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Milady
[Au coin de la rue, derrière l'église]

Elle ne comprend pas tout de suite ce qu'elle fait au sol en compagnie du porte parole marquisal. Une douleur se fait légèrement sentir dans son fessier. Elle sait que si la douleur est faible c'est parce qu'une souffrance plus grande la déchire et une fois le calme revenu elle ressentira le bleu qui apparaitra sur sa peau, plus lourdement.

Hébétée, la Comtesse regarde l'homme, il est flou... enfin les larmes amènent à le voir ainsi.

Que répondre à sa question sans ouvrir son coeur ? Elle le connait peu et n'est pas certaine, de vouloir admettre à quiconque qu'elle est en souffrance même si c'est plus visible encore que son nez au milieu de son visage humide. Elle a si souvent souffert seule qu'elle ne voit pas de quel apparat se vêtir alors qu'il la trouve dans une fragilité évidente.

Elle ne sait pas combien de temps elle reste silencieuse à le fixer ; sans doute quelques secondes seulement mais des secondes peuvent paraître une éternité dans de tels instants.


Je...


Pas franchement éloquent comme réponse.

Non... ce n'est pas la chute, ne vous en faites pas. Ce n'est rien en fait, un peu de nostalgie.

Elle parle vite espérant qu'ainsi on ne perçoive aucun sanglot dans sa voix.

Vous n'avez rien ?

Retourner l'attention sur lui-même. C'est tout ce qu'elle trouve, sauf qu'elle entend le glas sonner et sans pouvoir se maîtriser, elle pleure.
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Prunille.
Alors qu'elle ne cesse de fixer l'église, une ombre se dessine, devant elle. Elle cligne des yeux, et voit apparaitre le visage de sa marraine. Sa douce marraine, qui sans dire mot, lui prend les mains et les serre dans les siennes, avant de s'en détacher pour l'embrasser. Délia était là, pour elle, comme à chaque fois... Baptême, baillage, anoblissement, non-mariage... Le choix de sa marraine était, à vrai dire, un des seuls qu'elle ne regrettait pas au final. Et lorsqu'elle l'enjoignit à la rejoindre afin de se diriger vers l'église, c'est une Blonde toute tremblante, et serrant les poings, qui vint se glisser sous l'aile de la Baronne, ne voulant qu'un peu de chaleur humaine.

Alors elle s'avancèrent, et Constance fuit en pleurant. A cet instant, elle ne doute pas que c'est de sa faute. Ses ongles s'enfoncent dans les chairs de sa matin. Une jolie blonde lui est présentée comme étant le maire de Brignoles. Dame Anyya, donc. Voulant faire fi de tout, elle lâche simplement un "
Prunille", en guise de présentation. Le glas sonne, elle frissonne, mais ne pleurera pas. Pas maintenant. Il n'aimait pas, quand elle pleurait, d'ailleurs. La dernière fois qu'elle avait pleuré devant lui devait être le jour de leur dernière dispute, la brutale, la définitive.

Impulsion, soudaine. Elle se détache de sa marraine.


J'en ai pour une minute.

Et elle s'élance sur les traces de Mila... Qu'elle ne tarde pas à retrouver, les fesses par terre, manifestement tombée nez à nez avec le Porte-Parole marquisal, à qui elle n'adresse qu'un regard et un signe de tête, avant de se tourner vers la Comtesse de Cassis. Et, sans lui laisser le temps d'en placer une...

Ne t'en vas pas, c'est moi qui n'assisterai pas à l'enterrement. Je sais bien que vous vous aimiez comme un frère et une soeur, et même, je pense qu'il aurait préféré t'avoir toi comme soeur, ça me rendait jalouse même si je ne le disais pas, mais il te préférait toi, c'est vrai et puis...

Peine perdue, les larmes recommençaient à ruisseler sans qu'elle ne tente rien pour les arrêter... A elles deux, elles auraient pu entretenir une oasis en plein Sahara.

Et puis toi, tu ne l'as jamais abandonné, alors que c'est de ma faute s'il est mort, tu sais, je le sais, et comme je l'aime et comme je t'aime aussi, en fait, je ne veux pas te priver d'y aller parce que je suis là et que tu me détestes et puis c'est vrai que c'est ma faute s'il est mort alors même si je voulais me réconcilier avec lui tu mérites plus que moi d'y aller et puis un assassin dans une église ça fait tache...

Profonde inspiration. N'ayant cure de sa vêture, elle s'essuie le visage à l'aide des manches de sa robe de deuil.

Tu lui diras au revoir de ma part ?

Et elle lui tendit une main tremblante, pour l'aider à se relever.
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Madnight
Mad était de retour sur Brignoles depuis peu de temps.
Hélas son arrivée coincidait avec l'enterrement d'un personnage de légende, le père Yuel.
Elle ne l'avait cotoyé que très peu de temps, et elle n'avait pas eu le temps de vraiment le connaitre, mais sa verve et sa réputation resteraient toujours dans la mémoire de la brunette.

Elle entra dans l'église, émue comme à chaque fois.
Qu'importe la cérémonie, l'émotion y était toujours de mise.
Quelques visages connus, notamment la jeune mairesse de Brignoles, Doch, la comtesse Prunille et Mila, qui se mêlaient à d'autres tous attristés.

C'est la seconde fois qu'elle assistait à un enterrement, le premier étant celui d'Hirene à Forcalquier.
Elle n'oublirait jamais le désespoir de son amie Calli et un frisson la parcourut.
Les larmes de Mila lui réveillèrent de douloureux souvenirs et une grande peine l'envahit.
Elle avait du chagrin pour la disparition de ce curé controversé.

Elle sourit amicalement à toutes les personnes présentes et discrètement alla s'asseoir sur un banc pour se recueillir et honorer une dernière fois ce personnage hors du commun.

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Hersende
Le carrosse précédé d'un détachement de la garde marquisale s'arrêta devant la forge éteinte depuis des années. Désormais, depuis son enlèvement, il était hors de question que le Capitaine la laisse circuler sans une escorte. Hersende descendit de sa voiture, toute de noire vêtue, et congédia les gardes d'un geste de la main, incapable de prononcer un mot, perdue dans ses pensées.

Yueel... cet ami sincère, exubérant, colérique, narcissique et inquiet à la fois, odieux avec ses adversaires, mais si prévenant aussi, chaleureux, charismatique... Il lui avait toujours fait confiance, même lorsqu'ils n'étaient pas d'accord, il avait toujours cru à ce qu'elle défendait.. Une fois, une seule, emporté par la colère, il avait eu des mots qu'elle n'avait pas pu accepter et elle s'était détournée de lui. Leur rupture avait profondément meurtri Hersende, car elle avait confiance en lui. Mais il s'était excusé et tout avait été oublié.
"Tata Hersende", l'avait-il appelée,.. Et nombre de Provençaux avaient repris ce surnom derrière lui. Oui, c'était une affection presque maternelle qu'elle avait éprouvée pour lui, l'économiste de génie qui vouait un culte à Vivivivi, l'insolent rebelle de la salle des doléances, le Curé qui voulait assener les textes sacrés aux mécréants, l'ami qui l'avait soutenue moralement en bien des occasions. Elle se revoyait venir le voir, parfois, en lui demandant : "Changez moi les idées, Yueel" et il s'exécutait avec tant de gentillesse!

Ensemble ils avaient veillé sur l'économie du Comté pendant des mois, ensemble ils avaient fait des comptes, penchés à la lueur de la bougie sur les mêmes livres... Ensemble ils avaient élaboré des procédures... travaillé sa communication... Qui pourrait comprendre combien leurs esprits avaient été en harmonie dans des activités aussi austères? Ils s'étaient tant amusés dans le travail...

Mais elle l'avait vu peu à peu sombrer. GaYté avait marqué le tournant... Plaisanterie et travail au début, puis il s'était pris au jeu : la politique l'avait tué lui aussi... La Provence n'était pas tendre envers ceux qui se donnaient à elle. Aigri, frustré de ne pouvoir agir, il s'était peu à peu consumé et elle avait assisté impuissante à cette évolution, tentant en vain de l'enrayer. Constance aussi se mourait... tuée par le poids de ses charges. Hersende ressentait d'ailleurs une lourde culpabibilité envers la Comtesse de Cassis, sachant que son absence pendant deux mois – fût-elle contre son gré – et le souci de Constance de remplir les devoirs de la charge qu'elle lui avait confiée, n'avaient fait que précipiter la fin de cette femme encore jeune mais usée, fin qu'Hersende savait proche, beaucoup trop proche...

Le glas retentissait. D'un pas vif, Hersende avançait vers l'église, suivie à quelques distances par ses gardes qui décidément ne voulaient pas la perdre de vue. Elle s'engouffrait dans la rue longeant l'arrière de l'édifice quand un spectacle peu banal la tira de sa triste méditation : Constance à terre, en larmes... lui tendant la main, Prunille, sur le visage de laquelle de grandes traînées humides trahissaient les pleurs et, à leurs côtés, le porte-parole marquisal qui se relevait...

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Hersende de Brotel, Marquise des Alpes Occidentales
Milady
Elle réalisait doucement que Prunille lui tendait la main. Elle ne savait plus où se mettre. L'esclandre au Conseil Marquisale avait donné une image peu flatteuse d'elle même au porte parole et à présent elle était là en pleurs avec la main de Prunille tendu vers elle toujours sous les yeux de ce même homme.

Elle se releva sans prendre la main de Prunille et ce n'est qu'une fois levée qu'elle aperçut la Marquise. Elle jeta son regard dans celui de la cousine de son fiancé certaine que dans les yeux de celle-ci elle trouverait compréhension. Elle seule la connaissait à présent. Pour les autres elle était devenue une étrangère...

Il lui fallait répondre à Prunille...


Vas ! Dis-lui au revoir... Il t'aimait idiote ! S'il ne t'avais pas aimé, il n'aurait pas sans cesse essayé de te protéger quitte à te brimer. Tu étais SA petite soeur, moi j'étais son amie, sa protégée d'abord, sa jumelle un peu après mais pas sa PETITE soeur. Pas celle que l'on veut protéger. Il me trouvait forte, il te pensait fragile. Toute la différence était là. La différence ne venait pas de l'amour. Il pensait devoir protéger sa soeur. Pour le protéger lui, il y avait les amis... Ce sont ses amis qui ont failli pas toi.

J'ai tué Yueel en restant comtesse. J'aurai dû m'occuper de lui, pas du comté...


Sa voix se brisa de nouveau.

...le pire, c'est qu'il aurait refusé que je démissionne pour lui. Il était un saint. Je l'aimais, je l'aime encore.

Elle réalisa qu'ils devaient tous cesser de se flageller et aller lui rendre un dernier hommage.

La Provence nous tuera tous !
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Prunille.
Aux dernières paroles de Mila, elle se mit à rire, nerveusement. C'était exactement ce qu'elle pensait. Malgré la lavande, le chant des cigales et la caresse du Soleil, l'air de la Provence suintait la mort et la colère. Et pourtant, tous autant qu'ils étaient, ils s'y accrochaient, comme un vautour à la charogne putréfiée d'un mouton avec lequel il n'en avait pas encore terminé. Ils n'avaient pas fini d'en extirper la substantifique moelle, ils ne s'arrêteraient que lorsque la terre serait brûlée, le sol jonché de cadavres, et que le dernier survivant se retrouverait enfin seul. Tout ce gâchis pour un pseudo idéal politique... Marquisat ou pas Marquisat, certains jours, elle s'en fichait comme d'une guigne. Ce qu'elle voulait, c'était un peuple uni, ayant les mêmes objectifs de paix, et prospérant dans la joie. Las, ils avaient semé les graines de la discorde, et celles-ci n'avaient pas encore fini de pousser. Et des amitiés se brisaient, des familles se séparaient, et des gens mourraient. Chaque camp étant tout aussi responsable que l'autre. Enfin, elle ne ferait qu'une dégoûtée de plus, et personne n'irait la regretter. Elle ferait comme les autres : S'enfermer dans son château, attendre la mort. Comme tous les autres.

Elle irait. Elle irait voir Yueel, son frère que la politique lui avait enlevé. Comme elle en avait pris bien d'autres avant lui. Et ne tarderait pas à en prendre une de plus... Regard embué vers Mila, qui a dédaigné son aide. Vite, elle enfouit cette main tendue dans ses jupes, la cachant, comme si elle était un objet de honte. Elle renifle, fermant les yeux, pour masquer la tristesse de voir cette preuve d'amitié rejetée. Elle ne cessait pourtant ni d'espérer que Constance lui pardonne, ni d'aimer cette jeune femme qui l'avait nourrie quand elle avait faim, et qui lui avait donné une couverture, pour se réchauffer, un hiver, en Arles. Blessée, elle tourne les talons, sans un mot, juste un "
Bonjour, Majesté" tandis qu'elle passait à côté de sa suzeraine la Marquise, en espérant qu'elle comprendrait son intention de ne pas pousser la politesse plus loin. De toute façon, Hersende aussi la détestait, inutile de marquer cette journée du sceau de l'hypocrisie.

Elle filait, droit devant elle. Les portes de l'église étaient ouvertes, et des hommes en noir acheminaient le cercueil sur le parvis. Elle ne s'arrêta pas. Comme une flèche, elle marchait jusqu'à l'intérieur du lieu saint. Remonta la nef sans voir personne, ni Mad ni Drak, ni celles restées devant les portes. Pilotée on ne sait comment jusqu'à la place qui lui était échue, au premier rang, elle s'y plaça et tomba à genoux, mains jointes, psalmodiant des prières à voix basse, dans une attitude de pure piété, telle qu'on ne lui avait pas vue depuis... Des années, au moins.

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Hersende
Entendre les dernières paroles de la Comtesse et celles de Constance eut un effet étrange sur Hersende. Au lieu de larmoyer avec l'amie et la soeur, elle se sentit révoltée qu'elles s'écoutent et tergiversent alors qu'ils s'agissait de Yueel... Avait-il eu des hésitations, lui?

Aristote était témoin qu'elle aimait Constance. Passionnée, impulsive mais si généreuse... Une âme qui valait son pesant d'or... Prunille c'était autre chose... elle la plaignait... si jeune, intelligente, brillante, et en train de vendre son âme, de perdre toute éthique, pour se hisser là où elle pensait que ses ambitions seraient assouvies... Pauvre, pauvre petite!... Elle aussi la Provence, malgré son jeune âge, l'avait déjà brisée ou du moins avait anéanti en elle les repères moraux...

Une rage sourde l'envahit... Ce n'était pas le moment de s'écouter ou de régler des comptes. Heureusement Prunille repartait déjà vers l'église, sinon elle l'y aurait emmenée de force.. Elle attrapa le bras de Constance plus brutalement qu'elle ne l'aurait voulu...


Venez, Yueel, nous attend. Vos états d'âme à l'une et l'autre passeront après...


Elle eut un regard rapide vers Thufthuf, espérant qu'il lui pardonnerait son incorrection et s'avança en soutenant Constance vers l'église.

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Hersende de Brotel, Marquise des Alpes Occidentales
Anyya
Prunille... Anyya ne connait de nom qu'une seule Prunille, la Comtesse en personne. Mais cette dernière ne semble pas vouloir en ce jour funeste se formaliser avec le protocole, aussi reste-t-elle coite. Le Pére Drak arrive, elle le salue comme il se doit. L'homme d'Eglise entre dans le saint batiment, et bientôt les cloches sonnent lugubrement. Elle se retourne pour voir si tout le monde est prêt à entrer, et n'aperçoit qu'une chevelure blonde s'enfuir au coin de la rue.
Anyya hésite, il faudrait être aveugle pour ne pas se rendre compte qu'un drame se joue, même sans en connaitre les dessous. Dame Madnight arrive, les deux jeunes femmes échangent un salut poli avant que la CaC ne penetre dans l'eglise. La cérémonie ne va plus tarder, toujours pas de signe de vie des disparues... Prenant une grande inspiration, Anyya se tourne vers les personnes encore sur le parvis.


Je vais aller les prévenir... Si elles veulent être présentes, c'est maintenant ou jamais.

Elle suit la rue, tourne le coin de l'eglise, croise la Comtesse qui revient d'un pas rapide, sans ne plus rien sembler voir autour d'elle.
Coup d'oeil timide derrière l'église, elle aperçoit Milady et ...Hersende.


Votre majesté !

Anyya s'avance vers la femme qui lui apporte tant d'aide dans sa nouvelle tache délicate de Maire pour la saluer, et decouvre alors un homme derrière les deux femmes. Elle s'arrête surprise en le reconnaissant, avant de s'élancer, oubliant le temps d'un instant les convenances.

Thuf !

La jeune femme se jette à son cou, remarque sa mine froissée et poussiéreuse, note son équilibre instable, comme si il lui manquait quelque chose. Ses yeux d'émeraude cherchent, trouvent la canne qui a roulé au sol, la ramasse pour la lui rapporter. Elle glisse tout bas à son oreille, inquiète.

Tout va bien ?
Je suis heureuse que tu sois là...


Puis plus haut elle ajoute:


La cérémonie ne saurait tarder, si nous voulons y assister, il faut nous rendre de suite à l'eglise.

Bras sous celui de son époux, le couple se rend à l'église.
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Drak
Après quelques instants le corbillard arriva et s'immobilisa devant l'église. Quatre hommes déchargèrent le cercueil et le posèrent sur le parvis.

Le célébrant se recueillit un moment devant le corps de son prédécesseur. Puis il invita d'un geste tout le monde à entrer dans l'église alors que les cloches terminaient leur funèbre sonnerie.
Il suivit le cercueil en psalmodiant:


Après tous nos regards qui ont croisé le sien, qu’il puisse enfin voir le tien, Seigneur.
Les fidèles : Seigneur ne détourne pas ton regard de notre frère.

Après l’amitié qu’il a reçu et qui a guidé sa vie, accorde lui l’amitié ultime qu’est la tienne, Seigneur.
Les fidèles : Seigneur ne détourne pas ton regard de notre ami.

Après les peines et les larmes qui ont obscurci sa vie, illumine sa route pour l’éternité, Seigneur.
Les fidèles : Seigneur ne détourne pas ton regard de notre frère.

Seigneur, nous tournons vers toi nos espoirs à l’heure où disparaît le corps de l’ami qui nous est cher. Accorde-nous l’espérance de le revoir auprès de Toi pour les siècles des siècles.

Tous : Amen
Milady
Elle a ignoré le geste de Prunille et le regrette déjà. Elle se promet d'aller la voir après la Cérémonie. Les paroles de Sa Majesté raisonnent dans sa tête. Elle sent l'ombre de Yueel passer dans ce sermon. Une voix la raisonne quand elle perd pied, ce n'est pas celle de cet homme qu'elle a tant aimé, mais celle de cette femme qu'elle aime aussi et admire. Hersende fait ce que Yueel aurait fait. Elle comprend qu'il est tant d'assumer la mort de son ami et de s'en retourner à l'église.

Le maire de Brignoles arrive et Constance comprends qu'elle est la compagne, ou la femme -s'ils sont mariés- du porte parole. Elle sait qu'elle vient une fois de plus de se ridiculiser devant ce dernier et comprend qu'il vaut mieux les laisser seuls.
Elle laisse donc Sa Majesté la conduire fermement jusqu'à l'église.

...

Le cercueil est déjà là. Elle dépose quelques écus dans une corbeille pour l'aumône et s'assied reprenant avec les autres. Elle le fait par automatisme, cette partie de l'office n'étant pas encore à ses yeux lui dire au revoir. Elle sait qu'elle va bientôt prendre la parole et tente au mieux de se calmer.


"Seigneur ne détourne pas ton regard de notre frère."
[...]
Amen

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Hersende
Hersende avait à peine pu saluer la maire de Brignoles, Délia et Farwen que le frère Drak appela les fidèles à prendre place dans l'église. Le cercueil fut apporté. Le regardant passer, Hersende reprit les mots de la prière.

Seigneur ne détourne pas ton regard de notre frère.

Non, elle en était persuadée, le Seigneur ne détournerait pas son regard. Avec sa façon très personnelle, Yueel avait amené à la religion bien des fidèles...

Hersende se tenait à côté de Constance, se donnant comme justification pour ne pas quitter la jeune femme le souci de la soutenir, mais elle savait au fond de son esprit qu'il ne s'agissait que d'un prétexte. Veiller sur Constance lui permettait de ne pas creuser la détresse qu'elle même ressentait...

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Hersende de Brotel, Marquise des Alpes Occidentales
Doch
Finalement elles auront avancé toutes deux vers l’Eglise, marraine et filleule ensemble.
Étrange ballet de personnes, entre les arrivées, les départs, les retours, les brefs saluts entre deux… Le tout rythmé par les cloches de l’église qui se sont mises à sonner le glas.
Étrange aussi comme un enterrement pouvait rassembler les vivants. Comme un mariage, c'était aussi un moment de retrouvailles. Avec les autres, avec soi même. Moment de réflexion sur soi et le sens de la vie. Ballet toujours, où l'on tourne et virevolte sans fin. Sans faim parfois aussi, les exemples étaient malheureusement présents.

Enfin, le cercueil étant arrivé et le père les ayant invités à entrer, Délia stoppa là ses pensées et se tourna vers sa cousine restée là tel un symbole de stabilité au milieu de toute cette agitation. Lui tendant la main.

Nous entrons ?

Et, suite à cette question théorique à la réponse évidente, elles s’avancèrent au sein de l’édifice pour prendre place sur un banc et assister à l’office.

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Farwen
Elle a tout vu mais n'a rien compris aux sombres histoires personnelles de trahisons et de politique.
Elle a vu deux femmes fortes et intelligentes mises à mal par un chagrin plus grand que toutes leurs prétentions réunies.
Et puis Hersende est arrivée, et a marquisalement remis de l'ordre, en deux mots brefs et justes.
Flo admire cette femme qui soulève passions et haines, mais qui reste droite face à ses adversaires sans être corrompue par ses alliés... et inversement. C'est avec respect qu'elle lui rend son salut, tout en notant machinalement quand même que pas un cheveu ne dépasse de sa coiffe, pas de regret pour Alex.

Et puis d'autres sont arrivés, le cercueil et Drak également, et tout le monde est entré dans l'église.


Délia a écrit:
Nous entrons ?


Il y a des mains tendues qui ne se refusent pas. celle de sa cousine n'est qu'amour et compassion : avec elle point de trahisons, peu de politique, et aucun sous entendu!
Flo lui sourit, accepte la main tendue et c'est ensemble qu'elles entrent dans l'église et vont s'asseoir près de la filleule de Délia, blonde soeur éplorée du défunt.

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Florence dou Paradou, dite Farwen, Dame de Maussane les Alpilles
Drak
Le cercueil était arrivé au pied de l'autel. Le célébrant se pencha et l'embrassa puis il s'inclina devant l'autel et se retourna vers l'assemblée pour introduire la célébration.
Frères et soeurs, nous sommes réunis aujourd'hui pour célébrer les funérailles de mon prédécesseur, le père Yueel. Cette célébration n'est pas joyeuse, mais elle est importante, car pour nous, il convient de célébrer une dernière fois, c'est à dire de rendre célèbre un homme de bien, qui s'est dévoué pour sa ville et son comté, et sa famille, jusqu'à y laisser sa santé et en mourir.

Emu, il fit une pause, puis continua:

Notre ami avait reçu un cierge à son baptême, afin que celui-ci le guide durant toute a vie. Aujourd'hui, c'est le paradis solaire qui est sa destination. Pour ce chemin-là aussi, il aura besoin de la lumière: la lumière du monde, c'est l'amitié, c’est la flamme qui réchauffe notre cœur. Qu'elle éclaire maintenant la route de Yueel et qu'elle le conduise auprès de Dieu !"

Silencieusement, il alluma les 6 cierges qui étaient disposés autour du cercueil.



Puis il continua.
Pour marquer sa foi, notre ami avait reçu une médaille à son baptême. Il en avait reçue un autre en se consacrant entièrement à Dieu et en devenant prêtre. Qu'il la porte devant Dieu et proclame sa foi en Lui.
Yueel, nous déposons cette médaille aristotélicienne, marquée d'une croix sur ton cercueil. Elle est le signe qui te relie à Aristote et à Christos. Qu'elle soit pour toi signe de salut et de vie éternelle.


Puis il prit une médaille aristotélicienne et la posa sur le cercueil.


Ensuite, il fit signe à la famille d'apporter la corbeille qu'elle avait préparée.

Croire en Dieu, c'est d'abord croire en la valeur de l'amour et de l'amitié. Notre ami, notre frère a témoigné de l'amitié qu'il avait pour sa famille, ses amis, ses concitoyens. J'invite maintenant la famille à s'avancer avec la corbeille remplie de dons, et à la poser sur le cercueil.



Yueel, nous déposons ces présents sur ton cercueil, signe de notre amitié, signe de notre prière, signe de toute la gratitude que nous avons dans le cœur.

Enfin, le célébrant continua
Cet enterrement nous rappelle plusieurs choses.
Tout d'abord, le souvenir d'un Ami aristotélicien qui vient de nous quitter, d'un homme qui avait une histoire, unique, avec Dieu.

Nous voici nombreux dans cette église, autour de Yueel, pour prendre conscience de ce lien d'amour qui l'a toujours uni à Dieu, qui unit Dieu à chacun de nous, à tout instant.

Ensuite, cela nous rappelle que la mort viendra pour chacun de nous. Pour les uns, plus tôt, pour les autres, plus tard. Pour les uns, dans leur jeunesse, pour d'autres, dans leur vieillesse.
Dieu nous prévient : "Soyez prêts, soyez toujours prêts car vous ne savez ni le jour ni l'heure". Aristote nous a guidé et Christos nous invite à prendre exemple sur lui, à trouver notre joie à vivre pour les autres, à aimer comme ils nous ont enseigné de le faire. Notre présence ici est prière. Nous invoquons Aristote qu’il mesure les péchés de notre frère et que Christos intercède auprès du Très-Haut pour qu’il le reçoive en son Paradis Solaire.


Le thuriféraire apporta l'encensoir et le père Nicolae encensa le cercueil en disant:
Ô Dieu, que notre prière monte vers Toi comme la fumée de cet encens. Souviens-toi de notre ami comme nous nous souvenons de lui.


[HRP: Les témoignages sont donnés après les lectures]
Milady
Scrogneugneu ! lâcha t-elle avant de rougir de ne pas s'être contenue...

Elle venait d'apercevoir la corbeille de présents et n'avait pu s'empêcher de songer que Yueel se serait dit que c'était du gâchis et ce au nom de la Sainte Économie. Bien qu'honteuse de s'être exclamée en pleine église, elle souriait de nouveau attendant la suite. Elle ne pouvait s'empêcher de regarder les autres... comme si voir leur chagrin atténuait le sien.

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