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[RP]La loi du Talion

Le_g.
Il n'était plus Capitaine de Lorraine, il avait démissionné. Peu importaient les raisons, il se sentait un peu plus libre de ses mouvements, et ça tombait bien, parce qu'il avait donné une parole, celle d'une escorte.

Sa démission du poste de Capitaine de l'Escorte n'était pas actée, du moins pas encore. Le prochain empereur le ferait sans doute. Il avait informé Sir Comyr qu'il allait bouger, sous peu.

Prenant sa plume, il rédige une note pour Zarathoustra.


Citation:
Messire,

Je vous confirme que nous allons arriver sur Vaudémont vers le 20 novembre. Afin de nous organiser au mieux, j'aimerais savoir si vous souhaitez que nous allions ensemble chercher votre ami.

J'aimerais également savoir si vous avez prévu quelques vivres pour la route, nous n'avons pas l'intention de nous arrêter, et il faudrait prévoir environ cinq à dix jours de vivres pour chacun d'entre vous. Inutile de piller le marché de Vaudémont, si vous n'avez pas les réserves suffisantes, nous pourrons vous en fournir.

Ayant vu les informations concernant les négociations qui semblent un peu en suspens du fait des élections, je me permets de vous demander une immunité pour les Écorcheurs. Nous allons vous escorter, et je vous redonne ici ma parole que nous ne toucherons pas à Genève. Nous n'y ferons qu'une escale d'une journée, le temps de vous déposer, et repartirons le soir-même.

Si vous voyez d'autres détails que j'aurais oubliés pour cette escorte, n'hésitez pas.

Cordialement,
Louis Track de Lioncourt
Maître Ecorcheurs
Capitaine de l'Escorte Impériale.

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Zarathoustra
A Vaudemont, Zarathoustra avait désormais ses habitudes. Il se levait tard, faisait ses ablutions et ses prières, travaillait pour le plus offrant, puis se rendait à la taverne du Duc de Lorraine, où il avait sa table. Faut dire que ça ne se bousculait pas. Il aimait bien, c'était calme, on y mangeait moyennement, mais pour peu cher. On lui apporta une missive, qu'il descella et lut sur le champ.

Citation:
Capitaine,

Je vous attends avec impatience. Dans la mesure du possible, j'aimerais en effet venir avec vous chercher Bartholom. J'ai déjà commencé à faire des provisions, et je m'y suis pris progressivement tant l'économie de Vaudemont est fragile. Vous ne serez pas inquiété à Genève, j'en réponds personnellement.

Deos vous garde,

Z.

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Eins thut Noth.
Le_g.
Toujours à Epinal, Le Gaucher reçoit l'information. Il hoche la tête, les lances sont prévues, ils ont le temps... même si pas à profusion, pour aller jusqu'à Nancy et revenir. Il répond donc à Zarathoustra.

Citation:

Messire,

Si je n'avais pu vous emmener sur Nancy, je ne vous l'aurais pas proposé. Nous irons donc ensemble chercher votre ami. Je sais d'expérience combien il est difficile d'être séparé des siens aussi longtemps que vous l'avez été, et ce sera un plaisir que de vous conduire près de lui.

Nous ne resterons pas longtemps sur Nancy, dès qu'il sera en mesure de voyager, nous reprendrons la route, cette fois-ci, en direction de Genève l'Eternelle, et sans escale.
Comme déjà proposé, si vous, ou l'un des vôtres avez un problème de ravitaillement, faites-le moi savoir, je vous obtiendrai du pain, via les Ecorcheurs.

Je vous remercie pour votre protection au sein de Genève. Je sais que vos armées y sont présentes ou aux alentours, et je n'aimerais pas que l'Escorte soit leur cible, parce que nous avons un autre rendez-vous ensuite, et que le temps nous sera compté.
Nous voyagerons au triple galop, et essayerons d'éviter les villes de Franche Comté, il parait qu'ils sont un peu nerveux, les francs comtois, à l'idée que l'Escorte Impériale passe sur leurs terres. A croire qu'ils n'ont pas la conscience tranquille. Cela dit, comme je vous l'indiquait, nous sommes attendus ensuite, nous ne prendrons donc pas racine, et ne ferons que passer.

Notre dernière conversation lors de ce repas à Vaudémont a attisé ma curiosité. J'aimerais bien en savoir plus sur le fonctionnement des institutions de Genève, tout autant que sur les grandes lignes de votre religion. Sans doute une autre fois, lors du tournoi par exemple, aurons-nous plus de temps, ou lors de cettte escorte, pour en discuter.

Une dernière chose, si vous me le permettez. Lors d'une conversation avec le Régent, il m'a fait savoir qu'il ne comprenait pas l'ultimatum que le consistoire lui avait imposé, surtout que Gênes avait eu à souffrir de certains agissements brigands ou guerriers, selon le point de vue. A ses yeux, le Consistoire a trahi la trêve, et donc mis un terme aux négociations, d'où son absence de réponse, a priori... Auriez-vous l'amabilité de m'indiquer votre opinion sur ces agissements ? Il semblerait que Muse & Luke et le Régent ne se soient pas bien compris.

Serait-il possible que le Consistoire relâche Elektra, Grand Maître de l'Ordre des Lames, en signe d'apaisement, et de reprise des négociations ? Pensez-vous cela envisageable ? Vous serez trois personnes à être escortées jusque chez vous... quelques signes de la bonne volonté du Consistoire pourraient certainement aider un peu, ne pensez-vous pas ?

Que le Très Haut veille sur vous.

Très Cordialement,

Fait à Epinal le 15 novembre 1461

Louis Track de Lioncourt.
Capitaine de l'Escorte Impériale





Rare qu'il utilise de la cire, déjà parce qu'il est gueux, et qu'il sait jamais quelle couleur il faut mettre, mais qu'en plus, il trouve ça très moche... Sauf qu'il parait que c'est "respectueux" pour celui qui reçoit, alors il le fait, pour le genevois qui l'intrigue.
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Zarathoustra
L'hiver avançait doucement mais sûrement. Fort de ce constat, Zarathoustra changea de table pour se rapprocher de la cheminée. Il commanda à manger, consomma-il s'habituait à la cuisine lorraine, puis essuya la table d'un revers de manche pour écrire la réponse au Gaucher.

Citation:
Capitaine,

Nous devrions avoir ce qu'il faut pour nos provisions de bouche, dans le cas contraire je vous le ferai savoir.

Je serais heureux de vous renseigner quant aux institutions de la République et aux ressorts de la réformation de la foi aristotélicienne. Nous en aurons en effet tout le loisir.

Pour le reste, il est important de distinguer deux choses dans cette affaire: la paix entre l'Empire et la République d'une part, et d'autre part les combattants des deux camps blessés et susceptibles de faire l'objet de captivité.

Pour la première: il est entendu que la paix ne pourra se faire qu'après dénonciation de la part des autorités impériales de l'Edit d'Hayange instaurant un Comté de Genève. C'est un préalable non négociable. Le régent nous a fait savoir qu'il pourra éventuellement y satisfaire, mais seulement s'il est réélu, et encore pas à court terme. La paix durable n'est donc pas envisageable à moyen terme.

Pour la seconde, je vous laisse juger de quel camp doivent venir les signes de bonne volonté. Il faut un peu résumer la situation. Du côté genevois, des dizaines de jours de prisons et amendes ont été encourus, et du côté impérial: rien du tout. La seule chose que l'Empire a concédé, c'est la relaxe pour un troisième procès qui, vous l'avez dit vous même, relevait de l'acharnement. Si une cour d'appel avait existé en Lorraine, le verdict n'aurait de toute façon pas tenu une seconde. Le relaxé avait d'ailleurs déjà écopé de plusieurs jours de geôles et amendes. En échange, la République a relâché l'un des soldats impériaux.

Nous avons toujours été clairs et francs quant à nos intentions et exigences. Pour ce qui est de Gênes, la chose est simple: la République n'a pas attaqué Gênes, la République n'a qu'une parole et n'a pas intérêt à la voir dépréciée. Nous avons été surpris d'entendre ces accusations, déplorons l'arrêt des négociations, et l'avons fait savoir.

Cet ultimatum n'a pas d'autre raison d'être que de voir aboutir ces pourparlers dans des délais raisonnables. En signe de bonne volonté, je m'engage auprès de vous à le faire surseoir pour un court délai, et à le suspendre plus durablement si nous avons des signes tangibles de reprise des négociations sur des bases saines.

Bien à vous,

Zarathoustra

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Eins thut Noth.
Le_g.
A Epinal, ils terminaient de se préparer. Pas simple de gérer l'intendance pour un groupe, même modeste. Ils avaient pu s'armer, faire le plein de provisions, et ils allaient enfin partir. Depuis plusieurs jours, il envoyait des missives à ceux de sa lance, ayant pour titre : J-3, J-2, etc... et ce jour, il avait envoyé celle qui était titrée : JOUR J ! Enfin !

Certains attendaient ça avec impatience, ceux qui souhaitaient les voir partir, ceux qui souhaitaient reprendre la route, tous avaient de bonnes raisons. Lui, il observe, et esquisse un sourire. Voir le visage de Lest rayonner depuis qu'il est père semble lui suffire.

Comme d'habitude, il profite de chaque instant de plaisir. Ce matin-là, il envoie donc un nouveau pigeon vers Vaudémont.

Citation:

De moi, Louis Track de Lioncour, Capitaine de l'Escorte Impériale
A vous, Zarathoustra, Soldat du Consistoire


Messire Zarathoustra,

Pardonnez cette longue missive, qui vous confirme que nous serons demain à Vaudémont, et que nous prendrons la route le soir même pour Nancy, afin d'y retrouver votre ami.
Nous repasserons par Vaudémont puis Epinal, avant de quitter la Lorraine. En Franche Comté, nous ferons trente lieues par jour si possible, afin de nous rendre le plus rapidement possible à Genève.
Pourriez-vous me confirmer que votre ami pourra prendre la route le 23 au soir ?

Pour en revenir aux sujets plus importants, je peux comprendre votre souhait de faire annuler l'Edit d'Hayange, même si je ne partage pas votre point de vue. Je me permets de vous rappeler vos exigeances du 17 octobre :
Citation:
-Ratification de la convention de Genève par la Lorraine
-Abandon des procès en cours
-Déclaration en nullité des peines prononcées pour les procès terminés
-Retrait définitif des noms des listes de vos armées


Alors je reconnais que la Lorraine n'a pas signé la convention de Genève, mais vous-même avez été relaxé, et vos noms sont retiré des listes des armées de Lorraine, j'y avais veillé lorsque j'étais Capitaine de Lorraine. Deux sur quatre, offrez nous au moins la moyenne. Pour la nullité des peines, je n'étais pas en mesure d'intervenir sur la justice, hormis l'ordre qui a été donné par le Régent de vous relaxer. En échange, vous avez libéré Messire Zeiss. Un pour vous... mais les compteurs ne sont pas à égalité.

Ensuite, le 11 novembre, le Consistoire redonnait ses exigences :
Citation:
- abandon des peines allant à l'encontre des soldats genevois, dans le cadre des actions militaires
- ratification de la convention de Genève.

Là encore, je reconnais que ces exigences ne sont pour le moment pas exécutées.

Dans votre dernier courrier, vous parler de la suppression de l'Edit d'Hayange comme préalable non négociable... Il n'en a jamais été question dans les prémices de ces pourparlers pour la paix. Cela ne serait-il pas plutôt à discuter pour un traité de paix ? Tenons-nous en aux premières demandes, à savoir, justice pour vous et vos soldats, et pour les soldats impériaux.

Je ne mets pas dans la balance mon offre d'escorte, pour vous raccompagner, mais je pense vous prouver que je fais les efforts nécessaires afin que, les élections impériales terminées, vous puissiez discuter sereinement d'un traité de paix, sans crainte d'une nouvelle immobilisation ou d'un éventuel procès supplémentaire. Pour ce qui est de la justice lorraine, seuls ceux qui ne font rien ne font pas d'erreur, et certaines ont été commises, il est vrai, et c'est regrettable. J'ai en effet estimé qu'étant donné votre immobilisation, une double sanction par un procès était superflue, mais sans l'ordre du Régent, la justice n'étant pas le domaine de compétence pour lequel j'avais été demandé, rien n'aurait pu être fait. Les provinces sont souveraines quant à leurs justices, et cette interférence du Régent Comyr dans les affaires de Lorraine n'a pas été du goût de tout le monde, sachez-le. Cependant, comme vous l'aviez dit, vous étiez là pour faire une guerre contre l'Empire et donc l'une des provinces vassales.

Voilà le point de vue qui est le mien, et j'avoue avoir plaisir à notre correspondance, dans un respect mutuel, j'en apprends un peu plus chaque jour. J'espère que vous comprendrez cette vision, qui a pour but, non pas d'aboutir à un traité de paix, mais que le Consistoire comme l'Empire puissent se réunir autour d'une table sereinement, pour discuter d'un futur traité.

Le problème majeur que je vois pour les exigences que vous avez envers la Lorraine, à savoir :
- la signature de la Convention de Genève
- l'annulation des peines contre vous et vos soldats
pour vous rendre à la table des négociations, c'est que vous êtes soldat du consistoire, en guerre contre l'Empire, et que vous exigez d'une province vassale de l'Empire, mais souveraine de ses décisions, de ratifier un traité pour une guerre qui n'est pas vraiment la sienne, que par personne interposée, et que vous exigez un acte qui concerne la justice lorraine, alors que la justice de chaque province est normalement indépendante.

Difficile pour le Régent d'intervenir sur cette affaire, et quant à moi, je n'étais que Capitaine Conseiller Spécial, sans droit de vote, ni de prise de parole, sauf autorisation, sur les sujets qui ne concernaient pas l'armée de Lorraine. Aujourd'hui, je n'ai même plus cette possibilité, n'étant plus que le Capitaine de l'Escorte Impériale qui va vous offrir protection pour rentrer chez vous, ce qui est mon droit.

Pour aider aux discussions préalables qui vous amèneront à discuter avec le Régent, ou avec celui qui sera élu Empereur, je puis écrire au Duc de Lorraine, si vous le souhaitez, mais sans vous garantir que le Conseil Ducal acceptera vos exigences, car comme je vous l'ai déjà fait savoir, la guerre du Consistoire contre l'Empire est très loin des préoccupations lorraines.

Nous aurons le loisir de nous retrouver demain à Vaudémont, pour poursuivre nos échanges.

Que le Très-Haut veille sur vous,


Fait à Epinal le 19 novembre 1461

Louis Track de Lioncourt
Capitaine de l'Escorte Impériale.



Citation:



Citation:




Puis, il fait partir la missive.

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Zarathoustra
Un gamin entra en trombe au Duc de Lorraine, une taverne d'entre les tavernes de Vaudemont.

M'sieur Toustra, un courrier pour vous m'sieur Toustra.

Zarathoustra s'éveilla puis s'ébroua. Il passait son temps devant la cheminée, alternant pensées sur le cours des choses de ce monde et sommeil profond. C'est dans cette dernière phase que le mioche le trouva. Il enfonça sa main dans les replis de sa liquette, en tira une piécette qu'il plaça dans la menotte du moutard.

Il lut la missive de Louis, en s'interrompant de temps en temps pour fixer pensivement le foyer. Après quoi il se mit à rédiger la réponse sur le champ.


Citation:
Capitaine,


La plume se suspendit en l'air. Capitaine? L'était-il ou ne l'était-il plus? Il lui affirmait avoir démissionné, et pourtant il signait par son grade. Peu importait.

Citation:
Capitaine,

Je prends note de vos précisions quant à notre prochain voyage, et je vais personnellement veiller à ce que mes compagnons soient prêts en temps et en heure.

Comme je le soulignais dans mon précédent courrier, il me semble important de distinguer les deux affaires: les combattants tombés dans les deux camps et les peines dont ils sont susceptibles de faire l'objet d'une part, et la paix entre Genève et l'Empire d'autre part. Pour cette dernière, il est entendu qu'elle ne pourra être signée qu'après les élections à venir. Laissons donc cela pour l'instant.

Pour l'autre affaire qui nous occupe de plus près, vous jugez que la balance pèse d'un côté et que c'est à nous de faire un geste. Je pense qu'elle penche de l'autre, pour les raisons que je vous ai déjà exposées précédemment et qui tiennent essentiellement dans le fait que les points que vous avez concédés ne vous ont pas ou peu coûté.

Vous pointez les errements de la justice lorraine, en soulignant que l'erreur est après tout humaine, ce à quoi je souscris tout à fait, en me permettant de vous objecter que persévérer dans l'erreur est par contre impardonnable. Ce n'est pas faute de m'être adressé au personnel judiciaire pour pointer ces problèmes. Mais ce n'est pas vraiment le problème, l'objet de notre discussion est le statut des prisonniers de guerre, et non la compétence des gens de robe du tribunal de Lorraine.

Vous soulignez le fait que la Lorraine n'est qu'indirectement concernée par ce conflit, et que par ailleurs sa justice est souveraine. Il s'agit d'un point de détail, mais la justice de Lorraine n'est pas à proprement parler souveraine, ses verdict sont théoriquement susceptibles d'être cassés par la cour d'appel de Lotharingie. Le point le plus important est que la Lorraine fait partie de l'Empire, le duc de Lorraine est vassal de l'Empereur, et en conséquence, quand ce dernier déclare la guerre, c'est l'ensemble des provinces impériales, dont la Lorraine fait éminemment partie, qui sont concernées. Le Saint Empire Romain des Nations Germaniques, ou SRING, n'est rien sans les nations qui la composent.

Si la Lorraine veut que sa justice soit souveraine, ou qu'elle ne veut pas subir les conséquences des humeurs d'un empereur belliqueux, qu'elle fasse comme les cantons de la Confédération helvétique: qu'elle déclare son indépendance. Je doute cependant qu'on en vienne là, et je vous serai en effet reconnaissant de bien vouloir interférer auprès du duc de Lorraine, afin de solutionner notre problème. S'il le veut, cette histoire sera finie demain, sans que cela ne lui coûte. De mon côté, je fais part au Consistoire de la possibilité d'envisager de relâcher le grand maître de l'ordre des Lames.

Notre volonté n'est ni de gagner ni de perdre, mais de faire en sorte que la situation que nous avons connue ne se reproduise pas, à savoir que des soldats ne soient pas mis en justice pour faits de guerre.


Bien à vous,

Zarathoustra

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Eins thut Noth.
Le_g.
Toujours Capitaine, tant que sa démission n'est pas validée, chose qui risque pas de se faire tant qu'il n'y a pas un nouvel empereur élu, Louis profite de son baquet, un bon bain, pour se détendre, dans la maison qu'ils ont aménagé avec Lest. Il se passera un bout avant qu'ils ne reviennent, et c'est donc chez lui qu'on vient lui porter la missive.

Après s'être séché, et vêtu proprement, il répond aussitôt.


Citation:

Messire Zarathoustra,

Je suis navré que vous ayez pu prendre ma dernière missive pour une prise de position contre vous-même ou le consistoire.

Je suis entièrement d'accord avec vous pour séparer les deux affaires : d'un côté les combattants tombés, de l'autre le projet pour la paix.

En ce qui me concerne, je ne puis qu'être un intermédiaire dans la première partie, à savoir pour les combattants qui sont tombés de part et d'autre.

Les points cédés, à savoir la relaxe pour votre procès, ne m'a certes pas coûté en terme de conscience, je suis contre l'acharnement, mais ils n'ont pas aidé à mon intégration, et ils ont coûté à d'autres, qui se sont senti atteints dans leur honneur. Quant à retirer votre nom de la liste... à dire vrai, je l'avais rayé avant même que vous fassiez la demande, un poutrage suffit à mes yeux. Tout le monde ne pense pas comme moi, et cette décision, que je ne regrette pas, j'en aurais peut-être à payer le prix, mais je m'en carre. J'estime que cela était juste.

Pour les erreurs de la justice lorraine, je vais écrire à Sa Grasce Thomas Sauveur de Talleyrand pour en discuter.

Pour ce qui est du statut de prisonnier de guerre, vous le savez, je ne me suis jamais senti "en guerre" contre le consistoire, il va falloir que je reprenne nos différents échanges pour bien comprendre votre point de vue. Brigander, piller, être mercenaire, ou être soldat, cela n'est pas tout à fait la même chose. Un brigand peut devenir pillard, un mercenaire peut être pillard, mais un soldat n'est pas supposé piller. Que serait-il advenu des cités de Toul ou de Vaudémont si nous avions laissé faire La Main ? Ne me dites pas que ma frangine ne se serait pas servi dans la caisse, ne me dites pas que ses hommes n'auraient pas pillé la mairie. Est-ce là une attitude de soldat ?

J'en parle en connaissance de cause, j'ai été brigand, voleur de bourses sur les chemins, pillard de mairies suivant les cours de mon frangin, puis mercenaire, au service de l'Empereur, puis soldat pour la Lorraine. Ma paye de soldat, je n'en ai pas vu la couleur, et je ne l'attend pas. Ma paye de mercenaire n'a pas couvert, et de très loin les frais de cette fonction, à peine un dixième des sommes que j'ai engagées.

Certes, vous n'êtes pas de la Main, et je vous considère comme soldat, mais les membres de La Main ne sont que des Pillards, et n'auront pas à mes yeux d'autre statut tant qu'ils agiront comme ils le font.

La signature de la Convention de Genève ne doit pas servir de "passe droit" à des brigands ou des pillards, je pense que vous comprenez cette position. Prendre un statut quo est un fait de guerre, piller les ressources d'une cité est le fait de brigands et de pillards. Comment, dès lors que vous utilisez des brigands, reconnaître un soldat du Consistoire ou un mercenaire attaché à la cause d'un brigand ou d'un pillard ?

Comprenez que je cherche les arguments pour chaque point de vue, et que ce n'est pas un jugement de "valeur", mais un simple constat de faits que d'utiliser les mots brigands, pillards, mercenaires, soldats, ou encore gueux ou noble. Je suis gueux, c'est mon statut, pas une insulte. Quand je dis des hommes de la Main qu'ils sont Brigands ou Pillards, c'est un fait, pas une insulte.

Merci de me donner vos arguments, avant que j'aille discuter avec le Duc.

Louis Track de Lioncourt.


_________________
Zarathoustra
Devant la taverne du Duc de Lorraine, une file de bambins s'alignait. Tous voulaient la piécette de m'sieur Toustra, car il paraissait que sa correspondance était profuse.

Citation:
Capitaine,

Je comprends vos questionnements. J'attire votre attention toutefois sur le fait que la guerre n'est pas si simple et binaire, et vous invite à vous penchez sur quelques livres d'histoire, si vos fonctions vous en laissent le loisir, afin de vous en convaincre. Depuis toujours, l'argent est le nerf de la guerre. Votre empereur le savait d'ailleurs, qui s'est dépêché d'affranchir Genève, mais qui s'est bien gardé de faire de même avec la mine d'or de Nyon, qu'il a précieusement maintenue tant qu'il l'a pu au sein de son empire.

Si Toul ou Vaudemont étaient tombés, sans doute quelques uns se seraient remplis les poches, et notamment la bande de routiers dont vous parlez et avec qui -efficacité militaire oblige- nous nous sommes ponctuellement alliés. Nous aurions fait une proclamation en bonne et due forme au nom de la République, et le commandement impérial, du moins c'est ce que nous espérions, se serait vu quelque peu ébranlé et aurait peut-être relâché son étreinte sur la ville de Genève. Vous l'aurez compris, le but de la manœuvre était de détourner les forces impériales pendant que nos troupes sur le sol helvète s'apprêtaient à reprendre la ville. Comme vous le voyez, la guerre asymétrique, la guérilla, l'assaut par révolte, appelez ça comme vous voulez, est complémentaire, et non antinomique de la guerre traditionnelle, en oriflamme, visant la maîtrise du statu quo d'un noeud.

Si vous relisez attentivement la Convention de Genève, vous verrez que des dispositions sont prévues pour qu'elle ne serve pas de passe-droit aux pillards et autres opportunistes. Vous remarquerez que ni nous, ni les membres de la Main, ni personne n'a réclamé l'application de la Convention de Genève aux pillards dont vous parlez. Nous la demandons pour les soldats réguliers de la République, dont il vous est facile de vérifier s'ils ont été envoyés par icelle ou par l'appât du gain.

En espérant avoir répondu à vos questions,

Zarathoustra

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Eins thut Noth.
Raoulleglabre
Jeudi vingt-et-un novembre Quatorze Cent Soixante et Un du Petit Christos en Pagne, comme on disait à G'nève. Back to l'Urbs. L'empereur Ludwig était mort, ses armées défaites dans les batailles d'octobre, la République lacustre était rentrée dans la Confédération. Un mois plus tard, Genève battait le rappel et s'apprêtait à récompenser ses braves grognards. Quarante cinq jours dans le petit hameau lorrain avait adouci l'humeur de mon spadassin. Vaudémont... Il n'y avait guère plus mortel comme séjour. Pensez-vous ! 84 habitants. Raoul le glabre, maître-es poudres et routier suisse très sympa, capitaine d'escarmouches et Messie des Femmes entre 15 et 62 ans - oui, Raoul a commis. Un soir qu'il avait bu, attendri, il avait ravi une rombière qui avait l'araignée au plafond - empaquetait soigneusement sa longue couleuvrine à main. Lentement, pour éviter les rayures, parce que même quand on est spadassin, on aime quand ça brille, le bonhomme laça l'armure milanaise qu'une grosse couverture de laine dissimulait dans la montagne de gamelles trimbalée par le grand cheval.

Hiiiiiii*

Les armures milanaises présentaient un souci de l'esthétique moins prononcé que les armures gothiques des teutons. Les armuriers lombards savaient créer des modèles qui se passaient de décorations, et dont toute la beauté n'était due qu'à la pureté des lignes, alliée à la protection la plus fonctionnelle. Pour conserver un maximum de souplesse pour escrimer, les espalières étaient réduites, ce qui n'était pas sans danger, car les coups d'estoc portés aux aisselles, à l'épée ou à la lance, étaient très redoutés des combattants. De tout temps, c'était là le défaut de toutes les armures.

Le glabre en avait dégusté chez ces fichus lorrains. Mais, comme à l'accoutumée, il était vivant, et bien vivant. Notez que ça parait normal, puisqu'il a la tête dure et qu'il aimait prendre des vacances chez les françoys d'Empire. L'air y est plus doux que dans les alpages, et mort, ça ne lui aurait pas servi à grand chose.

Pour se rassurer encore une fois sur son état, le reitre croqua dans une vieille pomme talée qu'il promenait depuis Bourg et l'été dernier.

Faut pas croire, le soldat est sentimental.


* : le lecteur complaisant reconnaîtra le hennissement de Grand Cheval, compagnon de l'infortune rurale de mon héros.
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