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[RP] Deux frères, une duchesse, et un dîner.

Svetlna
Ce qui va suivre, dure en fait seulement 3 jours ( du 29 Mars, au 1er Avril) mais le RP sera plus long, et surtout, tout le monde peut y participer dans la limite de la cohérence du RP.


[Au Château de Lyon, Samedi 29 Mars, au petit matin.]

Elle l'avait promis. Après avoir échangé quelques billets avec Ryoka, que la blonde fut véritablement heureuse de revoir, par surprise, durant la cérémonie d'allégeance, le dîner promis fut fixé pour ce soir. Il lui avait dit qu'il viendrait en compagnie de son frère. Et elle, elle lui avait assuré qu'elle se débrouillerait pour se libérer.
Terminant de s'occuper des affaires les plus urgentes, la jeune duchesse décida de ne prévenir personne si ce n'est un page, qui se tenait là.

Mentir. Dire ou faire comprendre que ce déplacement n'est pas de son fait. Et s'en aller plus vite que l'éclair.

Si on me cherche, merci de dire que j'ai du partir un moment. J'ai une urgence à Risoul. Pas la peine d'en dire plus...

Quand faut y aller, faut y aller ! Quittant donc son bureau en bon état hein, elle se prépara en toute hâte, avant de prendre la route pour Risoul...C'était parfait comme lieu de rendez-vous, lui semblait-il. Risoul, c'est bien, Risoul c'est loin. Loin de Lyon et son agitation. Là bas, on la laisserait tranquille. Peut-être. Elle aurait un peu la paix, juste un peu. Le temps d'un dîner.



[Bien des heures de route plus tard, arrivée à Risoul, dans son domaine.]

On lui ouvre la porte. La porte franchie, elle signala sa présence à sa manière... en se débarrassant de sa petite malle, qu'elle laissa tomber bruyamment.

Je suis làaaaa !

Puis, comme si c'était une habitude, retrait de ses chaussures, qu'elle laissa traîner un peu n'importe où. Continue de faire son petit état des lieux....Direction les cuisines : Personne. Hop. La blonde laissa tomber son châle ici. Elle se sentait plus légère, d'un coup.

Le temps passait à une vitesse folle. Alors, pas le moment d'en perdre d'avantage. Elle tapa des mains pour réunir bonnes, et cuisiniers. Ordre été donné pour l'un de dresser la table, et pour l'autre, de préparer de quoi manger pour trois personnes...Pendant, qu'elle s'était donnée pour ordre à elle-même, d'aller prendre un bain, et de se changer.

Vingt heures. Tout était prêt, ou presque. Et les frères, ils étaient près d'arriver ou ils s'étaient perdus en route ?

_________________
Ryoka
Le jeune Ryoka n’avait plus que ça à la tête depuis qu’il avait tenté de se faire « alléger » lors de la cérémonie de la duchesse. Elle lui avait promis un dîner, à lui, le bouseux mal peigné qui sortait de nulle part. A lui qui ne prenait jamais rien au sérieux et qui avait une dégaine d’ourson des montagnes qui aurait perdu sa colline pour venir jouer les grands chez les gens civilisés, la belle duchesse avait proposé quelque chose qui avait en plus un rapport avec la viande. Enfin la viande… avec un dîner en tout cas. N’empêche qu’il espérait qu’il y aurait de la viande. Il s’était mis à faire du sport depuis maintenant deux bons jours afin de se tailler un corps à toute épreuve, et il sentait déjà qu’il avait plus faim que d’habitude. Ses muscles semblaient presque avoir une taille adulte, et ça le rendait de plus en plus fier. Enfin, tout ça pour dire que le pain quotidien commençait à lui courir sur le haricot et qu’un vrai dîner n’était pas de refus, parce que ce n’est pas à la table de son frère qu’il allait avoir un menu gastronomique complet ! De plus, il ne savait pas pourquoi, mais il pensait de plus en plus à Svetlna depuis ce jour. A tel point qu’il en arrivait à y penser plus qu’à la viande, c’est pour dire. Il commençait à s’inquiéter. Il n’avait quand même pas envie de la manger, et pourtant pour une fois une personne semblait compter plus que son estomac dans son subconscient. Peut être que c’est la combinaison de sa beauté et du fait qu’elle lui avait proposé de la viande qui commençait à le rendre fou. Surtout qu’il n’était même pas sur de la voir la viande, et ce doute achevait son esprit pas encore assez compliqué pour comprendre les rouages d’un système aussi complexe.

Il décida de faire une balade pour se changer les idées, et c’est alors qu’il s’apprêtait à sortir de la ville de Montélimar, dans laquelle lui et son frère avaient loué une chambre dans une auberge, qu’il croisa une ombre malfaisante sur son chemin. Une ombre qui marchait dans sa direction et qui semblait assez hostile pour faire parti de sa famille. L’ombre de Barth.

Il décida de parler de ses tracas à son frangin, c’est vrai qu’il était toujours de bon conseils pour tout, et qu’il savait être pragmatique quand lui ne savait qu’être naïf. De plus, il lui avait déjà parlé de Svet, puisque comme elle avait proposé à Ryoka de venir accompagné, il avait invité son frère à ce dîner. Il fallait donc lui parler de tout ça avant le dîner comme ça il pourrait manger plus sereinement, après que son frangin lui aurait expliqué le pourquoi du comment son esprit était troublé à ce point.


Hey Barth ! Viens voir !
Bartholome
D'abord, « L'abruti. ». Prime réaction, naturelle. Qui va voir une duchesse en pleine cérémonie officielle pour demander à être allégé ? Puis, « L'enfoiré. ». Parce que par moments, il faut reconnaître quand les choses sont bien faites. Qui va voir une duchesse en pleine cérémonie officielle pour demander à être allégé, et en ressort avec une invitation à dîner. La même personne. Evidemment, pas deux différentes.

Bartholomé avait bien sûr demandé à être présent, autant pour surveiller que pour le voir de ses propres yeux : comment son frère réussissait à attendrir une duchesse avec les pires absurdités du monde. Lui s'habillait du mieux qu'il pouvait, se cultivait, connaissait de belles phrases, et se trouvait spirituel et fort bien monté. Pourtant, en guise de duchesse, il n'avait que celle des sept plaisirs dont les services s'arrachaient dans les quartiers sombres de Dijon. L'autre, là, arrivait puant au milieu de tous ces pontes sentant la rose, et il repartait avec le meilleur prix. Tout cela dépassait l'autoproclamé grand frère. Mais il n'était, malgré tout, pas stupide, et négliger un tel potentiel relèverait du délit.

Evidemment, aucune duchesse ne serait assez folle pour épouser le jeune d'Anclair. Mais si tout du moins elle le prenait pour amant, pourraient s'en suivre des avantages substantiels pour toute la famille.
Une organisation pointilleuse était de mise pour paraître dans le désordre le plus absolu. Le petit frère se devait de cultiver le je-ne-sais-quoi qui lui avait valu l'invitation, se montrer à son plus grand désavantage, puisqu'elle semblait aimer cela. Le grand frère, au contraire, serait impeccable. Trois raisons à cela : d'abord, il aimait être impeccable ; ensuite, cela ferait ressortir les différences avec Ryoka ; enfin, si jamais elle se lassait du benêt, le malin saurait en tirer profit.

Seulement, drame : pas moyen de mettre la main dessus - sur le benêt, à tous les coups parti dans une de ses balades stupides. Bartholomé fit donc le tour des portes de la ville, histoire d'en interroger les gardes. Mieux que des gardes, il y trouva sa cible, qui l'aborda.


« Hey Barth ! Viens voir !

- Toi viens voir, saligaud ! Tu t'es fourré où encore ? On est pressés, là ! »
Ryoka
Ryoka s'approcha doucement de son frère avec méfiance. Il semblait qu'il eut oublié quelque chose et que cette chose allait lui être reprochée incessamment sous peu.

« On est pressés ? demanda-t-il avec un étonnement plus niais que son visage. Pour faire quoi?

- On a un dîner à l'autre bout du duché,
répondit Bartholomé après avoir posé sur lui son regard perplexe. Ca t'a peut-être échappé.

- Héhé. Ben justement ça tombe bien que tu me parles de ça, bien sur que non je n'ai pas oublié ! J'y pensais justement tout à l'heure parce que vois-tu, il y a quelque chose qui me tourneboule. Encore que je ne sache pas exactement ce que veut dire tournebouler mais je pense que ça doit correspondre à ce que je pense ...

- Il n'y a rien qui corresponde à ce que tu penses.

- Ben justement ! Je m'étais habitué à ce que ça soit le cas, mais là il y a deux choses qui reviennent tout le temps.

- Ah ! Je sais ! Rentrer à l'auberge, et te préparer pour le voyage ! Mais n'aie crainte, je suis là pour toi !
s'exclama le grand frère avec un entrain feint à la perfection, tout en le tirant par le bras dans la direction adéquate.

Ryoka se laissait secouer, imperturbable, il continuait.


- En fait je pense tout le temps à la viande. Tu sais que ça fait deux jours que je fais du sport ? Je crois que c'est ça, j'ai faim tout le temps en ce moment.

- Mais c'est tout bonnement formidable, ça ! Tu sais quoi, je suis sûr qu'il y a de la viande, là où on va !

- Justement c'est pour ça que j'y pensais ! Mais en fait il y a aussi autre chose... Je pense nuit et jour à Svet, tu sais la duchesse.

Bartholomé s'arrêta un instant pour planter un regard solennel dans les yeux de son frère.

- Oh, je vois. Et ça te fait te sentir tout drôle dans des endroits bizarres ?
Une fois l'incontournable question posée, il le tira de nouveau par le bras en direction de l'auberge.

- Des endroits bizz… Eh attends ! »


Arrivés à l’auberge, ils se préparèrent chacun de leur côté en silence, puis ils repartirent en direction de l’enclos ou les attendaient deux chevaux que Bartholomé avait préparés pour l’occasion. Ils marchèrent quelques minutes avant que Ryoka ne reprenne devant l’enclos.

« Eh frangin. Tu voulais dire quoi par des endroits bizarres ? Parce que c’est vrai que j’ai un peu mal au ventre en ce moment. Mais en même temps vu ce que tu m’as fais manger hier soir je pense que c’est normal.

Bartholomé avisa son frère quelques instants avant de tenter de mettre fin aussi subtilement que possible à cette situation agaçante.

- Tu m'emmerdes. Je refuse d'avoir cette conversation avec mon frère de vingt ans.

Ryoka retourna la chose maintes fois dans sa tête avant de lâcher un peu au hasard un :

- J’crois que ch’ui amoureux. »

- L'abruti
, marmonna, pour changer, le plus vieux des deux jumeaux, avant d'arrêter sa monture.
Voilà ce qui va se passer, introduit-il avant une courte pause. Ce soir, tu seras très content de la voir. Peut-être même que pour une raison que j'ignore, elle sera contente aussi. Peut-être qu'elle te demandera de revenir, et, pourquoi pas même, elle t'ouvrira son coeur. Si tu as de la chance, vous vous verrez régulièrement. Mais il y a quelque chose que tu dois te mettre en tête : un jour viendra où la duchesse voudra une descendance, et se trouver un mari. Ce mari, ce sera pas toi, parce que tu n'as aucun titre et que personne de sain d'esprit ne t'en donnera un. Alors tu devras accepter qu'un autre homme, plus légitime, qui te prendra sans doute pour une merde, aille engrosser celle que t'aimes.

Bartholomé aimait être clair et concis. Il adressa à son frère un sourire avant de faire repartir son cheval.

- Mais si tout ça ne te pose pas de problème, alors tout va bien. » ajouta-t-il en guise de conclusion.

Le coeur et l'estomac brisés, sans qu'il ne sache vraiment pourquoi, le gentil niais s'apprêtait à répondre quelque chose mais rien ne sorti. Il suivi son frère et en encaissant les informations tant bien que mal. Même lui avait du mal à comprendre ce qu'il lui arrivait, il allait sûrement manger de la viande à ce dîner, mais une larme coulait quand même sur sa joue. Sans doute qu'elle ne devait pas être informée du festin qu'attendait le jeune homme et s'est échappée pour glisser dans le vent sans trop savoir pourquoi. Il déglutit et lâcha quand même un :


« Aucun problème, de toute façon j'ai plus faim ... »
Bartholome
Lorsque les deux frères aperçurent pour la première fois le château de Risoul, le soleil disparaissait dans leur dos, leur dessinant une ombre dont la taille impressionnante fit frémir de fierté le plus fier des deux, autant parce que se voir si grand favorisait la haute idée qu'il se faisait de lui-même, que parce que le soleil couchant indiquait qu'ils arriveraient parfaitement à l'heure du rendez-vous. Sans doute entendrez-vous par là qu'ils auraient un quart d'heure, voire une dizaine de minutes de retard. Vous aurez tort, car nous parlons bien ici de l'heure pile, absolue, sans écart. Cette idée audacieuse lui était venue lorsqu'il s'était aperçu qu'alors, dans toute la France, sans exception, tout le monde arrivait en retard. C'était une forme de ce qu'on appellerait aujourd'hui le quart-d'heure de courtoisie, à ceci près qu'il était convenable d'arriver en courant et l'air paniqué. Aussi Bartholomé imagina-t-il d'aller à contre-pied des convenances, puisque la duchesse semblait être férue de ce genre d'initiatives.

Sans davantage discuter que durant les huit heures qui avaient suivi la déclaration d'amour de Ryoka - ce qui ravissait le grand frère, qui n'avait pas l'habitude d'une telle tranquillité -, les deux hommes parvinrent aux pieds des portes, et se firent annoncer. Une fois le garde parti, un sourire malin orna le visage de Barth, comme à chaque fois qu'il était prêt à faire une remarque amusante de son crû.


« Eh, tu crois que quand Falco nous invitera à dîner, ce sera un château comme celui là ? »

Ca, c'en était une de bonne grosse blague. Il ricana franchement. Il n'avait vraiment pas son pareil pour se faire rire.
Svetlna
La Duchesse était encore à l'étage, devant la glace à apporter quelques dernières corrections à son chignon...Présente son profil au miroir, puis l'autre profil....Lorsque les deux frères semblaient être déjà là. Zut. C'est quoi cette mèche de cheveux qui n'en fait qu'à sa tête ?
On frappe à sa porte.
Deux minutes. La blonde essaie de remettre en place la mèche rebelle, sans succès, tant pis, ça donne un petit style. C'est un peu comme, elle, quand elle n'en faisait qu'à sa tête, et que Tork essayait de la remettre en place...Ouais, en fait, non, c'était bien plus houleux.

On vint donc la prévenir de l'arrivée attendue.


- Madame. Vos invités sont là.

- J'arrive.


Dernier coup d'oeil satisfait à son reflet... Avant de quitter la pièce, et dévaler les escaliers.

Un fin sourire aux lèvres, elle s'approcha doucement des deux frères. Silencieuse quelques secondes, observant particulièrement celui qu'elle ne connaissait pas encore. Cherchant quelques ressemblances visibles avec Ryry...C'est sur ça qu'ils sont frères ?
Au diable les bonnes manières, les révérences, les regards et sourires hypocrites...Les lèvres de la Duchesse frôlèrent la joue du plus jeune des deux frères, en guise de salutations, pour le second, elle lui adressa un aimable sourire.


Bonjour, entrez, entrez, je vous en prie...Dit-elle, tout en les guidant vers la pièce principale, là, où la table était dressée.

J'espère que vous avez faim, parce que je crois que mon cuisinier a vraiment fait un gros effort !
Elle, elle avait vraiment la dalle.

Asseyez-vous, je vous en prie...Ah, attention, pas cette chaise, je crois qu'elle est bancale, choisissez plutôt celle-la. Désigne du doigt celle d'à côté, souriante.

La blonde demanda dans la foulée, à une suivante, de retirer ladite chaise.


La chaise, voyons, enlevez-la.
_________________
Ryoka
Les deux jeunes hommes finirent par arriver à l’heure exacte du rendez vous, ce qui était certainement une première dans la vie de Ryoka, même si ce n’était pas vraiment de son fait. L’aîné avait donné quelques consignes telles que l’heure d’arrivée, la tenue qu’il devrait porter, la tenue qu’il devrait avoir à table, et la tenue de sa langue le plus longtemps qu’il le pourrait. Alors qu’il était concentré sur ce dernier objectif, Bartholomé fit une blague, comme il aimait les faire, comme Ryoka ne les comprenait pas toujours. Cette fois il comprit du premier coup, Falco était le plus zélé de leurs détracteurs en Touraine, et le plus redoutable de leur poursuivant lors de leur fuite. Il voulait leur peau, mais cette dernière était encore bien accrochée.
Ryoka se contenta d’un sourire niais comme à son habitude, il tentait de battre son recors de tenue de langue malgré la tentation. Il était occupé à essayer d’oublier l’aveu qu’il avait fait à son frère quelques heures plus tôt pour se débarrasser de cette honte qu’il avait presque réussi à semer en chemin.
On les fit entrer, les deux frères s’avancèrent, et alors que le plus jeune des deux semblait s’émerveiller devant chaque meuble qu’il croisait du regard, on vit la duchesse dévaler les escaliers avec une mèche rebelle dans le vent. Ryoka se redressa et tenta d’effacer l’air bête qu’il arborait habituellement sur son visage pour répondre au sourire de Svetlna. Il rougit légèrement et la regardait les comparer et parler jusqu’à ce qu’il entendit l’un des mots clefs qui lui remettait toujours les idées en place. Viande. En fait, la duchesse n’avait pas vraiment parlé de viande mais de le faim et du cuisinier, mais dans la tête de Ryoka, c’était viande qui avait été dit, c’est ainsi qu’il reprit ses esprits et un air plus normal.
Il était content de pouvoir présenter son frère à son amie, mais la scène lui rappela ce que son frère lui avait expliqué avec une clarté éblouissante. C’était comme ça, il n’aurait jamais aucune chance avec elle, et de plus, son futur époux le traiterait d’excréments. La réalité avait pourtant coincé quelque part dans la tête de Ryoka car il n’acceptait pas cette version de l’histoire. Même si ça semblait logique à première vue, il devait y avoir forcément une faille quelque part, il y a toujours une fin joyeuse dans laquelle il finit heureux le ventre plein de viande dans ses rêves. Il ne pouvait accepter que le nouveau rêve qui venait de naître en lui se finisse ainsi, viande ou pas viande.
Continuant de se torturer l’esprit sur le chemin pour aller à la salle à manger, il tournait le problème dans tous les sens jusqu’à en perdre l’équilibre. Il trébucha en entrant dans la salle, mais personne ne semblait voir remarqué, alors il se dirigea innocemment vers une chaise au hasard dans la pièce.


Asseyez-vous, je vous en prie...Ah, attention, pas cette chaise, je crois qu'elle est bancale, choisissez plutôt celle-la.
La chaise, voyons, enlevez-la.


Enlevez-la… Enlevez là… ENLEVEZ LA !
Ces mots résonnaient dans sa tête avec un écho victorieux. L’enlever…
Un sourire se dessina soudainement sur le visage du jeune homme jusqu’alors perplexe. Il venait de trouver la solution à son problème. L’enlever. Enlever la duchesse !


Héhé !

La solution était là devant lui, et c’était grâce à cette simple chaise qu’il l’avait réalisé. Il fit un clin d’œil à sa nouvelle amie la chaise avant que celle-ci ne se fasse sauvagement embarquer par une femme qui devait être une servante de Svet. Il n’osa pas croiser le regard de son frère de peur que celui-ci ne lise en lui l’idée qui venait de germer. Il n’était pas très rapide comme garçon, mais lorsqu’il était motivé, il pouvait défier n’importe qui en vitesse d’élaboration de plan machiavélique, même son frère qui dominait pourtant la discipline dans la famille depuis sa naissance. Il ne restait qu’à trouver un moyen de faire monter Svetlna sur son cheval avec lui, il trouvera bien un stratagème le moment venu, et il mettra un coup d’accélérateur en direction de Montélimar sans arrêt. En espérant fort qu’aucun problème ne vienne entraver son merveilleux plan, puisque sinon il serait contraint d’utiliser un plan B, en ayant recours à sa force. Or, comme il n’en n’avait pas, il faudra prévoir un plan C… Enfin, et celui-ci s’appèlerait, l’improvisation. C’était encore ce qu’il savait faire de mieux.
Bon il était temps de sortir de sa rêverie sinon il allait être démasqué. L’entrée était déjà servie, et elle était tellement joliment présentée que Ryoka n’osait pas y toucher de peur de briser l’esthétisme de cet art. Il regarda son frère et Svetlna commencer à détruire l’agencement culinaire qui avait du couté tant d’efforts au cuisinier et il se senti triste pour lui, même si sans même s’en rendre compte il avait déjà planté sa fourchette dedans instinctivement. Pour ce qui est des détails du plan, il verrait plus tard, le moment était venu d’exploser cette présentation sauvagement, tout en restant le plus distingué possible. De toutes façons, il ne procèderait à l’enlèvement que demain matin, puisqu’ils étaient invités à dormir. Il n’aurait qu’à se lever plus tôt que Barth et disparaitre avec sa dulcinée.

Les festivités suivaient leur cours et Ryoka devait s'empêcher de regarder trop longtemps l'hôte s'il ne voulait pas rougir et ainsi se faire démasquer par son ignoble frangin. Il avait du mal à se concentrer sur les conversations tant son esprit était pris par des élaborations stratégiques de plus en plus farfelues. L'ambiance était bonne, et tout le monde était de plus en plus à l'aise. Le vin coulait, et les deux frères se lançaient de temps en temps des petites vacheries pour pimenter leur repas. Tradition familiale s'ils voulaient apprécier pleinement toutes les saveurs proposées.
Malgré ses moments d'absence dans son pays des merveilles, Ryoka arrivait à suivre les conversations, et à manger en même temps. Les plats s'enchaînaient, puis s'enchaînaient, puis continuaient d'arriver toujours plus gros. Pour son estomac habitué à rencontrer de petites quantités de pain ou de fruits, c'était l'épreuve de force. Le moment de faire ses preuves et de réveiller les sucs endormis. Tout doit disparaître !

Le repas terminé, le frangin et la duchesse aillant finalement fait connaissance, on leur montra la chambre dans laquelle ils dormiraient lui et son frère, et ils dirent bonne nuit à Svetlna. Pour cela Ryoka la serra contre lui avant de croiser le regard assassin de son frère qui le fit lâcher prise rapidement. Il passa timidement sa main dans les cheveux de Svet pour lui remettre en place sa mèche rebelle, et alla rapidement rejoindre son frère dans la chambre pour se coucher.

Bonne nuit Barth.

Le sommeil n’étant pas au rendez vous, Ryoka se dit qu’il opterait pour le plan D. Aller la chercher directement dans sa chambre pendant son sommeil pour la mettre dans une des charrettes qu’ils avaient vu en arrivant dans le château. Il n’avait qu’à attacher son cheval à la plus confortable, et installer la duchesse dedans au petit matin, enroulée dans ses draps, tout ça dans le silence et la légèreté la plus totale.
Bartholome
La duchesse apparut, enfin. Elle était belle, d'une beauté de Cour : la propreté, la beauté des convenances. Bartholomé n'y voyait rien d'exceptionnel dans l'absolu, rien qui ne puisse inspirer la lyre ou faire frémir l'amoureux. Ses traits n'étaient que fins, sans relief ; agréables néanmoins au regard, puisque soignés, maquillés, et innocents. Ce visage-là n'avait pas souffert des vicissitudes de la vie. Nul fléau ne l'avait heurté, nul homme n'avait pris de plaisir à l'aliéner. Ici, l'entropie était choisie, prévue, travaillée : une mèche de cheveux en dehors du chignon. L'originale.
Il repensa aux femmes qu'il fréquentait habituellement, au corps parfois pitoyable, à jamais ravagé par les profanations de clients sordides, et comprit pourquoi une duchesse ne se vendait pas.


« Votre beauté, madame ... engagea-t-il, en accompagnement d'une révérence, d'un regard et d'un sourire. ... N'est ni la Lune, ni le Soleil, car elle ne prend de repos. Elle les tutoie toutefois, car non moins éclatante, elle illumine les hommes et berce leurs nuits. Dans la nature complexe de vos vertus, vos yeux sont le ciel sans nuage qui baigne votre gracieuse chevelure, ce champ de blé majestueux, de sa clarté bienveillante. »

Il s'arrêta là. Le décor était planté. Il était l'alternative gentilhomme, le poète qui sait titiller l'égo d'une femme, le transi qui la fait se sentir belle, aimée, unique. Parce qu'il ne laissait rien au hasard. Et qu'il n'était pas son frère, car lui épouserait une duchesse. Celle-là, une autre ... Ses armoiries étaient intéressantes, originales, à porter avec fierté et satisfaction. Le domaine, perdu dans la montagne, était plus fâcheux. En hiver, il attraperait froid ici.

Bartholomé emboîta le pas à l'hôtesse, devançant d'assez loin son frère, qui s'était peut-être perdu en chemin, ou lancé à la poursuite d'un papillon. Lorsqu'il se décida enfin à choisir une chaise, la duchesse invoqua une bancalité bancalesque, et fit assoir le benêt ailleurs, au plus grand bonheur de son grand frère, qui n'aurait rien imaginé de pire pour conclure ce dîner qu'un abruti se balançant sur sa chaise bancale et se fracassant le crâne en tombant à la renverse.


« Héhé ! »

Il fut troublé par ce rire stupide, celui que Ryoka exprimait lorsqu'il se croyait malin. Avait-il deviné ce à quoi il pensait ? La perspective de s'ouvrir le crâne sur le marbre pouvait, pourquoi pas, éveiller en lui le désir immanent de se balancer sur une chaise.

Le premier plat fut apporté, et Bartholomé ouvrit grand la bouche. Non pas pour manger - car il n'avait pas encore saisi sa fourchette - mais pour communiquer à son hôtesse l'idée d'une entière satisfaction.


« Vous nous exposez désormais le second trésor de Risoul, car si la nature est bien faite, ce qui est aussi appétissant que ce qui se trouve dans mon assiette ne saurait retenir que des saveurs d'une intensité exceptionnelle. »

Il s'écouta un instant. Une fois sa phrase entièrement répétée dans sa tête, il sourit, assez content de lui. Le repas se poursuivit, sympathique, instructif, profitable. Par moments, il devait adresser à son frère un coup de pied sous la table, lorsque ce dernier semblait s'être éloigné un peu trop de l'instant. Une fois, il crut toucher la duchesse, aussi prit-il l'air de rien et espéra qu'il n'en fût rien.

Lorsqu'il fut tard et temps d'aller se coucher afin d'être en bonne santé - et encore davantage parce que nul ici n'était capable de digérer sans s'allonger tous les plats qu'ils avaient dégustés -, Bartholomé souhaita bonne nuit à la souveraine des lieux.


« Que cette nuit vous soit bonne, belle et douce. Si ce soir encore, les anges viennent vous supplier d'être des leurs, je vous conjure de refuser, car le Dauphiné perdrait sa perle. »

Ryoka, qui parlait moins bien, se répandit en étreintes, annihilant sans doute du même coup l'effet escompté pour son habile compliment, aussi lui manifesta-t-il par un regard adapté qu'il n'en était pas ravi. Il partit ensuite se coucher, rapidement rejoint par son frère qui s'installa.

« Bonne nuit Barth.

- Bonne nuit Ryoka,
répliqua-t-il avant de souffler sur la chandelle. Ne te fais pas trop de bile. Elle t'aime bien. »
Svetlna
Bordel. La blonde finirait presque par tomber sous le charme du frère de son principal invité. Peut-être était-ce là, le but de la manœuvre ?

« Votre beauté, madame ... N'est ni la Lune, ni le Soleil, car elle ne prend de repos. Elle les tutoie toutefois, car non moins éclatante, elle illumine les hommes et berce leurs nuits. Dans la nature complexe de vos vertus, vos yeux sont le ciel sans nuage qui baigne votre gracieuse chevelure, ce champ de blé majestueux, de sa clarté bienveillante.. »

A cela, la jeune femme, pas aussi habile avec les mots, pour se permettre de répondre au même niveau, se contenta de remercier Bartholomé, qui marquait déjà un point, d'entrée de jeu, et avec aisance.

La Duchesse qui était à mille lieux de pouvoir deviner ce que le retrait simple d'une chaise pouvait susciter comme pensées chez les deux frangins, veillait continuellement, quant à elle, à ce que tout soit bien placé comme elle l'avait demandé, et faire apparaître ce qu'elle aimerait suggérer d'elle. Bon goût, simplicité, et délicatesse.

Et en matière de délicatesse, Bartholomé n'en manquait pas :


« Vous nous exposez désormais le second trésor de Risoul, car si la nature est bien faite, ce qui est aussi appétissant que ce qui se trouve dans mon assiette ne saurait retenir que des saveurs d'une intensité exceptionnelle. »

Deux points pour Barth.

Durant le dîner, elle ne manqua pas de répéter, combien elle était heureuse de les recevoir, ici, à Risoul. Cette terre, qu'elle affectionnait beaucoup.
Et puis, elle avoua fièrement aux deux jeunes messieurs, qu'elle était venue jusqu' ici, sans prévenir grand monde.


Le repas terminé. La fatigue s'abat. La Duchesse, à l'estomac fragile, commençait à se sentir drôlement ballonnée. Il était temps de quitter les deux frères. Ils se verraient demain. Elle les remercia pour ce dîner agréable, et leur souhaita une nuit tout aussi agréable. Elle ne reçut pas l'étreinte d'accueil mais en reçut une du plus jeune frère, avec surprise, d'au revoir.
Tandis que, Bartholomé marquait encore un troisième et dernier point.



Dans sa chambre. Pendant qu'une suivante l'aidait à se dévêtir, la blonde ressentit le besoin de parler un peu, avant de se mettre dans les plumes :

- Ils sont adorables, n'est-ce pas ? Demain, réveillez moi de bonne heure, je prendrai le temps de petit déjeuner avec eux, mais il va bien falloir que je retourne à Lyon...

- Bien Madame. Bonne nuit Madame.


La suivante s'en alla, laissant la pièce dans l'obscurité la plus totale, et la duchesse à ses rêveries.

Seulement, au beau milieu de la nuit, les rêveries de celle-ci furent interrompues par un bruit pas possible. S'en suit alors un réveil en sursaut de la blonde, et puis finalement, on se dit que ce n'est certainement qu'une porte qui a claqué...et ses paupières se refermèrent presqu'aussitôt.

_________________
Ryoka
Dans son lit, le jeune Ryoka n'arrivait pas à fermer les yeux. L'excitation de la mission qu'il venait de s'auto-confier faisait battre son coeur si fort qu'il l'entendait résonner dans ses oreilles. Pour passer le temps en attendant que son frère ne trouve le sommeil, il décida de se repasser la soirée. Le paysage était beau, le château aussi. Le décor était planté, pas besoin de plus pour satisfaire son imagination. Il revoyait le repas, et se rendait compte au fur et à mesure du défilement du film de ce qu'il avait tenté d'ignorer lorsqu'il était à table. L'hôtesse semblait emballée par les envolées lyriques de Bartholomé, et une fois de plus, il ne ferait pas le poids face à son intellectuel de grand frère. A chaque fois qu'il allait quelque part avec le frangin, c'était la même chose, l'un des deux brillait et l'autre avait l'air bête.
Le film venait de se terminer dans son esprit sur cette note négative. Finalement les femmes recherchaient toutes la même chose, et cette chose se trouvait certainement en Barth. Un choix s'ouvrait donc à lui, soit il ouvrait son frère pendant la nuit pour voir quelle était cette entité abstraite si convoitée, soit il maintenait ses plans et trouvais un moyen d'enlever la blonde. La question n'étais plus vraiment de savoir ce qu'il ressentait, puisqu'il pensait que c'était peine perdue, mais de réussir à surprendre son frère dans un jeu qu'il avait l'habitude de mener aisément.

Faisant la deuil de la déception qu'il venait de s'octroyer, il se glissa entre les draps le plus furtivement qu'il le pouvait afin de rejoindre le sol sans un bruit. Il irait quand même enlever la duchesse, même si la raison venait de changer. Se souvenant de l'agencement des lieux, il se dirigea dans l'obscurité totale vers la porte en rampant. Il n'avait pas vraiment besoin de ramper mais c'est la mission qui le voulait. Dans son esprit il était en guerre, et il fallait le manifester d'une manière ou d'une autre.

Il rampait de plus en plus vite sans savoir exactement ou il en était. La porte ne devait plus être très loin et il sentait qu'un guerrier venait de naître en lui. Il se voyait déjà sur un champ de bataille en train d'aller sauver ses frères d'armes au milieux des flèches qui fusaient et sifflaient de part et d'autre. Une roulade sur le côté pour esquiver un cheval, et il avançait encore et toujours vers la victoire. Il ne savait même plus pourquoi il y allait, mais il y allait. Jusqu'à ce que..


BANG

Il se prit le retour à la réalité en pleine face. Sous la forme d'un meuble donc les ornements allaient être désormais incrustés sur le visage du jeune guerrier.
Ce meuble n'avait rien à faire sur son chemin, dans son souvenir il était à l'opposé. Il se leva d'un bond, prit une bougie sur son adversaire le meuble et l'alluma. Le meuble n'avais pas bougé, c'est lui qui avec les péripéties de ses aventures s'était finalement retrouvé à l'opposé de sa destination.
Se frottant la tête, il se dit que pour la discrétion s'était raté, il devait une fois de plus encaisser un échec. Il n'irait pas la chercher cette nuit. Les missions dans l'obscurité n'étaient pas son fort apparemment, si tant est qu'il en ait un, de fort.
Voyant que son frère avait ouvert un oeil dans sa direction, il se justifia d'un délicat:


« J'vais pisser. »

Puis il prit la porte et sorti faire un tour avec sa bougie, avant de se coucher sur son cheval pour finir la nuit. Demain matin, il réussirait.
Bartholome
Bartholomé se réveilla en sursaut, bien que son frère ait tout fait pour le tirer le plus délicatement possible des bras de Morphée. Ce doux et chaleureux "bang" était une des ces petites attentions qui font d'un frère un ami.

« Qu'est-ce que tu fous, bordel ? » gronda-t-il avec la reconnaissance la plus absolue, alors que Ryoka allumait une bougie. La lumière qui en jaillissait éclairait le visage du rampeur nocturne, dévoilant une rougeur suspecte et à tendance proéminente sur son front, ce qui ne manqua pas de faire réagir son frère, toujours sous le charme de celui qui évitait à tout prix de le réveiller de manière agressive et irritante. Aussi s'enquit-il, réellement inquiet, de la santé de son bienfaiteur.

« Ca va pas de faire un raffut pareil au milieu de la nuit ? s'enquit-il, enquiquiné.

- J'vais pisser » lui fut-il répondu, comme pour dire "de rien, je suis content que cette situation te ravisse autant que moi".

Mais Bartholomé, qui n'était décidément jamais content, n'était en fin de compte pas du tout ravi. Il avait été réveillé en pleine nuit, avec un bruit lourd et sourd, et par un frère lourd et bête, qui s'imaginait qu'avoir la vessie pleine justifiait de se cogner la tête contre les meubles de manière sonore et irresponsable. Il méritait qu'on le renvoie dans ses cordes, qu'on l'humilie et qu'on le moque.


« Essaie de pas te faire dessus, surtout. »

Et bim. Ca c'était envoyé. Louant sa verve et son verbe tantôt acide, tantôt envoûtant, Bartholomé ne tarda pas à plonger de nouveau dans un sommeil qui, s'il n'était pas celui du juste, était en tous cas fort agréable.
Ryoka
C'est la tête enfarinée avec de la paille dans les cheveux qu'il rejoignit son frère et la duchesse dans la salle à manger ou ils commençaient déjà à prendre le petit déjeuné. Réveillé par une chute de son fidèle destrier qui n'était en réalité qu'une vache, il avait dû mettre une bonne heure à retrouver son chemin dans le château. C'est pendant cette heure que lui vint l'idée de découper la scelle du cheval de son frère par dessous pour le piéger. Juste au cas ou il se ne se rende compote trop tôt que sa balade avec la duchesse était un allé simple. Ceinture et bretelles.

« Bonsoi.. Bonjour !

Alors, la nuit s'est bien passée pour vous?

Pour moi génial, je suis allé faire un tour tôt ce matin pour admirer le levé du soleil. C'est pour ça que vous ne m'avez pas trouvé ce matin. »



Le temps de reprendre ses esprits là ou il les avait laissé, il s'assit sans un mot de plus à table et rattrapa ses amis. Il eu quand même droit à une remarque de son frère mais il n'y fit pas vraiment attention. Il n'avait plus qu'une seule idée qui tournait dans sa tête, celle qui avait germée la veille et envahit ses pensées. On aurait pu croire à une inception si on avait l'esprit un peu tordu et futuriste, mais nous resterons sur l'image d'une idée qui avait finalement accouché d'un plan parfait: l'enlèvement de la duchesse.



[L'enlèvement]

Après avoir insisté pour faire une balade à cheval avec la duchesse pendant que Barth préparait leurs affaires, Ryoka aida Svetlna à monter sur le bourrin. D'un mouvement approximatif, il se hissa devant elle sur le même cheval, et cette fois, c'était parti. Sans attendre de reprendre son souffle il fit partir l'animal à toute vitesse sur les chemins.

Quelques minutes plus tard, il tourna la tête pour vérifier que le château avait bien rétréci assez pour crier victoire. Il avait réussi, il avait enlevé la duchesse. Un à zéro pour le cadet dans cette manche qui annonçait n'avoir ni queue ni tête.


« Héhé ! Ramasse tes dents Barth ! »
Svetlna
Et elle, qu'est-ce qu'elle avait gagné ? C'est triste. Oui, triste pour elle.

Attablée avec Bartholomé, la jeune Duchesse était un peu gênée, et ne savait pas trop de quoi parler avec lui, si ce n'est lui parler du beau temps, et d'autres choses sans grand intérêt, vraiment, jusqu'à ce qu'ils furent rejoint par Ryoka. Un doux sourire aux lèvres, elle invita celui-ci à manger un bout avec eux.

Bonjour Ryoka. La nuit fut reposante, merci.
Et alors, il était beau ce lever du soleil, dis moi ?
Parce qu'elle s'y intéresse, oui, oui.

****

Après le p'tit Déj...

- Je te jure, Ryoka, ça n'est pas que je ne veux pas, mais il faut que j'y aille, tu peux rester ici avec ton frère si tu veux, ça ne me dérange pas, avait-elle proposé, comme pour se débarrasser de cette ballade matinale.

- Juste une petite ballade, on en aura pas pour longtemps, qu'il disait.

- Bon...C'est bien parce que c'est toi, d'accord, mais vraiment toute petite, la ballade.Si tu savais, comme tu es idiote sur ce coup...

Sans trop de peine donc, la Duchesse avait finalement cédé, mais uniquement pour lui faire plaisir, parce qu'elle, elle n'avait pas vraiment la tête à cela, là.
Une fois en selle et une distance assez importante parcourue, la jeune femme commençait à sérieusement s'inquiéter. C'était drôle au début, mais là, quand même... Elle suggéra doucement:

Dis moi Ryry...On ne s'éloigne pas trop là ? Je ne connais pas trop ici moi...On aura vite fait de se perdre...Tu veux bien faire demi tour ? On avait dit ; petite ballade...

Alors, qu'il ne semblait pas tellement l'écouter, et qu'elle s'apprêtait à répéter d'une voix bien plus forte cette fois, la jeune femme, leva imperceptiblement un sourcil lorsque :

« Héhé ! Ramasse tes dents Barth ! » Han, il est sérieux là ?

Quoi, Barth... ? Ryry, arrête toi tout de suite !! P'tain, c'est vrai quoi, t'abuses un peu, petit.
_________________
Ryoka
Au milieu des nombreuses sœurs que la rosée du matin venait d'accoucher, elle se posa. Son nouvel hôte était un brin d’herbe, qui pointait innocemment vers le ciel, et qui avait arrêté sa chute dans un éclat salé. Car oui, à la différence de ses sœurs, elle était salée. De plus, les chemins qui l’avaient conduit jusqu’ici étaient légèrement plus compliqués qu’une condensation matinale sur un végétal qui aurait trop refroidit pendant la nuit. Elle avait en effet été façonnée par un air plus chargé en émotion que celui qui veille, fainéant, au dessus du sol. Elle avait chutée de quelques mètres avant de croiser cet air paresseux. Une chute portée par les vents, semblant vouloir l’empêcher de tomber. Semblant la porter pour la faire danser dans les airs, dans une majestueuse descente jusqu’au niveau de la verdure qui voudrait bien l’accueillir. Dans cette descente, elle avait croisé un crin virevoltant avec qui elle eut un échange sensuel mais bref : une caresse. Mais avant cette caresse, elle venait d’encore plus haut que cela. Sa danse dans le vent avait pris pour point de départ le lobe d’une oreille. Il y a mieux comme piste de décollage, mais elle fut soufflée sans difficulté pour prendre son premier envol. Il faut dire que jusque là, elle n’avait encore jamais volé. Elle s’était contentée de sortir doucement de son nid douillet pour glisser de plus en plus vite sur une joue musclée par des sourires fréquents. Elle ne savait pas pourquoi on l’avait forcé à sortir de son petit nid, au coin d’un œil malicieux, mais elle savait qu’il devait y avoir une bonne raison. Sauf que pendant tout son voyage, elle n’aura jamais réussi à décider quelle était la nature de cette raison.

Une larme de tristesse, parce qu’il savait que son frère était dans le vrai lorsqu’il parlait de ses chances quasi-nulles d’être aimé. Ou une larme de joie, parce qu’il avait réussi un mauvais coup, et que cela énerverait certainement du monde, dont son aîné bien aimé. Les deux raisons qui l’avaient poussé à faire cet acte fou étaient là, et il venait de perdre quinze milligrammes rien qu’en y pensant.


« Ryry, arrête toi tout de suite !! »

Il ne savait pas vraiment quoi lui répondre. Chassant ses pensées d’un revers de main sur sa joue, dénouant par la même occasion le nœud dans sa gorge, il lâcha :

« Fais-moi confiance Svet.
Je t’expliquerai dès qu’on sera arrivé. »


Le cheval filait toujours sur les chemins humides d’une rosée qui venait d’agrandir sa famille d’un membre.
Bartholome
« Comme je te le dis, oui ! Gigantesque ! claironnait Bartholomé auprès d'une des suivantes, qu'il avait conviée à boire un verre de vin dans sa chambre, après avoir décidé qu'il serait absolument absurde que son frère prenne du bon temps, et lui non.

- Colossal ! renchérissait-il, vantard. Il avait toujours aimé insister sur les points les plus cruciaux, quitte à devenir scabreux, ce qu'il considérait comme un sacrifice bon marché à l'autel de la séduction. De roturière, bien entendu. Il aurait été inconcevable d'adopter un tel discours en présence de sang bleu. Elle en serait offusqué. Ici, la demoiselle n'était pas du tout offusqué, et ses paroles commençaient, pensait-il, à faire leur effet.

- Un géant de deux mètres de haut, presque autant de large. Il a déjà mis à terre quatre de mes camarades, et tué encore bien d'autres avant cette bataille. Il me prend pour cible. Il me regarde, ses yeux injectés de sang, comme son armure. Il hurle. Un grognement qui fait tressaillir tous les soldats à proximité, même ses alliés ponantais. Il est à plusieurs mètres de moi, mais en un instant, il est à portée de coup, et lève son épée, prêt à me l'asséner sur le visage. Mes yeux se ferment instinctivement, comme pour mieux voir la mort, mais mon bras ne se rend pas. Il se tend, et plante son épée dans la cuirasse de ce monstre, qui hurle de nouveau, mais pour la dernière fois. Le choc est si violent que lorsque je rouvre les yeux, l'un d'eux reste fermé : on épée est en morceaux, comme l'armure de mon adversaire, et un de ces morceaux, le plus gros, est venu se loger ... Il marqua un temps d'arrêt, prenant doucement la main de la suivante pour la porter jusqu'à la cicatrice sur sa tempe. Juste là ... »

A cet instant, celle-ci éclata de rire. Un rire franc, compulsif, d'une intensité incroyable. Elle retira sa main, et se retira de la chambre. Alors qu'elle s'éloignait et descendait les escaliers, son rire cristallin retentissait toujours dans le château. Sans doute avait-elle apprécié dans toute sa force le potentiel comique de ce gringalet qui racontait comment il avait terrassé un géant de deux fois son poids. Bartholomé appréciait moins. Car en plus de le priver de plaisirs charnels sur l'instant, tout cela le ramenait à une des plus grandes erreurs de sa vie. Il s'était battu pour une cause, dont il compris plus tard qu'elle n'était pas la sienne, il avait été défiguré lors de la seule action franchement désintéressée depuis qu'il avait appris à marcher, et maintenant, ça ne lui permettait même pas de tirer un coup avec une servante à la con.

« Fait chier ! pesta-t-il en toute distinction, en envoyant valser le pichet de vin, qui se répandit au sol. L'autre grognasse devrait laver ça, ça lui ferait les pieds.

- Ryoka ! » appela-t-il. Il n'était pas encore revenu. Il était parti voilà une bonne demi-heure, et Bartholomé, dans ses considérations toujours aussi pragmatiques, ne voyait pas comment il ne pouvait pas avoir eu le temps de chevaucher un peu, de faire son affaire avec la duchesse et de revenir.

Légèrement agacé, autant par la situation présente que par nature, il alla faire quelques pas hors de la demeure, afin de les apercevoir et, le cas échéant, de les appeler. Malheureusement, pas un chat - ce qui était d'ordinaire bonne nouvelle, car il ne portait pas ces animaux dans son coeur, mais dans le cas qui nous intéresse, c'en était une mauvaise. Peut-être s'était-il perdu ? Impossible, la duchesse devait connaître les lieux. Peut-être était-il tombé, et s'était-il cassé quelque chose de sorte qu'il ne pouvait pas revenir. Son grand frère espérait que non. Sincèrement.


« Je ne vais quand même pas attendre ce sagouin toute la journée. »

C'est à cet instant précis que Bartholomé eut une idée pertinente. Tout château avait un tocsin. Bien sûr, c'était ici plutôt une grande maison qu'un château, mais il y aurait au moins une cloche. Il se la fit indiquer, et sonna la cloche. Une fois, deux fois ... Puis continua à sonner, jusqu'au moment où il les verrait revenir, ou qu'il se lasserait.
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