimètre de son cou. Le ciel aurait pu leur tomber sur la tête qu'il n'en aurait pas fait cas. Il sentait le corps de la jeune femme frissoner contre le siens, à mesure qu'il s'enivrait d'elle.

Citation:
- Je vais un peu attendre avant de te noyer...j'ai l'impression qu'un autre projet se dessine à l'horizon...


Il sourit et garda son regard ancré au siens. Ses mains glissèrent le long de son dos, l'une d'elle s'aventura sur son fessier. Un sursaut de désir, il la pinça.. Il vint happer sa lèvre inférieure, jouer avec, avant de mêler sa langue à celle de sa belle... Long baiser langoureux où l'esprit du brun s'enfiévra complètement. Il voulait succomber à l'appel de son corps, la chaleur qu'elle dégageait lui brûlait les doigts sous ses caresses. Grisé.. Grillé peut-être, le cerveau, sous le soleil du sud... Celui là même qui avait vu le ventre de Matou s'arrondir à force d'amour entre les deux amants.
Mais pour l'heure, il laissait son corps le guider, réagir au contact de celle qui le rendait fou. Un frisson lorsqu'il sentit une cuisse l'effleurer, justement là où ça chauffait le plus... Ses yeux s'enflamaient, ses caresses se perdaient.
Matouminou


Les caresses se firent plus intenses. Elle sentait leurs deux corps s'enflammer. Cela là fit sourire, l'eau réussirait-elle à éteindre le feu qui les consumait?

Elle veilla à être bien en équilibre dans le sable, l'eau lui venait jusqu'en dessous de la poitrine sur laquelle le corsage était plaqué.

Ils étaient désormais seuls, la grosse dame était sortie sans doute, ou peut-être avait-elle coulé. Elle rit doucement à cette pensée.

Délicatement, elle pressa sa cuisse contre l'entrejambe de Stromb. Les caresses se firent plus précises, délicieusement précises. Elle accentua légèrement la pression de son bassin contre le bas ventre de son amant. Le désir de l'homme ne faisait aucun doute, le sien non plus.

Elle happa sa bouche, joua un instant à lui aspirer les lèvres, puis elle l’entrouvrit afin, une fois de plus, d'offrir à leurs langues le plaisir de s'entremêler en un baiser passionné.

Ses mains continuèrent de lui caresser le dos. Elle se pressa un peu plus contre lui encore. L'eau donnait un effet de légèreté et une sensation délicieuse jusque là encore inconnue.

L'instant était magique. Elle en goutait chaque seconde.

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Stromboli
Une mer calme pour seul témoin, même la plage au loin semblait sommeiller au soleil. Elle s'était accrochée à lui, il s'était saisi d'elle. Les caresses s'étaient faites plus pressantes, plus insistantes. Un soupir lorsque les deux corps se joignent, enfin.. Sensation magique que l'amour dans cette étendue bleutée qui ne les rafraichissait plus. Souffles entremêlés qui s'échauffent, entre deux baisers, lorsque leurs corps dans un même élan s'abandonnent. Pêché de chaire délicieux. Leur corps à l'unisson se livrent, s'embrasent, savourent cette divine sensation que d'appartenir à l'autre. Il goute sa peau, ses lèvres, la sent vibrer sous ses caresses tandis qu'il la visite.

Un souffle rauque entre leurs lèvres vissées, une langue aventureuse qui cherche l'autre tandis que les deux corps s'affolent, brûlés par l'envie et le soleil du Languedoc. L'eau clapote entre eux au rythme de leur amour, malmenée par cette insistance, ce désir grandissant et cette étreinte se muant en amour passioné et sauvage. La respiration s'accélère, le bassin ondule plus fort, plus vite. Les caresses se perdent et les ongles se plantent. Les amants s'enivrent de leur moitié, la consomme sans modération et sans honte.

Le rouergat respire fort, ses yeux aveuglés par le désir traduisent son impossibilité de faire machine arrière. L'envie le brûle, le gagne rapidement. Au milieu de la mer calme, deux corps déchainés, aggripés l'un à l'autre, se donnent entièrement. Et entre deux souffles, le brun donne l'assaut final. Ses yeux rougissent, son plaisir explose et le libère enfin de la tension qu'il subissait. Il mord la lèvre de sa belle, délicate et si tentante, laissée comme exprés à portée de bouche. Et tandis qu'il cherche son souffle, ses mains de fer tiennent sa moitié contre lui, son corps plaqué au sien, l'accompagnant pour satisfaire les soubresauts de ce plaisir divin...
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