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[RP]Fàilte ort a dh'Albainn, un tartan de ma vie.

Chimene
La jeune femme fut tout d'abord paniquée par les paroles de l'écossaise.

Une contraction? Mais non. Le bébé ne devrait pas arrivé avant au moins une semaine! Non faut pas.

Le regard hagard, elle ne savait plus quoi faire quand son interlocutrice lui donna une petite fiole et des conseils. La bretonne fixait ce remède miracle tout en écoutant les instructions.

Trugarez pour tout Druidesse Charlyelle. J'espère que l'on se reverra après cette nuit qui s'annonce agitée.

Le soir même avant d'aller au champ de bataille, la bretonne se fit donc une tisane. Après de longues minutes qui lui semblèrent une éternité, elle sentit enfin son ventre se détendre un peu.

Soulagée, elle s'équipa...en serrant moins les liens, et se rendit dans les rangs.

* Durant la nuit *

Nouvelle bataille pour la bretonne au sang chaud. Aux côtés de ses frères et soeurs d'armes et d'autres alliés, elle frappa l'ennemie tout en se protégeant au mieux.

Un coup d'estoc, puis une parade. La future maman préférait se concentrer sur sa défense et ne porter un coup seulement quand elle jugeait le moment propice.

Son adversaire étant un fort gaillard. Elle le jaugea rapidement, estimant ses chances de réussite d'un seul regard aiguisé. Grand, fort, et sachant visiblement manier sa bastarde, elle misa tout sur l'esquive et l'attaque dans le dos.

Sa tactique aurait fonctionner à merveille si elle avait eu toute sa souplesse, ce qui n'était plus le cas.
La brune se fut pas assez rapide et prit un coup d'épée dans le flanc.

A terre et prise à nouveau de curieuses contractions, elle crut sa dernière heure venue. Son bouclier était en mille morceaux, et une nouvelle attaque venait de briser son épée. Au comble du désespoir, elle pria pour son enfant, attendant le coup fatal.

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Charlyelle
Non, non, non, nooon, nooooon et non !! Elle ne pouvait pas lui faire ça la Bretonne. Et pourtant si, elles y allaient droit en plein dedans. Deux estropiées. Et une chez qui le travail commençait. Kac'heri !!!*

Champ de bataille , c'est le foutoir complet. Et l'Ecossaise qui se retrouve une épaule ensanglantée, dans un état de rogne infernale. Une épée fracassée, un bouclier derrière lequel elle s'abrite pour rejoindre la femme à terre. C'est pas comme si elle était pas blessée. Mais le pire est là. Le pire est à venir.

Les embrumées notent le flan ensanglanté et la brune à terre. Et les yeux écarquillés, planté devant elle, Charlyelle la voit, pliée en deux sous les lames tordantes des contractions qui l'étreignent à n'en pas douter. L'épée et le bouclier ne sont plus que des amas.
Gardant son sang froid, elle s'accroupit pour l'aider à se relever et de son bras valide se saisit du sien, le lui passant autour de son cou.


"- Accrochez-vous à moi que je vous sorte de cet enfer ! J'ai pas le temps de vous emmener au campement. On y arrivera pas. Par contre vous voyez ce grand arbre là-bas ? C'est notre objectif ! Tenez vous bien à moi !"

Les deux brunes se mettent à avancer, l'une soutenant l'autre , enjambant les cadavres qui jonchaient le sol. L'Ecossaise s'arrête soudain.

"- Ne Bougez pas !"

Elle la lâche le temps d'aller faire quelques cadavres et de se saisir des couvertures qu'elle peut leur arracher. Puis sans ménagement, elle reprend le bras de la bretonne.

" Tenez bon on y arrive...Encore un peu...Alleeeez !!!"

Et sans lui laisser le temps de s'effondrer, d'un geste ample, réprimant la plainte qui lui monte aux lèvres en un grognement sourd, l'Ecossaise réussit à déployer une couverture au pied du grand arbre. On aurait dit un saule à mieux y regarder mais elle n'avait pas la tête à ça.
Gardant tout le sang froid qu'elle pouvait, elle regardait la brune qui semblait se tordre de douleur.

" - Qu'est ce que je vous avais dit !! Une bonne tannée et puis voilà que vous me faites des contractions quasi sur un champ de bataille ! Et que je peux pas vous rapatrier au village, va falloir être courageuse et assumer maintenant. C'est que le début de vos contractions, vous n'avez pas perdu les eaux encore, mais vu comment vous vous trémoussez, je pense que les prochaines heures vont être prometteuses.
Essayez de garder votre calme le plus possible. Je suis là, je suis avec vous, je sais ce que je fais."


Charlyelle ne s'était tout de même encore jamais trouvé dans la situation de devoir aider une femme à accoucher pratiquement au beau milieu d'un champ de bataille.

"- Le feu ! Faut que j'allumes un feu !"

Tout se bousculait dans la tête de la Pallikare. Pouvait pas attendre qu'elles atteignent l'auberge non ça c'était impossible. Le tas de bois fut vite dressé et sans tenir compte de son bras claqué, elle s'escrimait à faire jaillir la flamme qui serait sans doute non pas leur salut à elles, mais celui de l'enfant à venir. Et lorsque les flammes se mirent à crépiter, elle sort un récipient de sa sacoche qu'elle emplit de neige jusqu'à ras bord et qu'elle dépose au creux de l'âtre qu'elle venait de former avec quelques pierres.

Observant sa parturiente, elle la voit souffler de plus en plus fort, grimacer. Charlyelle avale sa salive le plus discrètement possible, recouvrant avec précaution son épaule blessée, tirant sa sacoche auprès d'elle, et s'agenouille auprès de la future mère.

" Ne vous inquiétez pas, on va y arriver. Je dois d'abord regarder votre flan, la blessure semble nette et peu profonde et vous ne perdez pas trop de sang.

Tout en parlant, l'Ecossaise posait une main rassurante sur le front de la bretonne, tentant de lui apporter un peu de réconfort au beau milieu de ce chambardement.
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Chimene
La bretonne ouvrit les yeux, s'apercevant que le coup n'était toujours pas venu. Son adversaire était même à terre, un rictus de surprise sur les lèvres.
Devant la brune se tenait l'écossaise, sa sauveuse. Elle était blessée également mais semblait ne pas en tenir compte. Prenant Chimène par le bras, elle la tira et, se soutenant l'une l'autre, elle se dirigèrent vers un grand arbre. La bretonne peinait à marcher, mais soutenue par la celtique, elles y parvinrent enfin.

Elle entendit les paroles de la celtique de loin, son cerveau commençait à être envahi de brumes. Elle regarda distraitement l'arbre. Ses connaissances en herboristeries n'étaient pas assez développées pour qu'elle puisse l'identifier avec précision, mais elle n'en avait cure. Les douleurs lui prenaient toute sa concentration.

Elle s'effondra sous l'arbre, s'appuyant dessus avec soulagement. La couverture sentait le sang. Le sien? Peut-être. Elle ne se rappelait même pas avoir apporté une couverture.

Tournant ses yeux embrumés vers sa droite, elle vit la druidesse qui s'activait. Sa blessure ne semblait pas la déranger, ou alors elle en faisait abstraction. Chimène admirait son courage, elle aurait aimé pouvoir en faire autant avec ses contractions.


"- Le feu ! Faut que j'allumes un feu !"

Après avoir allumé un feu et prit sa sacoche, Charlyelle s'approcha d'elle et examina sa blessure.
La jeune bretonne serra les dents. Curieusement, sa blessure lui faisait moins mal que les contractions. Elle craint pour la vie de son enfant.


S'il vous plaît Druidesse, mon enfant. Dites moi qu'il ne risque rien. Je vous en prie.
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Charlyelle
Fort heureusement, le ciel était vierge de tout nuage, et la lune presque pleine éclairait quasiment comme en plein jour.
Bruit du tissu qui glisse sur les jambes de l'accouchée. L'avantage c'est qu'en pleine nature, il n'y a pas de noeuds à défaire. Ah si, Charlyelle vérifies consciencieusement la tenue de la Bretonne, dénouant les quelques liens et en fait de même sur sa propre vesture.
La Bretonne, les traits tirés par l'inquiétude, l'effort et la panique qu'elle lisait dans ses yeux avait besoin de concentrer son énergie sur les moments à venir et uniquement ceux-là. L'Ecossaise la regarde, apaisante.

"- Soyez assurée que je mettrai toutes mes compétences et énergie dans la bataille que vous livrez. Et ne vous inquiétez pas, je défais tout ce qui ressemble à un noeud afin d'éviter que le cordon ne s'enroule autour du cou de votre enfant."

Elle se voulait rassurante. Regarder où en était le travail. Vérifier la perte des eaux ou pas. Calmer la jeune future maman. Et après avoir concocté un mélange dans une tisane, elle la lui tend.

"- Buvez ceci. C'est une tisane à base de coriandre, bocconie cordée, écorce de saule et reine-des-prés à laquelle j'ai mélangé un peu de poudre de matrice de lièvre. Cela devrait à la fois vous détendre et faciliter le travail tout en vous aidant à supporter la douleur. Buvez à petites gorgées. Je dois regarder où vous en êtes."

Elle savait bien qu'il fallait attendre que le corps soit prêt pour en extraire le nourrisson et que Nature fasse son oeuvre. Les contractions étaient plus fortes et rapprochées. Elles semblaient maintenant revenir sans cesse, comme un assaut régulier de vagues. A chacune d'elle, Charlyelle pouvait lire l'effort produit sur le visage de la Bretonne et sa main se resserrer plus fort autour de la sienne.
Charlyelle fronça légèrement les sourcils, constatant que la flaque d'eau qui venait d'orner les tissus était mêlée à du sang, étant donnée la teinte rosée.
Un oeil dans la besace de cuir histoire de vérifier que tout est là. Aiguille de bronze, fil de catgut, ciseaux, linges propres, encens et poivrier, poudre de matrice de lièvre, ceinture de St Marguerite, huile de violette et laurier et onguent de rose pilée, miel et sel, tout y était. Et on se saisit de la ceinture qu'elle colle sans prévenir dans la bouche de Chimène.


"- Allez vous me mordez là-dedans tout votre soûl et on laisse faire Dame Nature !"

Et voilà que la druidesse lui noue un coquillage, un corail plus précisément autour de la cuisse tout en provoquant quelques éternuements, lui faisant respirer poivre et encens, le tout afin de l'aider dans son travail.

"- Ce corail, c'est l'arbre des Eaux. Il a le pouvoir chez moi, de protéger du mauvais oeil et d'arrêter les hémorragies. On dit aussi qu'il a le pouvoir d'apaiser tout en apportant un regain d'énergie, ce dont vous allez avoir besoin, car je vois la tête de votre enfant".

Le regard de l'Ecossaise se fait encourageant alors qu'il croise celui de la jeune bretonne.
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Charlyelle
Orléans, chaque jour vous réserve une nouvelle surprise !....


Orléans ! Chaque journée vous apporte joies, découvertes et aventures ! Nous nous occupons de tout pour que vous soyez libérés de tout souçi. Profitez de ces moments privilégiés pour lier amitié avec vos compagnons et créer de merveilleux souvenirs entre vous ! Voyez la vie en rose ! Les images floues de son rêve la hantaient, lui laissant une impression de torpeur diffuse, comme un vide inexplicable au creux de l'estomac.
Que lui arrivait-il depuis quelques jours ? Pourquoi avait elle cet inquiétant pressentiment que la journée n'allait pas se dérouler comme toutes les autres ?

Une petite fille et une mère de plus à son acquis depuis quelques jours. Elle tournait en rond dans cet endroit. Elle avait passé une nuit agitée, emplie d'ombres étranges et de forêts profondes où elle se perdait...

Sur le point de rejoindre son auberge, réfléchissant à ce qu'elle allait bien pouvoir faire maintenant qu'elle était totalement guérie de ses blessures et de sa maladie, l'Ecossaise ralentit soudainement l'allure et se raidit instinctivement. Non loin d'elle, une silhouette se dresse, qui est loin de lui être inconnue. La tête se penche, les narines ont un léger frémissement alors qu'un drôle de vertige s'en vient la saisir.

Pas fait exprès ! Non, non et non. L'auraient ils voulus qu'ils n'auraient pas mieux joués. Son maître-amant, là devant, à quelques pas d'elle. Charlyelle lui jette un regard intense, concentré et profond.

Il était toujours aussi séduisant qu'elle en eut le souffle coupé. D'une beauté virile. Les hanches minces et les traits affirmés. Le vent ébouriffait ses épais cheveux bruns, longs bien au-delà de la nuque et des épaules.
Il se dégageait de cet homme une impression de force contenue, et aussi, quelque chose de glacial et d'impénétrable.

Pâlissant sous l'effet du choc, elle réalise que si elle l'a vu, lui ne semble pas l'avoir aperçue. Le sang bourdonnait contre ses tempes et elle ferma un instant les yeux avant de se diriger dans la première taverne qu'elle trouve. Désorientée, son regard erra à travers la pièce, se posant sur les tables de bois clair, les chaises en osier, avant que de déplier devant elle un vieux vélin retraçant une carte.

Elle n'aurait plus qu'à choisir une destination au hasard, un frisson courant tout le long de sa nuque. Le Seigneur avait toujours cette même démarche assurée et cette prestance manifeste et si naturelle.

Et s'il lui tombait dessus, comment allait-il réagir en découvrant qu'elle lui avait quelque peu désobéi ces dernières semaines ?....

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Charlyelle
Pas même il ne lui sera tombé dessus. L'Ecossaise n'était pas dupe du moins dans son propre raisonnement. Si elle l'avait aperçu c'est que forcément lui aussi l'avait vu et que donc, s'il n'était pas venu, c'est qu'il n'en avait pas envie. Et Charlyelle n'est pas du genre à courir ou s'imposer. Non, elle n'est pas de celle-là.
Si Judas Gabryel avait voulu la voir ce soir là il serait simplement entré dans les lieux. Point. La vie pour la Nordique est aussi simple que cela. Et elle ne cherchait à en connaitre les raisons bien que plusieurs trottinent dans son esprit.

Pas de nouvelles de Machette. Dans la même idéologie, elle ne se tracasse pas. Pas de nouvelle, bonne nouvelle parait-il. Vogue la galère. Son paternel quant à lui, semblait, pour l'instant du moins, non pas jeter l'éponge mais la laisser quelque peu en paix. Faut dire qu'il avait du regagner ses terres dare dare, ça chauffait quelque peu par là-bas.

Aussi l'Ecossaise était-elle tranquille, vivant au jour le jour sans plus se souçier des autres autant que de sa petite personne. Elle ennuyait personne, tout le monde lui foutait la paix. Le Danois n'avait pas répondu à sa dernière missive et puis vu ce qu'elle avait appris, valait au final mieux pour lui que leurs chemins ne se croisent plus. Cela ne changeait rien à son ressenti et à la glace qui l'étreignait mais au moins, c'est elle cette fois qui se complaisait dans cet état de marbre parce que c'était son unique façon de se protéger.
Tellement bien se protéger que rassurée sur la petite Mae, elle se protégeait même de la petite, évitant de lui donner des nouvelles, parce qu'elle ne voulait pas que l'on vienne l'atteindre dans sa bulle. Et à l'heure actuelle, la seule qui puisse le faire, c'était bien Maelysa.

Elle se promenait dans la campagne Orléannaise, dont elle n'avait pas bougé encore. Sortie de convalescence, elle vivait au jour le jour, restant tout de même quelque peu sur ses gardes malgré ses airs de rien. Assise contre le tronc de ce chêne qu'elle s'était trouvé, elle sirotait de son eau de feu, les perlées rêveuses lorsqu'un bruit de course la fit sortir de sa torpeur.

_ Votre Alt..pardon. Mademoiselle, il y a un pli qui est arrivé pour vous. Avec un sceau dessus. Ce doit être important.

Aux premiers mots du jeune gourgandin, Charlyelle lui avait lancé un regard fulgurant. Le gamin s'était pris d'affection pour Ilug qui l'avait finalement rejointe et faut croire que le grand-père n'avait pas su tenir sa langue.
"- Donne donc"

Et si de prime abord, le sceau ne lui disait absolument rien, l'écriture et la signature elle ne manquèrent pas de lui arracher une exclamation étouffée.
"- Manque pas de toupet lui !"

La lettre ne fut lue qu'une seule fois. Devant quelques tournures de phrases, les mâchoires de la Dentellière se serrèrent. Et de sa besace, elle en tire un petit coffret de bois dans lequel dort son fin nécessaire d'écriture. Et c'est exprès qu'elle ne s'embarrasse ni de l'étiquette, ni du protocole alors qu'elle sait forcément combien il peut y être attaché. Il a ses humeurs le Seigneur de Falmignoul ? Et bien elle aussi a les siennes. Et elle compte bien le lui faire savoir.

Citation:

De Moi, Charlyelle
A Vous, Enzo.

Je suis bien aise de voir que vous savez toujours où me trouver lorsque vous avez besoin de mes services. Bien sûr, je ne m'attendais pas à telle surprise ce jour.
Vous me voyez ravie que votre fils aille bien. Pour le reste, je me contrefiches comme de mes derniers jupons que vous ayiez rempli de nouveau les tiroirs de vostre épouse. Je me tamponne totalement d'elle, je vous ai d'ailleurs demandé de ne plus m'adresser un seul mot à son sujet et je n'ai pas changé d'avis. Je ne suis pas de celle qui retourne leur veste au gré du vent pour ma part.

Bref.

Maintenant que les civilités sont écrites, j'ai effectivement de quoi vous soulager mais vous ne pensez tout de même pas que je vais vous faire parvenir cela par coursier ?

Je me trouves actuellement sur Orléans. Il est hors de question que je vous apportes ce dont vous avez besoin dans cette ville de malheur de Montpelliers. Donc soit nous nous donnons rendez-vous dans un lieu de votre choix soit vous devrez vous adresser ailleurs car même si vous envoyez une personne de confiance je ne mettrais pas de quoi calmer vos humeurs ou apaiser vos angoisses dans des mains autres que les vôstres.

Quant à prendre soin de moi, je suis en vie. Cela suffit.

Dans l'attente de vos nouvelles, et bien heureuse d'en avoir eu car vous, je vous aime bien.



Harfang des neiges qui s'envole droit sur le Seigneur. C'est vrai, de son épopée Languedocienne, il est sans nul doute le seul, Enzo, qui ait su gardé le respect de l'Ecossaise.
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Charlyelle
_ Si vous avez froid Mademoiselle, je peux demander à un valet d'allumer le feu.

Elle résista à l'envie de serrer un peu plus étroitement son tartan autour d'elle.

« - Non merci ça va. Je n'ai pas besoin d'un feu, ni de rien d'autre en fait, tout va bien ».

La servante continuait de s'agiter autour de la pièce, remettant en place des objets qui n'avaient été nullement dérangés.

_ Vous êtes sûre mademoiselle ? Parce que je trouve que vous avez l'air frigorifiée. ..

« - Non vraiment, je vais bien. Je vais lire un peu ».

Charlyelle essaya d'adopter un ton naturellement ferme, sans aucun excès qui eût pu attirer un peu trop l'attention de la servante de la toute récente maisonnée Orléannaise acquise, dans laquelle elle se trouvait. Missive d'Enzo à la main.
La servante était-elle seulement soucieuse de son bien-être ou bien la surveillait-elle ? Il était difficile de le savoir exactement. La domestique était à son service depuis peu et déjà entièrement dévouée au maître de maison. Celui qui la lui avait quasiment imposée : son père. Mais c'était à ce prix là qu'elle avait pu obtenir un semblant de paix.
Il n'était pas raisonnable pour Charlye d'essayer de s'en faire une alliée, mais peut-être au moins n'était-elle pas une ennemie...De toute façon, si le Vladimissime avait placé cette servante là pour qu'elle espionne sa fille, mieux valait pour l'Ecossaise, faire profil bas.

Elle alla donc s'asseoir sur un canapé, continuant la lecture que lui procurait le Seigneur de Falmignoul.

Meg, ainsi prénommée, hésita un instant avant de déclarer

_ Bon. Si c'est ce que vous voulez, très bien. Mais je trouve qu'il fait tout de même froid.

Charlye essaya de prendre un ton supérieur et aussi détaché que possible.

« - Je trouve cela revigorant et plus économique, aussi. Je suis sûre que mon père n'approuverait pas un gaspillage de bois dans la matinée, alors que les après-midi sont déjà très doux. Puis c'est normal que vous ayez froid vous et pas moi. Vous venez du Sud je viens du Nord. »

Meg opina du bonnet, prête à approuver toutes les opinions émanant de son maître, même les plus anodines.

_ Si c'est ce que souhaite votre père, alors bien sûr, Mademoiselle. Mais surtout sonnez si...

« - Si j'ai besoin de quelque chose ? Certainement. Vous pouvez me laisser Meg. »

La servante quitta la pièce et Charlyelle poussa un soupir de soulagement avant de se précipiter vers la cheminée.
Meg exécutait son service avec un peu trop de zèle au goût de Charlyelle. Tout était bien mieux lorsque seul Ilug était auprès d'elle et occupait ses fonctions. Mais son père ne supportait pas l'entente du grand-père et de sa fille et lorsqu'il avait appris qu'Ilug avait désobéi à ses ordres pour complaire à sa petite-fille, le résultat ne s'était pas fait attendre. Et pour le remplacer, son père avait fait appel à la très complaisante Meg qui voulait faire du feu quand il n'en était nul besoin...

Charlyelle étendit son tartan devant la cheminée et s'agenouilla dessus, en remerciant mentalement le personnel pour la propreté des parquets, encore que les cendres eussent été difficiles à discerner sur un tissu chiné de laine anthracite.
Elle se pencha et tendit l'oreille aussi près du conduit qu'il était possible. Des voix montaient faiblement de l'étage en-dessous. Le quartier des domestiques. Visiblement, en bas aussi, le bras droit de son père avait refusé de faire un feu. Il devait faire aussi froid dans son cabinet de travail que dans la chambre de Charlyelle. Cela arrangeait bien cette dernière qui pouvait ainsi écouter la conversation de Meg et d'Alban, la nouvelle coqueluche de son paternel.
S'ils s'imaginaient que Charlyelle n'avait pas compris que tous deux l'espionnaient pour le compte de son père, ils allaient vite en être pour leur frais. Mais dans l'immédiat, la brune jouait le jeu, parce qu'elle s'en contrefichait quelque peu en fait. Et que ça lui servait.

...d'être revenu aujourd'hui. Je suis sûr que nous pourrons trouver un arrangement qui nous conviendra.

Quoi, sans même organiser une rencontre, vous en êtes sûr ?

La voix d'Alban baissa en intensité, comme s'il s'éloignait de la cheminée. Charlyelle poussa un soupir de frustration. S'ils ne se tenaient pas tranquilles, comment allait-elle pouvoir entendre ?

Une rencontre n'est absolument pas nécessaire. Elle fera ce que son père lui dira de faire et puis, vous avez vu le portrait n'est-ce pas ? Je vous assure qu'il est très ressemblant.. Elle fera ce qu'il lui dira de faire. Et si elle refuse de se plier à sa volonté, elle devra faire face aux conséquences. Comme ce sera cet homme là et nul autre, il faudra bien qu'elle se montre coopérative. Il s'agit d'une proposition qui est très honorante pour son père.

Les voix baissèrent de nouveau. Les lèvres de Charlyelle se pincèrent jusqu'à n'être plus qu'une étroite ligne blanche. Ainsi, ça n'était pas terminé ? Elle qui pensait avoir la paix, ce n'était seulement que faux-semblant pour mieux l'amadouer.

Je serais bien aise d'avoir une épouse aussi jeune et jolie que la fille de votre maître ! Et elle sera très honorée de mes attentions !

Jeune. Il avait dit jeune ! Cela n'augurait rien de bon. Charlyelle tendit l'oreille, tentant de deviner à quoi pouvait bien ressembler cet homme que lui destinait le paternel.
Evidemment. Son père souhaitait un mariage de son rang. Mais le rang du futur mari désigné ne prouvait nullement que l'Ecossaise le trouverait à son goût.
De nouveau les voix montèrent en intensité.


Et vous dites qu'elle est obéissante ? C'est une bonne chose. Les jeunes femmes de nos jours sont bien trop indépendantes et ce n'est certes pas ce que je recherche chez une épouse.

La voix s'éloignait encore de la cheminée tandis que l'homme continuait à pérorer sur l'esprit rebelle des jeunes femmes en particulier.

Vous n'aurez aucun problème de ce genre, la fille de mon maître connait ses devoirs.

Et si elle ne les connait pas, elle les apprendra bien vite.

Elle les entendit alors éclater de rire et se relève le cœur battant. Ainsi, c'était encore une fois décidé. Inévitable. Son père lui avait encore trouvé un parti et répondait de par son bras droit de son obéissance.

Non, mais il était en plein rêve là encore une fois, le paternel. Ou bien était-ce elle qui cauchemardait de nouveau.

Il avait comme de juste, déniché quelqu'un de son goût et qui lui ressemblait : un homme qui se servait de ses poings serrés pour obtenir l'obéissance de ceux et, naturellement, de celles qui dépendaient de lui. Quelqu'un qui professait que rien ne ramenait plus vite à la raison une jeune fille ou femme désobéissante qu'une main lourde et ferme.
Cette fois il ne rigolait plus le paternel et il appliquait les méthodes ancestrales de son pays à lui.

L'Ecossaise agrippa le manteau de la cheminée et tenta de se ressaisir. Les perspectives n'étaient peut-être pas aussi noires qu'elles le semblaient ; après tout il n'était pas juste de juger cet homme avant d'avoir fait sa connaissance. Et il était sans doute déraisonnable de tirer trop de conclusions d'une simple conversation écoutée dans un conduit de cheminée.
Pourtant, accord semblait indiscutablement avoir été trouvé.

La jeune femme essuya hâtivement la suie de sa robe et se rua vers le balcon en prenant bien soin de rester dans l'ombre afin qu'on ne puisse pas la voir de la rue.
D'un instant à l'autre, le visiteur allait récupérer sa canne et son chapeau, et passer juste en dessous d'elle. Alors, elle allait enfin apercevoir l'homme que son père voulait qu'elle épouse. Sa voiture l'attendait dans la rue, juste au dessous, et Charlye admira au passage les deux beaux chevaux bais et leurs harnais garnis d'argent. La berline resplendissait, et elle pouvait presque sentir la riche odeur des sièges capitonnés de cuir.
Ainsi, l'homme qu'on voulait lui faire épouser avait l'air d'être fort à son aise. Elle pourrait profiter de cette richesse, au moins. Avoir des robes, des bijoux. Une belle maison certainement. Plusieurs peut-être...
Grimace qui se joue sur le minois écossais. Tout ce qu'elle abhorre en fait.
Elle entendit la porte se refermer et vit le cocher et les valets de pied se redresser pour accueillir leur maître. Il lui sembla que c'était par véritable respect, et non par crainte, qu'ils changeaient d'attitude. Elle aurait de nombreux serviteurs, peut-être une femme de chambre qui lui obéirait à elle, plutôt qu'à son mari.

Nouveau rictus sur le fin visage. Elle se mordit la lèvre. Tout cela était bien beau, mais était-il aussi permis d'espérer que son mari serait un homme doux et tendre en même temps qu'un aristo ? Elle se concentra sur cette pensée en essayant de ne pas se laisser influencer par les bribes de conversation qu'elle avait entendues.
A cet instant, elle vit l'homme monter sur le marchepieds de la voiture et se pencha en avant pour mieux le voir. Il était agé, elle pouvait le voir à la ligne voûtée de ses épaules. Son pas était régulier, mais raide et mesuré. Sa taille haute et sa silhouette exagérément mince, voire frêle, comme s'il était affecté par quelque maladie. Les doigts qu'elle vit se poser sur le montant de la portière étaient noueux et décharnés, comme des griffes.

Charlye soupira de découragement. Il aurait été insensé d'espérer que l'homme soit jeune, après avoir vu la richesse de son équipage. Il fallait du temps pour acquérir la fortune suffisante pour posséder une telle merveille. Il fallait être en tout cas nettement plus âgé qu'elle naturellement ou alors être comme elle, l'héritier providentiel... Mais si cet homme était aussi vieux qu'il le paraissait..

Elle frissonna en pensant qu'il la rejoindrait la nuit et put presque sentir ses mains décharnées sur ses cheveux et sur sa peau nue. Il semblait même plus âgé que ne l'était son propre père. Elle serait probablement bientôt veuve...
C'était mal de penser, d'espérer cela. Peut être qu'elle était vraiment mauvaise et que son père avait raison de vouloir la punir ainsi. Mais une petite voix, tout au fond d'elle-même, refusait de se taire. Non. Elle n'était pas mauvaise et elle le savait. L'homme que son père lui avait choisi était un vieillard alors qu'elle était encore elle même qu'une toute jeune femme. Son père cherchait tout simplement à l'empêcher de profiter de sa jeunesse, avec sa cruauté habituelle.

Se sentant observé, l'homme leva les yeux et la découvrit alors sur le balcon. Elle ne bougea pas tandis qu'il la regardait, en essayant de ne pas trop lui montrer à quel point il la dégoûtait.
Le vieil homme arrêta son cocher d'un geste et la fixa durant un long moment. Charlyelle pouvait voir ses petits yeux détailler lentement son corps, passer sur son ventre, ses seins et son cou, avant de s'arrêter enfin sur son visage. Alors il lui sourit. Mais il n'y avait aucune trace de chaleur sur ses traits.
Comme dans un rêve, elle le vit caresser de la main le cuir du capitonnage de son siège, le palper de ses doigts décharnés comme s'il s'agissait de son corps à elle. Enfin, il donna un ordre bref au cocher d'une voix rauque et échauffée. L'attelage s'ébranla.

Charlyelle s'adossa contre la façade en sentant ses jambes trembler sous elle. Peut-être avait-elle imaginé l'attitude et les gestes du vieil homme. Il y avait la distance, les odeurs de la rue et le soleil qu'elle avait dans les yeux. Tout cela avait peut être enflammé son imagination. Peut être cherchait il une clé, une pièce de monnaie ou tout autre objet qui avait pu tomber sur le siège à côté de lui.
Peut-être aussi avait-elle le diable au corps, comme le prétendait son père qui disait toujours qu'elle ressemblait à sa feue mère ; et avait-elle imaginé ce qu'elle ressentirait lorsque cette main passerait sur elle, la caressant, la palpant, l'étreignant.

Elle s'agrippa plus fort à la balustrade pour lutter contre une vague nausée et avala plusieurs grandes goulées d'air. Ce n'était pas possible. Tout simplement pas possible. Son père pour une fois, devrait l'écouter et se rendre à la raison. Peut-être en échange de son renoncement, devrait-elle lui promettre de toujours être obéissante désormais. De ne plus le mettre en colère. Et même, d'épouser tout homme qu'il lui désignerait. N'importe qui sauf ce vieillard là.

Et dans l'immédiat, de reprendre la lecture de la missive Enzonesque reçue le matin même.

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Charlyelle
Un bruit de verre brisé vient soudain la tirer de son cauchemar. Une vitre venait de voler en éclat sur un balcon, juste de l'autre côté de la rue. Un homme ouvrit les contrevents avant de lui tourner le dos. Il avait une allure toute militaire et quand il parla, son agréable voix de baryton porta sans effort jusqu'à elle, malgré la distance.

Voilà qui vient à l'appui de mes dires. Laissons donc cette fenêtre ouverte, cela épargnera peut-être les autres vitres.

Un projectile passa au-dessus de son épaule et fila dans la rue, puis un autre. Qu'il rattrappa à quelque centimètres de sa tête. Comme il le tenait dans sa main, Charlyelle put voir qu'il s'agissait d'une jolie mûle en satin. De femme.

Voilà encore quelque chose de bien inutile. Même si vous m'aviez touché, cela ne m'aurait pas fait grand mal. Tandis qu'à présent vous avez perdu l'une de vos chaussures et vous allez devoir sautiller jusque chez vous. Car n'espérez pas très chère, que je vais me précipiter dans la rue retrouver la première que vous avez lancée...

La propriétaire des objets du délit répondit par une tirade furieuse et volubile, dans une langue qui parut à Charlye être de l'espagnol. Et pour avoir passé quelques temps en Catalogne, l'Ecossaise avait l'oreille. L'homme croisa les bras et s'appuya au trumeau, de profil, montrant des traits réguliers et un sourire sardonique.

Ce n'est pas exact ! Ma mère m'a assuré que j'étais bien un enfant légitime. Non pas que je me vante d'ailleurs, de cette pureté dans mon lignage...

Il y eut de nouveau des cris en espagnol et de nouveau un bruit de verre brisé, mais venu de l'intérieur cette fois.

Au tour du miroir maintenant. Et vous qui êtes pieds nus, chère amie. N'allez pas vous blesser...

L'Ecossaise qui tendait l'esgourde, jeta un regard sur ses propres pieds perlés et nus et ne put s'empêcher de pouffer légèrement de rire. Un nouveau torrent d'injures inintelligibles se fit entendre de l'intérieur.
Embarrassée de sa propre indiscrétion, la Dentellière s'aperçut qu'elle se penchait à la balustrade de son propre balcon pour mieux entendre, mais il était difficile de paraître ignorer un échange aussi passionnant et un spectacle offert à tous, qui plus est. Le plus interessant auquel elle avait assisté depuis des années à vrai dire. Et sans même avoir besoin de sortir de chez elle.
Son nouveau voisin. Qui selon les rumeurs, revenait d'une guerre en Espagne. On disait qu'il avait acheté son grade d'officier en vendant des bijoux dérobés à sa famille afin de fuir le mari jaloux de l'une de ses conquêtes, devenu un peu trop menaçant. S'il y avait du vrai dans cette histoire, ce n'était certainement pas le frère de ce capitaine, un duc angloys, qui en avait fait la publicité. Car il niait farouchement tout lien de parenté avec lui.
Le capitaine Radwell selon les rumeurs n'était autre qu'un démon. Celui-çi se montrait en plein jour, se querellant avec sa maîtresse, dans un quartier jugé très respectable et assez fort pour que toute la rue en profite.
Malgré la grossièreté de la chose, Charlyelle écarquillait les yeux à son balcon, incapable de s'empêcher de regarder.
Lorsque l'irrascible personne dans l'immeuble d'en face, s'interrompit pour reprendre son souffle, elle entendit l'homme lui répondre encore.

Et bien vendez vos bracelets ou les boucles d'oreilles que je vous ai offertes. Tout cela coûte assez cher et devrait vous permettre de vivre confortablement jusqu'à ce qu'un autre imbécile vienne prendre ma place. Quoiqu'il en soit, cet entretien est terminé.

Elle entendit quelques sanglots furieux et une porte claquer. Charlyelle sourit. Elle en aurait presque oublié ses propres souçis. A cet instant, l'homme se retourna et la surprit à le regarder. Ce n'était pas un simple démon. C'était Lucifer en personne. Avec ses cheveux dorés par le soleil, son nez bien droit et son sourire enjôleur. Ses yeux devaient être bleus mais c'était difficile à affirmer à cette distance. Selon l'Ecossaise, pragmatique, il fallait des yeux bleus pour aller avec ce visage là. La coupe très ajustée de sa jaquette et de ses braies moulaient ses larges épaules et sa taille fine.
Dans cette embrasure de fenêtre, le capitaine angloys, ressemblait à un dieu grec égaré. Une vision à couper le souffle de n'importe quelle femme. Mais pas celui d'une écossaise frigorifiée.
Il soutint son regard jusqu'à ce qu'il ressente sans doute le besoin de détailler sa propre personne. Et étonnamment, elle le vit tapoter l'aile de son nez du bout du doigt et hocher la tête. Que voulait-il lui signifier par là ? C'était étrange. Elle secoua la tête pour lui montrer qu'elle ne comprenait pas. Alors avec un nouveau sourire, elle le vit sortir un mouchoir de sa poche le déplier d'un coup sec, et s'essuyer le visage avant de lui montrer le sien.
Instantanément, Charlye passa une main sur sa joue et la frotta. Lorsqu'elle la regarda, elle était tâchée de suie. Quelle honte !
Non seulement, elle dévorait des yeux, avec curiosité, des choses qui ne la regardaient pas, mais en plus, elle était aussi sale qu'un ramoneur.
Voyant qu'il avait été compris, l'angloys remua son mouchoir en triomphe. Puis il s'inclina vers elle et ferma la porte fenêtre qui menait au balcon.

Charlyelle l'imita. Ah l'horrible libertin ! Il se ridiculisait en public en se disputant avec sa maîtresse puis se moquait d'elle avec impertinence, pas le moins du monde embarrassé par son indiscrétion. Comme il devait être délicieux de connaître une telle liberté, de se moquer comme d'une guigne de l'opinion des gens et de faire exactement ce qu'il lui plaisait.
Un plan se forma dans la caboche écossaise avant même qu'elle ne s'en rende compte. Un plan très audacieux, le plus scandaleux qu'elle puisse imaginer. Bientôt toute idée de mariage deviendrait hors de question.
La chose serait plus facile à réaliser si elle attendait la nuit. Mais dans quelques heures, avec l'aide du sulfureux capitaine, elle pourrait bien être libérée de son père, de cette maison et du vieillard qu'il allait la forcer à épouser.

Oui ce soir, elle reprenait son destin en main !

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Charlyelle
Quelque part dans la campagne

Lorsqu'elle s'approcha des berges de la rivière elle s'arrêta pour contempler l'eau limpide, comme fascinée. L'eau était si claire que l'on distinguait parfaitement chacune des pierres qui couvrent le lit de la rivière. Elle s'assit un instant sur l'herbe, finit par retirer ses bottes, puis dut relever légèrement sa jupe et son jupon pour faire glisser les bas le long de ses jambes. Pieds nus, elle se mit debout, releva l'ourlet de sa jupe au-dessus de ses genoux et descendit avec précaution jusqu'à la rive. Les pierres étaient douces, bien qu'un peu glissantes et l'eau presque glacée ce qui lui arracha une grimace. Mais l'Ecossaise aimait beaucoup la sensation du courant léger sur ses chevilles. Tout comme elle aimait ce chaud soleil sur son visage.

Elle sentit tout à coup quelque chose lui chatouiller la cheville droite et lorsqu'elle baissa les yeux, elle vit qu'il s'agissait d'un ban de minuscules poissons. Elle releva vivement sa jambe pour sortir son pied de l'eau. Et le ban de petits poissons se précipita aussitôt sur sa cheville gauche. Elle sauta sur son autre pied et en laissa tomber le bas de sa jupe, qu'elle releva bien sûr trempée.
Elle réussit à se relever mais se prit le pied dans l'ourlet de sa robe et retomba aussitôt dans l'eau, trempant cette fois-ci non seulement son corsage, sa jupe, mais son visage et ses cheveux.
Une bouffée de joie monta soudain en elle, si inattendue, qu'elle en paraissait incongrue. Et tout à coup, incrédule, elle s'entendit produire un son qu'elle eut du mal à reconnaître. Elle riait !
Chose qui ne s'était pas produit depuis plusieurs semaines.

Elle ne voulait pas lever l'ancre mais elle sentait le passé tirer sur la corde comme une lame de fond avec assez de force pour lui faire se demander si elle devait lâcher prise. Si au final, elle avait le droit de se sacrifier sur l'autel de son propre bonheur.

Les missives reçues d'Enzo avaient au moins eu le don de faire en sorte qu'elle se préoccupe d'une autre personne qu'elle. Certes, il était du genre odieux quand il avait ses humeurs. Mais elle avait une commande à honorer. Et elle l'honorerait.

Sans plus attendre, Charlyelle se remit en route.

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Charlyelle
Chassé croisé.

Y'a pas à dire, quand elle prend une décision elle s'y tient. Sa commande bien soigneusement rangée dans le fond de sa besace de cuir, Moonblack chevauche d'un bon train. Mais faut croire que cela ne suffit pas. Rendez-vous fut donné en Auvergne. Rendez-vous fut manqué. Et de nouveau, c'est reparti pour s'en honorer ce qu'elle doit lui remettre en main propre.
Prochaine destination, peut-être que cette fois, ça ne sera pas en vain. Bruits étouffés de sabots martelant la tourbe et la campagne qui défile. Mais elle mourrait de faim et finit par ne pas résister, s'arrêtant au prochain lieu.
L'auberge consistait en un simple bâtiment de pierres auquel était adossé un jeu de quilles attenant. Il y régnait un grand silence car les villageois étaient en train de travailler ou bien s'activaient aux tâches ménagères à cette heure de la journée. Elle était la seule cliente dans l'immédiat et la conversation ne tarda pas à s'engager avec le patron des lieux, surtout lorsque le brave apprit quelles étaient ses origines. Forcément, en pleine campagne françoyse, son accent étranger ne pouvait passer inaperçu.


Dites m'en plus sur votre vie en Ecosse !

Confortablement installée à une table, elle terminait le copieux repas qui lui avait été servi. Elle avait l'avantage de pouvoir ingurgiter de tout sans que sa tournure et sa taille n'en payent les conséquences. S'essuyant délicatement les lèvres, la druidesse sourit à son hôte. Non sans accepter de boire une gorgée de bière revigorante pour faire glisser le pain un peu élastique qu'elle mâchait depuis un petit moment.

"- C'est très différent d'ici. L'air est tout imprégné de l'océan, comme s'il était lourd du sel qu'il contient. Ma famille y possède un domaine. Nous y cultivons des artichauts, nous y pêchons du poisson mais notre activité principale est la culture du blé, avec lequel nous produisons l'Uisge beatha. Le whiskey si vous préférez. En plus de cela nous avons des brebis, avec le lait desquelles nous fabriquons des fromages d'une douceur et d'un crémeux inégalable.
Je ne peux pas imaginer que l'on puisse vivre toute une vie en ville, où à se languir comme certaines femmes de la noblesse, sans rien d'autre à faire que papoter ou broder. Ce sont d'ailleurs, maintenant que j'y pense, deux activités très semblables, puisqu'aussi bien l'une consiste à broder sur du tissu et l'autre sur la vérité."


L'aubergiste éclata de rire.

Vous avez de l'esprit vous !

"- Nous avons aussi de l'avoine, du choux, de l'orge, des navets, des pommes de terre. Les hivers sont longs et rudes en Ecosse, la terre n'est pas très profonde, bien moins fertile en tout cas que la vôtre. Mais le poisson en revanche...je paries qu'il est encore meilleur que celui auquel vous êtes habitué !"

Ton taquin de la Dentellière Ecossaise.

Et c'est beau ?

"- Oui c'est très beau. Je ne crois pas qu'il y ait plus bel endroit sur terre, à mes yeux. Mais bien sûr, je ne suis pas vraiment objective ! Le domaine est entouré de montagnes qui en été sont entièrement mauves à cause de la bruyère. Ensuite, quand vient l'automne et que le temps change, elles prennent toutes les teintes de brun que vous pouvez imaginer. Dorées et couleur d'ambre au matin, roux flamboyant et brun profond à mesure que le soleil plonge sur l'horizon. En hiver, leurs sommets blancs de neige et de glace scintillent comme des diamants. Nos terres s'étendent à l'abri des montagnes. Nos bêtes paissent sur leurs flans, et nos cultures occupent la partie basse et plate qui continue jusqu'à la mer. Nous avons des plages de sable d'une blancheur incroyables et il y a de nombreux îlots tout près des côtes où la mer est très peu profonde à marée basse et où l'on peut attrapper les plus gros crabes que vous n'ayez jamais vu."

Elle se tut, le regard perdu dans l'horizon. Un sourire sur les lèvres.

"- Quand j'étais enfant, je faisais la course avec les crabes sur le sable."

L'Ecossaise s'arracha au souvenir de son pays pour revenir à l'auberge.

Et ça ne vous manque pas d'être loin de vos terres ?

"- Pas un jour ne passe sans que j'y pense."

Pourquoi restez-vous ici alors si vos terres vous manquent tant ? Que fuyez-vous ?

"- Fuir ?" Son visage se fit alors plus dur, traversé par des émotions changeantes, passant de la colère à la tristesse, puis de l'amertume à la résignation.

"- Une longue histoire. Trop longue pour que j'ai le temps de vous la narrer. Mais ce n'est pas vraiment une fuite. Enfin je conçois pas la chose ainsi."

Elle prit chambrée pour la nuit et se réveilla le lendemain matin avec l'impression qu'on lui avait bourré le crâne de coton. Elle saisit ses bottes et les enfila avant de nouer son tartan autour de son cou. Aujourd'hui elle en avait l'envie. Elle passa les vêtements qu'elle avait acheté sur les étals quelques jours plus tôt. La chemise de coton, le sark, ressemblait à la sienne, quoique taillée dans un tissu plus grossier. Elle portait par dessus un jupon bleu pâle et une jupe plus courte, à rayures bleu et or. Elle garda son corset, ses bottes et ses bas, mais abandonna son pet-en-l'air pour une tenue plus simple, soit un gilet de laine bleue à manches lacées, très masculin.
Après avoir rangé ce qu'elle venait d'ôter dans son châle, elle prit son arisaidh et s'appliqua à la nouer à la manière des femmes de son clan.
Elle commença par plaquer le long morceau de tissu par-dessus ses robes comme un tablier, le retint avec une ceinture de cuir étroite, puis passa le reste par dessus ses épaules comme s'il s'agissait d'un manteau dont les pans retombant sur ses hanches formaient des poches profondes.
Une broche d'étain tenait l'ensemble en place, serré sous la poitrine, laissant assez de tissu sur ses épaules pour qu'elle puisse le tirer sur sa tête comme un capuchon si elle devait se protéger des intempéries en cours de route.

Il était temps de repartir. Elle espérait sincèrement que d'ici quelques mois, elle pourrait songer à ces instants le coeur léger. Pour l'heure, cette profonde tristesse l'envahissait toujours mais s'était nuée d'une pointe de joliesse la veille. Jamais elle ne saurait si le Nordique avait suivi ses conseils mais avec l'attitude qu'il avait eu, elle ne devait plus s'autoriser à y penser. Car le faire, équivaudrait à lui accorder de l'importance. Elle devait se forcer à l'oubli pour sa survie à elle.

Elle sortit seller Moonblack dans le soleil de l'après-midi. Et l'équidé et sa cavalière se lancèrent à vive allure dans la campagne. A la poursuite d'Enzo.

Pour les humeurs du jeune Seigneur.



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