Afficher le menu
Information and comments (0)
<<   <   1, 2, 3, ..., 21, 22, 23   >   >>

Drak
Après ce rite, le père Nicolae se rendit à l'ambon et ouvrit le Livre des Vertus.
Le sage Ysupso eut un jour une vision dans laquelle il vit l'Enfer lunaire et le Paradis solaire. Voici sa vision du paradis:

Citation:
Livre des vertus - la fin des temps - le rêve

Et Derrière eux, je voyais de vaste paysages idylliques. Tout resplendissait la beauté et donnait envie d’y rester pour l’éternité. Mais cela semblait bien vide. Je pouvais admirer les innombrables élus, peuplant le Paradis, sur le visage desquels s’affichait la béatitude. Voyant un tel bonheur emplir ceux qui avait vécu dans la vertu, je me réjouissais pour eux et espérait pouvoir les rejoindre.

Alors, j’entendis une voix dure et sereine me dire: “Ceux que tu vois ici sont ceux qui ont su gagner le Paradis, suivant la parole que J’ai confié à Aristote et à Christos.
Mais sache que l’avenir ne sera pas aussi radieux pour tous”. Je compris que c’était Dieu Lui-même qui m’adressait ce divin message. Alors, les anges me laissèrent seul, en communion avec le Très Haut. “Regarde dans la flaque d’eau à tes pieds”, me dit-Il.

J’y vis alors un beau pays. La douce chaleur du soleil caressait les arbres des vergers, nourrissait les épis de blé, qui se dressaient, fiers, vers le ciel, et donnait tout son amour aux légumes, qui prospéraient. Plus loin, je pouvais voir les vaches paître placidement, accompagnées de moutons gardés par leur pâtre. L’agréable brise prêtait sa force au travail du meunier en faisant tourner les ailes du moulin.


Après la lecture, il leva les yeux vers l'assemblée des fidèles et commenta:

Cette vision nous montre le jour où - peut-être - nous gagnerons la Paradis ; les bons, les justes, les vertueux seront sauvés et vivront une éternité de bonheur au Paradis Solaire, en compagnie d'Aristote et de Christos ... mais ceux qui n'auront eu que fiel à la bouche, qui auront négligé ou rejeté la Voie de Dieu et se seront abandonnés au péché, ceux-là se verront emmenés sur la Lune pour souffrir une éternité de tortures.

Certes, nous sommes faibles, nous les Humains, notre corps est faible, nous sommes prompts à la colère et à la gourmandise ... mais il ne tient qu'à nous de réfréner et refuser ces tentations, et quand bien même si notre âme est souillée, la confession peut la libérer, la nettoyer, car Dieu vous entend et Il nous pardonnera.

L'Amour, l'Amitié, l'Amour des autres, l'Amour de Dieu peut aussi libérer notre âme, comme je pense, comme nous pensons tous, qu'il a libéré le coeur de notre frère Yueel. Chez lui, l'amour avait quelque chose de jusqu'au-boutiste. La pastorale qu'il a donnée à sa soeur est sans doute la plus longue de toute l'histoire de l'archevêché d'Aix et Arles.
Son amour pour la Provence, ou pour une certaine Provence, l'a mené jusqu'au bout de ces forces.

Le regarde de Nicolae se dirigea vers le cercueil avec émotion. Puis il reprit.

Mais je suis conscient que tout cela n'efface pas la douleur ni la perte d'un être cher.
Le mal nous ronge en cet instant, il nous semble qu'il sera toujours en nous.
Mais, croyez-moi, il finira par s'estomper, malgré une blessure toujours présente, et en nos coeurs, notre ami restera toujours présent.

J'invite maintenant ceux qui le souhaitent à venir prendre la parole pour nous raconter des souvenirs, des mémoires sur notre Frère célébré en ce jour.
Sa soeur Prunille voudra sans doute commencer ?
Prunille.
La famille, aujourd'hui, c'est elle. Pillon n'est pas là, Adriano non plus... Les autres cousins Cianfarano, elle ne savait même pas s'ils étaient prévenus. Alors elle s'était levée, pantelante, pour aller déposer la corbeille d'offrandes sur le cercueil. Involontairement, ses doigts entre en contact avec le bois. Elle frémit. Cette boîte, cette saleté de boîte qui se met entre son frère et elle. Du chêne. Comme le Famiglia, qui était le chêne à l'ombre duquel éclosent les roses... Chêne bien malade, et meurtri. C'est l'hiver chez les Cianfarano, peut-être n'y aura-t-il pas de printemps...
Mais doucement, le simple contact se transforme en caresse, toute douce, la totalité de la scène ne dura que quelques secondes. L'exclamation de Mila la sortit de ses songes. Elle perçut son regard dirigé vers la corbeille, et comprit tout de suite. Qu'elle ne s'inquiète pas, cet argent irait aux pauvres de la paroisse, elle se chargeait du reste. Néanmoins, son intervention lui tira un sourire, triste certes, mais un sourire quand même, car Yueel lui-même n'aurait pas dit mieux !
De nouveau, elle était à sa place, près de Délia et Florence. Elle écoutait la lecture de Drak, et son sermon. Et c'était à elle, de nouveau.

Pour la forme, et peut-être par pure politesse plutôt qu'autre chose, elle hocha la tête pour signaler à l'archidiacre qu'elle acceptait. Elle avait préparé ce qu'elle allait dire ; sur un beau parchemin elle avait fait recopier ses paroles par un secrétaire du château d'Aix, elle-même étant bien incapable de produire quelque chose de lisible, l'encre et les larmes ne faisant pas bon ménage. Ses doigts se portent au cordon de son aumônière, qu'elle délace tandis qu'elle se dirige vers le lutrin derrière lequel elle devra prendre la parole. Mais en plein milieu de sa route, elle s'arrête. Elle l'a oublié.
C'est étrange comme dans ces moments là, des évènements qui pourraient paraitre insignifiants prenaient l'ampleur d'une catastrophe planétaire. Prunille avait l'habitude de prendre la parole en public sans filet, mais là, tout de suite, maintenant, c'était totalement inconcevable. Durant une seconde, son regard perdu erre autour d'elle. Elle cherche ses notes, elle les cherche, oui, même si elle sait pertinemment qu'elles sont sur sa table de chevet, à l'auberge ! Et puis son regard rencontra une sainte, sur un vitrail. Sainte dont le doigt pointait le chœur. Si ça c'était pas un signe...
Une profonde inspiration, et ça repart. Les deux mains accrochées au lutrin, elle balaye l'assemblée du regard, le temps de se calmer, et de chercher ses mots.


Je vais essayer de ne pas me remettre à pleurer... C'est pas gagné.

Comme vous tous ici le savez... Non, c'est nul comme début. Désolée. Il mérite que ce que je dise soit parfait, car si je suis loin d'être perfectionniste lui l'était... D'ailleurs, je l'entends presque me gronder...


Son visage se tourne vers le cercueil.

Ça m'a tellement chamboulée que j'ai oublié ce que j'avais préparé... Tu vois, tu aurais pu rester un peu pour terminer mon éducation, sans toi tous mes vilains travers reprennent le dessus... Et maintenant je vais devoir dire des compliments sur toi, je sais bien que ça t'aurait gêné, mais au fond de toi tu n'aurais pas pu t'empêcher d'en être très content !

Et elle sourit, comme s'il avait été à côté d'elle, juste là, à l'écouter, avant de reprendre sa position initiale, ses yeux humides fixés sur un point d'horizon, et pourtant, prenant sur elle pour conserver un semblant de sourire, triste.

Il était le meilleur des frères qu'on puisse rêver.
Quand j'étais triste, il savait trouver les mots pour me consoler.
Quand j'étais mélancolique, il me faisait rire en me racontant comment je mettais des boulettes de pain dans mon nez, quand j'étais petite...
Quand j'étais euphorique, il savait me ramener à la réalité.
Quand j'étais irascible, en deux phrases il me calmait... Bon, d'accord, parfois plus, les forts caractères c'est de famille...

Je ne disserterai pas sur tout ce que j'ai pu lui faire subir, en temps que soeur... D'ailleurs, de là où il est, il doit se fâcher tout rouge en m'observant, mais... Vraiment, il était adorable avec les gens qu'il aime, souvent juste, tant dans ses compliments que dans ses reproches. Certes il n'était pas tendre avec ses opposants politiques, mais ça... Je laisserai à d'autres le soin de le raconter, elles le feront sans doute mieux.

Moi je l'aimais, aveuglément. Il était mon frère, mon père et ma mère, tout à la fois. Quand je suis arrivée en Provence, je n'avais que lui au monde. Mon Frère. J'étais amoureuse de lui, quand j'étais petite. On se serait mariés et je lui aurais fait des omelettes aux champignons tous les jours... Mais pas sûre que Sa Majesté aurait apprécié.


Son regard oblique sur Hersende. Se souvient-elle, du jour où il était sorti du presbytère, en plein trip, parce qu'elle s'était trompée dans le choix des champignons qui avaient composé une partie de leur repas ?

Et puis, il y a eu LA dispute... Celle qui a mis le feu aux poudres. Tous les deux fiers comme des paons, nous nous sommes reclus chacun de notre côté... Et maintenant, il est parti, et jamais nous ne pourrons nous réconcilier, et rire ensemble de nouveau... Parler de Maman, boire du jus de poire du CC bien mûres, et se mettre des boulettes de pain dans le nez... L'entendre m'appeler "Pupuce"... Du moins, pas sur cette terre.

Quelques instants, ses yeux se ferment. Elle ravale un sanglot.

Mon Yuyu... Tu vas me manquer.

Bien évidemment, elle avait oublié la moitié de ce qu'elle avait prévu de dire... Peu importe, elle n'aurait sans doute pas réussi à discourir encore longtemps. Vite elle abandonna le lutrin, et retourna à sa place, pour tamponner un mouchoir contre ses yeux.
_________________
Milady
Elle était figée ; figée à écouter chacun des mots de l'Illustre. Pourtant, point d'Illustre sous ses yeux, rien qu'une Prunille, une soeur malheureuse, une petite fille perdue à qui il ne restait que ses lubies, ses rêves mais plus personne pour la raisonner. Raisonne t-on vraiment un Cianfarano ? Raisonne t-on un proche de Yueel ?

Point d'Illustre et point de Constance finalement. Seule constance présente que la tristesse en chacun d'entre eux. Mila, oui elle ne pouvait être autre que "Mila" sans cette église.
Une Mila figée qui ne détachait pas son regard de Prunille car chaque fois que ses yeux avaient eu le malheur de se diriger vers le cercueil, elle avait senti ses larmes venir. Elle avait donc d'abord fuit cette vision en observant les personnes présentes et maintenant elle continuait en regardant Prunille parler. En voyant Prunille parler plutôt, car regarder serait un bien grand mot. A chacun des mots de la jeune soeur, des images sortaient de ses souvenirs pour se jeter en son esprit.


D'ailleurs, je l'entends presque me gronder...

"Répète après moi : Yueel il a dit alors j'obéis sombre nouille que je suis !". Elle était Prévôt et avait oublié un détail concernant les statuts de la prévôté qu'elle rédigeait avec l'aide du barreau.

...tu n'aurais pas pu t'empêcher d'en être très content !

"Les chiffres me parlent, cac est LE travail le plus dur à effectuer dans un cc... d'ailleurs je me rends bien compte que des fois je devrai passer plus de temps à l'église de Bri mais j'aime la Sainte Économie. 4vi était bien meilleure que moi, encore qu'elle était aidée par ses MA personnels". C'était la guerre et Mila paniquée devait assurer le travail du cac, du prévôt, du cam et du cac depuis le Bureau du bailli... Ils manquaient de maïs et de blé pour les mandats et Yueel voulait en profiter pour apporter des profits à Brignoles s'il lui en vendait. Elle n'avait pas cédé. Première et unique victoire commerciale sur lui... mais il l'avait voulu, quelques minutes de plus et elle cédait... il le savait.

Quand j'étais triste, il savait trouver les mots pour me consoler.

"Je préfèrerai que tu ne partes pas mais je sais que tu reviendras, et tu en as fait trop. Tu as besoin de te reposer" Fin de la guerre, elle n'en pouvait plus et faisait les mauvais choix, il le savait mais il savait aussi qu'elle devait faire des erreurs pour apprendre.
"Résiste ! Prouve que tu existe." Elle déprimait et il lui rappelait la formule magique, celle qui leur avait permit de tenir même quand ils étaient à bout... enfin jusque là... Elle aurait du le lui dire, il serait peut être là.


Mais pas sûre que Sa Majesté aurait apprécié

"Yueel va t'excuser ! Yu ça suffit, c'est de "tata Hersende" dont on parle... mets ton égo de côté.. " "oui oui j'irai mais je manque de temps" "hmm..."
Il avait manqué de respect à Sa Majesté, il lui avait manqué de respect et il en souffrait. Il s'était finalement excusé. Quand il aimait, il était toujours prêt à admettre ses torts, même si ça prenait du temps


Mon Yuyu... Tu vas me manquer.

Elle allait à Aix, elle était Comtesse de Provence mais fatiguée. Elle avait envie de voir son fils qu'elle avait confié à Yueel et de voir Yueel qu'elle savait usé par les évènements. Elle fait un détour par Brignoles et rentre chez son ami après avoir frappé à la porte plusieurs fois sans réponse... Elle entre et le trouve alité, sans vie, son enfant à côté en train de lui parler...

Prunille n'est plus devant l'autel. La blonde cianfaranesque est retourné s'asseoir. Le regard de Mila dérive encore vers le cercueil, de nouveau elle le détourne de peur de pleurer. Couché sous les planches git le corps de son ami.
_________________
--Yueel_du_chiant_paradiso
Comme c'est ennuyeux le paradis. Maintenant Yueel s'en rendait compte:
pas de petite soeur à remettre à sa place,
pas de Ste Economie à honorer. Cela faisait des heures qu'il parcourait le paradis en tous sens. Il avait bien rencontré Ste Boulasse qui lui avait offert à boire, mais Ste Economie... inconnue au bataillon.

Il aurait bien voulu participer à son enterrement, consoler toutes les pleureuses... mais sortir de son cercueil lui était absolument interdit: le Très-Haut ne voulait pas.
Et puis quelle idée de célébrer son propre enterrement, lui qui célébrait si rarement la messe Res Parendo ?

Il fallait pourtant qu'il trouve un moyen...
Hersende
Aux côtés de Constance, Hersende voyait dans les yeux de celle-ci les larmes prêtes à ruisseler sur ses joues, qu'elle retenait avec peine. Elle lui serra doucement le bras.

Il faut dire que Prunille avait été émouvante. Ainsi donc, cette jeune fille narcissique, qui, pour assouvir ses ambitions, était prête à piétiner tout honneur et à écraser quiconque se mettrait en travers de son chemin se rappelait qu'elle avait encore un coeur?

Yueel faisait donc des miracles au-delà de la mort...

Hersende se promit d'en parler à Richelieu : une canonisation peut-être?

_________________
Hersende de Brotel, Marquise des Alpes Occidentales
Drak
La comtesse de Cassis m'a demandé de pouvoir prendre la parole.
Votre grandeur, je vous en prie.


En tournant son regard vers la comtesse, il se rendit compte que celle-ci était ailleurs, perdue dans ses pensées... ou dans ses souvenirs.

Il répéta.
Madame la comtesse de Cassis !? Votre grandeur, je vous en prie. Si vous voulez porter un témoignage, la parole est à vous.
Milady
Elle sortit de ses pensées au deuxième appel du prêtre, bien qu'elle ne s'était pas rendue compte qu'elle avait été appelée à se lever deux fois.
Elle se leva, fébrile et assez inquiète à l'idée de s'approcher du cercueil. Il le fallait cependant alors Constance s'avança doucement et une fois devant l'autel, elle se tourna vers toutes les personnes venues dire au revoir à Yueel.


Je n'ai rien préparé, pourtant le Très Haut sait que j'ai cette fâcheuse tendance à le faire pour tout.

Son regard se posa encore sur le cercueil. Elle ne savait pas ce qui était le plus dur entre le savoir lui dans cette boite en bois ou voir les visages meurtris qui lui faisaient face.

Comment aujourd'hui puis-je encore dire "Résiste, prouve que tu existes" quand tu n'es plus là toi, celui qui m'a aimée et guidée plus que quiconque. Nous nous aimions tellement que certains ont cru que Yueel-Arystote était ton enfant. Pourtant jamais cette amour n'est sorti du chemin de la Vertu car cette amour était l'amitié la plus forte qu'il me soit donné de connaître.
Quand je pense à toi aujourd'hui je ressens tristesse, nostalgie et colère. J'aimerai trouver un responsable, quelqu'un à qui incomber la faute de ton départ. Plus de Yueel, plus de Yueelistes. Nos chemins se sont séparés avec ton départ. Je me sens seule dans une nuit sans étoile...

Elle avait réussi jusque là à s'exprimer sans bafouiller mais elle elle sentait les sanglots venir et elle savait que la suite serait plus difficile.


..je... j'aurai aimé que tu sois encore là et... pourtant égoïstement, me sachant mourante, j'ai... j'ai plaisir parfois, à te savoir déjà loin car je sais... je sais que nous allons bientôt nous revoir.

Je n'ai plus que les souvenirs pour sourire, mais les souvenirs amènent à la nostalgie.
Je veux que tu sois là mais... mais pas dans...


Regard toujours dans le cercueil

...pas dans cette boite en bois. Non je veux que... que tu sois là, que tu me dises de... de résister ; que tu me racontes comment on fait pour qu'une ville ou un comté... gagne de l'argent. Je veux que tu me dises de résister. Je veux dire du mal des autres avec toi. Je veux que tu trouves les mots qu'il faut pour "Tata Hersende"... quand... quand je ne les aie pas moi même. Je veux que tu ries avec moi de nos réussites. Je... j'aurai voulu que me tu voies devenir diaconesse... Je n'aurai jamais voulu trouver mon enfant en train de parler à ton corps sans âme. Je ne voulais pas que tu meurs.
J'aurai voulu t'aider comme tu m'as aidé, comme tu nous as tous aidés. J'aurai aimé que tu souris à ta dernière heure mais je... je devine que tu étais triste. Triste d'avoir pour la première fois abandonné une charge, triste qu'on ait pas compris le signal de ton départ du conseil. Triste d'avoir perdu une soeur et d'avoir une amie absente.
Tu devais regretter l'époque où Viviane était là... cette époque où à vous deux vous étiez intouchables, immortels... Mais elle aussi est parti, et à présent c'est toi. Je reste mais je n'ai jamais eu.... eu votre talent.

Il n'y a... il n'y a plus ni gaYté, ni gaieté en Provence. Ce n'est pas plus mal que tu ne voies pas ce qui se passe ici.


Elle avait envie de frapper le cercueil mais elle ne le pouvait pas

Je... je suis désolée... j'espère que tu me pardonneras. Je vais me rattraper. Je t'aime.

A bientôt Yu... J'arrive, je te le promets.


Elle pleurait bien entendu, elle n'avait pas réussi à contenir les larmes. Elle venait aussi de se plier à une évidence. Toute sa colère venait de s'envoler. Elle s'approcha une dernière fois du cercueil et déposa une lettre qu'elle avait promis à une amie de laisser à leur ami.

Citation:
En souvenir de Yueel


La vie est comme un voyage sur les chemins.

Nous partons sur le chemin et lorsque nous arrivons dans un nouveau village, on peut y faire de belles rencontres mais de mauvaises aussi quelquefois.

Au départ, nous sommes seuls, si nous avons une famille, nous sommes choyés d'en faire partie mais ce n'est pas toujours le cas. Soit qu'elle est inexistante ou que nous n'avons pas conscience de notre chance.

À chaque arrêt, nous rencontrons de nouvelles personnes. De ces gens, il y en a que nous sommes heureux de rencontrer et nous décidons avec bonheur de faire un bout de chemin avec eux, ravis de les avoir à nos côtés.

Lorsqu'ils nous quittent, nous en ressentons un peine immense. La séparation est douloureuse même si ceux-ci nous laissent de bons souvenirs. La tristesse de les voir nous quitter est quelquefois difficilement supportable.

Il y en a d'autres que l'ont aurait préféré ne jamais connaître et nous en ressentons du contentement de les voir partir loin de nous en espérant ne plus jamais les revoir.

Un jour, tous nous arrivons à destination et nous laissons nos compagnons continuer leur voyage sans nous.

Yueel, te voilà maintenant arrivé à destination. Ton départ me laisse un goût amer car je comprends difficilement le pourquoi de ce dénouement mais la vie, comme le voyage a une fin. Elle est ce qu'elle est et nul ne peut y échapper de toute manière mais c'est avec peine que je te vois partir.

Sache que j'ai apprécié que tu fasses partie de mon voyage car tu en as fait une grande différence dans ma vie. Le cœur grand, tu m'as enseigné beaucoup des choses que j'ignorais, tu m'as soutenu quand j'ai eu de la difficulté à comprendre le monde et les gens. Tu mas aider quand j'avais besoin de support, tu m'as conseillé quand je me posais des questions sans jamais perdre patience. Tu as contribué à augmenter et enrichir mon bagage, tant au niveau connaissances que humain. J'ai été choyé de te connaître.

Un grand Merci d'avoir fait partie de mon voyage. Tu resteras toujours vivant dans ma mémoire.

Trouble...


Elle quitta sa place et s'avança dans l'allée de l'église ; non pas en direction de sa place mais à celle de Prunille. Debout là devant la soeur du défunt, Constance se pencha et la prit dans ses bras, la serrant fort contre son coeur.

Je t'aime aussi Prunille. Je serai là maintenant. Je ne t'abandonnerai plus jusqu'au jour de ma mort.
_________________
Prunille.
Soyons honnêtes, la fière Comtesse de Provence (oui oui, celle qui s'enorgueillissait d'avoir roulé tout le monde dans la farine) n'était plus à l'heure actuelle qu'un lointain souvenir. Pendant tout le discours de Mila, elle avait fixé sur elle des yeux de souriceau congestionné, essuyant son nez avec son mouchoir et buvant chacun de ses mots, presque par une sorte de sadisme... Plus elle en entendait, plus cela lui faisait du mal, et pourtant elle voulait en entendre encore, et plus elle regrettait de n'avoir su piétiner sa fierté pour aller se réconcilier avec Yueel.

Mais coup de théâtre. A la fin de l'oraison de Constance, ce n'est pas vers sa place qu'elle retourne, mais bien vers Prunille, d'abord interloquée. Eh quoi ? Elle allait lui en coller une, en pleine messe ? Ça ne l'aurait même pas étonnée... Le contraire, par contre, la laissa en proie à une nanoseconde d'étonnement. Et pourtant, elle ne réfléchit même pas, et la serra dans ses bras. Lui murmura réponse au creux de l'oreille...


Je t'aime aussi.

Et, se décalant sur la gauche, elle lui fit une place à côté d'elle, ainsi elles pourraient se soutenir mutuellement.
_________________
Milady
Un peu ennuyée du coup la Constance... Elle ne pouvait décemment pas refuser l'invitation de Prunille à s'asseoir près d'elle d'une part parce qu'elle était sa vassale, et d'une autre parce qu'elle venait de faire un pas vers la réconciliation. Il serait malvenu à présent de reculer.
D'un autre côté il y avait Sa Majesté, qui s'était assise près d'elle et qui depuis le début la soutenait par sa présence, ses mots mais aussi ses regards.

Elle se redressa donc un peu et tourna son visage vers celui d'Hersende qu'elle gratifia d'un sourire gêné, espérant que cette dernière comprendrait que Mila ne pouvait faire autrement. Elle s'assit ensuite à côté de la soeur du défunt. Être près d'elle après tant de semaines à se déchirer lui serrait le coeur. Elle se sentait soulagée d'un poids.

_________________
Hersende
Hersende surprit le regard de Cosntance et lui fit un sourire encourageant.

Elle savait combien la Chancelière souffrait des tensions entre elle et la soeur de Yueel et se réjouit de la voir se réconcilier cette dernière, qui paraissait bien penaude d'ailleurs. Elle soupira... il y avait peut-être encore pour celle-ci quelque lueur d'espoir...

L'aura de saint Yueel qui agissait? Elle se morigéna... C'était une pensée blasphématoire! Il faudrait qu'elle s'en confesse... Mais elle le sentait tellement présent en ce moment...

_________________
Hersende de Brotel, Marquise des Alpes Occidentales
Drak
Nicolae avait peu connu son prédécesseur. Cet enterrement était un peu comme n'importe quel enterrement pour lui et il avait du mal à être ému, enfin plus ému que d'habitude... Il était fréquent que les gens tirent une tête ... d'enterrement à ce genre de cérémonie. Il était aussi fréquent d'avoir d'avoir des torrents de larmes. Evidemment, deux comtesses et une marquise, cela ne se voyait pas tous les jours.

Il prit la parole.

Votre grandeur illustre, d'autres membres de votre famille prendront la parole aujourd'hui: je suis leur interprète. Voici donc un témoignage double, puisqu'il s'agit de votre cousin Adriano, qui m'a écrit pour me transmettre une lettre de feu Réthy de Cianfarano, qu'il avait écrite peu avant sa mort. Je vous en donne la lecture:

Citation:
Mon Yueel , mon enfant
Il est temps à présent
De te remercier
Pour les mois de tendresses
Les semaines de caresses
Les jours de confidences

Les cicatrices du temps
S'éloignent au grand matin
Et on rend à la tombe
Les mystères du chagrin
Les éclats du passé
Ne sont que déchirures.

Moi, je me vois en toi
Dans tous tes détours
Et dans tous tes gestes

Dans la main qui se tord
Au creux de nos remords
Au vice de nos faiblesses

Et à chaque regard
Au détour du hasard
Lors des rencontres
De nos humeurs du soir
Sache que mes soucis
S'envolent dans la nuit.

Mon Yueel, mon Petit
Mon trésor, mon insolence
Tu es le sel de ma vie
Notre Grandeur est dans nos insomnies.

Mon Yueel, Mon enfant
Il est temps à présent
De te féliciter
Pour tes rires qui me touchent
Pour tes dires farouches
Pour ta franchise pure

Je te souhaite l'Envol,
La Création qui fuse
L'Amour et la Passion
Qui jamais ne rusent
L'équilibre du Nous
La Volupté des Fous.

Avec Amour,
Rethy


Le célébrant fit une pause, puis il invita le dernier témoin à s'avancer.

Votre Majesté, vous avez aussi émis le voeu de prendre la parole. Je vous la donne bien volontiers.
Hersende
Hersende s'avança à son tour à l'appel de Frère Drak. Elle prit place devant le lutrin qu'elle saisit des deux mains. Elle n'avait rien préparé... elle laisserait les mots venir.

Je voudrais rendre hommage aujourd'hui à un homme de foi et de conviction. Yueel était clerc, mais aussi un économiste brillant, un législateur, un organisateur... et dans tous les domaines où il est intervenu, il a diffusé ses connaissances, avec patience et pédagogie quand on l'écoutait, avec force et même parfois violence, Hersende sourit au souvenir de débats houleux et de diatribes enflammées, quand on le contrait ou que l'on ne voulait pas comprendre... Intransigeant, il ne supportait pas les approximations, ce qui lui a valu l'inimitié de beaucoup qui ont cru voir dans ses propos du mépris là où il n'y avait que quête de la perfection et rigueur extrême dans les exigences, même vis à vis de lui-même...

Oui Yueel avait été dur et cassant, beaucoup trop... Longtemps cela avait choqué Hersende, mais elle avait fini par comprendre que cette violence s'adressait indifféremment à tous, même à lui-même.

Je veux aussi rendre hommage à un homme rayonnant, controversé et souvent mal compris, maladroit sans doute, mais sensible, chaleureux, extrêmement généreux pour qui savait voir au-delà des apparences. Il a tout donné pour ce en quoi il croyait, s'est épuisé dans les luttes quotidiennes qu'il menait, et a fini par consumer et se perdre au service de la Provence...

Elle avala difficilement : la malédiction attachée à ceux qui servaient ce Comté avait frappé une fois encore. Elle ne pouvait plus faire le compte de ceux qui avaient ainsi disparu, étaient devenu fous ou avaient fini par renier leurs convictions... La liste était trop longue...

Aujourd'hui, nous disons au revoir à un grand serviteur de l'Etat, et pour certains d'entre nous, à un ami... exigeant et impossible... mais à un ami véritable.

Hersende avait réussi à maintenir un ton ferme pendant tout son discours, mais sur ces derniers mots, sa voix se brisa. Elle regagna rapidement sa place avant que les larmes ne coulent.

_________________
Hersende de Brotel, Marquise des Alpes Occidentales
Pillon
En ce 15 septembre 1459, la Blonde se rendit à l'église. Vraiment pas de gaité de coeur... Mais il le fallait. Après tout, il s'agissait de son cousin.
Elle était en retard, comme à son habitude. Elle entra, et se mit dans l'ombre.
Elle était venue seule. Son fiancé étant resté sur Aix, bien au chaud, à la maison. Mais elle ferait vite. Dès que la cérémonie serait finie, elle le retrouverait. Et elle pourrait le serrer dans ses bras. Son Amour. Et elle pourrait penser mariage. Ouiiii, elle voulait son mariage.

... penser mariage en plein enterrement... c'était bien elle, ça.

Oui, elle avait bien reçu l'invitation de Drak.
Oui, il lui avait demandé si elle souhaitait prendre la parole.
Et non, elle n'avait pas daigné répondre. Il ne lui avait rien fait, pourtant... mais ça ne l'intéressait pas.
Et non, elle ne souhaitait absolument pas prendre la parole.

Pour dire quoi ? Rien. Mis à part des méchancetés. Sans doute. Quoi d'autre ?

Non non, mieux valait qu'elle ne dise rien. Ecouter les autres.

Elle avait passé de bons moments avec lui, son cousin. Mais ses rapports s'étaient fortement dégradés. Plus le temps était passé, plus elle l'avait détesté. Non, elle n'aurait plus su dire un mot de gentillesse à son égard.

Elle restait dans le fond de l'église. Ecouter. Ne rien dire.

_________________
...
Drak
Après le dernier témoignage, le célébrant se recueillit un instant, puis prit la parole.

Chacun de nous ici présent a perdu en Yueel, un compagnon, un ami, un conseiller, un soutien dans les mauvais jours, un Frère.
Notre foi nous éclaire qu'un jour nous le reverrons dans la gloire du paradis.

Souhaitons-lui bon voyage, et accompagnons-le jusqu'à sa dernière demeure; accompagnons son corps qu'il vient de quitter.


Il fit signe aux porteurs de s'avancer et toute l'assemblée, célébrant en tête, quitta l'église par la porte du paradis, en suivant le cercueil.
Drak
La longue procession arriva au cimétière. Le cercueil fut posé à côté d'une fosse fraîchement creusée.

Le Père Nicolae s'avança :


Nous allons maintenant confier à la terre le corps de notre frère Yueel dans ce lieu où reposent déjà tant de ses concitoyens. Le moment est venu de lui dire "à Dieu".
C'est un moment de tristesse, mais il faut que l'espérance reste forte en nous. car nous espérons le revoir quand ke Très-Haut nous réunira, dans la joie de son Paradis.
Recueillons-nous en pensant à tout ce que nous avons vécu avec Yueel, à ce qu'il est pour nous, à ce qu'il est pour Dieu.

Toi, le Très-Haut dont la miséricorde est grande, Tu as rappelé auprès de Toi Yueel, accueille-le dans Ton royaume d’éternité.
Tous: AMEN
Apporte réconfort et tendresse à ceux qui, sur la Terre, pleurent sa disparition avant de le retrouver au firmament de Ton palais.
Tous: AMEN
Sur cette assemblée réunie pour témoigner son affection et dire un ultime au revoir terrestre, apporte la compassion et la force de vivre selon les vertueux préceptes que Tu nous as donnés.
Tous: AMEN
Ô Très-Haut, avec Christos et Aristote, bénissez Yueel notre ami.
Tous: AMEN


Après cette prière, les fossoyeurs descendirent en silence le cercueil dans la fosse.

Ensuite l'officiant aspergea le cercueil d'eau bénite et dit :

Cette eau, souvenir de ton baptême, nous rappelle que Dieu a fait de toi son enfant.
Qu'il te reçoive aujourd'hui dans sa Paix !


(tous) AMEN.

Puis il fit un pas de côté et laissa l'assemblée se recueillir une dernière fois devant la tombe et y jeter qui une poignée de terre, qui une rose en signe d'amitié.

Après la cérémonie, il présenta ses condoléances aux proches et retourna à l'église, pour enlever ses ornements, verser le produit de la collecte dans le tronc des pauvres et inviter le sacristain à ranger l'église.
See the RP information <<   <   1, 2, 3, ..., 21, 22, 23   >   >>
Copyright © JDWorks, Corbeaunoir & Elissa Ka | Update notes | Support us | 2008 - 2024
Special thanks to our amazing translators : Dunpeal (EN, PT), Eriti (IT), Azureus (FI)