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[RP] Le Campement des Monstres

Maryah
Maryah en était convaincue. Il fallait s'organiser. L'union faisait la force, et il y avait plus d'idées dans la tête de dix personnes que dans une. La Menace était de taille. Ils ne devaient pas subsister la moindre faille.

Rongée par l'inquiétude, qu'elle se refusait à montrer et cachait tantôt sous des allures de fouine, tantôt sous des allures de vipère, Maryah alternait des temps calmes avec le petit Maonaigh, et des temps de nervosité intense qu'elle allait évacuer en taverne.

Ce matin là, elle avait donc décidé d'être particulièrement désagréable, car la nuit avait été pourrie, et que la soirée de la veille l'avait fortement inquiétée puisqu'elle s'était rendue compte que Sarah ne voulait pas les laisser protéger ses intérêts. Donc défoulement obligatoire, qui l'avait amené à comploter contre celle là même qu'elle voulait protéger.

Attendant patiemment le moment où Sarah devrait allaiter l'enfant sous la tente, complotant fermement avec Lyan pour qu'il tienne Sarah à l'écart un moment, elle s'empressa d'aller chercher les divers alliés potentiels, les rassembla autour du feu, et s'exprima ainsi ... toute langue de vipère qu'elle était :


Bien ... merci d'êt'tous venus ! La Situation, quelle est elle ? J'vais tâcher de résumer pour ceux qui sont pas informés.
Le Fourbe, de son prénom Ezequiel, est arrivé il y a peu au village. Il a réussi à faire passer un message à Sarah, et il a échappé de justesse à Lyan et Kheldar il y a deux soirs.
Il veut Sarah. Et il veut l'enfant, Maonaigh.
Pour obtenir ce qu'il veut cette enflure a fait enlever la petite gamine d'une cousine de Sarah. Vous l'aurez compris, c'est la gamine contre Sarah.
Not'premier ennemi, Ezequiel et compagnie. Il est caché, silencieux, il monte un coup tordu, on doit s'attendre à tout. Au pire et au pire !
Not'second ennemi, Sarah ... elle est dans la tente là bas. La Brune a décidé qu'aucun de nous ne devait être en danger à cause d'elle, et y s'pourrait qu'elle monte le coup sans nous en avertir. De peur qu'y en ai un d'nous ou plusieurs qui risque(nt) de mourir.

Alors j'vais pas y aller par 4 chemins !
Ceux qui sont prêts à risquer leur vie pour la vie de c'te gamine enlevée, de Sarah et de son fils, vous êt'les bienvenus. Va falloir monter l'campement, arranger des tours de garde, pas lâcher Sarah et Maonaigh un seul instant.
Ceux qu'y ont pour seule ambition d'se remplir les poches, et qu'y ont les chocottes ... c'est l'moment d'vous barrer ...


Grande inspiration. Les p'tites frappes rencontrées au dernier village commencent à saisir leur affaire, prêtes à partir. Maryah invite du regard chacun de l'assemblée à bien réfléchir et à agir.
Lyan et Torvar ont déjà répondu présents. Un Slave et un Cosaque. Un ours et un loup, ça promet.
Puis son regard se pose sur le Masqué. A priori, c'est un allié, dans ce combat il a des choses à régler. Maryah ignore quoi encore, mais il semble valider la vie en collectivité ... mal famée. Il ne bouge pas. Restera t-il ?
Son regard glisse. Les deux filles du matin. La folle et l'ébène. La terrifieuse de gamine et la récolteuse de sang. De toute évidence, deux tueuses. Normalement, elles sont de la partie.
Elle continue ses observations.
Là plus loin, y a les compagnons d'voyage. La soeur de Sarah, son compagnon, et l'discret qui porte l'arc.

De tout cela aucun ne bouge. En voilà déjà 7 de fiable, avec elle et Sarah, ça fait 9. Bien, bien, ça avance.

Le Campement des Monstres prend forme. Elle continue à les regarder tour à tour, se rappelant de ses "interrogatoires" rondement menés ; y a des affinités, y a des points communs, mais aussi beaucoup de différences et de cruauté en chacun. La question, vont-ils pouvoir se supporter les uns les autres ? Se tolérer ? S'accepter ? Veiller sur leur bien commun ... Sarah ?!

Y a qu'à tester.


Bon ... j'crois qu'on y est.
Pour parer au plus urgent, il nous faut du bois, pour entretenir un feu constant. De l'eau. Des cueilleurs qui connaissent un peu c'qu'on peut trouver à bouffer dans les bois. Des chasseurs ou des poseurs de piège. 10 estomacs à nourrir au jour le jour c'pas simple hein !
Euh j'ai dit ... ramasseur, bûcheron, pêcheur au besoin y a un lac pas loin, chasseur ...
Faut monter vos tentes autour celle de Sarah.
Lix t'as une hache c'est ça ? Le masqué c'est l'arbalète, le discret c'est l'arc ... C't'un bon début. Voilà de quoi mettre en place de bons entraînements. J'vous laisse vous organiser, ça c'est pas mon domaine.
Comme le disait le masqué, faudra aussi mettre en place des rondes. Si y a quelqu'un pour s'en occuper, ce s'rait parfait.
Et moi j'disais qu'faut constamment deux gardes rapprochés, l'un de Sarah, l'autre de ce qu'elle a de plus précieux : son fils. Lyan se propose pour Sarah, moi pour Maonaigh. Y nous faut bien sûr des r'lais. Des volontaires ?


Entendant des bruits venant de sous la tente de Sarah et Lyan, Maryah attire l'attention de tous une dernière fois :
Euh j'vous rappelle qu'on est tous censé ignorer la "Menace". Vous n'avez qu'à dire à la jolie Sarah qu'on est tous rassemblé pour s'faire une mairie. Sinon, elle fera tout pour nous tenir à distance.
Allez ... vite ... avant qu'elle sorte de là d'sous ...
Dispersion !


Et de s'éloigner en pensant que la Nature fait bien les choses, et que chaque moment d'allaitement permettra au Clan des Monstres de se réunir autour du feu central pour s'organiser autour de Sarah, tout en s'assurant que cette dernière n'y verra que du feu ...

Next !

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Kheldar
Le colosse n'avait pas attendu d'être convié pour entamer ce qu'il savait faire de mieux. Il avait passé la nuit à rôder autour du campement, ne dormant que par brèves périodes et seulement d'un œil, comme il avait prit l'habitude de le faire en milieu hostile. C'était ainsi qu'il avait veillé sur les lycans, après la mort de leur chef, et avait fait de sa vigilance un rempart contre un potentiel retour de l'assassin. Alors que les autres pleuraient la perte de l'être cher, festoyaient ou vivaient paisiblement, lui avait veillé, toutes les nuits, à l'écart des autres pour ne pas troubler sa concentration. Certains ici ne comprendraient pas, et verraient surement son isolement d'un mauvais œil, mais il savait ce qu'il avait à faire. Tout comme il savait à quel point son sang froid allait être mit à rudes épreuves. Rien n'était clair dans cette histoire. Il avait décidé que Sarah était importante, sans la connaître en dehors de ses lettres, et voilà qu'il se retrouvait impliqué dans une histoire sordide d'enlèvement et d'échange. Il avait eu l'ennemi dans sa ligne de mire, mais l'empressement du barbu à le rejoindre l'avait privé d'une chance de le blesser. Et c'est lors de cette soirée riche en émotions qu'il avait tout apprit.

Kheldar avait toujours été fasciné par le feu. Le spectacle des flammes qui dansaient devant lui alors que Maryah clamait son discours attirait inexorablement son regard.

Le masque qui ne le quittait jamais dissimulait son visage, ne laissant apparaître que ses yeux couleurs gris acier. Ainsi la fatigue qu'il accumulerait après plusieurs nuits de garde ne serait pas connue des autres. Les gardes et le combat rapproché, c'était son rayon. A l'arbalète, il était seulement bon, mais pour ce qui touchait au corps à corps, il s'était longtemps targué d'être le meilleur dans ce qu'il faisait. Une série de victoires qui semblait ne jamais vouloir s'arrêter l'avait conforté dans son arrogance. Et lorsque le jour fatidique était arrivé, il était tombé de haut. Depuis ce jour, il combattait avec plus d'humilité, plus de sobriété, une économie de mouvement qui était l'apanage des meilleurs. Il avait rapidement recouvré sa confiance et sa science des armes. Cela lui avait été utile, et il en avait fait profiter les siens, revêtant pendant quelques mois l'uniforme de l'instructeur.

C'est donc d'une voix assurée qu'il prit la parole au moment d'évoquer les tours de garde.


Les gardes de nuits se feront par deux. Nous sommes suffisamment nombreux pour nous relayer toutes les deux heures. Considérons que la nuit commence à minuit et se termine à l'aube. Trois paires se relaieront, ce qui laissera suffisamment de temps de sommeil à tout le monde pour être efficace une fois le jour levé.

Le colosse s'interrompit quelques instants, le temps de laisser tout le monde s'imprégner du sens de ses mots. Il parlait calmement, sans élever la voix, ni demander l'avis de qui que ce soit. Il avait l'habitude des tours de gardes, après plusieurs années passées dans l'Ost du Languedoc et parlait, non pas sur le ton de l'autoritarisme, mais celui de l'efficacité démontrée.

La journée débutera à l'aube et se terminera à minuit. Tout le monde sera sur le qui vive. Lyant s'occupera de la sécurité rapprochée de Sarah, et sera relayé par moi même lorsqu'il en ressentira le besoin, et Maryah s'occupera de l'enfant. Il lui manque un relai et je ne vous connais pas suffisamment pour vous désigner donc il faudra un volontaire. Il devra y avoir au minimum deux personnes dans le campement, et les autres devront être à proximité. Considérons la taverne comme la limite à ne pas dépasser. On y recueille souvent des informations et on y évacue raisonnablement les tensions.

Le colosse braqua son regard acier sur les personnes présentes, sans animosité aucune.

Je ne suis pas trop mauvais à l'arbalète, je la confierais donc à Maryah après lui avoir apprit à s'en servir. Pour les autres, vous semblez savoir vous servir de votre équipement, mais je me tiendrais à disposition pour le combat rapproché en journée.

Il n'avait rien de plus à ajouter. Juste à espérer que cela fasse l'unanimité au sein du groupe.
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Maryah
Maryah écouta attentivement le discours de Kheldar. Chouette il leur avait évité ses faits de guerre. Elle redoutait qu'y en est un ou une qui joue le plus fort, le plus baraque, le plus tout ... vous savez c'ui qu'y a du bagoût et qui est le premier à ... tomber ! Bon déjà ça n'serait pas Kheldar. Vigilance sur les autres.
Elle se disait que ça allait quand même être super chaud de tous cohabiter, 'fin co-tenter (tentes) ... et laissant ses pensées divaguer, elle trouva très bien l'histoire des tours de garde ... moui bonne organisation. Fallait pas oublier qu'y avait que des humains par icy et qu'faudrait manger, boire, se réchauffer et dormir pour être à la hauteur.
Et pensant à mille choses en même temps, se répétant l'histoire de chacun en les regardant un par un, établissant des liens, cherchant c'qui pourrait mal tourner, se demandant aussi comment cacher tout ça à Sarah, un détail la fit tiquer ! Un énorme détail !


... la sécurité rapprochée de Sarah, et sera relayé par moi ...

ALors là dans la tête de Maryah c'est la guerre ! Lui ? Garde Rapproché ? Même pas en rêve !!! Non mais là, c'est juste pas possible. Et voilà de quoi lui faire bouillonner le sang, le rouge lui montant aux joues. Le temps qu'elle digère la nouvelle, le Masqué finit son intervention et ...

Non ! Pas toi ! Garde Rapproché ... bah euh ça veut dire rapproché ! Donc ... pas toi. D'jà tu voulais rester à distance hein ; pis elle t'connait pas. T'veux nous faire démasquer ou quoi ?! Genre Sarah elle va pas s'apercevoir de l'embrouille si tu la suis partout comme un p'tit chien, hein ?! Tsssss ..., oui vous aurez noté l'ironie sur la référence au masque, Maryah non, toute énervée qu'elle est .... En garde rapprochée, j'entends quelqu'un qui a des raisons de la coller. Bon bah Lyan y squatte son plumard, j'suppose qu'c'en est une de bonne raison. Non, là, faut un ou une amie, un ou une de la famille ... bref, quelqu'un qui ait toutes les raisons du monde de passer du temps avec elle, et qui soit prêt bien sûr à en découdre ... et à donner l'alerte ...

Voilà l'Epicée, reprend ton souffle. Calme-toi. Arrête de voir des ennemis tout partout hein. Chuttttt ... ça va bien se passer ... Non mais l'inconnu épistolaire qui s'prend pour un proche fidèle. Y a d'quoi la faire bondir !
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Aslynn
Depuis Sarlat, les choses avaient vraiment changé. C'était à Sarlat que la Sauvageonne et l'Ebène s'étaient rencontrées. Toutes deux participaient à leur première prise de mairie et quelle nuit! Un souvenir magistral de plusieurs familles, inconnus et amis, s'unissant pour une cause. Cette fois encore, nous n'en sommes pas loin.

Des tas de choses s'étaient passées depuis Sarlat.
Elle avait quitté les Corleone après plusieurs accrochages avec eux, avait voyagé dans le royaume se prenant quelques branlées au passage, avait rencontré du monde, dont ce fameux Ezequiel qu'elle avait même fini par enrôler. Quelle erreur n'avait-elle pas fait là... Et pourtant c'est grâce à ça qu'elle s'était rapprochée de la Sauvageonne, dans cet esprit de vengeance et de dégoût commun pour le Corellio. Elle en avait perdu du monde au passage, allant jusqu'à perdre son propre frère un soir de Novembre. Les choses changent, les gens aussi. Il avait choisi de faire sa route sans elle, qu'il en soit ainsi... Au final, la seule chose immuable depuis Sarlat, c'était que Lix et Lynn ne s'étaient plus quittées et que toutes deux avaient lié une amitié puissante avec Sarah.

C'est donc après des échanges de courriers entre l'Ebène et la Sauvageonne que le groupe avait rejoint Chinon et ses tavernes, tombant avec chance sur les alliés de Sarah. Il fallait bien avouer qu'on était loin de la prise de mairie à laquelle s'attendait les deux jeunes femmes, mais l'amitié avait des valeurs indélébiles, aux couleurs surprenantes.

Elles n'avaient pas rechigné et avait pris la direction du campement indiqué par Maryah. Le regard s'était porté sur le nombre de personnes présentes. Toutes inconnues pour la Medici, qui tentait de retenir chaque visage allié. Les bras croisés, appuyée contre le tronc d'un arbre, la jambe relevée, elle avait écouté les consignes et avait hoché la tête lorsqu'il était nécessaire de le faire.



    Un désaccord. La garde de Sarah.
    Une hésitation.
    Etait-elle à sa place ? Oui. Elle était là pour la Sauvageonne.
    Un pas en avant. Ezequiel l'a reconnaîtrait aussi et tenterait surement de se venger d'elle aussi. Tant pis.



J'le ferais, moi. J'prendrais la relève pour la garde de Sarah. On est amie, elle ne se méfiera pas de ma présence auprès d'elle. On a tellement d'choses à s'raconter qu'elle ne prétera pas attention à tout ce temps passé ensemble.

Un regard à Lix, puis à Maryah.
J'me bats pas à l'épée, que tout le monde le sache et que ce soit clair. Mais au combat corps à corps, j'me démerde, sinon ça fait bien longtemps que je ne serai plus là. Maintenant, j'sais en manier une s'il le faut, et j'me démerde au lancer de dagues.
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Alix_aude
Oui, les choses avaient changé depuis Sarlat.

L'une de ses premières prises de mairie, aux côtés de l'Ebène, aux côtés des Corleone et des Spiritu Sanguis. Elle y avait pris goût, mais n'était encore qu'une gamine à ce moment là, qui fait des trucs qui la dépassent un peu. Encore taillée comme une ficelle, avec une hache trois fois trop lourde pour elle, mais qui suffisait, le temps que Lynn, son acolyte depuis peu, finisse le travail.
Sa rencontre avec la belle Italienne avait quelque peu, pour ne pas dire totalement, bouleversé sa vie. Elle était devenue plus forte à ses côtés, plus adulte. Elle avait su mettre de côté son passé bouleversant pour avancer avec elle.
Sarlat, c'est également la rencontre de l'Ecossaise, Sarah, avec qui elle avait bien trop peu discuté. Mais elles s'étaient battues côte à côte, et ça, ça ne s'oublie pas.

Aujourd'hui, il est devenu impossible de dissocier Lynn et Lix, malgré ce que la vie a pu mettre sur leur chemin. Elles se sont endurcies, elles ont perfectionné ce qu'elles sont. Elles ont beaucoup voyagé, traversé le Royaume de part en part, pris plusieurs branlées, se sont même tapées dessus, mais toujours avec le sourire ou presque.
Des hauts et des bas, il y en avait bien eu, mais lorsque la brune posait son regard de brume sur l'Ebène, c'était toujours l'amour qui transparaissait. Un amour inconditionnel, qu'elle est la seule à pouvoir posséder. Que celui-ci ne soit pas ou plus réciproque l'atteignait, lui faisait mal certainement, mais elle ne pouvait se résoudre à prendre ses distances.

Lynn et Lix...et Sarah maintenant.
Dans cette auberge paumée, elle avait trouvé l'Ecossaise, et l'image n'avait depuis plus quitté son esprit, se joignant aux autres images hantant déjà son esprit torturé. Le viol...
Lix n'est en rien comme elle le montre généralement : froide, distante – surtout avec les hommes -, méchante et parfois cruelle. Façade pour cacher souffrances et meurtrissures, tant physiques que morales.
Découvrir Sarah allongée sur un lit, en sang, ses vêtements déchirés, n'avait pas laissé la place au doute ; mais elle se souvenait surtout de ce regard...ce regard qu'elle arborait elle-même depuis l'année de ses onze ans, maudite, où son propre père l'avait réduite au rang d'esclave, une esclave toute particulière qu'il venait visiter toutes les nuits ou presque, dans la cave de la demeure familiale où tout le monde fermait les yeux.

Un simple « je te comprends », une promesse de vengeance, un échange de regard. Voilà qui avait réussir à lier entre l'Ecossaise et la Lix une amitié toute particulière. Indéfectible. Lix et Lynn s'étaient accordées à dire qu'elles mourraient l'une comme l'autre pour Sarah, et qu'elles l'aideraient à se venger, coûte que coûte.
Et voilà que, des mois plus tard, elles se retrouvent toutes les deux dans ce campement, à comploter pour sauver la jeune Ecossaise. Lix, silencieuse, avait rejoint l'endroit avec l'Ebène, et laissait ce petit monde parler tout en observant. Elle est loin d'être une bavarde souvent, d'autant que les événements lui rappelaient de bien cruels souvenirs, et n'ouvrit la bouche que pour exposer ce qu'elle pouvait elle-même faire, tant pour le campement que pour le combat.


- J'peux couper du bois. J'suis à l'aise 'vec une hache. Pour l'combat, c'plutôt l'épée, plus léger et facile à manier. Ou alors à mains nues, le pif de l'Italien doit s'en souvenir encore. Sinon...j'me démerde avec un arc. Pour l'tours d'garde, j'prends la nuit.

Un regard à Lynn lorsqu'elle annonce se porter volontaire pour être la garde rapprochée de Sarah. Un nœud dans l'estomac, le regard de l'Ebène confirmant qu'elle a déjà pris sa décision. Elles en ont parlé, et Lix n'a pas su raisonner.
Et ce foutu mauvais pressentiment qui refuse de se barrer d'là...

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Lyantskorov
Les journées de Lyantskorov avaient soudain pris une tournure particulière. Entre les moments au camp, qu'il passait principalement avec Sarah, ses rondes en solitaire dans les bois alentours, ou bien les conversations tantôt grinçantes, tantôt stratégiques, tantôt plutôt amicales en taverne. Mais pas de doute, il ne fallait pas laisser une trop grande part à l'improvisation, contrairement à ses habitudes, et ils avaient longuement discutés des directives et d'organisation.

Alors, forcément, à la petite réunion, il était là. Il avait beau prendre une partie des initiatives, à ce niveau-là, il n'était pas habitué à commander. Et il avait quelque peu perdu l'habitude de vivre en groupe. Mais c'était pour Sarah, qu'ils faisaient cela, même si elle chercherait à les faire renoncer si on la mettait trop au courant. Alors, il allait faire un peu taire son âme de solitaire et tâcher de retrouver les habitudes qu'il avait prises aux côtés de l'Ancêtre et de ses compagnons ponctuels.

Car oui, tout cela lui rappelait cette époque. Les campements en forêt, les entraînements, les dissensions, les embuscades, les agressions, les laissés pour mort ... enfin, dans l'immédiat, c'était surtout les questions de vie interne dans le campement qui importaient. En dehors du combat, les choses apprises auprès de son brutal mentor allaient lui servir. Lorsqu'ils n'étaient qu'à deux, ils avaient des talents plutôt complémentaires, et avoir des bras en plus ne pouvait qu'être utile. Enfin, la différence, c'est que dans leurs campements de larrons des bois, la question de personnes à protéger, et plus encore de bébés, n'était pas vraiment au rendez-vous ...

Il écouta attentivement Maryah, même s'il était déjà au courant de la situation. Lorsqu'elle parla de ceux qui étaient là pour l'argent, ou qui avaient peur, il ne bougea pas d'un pouce, les yeux braqués sur la femme à l'étrange pigmentation de peau, plein de détermination. Lorsqu'elle lui avait dit que Torvar risquait de demander de l'argent supplémentaire pour ses services, il s'était proposé de payer lui-même; on pouvait donc savoir ce qu'il en était, pour le barbu, de l'argent. Quant à la peur ... même si Sarah lui en voudrait, il était prêt à se prendre tous les coups de l'Italien et de ses sbires pour empêcher qu'il ne pose ses pattes sur elle. Autant dire que la peur n'avait pas sa place. D'ailleurs, comme le disait judicieusement Kheldar, le courage n'existait pas sans peur, et donc, on ne pouvait pas vraiment associer la détermination du Slave à du courage. Eh oui, même lui, cet individu qui avait déjà regardé des innocents se faire massacrer, en partie par sa faute, sans éprouver l'ombre d'un remords, dans ce qui lui semblait être une autre vie, n'avait pas été épargné par l'amour. Il avait bien changé, le gringalet teigneux et quasi-mutique qui vivait dans l'ombre de l'Ancêtre. Et il ne regrettait pas ce changement.

L'avantage de sa vie passée, c'est qu'il connaissait déjà ses principaux talents, et ce à quoi il risquait d'être peu utile. Il écouta ensuite les propositions de Kheldar et des dénommées Lynn et Lixn. Il sentit que Maryah avait une furieuse envie de balancer une réponse cinglante au géant masqué, mais se racla la gorge pour prendre la parole. Il n'avait, à vrai dire, pas l'habitude de parler à autant de monde à la fois.


" J'suis plutôt d'accord avec les tours de garde. Mais pour c'qui concerne les personnes qui m'relaieraient ... Sarah n'voudra pas que j'sois toujours dans ses pattes, et ce s'ra en effet moins suspect si c'est Lynn qui s'en charge. Mais, pour ceux qui connaissent un peu Sarah, vous d'vez vous douter qu'elle voudra parfois rester seule, ou seul'ment avec Maonaigh. Alors, Kheldar pourra s'en charger, ou tout du moins ... "

Presque malgré lui, et surtout malgré ses réticences à son sujet, son regard se posa brièvement sur celui qu'il appelait pour lui-même le limier, le mercenaire engagé par Maryah, Torvar.

" ... quelqu'un qui saura n'pas s'faire voir ... "

Il avait une boule à la gorge à l'idée de cacher des choses à Sarah, et même de proposer de la faire surveiller ainsi à son insu. Mais elle était en danger, et trop fière pour l'admettre.

" Pour en arriver aux tâches, quand je n'f'rai pas dans la garde, j'peux soit surveiller l'enfant, soit m'occuper des entraîn'ments. Comme chasseur, je n'vaux rien, et je n'suis pas un bon pêcheur, mais j'm'y connais un peu en pièges et ... en cueillette. "

Ce dernier aspect pouvait surprendre chez un tel rude gaillard, mais à une époque plus ancienne encore, soigneusement enfouie dans sa mémoire, c'était son seul moyen de subsister quand il n'avait pas réussi à obtenir quelques écus d'un larcin ou d'une semi-escroquerie en vendant quelque remède plus ou moins efficace, voire de l'aumône faite à cet adolescent au françois hésitant en constatant son effrayante maigreur. Il lui était resté ce manque d'appétit pour la viande, et même son manque d'appétit en général, souvent raillé par les compagnons de l'Ancêtre, mais il avait appris à faire imposer ses excentricités. Il faut dire qu'en quelques années, entre le jour de sa rencontre avec l'Ancêtre, où il l'avait soigné et lui avait ainsi sauvé la vie, et le dernier jour de la vie de la brute, où il lui avait lui-même tranché la gorge pour abréger sa lente agonie, Lyantskorov avait déjà subi quelques changements radicaux ...

Il passa son regard sur les protagonistes, un par un. Il restait aussi la question du combat. D'abord, il regarda Maryah. Elle et lui avaient eu des débuts compliqués, et en étaient très rapidement arrivés à se haïr, mais leur désir commun de protection pour la même personne les avait beaucoup amenés à discuter, et même à avoir des discussions plus détendues. A tel point que le Slave se disait qu'une fois de plus, il avait mal jugé quelqu'un (un défaut récurrent du barbu, qui avait néanmoins appris à revenir sur ses préjugés), et en était même venu à ... l'apprécier. Elle n'était pas une grande guerrière, certes, mais dans cette affaire, il estimait pouvoir lui faire confiance. Et puis, elle, au moins, elle pourrait courir si nécessaire, par exemple s'il fallait mettre la fillette hors de danger. Ce fut ensuite le tour de Kheldar. Lui aussi, il avait eu des préjugés, au départ, et était revenu sur son idée en découvrant d'autres aspects, voire, pourrait-on même dire, quelques points communs entre eux deux. Le géant masqué servait des intérêts qu'il était seul à comprendre, mais, Lyantskorov l'avait déjà vu à l’œuvre, c'était un combattant hors pair, et il était convaincu qu'au cœur de l'action, il ne les laisserait pas tomber.

Restaient les autres. Torvar ... eh bien, le Slave avait un peu de mal avec l'individu, mais il fallait lui reconnaître une certaine efficacité. Il pourrait sans doute faire la différence le moment venu. Maryah avait l'air de lui faire confiance, c'était déjà ça. Il préférait l'avoir dans le même camp que lui. Les deux femmes, Lynn et Lix, qui selon le barbu partageaient, aussi bien entre elles qu'avec le dénommé Lex, des relations plus qu'amicales (mais, comme il le disait lui-même, cela ne le regardait pas) ... eh bien, Lynn avait apparemment déjà affronté Ezequiel. Il ne faisait pas de doute qu'elle chercherait à se venger. Restait à savoir si ce petit groupe resterait sous contrôle, car les deux femmes n'étaient pas des tendres, et peut-être estimaient elles la mort d'une enfant comme un mal nécessaire. Un "mal nécessaire" ... c'était le genre de mentalité qu'il avait longtemps eu; l'important, ce ne sont pas les moyens, c'est le but. Mais là, même si dans son esprit Sarah était prioritaire, il ferait tout son possible pour que la fillette ne soit pas mise en danger. Les autres ... il était incapable de donner un avis précis. Sans doute ne fallait-il pas trop espérer d'eux lors du combat. Il jeta un coup d'oeil à l'extérieur pour vérifier que Sarah ne cherchait pas à savoir ce qui se tramait, puis poursuivit.


" Pour c'qui est du combat, j'me débrouille mieux en combat rapproché, et j'peux m'prendre quelques coups, mais j'n'ai pas beaucoup d'protections. J'sais aussi lancer des couteaux si nécessaire. Vu qu'pour l'moment, je n'peux pas vraiment courir, ça peut toujours servir ... "

Il jeta un coup d’œil vers Maryah à ces mots. C'était dur à admettre, mais sa jambe ne lui permettrait pas de poursuivre qui que ce soit. Encore qu'il avait blessé Ezequiel au genou lors de leur dernière rencontre.

Ayant dit ce qu'il avait à dire, il croisa les bras, un peu en retrait, sourcils froncés, s'apprêtant à écouter ce que chacun avait à dire ou apporter.
Kheldar
Le guerrier poussa un soupire qui en disait plus longs que maints discours sur son degré d'exaspération. Un "non pas toi" poli avec une explication plus crédible aurait fait l'affaire. Le non respect était la première source de mécontentement dans un groupe, et le respect une règle fondamentale au bon fonctionnement et au bien être de celui ci. Lui répondre sur le même ton aurait témoigné d'un manque de bon sens de sa part, aussi se contenta t'il d'hausser ses larges épaules sans se départir de son masque d'impassibilité. Soucieux toutefois de soulever ce point non négligeable, il prit à nouveau la parole de son habituelle voix atone.

Si tu penses que parler ainsi à ceux qui apportent leur aide aidera au bon fonctionnement du groupe, soit, je me plierais à ta méthode. Mais je t'invite à reconsidérer ta façon de faire, je pense que ce serait plus constructif pour tout le monde.

Kheldar avait ensuite écouté les Lynn et Lix qui lui semblaient plus que valables. Elles ne se répandaient pas en veine paroles et énonçaient leurs capacités sur le ton de la conversation, et non celui de l'arrogance. Les deux semblaient se débrouiller au corps à corps et un tireur supplémentaire était plus que bienvenue.

Vint ensuite le tour de Lyant. Tout deux avaient suivit les Corleones et aucun des deux n'en était ressortit grandit. Il se souvint de leur derniere conversation sur place, alors qu'Enjoy venait de le congédier. Au moment de partir, le colosse s'était lui avait alors signalé que les corleones avaient perdus une recrue de valeur, bien plus aguerrie et valable que leurs rejetons libertins et immatures. En sommes, il lui avait signalé, malgré leurs préjugés mutuels, qu'il le considérait comme un homme de valeur. Cela n'avait duré que secondes, mais cela avait nettement influé son opinion. Et il n'avait pas changé d'avis depuis. Kheldar ne devait pas être le seul à l'avoir remarqué, mais le barbu semblait être encore plus sous pression que les autres, à l'instar de Maryah. Eux deux semblaient particulièrement affectés.

Quel intérêt avait il dans cette affaire? Il obéissait à un code, et ce code avait ça de bon qu'il l'avait fait passer la trentaine en tant que mercenaire. C'était d'ailleurs son seul objectif, à la base. Alors qu'il gisait vaincu dans une arène pour la première fois de sa vie, un médicastre s'était occupé de panser ses blessures et lui avait abruptement signalé que s'il ne se mettait pas un peu de plomb dans le crâne, il ne passerait jamais la trentaine. Les paroles avaient fait leur effet car une demi décennie plus tard, le colosse avait toujours la main sûre et le pied ferme. Ce code lui permettait de conserver le contrôle de lui même, d'agir en tant qu'humain et non pas en tant qu'adorateur d'Azazel. Dans le secret de son âme il savait toujours adorer ce Démon Majeur, mais l'important était qu'il n'en laissait rien paraître. Ou tout du moins il s'y efforçait. Il avait beau être mercenaire, si une cause lui tenait à cœur il s'y engageait sans rien attendre en retour. La cause de Sarah avait beau inclure le pillage et de faire couler le sang, il la considérait comme noble et digne d'être embrassée ( la cause! ). C'était bien de peu de mal comparé à ce qu'il avait pu faire. Les méfaits d'Ezequiel en répugnaient plus d'un, mais lui les considéraient à une autre échelle encore. Là aussi, dans le secret de son âme, il savait que ces actes cruels et gratuits avaient longtemps constitués son lot quotidien.


Le colosse secoua la tête pour en chasser ses pensées, et se leva, signalant ainsi qu'il en avait terminé ici.

Je ne m'éloignerais que rarement du camp, et si je le fais vous me trouverez en taverne. En cas de grabuge, j'ai une armure lourde, alors ne vous tracassez pas quant au choix de celui qui attirera l'attention.

Sans ajouter quoi que ce soit, le masqué se dirigea vers sa charrette et tira deux épées courtes qu'il dissimula sous sa cape en les croisant dans son dos. Les gaines de cuir empêchaient les lames d'entailler sa cotte de maille. Il sélectionna une épée bâtarde maniable à une ou deux mains, et la ceint à sa taille dans un fourreau aux reflets argentés. Diverses lames étant déjà cachées en divers endroits de sa personne, il ressemblait à présent à une armurerie sur pattes. Et lorsqu'il aurait revêtît son armure de plates complètes, il aurait l'air d'un cuirassé, et c'était là l'effet escompté. Il sacrifierait une partie de son habileté et de sa maniabilité mais il ferait une cible de choix pour les lames ennemies.
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Maryah


Deux jours plus tard, en pleine forêt, à une dizaine de mètres du campement ...


C'est bien en retard que Maryah arrive pour son entraînement avec Kheldar, à l'arbalète. Pas qu'elle ai eu grand chose à faire entre sa sortie de taverne et le lieu de rendez vous, c'est juste qu'elle aime pas trop qu'on lui donne des ordres. Alors le faire patienter, ça lui fera les pieds.
Pis bon, elle a tenté de dessaouler aussi, en s'égarant autour du lac, et en se passant de l'eau fraiche sur le visage et la nuque. Faire un bon tir avec une vue de pochtronne, c'est pas facile.

Il s'est donc bien écoulé trois quart d'heures quand la Maryah se décide enfin à arriver au lieu dit, en braies chemise bottes, munie de "Gladysse", l'arbalète que Kheldar lui prête. Ouais entrainement à l'arbalète, car depuis qu'elle a retrouvé Sarah, Maryah et elle n'ont toujours pas pris le temps de s'occuper de son problème de Sanguinaire. Plutôt que de risquer quoique ce soit, Maryah préfère passer pour quelqu'un qui ne sait pas se battre. Les dégâts infligés au duel comtois contre Ilays sont encore en sa mémoire. Elle ne doit plus jamais perdre le contrôle. Elle le sait. Sarah aussi. Mais le sujet est tabou. Aussi, quand les Monstres ont proposé des tirs à distance, à l'arc ou à l'arbalète, Maryah a trouvé l'opportunité de servir à quelque chose sans desservir.

Les avantages de l'arbalète sont nombreux ;
- d'abord, elle n'utilise pas la force physique du tireur. Sauf pour la porter. M'enfin Maryah a une technique toute à elle : elle la tient par le bout, et laisse l'autre partie trainer au sol. ça c'est réglé.
- elle ne demande pas comme l'arc, de revoir la longueur des flèches en fonction du tireur. Le carreau de l'arbalète reste inchangé, et bien plus court, donc plus aisé à transporter.
- c'est une arme silencieuse, puissante et compacte. Ce qui permettra à Maryah de ne pas s'approcher de l'agresseur, et de garder le controle quoiqu'il se passe.
- elle ne demande pas une grande formation, et peut trouer l'armure d'un d'un combattant. Un carreau en pleine poitrine et le tour est joué.
Ce n'est pas pour rien que l'Eglise interdit l'usage de cette arme, jugée immorale, pour le peu de formation demandée et l'impossibilité pour l'agressé de répondre.
Mais les trucs immoraux et traitres, ça la dérange pas la Maryah. Elle n'a survécu que grâce à eux. Alors si ça peut sauver Sarah et Maonaigh, c'est pas un souci pour elle.

L'inconvénient c'est que Maryah ne s'en n'est pas servie depuis le royaume d'en deça des Mers, côté Maure. Et qu'elle n'avait jamais pensé devoir en retoucher une. Elle visait plutôt bien ... à l'époque ... où elle s'entrainait tous les jours et ne buvait pas. C'était y a donc ... bien longtemps ! Pis à l'époque elle était inconsciente des dégâts causés par l'arme de précision.
Non en fait le principal inconvénient de l'arbalète ... là aujourd'hui ... c'est celui qui doit l'entraîner, Kheldar.
Le géant masqué. Les gars tout fous, violents, méprisants, vulgaires ... tout ça, elle sait gérer, elle a eu affaire. Mais un gars comme Kheldar, sans jamais voir les expressions qui lui passent sur le visage, ni même les veines qui se font plus apparentes, ou les mâchoires qui se serrent ... c'est difficile de le cerner. En plus, c'te bourrique, il ne répond même pas à ses provocations. Tout glisse. Pas faute d'avoir été injuste ou infecte avec lui, de l'avoir poussé à la faute, mais ... rien. Aucune prise.
Et Maryah n'aime pas ça. En général, elle pose tout un tas de questions, évaluent les comportements de ceux en face d'elle, recueille quelques infos croustillantes, et s'en ressert pour obtenir la réaction demandée quand elle le souhaite. Et lui ... c'est le Néant !
Plus inquiétant encore, il semble avoir trouvé aujourd'hui même le point faible de Maryah, et cela la fait fortement déchanter. Du coup, elle a joué la sécurité. Elle ne s'est pas trop éloignée du camp, il est vraiment bizarre ce Géant. M'enfin, elle s'inquiète pas trop, au mieux elle peut crier, au pire elle peut le pousser à bout pour qu'il se barre fâché. Parce que l'air de rien, elle a une petite piste pour faire délirer le Masqué.Faut toujours avoir un plan B.

Et enfin, il faut avouer que l'idée d'un entrainement ne lui déplait pas. Vous vous dites que ça va l'aider à se défouler et tout ça ? Non, il n'en est rien. Ce qui la motive dans cet entrainement, c'est de pouvoir trouver la possibilité ... ou la provoquer ... de démasquer Kheldar. Et quand Maryah a une idée dans la tête, elle ne l'a pas ailleurs.

Voilà donc comment, elle arrive finalement au point de rendez-vous en sifflotant, l'air d'une totale débutante dans les armes, et trainant nonchalemment l'arbalète derrière elle.


Kheldar ? J't'ai ramené ta maitresse, Gladysse ! Tu me montres comment tirer un carreau d'arbalète ? Allez ramène ta pomme, j'suis impatiente ...

Oui fallait bien l'énerver un p'tit peu l'impassible ...
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Kheldar
Une fois passé le sentiment de vertiges, laisser tomber le masque, même durant quelques minutes lui avait fait le plus grand bien. L'eau fraîche du lac avait purifié son visage mangé par la barbe et les pores de sa peau basanée avaient enfin pu respirer. L'espace d'une infime seconde, il s'était même surpris à songer à ne pas vouloir le porter à nouveau. Mais ce besoin impérieux de le porter triomphait toujours, et après avoir effleuré la peau partiellement brûlée, le masque l'avait à nouveau dissimulé. A son contact, le colosse poussa un soupire de soulagement. Non, s'en défaire était impensable, il dépendait de lui. On lui posait maintes questions à ce sujet, et il donnait toujours la même réponse. Il répondait que son visage était partiellement brûlé, et ses interlocuteurs, songeant à une blessure du passé s'arrêtait généralement à cette version des faits par respect. Kheldar se contrefichait d'exhiber quelques marques de brûlures. Le masque était symbolique. C'était une carapace destinée à contenir une puissance cruelle, à masquer ce qui devait rester cacher. Il était persuadé que tant qu'il le porterait, il resterait Kheldar, et non pas un diable au regard gris acier.

En ce milieu d'après midi, le colosse était contrarié, bien que son visage resta rigoureusement inexpressif. Maryah commençait à s'intéresser de trop près à ce masque, et lui n'avait eu de meilleure idée que de se proposer pour l'entraîner. En sommes de passer encore plus de temps en sa compagnie. Cette jeune femme à la peau aussi halée que la sienne avait le monopole de l'indiscrétion, et s'il avait jusqu'à aujourd'hui déjoué toute ses tentatives, il n'était pas certain de l'emporter à l'usure. Non pas qu'il craigne qu'elle obtienne des réponses, mais plutôt que ces réponses ne s'imposent d'elles même et soient les premiers symptômes d'une maladie mortelle. C'est cette crainte qui le rassurait. Ainsi, il s'inquiétait des conséquences de ses actes, ainsi il restait Kheldar. Il devait garder le masque, il devait rester l'indéchiffrable, l'impassible, et le guerrier. Personne, pas même elle ne devait briser la fine pellicule de glace symbolisée par la présence du masque.

Dans le reflet de l'âme homme moyen, il y a divers degrés de violence. L'humain était bestial de nature et le resterait jusqu'à la fin des temps. La civilisation était masque, la bienséance était un masque, et tout ce qui touchait aux règles sur la non violence était un masque. Kheldar voyait le vrai visage de l'homme, et il masquait désormais le sien.

Adossé à un arbre, ses bras massifs croisés sur son abdomen, le guerrier guettait l'arrivée de la jeune femme. L'attente ne l'insupportait pas, au contraire, la solitude était son plus fidèle compagnon. Et s'il tentait d'y remédier, il n'était pas encore prêt à y renoncer si aisément. Quelques trois quart d'heure après son arrivée sur le lieu de l'entrainement, il laissait son esprit vagabondait. Un craquement dans les feuilles mortes, une vingtaine de mètres plus loin, attira son attention. La bavarde, ou la vipère comme elle aimait se faire appeler, arrivait enfin.

Lui non n'arrivait pas à la déchiffrer totalement. Elle parlait comme si elle ne prenait pas la menace au sérieux, comme si l'entrainement était d'avantage un amusement qu'une véritable préparation au combat. Toutefois il pensait que c'était également un masque. Elle avait plus de raisons que quiconque de redouter l'affrontement, d'être sous pression, à l'exception peut être de Lyant. Kheldar avait l'intuition que l'ironie dont elle faisait preuve n'était qu'une façade.

Le masqué observa longuement la jeune femme, puis conscient qu'elle attendait un signe de sa part, la rejoignit en quelques rapides enjambées.


Impatiente donc. Et bien commence par armer Gladysse, si tu ne t'en souviens pas je te montrerais comment il faut faire.

En cet instant précis il se revoyait, un an plus tôt, entrain d'entraîner les lycans, et deux ans plus tôt, à donner des leçons à ses anciens compagnons de l'Ost. Toujours exigeant mais jamais méprisant, il faisait en sorte d'obtenir le meilleur de ses élèves sans jamais leur donner le sentiment d'infériorité. A ses yeux, la relation "Maître à élève", n'avait pas sa place dans le mercenariat. Le guerrier tendit le carquois de Gladysse dans lequel une douzaine de carreaux attendaient patiemment d'être utilisés.
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Maryah
Le pas est lourd, il approche. Ouais l'idée du campement ça aide à ça aussi. Repérer le pas de chacun, l'odeur de chacun. Dans une traque, les sens sont importants. Il faut sentir l'autre, deviner ses déplacements, repérer ses habitudes ... comme Lyan qui fait claquer sa langue, comme Kheldar qui laisse son regard fuir nostalgiquement sur la gauche, comme Torvar qui ferme ses paupières l'espace de deux secondes. Le pas de Kheldar, elle va se le noter dans sa mémoire auditive. 'fin elle va essayer. Elle ne pensait plus jamais devoir faire ça ; d'ailleurs, elle résistait encore, mais Sarah était une admirable raison de faire exception.

L'Impatiente croise son regard. Tout va bien, il a perdu cette petite lumière qu'il avait tout à l'heure en taverne, et qui faisait grogner Maryah. Il est froid, déterminé, concentré. Bien sûr, il ne répond pas à ses provocations. Flûte ! Bon chaque chose en son temps. Du coup, Maryah attrape Gladysse dans ses bras, l'observant attentivement, faisant appel à ses souvenirs, sous les consignes de Sal, l'homme du désert.
Premier constat, l'arbalète est vachement lourde. Et elle manque un peu de force dans les bras. Elle fait juste en sorte de ne pas grimacer, pour ne pas que ça se voit, mais elle redoute déjà le moment où la crosse viendra toucher son épaule et où il faudra qu'elle tire son carreau tout en maintenant droite l'arme.
Deuxième constat, rappel, recherche : l'arc, l'arbrier, la rainure où glisser le carreau, ça c'est bon. Ensuite la noix en corne légèrement enfoncée dans le bois, là pour la corde, et là .. pour le ressort de détente. L'arme est une variante de celle orientale dont elle avait eu à se servir, mais les points stratégiques étaient identifiables. Petit coup d'oeil à Kheldar. Peut-être devrait elle jouer l'innocente, la débutante et lui demander de tout lui expliquer. Les hommes aiment se savoir indispensable. ça pourrait le mettre en confiance le Grand. Petit sourire.


C't'un peu l'bordel hein tout ça ... J'crois m'rapp'ler qu'la corde elle s'met par là ... C'que j'sais c'est qu'faut qu'j'retourne l'arbalète tête en bas, qu'j'mette mon pied par là, et qu'j'tire comme une malade pour la faire passer là ... Pis après, faut juste que j'arme et qu'j'tire ...
En fait euh ... j'préfér'rai qu'tu montres, histoire de m'remettre tout ça en mémoire, et n'pas abîmer ton p'tit bijou ... d'famille...


Et de lui tendre l'arbalète.
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Torvar
Elle était venue le trouver et il avait accepté. Ses raisons, ses motivations profondes n’appartenaient qu’à lui-même et le reste du groupe n’avait pas besoin de savoir ce qui le faisait rester. Il était là, c’était le principal. Assis au pied d’un arbre, Torvar attendait. Le temps s’écoulait lentement au milieu de ce nulle part qu’il commençait à apprivoiser. Et puis Maryah était arrivée et sans préambule, sans prendre de gants, elle était entrée dans le vif du sujet.

La situation était clairement énoncée, il fallait maintenant mettre les choses en place sans éveiller les soupçons de Sarah, sans que la pourriture d’Ezequiel se doute de quelque chose, sans entre-tuer dans la joie et la bonne humeur. Parce qu’il ne fallait pas se leurrer, faire cohabiter autant de têtes brûlées dans un petit campement en ayant tous un secret à garder… Le cosaque commençait à se dire qu’ils allaient tous droit au casse-pipe. Toutefois, il lui suffisait de jeter un œil dans la direction de la mère et de l’enfant pour mettre une muselière. Il était du genre accommodant quand il le voulait et là… y’avait pas photo.

S’étant relevé, Torvar était maintenant appuyé contre l’arbre, les bras croisés sur son torse. Il les écoutait discuter, sentir le ton monter, sentir les animosités se mettre en place, la difficulté de garder tout ça secret. Lyan et Maryah essayaient de bien faire et même si le barbu et lui n’étaient pas les plus proches amis du monde, il respectait le fait qu’il veuille tout mettre en œuvre pour protéger sa famille… Torvar n’avait pas eu l’occasion de le faire. On lui avait pris la sienne quand il n’était pas là mais il avait traqué sans relâche ceux qui avaient osé s’en prendre aux siens… Alors soudain, donnant un coup de reins pour se pousser en avant, s’avançant sans faire de bruit, seule sa voix résonna.


- Je m’occupe de la surveillance discrète… J’en ai l’habitude et Sarah sait que je traine de ci, de là donc elle ne se méfiera pas forcément ni ne s’étonnera de me « sentir » quelque part à ses côtés…

Le regard perlé se posa sur chaque personne, s’attendant à une réplique, une réponse, une réaction. Il ne connaissait personne d’ici mais il avait tenu à rester… pour les enfants, pour Sarah, pour Maryah… pour ce qu’il n’avait pu faire durant sa vie lorsqu’il décidait sur un coup de tête du chemin qu’il prendrait… Il aurait pu invoquer tout et n’importe quoi surtout le n’importe quoi mais ça n’aurait rien changé. Il était là c’était tout ce qui importait au final.

Un instant, le visage marqué du cosaque se tourna vers Lyan, se demandant comment il vivait cette situation… Quand on lui avait enlevé les siens, il avait crié vengeance jusqu’à ce que mort s’en suive… la folie dans le sang et le calme apparant du barbu, il s’en méfiait. Tout comme il se méfiait de l’assurance de Maryah chez laquelle il sentait bouillir les réactions. De véritables volcans prêt à exploser. Reprenant une longue inspiration, le cosaque continua sur sa lancée.


- Et pour ce qui est de la chasse, je vous ramènerais ce que je trouve. Dans le coin, ça ne manque pas de gibier donc si les donzelles veulent bien popoter…. Parce que je n’assure pas le service après chasse !

Voilà, il avait posé ses conditions, à prendre ou à laisser. De toute manière, ils étaient tous dans le même bateau alors autant se faire à l’idée de cohabiter.
Deux jours plus tard, la routine avait pris place. Entre ciel et forêt, entre surveillance et chasse, Torvar faisait sa part comme il l’avait assuré.

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Une idée, une envie d'un RP ? N'hésitez pas, un MP.
Kheldar
Le guerrier était resté attentif pendant que Maryah s'escrimait à faire fonctionner l'arme. Elle ne semblait guère à l'aise avec l'arme, faites sur mesure pour satisfaire au gabarit du colosse. Il prit l'arme tendu et la pointa vers le bas, les étriers de l'arme l'empêchant de se ficher dans la terre. Le carreau fut installé, et la corde tendue à l'aide de la manivelle. L'action avait prit un peu plus de trente secondes.

Kheldar rendit l'arme à la jeune femme en cherchant son regard. Il ne savait ce qu'il y recherchait, mais une chose était sûre, elle avait quelque chose à cacher. Le coup de l'arbalète ne lui avait pas mis la puce à l'oreille, car elle ne savait manifestement pas s'en servir, mais au vu de leurs récentes conversations et de ses dernières déductions, il avait à cœur de percer le mystère. Son regard n'était pas trop insistant, il le détourna une fois que l'arme fut prise en main.


Je ne suis pas un arbalétrier hors pair, je suis seulement bon. Compte tenu de ta force, tu devras avoir une position de tir adéquate pour manipuler l'arme. Je veux dire qu'elle devra reposer sur quelque chose de dur et de stable.

Le colosse laissa planer quelques secondes de silence tout en se dirigeant vers le tronc qui représentait la cible. L'écorce avait été méticuleusement arrachée par ses soins pour donner à la cible une vague forme circulaire.

Je ne te parlerais pas des points vitaux, nous n'avons pas le temps. Je m'estimerais satisfait si tu parviens à toucher la cible déjà. Pour le moment, regarde autour de toi, sers toi de l'environnement qui t'entoures pour trouver le poste d'où tu tireras. N'oublies pas, il faut une surface dure et stable sur laquelle ton arme reposera, sinon tes bras ne parviendront pas à t'assurer une prise suffisante pour ajuster ton tir.

Kheldar attendit qu'elle se soit exécuté pour poursuivre.

La crosse calée contre l'épaule, un genou à terre, légèrement en arrière par rapport à l'autre. Bien, maintenant ta respiration. Longue et calme... Tu devras retenir ton souffle quelques secondes avant de tirer pour te stabiliser, et tu expireras au moment de presser la détente. Un œil fermé, l'autre suivant la trajectoire de ton carreau.

Le temps de parole était épuisé, maintenant, il fallait mettre en pratique. Impassible, comme à son habitude, le guerrier guettait chaque mouvement, chaque mimique à interpréter.
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Maryah
Et voilà ? Pourquoi faire les choses soi-même quand les hommes sont si pressés de les faire pour nous ? Maryah retient un petit sourire, le regarde faire, note quand même au passage qu'il va falloir qu'elle s'entraine avec la manivelle car elle n'a pas les biscottos du géant, puis reprend l'arbalète en main. Les yeux du masqué se pose une fois de plus sur elle, et une irrépressible envie de lui faire une grimace lui vient. Finalement, c'est elle qui devrait porter le masque.

Bon, quand même histoire que la leçon serve à quelque chose, elle se décide à l'écouter deux minutes : une surface dure et stable, les points vitaux, l'environnement, genou à terre, respiration calme, un oeil fermé .... Et son coeur de s'accélérer. Merde mais qu'est c'qu'elle fout ?! Elle est venue icy pour ne plus jamais tuer, ne jamais plus se laisser déborder par l'instinct meurtrier, et elle fiche tout en l'air à cause d'un fichu Italien.

Ses pensées s'égarent ... encore ... Elle repense à Sarah, Maonaigh, pis la gamine d'Ayla, pis la gamine de l'aut'fois ... pis la gamine qu'elle était avant toutes les folies humaines. Le port de Majapahit, les Maures, l'enlèvement, l'esclavage, les Croisés, le royaume de France ... Sa respiration s'accélère dangeureusement, elle se donne contenance en balançant Gladysse et en cherchant un endroit idéal pour le tir. P'tain Sarah ... *quand est ce qu'on tue ça ? quand est c'qu'on la détruira morceau par morceau ? folie d'Apeau' ?!*.
Dos au colosse, elle cligne des yeux, cherchant à revenir icy et maintenant, trouvant enfin l'endroit idéal, un arbre dont le tronc s'est séparé en deux énormes branches. De quoi poser précieusement Gladysse. Concentration. Respiration. Objectif : la cible ou Kheldar ... non non chut ... la cible d'abord, Kheldar après. Visualiser la tête du violeur, là juste au milieu de la cible. Elle ne connait pas Ez. Mais Tord Fer ou le Phénix feront l'affaire. Silence. Même les oiseaux semblent avoir compris l'importance du moment. Son esprit s'évade un instant vers le souvenir du navire, vers Sal qui doit affuter ses lames en Franche Comté ; elle pose son genou à terre, comme indiqué. Elle décale son épaule droite, basse. Son regard s'affûte, elle ferme un oeil, le rouvre, s'ajuste. Elle inspire naturellement. Et son souffle retour s'accompagne du bruit du carreau qui siffle et fend les airs, pour aller s'enfoncer légèrement en dessous du centre de la cible. Touché coulé ... Juste dans la pomme d'Adam. En temps normal, y aurait eu une belle giclée de sang. Fut un temps elle aurait trouvé ça marrant.

Le tir est précis, la réception ratée. L'impact est trop fort pour la plume, et l'Epicée chute, pas assez bien calée sur ses jambes. L'arme est un peu trop puissante, il lui faudra régler ça, avec Torvar si besoin. Car pour le moment, la Brune se retrouve avec les prémices d'un joli bleu à l'épaule, dos et tête sur le sol forestier humide. Les yeux plantés dans le ciel, elle bat des cils pour réajuster sa vision. C'est le moment que le Masqué vienne se pencher au dessus de sa carcasse et lui tendre la main ...

P'tain de réglage d'arbalète !

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Lyantskorov
C'est l'âme sombre que le Slave franchit la porte de Chinon et s'enfonça vers les bois. La nuit était calme, et froide. Tant mieux. Son esprit, en ce moment, n'était ni froid, ni calme. Il bouillait en-dedans. Des pensées ne cessaient de se bousculer dans sa tête. Quand allait avoir lieu l'échange ? Est-ce que tout le monde répondrait présent, quand le danger serait imminent ? Est-ce qu'ils seraient assez rapides ? Est-ce qu'il serait capable d'empêcher que quiconque dans leur camp meurt ? Est-ce que ... est-ce que sa propre mort était proche, alors qu'il avait encore tant de choses à dire à Sarah ? Est-ce qu'elle, elle se remettrait si le Slave périssait par la faute de l'Italien ?

Il gardait un air confiant quand il était avec les autres. Si lui, il commençait à montrer son anxiété, est-ce que les autres n'allaient pas commencer à douter de sa fiabilité, de sa réussite dans cette affaire ? Alors, il tâchait de penser groupe, même s'il savait pertinemment qu'avec une partie d'entre eux, il n'aurait guère eu d'affinités autrement. Il essayait de plaisanter, il était même sincère quand il riait ... mais ce soir, il n'avait pu s'empêcher de ressasser toutes ces questions. Il s'était senti exclus, ou peut-être s'était-il exclus par lui-même, du petit attroupement. Et très vite était arrivé une chose à laquelle il n'était guère habitué; des regards inquiets. Vers lui.

Et cela, c'était très, très mauvais. Il ignorait si c'était le bon choix, mais il avait préféré prendre congé. Avant que sa faiblesse et sa nervosité ne soient trop palpables. Il ressentait une envie irrépressible d'isolement, et donc, devrait compter sur tout le petit groupe pour veiller sur Sarah. Il adressa une prière pour qu'ils en soient capables si cela s'avérait nécessaire. Encore une ... Puis, il passa brièvement au camp. Les gardes se faisaient avec sérieux, et cela le rassura dans une certaine mesure. Des pleurs, suivis de bruits de voix, l'informèrent que Maonaigh était dans une tente, entre de bonnes mains. Le Slave entra donc dans la tente qu'il partageait avec Sarah, vide à ce moment-là, et s'empara de sa sacoche.

Il avait besoin de faire quelque chose d'utile, qui lui occuperait l'esprit, et donc, c'était le moment rêvé. Il sortit de sa besace une poignée de plantes, la broya dans un récipient jusqu'à obtenir une pâte visqueuse, marmonnant, seul, quelques paroles dans sa langue maternelle de temps à autre. Lorsque cette tâche fut accomplie, il mit le tout sur le feu, et s'attaqua à la préparation, dans un flacon, d'un autre mélange. Ces activités lui permirent de penser un peu à autre chose, et il griffonna de son écriture brouillonne quelques mots sur un bout de vélin.




Quelques gouttes tous les soirs. Dans quelque chose de fort, le goût passera.


Il déposa le flacon ainsi que la note à l'entrée de la tente de Lix, conservant l'onguent pour plus tard, soupira, et alla prendre une petite part dans la récolte de baies et de fruits qu'il avait ramenés pour le groupe. Puis il bourra sa pipe de sauge, et tira quelques bouffées, observant pensivement le feu. Mais comme il faisait cela, les pensées insidieuses revinrent. Non, tout cela ne suffisait pas à lui calmer les nerfs. Alors, il fallait trouver autre chose. Il reposa sa pipe pour la laisser refroidir, et jeta un bref regard autour de lui. Bon, les sentinelles du moment ne faisaient pas attention à lui. Alors, le Slave à la jambe éclopée s'éloigna du camp, et trouva un endroit isolé en forêt. Très isolé. Puis, après quelques nouvelles prières, qu'il préférait faire en privé, un rictus se dessina sur son visage, dans l'obscurité pénétrante du bois, la nuit.

Il attrapa l'épée qu'il s'était procurée auprès de Kheldar, et s'entraîna. Avec un zèle quasi-frénétique. Car il imaginait la tête de celui que Maryah appelait l'Infâme dans chaque ombre, et frappait et se fendait comme un dératé. Pris dans ce tourbillon de rage, il en oublia le temps, il en oublia le campement, et passa une bonne demi-heure à se démener ainsi. Puis, ses yeux s'étant entretemps habitués à l'obscurité, haletant, il avisa une souche non loin, et se mit en tête de la réduire en morceaux. Alors, il s'empara d'un bâton solide, et frappa dessus comme un dément jusqu'à ce qu'il cède. Il en brisa plusieurs, ainsi, poussant des rugissements bestiaux, dans le plus pur style effrayant de l'Ancêtre (même si ce dernier comme le Slave préférait les adversaires qui rendaient les coups), jusqu'à ce qu'il n'en reste plus que des monceaux gisants. Alors, il rejetta en arrière ses longs cheveux qui lui collaient au visage, et s’assit, adossé contre un arbre.

La nuit était calme, et les pâles reflets de la lune peinaient à transpercer les branches des arbres, nues en cette saison. Hormis le bruit du vent, les chants d'insectes et les cris ponctuels de quelque rapace nocturne, l’endroit était silencieux. A l’exception d'une respiration haletante, celle d'un homme qui luttait pour ne pas se laisser dépasser par des sentiments qui étaient nouveaux pour lui. Le barbu vida son outre d'eau, fit rouler ses épaules, réprima une grimace en appuyant sur sa cuisse qu'il avait quelque peu malmenée lors de tous ces efforts, et repris le chemin pour retrouver la femme qu'il aimait. Et tous ces gens prêts eux aussi à prendre des risques démesurés pour elle.

Dans peu de temps, il pouvait en être autrement ... mais Lyantskorov se surprit à une pensée nouvelle, une pensée étrange, mais qui, contre toute attente, lui donnait du baume au cœur. Car, malgré leurs différences et différends, ces personnes partageaient le même but, un but pour lequel il était prêt à donner sa vie. Mais, pour l'heure, il avait, pour la première fois, l'impression de retourner auprès ... des siens.
Alix_aude
- Sarah, faudra que j'te parle.

Voilà comment Lix avait profité de la sortie pour le moins rare de l'Ecossaise hors de sa tente pour l'accaparer quelques minutes, seule à seule, et lui raconter son histoire. Des années d'abus de son père sur elle, des coups qu'elle recevait quand elle ne coopérait pas, des cauchemars qui la hantaient toujours malgré le parricide qu'elle avait commis, aidée par Lynn.
Les mains entrelacées, la Lix voulait à tout prix lui faire comprendre les mots qu'elle avait prononcé, ce jour-là, lorsqu'elle l'avait retrouvé sur le lit de l'Italien. Sans surprise, Sarah y pensait. Souvent. Elle aussi, elle dormait peu, elle aussi avait l'esprit torturé. Elle aussi savait qu'on n'oubliait rien, même avec la mort du responsable. Pas grave, il n'échapperait pas à sa mort pour autant, violente autant que lente, tout le groupe souhaitait le voir souffrir des heures durant, lui faire subir les pires sévices avant de lui offrir enfin un repos loin d'être doux. Il pourrirait aux Enfers, comme son propre père avant lui.

Promesse d'amitié, promesse de soutien, les filles avaient ensuite retrouvé la compagnie, toujours les mains liées ; avant que tous ne s'éclipse pour lui laisser un moment privilégié avec son pilier, son Ebène.
Lex, leur nouvelle recrue et néanmoins ami, avait pris une large place dans leur vie, au point que la torturée pensait à nouveau devoir retrouver une place de troisième dans un couple à venir qui se dessinait de plus en plus. C'était sans compter sur Elle, sa douceur, ce baiser qu'elle lui concédait, un deuxième auquel elle s'accrochait, sentant à nouveau cette Lynn qu'elle avait perdu après une futile mésaventure.
Personne ne pourrait séparer Lix et Lynn, Lex ne faisait pas exception à la règle.
La suite de la nuit ne fut que partage. Partage d'un peu d'amour, d'un peu d'envie, quelque chose qui ravivait pour un temps l'étincelle de vie dans le regard de brume qui s'accrochait aux iris bleutés comme le ferait un naufragé remarquant au loin la lumière qui serait son salut. L'Italienne avait ceci de particulier...Elle pouvait bien affirmer être égoïste, ne pas mériter ce que la Lix lui offrait, il n'empêche qu'elle était toujours là.

Leur garde achevée, puisqu'elles l'avaient monté, ensemble. Lix regagna leur tente pour tenter de se reposer un peu avant que le matin, déjà, ne soit là. A la lumière vacillante des flammes ravivées par une bûche qu'elle venait d'y ajouter, elle avait trouvé le flacon, un léger sourire sur les lèvres. Voilà qui la ferait dormir enfin, sans cauchemars pour l'en empêcher ; mais avant...
Assise devant ses affaires, elle avait sorti un flacon propre, qui contenait auparavant la fameuse mixture que lui fabriquait le jumeau Médici. Transférant une bonne moitié de ce que Lyan lui a confectionné dans ce nouveau récipient, elle avait ensuite réécrit exactement le même mot que le sien, avant d'aller déposer le tout dans les affaires de l'Ecossaise. Il y en aurait bien assez pour elles deux, Sarah lui avait confié ne pas vouloir inquiéter son homme en parlant de ce qu'elle pouvait penser, ou rêver. Elle ne pouvait pas ne pas partager avec elle, alors qu'elle savait pertinemment à quoi ressemblaient ses nuits, et tous les moments où elle se retrouvait seule.

Une bonne chose de faite...Le repos du guerrier maintenant.

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