Afficher le menu
Information and comments (0)
<<   1, 2, 3   >   >>

Info:
Unfortunately no additional information has been added for this RP.

[RP] Enjôlez-moi

Judas

Non loin de Vincennes, août 1460.


L'homme a fuit son escorte, femmes et suivantes il les a toutes laissées aux bons soins de Courceriers. Le Maine leur siéra bien, ce calme... Terrible. Perpétuel. Un mot laissé sur la couche du limier, quelques lignes concises à l'arrière gout d'alibi. Mais pour cette fois le seigneur n'a pas menti, appelé à Vincennes aux chasses royales l'homme s'est réjoui poliment de cette aubaine le poussant à fausser compagnie à toutes ces femmes qui animent à elles seules l'ennui mortel de son fief suzerain. Le temps de gagner au sud son point de rendez-vous il se trouve une taverne, en quête de jeux d'argent et de cartes. La tête n'est pas aux putains, il les dépasse sans même les regarder, mais où est-elle d'ailleurs..? Se postant à une table il mande du vin, oh ce n'est pas Bourgogne mais ça ira, ça ira... Attirée par les soiffards qui ouvrent leurs bourses pour quelques chopes, Judas croit reconnaitre une diseuse de bonne aventure, sans s'y attarder. L'écu brillant l'aurait délogée de ses routes esseulées, c'est qu'on croirait presque ses jupons danser, là juste à coté... La compagnie du vin n'est pas mauvaise, pourtant l'homme écoute ses prophéties hasardeuses un pingre sourire pointant à peine... Elle a du talent la sorceresse des soirs d'ennui. Laissons courir, l'ichor coûte plus cher mais sa compagnie est bien moins volatile. Les hommes ces nigauds s'y laisse noyer de trop, et ça a finalement le mérite de le distraire. Ils sont là, non loin.

Et leurs lèvres semblant dire... Enjôlez-moi, enjôlez-moi!


Il la regarde.
Vous êtes douée. Et j'ai connu tant et si peu ces charmes évanescents qu'ils m'ont laissé la faim de ceux que l'on ne rassasie jamais. Enjôlez-moi cette nuit, point par votre corps, ce corps que je connais déjà, cet insipide recommencement lorsque ce n'est pas Roide qui me l'offre! Charmez mes yeux, flouez mon esprit, flagornez ma personne et faites moi croire à vos boniments; si charmants. Je vous le promet je boirais vos paroles, je vous le jure, je me ferai parjure. Vendez-moi du rêve pour oublier que j'en manque tant depuis qu'elle est partie, depuis qu'elle a fait de ma vie... Une coursive poussiéreuse aux passantes hagardes et aux mots échardes où je me laisse écorcher. Une pauvre danseuse... Qui vend ses sourires pour quatre sous la nuit, et qui rit de douleur aux premières lueurs. Je saurai écouter. Laissez-moi vous regarder.

Voilà que ses yeux semblent dire... Enjôlez-moi, enjôlez-moi!

Je laisserai vos mains lire dans les miennes que l'on dit bien lisse pour des temps si durs, voyez je jouerai le jeu et ne relèverai pas que c'est vous qui vous jouerez de moi. N'ayez crainte, je ne vous offrirai pas même l'occasion d'être repentante, je resterai sage en dilettante. Vous m'envolerez dans un de vos palais, un de ceux dont vous avez le secret! Ne mentez pas, je sais que vous en détenez les clefs, là quelque part sous votre corset, enjôlez-moi, vous ne comprenez pas... Sous vos airs de Grande Reyne des troquets, faites-moi dire "Assez!", allez, venez me rassasier. De vos cartes, de vos fards, je veux tout savoir. Le beau et le laid qui vous mène à mes pieds, ou peut-être à mon cou, je vous en prie asseyez-vous. Ne riez pas, ce soir je vous serai fidèle. Profitez, l'occasion est bien trop belle. J'aimerai vous dire que nous sommes céans pour l'amusement, mais on ne s'amuse pas avec ces choses là, non ma dame, même si vous ne l'êtes pas, je ne tente que de semer mon tourment. Ce vilain qui me suit, me poursuit, celui-ci le faquin qui s'invite dans mon lit. Dites-moi qu'il n'est que le fruit de mon tortueux esprit, j'approuverai! Je serai votre obligé. Pour quelques deniers.

Enjôlez-moi, juste un peu, juste pour moi.

_________________

IRL PARIS: 29 septembre. Go topic des IRL!
--Luludja.


Luludja danse. Comme tous les soirs.
Ses pieds nus sur la terre battue s’enchaînent l’un à l’autre, gracieux et saccadés, au rythme d’un tambourin mené par un homme dans l’ombre.
Ses jupons noirs et écarlates tourbillonnent, virevoltent, se soulèvent laissant entrevoir des jambes fines qui s’affolent de plus en plus sous le tambourinement persistant.
A sa taille, les mille grelots de sa ceinture dorée accompagnent les pas sautillants de la gitane, et les ondulations de ses hanches.
Ses bras nus n’en finissent pas d’ondoyer, de s’arquer, de s’étirer, semblant être le seul trait d’union possible entre l’ensorceleuse et les hommes qui sont là.
Ses longs cheveux auburn aux reflets chatoyants suivent les mouvements charmeurs de sa poitrine bondissant à l’unisson des clameurs sourdes de la taverne.

Elle danse. Elle danse pour ces hommes.
Elle laisse le regard lubrique et brillant de ces hommes glisser le long de sa chevelure épaisse, s’attarder et se prendre au piège des grelots de sa ceinture, puis se perdre dans ses jupons virevoltants.
Elle est là pour les envoûter. C’est pour ça qu’on la paye.
Comme les autres soirs, elle se laissera entraîner par le plus offrant, comme toutes les nuits, elle mènera cet homme au firmament de ses désirs, et comme chaque fois, son esprit voguera bien au-delà de la couche sordide.
Pour l’heure, elle danse pour eux.
Elle ne sait pas encore qu’un homme ce soir-là retiendra son attention.

Soudain, la musique se tait. Luludja laisse retomber ses jupons, ses bracelets, et son sourire aux lèvres.
L’homme est juste à côté d’elle. Il la regarde. Il n’est pas comme les autres.
Ses vêtements témoignent de sa noblesse. Pour sûr, cet homme là ferait tomber de beaux écus sonnants dans son escarcelle.
Mais, étrangement, ce n’est pas ce qui appâte la bohémienne. C’est autre chose…ce regard troublant et indéfinissable qu’il pose sur elle…comme s’il attendait d’elle qu’elle lui offrît la lune.

D’un geste lent et nonchalant, elle prend place face à lui, le fixant de ses prunelles noires et brûlantes.
Elle s’empare de sa main, la senestre, qu’elle tire vers la bougie posée sur la table et dont une petite flamme vacille.
Se penche, semble étudier les lignes sinueuses qui s'entremêlent puis relève la tête vers l’homme aux longs cheveux, posant un regard mystérieux sur lui.


Pour cinq écus, je te dirai qui tu es et où tu vas.
Judas
Pour cinq écus, tu vas me dire ce que je sais déjà. Ha, la belle affaire, bien, j'ai promis de me taire.


Il la laissa faire son oeuvre, non sans détailler tous les traits de son visage. Les bohémiens avaient belle engeance, cette créature là ne dérogeait pas. Penchée sur sa main d'appel, cette main maitresse qui lui portait souvent préjudice, elle semblait voir mille choses qu'il ne verrait jamais. Pourtant elle s'interrompit, il le fallait bien. Le don de double vue ne pouvait exister sans le don de double écu, c'était là chose bien connue! Frayner ne rechigna pas et mit la main à la poche. Cinq écus roulèrent, comme s'ils savaient déjà dans quelle main ils devaient courir se nicher.


Ci fait.

Il s'accouda, retenant sa tempe de deux doigts. Raconte-moi ...
_________________

IRL PARIS: 29 septembre. Go topic des IRL!
--Luludja.


Instruire le Sans-Nom de ses actions malhonnêtes serait ridicule. Et pourtant…

Luludja comprit rapidement que celui qui se tenait devant elle n’était pas homme à se laisser facilement berner. Elle allait devoir faire preuve de perspicacité mais aussi d’imagination.
Elle ramassa les écus, les fit disparaître dans son aumônière puis, se plongea derechef dans l’entrelacement des fins sillons de la senestre de l’homme.
Le visage hâlé de la bohémienne refléta d’abord une certaine contention, puis son regard se troubla. Ce qu’elle voyait là dépassait de loin l’entendement.
Un instant, elle lâcha sa main comme si celle-ci la brûlait, porta ses prunelles sombres et inquiètes sur l’homme, comme pour chercher l’apaisement.
Sa silhouette était commune, son visage lisse et froid, son regard inexpressif. Il attendait qu’elle parle.
Ce qu’elle fit.

Se saisissant de sa main à nouveau pour y river ses iris couleur ébène, elle dévoila d’une voix chaude et légèrement rocailleuse :


Tu n’es pas homme à laisser indifférent et tous ceux qui t’ont rencontré sur leur chemin s’en mordent certainement encore les doigts.

D’un doigt, elle dessina le contour de sa main et continua, lentement, laissant le silence s’installer entre chaque phrase :

Egoïste, jaloux, possessif, impulsif…Insensible à la douleur des autres, si celle-ci ne t’atteint pas directement. Ta colère est redoutable.
Flegmatique et peu verbeux, tu n’en attires pas moins les foules.
Il y a en toi une grande capacité à fasciner les autres mais tout autant à te faire redouter.

Sourire furtif aux lèvres de la chiromancienne. Elle sait qu'elle le flatte.
Puis, son index glissa sur la plus haute ligne bien prononcé de sa paume et s'y arrêta :

Toutes ces femmes qui gravitent autour de toi…que t’ont-elles donc fait pour que tu les aimes aussi mal ?

Et comme ce n’était pas à elle de poser les questions, elle reprit aussitôt, sur un ton énigmatique :


Deux, surtout…j’en vois deux...Ce sont ces deux là qui te rongent le cœur, n’est-ce pas ?
Les autres ne sont là que pour assouvir ta soif d’autorité, d’asservissement…Elles se ploient sous ta volonté, se consolent d’une caresse, te pardonnent tout…
Mais, nul tyran ne peut attendre le pardon de ceux qu’il a assujettis.


Luludja s’interrompit, fixant celui qu’elle tentait de mettre à jour.

Mais, tout cela, tu le sais déjà…
Veux-tu savoir ce qu’il adviendra de toi, maintenant ?
Judas
Il ploya un maigre sourire sous ses flatteries à peine dissimulées, car c'était un fait, si les femmes se méfiaient de ces manières les hommes eux s'y laissaient volontiers prendre. Le sentiment de puissance qu'elle lui offrait de quelques mots bien agencés n'était pas désagréable, la cartomancienne tenait ses promesses monnayées. Les yeux noirs suivirent attentivement le jeu de ces doigts sur ses lignes. Bien sûr il ne répondit pas à sa question, ce n'était pas là le protocole de son jeu. D'ailleurs, avait-il seulement la réponse? Rien n'était moins sur. On nie parfois être ce que l'on est, publiquement. Pour le simple de fait d'ignorer réellement qui l'on est, intérieurement. Si dit-on , les fous ignorent qu'ils le sont, les mauvais hommes eux savent-il qu'ils le sont?

Les paupières se plissèrent à l'évocation de deux femmes charnières. Deux. Pourquoi donc deux? Deux c'est dissident. C'est ne jamais voir la réunion d'une dualité qui divise. C'est ne pas pouvoir placer l'une au dessus d'une autre, c'est être faible pour ne pas maitriser l'entier. Il y avait l'Anaon, et cette seconde.. Cette seconde pouvait-elle être sa jeune épouse? L'esprit refusa catégoriquement cette éventualité. L'Anaon ne pouvait que manger toute l'affection qu'il répudiait à offrir à Isaure. Elle était au dessus, souveraine, seule maitresse traitresse de son pauvre coeur. Seule instigatrice de ses frissons, sentiments de peine et d'envie. Femme-frustration que jamais il ne pourrait afficher, assumer, montrer au monde entier. Pas une seconde il ne songea à sa soeur, Marie, qui avait fait de Judas ce qu'était Judas. La femme-ventre avait aussi grignoté cette image là, s'accaparant toute l'attention de ses souvenirs bien que frais, si récents. C'est ainsi. Il est des icônes qui savent éclipser la lumière pour laisser tout le reste dans l'ombre.

Mais tout cela, il le savait déjà. Et il désirait savoir ce qu'il adviendrait de lui maintenant.


Si tu le sais, alors tu dois me le dire. Raconte moi.

Il manda d'un autre geste du vin pour lui et son hôte de tablée, qu'on lui apporta avec hâte. Parle donc! Petite marchande d'illusions. Tu fais si bien ton office, vas-y, tu peux même boire à mon calice.

Déjà ses pensées noires et sa lassitudes s'amoindrissaient, on mésestimait de trop les bienfaits des rencontres de troquets.

_________________

IRL PARIS: 29 septembre. Go topic des IRL!
--Luludja.


Bien. Je vais lire ton avenir dans les cartes maintenant.

Luludja tira de sa ceinture un petit étui en cuir duquel elle sortit les oracles. D’une main experte, elle les mélangea puis les étala sur la table, face retournée. Si ses bracelets tintaient joyeusement, le sourire de la bohémienne, lui, était plutôt crispé. L’aura de cet homme la glaçait de plus en plus. Mais, elle se devait de continuer. Peut être même pourrait-elle lui soutirer quelques écus supplémentaires si sa prédiction le satisfaisait.

Tu vas choisir quatre cartes. Elles nous donneront la situation présente et l’avenir proche.

Elle laissa Judas désigner les cartes de son choix puis retourna une à une les figures indiquées : le dix de pique, le roi de carreau, la dame de pique, le huit de trèfle.

Le roi de carreau, c’est toi.
Tu es entouré par deux piques.


Luludja grimaça alors légèrement.

Ce n’est pas bon présage cette présence des piques auprès de toi. Mais pour l’instant, je ne peux pas t’en dire plus.
C’est la nuit, l’obscurité. Les évènements importants de ta vie se passent et se passeront encore dès que le soleil sera couché.
Tu dois te méfier d’une femme. Il s’agit d’une intrigante, d’une femme qui te veut du mal, et qui agira certainement de nuit. Elle veut se venger. Elle est porteuse d’une rupture.
Je vois encore une femme...plus jeune cette fois-ci. Une très jeune femme brune. L’intrigante fait partie de l’entourage de cette fille.


Un silence pesant se fit. Luludja restait les yeux rivés sur les cartes mais n’en dit pas plus. Puis d’un geste prompt, ramassa les oracles, les mit de côté et étala à nouveau les autres cartes du paquet.

Choisis encore quatre cartes. Elles nous parleront de ton avenir lointain.

A nouveau, quatre cartes furent désignées et retournées : le dix de carreau, la dame de trèfle, le sept de carreau et le sept de pique. Et toujours pas de cœur, ce qui n’étonna guère la diseuse de bonnes aventures. Comment un homme qui incarnait le mal pouvait-il trouver la joie et le bonheur au sein d’une famille ? Elle garda sa réflexion pour elle et continua :

Tu vas entreprendre un voyage et au cours de ce voyage, tu rencontreras ou tu retrouveras une femme. Une femme importante pour toi. C’est une brune d’âge mûr.
Je vois un enfant, peut-être même plusieurs enfants. Je ne sais pas s’ils sont de toi mais ils sont liés à ce voyage que tu entreprendras.

Luludja pointa ensuite la dernière carte, ce sept de pique qui voulait tout dire et ne rien dire à la fois. Elle regarda l’homme noble qui se tenait face à elle. Il valait mieux l’amadouer que l’énerver. Elle finit alors par lui dire :

L’espoir. Il te faut espérer. Les nuages qui obscurcissent ton ciel se dégageront et les rayons du soleil perceront et envelopperont ton cœur d’une douce chaleur. Ton avenir ne sera pas aussi sombre que tes nuits. Bientôt tu dormiras en paix.

Elle avait fini.

Homme, je t’ai tout dit. Veux-tu encore du vin ?
Charlyelle
Le soleil était presque perdu faisant place à la lune. Un dernier rayon à l'horizon indiquant sa mort imminente, il déclinait son dernier clin d'oeil. Mais déjà, la terre aspirait le soleil dans son antre inexorablement, préférant mettre à jour ce voile ténébreux qui amenait avec lui sa fraîcheur nocturne.

Et c'est dans cette taverne inconnue, au milieu de personnes qui le lui étaient tout autant, que la sauvageonne celtique vînt déposer arme et séant. Une rapide vue d'ensemble sur la clientèle tout en descendant lentement l'escalier, elle ne perçut aucun coup d'oeil hostile envers l'étrangère qu'elle est, pas de regards en coin, pas de chuchotis. Elle allait d'un pas lent et de son indescriptible allure féline, parcourant la salle principale en direction du comptoir pour s'installer finalement dans le recoin d'une tablée.

La Dentellière Hydrique ne prêtait nulle attention à ce qui se passait alentour ni à ce qui pouvait l'entourer. En apparence du moins. L'Ecossaise était entré avec cet air hautain habituellement posé sur son visage. Vêtue d'étoffes de fort bonne facture. Artifice pour tenir gente à distance ou bien était-ce inné chez elle, il fallait appartenir à son cercle vraiment restreint de proches pour le savoir.

Installée volontairement dans l'un des coins les plus sombres, elle finit par abaisser la capuche qui recouvre le visage. Libérant lourde cascade de boucles brunes qui viennent chatoyer sur ses épaules. Le visage quant à lui est jeune et fournis de fins traits. A y mieux regarder, l'allure est altière et les mains pourtant fermes semblent fines et racées.
La chandelle sur la table joue succintement avec l'éclat de deux perles de lune tempêtueuses.

Cavalière du vent, Fille de La Mère et de la mer est-elle. Druidesse formée à l'abri des Landes Ecossaises et dont elle a hérité du savoir ancestral et de la connaissance des herbes, des philtres et des soins de ceux qui l'ont recueillis alors qu'elle n'était qu'un nourrisson.
Trouvée au beau milieu d'une forêt écossaise dans un panier avec pour seuls indices de sa naissance une couverture et un médaillon. Seul le linge porté sur elle indiquait qu'elle fut assurément de haute lignée. Mais très certainement ne le saura t'elle jamais.
Indépendante, ayant pris la poudre d'escampette sur un navire en direction de la France, c'est à Bordeaux qu'elle débarqua et resta quelques temps à trainer ses guêtres en Guyenne. Jusqu'à ce qu'elle rencontre celui pour qui elle se choisit cette vie. Depuis quelques années elle les suit, fidèle, même si le Drannoc lui ne le fut pas. Arpenteuse de remparts, ovate, chirurgien lorsqu'il le faut, druidesse aussi indomptée que ses Landes d'Ecosse.

Devenue sauvage, depuis lors, il n'y a guère peu qui trouve grâce à ses yeux.
Même le spectacle de cette bohémienne qui danse, lascive, l'indiffère. C'est qu'elle les connait les filles de son espèce. Elle-même parfois s'est amusée à y jouer et nombreux sont ceux tombés dans ses filets pour quelques écus savamment ramassés avant de s'éclipser, les laissant sur leur faim.

Comme très certainement ce client à qui elle semble conter la bonne aventure.

Car il ne faut s'y tromper, Charlyelle n'est point de celles qui s'offrent au premier venu. Encore moins lorsque blessure ancienne se fait toujours parfois vivace et loquace. Récurrente quand il suffit parfois d'un simple souffle de vent pour venir la ranimer.
Tenancier qui vient déposer sa piquette sur la table. Elle la paiera. Un murmure voilé s'échappe de ses lèvres. Accent velouté celtique.

-"Tapadh leat"

Mais c'est une fiole au liquide ambrée qu'elle sort et dont elle fait couler allègrement quelque rasade dans sa bolée. Alcool bien de chez elle qui a le don de tout apaiser. Terminant les dernières gouttes dans une lente gorgée, elle rêvait déja à ces souvenir des arômes des épices venues des provinces lointaines, qu'elle faisait venir, légers et puissants, laissant dans son âme l'empreinte de l'exaltation d'une caisse que l'on force tout en sachant à l'odorat le trésor en poudre qu'elle contient, aux bons vins et aux liqueurs coulant avec légèreté dans un verre de cristal et embaumant de leurs fragrances les narines experte de la brune amatrice qu'elle pouvait être.

Les iris d'acier qui savent pourtant porter les chants et les charmes de ses contrées celtiques, daignent enfin s'accorder un tour de salle. Dextre caressant l'avant-garde de sa fidèle et précieuse dague, qu'elle a déposé comme à son habitude tout près d'elle.


*merci
_________________
Judas
Le jeu de cartes révéla quelques visages et quelques formes qui semblèrent parler à la bohémienne. Lui ne dit mot, la laissant trier ses prédictions et prophéties chimériques. Son silence se fit plus lourd lorsqu'elle évoqua une rupture et une vengeance. L'Anaon l'avait bien quitté voilà près de deux mois... cela n'avait rien d'une promesse d'avenir. Et contre toute attente, si la vengeance venait, c'était à Judas que revenait le droit d'être craint. Il n'avait pourtant à ce jour rien tenté. Ni la revoir, ni la faire souffrir, ni la chercher, ni se venger. Ou peut-être par sa petite manoeuvre lors de la découverte des correspondances Nyam/Anaon... Mais ce 'était rien comparé à ce qu'il avait pu penser, ce dont il avait eu envie le jour où la Roide avait fait ses valises pour la putain Parisienne. Non, à ce jour le Frayner avait laissé ses idées se remettre en ordre, ses sentiments aussi. Et l'évidence était là, chaque jour passant le ramenait à sa passion déraisonnée. Elle lui manquait, ce soir peut-être plus qu'un autre à cause de cette vendeuse d'espoir, de cette conteuse de mystères qui ravivait l'endormi. Ha la chienne! Lui qui avait cru pouvoir garder sa ligne de conduite! Elle redessinait du bout de ses doigts ce qu'il avait tenté d'effacer du poing. Si ce n'est son épouse qui ne l'aimait pas, qui pourrait vouloir le quitter? Lui qui ne s'accordait depuis ces deux longs mois que de volages détours au lit de Rosalinde.

Il but d'un trait son vin en s'essuyant les lèvres d'un revers de main désabusé. De quoi s'agissait-il encore? Allons bon, un voyage, des enfants, le ciel, le soleil et les nuages... Peuh. La jeune inconnue n'enjôlait plus. Elle avait ravivé ce qu'il avait tenté d'étouffer bien malgré elle. Elle avait arrosé le germe pourri qui lui rongeait depuis longtemps le coeur. Car helas, oui grand helas! Judas Gabryel Von Frayner n'était pas dépourvu de coeur. C'est bien tout ce qui exacerbait sa cruauté, sa possessivité et ses vices. Il s'accorda un autre verre de vin, après tout ce soir il en avait bien besoin. Le seigneur avança encore à la brune quelques écus avant de se renfoncer plus morne encore dans le fond de son siège. Elle avait semé la confusion dans son esprit cette hôte de la nuit.


Si tu m'as tout conté alors tu peux t'en aller. Tiens, prend cela, c'était une bien belle histoire...


Et voilà que ses yeux semblaient dire...Désertez-moi, désertez-moi.

_________________

IRL PARIS: 29 septembre. Go topic des IRL!
--Luludja.


Les cartes avaient parlé.
L’avenir de cet homme paraissait bien sombre. Mais cela, Luludja s’était bien gardée de le dire.
Avec ses clients, elle évitait de conclure ses prédictions par de mauvais présages. Après tout, ne payaient-ils pas pour être rassurés ?
Mais celui-ci était d’une toute autre trempe. Ce n’était visiblement pas d’une belle histoire dont il avait besoin.
Sans doute était-il homme à se complaire dans les abîmes de l'âme humaine, à se prélasser dans les méandres de l'oisiveté, à goûter aux saveurs âpres de l'infamie. Mais sans doute était-il aussi homme à regretter amèrement son incapacité à vivre tout bonnement heureux ?
Homme de peu de foy mais si vulnérable.
Il n'y avait pas de remède pour ce genre d'homme.
En tout cas, Luludja n'en connaissait pas.
Elle lui fit à nouveau porter à boire.

Bois...Noie-toi, Prince des nuits…Engloutis ton chagrin dans les profondeurs des limbes.

Il ne la retiendrait pas pour la nuit. Elle le sentait bien. Son esprit était ailleurs, vagabondant parmi les souvenirs qu’elle avait ravivés.
Sans un regard pour la gitane, il la remercia de nouvelles pièces bien brillantes qu’elle s’empressa de faire disparaître.
Elle le remercia d’un hochement de tête, puis d’un mouvement de hanches, fit froufrouter ses jupons et s’esquiva sur le côté, cherchant du regard une nouvelle proie dans la grande salle de la taverne.
Charlyelle
Et les brumeuses s'accordent. Elles dansent, virevoltent, se font hasardeuses, dédaigneuses, lassées, puis une lueur d'intérêt qui y surgit. Pour quoi, pour qui ? Seulement elle peut le savoir. Celui ou celle qui saurait mélanger sa peine à la sienne, mélancolie ou pas, qui sait. De la trempe du Sapineux, elle en a pas retrouvé. Faut dire que le Dran il est unique. Puis pas qu'elle cherche et un seul a suivi. Mais il a pas tenu le choc faut croire.
Les brumeuses se font brouillard. Chaque chose en son temps, chaque heure en son lieu propice. C'est ainsi que la brune fonctionne.

Elle avait toujours adoré le genre de personne qui sait s'affirmer, ayant une poigne de fer et qui tentait de la maitriser, de l'amadouer. Le Sapineux en était. Il avait toutes ses qualités et il savait se faire désirer plus qu'aucun autre homme qu'elle avait connu, aimant jouer à se faire languir ce dont elle appréciait tout particulièrement n' étant pas une aguicheuse de premier ordre elle-même.
Combattre pour sauver sa vie est une chose, tuer pour le plaisir en est une autre. Le désir apporte la souffrance, la douleur la mort, la libération le sexe et ce genre d'union, l'envie. Un cercle vicieux qui ne faisait que se répéter sans cesse, tournant en boucle, se vouant à tout prix à assouvir tous les objectifs d'une vie de son genre.

Charlyelle,se prélassant, la dextre toujours à tripoter sa dague contemplait maintenant l'astre qui brillait sauvagement, rendant le reste de l'univers faible et terne. Aucune étoile ne brillait à ses côtés, presque gênées par l'éclat de leur maitresse imposante. Tout était calme, comme si la vie s'était éteinte dans cette nature environnante. Regard qui se reporte dans la salle.
La bohémienne a bougé. Sans doute cherche t'elle le client de nouveau, le dernier n'était peut-être pas si crédule que ça.

Grisailles profondes qui se posent sur la silhouette masculine qui ne semble pas être tombée dans ses filets. Elle le suit du regard alors que ses pensées s'éloignent vers des cieux, vers le temple de son questionnement, les raisons de son départ. Plusieurs péripéties l'attendaient. Bientôt elle ferait face à son destin, crèverait cet abcès qui lui tiraillait l'âme, cette épine dans son pied serait retirée bien que l'infection avait déjà gagné son coeur depuis trop longtemps.

Repas salvateur qui arrive, ponctué de rasade de vin de muscat, et agrémenté de pain et de charcuterie.
Elle s'accoude au coin de la tablée, son menton dans la paume de sa main, son visage encadré par la pluie ébène de ses cheveux et regarde la salle.

Lueur des brumes qui semblent distiller : Défiez-moi ! Défiez-moi !

_________________
Judas
De toute une vie, si l'on devait décrire celle de Judas nous la décririons comme une femme. Une belle femme, fière, une de de celle dont on dirait avoir le diable au corps. Mais là n'est pas tant le sujet, n'a-t-on pas assez ressassé entre les charmes et les défauts de celle-ci? cela n'a-t-il pas un air ennuyeux, comme une vieille musique dont on connait le refrain, la sempiternelle chanson de ses déboires...? Sans parler d'une vie, l'idée même du caractère féminin n'est-il pas ce que l'on attend toujours autour du seigneur?

Il voit bien les personnes présentes autour de lui. Il l'a vue, bien sûr, cette brune solitaire. Mais ne ressemble-t-elle pas à toutes ces autres... Toutes ces rencontres fortuites ou pas, toutes ces autres brunes des tavernes esseulées, celles qu'il a courtisées, qu'il a méprisées, qu'il a abandonnées ou retrouvées au détour d'une chambre louée six écus la nuitée, histoire d'avoir un baquet d'eau chaude... Leur bouches qui disaient non tandis que leur corps criaient oui, leur fierté, grosse comme la sienne, leur seins plus doux quand il les faisaient siennes . Et de se débarrasser de leur odeur, de leurs traces de baisers. Comme on chasse la poussière sur un tableau un peu sombre qui ne sait que l'attirer. Toutes ces choses qu'il ne lui dirait jamais, la nature des femme reste fragile, une brise saurait la vexer.

C'est lourd mais c'est si capiteux ... Change-t-on réellement la nature des hommes...

Le satrape a toujours une bonne raison de se retrouver sous les jupes d'une inconnue. Alors parce qu'il n'aime pas sa femme, parce que son amante l'a fuit, parce que son limier n'aura toujours que le même gout, parce qu'il a un alibi tout tracé, parce que personne n'en saura rien, parce que ça tiraille, ça pique, ça tenaille, ça exalte, ça attise, ça entraine, ça rassure, parce qu'il n'est qu'un homme, parce qu'elle est là, et lui ici; il la défie. Et d'un geste il mande une coupe, pour elle, discret mais serein, le voudra-t-elle ou pas ce n'est jamais qu'un jeu. Il ne l'encombrera pas, ou pas longtemps, puisse-t-elle le vouloir. ce n'est qu'un jeu, que d'autres on acceptées de jouer comme certaines de refuser pour le piquer, le tirailler, le tenailler, pour l'exalter, pour l'attiser, pour l'entrainer, pour se rassurer, parce qu'il n'était qu'un homme, qu'elles étaient là et lui ici. Jeu de nuit. Et tandis que le taulier, pansu comme deux hommes dépose son invitation près d'elle Frayner s'apaise. Voilà où tout se remet en ordre. Voilà comment on retrouve ses marques.

Et sa posture de hasarder... Regardez-moi, regardez-moi.

_________________

IRL PARIS: 29 septembre. Go topic des IRL!
Charlyelle
Elle s’étira et fit craquer ses doigts légèrement, un à un. Geste à la fois sensuel et dénué de toute grâce. Des semaines que son épée n’était pas sortie de son fourreau, des semaines que son corps ne connaissait que les efforts de monte de son équidé.

L’instant valait mieux que des augures de passages. La promesse déguisait l’imprévisibilité de l’existence, le pardon masquait l’irréversibilité de cette dernière. Carpe diem comme dirait certains en manque de promesse et de pardon.

Ce n’était qu’une histoire de rencontre, par définition fortuite.

Une ouverture sur la contingence, l’impalpable, le moment et l’instant attrapés de justesse. Avant c'est trop tôt, après c'est trop tard.
Libre dans ses propos, dans ses dessins, dans ses désirs elle l'est. Personne ne peut l'entraîner où il veut si elle en a décidé autrement. Elle est, elle pense, elle vit Hydrique.

Tavernier, sourire goguenard aux lèvres qui vient déposer coupe devant elle, tournant légèrement la tête en direction de cet étranger qui se faisait un moment auparavant conter fleurette ou autres fadaises par la bohémienne.

Brune intriguée regarde la scène appuyée de son coude contre son coin de table.

Sur son visage s'étira un voile mêlant une forme de torpeur, de parfaite quiétude, contrastant avec la flamme qu'elle avait dans les grisailles ; amertume de leurs humeurs qui se lie à cette doucereuse envie de l'oubli, et qui s'exacerbera peut-être au fil de la soirée pour finir dans un tumulte de corps s'étreignant comme lors d'une lutte mais ne se repoussant pas. Mais bien au contraire ne faisant que plus se serrer l'un à l'autre, l'un en l'autre.
.
Parce que , elle se sent poussée par l'envie de ne pas être seule, parce que demain sera un autre jour, jour après jour. Parce qu'elle a l'instinct qu'il est différent.

Sylphyde arachnéenne qui le dévisage sans aucune retenue, cherchant à découvrir la faim qui l'anime.
Sa jeunesse et son arrogance, son impétuosité, Charlyelle devine qu'il est homme à passer l'essentiel de son temps à tenter de séduire la gente houppelandée alors qu'elle est du genre à guetter la folie. Car l'amour cela se mérite, jouer sa vie,parce que plus rien n'a plus d'importance, le regard qui se trouble, fini la transparence et la légèreté, les choses ne sont jamais ce qu'on voudrait qu'elles soient. Mais c'est ainsi. Un brin d'intérêt dans cette fadeur qu'elle s'est volontairement construite.

L'Ecossaise se rendit compte qu'elle était observée, le velouté de ses brumes rencontrèrent regard de l'homme assis non loin d'elle. S'amuserait-il à lui sortir de belles phrases, ne voulant pas qu’elle voit en lui ce qu’il est ? Peut-être serait-il d'agréable compagnie. Ou pas.

La Dentellière prit la coupe offerte qu'elle porte à ses lèvres très lentement, les laissant cueillir le réservoir plus que froid de cette pulpe rose, qui l'entourait déjà pour recevoir le liquide fort de ce breuvage en alcool qui enflamme savoureusement sa gorge.
Elle ne se faisait cependant pas prier pour le vider et très rapidement elle se retrouva avec des joues un peu plus rosées qu'à son entrée et une détente très particulière qui fit disparaître ses courbatures. Sans vraiment porter attention, par geste d'automatisme depuis l'enfance, elle passe sa langue doucement au centre de ses lèvres et ramène celle inférieure entre ses dents qu'elle mordille par gourmandise.

S'assouvir,elle ; l'assouvir, lui.

Tant d'expression, puis se relever, s'en approcher, se décider, et légèrement décaler la chaise près d'elle, invitation muette.

Et balbutier au creux des ourlets des lèvres : Etonnez-moi, Délassez-moi.

_________________
Judas
Je suis marié, j'aime une roturière, et j'ai envie de vous.

Ce pourrait-être assez pour l'étonner. Mais poussé par le pressentiment qu'il n'en serait rien, et que ce serait pour cette femme là bien peu, il tût ses mots. Elle avait ce petit on ne sait quoi de Gabrielle, de Rose, de Marie, elle avait ce petit on ne sait quoi de tant de visages qui finissait d'achever toute volonté du seigneur de se complaire en passivité. Puisqu'elle semblait accepter son offrande il pouvait bien encore s'attarder dans cette taverne de passage. Bien sûr qu'il n'était que ce sinistre coureur de jupe, sans doute comme beaucoup d'autre, bien sûr. Mais Frayner aimait les femmes, parce qu'au fond des êtres si méprisables capable de vous bâtir une vie, une réputation et de poussiéreux rêves ne peuvent que fasciner. Lorsqu'il les aimait - physiquement - , c'était au nom d'un idéal, et chacune était aimée comme l'unique. Jusqu'à ce que ses mains s'en défassent au moins, parce que la vie n'était jamais tendre trop longtemps. Encombrantes mais indispensables, diable savait que le satrape ne vibrait que par elles. Il aimait les soumettre, les intimider, les posséder tels de beaux objets, les protéger de tout mais point de lui, les gâter ostensiblement et se parer d'elles en délicieux faire valoir.

Dualité force/faiblesse, ha femme! Que n'as tu fait de ma tristesse...

Ce besoin sempiternel poussait le seigneur à refaire sans lassitude ce qu'il défaisait toujours inéluctablement. Alors il lui sourit de ses lèvres minces et les petites ridules autour de ses yeux se plissèrent.


C'est une jolie dague que vous avez-là.
_________________

IRL PARIS: 29 septembre. Go topic des IRL!
Charlyelle
Je n'ai plus le temps.
Exil de ma peur
Je suis fureur.
Je n'aurai de cesse
De couvrir ma détresse
De son sang versé.
Lui ou moi,
Enfin je le sais,
Exil de mon effroi.


***

Vingt-trois saisons passées ont fait d'elle la sauvage et fière succube qui d'un regard peut vous faire sourire ou vous glacer selon comment sur vous elle le pose. Si certaines gueuses tueraient père et mère pour devenir nobliaude, Charlyelle a vu ses nobles géniteurs décimés et à contrario, elle se satisfait de son statut voulu de roturière. Devenue Cavalière Hydrique, elle en a fait son Credo.

Oh que nenni, la Dentellière ne ressemble à aucune autre. Charlye est une pièce unique. Un parfum insoupçonné qu'elle ne dévoile que si peu. Le Sapineux s'y était laissé prendre, lui qui n'aimait rien tant que sa liberté et les femmes, et entre cette haine et cet amour qui les avait liés, il en redemandait toujours et encore. Jusqu'à ce que. Une Fourmi vienne y mettre un terme, fort involontairement. C'est toujours involontaire.

Ils s'étaient séparés mais néanmoins promis rendez-vous. Un jour. Au gré des aléas de leur propre vie. Sur des remparts. C'était leur condition sine qua none. Deux Samhains s'étaient écoulés depuis cette promesse non encore tenue.

Cavalière qui ne se déplace à priori jamais sans sa roulotte, si elle n'est pas sur mer à naviguer.

Pourquoi Lui ? Et pourquoi pas Lui ?


C'est une jolie dague que vous avez-là.

La main qui caresse la lame cesse, et la paume vient recouvrir la garde. Geste d'instinct afin de dissimuler les ciselures peut-être par trop reconnaissables ou simple manoeuvre. Oncques, c'est d'un geste vif et trahissant une dextérité non dissimulée au maniement de la chose que l'écossaise fourre dague en son étui de cuir.
Succube qui alors de ses aciers quelque peu méfiants découvrent au sourire de cet homme qu'il est plus âgé que sa silhouette au loin ne le lui laissait supposer.

L’ennui. La paresse. Dans le monde lugubre et froid qu'elle s'était forgée depuis deux années qu'elle n'était plus avec le Dran, elle était lasse.

L'Ensorceleuse vivait dans une autosuffisance morbide et la facilité était devenu une épine dans son quotidien. Son ennui était tel qu’elle n’avait plus assez d’imagination pour faire preuve d'originalité.
Ce jour, par cette nuitée, son amie La Destinée semblait lui avoir réservé surprise. Point trop désagréable. Elle semblait s'être plus particulièrement penché sur deux vies. Décidant de les croiser, voire, de les unir, pour s'amuser. Sans doute l'homme venu s'installer auprès d'elle avait-il lui aussi des tendances à l'ennui ou la lassitude.

Destinée Elle, devait penser que ces deux là étaient fascinants.

Oui elle l'est mais il ne le sait point. Certes il doit l'être, mais elle n'en a aucune idée. Peut-être que le Satrape et la Succube sont particulièrement doués pour se détruire eux-mêmes. Ils n'avaient à priori rien en commun. Rien jusqu'à ce que le murmure du Destin en décide autrement. Se surprendront-ils ?

De sa voix rauque et chaude, aux saveurs des îles magnifiques situées à l'Ouest de l'horizon de la mer, accent gaélique et empreint de douceur sauvage comme nul autre, après l'avoir observé, sans gêne aucune, sans aucun brin de cette vulgarité que l'on peut déceler chez certaines femmes elle finit par lui répondre naturellement.

"- Vous avez de jolies pattes d'oie au coin des yeux".

Il n'y a pas à dire. C'est savoureux. Et c'est un compliment chez l'Ecossaise qui aime jouer. Elle adore même mais s'y hasarde trop peu souvent. C'est qu'elle apprécie avoir adversaire de jeu de qualité.

"- Halo. Dè an t-ainm a tha oirbh ?*...Charlyelle...Dentellière de l'Hydre."

Oui. On peut être une Cavalière et faire preuve de politesse. Surtout quand Destinée s'en mêle.

Les perles d'embrun celtique croisent enfin le regard masculin. Happez-moi ..semblent-elles lui raconter.


* Salut. Comment vous appellez-vous ?
_________________
Judas
Un léger mouvement de recul s'imprima sur ses épaules. Décontenancé Judas? C'était bien la première fois qu'une femme le complimentait sur les marques du temps qu'il avait laissé bon gré malgré, lui forger un visage plus... Charismatique. Trente cinq ans. Le temps passe bien vite... Il enviait parfois les quinze ans de son épouse, cette fraîcheur candide qui embellissait quoi qu'il en dise Petit Bolchen. Le castel avait eu besoin de ce renouveau, lorsqu'il s'empoussiérait d'un seigneur volage et despote et de ses chiens, sacro-saintes bestioles douées à la chasse. Heureusement que la Roide redonnait à tout ce tableau un peu de caractère, de son âge équivalent et de son corps stigmatisé, l'amante savait exalter... Avant. L'homme aux cheveux longs se perdait souvent en mélancolie. Il chassa ses pensées lorsque la défection et l'absence de l'Anaon s'imposa de nouveau à lui, piqûre de rappel qu'il ne saurait plus jamais éviter.

Je vais le prendre tel un compliment.

Et d'incliner légèrement la tête vers son hôte à l'accent tout à fait étranger. Un de ceux qu'il s'étonna de ne pas connaitre, attisant sa curiosité. Lors de sa jeunesse, c'est au coeur des mers du sud qu'il avait su entendre toute sorte de dialectes et d' idiomes, engendrant souvent les accents les plus amusants. Mais icelui n'avait rien du sud, un point à éclaircir. Plus tard? Il fallait laisser ces souvenirs d'esclavagiste prospère à ce qu'ils étaient devenus. Des réminiscences que l'église, le mariage et l'acquisition de terres avaient décidé de faire tomber en désuétude.

Elle était brune, avait la peau claire. Ses yeux parlaient plus que ses lèvres, une belle qualité chez une femme. Jeune, à tout casser 25 ans. Un étrangère. Il ne comprit pas tout de ce qu'elle lui dit mais ne prit pas la peine, par fierté, de se le faire expliquer. De ce qu'il comprit il lui sembla qu'il y avait bien l'essentiel pour une rencontre. Charlyelle, dentellière de l'hydre. De l'Hydre. De... L'Hydre. Il pencha un peu la tête de coté, comme s'il cherchait à s'assurer avoir bien entendu. Mais trente cinq années Judas! Non, non, ce n'est pas assez pour être dur de l'esgourde! Cavalier de l'Hydre. Qu'en penser? Qu'elle était vagabonde, sans terre, sans biens, juste animée par une quête obscure et la passion du danger? Une âme égarée, loin de ses routes... Sans doute n'apprécierait-elle pas ce descriptif synthétisé, et fort de sa sagesse il prit le parti de ne pas le lui faire partager.


Une dentellière... Comme c'est joli.


Il contempla ses mains, n'étaient-elles pas son meilleur instrument? Ces mains qui habiles pourraient peut-être se poser sur ses épaules. Peut-être. Les dentellières ne jouent pas de la lame... A moins que le tissus et les étoffes précieuses, les filins de soie et de lin ne soient en aucun cas le support à transformer, embellir et ... Ajourer. Cavaliere, serais-tu comme ma Sainte Roide, venue du froid, et tes mains d'artiste dansant sur les chairs? Et ce gout du sang, ce gout que je n'ai pas moi qui préfère... Qui préfère... Tu le sauras bien assez tôt. Le seigneur répondit à la présentation spontanée de la jeune femme par la sienne, de sa voix cassée.


Judas Gabryel Von Frayner.

Seigneur de, et de, fils de, et de, époux de, maistre de, amant de, et de, et de, et de, et de, et de. Quelle importance. L'instant valait bien qu'on s'en préoccupe plus que des protocolaires banalités. De plus si le satrape avait bien appris quelque chose grâce à sa mercenaire de Roide c'était que l'on ne devait jamais se découvrir de trop face à l'hiver. Rencontre inter-saisonnale. Il but à sa coupe, priant tout de même pour que l'étrangère ne lui parle point trop en son langage.
_________________

IRL PARIS: 29 septembre. Go topic des IRL!
See the RP information <<   1, 2, 3   >   >>
Copyright © JDWorks, Corbeaunoir & Elissa Ka | Update notes | Support us | 2008 - 2024
Special thanks to our amazing translators : Dunpeal (EN, PT), Eriti (IT), Azureus (FI)