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[RP Fermé] Intimité .....dévoilée

Hegide_iliard
Je revis plusieurs fois Illi.
Son maître, - puisqu'il s'agit bien de ça, n'est ce pas ? - exerçait une domination totale et envoutante pour la spectatrice que j'étais, tout autant que sa soumission à elle.

Qu'elle put ainsi obéir à tous les ordres de son compagnon me fascinait. Elle pouvait attendre des heures dans le silence, qu'il ait terminé sa conversation avec un nobliot, une femme qu'il désirait séduire ou un brigand avec qui il complotait.
Parfois, ces moments de parfaite immobilité et de silence me semblaient si longs que je pensais qu'elle s'était assoupie. Mais il n'en était rien ! Au moindre signe de l'homme, que ce soit un geste discret ou un regard furtif, elle s'animait et attentive, s'appliquait à le satisfaire dans ses moindres caprices.

D'autres fois, il s'isolait avec son interlocuteur pouvoir échanger en toute discrétion. Il lui ordonnait alors de l'attendre et de n'adresser la parole à personne. Son regard se faisait alors trouble et absent, puis elle se figeait, attendant son retour dans le silence, disparaissant littéralement dans son monde.
Jamais elle ne laissait paraître aucun sentiment, ni joie, ni peine, ni fatigue. Quelle que soit sa demande, elle s'exécutait.

Je la trouvais belle dans son attitude. Elle avait naturellement la grâce dans le mouvement et l'once de retenue dans le geste qui la rendait désirable puisqu'inaccessible...

Au fil des jours je ressentais le besoin irrépressible de la posséder et en faire ma chose.
Je fantasmais sur des scenarii dans lesquels je te l'offrais morceau par morceau, te rendant fou d'impatience et de désir à mesure que tu la découvrais... ou alors m'abandonnant à des caresses qui ne pouvaient être qu'expertes venant d'elle, pendant que, dans une chevauchée fougueuse, tu la possédais dans son dos.

J'étais déterminée à la faire mienne.
Toutefois, pas par l'entremise de son compagnon. Je voulais que cela vienne d'elle, que cette décision soit SA volonté, qu'elle se libère de du joug de son maître pour venir de sa propre initiative.

Je t'en parlais un peu, sans trop insister. L'affaire étant loin d'être faite, je ne voulais pas vendre la peau de l'ourse avant de l'avoir tuée !
Je voulais être sûre qu'elle te plairait, la préparer, lui apprendre tes gouts, la façonner à notre fantaisie pour t'en faire la surprise le moment venu. Mais avant tout, je voulais la conquérir et l'arracher à l'emprise de son compagnon.
Hegide_iliard
Leçon 2803-1


[Ajustements]


(- Je me demande si tu le fais exprès !
(- Exprès de quoi ? Te fais péter les plombs à Hégide et tu viens me le reprocher à moi ses réactions ?!
(- Je fais péter les plombs à Hégide ?
(- Pas toi, Lui !
(- Parce qu'elle est toute blanche colombe elle, ah oui ! Elle lui fait pas péter les plombs !
(- Mais putain ça marche dans les deux sens ! Ils sont comme ça
(- ... Parce qu'elle lui souffle que le chaud oui...
(- Non, elle lui souffle la panique aussi, évidemment que non ... 'tain tu serais là je te foutrais des beignes et toi tu ferais pareil !
(- Non, je te plaquerais contre le mur, crois moi
(- Et quoi ? Tu m'étranglerais ? ça revient au même imbécile !
(- Oui ! Oh non ! je passerais ta fureur sur un registre bien plus agréable pour l'un comme pour l'autre! Tout comme ces deux zouaves !
(- Ben voyons... !
(- Ben c'est comme ça !
(- T'es vraiment con hein
(- Non vrai !!
(- Je sentirai rien de toutes façons, comme Hégide lorsqu'il l'a dépucelée !
(- Oui... pas grave... on a la marmote et le papier alu humm....
(- Tu me fais chier ! Mais d'une puissance !
(- Toi aussi... ! à un point t'imagines même pas ! Tu devrais trouver un pin dans ta forêt, solide et tout et tout...
(- J'ai pas de forêt.
(- .... pour te passer la corde avant que je ne t'étrangle
(- Si j'en avais c'est toi que je pendrais, tu m'emmerdes avec ta mauvaise foi, je te hais pire qu'elle le hait lui !
(- Ah mais attends c'est tout pareil... tout pareil !!! Je te hais !
(- Mmh... oui .... encore..
(- Va te faire foutre tu m'énerves !
Hegide_iliard
Un soir que son Maître n'était pas là, Illi entra dans la taverne où je partageais un verre avec mon futur époux et, dans un souffle me chuchota

Hégide ! Donnez moi votre clef ! Je dois vous voir. Seule ! ... Envoyez la moi par le premier pigeon que vous trouverez. ... Puis, jetant un oeil affolé vers la porte
Il va entrer ! Il m'a interdit de vous parler !

Je restais héberluée. Mon fiancé, perdu dans ses éternelles pensées, revint à nous subitement et perçut son chuchotis sans en entendre le détail.
Son regard alla d'elle à moi, puis de moi à elle, lentement. Je vis le tic de sa paupière, signe de nervosité que je connaissais bien désormais. Avant que mon futur n'ai le temps de réagir, je m'empressai d'éclater d'un rire franc.

Mais oui Illi ! Cette robe vous va à ravir ! Il sera satisfait soyez en assurée !

Puis le prenant à témoin

N'est ce pas, cher ami, qu'elle est délicieuse ainsi ? C'est la nouvelle robe que lui a offert son compagnon regardez comme elle tourne !

Et de m'emparer de la main tremblante d'Illi et la faire tourner sur elle même. La jupe virevolta dans un tourbillon de soie et de dentelle superposées, dévoilant ses chevilles fines.

Mon fiancé approuva aussitôt, nous offrit un verre à chacune et nous trinquâmes à la fortune du tisserand qui l'avait confectionnée.

Elle ne se trompait pas : une seconde plus tard, son Maître entrait, nous trouvant tous trois, le verre à la main.

Illi se mura instantannément dans son rôle de soumise, garda les yeux baissés et ne répondit que lorsque l'homme la sollicitait, c'est à dire une fois pour le saluer et une autre pour lui confirmer qu'elle n'avait pas oublié de manger.

Pendant toute la soirée, l'homme me fit du charme, nullement géné par la présence de mon futur époux, muet comme une carpe et encore moins par celle d'Illi, qui, malgré les apparences silencieuses, ne perdait rien de la conversation.
Il était volontairement provocateur, tentait de me destabiliser en rendant jaloux mon fiancé. Or, ce dernier était à des lieues de nous, perdu dans ses pensées de stratégie politique et je savais que dans ces cas là, la Terre aurait pu s'ouvrir et nous engloutir qu'il n'aurait pas bronché.
Je répondis à ses compliments avec mollesse. Je connaissais désormais trop le sire et savais le crédit que je pouvais porter à ses flatteries.
Il me lassait.
Je le lui dis.

Vous savez... je crois que vous dépensez une énergie folle à vouloir me séduire pour rien. Vous ne me plaisez pas. Rien à faire. Même en me forçant, en fermant mes yeux pour imaginer un autre, je n'arriverai pas à vous trouver le moindre attrait.
Mon fiancé l'a bien compris regardez, il ne prend même pas la peine de vous écouter, que dis-je, ... de vous entendre même !
... Tenez, vous savez ce que je vais faire ? J'ai envie de vous donner une leçon à vous qui ne savez pas apprécier le trésor que vous avez chez vous et cherchez toujours ailleurs une herbe plus verte.
Je vais vous prendre Illi.


Il éclata de rire, et l'espace d'un instant, les yeux de la danseuse se levèrent sur moi avec effroi.
S'en apercevant, l'homme se figea et la fixa durement.


Tu rentres. Tout de suite. Tu ne sors plus dans aucune taverne. Je t'apporterai de quoi manger dans ta chambre. Allez ! Lève toi, la consigne est immédiate.


Puis se tournant vers moi

Je serais curieux de voir cela. J'espère que vous l'avez bien regardée, ma chère, car c'est la dernière fois que vous le ferez. Oubliez cette vilaine initiative, elle est courue d'avance. Aucun homme n'a jamais réussi à la détourner de son devoir, ce n'est pas une femme qui le fera quand bien même vous seriez une sainte.

Je laissai Illi prendre sa besace et se lever pour quitter la taverne sans un mot et répondis à l'homme.

Vraiment ? Oh... c'est bien dommage. Je vous pensais plus joueur et je suis un peu déçue. Me craignez vous donc à ce point que vous lui interdisiez de me voir ?

Du tout. Je voulais juste vous montrer que c'est à moi qu'elle obéit et à moi seul. Les jours à venir vous le confirmeront puisque vous ne la verrez plus nulle part.

Il se leva et quitta la taverne sur ces mots.

Je te racontais la scène le lendemain dès mon entrée dans la grange.
Tu ris, amusé par cet épisode et me servant un verre d'alcool ambré tu me demandas ce que je comptais faire.
L'imminence de ton prochain départ estival chez les moines occupait ton esprit et je préférais taire l'objectif final de cette chasse là. La surprise serait pour ton retour.

Vous me raconterez Hégide. Autant je me fous de vos nuits avec votre fiancé, autant celle là j'vous écouterai. Mais j'y pense, vous devriez convier votre fiancé, ce serait amusant !

Et la gâcher ? Merci non. J'ai d'autres projets. Allez donc préparer vos malles. Adieu !
Hegide_iliard
Leçon 1212-0


- Ta réaction est démesurée !!
- Effectivement ! Je suis démesurée : il ne fallait pas aller dans une chambre à coté pour la recevoir et me laisser poireauter seule dans notre chambre !
- Tu me fais une scène de jalousie incroyable ! En quoi t'ai je manqué de respect ? Je t'ai annoncé sa visite ! Ecoute, je vais te répéter toute la conversation que j'ai eu avec elle.
- Je ne t'écouterai pas.
- ... Tu pourras alors entendre chaque mot, décortiquer chaque parole !
- Je ne l'écouterai pas.
- ... Pouvoir entendre combien c'était tendancieux, machiavélique envers toi ! Combien j'ai été méprisant !
- Tu t'égares, tu en rajoutes.... Tu crois vraiment que ce soit nécessaire ?
- Tu es partie de notre chambre dans les deux minutes qui ont suivi son arrivée à elle et ensuite tu me dis "vous êtes faits l'un pour l'autre" !! Alors écoute moi bien...
- ... As tu remarqué comme le temps semble suspendu lorsqu'on est bien avec quelqu'un ?
- Ouvre bien tes oreilles...
- Ce qui pour toi a duré deux minutes a, en réalité, duré trois quarts d'heure.... Trois quarts d'heure pendant lesquels vous m'avez poignardé le coeur en m'ignorant...
- ... Ouvre bien tes oreilles Hégide ! aujourd'hui, j'allais prendre le départ quand tu m'as jeté du groupe, elle m'a dit "ne faites pas ça je vais lui écrire" chose qu'apparemment elle a faite. Je lui ai donc dit que je ne partirais que demain, vu que les choses restent en l'état.
- ...
- ...
- ... Je suis déjà partie... je suis partie aussitôt...
- ................ Je vois pas ce que nous avons à rajouter donc. Je prendrai la route demain mais dans la direction opposée.
Hegide_iliard
[gamma ut]

En repartant de ta grange, je passai par le pigeonnier. Un bout de papier griffonné, à la hâte visiblement vu l'écriture désordonnée, m'attendait dans une des petites niches.



Hégide

Donnez moi votre clef. Je dois vous voir !

Illi


Quelques heures plus tard, elle était là et toquait à ma porte. J'ouvris et, sans un mot, lui pris la main avec légèreté pour l'amener jusqu'au sofa où elle s'assit, le dos bien droit, sur la pointe des fesses.

Qu'elle soit chez moi est déjà une victoire.
Mon coeur se gonflait de joie. Elle était venue d'elle même, sans que je n'aie à intervenir et je savourais mon plaisir.

Al, qui s'était tue jusqu'à présent me souffla sa joie mauvaise au coin de l'oreille.

Achève la, Hégide.

Je remplis un verre de vin que je lui offris. C'est un très bon vin. Un Petrus avant l'heure, un nectar précieux que je distillais uniquement pour les amateurs avertis.
Elle le gouta du bout des lèvres et savoura discrètement l'arôme du merlot. Ses yeux se levèrent sur moi et je vis qu'elle appréciait à ses pupilles dilatées qui ne me quittaient pas.

Elle était vétue d'une robe de soie épaisse fermée par une broche, rouge comme une robe de mariée qui la couvrait jusqu'aux pieds, serrait sa taille et prenait de l'ampleur aux hanches sans toutefois réussir à combler l'absence de formes propre à une danseuse. Le bustier, croisé et très ajusté, comprimait et faisait jaillir ses seins minuscules, mettant surtout l'accent sur les muscles de ses épaules et ses clavicules.
J'eus envie de serrer mes mains autour de sa taille tant je me disais que j'aurais pu en faire le tour avec mes doigts.
Une onde de désir vint crisper mon ventre.

Sans un mot elle se leva et posa le verre sur le guéridon tout proche. Puis, face à moi, elle souleva sa jupe à pleines mains pour les remonter sur ses jambes, découvrant des genoux polis et des cuisses galbées. Les bas resserraient la chair à mi hauteur et je tiquais à la vue de sa peau marquée par la jarretière.

Voyant mon agacement elle tourna légèrement la tête vers son reflet dans le paravent laqué qui séparait mon lit de la coiffeuse et ne voyant pas ce qui me déplaisait, s'appliqua à redresser son buste pour que les seins soient mis en évidence.

C'est pour que vous voyiez mieux. dit elle.

Remonte ta robe.

A deux mains, elle reprit plus de soie craquante, plus de satin frissonnant que la première fois et découvrit un triangle noir clos et un ventre doré.
Elle voyait mon visage amusé mais attentif, ses yeux guettaient mes réactions et sa bouche s'entrouvrit cherchant de l'air.

Je portai la main à sa toison, glissant le long du pli d'albâtre de l'aine et glissai mon majeur vers la moiteur cachée entre ses jambes.
Je ne la quittais pas des yeux, me demandant si tu aimerais autant que moi sa fragilité et son subtil parfum d'herbes coupées.

Ouvre.

Elle obtempéra, me laissant un passage plus aisé et ma main continua son inspection, ne laissant aucun endroit inexploré autour des plis, des creux et des monts ainsi offerts.
Sa main prit appui sur le bord de la coiffeuse et elle entreprit de défaire le lacet de son corsage.

Non.

Surprise elle me regarda et stoppa le mouvement pour tendre sa main vers moi.

Non ! Ouvre encore.

Renonçant à toute initiative, elle agrippa le rebord de la coiffeuse faisant basculer les peignes et poudriers qui tombèrent sur le tapis.
Elle ouvrit donc, encore.
Je nous imaginais tous deux, toi jouant de tes mains sur ses hanches étroites, possédant son antre avec application pendant que je la gamahuchais et elle s'abandonnerait, chose soumise à nos caprices, à l'extase que nous lui donnerions.

Elle revint le lendemain soir et le surlendemain soir aussi.
Et la petite danseuse revint chaque soir chercher le plaisir que je ne consentais à lui donner qu'avec parcimonie, peu à peu, l'habituant à supplier pour obtenir un peu plus ou la laissant pleurer devant ma porte pendant que je sirotais un jack ou lisais un livre.
Chaque jour, elle apprenait davantage et se faisait à mon gout, ma volonté. Je la voulais parfaite pour nous. Elle le serait j'en étais sûre.

Hégide, je veux rester avec vous. Prenez moi à votre service je vous en supplie !

Il n'en est pas question Illi. Tu ne m'appartiens pas. Le jour où tu m'apporteras la preuve que tu t'es affranchie de lui, j'accepterai de te garder.

Elle se griffait les joues, pleurait, gémissait mais je restais intraitable, sans aucun regard, ni aucune considération pour elle.

Un soir, elle vint toquer à ma porte et à ses yeux pétillants, je sus qu'elle avait quelque chose d'important à me dire.
Un frisson de plaisir et et panique me parcourut l'échine. Tu étais chez les moines. Injoignable. Si elle se soumettait à ce moment là, tu ne serais pas là pour le vivre avec moi. Ca n'avait alors plus aucun intérêt, aucune saveur !

Hégide... j'ai amené un invité. Si vous le permettez, mon compagnon est là. Peut il entrer ?

Qu'il attende. Dis lui que je le recevrai dans un moment. En attendant déshabille toi et danse pour moi.

J'attendis quelques instants qu'elle parle à son compagnon et m'installais confortablement dans mon fauteuil, un verre de Jack à la main. Elle revint et entama une danse lascive toute en sensualité et délicatesse. Peu à peu la danse devint plus rythmée et la fièvre s'empara d'elle, l'emportant dans une chorégraphie qui la laissa le souffle court. Les cheveux s'étaient emmêlés. Je l'arrêtai.

Ca suffit. Ouvre lui maintenant.

Essoufflée, le regard un peu hagard, elle alla ouvrir la porte à son compagnon qui surgit comme un fauve de sa cage.
Illi se tenait face à lui. Une fine pellicule de sueur recouvrait son corps et ses seins se soulevaient au rythme de sa respiration rapide.

Je dansais ! lui dit elle. Pour elle ! C'est elle que je veux désormais.

Je restais silencieuse, les couvant du regard.

Il l'attrapa par les cheveux et la traina hors de ma chambre.
Je bus une gorgée de jack.

Quelques jours plus tard, j'appris qu'ils étaient morts.
Hegide_iliard
Leçon 1312-0

Ne dis rien !

- Pourquoi on est comme ça ?... Pourquoi les autres y arrivent et pas nous ?
- Les autres ? Vas y, tiens, donne moi un exemple de leur vie si merveilleuse ????
- Pourquoi les autres y arrivent et pas MOI ?
- ... Parce que tu ne peux pas tout contôler de l'AUTRE ! ton AUTRE ! ... MOI !!!
- C'est si difficile... Je n'arrive pas à lâcher prise...
- Crois en moi... crois en nous. Oublie tout ne pense plus à rien.
- ... Dresse moi bordel !
Hegide_iliard
Pour qui sonne le glas ?*

Et si tu mourais ? Et si tu ne revenais pas de cette si longue retraite ? Et si soudain le sol tremblait sous mes pieds et la Terre s'ouvrait telle une bouche hideuse engloutissant notre amour... mon Amour...

Et si j'écrivais tout ça pour rien. Pour personne. Pour le vent, pour l'absence, pour la mort ? Et si tout ça n'avait été qu'un rêve, qu'une utopie, un paquet de pixels de 1 et de 0 ? Et si j'arrêtais tout là, si je laissais ce livre ? Après tout, à quoi bon si tu ne le vois pas, que je m'arrache les tripes.

Je pleure ce soir, tu n'es pas là.
Elle m'a fait attendre, me faisant croire que tu arriverais à sortir de ce monastère.
Elle m'a dit "je crois qu'il a dit qu'il passerait peut être le 9. Mais ne rêve pas Hégide, je ne me souviens plus, si ça se trouve je me trompe".

Elle est pire que Al. Elle me teste encore, elle me fera crever.

Je sais que tu reviendras, tu me l'as dit... Il lui a dit, à elle. Il lui a promis. "Il reviendra" a t il dit. "Elle l'attendra" lui a t elle répondu. Ils se le sont promis. Ils sont cons, on dirait des gosses.
Nous n'avions pas fini de nous parler d'amour. Ils n'avaient pas fini de fumer leurs gitanes*
..... et siroter leur jack.

Ô mon si bel Amour, ô mon Poison violent... Que ta haine me manque ! Que ta barbe rugueuse qui griffe ma peau fragile, que tes dents dans mon épaule, que tes ongles dans ma chair, que la rage de tes mots, la violence de tes bras me font crever d'absence !

Je te cherche et referme mes mains sur le vide. Je pleure. Je serre le néant, je danse seule dans la nuit de ma vie sans toi. Aucune étoile ne brille, pas la moindre lueur. Le vin d'opium n'agit plus, la douleur est trop vive. Folle ! Je geins telle une bête qu'on abat parce qu'elle devient mauvaise.

As tu seulement idée de combien je vais te faire payer pour ça ?
Hegide_iliard
Je ne sus pas comment mon futur époux l'apprit, mais il apprit ce qui s'était passé.

Et il apprit pour nous aussi.

Je suppose, en y réfléchissant, que le compagnon d'Illi, dans la folie qui l'étreignit ce soir là, envoya une lettre à mon futur époux, dans laquelle il lui racontait ce que j'avais fait à sa compagne.

Je suppose aussi qu'il avait su la faire parler et dévoiler ainsi le but de son "apprentissage".Je ne lui avais rien caché de mon projet te concernant, et ce, dès le début. Elle savait qu'à terme, elle serait destinée aussi à te satisfaire, toi, même si elle le faisait par amour pour moi au départ.

Et elle était si fragile...

Mon fiancé me convoqua.

Je vous interdis de parler de cette sinistre histoire, Hégide. Vous imaginez vous qu'on me gardera crédit si jamais ça se savait ? Quel scandale !

Je n'en ai cure. Je ne m'attache pas à ces détails. Si la fantaisie me prend, peut être même que je recommencerai, qui sait ? Vous me délaissez tant qu'il faut bien combler l'ennui...

Le lendemain nous préparames nos malles. Il abandonna sa charge de secrétaire, ses salons, ses relations et nous partîmes aussitôt.

Je vais vous reprendre en main Hégide. Je vous ai trop laissé la bride souple et n'ai effectivement pas été assez vigilant. L'air de la campagne vous fera du bien et puis vous serez seule avec moi donc, toute tentation malsaine sera écartée.

Et vous aurez raison mon ami. Ma Bonne Âme serait effectivement fachée d'apprendre que celui qu'elle a choisi pour moi n'est pas à la hauteur de ses espérances. Je m'attacherai à vous le rappeler chaque fois que je vous sentirai flancher ou hésiter.

Il fut donc contraint de m'accompagner à chaque instant de la journée. Je ne lui accordais que peu de temps pour souffler, uniquement les moments où j'étais avec toi.
Peut être même que ces moments étaient pour lui les pires puisqu'il voyait bien que la lumière de mon boudoir était allumée et que je ne lui ouvrais pas. Et à la mine épanouie que je lui offrais au sortir de nos entrevues - quand bien même nous étions nous déchirés pendant ces moments là - il voyait bien que je ne me morfondais pas.

Vous êtes mou mon ami. Comment avez vous pu parler de me reprendre en main ? M'avez vous jamais prise un jour en main ou autrement d'ailleurs ? Si l'un d'entre nous devait prendre l'autre un jour, je doute que ce soit dans ce sens que l'affaire se jouerait.

La patience n'est pas mon fort. Je décidai d'accélérer les évènements et le faire sortir de ses gonds.

Quel attrait avez vous désormais finalement ? Vous n'avez plus votre charge. On a refusé de vous accorder celle que vous ambitionniez à Paris. On vous retire votre titre. Vos amis ne vous écrivent plus et vous êtes non seulement d'une triste compagnie mais également un piètre amant.

Vous avez joué au plus malin, pensant que je pourrais vous servir de faire valoir. Vous m'avez achetée croyant que votre avenir serait ainsi assuré. Il l'aurait été si vous n'aviez pas été stupide au point d'oublier que moi aussi je puisse être tentée d'avoir des désirs et vouloir les assouvir.

Vous manquez d'audace. Mais peut être suis je trop exigeante...


Le soufflet parti comme je terminais ma phrase. Ma joue l'accueillit mollement, sans même en sentir aucune douleur physique.

Il loupa donc la gifle aussi.

Il m'envoya une lettre me disant qu'il partait réfléchir à tout ça chez les moines. Il y est toujours je crois.

Même sa mort il n'eut pas le courage de l'affronter.
Hegide_iliard
Leçon 1011-0

- Là.... mon Dieu que c'est doux.... j'aime ta peau..... sa douceur...
- Oui là c'est très doux... C'est à toi... Je suis à toi.
- J'aime te l'entendre dire... et le savourer sans ironie... Là... là... je ressens la même chose : je suis tiens... depuis si longtemps aussi... Tu me tortures... Mais putain.... j'aime ça !
Hegide_iliard
Tu partis donc en retraite, chez les moines.

De mon coté, j'étais désormais libre. Plus aucune contrainte, plus de mariage ni de baptème, plus de fiancé, plus de Bonne Âme, personne pour me dicter ma conduite. J'aurais pu donner libre court à toutes les folies, à tous les caprices. Curieusement, je n'en fis rien. J'étais très sage, posée, presque calme.

Je m'étais arrêtée dans une ville de Champagne à la frontière bourguignonne où cohabitaient les membres d'une population peu nombreuse mais hétéroclite. Un ou deux artisans installés depuis longtemps et qui ne bougeaient pas de la ville, une fille qui s'était faite poutrer par une armée en rentrant chez elle en bateau et qui était coincée ici le temps de terminer sa peine, un trio d'échangistes, un vieux râleur fraichement débarqué d'on ne sait où, un maire facétieux collectionnneur de tavernières toutes plus rousses les unes que les autres et conteur à ses heures perdues, quelques voyageurs de passage...

Je sympathisais avec tous, à peu près en paix avec moi même à nouveau, je me laissais aller à la langueur estivale. Un des artisans s'amouracha de moi, m'offrit des poêmes, me fit bosser chez lui pour 30 écus par jour. Je ne lui accordais rien prétextant attendre mon fiancé en retraite....

Le soir, le maire venait nous conter des aventures terribles où se mêlaient attaques de pingouins, ogres et chasses au trésor rocambolesques et nous l'écoutions autour d'un verre.
La fille était en mal d'amour, son homme au loin ne semblait pas disposé à venir la chercher. Elle me parlait d'amour, de son amour pour lui, me disait comme il lui manquait et comme, le soir venu, alors qu'on était tous couchés, elle n'en pouvait plus et venait errer dans les tavernes, prête à s'offrir au premier qui passerait, en désespoir de cause. Mais personne ne venait jamais et elle repartait le feu au ventre, la rage aux dents contre cette foutue armée qui l'avait poutrée.
Le trio échangiste... échangeait ! Tantôt une fille de passage, tantôt un type. Tantôt les deux. Ils avaient mauvaise presse et souffraient du regard des autres sans toutefois renoncer à leur façon de vivre.

Je me liais d'amitié avec le vieil emmerdeur qui faisait des escapades dans les villes alentours et m'écrivait de longues lettres. Il me racontait sa vie et celle des rencontres qu'il faisait et moi je lui donnais des nouvelles de la ville et de ses habitants. J'aimais sa façon de se raconter. J'attendais le courrier du matin avec enthousiasme et lui répondais aussitôt.

Le temps passait lentement, les journées se succédant. Je m'ennuyais un peu, jusqu'à ce qu'une nobliote, amie de mon ex fiancé ne vienne dans cette ville, d'où elle était originaire, pour récupérer ses affaires et déménager.
Hegide_iliard
Leçon intemporelle n°2

Apprends la retenue. Je suis ton homme.


Ton regard s'ancre dans le mien. Je lis ton désir au fond de tes yeux sombres qui me transpercent. tu sais toutefois que nous ne franchirons pas la limite, nous resterons vibrants et la repousserons juste encore un peu plus. Encore, encore une minute, encore plus, un instant... ENCORE !!!

Je te cède à peine, nous y sommes presque et tu explores ma bouche. Ma langue se fait douce, soumise à tes caprices. Tu fouilles mon palais, l'arrière de mes dents. Ma lèvre est aspirée puis relâchée peu à peu.
Je râle sourdement.
Tu rattrappes ma langue, la gardes entre tes lèvres qui glissent tout du long comme un long sucre d'orge qu'on suce lentement.

Je suis tellement trempée qu'au moindre de mes mouvements, la moiteur entre mes jambes frôle le centre de mon plaisir me rappelle que je suis prête à exploser.

Je me concentre... Fais abstraction de tout ce qui n'est pas nous. Je ne vois plus que tes yeux, n'entends plus que ton souffle, ne sens plus que ton odeur. Mes papilles sont saturées du gout salé de ta peau.

Au bout d'un temps interminable d'immobilité, nous effectuons l'ultime geste que nous nous soyons autorisés à faire : sans qu'un seul mot ne soit échangé et dans un accord parfait, nos doigts viennent se poser, au même moment, sur l'extrémité de ta hampe vibrante et sur mon bouton gonflé de désir. Leur pression identique est un détonateur.

Cela suffit. Tout s'enchaîne.
Eclat blanc dans nos yeux puis trou noir dans nos têtes. La vague scélérate nous fauche vers la petite mort.
Hegide_iliard
La nobliote était accompagnée de toute une clique de chevaliers et lèches bottes en armes que je reconnus sans peine pour les avoir fréquentés quand mon fiancé était encore à son "apogée". Voulant sans doute briller et se faire mousser, elle ne résista pas à la tentation de clamer haut et fort que mon fiancé n'avait pas disparu, bien au contraire, et qu'il venait la voir souvent, dans son boudoir, pour échanger sur l'avenir du monde et les moyens d'y parvenir.

Elle m'annonça même un matin, alors que je prenais mon thé avec le vieil emmerdeur revenu en ville, qu'il était temps qu'on me donnât des leçons de savoir vivre et d'éducation car je faisais honte à la noblesse et que c'était pour cette raison qu'on avait ôté tous les titres à mon fiancé.

Comment Hégide, a t il pu imaginer que vous auriez la classe, l'élégance nécessaire pour l'accompagner à la cour du Roy... ? Vous êtes si.... peu de chose ! Si rien !

J'adorais son mépris. Enfin un peu d'action ! Je jouais l'humiliation, la laissant croire que ses mots m'affectaient. Voyant que je versais une larme, comme anéantie par ses propos blessants, elle s'enhardit encore.

Si j'avais le temps, je vous donnerais bien des cours... Mais, vous n'êtes pas sans ignorer que je suis très proche de notre Roy Vonafred. Il me réclame souvent lorsqu'il s'ennuie à la cour et il y a tellement de travail à faire sur votre personne Hégide que ce serait perdre un temps précieux...

Ce qu'elle ne savait pas - et je me gardais bien de lui dire - c'est qu'avant de partir avec mon ex fiancé retraité, celui ci m'avait fait part de l'exaspération de l'époux de la dame quant à son attitude méprisante vis à vis des gens.
Son époux était du même genre que mon ex fiancé. Un juge. Austère. Long à la détente mais avec des avis tranchés et définitifs. Il avait abandonné une demoiselle aimante et douce pour cette nobliote là plus par épuisement face à son harcèlement que par réel amour. Et puis elle était noble. Et puis elle baratinait...

C'était la championne de l'ébouriffage de cheveux. Elle pensait être irrésistible en décoiffant ainsi les hommes. Chaque fois qu'elle faisait du charme à un homme, elle lui passait négligeamment les doigts dans les cheveux et secouait ses mèches comme on l'aurait fait à un enfant. Et chaque fois que l'homme y répondait de bonne grâce, on savait que dans l'heure qui suivrait, elle lui donnerait les clefs de sa chambre.
A l'époque, ça faisait sourire. Tout le monde connaissait sa combine dans le cercle de ses amis et on s'en amusait.

Je la laissais vider son sac, répandre son fiel sans opposer aucune résistance. Forte de sa domination, elle pavoisait en ville allant de taverne en taverne, omniprésente - omnipotentis aurait dit l'autre - bavardant avec tous.
Elle était riche. Elle se targuait de posséder suffisamment d'écus pour pouvoir s'offrir tous les caprices qu'elle voulait ou même, vider le marché si l'envie lui prenait. Mais comme elle était très bonne, elle n'en faisait rien et offrait à la place, tournées sur tournées pourvu qu'on l'écoutât.

Comme nous aurions savouré une telle proie n'est ce pas mon bel Amour ? Comme j'aurais joui de te voir la séduire puis la dépouiller de tout.
Malheureusement, à ce moment là, non seulement tu n'étais pas là pour le voir mais j'étais à des lieues de penser qu'un jour nous nous amuserions à donner des leçons à ceux qui ont l'outrecuidance d'être plus prétentieux que nous !

Je dus donc, me débrouiller seule.
Hegide_iliard
Leçon n°2611.0



- J'aime voir cette femme prendre soin de toi. Ca la change, elle qui a l'habitude qu'on la prenne pour une reyne. Là, c'est toi la reyne.
- Un exploit ! Elle doit être en manque.
- Non .... elle en crevait déjà d'envie en début de journée.
- J'ai envie de t'embrasser... c'est affreux
- Vraiment affreux... ça brûle... ça provoque des papillons dans ton ventre...
- ....oui...
- Continue...flatte la...
- C'est ce que je fais, j'en passe de la pommade...
- C'est plus de la pommade, tu dégoulines de miel sur elle. Elle va finir par craquer telle une petite guimauve toute douce
Hegide_iliard
Je me suis octroyé une pause.

Trois jours.

Trois jours pendant lesquels, je n'ai mangé que frugalement.

Je n'ai pas travaillé non plus. Je n'en ai pas besoin pour vivre maintenant... Je veux dire financièrement. J'ai amassé suffisamment d'écus pour pouvoir vivre plusieurs mois, peut être même une année sans lever le petit doigt je pense. Le travail ne me sert désormais que de prétexte je crois, pour venir faire un tour en ville. Une distraction. C'est prétentieux ce que je dis, je sais...

J'm'en fous... Je sais d'où je viens. Je ne le perds pas de vue. Même après tout ce temps je n'ai pas oublié la galère de mes débuts quand oublier de manger devenait vite fatal, quand aller dans la ville d'à coté signifiait prendre des risques énormes parce que j'étais si fragile que le premier lourdeau qui passerait m'aurait laissée sur le carreau et piqué toute ma bourse.

Trois jours de pause.

Comme aller me promener le long de la plage ne m'a pas suffisamment vidé la tête, je suis allée jouer au polo. Je sais, ça n'est pas encore trop à la mode vers chez nous, mais il existe quelques initiés persans revenu de Sassanide en douce qui connaissent ce jeu équestre. Je gage qu'il devienne à la mode dans quelques siècles. La soule l'est bien, elle. Ou la course de chiens.

Ca te plairait j'en suis sûre. Ca exige une maîtrise à la fois de soi et de sa monture et une attention de chaque instant. On est concentré sur la balle en mouvement. Dès qu'elle ne bouge plus... c'est le signal. On serre ses jambes contre les flancs de sa monture, on hausse légèrement la main contre l'encolure pour lui donner l'aisance de prendre son élan et on bondit, on se jette dans la cohue. Les chocs entre les adversaires sont terribles. La sueur des chevaux se mêle à celle des cavaliers, le combat est commun ; on ne sait parfois plus qui de l'homme ou de la monture dirige l'autre.
Dans le meilleur des cas, on sort fourbu. On a tout juste la force prendre une douche brûlante versée directement à coup de seaux au dessus de la tête par une domestique aussi attentionnée que silencieuse, boire un verre de jack entre les huit compétiteurs, manger un morceau sur le pouce, refaire la partie en parlant fort et en riant et... immanquablement s'effondrer sur sa couche jusqu'au lendemain matin, les muscles endoloris.
Dans le pire des cas, c'est sur un civière qu'on est évacué. C'est moins drôle et très frustrant : on ne connait pas l'issue de la partie. Les autres s'amusent sans vous.

Je ne suis pas tombée de cheval cette fois.
J'aime à penser que de ta cellule monacale tu as eu une pensée pour moi et que tu m'auras porté chance !
Hegide_iliard
Ces trois jours loin de ce livre m'ont permis de me rendre compte à quel point je manque je rigueur. je suis quelqu'un de maniaque bien que très bordélique. Ce livre en est finalement la démonstration ! Et je suis sûre que je recommencerai n'ayant personne pour me corriger sous la main.

Au début, je voulais uniquement traiter du sujet qui accapare mon esprit depuis bientôt un an maintenant : toi ... et moi ... et nous.
Je me rends compte que pour expliquer ma façon de penser, de me comporter et les raisons qui font que cette reddition n'a pas été (n'est pas ?) chose aisée pour moi, je me suis perdue dans les détails de mon histoire. Comme toujours. Ne ris pas, je te vois. C'est mon livre. Je suis libre d'y mettre de la merde si je veux ! du moins... j'essaie de pas trop en mettre ...

Or, mon histoire n'a aucun intérêt, si ce n'est de t'avoir rencontré un jour.

Mon apprentissage, on le sait maintenant, je pense, fut des plus rigoureux - pour une première fois je veux dire - et on me forma à trouver constamment la faille chez les gens que je rencontrais et à en tirer bénéfice si besoin.

Je ne m'éterniserai donc pas sur la fin de l'histoire de la nobliote. Pour l'anecdote, l'orgueilleuse finit répudiée par son mari et par un malencontreux coup du sort, fut dépouillée sur un noeud entre Conflans et Montargis, de tous les biens qu'elle comptait déménager (le sort s'acharne parfois... non ? hé hé).

Mais cette histoire n'a eu aucune incidence sur nous, si ce n'est d'avoir mis le vieil emmerdeur dans ma poche et m'en être faite aimer à la folie dans un mélange des genres tout à fait redoutable et qui aurait pu mal tourner pour moi.

Toi, tu sais que l'affaire ne tourna pas si mal... Et tu sais aussi que c'est grâce à toi si je m'en suis sortie à bon compte. De justesse mais à bon compte...
Certes, tu ne le reconnaîtras pas car bien que prétentieux pour tout le quotidien, tu restes bien modeste parfois pour ce qui est important. Pour faire court dans une histoire courte disons que le vieil emmerdeur devint boulimique de mes mots, au point d'en demander encore et encore jusqu'à ne plus penser à ça.
Il devint boulimique mais c'est moi qui vomissais. J'écrivais, j'écrivais tout le temps poussé par ses doigts impatients qui me mettaient la plume dans l'encre constamment. Des tonnes de velins, à en faire crever des pigeonniers entiers d'épuisement. Sur les murs des villes, les places publiques, les églises... Partout !
Tant que nous restâmes seuls, tout se passa bien. Mais notre retour vers ma Bonne Âme et Al. fut plus délicat. Il ne supporta pas que je puisse apprécier la compagnie de quiconque n'était pas lui et encore moins de personnes si dures envers moi... et lui.
Les deux autres en profitèrent, c'était si facile puisque je ne luttais pas contre elles et qu'il était seul...
Le seul que je ne détruisis pas moi même, elles réussirent à le dégouter, elles.

Cependant il fut tout de même retors, je dois l'avouer et il aurait presque réussi son ouvrage de destruction vengeresse. Il alla, avant de mourir, consciencieusement et systématiquement, effacer toute trace de lui partout où nous étions passés. Chaque missive, paragraphe, phrase, pensée et même jusqu'au stupides chaînes de mots qui se suivent (où désormais je ne foutrai plus jamais les pieds) fut retirée des murs des villes, tant et si bien que je me retrouvais .... seule... Parlant aux murs dans les auberges, répondant au vent dans les gargottes et les halles. Stupidement, seule ...

Tu me laissas me planter avec une certaine délectation.
A cette période là, tu venais de sortir du monastère qui t'avait hébergé durant l'été et au vu mon état "d'amoureuse folle et dégoulinante" tu avais trouvé ton compte avec une fille qui, disais tu, te convenait en tout points et que tu voulais me présenter... Ou sa soeur... ou les deux. Je ne sais plus. Je n'y comprenais rien.

Cela faisait il partie de mon dressage ou tout ceci n'était il que pure coïncidence ? Toujours est il que je ne voyais plus d'autre issue que mettre fin à mes jours pour me libérer de tout ça. Ma mario serait partie en vacances de moi ! Un comble !

Ainsi en décidâmes nous, elle et moi, d'un commun accord.

Mais c'était sans compter sur ta pugnacité et cette rage de vivre qui nous tenait .... et nous tient toujours je crois, par les tripes. Plus forts que la douleur, toujours au plus près du bord du précipice. Ah tu me provoques ? Je lâcherai pas alors !

Plus impitoyable que jamais et déterminée à ne plus rien céder à quiconque, morte à l'intérieur, non pas d'avoir perdu un homme mais d'incapacité à écrire ne serait ce qu'une ligne, dans un ultime sursaut je mis en scène mon suicide... et celui de Al. Le mien foira. Al périt.

Tu la remplaças .... avantageusement... en me rejoignant.
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