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[RP] Journal d'une louve exotique

Domenika


La jeune femme se sentait chaque jour plus lasse, l'esprit envahi de rêves étranges. Elle se remettait totalement aux bons soins de Hilda et ses potions. Mais ce matin là, lorsqu'elle tenta de s'asseoir dans le lit, elle eut un violent étourdissement et une migraine affreuse. Hilda se précipita à son chevet pour lui proposer une potion. Kem but une petite gorgée et fronça les sourcils. Sous l'arôme de menthe, de sauge et d'autres composés, elle reconnu une saveur amère et âpre. Du datura! Alarmée, elle recracha sa potion. Et tout s'éclaira! Depuis qu'elle buvait les tisanes de la vieille femme, sa santé avait lentement décliné, imperceptiblement... On l'empoisonnait!
Elle croisa le regard de Hilda et y décela une lueur malsaine.

Allons allons! Buvez!

Non!


Kem tenta de s'interposer, mais elle s'était affaiblie ces derniers temps, elle n'avait plus de force... Hilda la força à boire, elle essayait de recracher, mais peine perdue!

Tu fais ta difficile! J'en ai matée de plus rudes que toi! Tu en as avalé assez, seigneur Joren sera satisfait....!

Elle sentit son esprit dériver dans le brouillard, seule, comme la dernière fois à Brest. Confuse, elle cherchait à s'orienter... Elle sentit une chaleur, comme une étreinte chaleureuse, et des paroles assourdies :

Maintenant faut prévenir Kem la rassurer que désormais tout ira bien …


Son ange était vivant et libre de ses mouvements! Elle se sentit exulter, même si elle restait prisonnière du brouillard. Elle allait toucher l'étincelle, mais cette dernière s'éteignit en un bruit d'explosion. Il s'était passé quelque chose... Un faucon pèlerin vint se poser sur son épaule, Akira! Elle n'était donc pas seule dans les limbes... Elle avait peur désormais que Hilda profite de sa catatonie pour l'achever. Cette idée fit émerger du brouillard des murs... Un meuble, un lit... Une femme inanimée dedans, et une autre. Bien plus âgée qui allait l'étouffer avec un oreiller... Avec étonnement, elle se reconnut, si faible, avec ce ventre si gros à présent... Et comme un battement et une petite lumière, dedans, la vie! Une larme s'écoula ses yeux, sachant qu'elle allait perdre la vie et que son bébé ne verrait jamais le jour... Et elle ne pouvait rien faire!

Elle vit tout à coup Aubin - non, Nezumi- entrer dans la chambre, tirer les cheveux de la vieille avant de lui couper la gorge prestement. Nezumi se pencha sur elle, gouta du bout de la langue la potion. Elle reconnut la saveur amère du datura, et soupira. Les jours suivants, elle fit avaler à Kem une potion dépurative pour éliminer toute trace de poison ... Mais la jeune femme, catatonique, ne réussissait pas à émerger.

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Domenika


[ Un mois plus tard ... ]

Kem avait fini par émerger des limbes, petit à petit, grâcve au bon soin de Nezumi, d'abord par tranches de dix minutes, puis des heures, et enfin, elle guérit. Elle restait néanmoins proches de la route des rêves, prête à replonger en cas de faiblesse... Seul lui manquait son ange, elle essayait de ne pas s'apitoyer sur son sort. Elle n'avait plus de nouvelles, et Nezumi lui avait dit qu'elle l'avait libéré avant de fuir du rafiot. Avait-il réussi à fuir lui aussi? Lorsqu'elle était soucieuse, elle replongeait loin dans les limbes, et il fallait que Nezumi la secoue pour l'en faire sortir.
Le bébé remuait de plus en plus, et faisait comme des vagues sur son ventre. Il réagissait aux sons des voix, ce qui la faisait sourire, mais jamais bien longtemps, car elle se disait qu'il n'entendait pas la voix de son père, et comme elle n'avait plus de nouvelles, elle commençait à se demander s'il serait là pour la délivrance, car il ne lui restait guère qu'une lune ou deux si elle allait jusqu'au terme...
Nezumi s'occupait d'elle, et ensemble, elles parlaient du bébé à venir, de la confrérie, le tout dans sa langue natale, cela lui rappelait des souvenirs. Elle s'occupait exclusivement de la jeune femme, goutant chaque plats et boissons qu'on lui apportait. Yûki montait la garde aux alentours, aidant Nezumi à ouvrir l’œil, au cas où Arnaud oserait passer à l'action.
Elle reçu deux pigeons à la fois. Elle attrapa le premier message ...

Citation:
Sommes à Naples depuis deux semaines. Personne n'a de nouvelles du "corbeau noir", ni ici, ni les chefs de ports auxquels j'ai écris. Il est peu probable qu'il soit resté en mer aussi longtemps sans ravitailler, aussi, nous pensons qu'il aurait sombré corps et biens ... nous continuons de chercher malgré tout. Pour l'instant, il n'est fait mention nulle part d'un canot isolé qui aurait accosté avec des survivants.
Aoki.


Elle éclata en sanglots incontrôlables. Le bateau avait sombré, disparu! Il devait être mort, noyé... Au fond d'elle pourtant, quelque chose lui soufflait qu'il vivait toujours, quelque part, qu'ils se retrouveraient. Elle se sentait si seule ... Ses bras lui manquaient, ses baisers, ses rires et son sourire avec ses yeux joyeux et enfantins lorsqu'il se moquait d'elle gentiment, ou ses plaisanteries plus ou moins douteuses... Le bébé remua, comme pour chasser la torpeur qui commençait à l'envahir à nouveau, alors que Nezumi était partie en patrouille. Il ne fallait pas qu'elle se laisse aller!
Elle décacheta l'autre lettre ... Exa!

Citation:

Mon Amour ,

Je sens dans le plus profond mon être que tu es vivante je ne saurais te dire comment mais je le sens ! Tu n’a pas à t’inquiéter pour moi, on m’a bien soigné … je sais que tu souffres autant que j’ai souffert mais tu verras tout ira mieux maintenant. Fais-moi confiance. Falco m’a retrouvé ! Tu te rends compte tout le chemin qu’il a fait. Je t’envois un pigeon parce qu’il semble bien fatigué. Je ne suis pas très bavard par ses lignes à vrai dire tout ceci est tellement bizarre, je me réveille d’un long sommeil je suis quelque peu perdu …Et cette…bref je rentre bientôt , confirmes moi que tout va bien !

Je t’aime !

Exa


Exa! Vivant! Elle se sentit légère comme une bulle de savon. Il lui manquait toujours autant voire plus, mais il était vivant, et ça , c'était important! Elle attrapa un vélin et lui répondit aussitôt ....

Citation:
Mon ange ...

Comme je suis rassurée enfin de te savoir vivant! Je te fais confiance, tout ira bien à présent. J'espère que nous serons réunis bientôt. Où es tu donc? Je transmettrai à Aoki et Aubin, ils sont à Naples, peut être pourront-ils te rejoindre et t'aider à rentrer...
Tu me manques, je t'aime

Kem

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Domenika


Kem regardait par la fenêtre les flocons tomber un à un, dans la pénombre de la nuit... C'était la veille du solstice d'hiver, la nuit la plus longue de l'année. Et la nuit, c'était à ce moment là que l'absence se faisait le plus sentir. Parce qu'il aurait dû être là, à observer le petit être en elle bouger, car à présent, cela se voyait, à lui parler, à se moquer d'elle et de sa démarche de canard... Elle soupira longuement, puis s'amusa à dessiner sur la buée déposée sur la vitre. Elle se remettait peu à peu, mais restait affaiblie, amaigrie. Elle espérait que le bébé ne souffrirait pas de tout cela...
Elle se leva, et fit quelques pas dans la neige. Yûki était invisible sur le manteau de neige, mais pas ses deux petits, petites boules de poils grises qui jouaient à se rouler dedans. Lorsque la louve accompagnait Nezumi en patrouille, au cas où Arnaud pointerait son sale museau, les deux louveteaux venaient dormir avec Kem, se chamaillaient, n'arrêtaient pas de filer sous les couvertures pour jouer, ce qui lui arrachait des rires lorsqu'elle avait l'impression qu'il y avait tempête à ses pieds. Elle eut un frisson violent, toussa, et se décida à rentrer avant de congeler sur place. Elle était vite fatiguée... Et ce n'est pas comme si par magie son ange émergerait de la forêt pour la serrer dans ses bras. Hélas...
Elle s'installa bien au chaud et médita sur la réponse d'Exa. Et cette ... cette quoi? Qu'avait voulu t-il dire? Elle fronça les sourcils, mais ce ne devait être rien de grave ni d'important. A moins qu'il ne voulait l'inquiéter par rapport à sa santé, ou encore de l'endroit étrange où il avait échoué! Un fait exprès, une autre missive vint l'arracher de sa méditation. Enfin, la réponse d'Exa!

Citation:
Mon amour ,

Comme je suis heureux de te savoir en vie , et le bébé comment ça se passe ? Aoki et Aubin à Naples ? Je suis sur l’ île de Porqueroles je suis dans un monastère et déjà bref il est temps que je te serre dans mes bras et que je t’embrasse si tu peux les faire venir ici ce serait parfait , je te raconterais tout à mon retour et notre vie pourra retrouver la quiétude d’antan , du moins on sera à nouveau réunis .

Je t’embrasse
Exa.


Elle sourit, il était encore fourré dans un monastère... décidément, à chaque fois qu'il avait des problèmes il atterrissait là bas, un comble! Elle prit une plume et deux vélins...

Citation:
Mon ange,

Le bébé bouge beaucoup, il est bien vigoureux! Mais je dois me reposer, car si je bouge trop, il risque de venir trop tôt. Et après tout ça, je... enfin bref. J'essaye de reprendre des forces. J'envoie tes indications à Aoki et Aubin, je ne m'inquiète pas, ils réussiront à se procurer un bateau. J'ai hâte que tu rentres, on a jamais connu vraiment longtemps la quiétude comme tout le monde, mais t'avoir à mes côtés ce serait merveilleux! J'ai tellement peur d'être toute seule au moment de la délivrance...

Kem

Citation:
Aoki, Exa est à l'île de Porquerolles, je pense que le bateau a du sombrer et qu'il a échoué là bas... Je compte sur vous!
K


Elle envoya les lettres sans plus attendre, chacune sur un faucon pèlerin, plus rapide que les pigeons classiques...

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Domenika


Soir de la saint Noël... Kem regardait les flocons tomber, dehors, tandis que résonnait les chansons et rires joyeux de ceux qui faisaient la fête. Elle n'avait pas le cœur à la fête, sa moitié, sa raison de vivre, était loin d'elle depuis plusieurs semaines. Chaque seconde, elle ressentait son absence. Non, Kem n'avait pas envie de se joindre aux couples heureux, aux enfants, et même aux autres coeurs solitaires au risque de se faire aborder, draguer, et devoir engager la conversation. Non, Kem n'avait pas envie de faire la conversation, ni même d'écouter les histoires, les rires. Depuis quelques jours, le bateau d'Aoki et Aubin étaient en route pour Porquerolles et lui ramener son ange sur terre ferme. Jusqu'au moment des retrouvailles, elle se sentirait ... incomplète, perdue... Nezumi passait le plus clair de son temps à patrouiller puis dormir la journée. Visiblement, Arnaud avait renoncé à attaquer sans nouvelles de son chef.

Pour se changer les idées et s'éloigner des bruits de fête qui s’insupportaient, elle avait décidé de faire un tour. Le paysage était gris, mort, morne, mais la neige avait tout changé en le recouvrant d'un manteau blanc et doux, lui donnant une certaine magie. Mais cela ne suffisait pas à lui faire oublier qu'elle était seule et coincée ici à voir le même paysage depuis quelques semaines. Elle manqua de glisser sur une plaque de verglas sous la neige, mais réussit à garder l'équilibre, cela devenait dangereux, surtout dans son état! Quelque chose lui attira l’œil sur le sol uniformément blanc. Des traces de pas se découpaient dans la neige... de grands pieds bottés, qui s'éloignaient vers la forêt toute proche. Quelqu'un s'était approché de l'auberge... Un promeneur, un chasseur peut être? Quelques traces de pattes de loup, Yûki évidemment, et visiblement... une bagarre! Des petites gouttes de sang au sol... La neige étaient entièrement foulée à cet endroit, aucune trace n'était distincte dans cette boue grise. Un frisson lui parcouru l'échine, il lui fallait revenir à la chambre au plus vite, elle le sentait... Lorsqu'elle déboula dans la chambre, Nezumi tenait la louve dans ses bras, le sang lui tâchait sa tunique. Kem se précipita... Mais la louve n'était heureusement que blessée... Arnaud était dans les parages! Nezumi aida Kem à soigner la louve, qui avait l'oreille un peu déchirée mais surtout avait été poignardée au niveau du cou. Ça saignait beaucoup, mais c'était plus impressionnant que ça en avait l'air... Yûki devra rester et s'occuper de ses louveteaux pour quelques jours... Kem caressa la fourrure de son amie à quatre pattes et soupira. Elle ne voulait pas la perdre! Elle s'inquiétait désormais, car Nezumi serait seule pour la protéger ...

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--Arnaud_


Il avait réussi à toucher la louve, il espérait l'avoir tuée, mais la garde du corps avait rappliqué, il avait du courir pour éviter ses flèches. Son repère, son campement était bien caché dans les sous bois, dans une grotte. Il traversait à gué une rivière, ce qui suffisait pour brouiller la piste du loup, du moins jusqu'à aujourd'hui. Au moins l'animal serait hors jeu. Il n'avait plus de nouvelles de Joren, ni des autres, mais il devait mener à bien sa mission. Normalement, la femme et son enfant, qu'elle portait, aurait dû mourir. Mais rien ne s'était passé comme prévu, visiblement... Sans nouvelles de son seigneur, il se considérait comme ... libre. Il se souvenait de Kem. Il avait fréquenté quelques jours durant le groupe de Magnus, avant d'être recruté par Joren. A l'époque, elle lui paraissait dure. Elle pliait le temps que la tempête passe, mais ne se rompait pas, malgré les tortures, les exactions, elle restait elle même. Jamais la lueur dans son regard ne s'était brisée. La plupart des catins finissaient toujours par changer, essayer d'amadouer les hommes, dans l'espoir de survivre plus longtemps dans de meilleurs conditions. Mais jamais, jamais Kem n'avait cédé, subissant torture après torture...
Il sourit. Il venait de trouver son but à atteindre. Il allait la séquestrer, avec le temps, savamment, patiemment, il saurait briser. Il ferait de son enfant le sien, l'élevant comme s'il était de lui, il lui briserait le cœur en transformant cet enfant... en catin si c'était une fille, en tueur comme lui si c'était un garçon. S'il touchait au fruit de ses entrailles, il la ferait céder, il la briserait, oui!

Il sourit de plus belle, les rouages tournant dans son esprit malsain... d'abord neutraliser sa garde du corps... Sans la louve, elle serait plus facile à surprendre. Il la suivit, et la surprit en l'assommant d'un seul coup, alors qu'elle observait une de ses empreintes sur la neige boueuse. Il avait fait exprès de laisser cette empreinte sur ce chemin, bien dégagée. Elle était tombée dans le panneau et dans les pommes par la même occasion... il se précipita vers l'auberge, et surpris Kem dans sa chambre en train de soigner la louve. Il lui sourit, d'un sourire vulpin, passant sa langue sur ses lèvres, un sourire qui promettait bien des choses... Il vit la louve essayer de se lever, grognant faiblement, mais elle était trop faible et perdit conscience. Kem s'était figée dans une posture de protection envers son enfant, ce qui le fit sourire... SON enfant désormais, car il avait décidé qu'elle serait à lui, et lui donnerait cet enfant. Ce serait amusant de décider du destin d'un nouveau né, le façonner, sous les yeux de sa mère en plus! Il s'en régalait d'avance. Il pointa son épée devant ses yeux, il voyait la peur dans ses prunelles, qui étaient élargies par la peur. Il dirigea la lame vers le ventre, puis vers son cœur, comme s'il se demandait ce qui serait le plus amusant... Une larme coula, puis deux, il l'entendit même murmurer : Exa je t'aime...

A l heure qu'il est, il ne doit même plus se souvenir de son propre nom, alors de ... Toi... Avec tout ce qu'on lui a fait... Comme à toi!
Il lui murmura les derniers mots à l'oreille, lui caressa le cou. Il délaça sa robe, découvrit le dos et parcourut les cicatrices anciennes du bout du doigt. La douleur avait dû être délicieuse!

Ton homme a les mêmes que toi désormais, sauf .... celle là ...
Il se pencha sur son homoplate et lécha la marque de Magnus au fer rouge. Il la sentit frissonner d'horreur, ce qui le ravit davantage.

Je pense que je te marquerai moi aussi. Et puis, nous apprendrons à nous connaître, tu verras... tu l'oublieras, tu oublieras ton nom, tout... Il n'y aura que nous, Toi, Moi, et notre enfant.
NON! Je ne v..

Il la gifla et la projeta au sol.
Je ne t'ai PAS permis de parler. Sauf si tu préfères que je t'éventre pour t'arracher ton chiot... Je t'avoue que ce serait moins drôle, j'ai envie d'avoir un enfant à élever. Plus c'est long, plus c'est bon! Suis moi, catin. Nous allons recommencer ton éducation... Toute ton éducation.

Domenika




Le nouvel an avait eu lieu la veille. Kem était toujours soignée par l'ami d'Exa, Ryan. Le roux faisait des pieds et des mains pour qu'elle garde le moral, en racontant blagues, et anecdotes, la faisant rire. Chaque jour, il lui donnait des tisanes pour ralentir le travail. Elle restait le plus souvent au lit, mais faisait de temps en temps quelques pas en sa compagnie, pas trop loin, en évitant les chemins verglacés. Kem ressentait souvent des contractions, peu douloureuses mais impressionnantes, surtout pour Oane, fascinée par les mouvements du bébé bien visibles, et surtout lors de la contraction, la déformation en pointe du ventre vers l'avant. Mais le roux devait travailler pour payer l'auberge, et les journées devenaient alors longues... Kem se languissait alors à la fenêtre avec Yûki qui se remettait de ses blessures à ses côtés, ainsi que les deux louveteaux facétieux. Elle espérait revoir Falco, guettait les arrivées de cavaliers... Saturne était restée à l'écurie, chaque jour, elle allait voir la jument, lui parlait, lui caressait les flancs, comme lui avait conseillé Exa, au début de leurs relations alors qu'il était malade. La jument comprenait son désarrois, à elle aussi, il lui manquait. Elle posait alors sa tête sur l'épaule de la jeune femme, qui lui caressait alors distraitement le cou. Elle savait qu'il reviendrait bientôt. Elle était certes impatiente...
Elle revint de l'écurie vers sa chambre, se reposer en attendant Ryan. L'aubergiste la salua, elle le salua en retour en souriant. Il lui réservait chaque jour des fruits et du lait frais, et s'inquiétait de sa santé et de celle d'Exa chaque jour. Il avait rarement eu des clients aussi longtemps dans l'un de ses chambres...

Elle avait passé l'après midi avec des bretons en taverne, pour se changer les idées. Anna, qui semblait étrange et couverte d'hématomes, qui voyageait seule et visiblement amnésique, et Keraumi. Durant cet après midi là, quelque chose d'étrange s'était passé. Ils avaient eu l'impression de voir un homme. Exaël. Mais ce n'était qu'une vision, tellement il lui manquait... Mais les deux autres avaient cru voir quelque chose aussi, un homme brun... Comme un fantôme... Elle avait craqué, bouleversée, et s'était retirée pour aller pleurer tranquillement dans la chambre. Ryan aurait fort à faire pour la consoler!
Le soleil était haut dans le ciel, il était environ midi et Ryan ne reviendrait de la mine que tard le soir, après avoir cueilli ses simples pour la soigner... Elle soupirait lorsqu'une vive douleur la fit se plier en deux. Son ventre s'était crispé violemment, et elle retint un gros gémissement de douleur. Elle eut une sueur froide lorsque ce fut fini. Elle était seule, et ça commençait! Elle revint vers le lit, se coucha, vite, avant la prochaine contraction. Elle vida sa tisane froide, espérant que cela suffise à tout arrêter mais au fond d'elle, elle savait que cela ne servirait à rien. Le bébé allait arriver...

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Domenika



Today and tomorrow have become one
Aujourdhui et demain ne font plus qu'un
Every single thing that has become none
Chaque chose unique est devenu néant
Please don't leave me here, please don't leave me here
S'il te plait ne me laisse pas ici, s'il te plaît ne me laisse pas ici
Don't you leave me
Ne me laisse pas
Alone, alone, alone, alone
Seul, seul, seul, seul




Kem avait fini par s'endormir, un sommeil rythmé par de petites contractions. Elles ne s'intensifiaient pas, et elle en était soulagée, car elle voulait vraiment qu'Exa soit là pour assister à la naissance de leur enfant. Depuis deux mois, le sommeil était de mauvaise qualité, à cause de l'inquiétude pour Exa d'une part, et aussi car elle avait eu du mal à trouver une bonne position pour dormir. A chaque fois qu'elle se retournait, les os de son bassin craquaient avec un bruit sinistre. La douleur dans le dos et le bassin lui arrachait d'ailleurs un gémissement, à un tel point qu'elle évitait le plus possible de bouger durant son sommeil, quitte à devoir supporter l'inconfort. Elle avait l'impression d'avoir les pieds ou les bras du bébé dans les côtes et cela était gênant pour respirer...

Ryan était passé tard dans la soirée, et l'avait examinée. Il lui sourit, lui disant que ça n'allait plus tarder, même si pour l'instant, elle n'avait pas perdu les eaux, il lui expliqua que les contractions ressenties n'étaient pas encore celles qui annonçaient la naissance, tout était normal. Elle soupira. Il n'était pas sûr, mais il lui semblait que le bébé s'était retourné, ce qui était une bonne chose, mais il n'en était pas sûr. Elle reprit de la tisane, espérant retrouver le sommeil, mais elle n'arrêtait pas de soupirer. L'absence d'Exa était affreuse à supporter, comme un trou à la place du cœur, la transformant en mécanique sans âme, mangeant, dormant, buvant parce qu'il le fallait, alors que son cœur et son âme était ailleurs, et qu'elle était impuissante face aux évènements. Elle n'avait pas pu rejoindre son ange, ni le sauver. Elle ne savait pas ce qu'il avait pu subir, mais connaissant la griffe, elle frissonna. ne pouvant dormir, elle se dirigea vers la partie taverne de l'auberge, pour se changer les idées. Elle put discuter avec un gentil Brestois, allergique comme elle à la Bretagne et à la politique, et qui connaissait les maligorns, Grangousier, perles et
Fantou, des bourguignons qui avaient tenté de s'implanter en Bretagne, avant de renoncer pour la plupart. Maudite terre Bretonne ...

C'est songeuse qu'elle revint dans sa chambre, seule. Nezumi avait décidé d'aller au devant des voyageurs. La honte d'avoir échoué lui pesait, et elle évitait le regard de Kem. Elle espérait que Nezumi ne ferait pas de bêtises pour réparer sa faute... Elle l'enviait, Kem. Elle rêvait elle aussi de chevaucher Saturne pour retrouver son ange au plus vite! Mais lors de sa dernière grossesse, elle avait chevauché étant enceinte, et cela lui avait valu un accouchement prématuré. Là, elle approchait presque du terme...

Elle s'installa dans le fauteuil, et observait Bazas par la fenêtre. Elle parlait toute seule, comme s'il était là, lui racontant ce qu'elle savait, les nouvelles de la Trémouille. Praetoria avait accouché d'un petit garçon en pleine santé et vigoureux, Percy était le plus heureux des hommes. Elle s'était même réconciliée avec Dante, qui lui aussi allait bien. Il s'ennuyait sur Blayes... Iseult se sentait seule sur la Trémouille, ses amis et leurs bonne humeur lui manquaient. Son ami roux avait disparu des registres de la ville, et même si à présent elle roucoulait avec Hafgan, le fait qu'il n'ait donné aucune nouvelles avant de disparaître l'avait peinée. Kem avait décidé de ne pas dire qu'il était là avec elle. Ils avaient longuement discuté, le grand roux renouait avec la liberté, les voyages. Ils manquaient à beaucoup de monde. Malone continuait à distiller son venin de ci de là, c'était son caractère. C'était étrange de voir ça chez une représentante de l'Eglise, qui prônait l'amitié... Mary, la voyageuse, son amie, lui avait écrit. Elle déprimait depuis que son compagnon Chocs l'avait abandonnée sans rien dire pour rejoindre une autre femme. Elle était dans l'armée, pour une mission désespérée, et espérait presque se faire tuer là bas.

Kem soupira. Le feu ronflait dans l'âtre, et projetait une lumière orangée dans la chambre, diffusant une douce chaleur. Parler seule, le début de la folie? Peut être. Elle serait vraiment folle quand le vide lui répondra, se dit elle. Elle ferma les yeux et imagina que Exa était là. Son parfum, ses lèvres douces et fermes, ses bras autour d'elle, ses longs cheveux bruns, dans lequel il passait si souvent la main. Son sourire, son rire, sa voix, ses bêtises. Les souvenirs étaient vivaces. Elle se remémorait chaque souvenir, de peur de finir par oublier quelque chose, un jour. Elle avait presque l'impression qu'il était là, dans la pièce, près d'elle... Elle murmura, les yeux fermés...

Mon ange, tu me manques...

Une toute petite larme roula sur sa joue, mais elle gardait les yeux fermés. Les rouvrir en cet instant et découvrir qu'elle était seule l'achèverait. Elle préférait s'imaginer qu'il était là près d'elle...


Ben harper, Alone

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Domenika


Kem gardait les yeux fermés, pour maintenir l'illusion que Exa était enfin près d'elle. Etrangement, elle le sentait, quelqu'un était près d'elle, mais était-ce un souvenir, créé à force d'imagination et de méditation? Quelque chose dans l'air l'alerta. Elle sentait le parfum de son ange, mélangé à celui du cheval, comme lorsqu'ils voyageaient, ensemble. C'était inhabituel, car Exa était toujours propre et soigné, ne manquant pas de se laver chaque soir après la chevauchée. Elle crut sentir quelqu'un écraser la larme sur sa joue avec tendresse, et elle attrapa la main pour déposer une tendre bise dessus. Puis des lèvres sur les siennes... Et si c'était Ryan qui lui faisait une farce?

Ce n'est pas un rêve je suis là mon ange... Tu me vois différemment je sais mais c'est bien moi.

C'était sa voix... Elle n'osait toujours ouvrir les yeux, mais laissa glisser sa main pour caresser ses cheveux longs qu'elle aimait tant. Avec un froncement de sourcils, elle n'attrapa que du vide, jusqu'à toucher un crâne qui devait avoir été tondu récemment. Elle ouvrit les yeux aussitôt. Jamais, jamais son imagination ne lui créerait un Exa aux lèvres desséchées, sentant le cheval et au crâne tondu! Elle eut un sursaut de frayeur en voyant un homme -son ange!- dans cet état, mais c'était bien lui, le regard était toujours le même, ces yeux bleus-vert toujours aussi lumineux, brillants d'émotion. Hésitant entre émerveillement et atterrement, son coeur se mit à battre... Elle l'attira à elle pour le serrer dans ses bras, heureuse de le retrouver. Le trou béant à la place de son coeur enfin comblé, elle respirait librement. elle l'embrassa passionnément, longuement, heureuse, complète, enfin, et ses mains, passées sous sa chemise, sentirent les cicatrices du fouet. Comme elle. Une lueur de tristesse dans les yeux, elle lui murmura, atterrée:
Que t'ont-ils fait, mon ange... Ne dis rien. Je te soignerai... Et peut être tu oublieras.

Elle même avait encore des marques de sa mésaventure, ses chevilles portaient encore des bandages à cause des fers, surtout qu'elle ne pouvait les enlever seule avec son ventre, mais elle devait avoir de belles cicatrices en dessous. Ils restèrent un moment silencieux, à profiter des retrouvailles, tandis que Soen' avait disparu avec Yûki et les louveteaux dehors. Elle reçut une lettre d'Aubin. Exa les avait laissé en plan à Toulon, pressé de la rejoindre. Elle ne réussit pas à déchiffrer tous les kanjis, la lettre était tombée dans la boue lors du transport, elle crut comprendre qu'il parlait d'une femme, Viola ou Violette. Il avait peut être trouvé l'âme soeur? Bizarrement, les signes montraient qu'il était énervé en écrivant la lettre. Surement parce que Exa les avait planté sans les remercier. Elle voulu gratter la terre pour lire mais une voix lui souffla, Akira à ce qu'il semblait, de laisser ça. Exa parut soulagé de la voir brûler la missive... Quelle importance? Ils étaient vivants et réunis.

Puis, ils descendirent ensemble se restaurer en taverne, ils rirent et réussirent à inquiéter la tavernière en racontant milles et une bêtises concernant l'enfant à venir, inventant des prénoms ridicules, espérant qu'il aurait les pieds palmés ou un bec de lièvre pour en faire un monstre de foire et gagner de l'argent avec... Les gens sont si crédules! Pour sûr, on les avait pris pour des fous, futurs parents indignes, alors qu'ils désiraient comme tout un chacun un enfant parfait en bonne santé. Ils rirent, heureux, mais Kem ne put s'empêcher de grimacer de temps à autre, prise de douleurs au bas ventre. Elle chassa ce désagrément de sa conscience à chaque fois, car elle voulait profiter des retrouvailles. Et puis elle s'était habituée aux fausses alertes. Avant d'aller dormir, elle insista pour qu'ils aillent voir Saturne à l'écurie, Elle avait bien été traitée et la jument paraissait heureuse de revoir son maître.

Le retour fut laborieux, elle ne pouvait plus cacher qu'elle avait mal. Chaque pas était une épreuve tant son ventre était gros, mais elle était soutenue par son ange. Et puis marcher lui faisait du bien, d'habitude, et revoir Exa la galvanisait, elle se sentait pleine d'énergie, prête à déplacer des montagnes! Alors qu'ils se dirigeaient vers l'escalier, elle sentit une plus grosse contraction,et quelque chose coula le long de ses jambes. Les eaux! Elle perdait les eaux! Et Ryan qui était au diable vauvert... La douleur, jusque là supportable, monta d'un cran. D'un très gros cran même, lui arrachant un gémissement étouffé, tandis qu'elle s'arrêtait en plein escalier pour s'appuyer contre le mur.


Exa... je crois que... c'est le moment...

Inconsciemment, le fait qu il soit revenu avait sûrement déclenché le travail.. Le souci, c'était que Ryan était parti soigner une dame âgée du village voisin, elle était donc seule avec Exa. Angoissée, avec l'aide de son ange, elle gravit l'escalier, marche après marche, s'arrêtant souvent lorsqu'elle sentait la douleur revenir. Elle serrait les dents pour ne pas laisser échapper un son. Puis il l'aida à s'allonger sur le lit. Parfois, cela prenait plusieurs heures après la perte des eaux, et elle espérait que Ryan soit peut être de retour d'ici là! Mais étrangement, elle avait l'impression de sentir la tête du bébé déjà en place, très bas dans le ventre. Exa resta à côté d'elle, et Kem lui broyait la main à chaque contraction, de plus en plus fortes et longues. Personne ne pouvait lui administrer de tisane calmante cette fois, et à force, elle laissait échapper des gémissements, sans pouvoir s'en empêcher. Les larmes perlaient à ses paupières. Elle s'imaginait la douleur comme un poteau planté dans le sable d'une plage, submergé à chaque marée de douleur*. Elle oublia tout ce qui l'entourait, il n'y avait que la marée, le poteau, et son ange à qui elle serrait convulsivement la main. Où était Ryan? Elle essayait de bien respirer, bien s'oxygéner à chaque contraction, essayait de se concentrer sur les dessins des poutres du plafond. Les minutes s'égrenaient, la douleur était de plus en plus insupportable. Kem commença à ne plus voir que la douleur, commençait à oublier tout jsuqu'à son nom, ne gardant que la douleur. Elle commença à paniquer... Elle sentait la marée de douleur la submerger de plus en plus vite, elle attendait chaque décrue avec soulagement, mais les accalmies étaient de plus en plus courtes, et avec terreur, elle sentait la marée monter, puis descendre, de plus en plus vite et longtemps à chaque fois. Elle roulait des yeux et commençait à délirer et hurlait des réponses à des voix que elle seule entendait, complètement paniquée, on lui avait dit un jour qu'on pouvait mourir de douleur, elle le croyait à présent! Elle bloquait sa respiration...

Plus jamais Exa! Tu m'entends? Plus jamais! Jamais!
...Vous cherchez le titanic? mais j'en sais rien moi! Cassez vous de ma tête!
...Moi, me calmer? Ferme la, Akira, c'est moi qui accouche là!
.. Maman c'est toi? Respirer? me calm..
...Watashi ga shinda**, Mariska san, sauve moi!
... Exaaaa ça fait trop maaaal il est où Ryan?!
... Ni vous, ni nous! Ninou, le petit chat! Non, c'est minou, le petit chat...***
... dans le tiroir, j'te dis, m'enfin t'es aveugle!
... philatéliste, oui... oui c'est ça, avec le "fe" de cafetière...***


Si cela continuait, elle finirait par mourir d'épuisement et le bébé avec elle! Mais Exa réussit à la calmer, elle ne sut trop comment, et elle recommença à respirer plus calmement, plongeant son regard dans le sien. Les battements de son cœur ralentirent, et elle se concentra sur sa voix, grave et posée, rassurante, ainsi que son regard plein d'amour. Il fallait qu'elle se calme! Elle battit des paupières, les voix avaient disparu, mais la douleur de plus en plus forte, et une pesanteur dans le bas ventre. Entre deux contractions, elle murmura à Exael, la voix hachée et cassée par la douleur:

Mon ange.. je sens que... ça va venir, tu vas devoir m'aider...n'aie pas peur... Va regarder... dis moi .. si tu vois les cheveux. Je vais ... pousser... Je sens que je dois le faire...

Elle sentit la marée revenir, et prit une grande inspiration, bloqua et poussa de toutes ses forces, les mains crispées contre le bord du lit, relevant le torse. Une fois,deux fois, trois f... Elle sentit quelque chose passer, sûrement la tête, mais elle poussa encore,à chaque marée, et encore, sourde à ce que son ange pouvait dire, elle l'entendait lui parler, l'encourager, mais il n'y avait que la douleur. Jusqu'à ce qu'enfin elle sentit le bébé sortir complètement... Puis un grand silence et ... le bébé pleura. Kem tomba dans les pommes à cause de l'épuisement et de la peur. A son réveil, quelques minutes plus tard, Kem sentit qu'on essayait de la réveiller en douceur, et elle sentit le petit être gigoter dans ses bras, Exael les enlaçait tous les trois... Sans lui, jamais elle n'aurait réussi.
Enrouée par l'émotion, elle murmura à son ange:

Nous avons réussi... Ensemble! Il est magnifique, notre fils...




* référence à Misery, de Stephen King
** du japonais : je vais mourir
*** tiré de Eric et Ramzy au palais des glaces ^^

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Domenika


Le bébé, le couronnement de leurs vies, l'aboutissement de leur amour, était né, enfin! Et ils étaient réunis, ce qui était magique... La jeune femme, épuisée, s'était inquiétée de ne pas entendre le bébé pleurer, mais Exaël lui essuya le visage dégageant le nez et la bouche, puis lui donna une petite fessée pour que le bonhomme respire. Rassurée, elle se sentit gagner par une torpeur irrésistible. Elle resta quelques minutes inconsciente, alors que son ange profitait des touts premiers instants avec le petit bonhomme... Durant ses efforts,elle avait cru entendre des voix, comme lorsqu'elle méditait. Heureusement, Exaël avait su garder la tête froide... Elle revint à elle, ouvrit les yeux, doucement, sentant le petit être qui gigotait dans sa couverture. Un petit garçon! Un magnifique petit garçon!

Elle l'embrassa, heureuse, et embrassa Exaël, l'amour de sa vie. Elle lui murmura encore une fois " je t'aime"... C'était magique! Avec un grand sourire, Kem plaça le petit garçon tout contre elle, et naturellement, il chercha avidement à téter. Rien, rien ne devait déranger ce moment magique, où enfin ils étaient trois. Elle sursauta en entendant du bruit derrière la porte, instinctivement, elle serre plus fort le bébé. La dernière fois, ils avaient attendu qu'elle s'endorme pour le lui enlever. Cette fois, Exaël était là, et jamais il ne permettrait une telle chose, il le lui avait promis! Elle chantonna, doucement...

Mes deux anges ... Regarde le comme il tète déjà bien!


Kem ne savait pas que la vraie tétée commençait quelques jours plus tard, et que ce serait plus difficile lorsque le petit garçon aurait besoin de plus de lait. Parfois, il fallait un temps d'adaptation entre la mère et l'enfant pour qu'ils apprennent l'un de l'autre. Elle ne le savait pas, parce qu'on lui avait enlevé sa première fille quelques heures à peine après la naissance. Elle crut entendre la voix de la comtesse dans le couloir. Quelqu'un avait du la prévenir! L'accouchement avait été rapide, inconsciemment, Kem avait retenu le moment, malgré leurs mésaventures, le stress, la fatigue, jusqu'à ce que son ange revienne de Porquerolles. A cet instant, elle se fichait d'avoir les cheveux collés par la sueur, d'avoir ruiné les draps, seul comptait les deux hommes de sa vie à ses côtés. Elle s'adressa à Exaël d'une voix douce, apaisée...

Fait entrer la comtesse Oane... qu'on lui présente Raphaël! Tu te rends compte, mon bébé? A peine né, tu vas avoir la visite d'une comtesse!

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Domenika


[ Raphael... ]



10 Janvier 1462

Trois jours déjà que tu es avec nous ... Et nous sommes partis, doucement. J'ai eu du mal à me mettre debout, heureusement, je n'ai pas eu beaucoup à marcher. A chaque pas, j'ai cru que mon bassin allait se fracasser en mille morceaux. Ryan m'a dit qu'il faudra trois, quatre jours, pour que ça aille mieux, que je remarche normalement. J'ai eu de la chance, tout s'est bien passé. Exaël était là, alors j'ai eu confiance, et quand la confiance est là, la délivrance est plus rapide... Je ne me lasse pas d'observer notre petit bout de chou, si fragile, si beau, innocent et pur. J'en ai les larmes aux yeux, je passe du rire aux larmes si rapidement que c'en est perturbant... J'ai peur de le perdre, je panique sans raison, je l'aime tellement... Je pense à sa fragilité. Tant d'enfants n'arrivent pas à l'age adulte... Le perdre me serait insupportable. Heureusement, exa est là, et trouve les mots qu'il faut. Jamais il ne permettrait qu'on me l'enlève, et il n'y a aucune raison pour qu'il succombe puisqu'il pète de santé. Je me souviens d'avoir beaucoup pleuré après Arielle. Je pensais que c'était juste la perte de ma fille, mais apparemment, nous devons toutes en passer par là...

Il est étrange de ne plus sentir le bébé dans mon ventre. Nous avions une relation privilégiée, symbiotique, alors que là, je dois le partager avec le monde entier. Mon petit renardeau. Notre enfant...

Le voyage n'est pas trop fatiguant. Les cahots du carrosse me réveillent, mais avec le nombre de couverture, ce petit est bien au chaud dans mes bras, et moi aussi. Et la nuit, mon ange dort à mes côtés. Qu'il est agréable de fermer les yeux à ses côtés, et de les rouvrir en découvrant ses yeux bleu verts lumineux!
Je n'ai plus de nouvelles d'Aubin... J'espère qu'ils vont bien ...

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Domenika


[ Take the long way home... *]

Le voyage vers la Trémouille a repris, doucement, lentement, presque confortablement... Mes jours et mes nuits sont entrecoupés, le bébé se réveille plusieurs fois par jours pour téter, pour être changé... Les étapes sont courtes, les chevaux rapides. En journée, Exaël travaille un peu pour nous payer le pain, mais il rentre à la mi journée me tenir compagnie, entre deux descentes à la mine. Il s'occupe du bébé avec une telle tendresse que j'en ai les larmes aux yeux. Il le change, et nous nous sommes fait arroser. Ce petit gredin attend qu'on lui ôte ses langes pour repeindre les murs et le plafond. C'est fou ce qu'un garçon peut mouiller haut! Je ne peux m'empêcher d'éclater de rire. Hier, il m'a retrouvée en larmes, devant le panier de langes à laver. Étrangement, la tâche m'avait parut si insurmontable, j'étais si désemparée, noyée dans un verre d'eau, littéralement. Il m'embrassa, me consola... Je débitais des âneries, déversais mes peurs... Ce bébé, si mignon, si beau, et s'il tombait malade? Et s'il tombait un jour, ou avait un accident... Je savais que je ne pourrais le protéger de tout, mon renardeau... Et mon cauchemar devenait réalité? J'ai rêvé d'une femme qui s'emparait du couffin et disparaissait avec à jamais. Sûrement un souvenir de ma fille... Et s'il mourrait, mon coeur serait brisé à jamais. Et si, et si .... Mais de nouveau, patiemment, Exaël trouve les mots qu'il faut. Ryan a dut lui dire que chez une femme qui vient d'accoucher, ce type de sautes d'humeurs pouvaient arriver. Heureusement, c'est transitoire... Et le manque de sommeil n'aide en rien.
L'allaitement se passe mieux à présent. Ce fut difficile, ça a fait mal, mais j'y arrive! C'est une bonne chose de ne pas avoir besoin de payer une nourrice.

Mon ventre commence à revenir à la normale. C'est toujours étrange de ne plus sentir Raphaël en moi ... Mais lorsque nous dormons, je peux à nouveau serrer mon Ange dans mes bras. Je suis apaisée. Nous rentrons à La Trémouille, mais nous ne resterons pas. Nous avons discuté d'un voyage à Alexandrie... En attendant, nous rentrons "à la maison", par des chemins détournés, le chemin des écoliers, comme on dit. La maison est un bien grand mot, c'est l'auberge, et nid d'amour qu'Exael a aménagé, avec le bassin, la petit chambre si belle et confortable, ses draps en soie.... Mais nous nous sentons chez nous partout. Je vis là où est mon cœur.
J'ai reçu un message d'Aubin. Très court, mais il semble heureux. Il veut nous rendre visite, avec sa nouvelle compagne ... Je ne sais ce qu'Exa en pensera...
* De supertramp

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Domenika


[16 Janvier 1462 ]

Nous voilà de retour à la Trémouille... Je retrouve avec plaisir notre petit nid douillet, les draps de soie, le bassin... Le village a l'air mort, à croire que la grippe alexandrine ait ravagé les habitants. Mais il n'en est rien, ils sont bien là, nos amis, la famille... La mère Malone et sa clique ont réussi à rendre ce village aussi lugubre qu'un cimetière, en contrepartie du pouvoir, tenu d'une poigne de fer.... Au point de dégouter les bonnes volontés. Curieuse manière d'appliquer l'amitié aristotélicienne de la part d'une diaconesse plus occupée à faire la morale en taverne et traiter certains bébé de bâtards, car né hors mariage. Rien de tel pour rendre une atmosphère de taverne lourde et tendue ...

J'étais heureuse de revoir mes amis. Et Arthus aussi ... Tous ont admiré notre petit bébé. La nuit était tombée, le bébé endormi. Les baisers se sont fait plus longs, plus passionnés. Ça faisait si longtemps... Une espèce d'impatience dans les gestes trahissait mon ange. C'était ... impérieux. Et si plaisant ... On se retrouve, enfin.

Le réveil est agréable, une espèce de langueur en moi, de satisfaction. Etait-ce lié à notre folle nuit? Sans hésiter ... Oui. Je n'arrive plus à dormir après avoir nourri et changé le bébé. J'ai reçu une autre missive d'Aubin ... Exaël est clairement contre l'idée qu'ils viennent nous voir, lui et sa compagne. Violine. C'est elle qui est obsédée par lui. Je me souviens encore de sa révélation, une semaine auparavant....

On a, qu'il m'a dit. On a ... on a... On a quoi, berdol? J'étais en colère, subitement, alors qu'on était bien, à trois, avec le bébé, il me dit ça maintenant, pensais je! Mon assurance de femme, de mère, je sentais les larmes monter aux yeux...
Tu as couché avec elle? C'est pas bien grave! On est pas mariés, tu ne me dois rien! Lui dis je d'un ton acide.
Il me répliqua, outragé: Pour qui me prends tu? On s'est embrassés...
C'est tout? Rien que ça ... Pouah!
Non ... Je délirais... à cause de la faim, des tortures, enfin ... je croyais que c'était toi. Aubin est arrivé à temps et nous a séparé. . Je ne lui en voulais pas. Étrangement, son air penaud, ses yeux...
Oh ... mais ce n'est rien... Oublie ça. Mais elle ... elle s'est aperçue que tu délirais, que tu la prenais pour quelqu'un d'autre?
Oui ... Elle est obsédée par moi.
Mmhmm ... une folle. Si je la vois, je la tue!
[b]Non! non ... Elle m'a sauvé la vie... deux fois.
Tant que je ne la vois jamais ....
C'était donc ça, la mystérieuse lettre d'Aubin!

Et Aubin, qui est maintenant avec elle, et ils veulent venir nous voir. Je sens Exa se cabrer littéralement à cette idée, mais... C'est mon frère! Il est sûr que ce n'est qu'un stratagème pour elle pour l'approcher, encore. Même s'il y a aucun espoir pour elle... Et Aubin, il est certain qu'il a une dent contre lui... même si lui aussi lui a sauvé la vie. Quelque chose me trouble. J'aimerai que le bébé connaisse le peu de famille qu'il me reste de mon côté. Exa a son frère, lui. Moi, j'ai le mien. Ma sœur ne me donnant aucune nouvelles...
Finalement, après un gros soupir, Exa a accepté la visite. Il a eu un geste encore plus protecteur envers l'enfant, le serrant encore plus étroitement contre lui. Avait-il peur qu'on lui fasse du mal? Je le sens moins bien, à présent...

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Domenika


Artiste : supertramp
Titre : Hide in your shell
Album : Crime Of The Century

Hide In Your Shell (Caché Dans Ta Coquille)

Hide in your shell cos the world is out to bleed you for a ride
Cache-toi dans ta coquille parce que le monde est dehors pour te saigner à blanc
What will you gain making your life a little longer ?
Que gagneras-tu à rendre ta vie un peu plus longue ?
Heaven or Hell, was the journey cold that gave your eyes of steel ?
L'enfer ou le paradis, est-ce le froid du voyage qui t'a donné ces yeux d'acier ?
Shelter behind painting your mind and playing joker
Tu te dissimules, camoufles ton esprit et tu joues ton joker

Too Frightening to listen to a stranger

Trop effrayée pour écouter un étranger
Too Beautiful to put your pride in danger
Trop belle pour mettre ta fierté en danger
You're waiting for someone to understand you
Tu attends quelqu'un qui puisse te comprendre
But you've got demons in your closet
Mais tu as des démons dans ton placard
And you're screaming out to stop it
Et tu hurles pour que cela s'arrête
Saying life's begun to cheat you
Tu dis que la vie t'a trompée
Friends are out to beat you
Que tes amis veulent t'abattre
Grab on to what you scramble for
Et mettre la main sur ce que tu as réussi à rassembler

Don't let the tears linger on inside now
Ne laisse pas les larmes te freiner en les laissant à l'interieur de toi
Cos it's sure time you gained control
Car il est temps que tu reprennes le contrôle
If I can help you, if I can help you
Si je peux t'aider, si je peux t'aider,
If I can help you, just let me know
Si je peux t'aider fais-le moi juste savoir
Well, let me show you the nearest signpost
Bien, laisse-moi te montrer le poteau indicateur le plus proche
To get your heartback and on the road
Pour remettre ton coeur sur la bonne voie
If I can help you, if I can help you
Si je peux t'aider, si je peux t'aider
If I can help you, just let me know
Si je peux t'aider, fais-le-moi juste savoir

All through the night as you lie awake and hold yourself so tight

Pendant toute la nuit, alors que tu restes éveillée et que tu es toute contractée
What do you need, a second-hand-movie-star to tend you ?
De quoi as-tu besoin, d'un acteur de deuxième main pour s'occuper de toi ?
I as a boy, I believed the saying the cure for pain was love
Enfant, je croyais le proverbe qui disait que le remêde de la douleur était l'amour
How would it be if you could see the world through my eyes ?
Comment cela serait-il si tu pouvais voir le monde à travers mes yeux ?

Too Frightening - the fire's getting colder
Trop effrayée - Le feu devient de plus en plus froid
Too Beautiful - to think you're getting older
Trop belle - pour penser que tu deviens plus vieille
You're looking for someone to give an answer
Tu cherches quelqu'un pour qu'il te donne une réponse
But what you see is just an illusion
Mais ce que tu vois n'est rien qu'une illusion
You're surrounded by confusion
Tu es entourée par la confusion
Saying life's begun to cheat you
Tu dis que la vie t'as trompée
Friends are out to beat you
Que tes amis veulent t'abattre
Grab on to what you can scramble for
Et mettre la main sur ce que tu as réussi à rassembler

Don't let the tears linger on inside now
Ne laisse pas les larmes te freiner en restant à l'interieur de toi
Cos it's sure time you gained control
Car il est temps que tu reprennes le contrôle
If I can help you, if I can help you
Si je peux t'aider, si je peux t'aider,
If I can help you, just let me know
Si je peux t'aider fais-le moi juste savoir
Well, let me show you the nearest signpost
Bien, laisse-moi te montrer le poteau indicateur le plus proche
To get your heartback and on the road
Pour remettre ton coeur sur la bonne voie
If I can help you, if I can help you
Si je peux t'aider, si je peux t'aider
If I can help you, just let me know
Si je peux t'aider, fais-le-moi juste savoir

I wanna know...
Je veux savoir...
I got to know...
Je dois savoir...
I wanna know you...
Je veux te connaître...
Well let me know you
Alors laisse moi te connaître
I wanna feel you
Je veux te sentir
I wanna touch you
Je veux te toucher
Please let me near you
S'il te plaît laisse-moi être près de toi
Can you hear what I'm saying ?
Peux tu entendre ce que je te dis ?
Well I'm hoping, I'm dreamin', I'm prayin'
Bien j'espère, je rêve, je prie
I know what you're thinkin'
Je sais ce que tu penses
See what you're seein'
Je vois ce que tu vois
Never ever let yourself go
Ne te laisse plus jamais aller

Hold yourself down, hold yourself down
Maintiens-toi, maintiens-toi
Why d'ya hold yourself down ?
Pourquoi donc ne te maintiens-tu pas ?
Why don't you listen, you can trust me,
Pourquoi n'écoutes-tu pas, tu peux me faire confiance
There's a place I know the way to
Il y a un endroit dont je connais la route,
A place there is need to feel you
Un endroit où tu pourras sentir ta présence
Feel that you're alone
Sentir que tu es seule
Hear me
Ecoute-moi
I know exactly what you're feelin'
Je sais exactement ce que tu ressens
Cos all your troubles are within you
Car tout tes troubles sont en toi
Please begin to see that I'm just bleeding to
S'il te plaît rends-toi compte que je commence à en saigner
Love me, love you
Aime-moi, aime-toi
Loving is the way to Help me, help you
Aimer est le moyen de m'aider, de t'aider
- Why must we be so cool, oh so cool ?
- Pourquoi devons nous être si relachés, oh si relachés ?
Oh, we're such damn fools...
Oh, nous sommes de tels idiots...

    Janvier ... Tréguier

    Le voyage continuait, ils allaient voir laly, à Brest, une amie d'Exa. Ils s'étaient connus à Guéret, lorsque Thoros avait pris la ville. Cela datait, cette rencontre, ils avaient eu brève idylle, mais Kem ne s'inquiétait pas de voir cette femme, qui depuis avait fait sa vie et avait des enfants. Elle s'inquiétait plus de son ex compagne, Gypsi, car il souffrait encore de leur relation passionné et chaotique... qui avait pris fin lorsque la leur avait commencé.

    Chaque soir, ils dormaient à la belle étoile, mais le froid devenant de plus en plus vif, ils se payaient le luxe, de temps en temps, de louer une chambre d'auberge. Cela permettait de profiter d'une baignoire, pour eux et leurs vêtements ... La soirée s'annonçait bien, agréable, pleine de promesses. Ils badinaient, amoureux. Ils n'étaient ensemble que depuis peu, c'était neuf, ils se découvraient encore, complices.

    Des rumeurs de maladie étrange, d'épidémie, parvenaient à leurs oreilles, mais pour l'instant, aucun de nous n'était fiévreux ni fébrile. Et ils n'avaient pas vu de malades, et pour cause, les pauvres étaient bannis des marchés et des tavernes... La gitane, son ex compagne, avait contracté la maladie, sur Uzès. La fièvre alexandrine... faisait des ravages. Il s'inquiétait pour elle, d'autant plus qu'à lire sa missive, on aurait cru qu'elle était à l'article de la mort. Après sa journée de travail, Kem retrouva Exael en taverne, avec un plaisir non dissimulé. La jeune femme s'avança vers lui, pour l'embrasser, prélude aux caresses, à une nuit sensuelle et ardente, mais elle remarqua que quelque chose n'allait pas. Il ne sourirait pas, l'embrassa pas immédiatement. Il l'embrassa distraitement lorsque leurs lèvres furent en contact. Elle sentit son sourire glisser, prise d'un curieux pressentiment. Un vélin sur la table. Que s'était il passé, encore?

    Dis moi ce qui se passe ... je ferai tout pour te voir sourire, te voir heureux, j'avalerai des lames de rasoir s'il le faut.

    Elle posa sa main sur la sienne, glacée. Un encouragement...

    Tu te souviens, de la lettre de Gypsi?

    Oooh que oui, Elle me souvient. Des mots dansent devant ses yeux, brûlants, tandis que la colère et l'angoisse. Allant mal... j'me dis que.. Il est grand temps de dire à tous que j'aime ce que j'ai à leur dire. Une sorte d'adieu. Et tant mieux si je le fais avant l'heure. Je ne sais si je sortirais vainqueur de cette maladie qui me ronge. Alors, qu'importe la réponse, j'aurai dit à tous ce que je me devais de vous dire. Pour une fois... Tu as raison Exa. Je t'aimerais toujours. Je ne peux rien y faire, et je ne veux rien y faire. J'ai mal de savoir que ton cœur va à une autre. Que tes bras réchauffent une autre. Que tu peux être heureux sans moi, loin de moi. Oui j'ai mal. Parce que, comme je l'ai déjà écrit, je t'aime et tu me manques. J'ai mal, mais je ne t'en veux pas... .
    Un souvenir acide, cuisant. De savoir qu'une autre, à laquelle il tenait, l'aimait. C'était dangereux, terriblement dangereux. Elle ne savait pas si ... elle gagnerait, s'il y avait quelque chose à gagner. Sa dignité, peut être.
    Elle leva les yeux, le fixant, impitoyable. Un regard qui semblait dire : tu DOIS la vérité. Sois honnête. Quitte à le regretter.

    Eh bien... j'ai répondu. Dans les mêmes termes.

    Kem eut l'impression de recevoir une baffe, énorme. Sonnée, elle mit un temps à réfléchir à ce que ça voulait dire. Il lui avait écrit que lui aussi l'aimerait toujours. Comme ça, sans honte. Enfoiré. Une voix ironique résonna dans sa tête, semblant répéter : oh, ton brun, une fois que sa chauffe lit exotique sera bien usée, il la jettera, comme il fait toujours, et il retourna avec sa gitane. Il avait l'air penaud, ne sachant plus où il en était. Des larmes coulaient sur les joues de la jeune femme, anéantie, humiliée. Et il n'avait aucun geste pour la réconforter, aucun mot pour la rassurer, aucun mensonge pour l'endormir. Et si elle partait, là, il ne la retiendrait pas. Elle se leva d'un coup, il n'esquissa aucun geste pour la retenir, comme elle l'avait deviné. Et maintenant, on fait quoi?
    Elle alla à la fenêtre, respirer, et sans se retenir, elle tapa contre la vitre, qui se brisa. Un rire nerveux la secoua. Le sang dégouttait sur le sol, une douleur cuisante. Le bruit de verre brisé le fit réagir, il voulu s'avancer vers elle.

    Ne me TOUCHE pas.

    La voix comme un claquement de fouet, impitoyable. Mais elle voulait qu'il la touche, qu'il soit près d'elle, qu'il lui parle, qu'il lui dise, je sais ce que tu ressens, laisse moi te toucher, te sentir, laisse moi te dire que je commence à en saigner, que m'aimer est le moyen de m'aider et de t'aider, laisse moi être près de toi. Qu'il vienne, qu'il l'approche. La douleur, cela ne lui faisait rien, tandis que le picotement de son poing lacéré montait dans son bras. Elle avait subi déjà bien pire, bien pire. Cette douleur là, elle la contrôlait. C'était sa douleur, qui ne lui faisait pas oublier, l'autre, le démon hurlant qui tordait ses tripes, qui lui collait une sueur froide. La violence du maelström de ses sentiments la rendait malade. Elle croyait en mourir, sur le champs, foudroyée.

    Puis ... tout se calma. Elle était comme anesthésiée, vaincue. Elle se glissa au sol. Elle sentait le sol froid contre ses jambes. Comme sorti d'une transe subite, il s'aperçut de sa détresse, sa souffrance extrême. Il s'approcha, la prit dans ses bras, lui banda la main. Elle se laissait faire comme une automate, blessée jusqu'aux tréfonds de son âme. Il lui parla longuement, d'une voix douce, la voix qu'il utilisaitpour Saturne... Il était avec elle. Il aimait Gypsi, il l'aimerait toujours un peu. On ne pouvait effacer une telle passion, il resterait toujours quelque chose...

    Je t'aime, Kem. Je suis à toi, et tu le sais...
    Restes avec moi ...



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Domenika


Titre :Something About Us (Quelque Chose À Propos De Nous)
Artiste: daft punk
Album: discovery

It might not be the right time
Ce n'est peut-être pas le bon moment
I might not be the right one
Je ne suis peut-être pas le bon
But there's something about us i want to say
Mais il y a quelque chose que je voudrais dire à propos de nous deux
Cause there's something between us anyway
Car il y a quelque chose entre nous quoi qu'il arrive
I might not be the right one
Je ne suis peut-être pas le bon
It might not be the right time
Ce n'est peut-être pas le bon moment
But there's something about us i've got to do
Mais il y a quelque chose que je dois faire à propos de nous deux
Some kind of secret i will share with you
Une sorte de secret que je vais partager avec toi

I need you more than anything in my life
J'ai davantage besoin de toi que de toute autre chose dans ma vie
I want you more than anything in my life
Je te désire davantage que toute autre chose dans ma vie
I'll miss you more than anyone in my life
Tu me manqueras plus que quiconque dans ma vie
I love you more than anyone in my life
Je t'aime plus que quiconque dans ma vie


[ Juillet 1461]

Kem était partie. Elle avait quitté son mari, son foyer, sa fille. Elle crevait littéralement dans ce mariage qui n'aurait pas du être, elle crevait de savoir qu'il était heureux avec une autre. Même si elle avait un petit doute... Sa dernière lettre comportait des ratures. Il doutait qu'elle soit heureuse, et il semblait ... blasé ... Ou se l'imaginait-elle? Dans ses rêves les plus fous, il était venu l'enlever le jour de son mariage, ou il était venu l'enlever un beau matin pour ne jamais revenir, avec toute une armée à leurs trousses! Il lui avait semblé, lors de sa visite, en juin, qu'il n'était pas si heureux que ça. Qu'il la regardait avec avidité, jalousie, envie ... Et depuis, chaque soir, elle s'endormait avec des rêves et des chimères. Elle en négligeait son mari, incapable de s'adonner à un simulacre d'amour. Elle devenait taciturne, silencieuse. Morte.

Un matin, un homme était venu la voir, lui révéler une partie de son passé oublié. D'où elle venait. Elle connaissait Exa depuis l'enfance... Et le déclic.Elle quitta son foyer, attrapa sa besace, sella sa jument, et la lança au galop sur les chemins. sans réfléchir. Elle se sentait... libérée, ressentait le vent contre sa peau, ses cheveux noirs flottant derrière elle. Quelques larmes de soulagement coulaient le long de ses joues, elle était libre. Libre! Elle était partie sans nourriture, juste avec un peu d'argent. Comme avant. Elle avait l'habitude de voyager léger, une vie de repas frugaux, de soirées dans les tavernes ou de nuits à la belle étoile. Son futur ex mari détestait les voyages, il était casanier au possible... Comment avait -elle pu se marier? Alors qu'elle était incapable d’être sédentaire? Il avait sûrement profité de sa faiblesse, anéantie d'avoir perdu l'amour de sa vie ...

Le soir venu, elle s'installa devant son feu de camp. La réalité l'avait rattrapée, elle avait agi comme une folle. Et maintenant? Revenir vers son mari, qui l'avait suppliée et menacée tour à tour? Jamais! Le revoir, briser son couple avec sa blonde? Et vivre avec cela sur la conscience? Non. Il fallait qu'elle continue, qu'elle voyage. Mais avant... elle lui dirait. Elle ne l'avait pas oublié, jamais. Elle l'aimait, et lui souhaitait d'être heureux... C'était la moindre des choses, espérer que l'amour de sa vie soit heureux, même avec une autre. Elle ne supporterait pas de voir ça... Alors, elle préférait disparaître.

Elle ouvrit sa besace de cuir usée, patinée par le temps, et sorti un vélin, une plume et sa bouteille d'encre. Sa plume resta un moment immobile, comme incapable de coucher le moindre mot. Avec hésitation, elle commença, puis plus rapidement, les mots venant naturellement... Une fois fini, elle avait l'impression d'être sortie de transe. Tout était là, elle avait tout dit. Elle avait eu l'intention simplement de lui dire qu'elle avait quitté son mari, qu'elle était sur les routes, qu'elle disparaitrait et lui souhaitait tout le bonheur du monde mais ... Elle l'avait écrit. A la lueur orangée des flammes, elle relut sa lettre ...


Citation:
Exa ...

Ces derniers jours ont été bouleversants, pour moi. Un homme , Richard, s'est présenté chez moi. Il me dit appartenir à la confrérie noire, dont je suis héritière ... avec toi. Il m'a également appris que nous nous connaissions depuis ... l'enfance. Des souvenirs me reviennent en mémoire, mais pour ma part, cela explique d'instinct ce que je pressentais, que nous sommes liés. Unis.

Je sais à présent... que mon mariage est un échec, malgré tous mes efforts, mon cœur appartient à un autre... La vérité éclate à mes yeux, enfin. J'ai demandé la dissolution du mariage, pour ne plus vivre dans un mensonge qui me tuait à petit feu.

Je ne sais ce que me réservera l'avenir. Je suis partie, j'ai quitté Rohan, je ne sais où mes pas m'amèneront... La liberté. Sache que je ne cherche pas à briser ton couple avec Lyne, je ne te demande rien... mais je ne peux te cacher plus longtemps... que je t'aime. Plus que tout. Si tu es heureux avec Lyne, je le serais également, et je disparaîtrai. Mais je devais avouer tout ça... ne fait pas la même erreur que moi. Je t'aime... Pardonne moi...

Kem



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Domenika


Titre: Song for a jedi
Auteur: Dyonisos
Album: western sous la neige


Quand j'étais petit, j'étais un Jedi,
Tellement nerveux, que lorsqu'il pleuvait,
Souvent je m'électrocutais.
Et j'ai rencontré une fille en forme de fée,
Tellement nerveuse, que lorsqu'elle griffait,
Mon dos ma peau se transformait, en pyrogravure
When I was a child, I was a Jedi,

Quand j'étais petit, j'étais un Jedi
On s'électrocutaient souvent, que lorsqu'on s'embrassait
Un peu trop longtemps et encore aujourd'hui et maintenant.


[ été 1450 - enfance d'Exaël et de Kem]

La petite fille n'avait pas envie de finir son assiette. Elle jouait avec ses baguettes avec les morceaux de viande, sous le regard exaspéré de Choyin. Elle avait trop envie de jouer, trop envie, maintenant, tout de suite! Elle soupira, exaspérée. C'était si LONG d'attendre! La gouvernante lui tourna le dos, quelques secondes, pour répondre au commis qui rapportait sa commande du marché. La petite, vive comme l'éclair, fourra la nourriture dans sa chemise. Choyin l'observa, soupçonneuse, la petite lui fit un grand sourire innocent. Où avait-elle pu cacher la nourriture? Elle fouilla ses poches, ses bottes, mais en vain. Kem retint à grand peine un rire de triomphe! Vaincue, la gouvernante lui fit signe de filer jouer... Elle ne demanda pas son reste!

Elle courut retrouver Ael près du gros chêne, où ils avaient établi leur cabane. Quelques vieilles frusques, des branches, une couverture, ce n'était pas grand chose, mais c'était pour eux comme un palais. Ils grimpèrent dans leur "donjon", la plus grosse branche de l'arbre. Assis l'un à côté de l'autre, ils refaisaient le monde. Lui voulait être prince-chevalier de la forêt et de la rivière, et elle serait la reine-soldat du pré jusqu'à l'arbre-ruche. Les animaux leur obéiraient au doigt et à l'oeil, ils mangeraient chaque matin du miel et des brioches, et leur couronne serait en rosée du matin, comme sur la toile de la mère des araignées. La mère des araignées était une très grosse araignée, et elle avait une toile énorme, dans laquelle des mouches restaient prisonnières. Ael avait peur de la mère des araignées, mais Kem avait juré de le protéger et de lui apprendre à se battre.

Le soleil allait se coucher, et les deux enfants ne devaient plus tarder à rentrer, surtout Kem. Quitte à être punis, elle retardait l'heure de la séparation d'avec son prince chevalier. Elle sentit glisser sa main dans la sienne, et sans le regarder, elle serra très fort, et observa le coucher de soleil. Le ciel resterait clair encore un petit moment... et elle n'avait pas sommeil! Puis, elle chatouilla Ael, qui se tordit de rire, et commença à redescendre de l'arbre.

Allez Ael, le dernier en bas est un gros patapouf pourri!
Tricheuse t'as commencé avant moiiii!


Puis il roulèrent au sol pour se battre, se chatouiller, jusqu'à ce que Kem demande grâce! Elle était plus chatouilleuse que Ael, et allait commencer à bouder car elle perdait la bataille! Ael se pencha et lui fit un gros bisous sur la joue pour la consoler... Puis la main dans la main, les deux petits rentrèrent au domaine, sérieusement en retard. La gouvernante les fit entrer, leur fit un gros clin d’œil et les embrassa. Choyin savait que le petit Ael allait devoir bientôt suivre son affreux père dans la suite de son voyage, alors autant les laisser profiter l'un de l'autre...


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