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[RP]L'Hostel Particulier des Houx-Rouge

Albanne
[Neuf petits nègres veillèrent très tard. L'un d'eux oublia de se réveiller et il n'en resta plus que huit...]
Agatha Christie - Les Dix Petits Nègres

Le calme m'avait envahi. De même que le froid. J'étais plus à mon aise ainsi. Ma respiration était régulière. Mes yeus fixés sur Soren. Je l'écoutais.

Le poignard je l'ai retrouvé. Caché sous les quatre corps du souterrain. Planté dans le ventre de celui à qu appartient la tête.

Je jetai à peine un regard au symbole qu'il dessinait sur la table. Je savais ce qu'il représentait. Et je me doutais qu'il s'en rappelait aussi. *

Les deux poissons sautant dans la fontaine. L'emblême des Castral-Roc. Vous connaissez peut-être notre chant ? Ceci est le dessin du chant.

J'avançai légèrement le buste vers lui. Je le fixais toujours dans les yeux. Mon regard bleu dans le sien de même couleur. Je tentais, sans succès évidement, de lire le fond de sa pensée. Il ne semblait pas savoir pourquoi. Ou alors, il faisait semblant de l'ignorer. Fort bien.

Et si je ressors cette... horreur... C'est pour vous demander pourquoi ce poignard...

Je m'en saisis, et fit tourner le manche entre mes doigts. Je pointai la garde vers lui. Deux initiales étaient gravées dans le bois précieux.

C'est pour vous demander pourquoi mon Oncle, que voici... Je désigne la tête d'un mouvement de main, s'est retrouvé assassiné d'un poignard dans le dos... Portant un S et un E entremêlés. Pourriez-vous me l'expliquer, Seurn Eriksen ?


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* basée sur la chanson de Birgit et ce qu'elle en déduit du symbole
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Jessienigma
*Elle a mal au crâne. Elle voudrait être à des lieues de là, chez elle, dans un fauteuil et couverte d'un édredon. Elle ne parvient pas à comprendre tout ce qui se trame derrière les esprits de ses amis et le sien vogue vers Conflans. elle voudrait plus que jamais pouvoir voler et s'enfuir par cette fenêtre ouverte. A la place, elle glisse sa main dans celle de Zolgan, avec ce besoin de le sentir là, tout proche. Si elle n'avait pas su qu'elle choquerait son amie danoise, elle se serait appropriée les genoux de ce bel homme, mais il n'en était pas question là.

A la place, son regard se reporte à nouveau sur le massif blond dès son entrée dans la pièce et elle le suit des yeux jusqu'à ce qu'il pose son cul sur son siège. Elle reste sur ses gardes ... Elle ne le sent pas ce goûter, mais alors pas du tout. Elle sourit en coin en entendant son compagnon prononcer sa phrase fétiche.*

Zolgan a écrit:
humf.. sinon.. moi j'aime les fraises...


*Elle se met à rire doucement en serrant plus fort la main du jeune homme, ravie d'avance à l'idée de lui piquer des fraises, mais c'était sans compter sur ce qui allait suivre. Elle s'était sentie mieux en entendant Albanne expliquer qu'elle voulait les voir Syu et elle et qu'elle s’excusait auprès de Zolgan, mais quand Enigma vit la brave Annette apporter des objets pour le moins étonnant. Lorsque la jeune fille vit la tête coupée et sentit l'odeur insoutenable, elle n'eut que le temps de se tourner sur le côté pour rendre ses tripes sur le parquet du petit salon.*

Par Aristote ! C'est quoi cette horreur ?

*Elle est blanche comme une morte. Déjà que les odeurs l'assaillent particulièrement depuis quelques temps, il fallait en plus qu'ils lui offrent une vue qui lui donnait l'impression que son estomac allait se retourner. Elle s'approche néanmoins avant d'entendre Seurn parler à voix haute. Il avait l'air traumatisé et il semblait s'être passé plus de choses que ce qu'elle pensait lors du bal. Elle prit le petit livre dans ses mains et l'entrouvrit.*

C'est le livre des vertus ... Et dire que j'en cherche un pour moi ...

*Elle grimace et redépose le livre que Seurn prend à son tour et regarde le poignard puis le signe que le danois fait mine de tracer sur la table.*

Une référence du livre des vertus peut-être ??? Cela tant ... ça me met mal à l'aise de voir cet endroit si ... peu sûr ! J'ai passé la moitié de mon temps à me balader seule dans cet hôtel ...

*Mais la suite était pire encore. Albanne n'était-elle pas en train d'accuser Seurn d'avoir tué son oncle ? La jeune fille avait à peine eu le temps de se rasseoir qu'elle se relevait d'un bond, toujours aussi blanche.*

Albanne ! Tu es en train d'accuser Seurn ou je fais un cauchemar moi aussi ?

*Elle passa derrière le danois pour venir près d'Albanne et examiner le poignard, voyant bien les initiales. Non ... Ce ne pouvait être lui. elle n'avait jamais vu ce poignard auparavant. Il avait toujours celui qu'elle-même avait contre sa peau en cet instant et il n'avait pas ce genre de gravure.*

Non Albanne ... c'est impossible ! Ca ... ça ne se peut pas ...

*Elle s’agrippe à l'épaule du danois, la serrant fort sous sa main, blême, inquiète, incertaine. Aurait-il encore eu une crise de folie ? Si oui ... rien n'est impossible mais elle ne veut y croire. Elle chercher du regard celui si rassurant de Zolgan mais sa vue est brouillée...*
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Soren
[Paint it Black*]

Les armes des Castral-Roc? J'avoue que je n'y ai guère pensé jusqu'à présent. Tout ceci me rappelle les cours d'héraldique que j'ai reçu dans mon enfance. Je suis incapable de reconnaître une famille françoise par la simple évocation de ses armes. Mais c'est tout le contraire en ce qui concerne la noblesse danoise.

- L'emblème des Castral-Roc? Hum... c'est une idée effectivement.

Oui, une idée qui fait son petit bonhomme de chemin dans ma tête. Toute traces de haine et d'inquiétude a disparu de ma voix. seuls ne restent la fascination pour une affaire que je ne comprends pas très bien encore et dont je mesure mal les conséquences.

- Mais plus j'y réfléchis....et plus j'hésite. Ce...

je retrace les contours du symbole central : ^

- ... pourrait effectivement figurer les jets d'eau de la fontaine. Les deux...

Nouveaux glissements de la paume de mes doigts sur la table : II

- ...seraient les poissons? Hum... Possible? Et le...

Je termine mon dessin imaginaire : X

- Quoi donc? La fontaine? Hum... Peut-être oui... Peut-être avez-vous raison... Mais pourquoi une personne qui est sur le point de mourir aurait-il dessiné au sol le symbole des Castral-Roc alors qu'il se trouve précisément dans la demeure des Castral-Roc? Et puis, ce qui m'embête aussi, c'est que cela semble bien trop évident. Je veux dire par là que beaucoup d'armoiries pourraient être associés à ce symbole ne trouvez-vous pas? Il suffit juste d'un peu d'imagination.

Quelque chose vient soudain d'allumer dans mon esprit. Syu et Enigma sont en face de moi. Les dessins que je fais sur la table, elles les voient à l'envers : XvII... Quel idiot je fais! Les paroles de Enigma me reviennent alors à l'esprit.

- Non Albanne...

Il me semble que c'est la première fois que je prononce son nom depuis mon retour à Castral-Roc.

- Je serais plutôt tenté d'aller dans la direction de la mioche. Moi aussi, je pense que la réponse se trouve... dans ce livre!

Je prends le livre des vertus et l'exhibe bien haut à la vue de tous.

- Ce symbole peint en noir... J'ai réfléchi depuis tout à l'heure à cette "encre". Épaisse et noire... Je crois que ce n'est pas de l'encre... mais du sang! Du sang séché depuis des années et des années! Du sang qui a noirci au contact de l'air ambiant... Une croûte de sang!

Je relâche un instant mon attention sur le symbole pour écouter les dernières paroles intrigantes de la maitresse de maison. Le poignard... Un S et un E entremêlé? Mes yeux s'écarquillent d'étonnement. Je lui arrache la pièce des mains et je la contemple avec curiosité avec stupéfaction. Mes doigts glissent sur la lame finement ciselée. Je reconnais sans peine aucune la texture du manche de bois. Du bois d'If. Les yeux fermés, je redessine les entrelacs de ce S et de ce E. Søren Eriksen... Je pose l'arme sur la paume de mon index et en teste l'équilibre. Je laisse tomber l'arme sur la table, de quelques pouces de haut. La pointe vient heurter la table. Le poignard passe sans peine aucune de la position horizontale à une verticale parfaite.

- Je connais ce poignard. Je peux le certifier sans doute aucun...

Je prends un instant avant de prononcer des paroles lourdes de sens.

- Ce poignard est bien le mien...

* Vanessa Carlton sur une reprise des Rolling Stones.
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Syuzanna.
[I'm a Scottish girl in Paris *]

Tout ceci commence sérieusement à sentir le sanglier. Une tête dans un sac en toile de jute ? L'oncle d'Albanne ? Enchantée Sieur. Syuzanna NiDouggal, une Ecossaise qui se demande ce qu'elle fabrique dans ce pays de fous.
Vu la mine pâle de Søren, la rousse ne peut que conclure qu'il ne s'attendait pas, mais pas du tout, à faire la connaissance de Tonton de Castral-Roc. Et quoi ? Accusation infamante de la part d'Albanne ! Elle s'apprêtait à répliquer, mais le Danois lui coupe la chique. Pour... confirmer que ce poignard est bien le sien ?
Les yeux écarquillés, elle le regarde sans trop oser comprendre. S'il est vraiment responsable de la mort de l'Oncle d'Albanne... Elle est en droit légitime d'exiger qu'il paye ! A cette idée, l'Ecossaise en frissonne.

- Seurn... Es-tu en train de dire que tu as tué cet homme ?

Question qui découle de la logique suivante : poignard de Søren dans le dos de l'Oncle égale Søren tueur d'Oncle Danois. Le pourquoi du comment, ça, c'est un mystère. Mobile ? Introuvé encore. Mais existant. Potentielle innocence ? Vous oubliez le poignard, ma chère. Mais tout de même. Pourquoi ? Voilà une question d'importance. Quelqu'un chercherait à faire porter le chapeau au Danois ?

- Tu l'as... perdu ce poignard ? On te l'a volé ?

Elle regarde Albanne, les yeux plissés. A quoi joue-t-elle, songe-t-elle enfin. A quoi rime tout ceci ? Et ce livre des vertues. Inconu d'elle. Les vertues comme le livre. Et ce symbole ? Tout autant. Deux poissons sautant dans une fontaine. Une signification cachée ? Si oui, laquelle ? Elle n'en a fichtrement aucune idée.


* Adaptation libre du titre English Man In New-York, de Sting. Puisqu'on me le réclame ! =)
Jessienigma
*C'est le choc. Elle était prête à le défendre becs et ongles mais l'annonce de Seurn lui avait fait du mal. Elle avait foi en lui et ne voulait pas croire que ça pouvait être de lui. elle n'avait jamais vu ce poignard. Lui avait-on volé ? L'avait-il perdu ? Et cette histoire de blason des Castral-Roc ? Elle prend le livre et le feuillète de près, vérifiant l'hypothèse de son ami en passant sa main dessus puis approchant son nez pour respirer le parchemin.*

Mhhh... Je crois que tu as raison pour le sang.

*Redéposant le livre, elle tendit sa main et prit le poignard planté devant danois pour l'observer de plus près... et surtout l'éloigner de lui. Elle caressa le manche du bout des doigts, passant et repassant sur la gravure en regardant son ami. Elle glissa sa main sous sa chemise et tâtonna le manche pour chercher une gravure du bout des doigts. Il ne semblait pas y avoir quoique ce soit du genre. Elle regarda Seurn dans les yeux en lui prenant la main de sa main libre, très sérieuse.*

Quand as-tu eu ce poignard en main pour la dernière fois ?

*Elle regarde Syu qui pose les mêmes questions sans comprendre. Leurs regards vont vers leur ami commun. Peut-il vraiment... ? Non, elle ne peut ni ne veut le croire ! Non, son ami n'est pas un meurtrier... Pas quand il est maitre de ses actions en tout cas ! D'une voix qui se veut confiante, elle parle distinctement, bien qu'un peu tremblotante.*

Allons Syu ne dis pas de bêtises ! Ca ne peut pas être Seurn !
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Albanne
[ Huit petits Nègres voyagèrent dans le Devon. L'un d'eux voulut y demeurer et il n'en resta plus que sept...]
Agatha Christie - Les Dix Petits Nègres

La panique se lisait sur les visages de Syuzanna et Enigma. Panique que je ne partageais pas. Le poignard dans le dos d'oncle Sven était sans doute une preuve suffisante de l'implication de Soren. Et comme la moitié de ma famille, oncle Sven était fou. Je me souvennais bien de lui. Collectionneur de femmes. Son épouse battue qu'il tua sous les coups. Sa consommation immodérée d'absinthe, et autres spiritueux nocifs. Et la folie latente qui résidait en chaque membre des Castral-Roc et qui finissait, tôt ou tard, par se manifester. Et même si sa mort ne représentait pas une grosse perte, je désirais connaître le fin mot de l'histoire. La raison d'oncle Sven en France serait peut-être expliquée.
Mais une remarque de Soren me fit secouer légèrement la tête en signe de dénégation.

Cet hostel n'est pas celui des Castral-Roc, au départ. Il appartenait à la famille de ma mère. Lorsque Père épousa Mère, il y entreprit de lourds travaux, dont réaménager les sous-terrains. Mais ici, nous sommes chez les Pelletier, pas chez les Castral-Roc. Même si lors du mariage, officiellement, l'hostel passa à la famille Danoise. Nous sommes aux Houx-Rouge. Pas à Cair Paravel.

A mon tour, je me saisis du livre des vertus. Je l'ouvrais à une page, au hasard. Sans le lire toutefois. Je feuillettais du bout des doigts, l'esprit ailleurs. Je me souvenais bien de l'inscription, écrite au sol. En arrivant près du corps, j'avais d'abord pris ce symbole pour le chiffre romain pour dix-sept. Mais en me tournant de l'autre côté, j'avais reconnu le dessin de la chanson de famille. Dix-sept ne voulait rien dire. Aucune vertu ne portait le nombre dix-sept. Hormis l'épilogue de la vie de Christos, qu'on pouvait considérer comme un chapitre à part entière. Mais Samoht n'y livrait pas grand détail. A part nous rappeler qu'il fallait être bon pour les autres. Rien de bien intéressant en somme.

Connaissiez-vous mon cher oncle Sven, Seurn ? Je ne désire pas, quand bien même vous seriez l'assassin, vous condamner à la potence. Mais j'ai découpé moi-même sa tête. Et j'exige simplement de savoir pourquoi votre poignard s'est retrouvé dans mon oncle.
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Zolgan
Ça commençait à devenir surréaliste... Zolgan n'en croyait pas ses yeux.. Annette venait vraiment d'apporter une tête humain au milieu du salon?...ça n'avait même pas l'air de déranger Albanne.. C'était ça le goûter? franchement il préférait vraiment les fraises.. m'enfin pour le coup, ^ca venait de lui couper l'appétit..il jetta un coup d'œil vers Enigma juste avant qu'elle se lève.. l'air de lui demander si il ne vaudrait pas mieux repartir à Sarlat.. en tout cas lui, c'est ce qu'il voudrait... Il fixa la tête tandis qu'Albanne et Søren s'expliquaient.. Il ne savait pas trop ce qu'il devait comprendre.. Une dague avec des symboles bizarres? un livre tâché de sang? raah.. ça prenait des tournures d'Énigmes.. Soren pouvait-il vraiment tuer quelqu'un?...bonne question.. il ne le connaissait que trop peu pour le dire...ce qu'il savait c'est que ce qui se passait ici était surréaliste.. Ils étaient tous en train de discuter.. pendant que qu'une tête pourrissait au milieu de la pièce.. tête décapitée de sang froid part.. Albanne..? Cette femme était plus froide qu'il ne l'aurait cru... froide ou folle.. il hésitait entre les deux..enfin ça n'avait que trop duré..


Bon, écoutez.. je ne sais pas ce que Seurn à fait où pas... je ne sais pas ce qu'il y a dans se livre.. Je ne sais pas ce que ne signifient les lettres sur la dague ni à qui elle appartient..et je ne connais pas votre oncle Sven... d'ailleurs, je ne connais personne de votre famille.. .et ce qui se passe ici ne me donne pas envie de les connaitre...!


Ce que je sais par contre.. c'est qu'il y a une tête humaine au milieu de cette pièce en train de pourrir..... vous trouvez ça normal vous..? en plus elle sent la mort..! C'est le cas de le dire... alors à moins qu'il y ait un indice sur celle-ci permettant de résoudre le mystère de sa mort.. j'aimerais bien que vous nous en débarrassiez.. le livre et le sang m'auraient suffi.. La prochaine fois que vous trouvez un cadavre dans votre cave.. je vous prierais de ne pas m'inviter...surtout si je n'ai rien à avoir avec lui..!

Pour le reste....

Il posa ses yeux sur Søren.. vu les rebondissements actuel.. il pourrait bien l'avoir tué que ça ne le surprendrait pas...

Seurn.. tu l'as tué ou pas..?
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Syuzanna.
[Cette fois, pas besoin d'un autre mensonge parfait *]

Elle les entend sans les écouter, tandis que ses doigts se referment sur le manche du poignard. L'arme est belle. Du travail d'artiste, sans aucun doute. Du pouce, elle teste le fil de la lame. Tranchant comme un rasoir. L'arme idéale. Un détail cependant, lui fait froncer les sourcils. Elle n'arrive cependant pas à mettre la main dessus. Ses doigts glissent sur les initiales.
Non, Søren ne peut être l'assassin. Pour avoir tué cet homme ? Cela n'a aucun sens. Voilà bien longtemps qu'il n'avait plus eu de nouvelles du Danemark. Et s'il avait connu les Castral-Roc, Albanne ou lui en auraient fait mention.

Est-ce le fait qu'ils ne soient pas dans la demeure ancestrale des Castral-Roc change réellement quelque chose ? Sans doute. Cela peut signifier que le mourant ayant dessiner le symbole désignait bien un Castral-Roc. Un squellette dessine quelques traits de son propre sang. L'Oncle d'Albanne est retrouvé mort, le poignard de Søren dans le dos. Dans le dos ? Jamais le Danois n'aurait frappé par derrière. Et que vient donc faire là-dedans ce livre des vertus ? Søren est-il coupable ? Sous la folie, qui sait ce qu'il peut faire ? Il a déjà tué un homme, dans la forêt, à Patay, alors qu'il n'avait plus sa raison. Un chercheur d'ennui. Qui avait fini par les trouver. Mais il l'avait affronté de face ! Mais cela ne va pas. Tout ceci semble grossièrement établi.

Elle secoue la tête, s'extrayant de ses songes, qui s'embrouillent au fur et à mesure. Un livre dans une main. Un symbole inscrit de l'autre. Une représentation dans le livre ? Ce dessin est-il présent au sein de ses pages ?
Elle repose le poignard, et s'empare du livre. Se levant, elle s'éloigne un peu de la table basse, dont l'odeur s'en émanant devient vraiment par trop insupportable. S'asseyant sur le rebord de la fenêtre, elle se plonge dans l'étude approfondie du livre religieux.


* Secrets - One Republic
Soren
[10...9...8... Je ne suis pas un numéro!*]

Tous les regards sont braqués sur moi. Je suis la cible de toutes les questions. Incrédulité, inquiétude, haine...Tant de sentiments focalisés sur une simple personne. Syu, Zolgan, Enigma et même Albanne, je ne les entends plus. Je suis déjà loin...très loin, là où la terre est froide, où l'eau est glacée et où pourtant j'étais si bien...

- Je ne connais pas votre oncle Albanne. Il est possible que je l'ai déjà rencontré par le passé mais si c'est le cas, je ne savais pas qu'il était un Castral-Roc.

Cela remonte à plusieurs hivers maintenant. Le sol était recouvert d'une neige d'un blanc immaculé. Il faisait froid. Très froid. Sven et moi avions décidé d'aller voir en forêt si tous les animaux avaient réussi à trouver un refuge. Ce jour-là, nous n'avons pris qu'un lapin blanc. Un seul. Dieu ait son âme. Sur le manche de la lame qui l'égorgea, s'étalaient un S et un E entremêlés.

- Ce poignard me fut offert en cadeau pour un anniversaire par Morten Sørensen, l'un de mes bons amis alors que je vivais encore au Jutland sous le toit de Erik Larsen.

Nous étions une bande d'amis inséparables. Nous avons grandi ensemble. Nous courions les mêmes filles, chassions le même gibier. Nous voulions tous apprendre à combattre et nous étions impatients de participer à notre première bataille.

- Jørgen Janssen, Sven Poulsen, Morten Sørensen, Thomas Hanssen, Søren Eriksen et....

Je tourne lentement la tête vers Albanne. Je fixe ses prunelles cherchant à voir sa réaction.

- ...Niels de Castral-Roc! Six Jeunes hommes intrépides, unis comme...les six doigts de la main. C'était ainsi que nous nous caractérisions entre nous. Six fous qui aspiraient tous à être le premier à embrasser la belle Kirsten.

Colères! Rages! Nous étions tous plus déterminés les uns que les autres. Prêts à tout pour vaincre! Pour se montrer le plus fort!

- Finalement, c'est Niels qui eut cette chance. Nous avions tous pariés et nous avions tous perdus exceptés Niels. En guise de victoire, Niels avait le droit de réclamer une chose à chacun.

Pari maudit que celui-ci. Il avait maintenu notre cohésion pendant de longues années, mais son achèvement avait signifié la mort de notre petit groupe. L'amitié avait fait place à une haine implacable.

- Il me demanda ce poignard qui git là...

L'heure de vérité approche. Je dois convaincre. Il le faut.

- Albanne de Castral-Roc, je n'ai pas tué votre oncle! Du moins... pas délibérément! Pas dans mon état normal. Sa mort est récente. Lorsque je l'ai trouvé, elle devait dater de quelques jours... de quelques semaines tout au plus. Nous avons ici deux affaires totalement différentes l'un de l'autre. Le squelette au livre des vertus n'a rien à voir avec la mort de votre oncle.

Albanne... mais aussi Syu. S'il y avait une seule personne que je devais convaincre, c'est elle et uniquement elle! Je tourne la tête dans sa direction et la voit plonger dans le livre des vertus. A t-elle seulement écouté mes paroles? Était-elle perdue dans le mythe aristotélicien? La vita de Aristote? La vita de Christos? Les logios d'Aristote ou de Christos? Les hagiographies ou les écrits des saints? Cherchait-elle à savoir ce que Dieu pensait d'épouser un assassin? Syu et la religion? Elle n'est même pas aristotélicienne!

- Syuzanna NicDouggal? A quoi penses-tu?

*...Je suis un homme libre - The prisoner (Iron Maiden) inspiré de la série britannique "The prisoner"
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Albanne
[Sept petits Nègres cassèrent du bois avec une hachette. Un se coupa en deux et il n'en resta plus que six...]
Les Dix Petits Nègres - Agatha Christie

Je ne pouvais que l'écouter. Sans bouger. Presque sans respirer. Niels. J'enfonçai les doigts dans les accoudoirs. Etait-ce seulement possible ? Nous avions connu les guerres entre familles. La prise de pouvoir, honnête ou non. Nous avions tué bien des innocents. Parfois même des nouveaux-nés. Pour accéder aux plus hautes sphères. Nous avions bâti notre propre légende. Nous étions devenus cette légende. Mensonge ou vérité ? Nous ne savions plus. Mais nous y croyons. Mais au sein de notre Famille, de notre Clan, il n'y avait qu'une règle. Tue qui tu veux. Sauf un Castral-Roc. Or, si Niels avait remporté ce poignard...
Je fermai les yeux un instant. Chasser l'émotion. Se concentrer. Penser de glace. Froidement.

Niels est le fils d'Oncle Sven, lâchai-je enfin en réouvrant les paupières. Il a épousé en 1458 une jeune fille, une certaine Mette Jensen, héritière d'un comté. Sans être laide, la demoiselle n'était pas une beauté. Mais je crois que Niels l'aimait assez. Son père la trouva fort à son goût, comme à peu près toutes les femmes. Il la viola dans son septième mois de grossesse. Ce qui provoqua la naissance prématurée de l'enfant. Mette mourut dans les heures qui suivirent. Et Niels disparut avec l'enfant en jurant de se venger. Sven n'en garda aucun souvenir puisque comme à son habitude, il était ivre.

Je me tus un instant. M'empara du poignard. Le rendit à son légitime propriétaire.

Gardez-le. Il est à vous.

Je le regardai.

Vous connaissez Birgit ? Elle est aussi la fille de Sven. Cette fois, c'est ma Tante, sa propre soeur, qu'il viola. Je crois que Birgit vous prend pour son père.

Nouveau silence. Plus court.

Je pense que Niels... A accompli sa vengeance. A moins que vous-même ayez des griefs particuliers contre mon Oncle.

J'indiquai Syuzanna d'un geste vague de la main.

Je ne sais en revanche, pas du tout ce que signifie cette histoire de moine, de livre des vertus, et de symbole.
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Syuzanna.
[On peut très bien trouver la vérité au fond d'une boîte de haricot.]

L'Eglise et Son histoire. Voilà quelque chose d'absolument palpitant. Nul doute qu'elle tient là entre ses mains un véritable trésor. Mais rien de foncièrement intéressant pour elle. Surtout pour le moment. Parce que, loin de chercher la Vérité entre les pages du livre des vertus, elle guette tout de même un indice. Quelque chose qui fasse référence au signe mystérieux trouvé près du mort.

Plongée dans sa quête, certes, mais pas encore sourde, et c'est donc avec autant d'attention que possible qu'elle écoute Søren parler de ses amis d'enfance. Etrange qu'ils ne soient pas connus avant, elle et lui.
Ainsi donc, le poignard avait été remporté par Niels. Et la suite, contée par Albanne, fait hocher lentement la tête à Syu. Le coupable n'est donc pas son Danois. Mais l'autre. Tuer son père... Décidément, c'est de famille ! Même s'il lui faut bien avouer que l'idée l'a bien traversé elle aussi, de temps en temps.
Refermant le livre, elle tourne le regard vers Søren, alors qu'il l'interpèle.


- A quoi je pense ? reprend-t-elle en calant un pied dans l'encoignure de la fenêtre.

D'un geste négligeant de la main, elle balaye la pièce.

- A la haine que peut parfois éprouver un enfant pour son père, qui justifie, ou non, certains actes. Et surtout à ce qu'à voulu dire ce moine, en traçant ce symbole. La dernière chose faite avant de mourir. Dessiner ces quelques traits au sol. Ce doit être... lourd de signification.

Elle tapote du bout des ongles la couverture de cuir du livre, et lance, tout en vrac, sans ordre précis.

- Si la réponse est vraiment là-dedans, si un secret y était caché, et que ce soit pour cela qu'on l'ait tué, je trouve ça un peu étrange que l'assassin ait laissé le livre. Il l'aurait pris, sinon. Les sous-sols des Houx-Rouge étaient forcément fréquentés. Les domestiques, en premier lieu, et ton père a bien fait amménager cet endroit pour une raison, des rencontres privées ? La mort du moine doit au moins, au minimum, remonter à cinq ou six ans... Tu avais moins d'une dizaine d'années. Tu ne te souviens de rien ?

Quittant son perchoir, elle vient s'assoir sur l'accoudoir gauche du siège de Søren, de façon à ne pas le dissimuler aux yeux d'Albanne. Déposant le recueil sur les genoux du blond Danois, elle fixe son attention sur sa jeune amie. Se souvenir... C'est bien là où le bas blesse. La mémoire de la Danoise est un véritable gruyère !
--Annette_langlois


Au bord de l'évanouissement, qu'elle était, la Annette. Par tous les Saints ! Une tête au milieu du salon ! Vraiment pas aristotélicien tout ça. Monstruosité !
Et ils déblatèrent ceci, ils déblatèrent cela, sans sembler remarquer que la tête d'un homme mort trônait entre les fruits confits et les tisanières.
Le coeur au bord des lèvres, les yeux clos, elle murmurait une prière visant à épagner son âme de toutes les horreurs présentes ici.
Le Sieur Zolgan semblait être le seul saint d'esprit de cette assemblée de grands malades mentaux. Et comme elle ne pouvait agir sans ordre ou remarque, celle du brun tombait à pic.
La domestique s'approcha, et tout en se pinçant le nez d'une main, plongea l'autre dans la chevelure blonde d'oncle Sven de Castral-Roc. Charmante rencontre. Il la contemplait de ses yeux fixes, sa bouche relevée comme sur un dernier rictus. La tête se décola avec un bruit de succion qui fit pâlir la servante. Limite tourner de l'oeil. Elle profita que la femme rousse quittât son poste pour s'en approcher.

- Si Mademoiselle le permet, je vais poser la partie ici présente de son Oncle sur le rebord de la fenêtre.

Peut-être son geste fut-il trop brutal, car l'un des yeux sortit de son orbite, pendant lamentablement au bout de son nerf optique.

- Seigneur ! couina-t-elle en effectuant un rapide signe de croix.

Au bord de la perte de connaissance, les jambes molles, les yeux fortement fermés, elle se saisit de l'oeil sauteur, pour le remettre à sa place.

- Si Mademoiselle me permet...

Elle s'empara de la bouteille de vin rouge pour en avaler une large lampée. C'était à peine assez fort pour la remettre d'aplomb. Que le Très-Haut lui vienne en aide et condamne cette bande d'impies !
Soren
[Élémentaire mon cher Watson!*]

Je regarde une dernière fois ce poignard que j'ai tant aimé. Je le manipule, le tourne entre mes doigts pour sentir sa force, sa puissance… celles d'une vie passée. Puis je tends l'arme vers Albanne en le tenant par la lame.

- Gardez-le damoiselle de Castral-Roc. Gardez-le jusqu'à ce que nous ayons la preuve hors de tout doute raisonnable que Niels est bien le coupable. On s'est tous quittés fâchés après avoir été les plus unis des amis. Le pouvoir des femmes n'est-ce pas? Il est immense. Il mène le monde. Il construit et détruit jusqu'aux plus grands empires.

Je me lève et me dirige vers Syu. Je prends sa main et dépose un baiser au creux de celle-ci. Pourquoi? Simplement parce que j'en ai envie. Parce que évoquer le passé me permet de constater que j'ai un présent bien enviant. Je lui prends le livre des mains et je le feuillette à mon tour. J'aime sa texture. On dirait lui aussi qu'il vit, qu'il a un passé chargé d'histoire. A t-il vécu des évènements historiques? A t-il vu des empires se bâtir et s'effondrer? A t-il été témoin de beaucoup de meurtres? Combien de propriétaires différents à t-il eu? Quelque chose attire mon attention…

- Les logios de Christos et….

- Je fronce les sourcils. Quelque chose ne va pas…

- Le livre des hagiographies juste derrière… sans rien entre les deux.

- Je regarde Syu d'un air interrogateur. Je pince mes lèvres, pose le livre sur le rebord de la fenêtre et l'examine minutieusement.

- Ouais… On a soigneusement déchiré plusieurs pages ici!

Mon regard s'ancre à nouveaux dans les prunelles de ma rousse. Un sourcil se lève. Des points d'interrogations font leur apparition

* Sherlock Holmes - Sir Arthur Conan Doyle
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Albanne
[Et ainsi de suite... jusqu'au dernier.]

Si je me souvenais de quelque chose ? Oui. Que ma mère et moi allions fort peu souvent en France. Ce qui n'était pas le cas de père, qui s'y rendait une semaine par trismestre. Il nous laissait seules, Mère et moi, à Cair Paravel. C'est durant ces semaines que nous étions le plus heureuses. Durant ces semaines que nous nous amusions simplement.
Un voyage aux Houx m'était pourtant resté. J'avais neuf ans. Ma cousine Birgit et moi étions entrées dans ces sous-terrains. Et puis la lumière blanche. Ma première perte de mémoire. Deux semaines de ma vie m'avaient ainsi échappé. Sans espoir de les retrouver jamais.

Rien de concret. Non... Rien qui puisse nous aider.

Puis la remarque, anodine, de Soren. Les pages arrachées. Sans trop savoir pourquoi, le goût métalique du sang me vint en bouche. La brutalité d'une gifle. Le choc de ma tête heurtant un coin du mur. Des yeux suppliants dans le noir. La colère dans d'autres. Des yeux bleus. De glace. Mes yeux. Dans le visage de mon père. Je me force à rester calme.

Quelles sont les pages arrachées ? Quelle partie du livre, je vous prie ?

Le bruit d'une serrure que l'on tourne. Le cri qui me demande de partir. La clef. Le pourpoint bleu. Le coffre. Les appartements de mon père.

S'il vous plait ?
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Syuzanna.
[Oh, boule de cristal, boule de cristal, sauve-nous tous, dis-moi que la vie est belle *]

Les logios de Christos, le livre des hagiographies ? Ces mots sont aussi clairs pour Syu que la boue des flaques après un orage violent. Christos, d'accord, elle sait. Du moins le nom n'est pas inconnu. Après, savoir qui est cet homme... Mais qu'importe, elle n'est pas là pour un cours de religion, ni même débattre là-dessus. N'empêche. Dieu unique, qu'ils disent. Ça commence à faire beaucoup de monde, pour du monothéisme.
Mais cela n'explique pas pourquoi les pages ont été arrachées, bien sûr. Ni par qui.

- Et dis-moi, il est censé y avoir quoi entre tes logios et ton livre des hagiographies ?

Le contenu ne l'intéresse pas plus que ça. A part bien sûr, si la réponse se trouve à l'intérieur. Ce qui serait franchement ennuyeux.
La mine, plus pâle encore que d'habitude, d'Albanne, attire son regard, et tandis que sa main glisse l'air de rien dans la chevelure blonde de son Danois, elle contemple son amie.

- Quelque chose ne va pas, Albanne ?

La Danoise semble ailleurs. Ses questions sont posées d'une voix étrange, comme détachée de la réalité. Se souviendrait-elle de quelque chose ?

* Crystal Ball - Keane
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