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[RP] Pèlerinage - Chacun pour soi et Dieu pour tous!

Childeric_et_childebert

Childebert hurla quand l'adolescente l'attint à la jambe. Il en lâcha sa dague et la gamine rousse. Se moquant pas mal de la façon dont elle allait se réceptionner sur le sol, il serra sa jambe entre ses deux mains et beugla:

- Saleté! Tu vas me le payer gamine!

Il voulut se ruer sur elle, mais sa jambe le trahit.

- Eric on se tire, j'ai mal! Elles vont ameuter la maréchaussée à gueuler comme ça!

Childéric commençait à perdre de l'assurance. C'est fou ce qu'une femme peut avoir comme ressource quand elle est désespérée. L'adolescente était bien capable de mettre ses menaces à exécution. Pour la première fois de leur vie, les jumeaux avaient échoué dans leur larcin. Lâchant Antoynette, il n'hésita qu'une seconde avant d'aller soutenir son frère et l'aider à s'enfuir. Leur trop grande confiance en eux avait été leur perte, alors que l'amitié entre les deux femmes faisait leur force.

Loin d'en tirer une leçon, Childéric se retourna une dernière fois:


- Tu nous le paieras Jeanne. C'est pas en changeant de nom qu'on te reconnaîtra pas. On aura ta peau, un jour!

Sa voix se faisait de plus en plus faible à mesure qu'il disparaissait au fond de la ruelle. Ils avaient échoué, mais ce n'était pas encore aujourd'hui que la milice allait leur mettre le grappin dessus.
Antoynette
Tout c'était passé si vite qu'Antoynette mit un moment à retrouver ses esprits. Elle se précipita sur Olympe qui avait méchamment chuté, mais qui semblait aller bien. Elle hurlait, mais ne saignait pas. Elle en serait quitte pour une grosse bosse à l'arrière du crâne. Elle s'agenouilla et la prit dans ses bras, pour la câliner de sa main valide. Puis elle leva les yeux et regarda Sibylle, encore incrédule sur l'évènement qui venait de se passer. Elle venait d'être sauvée par une adolescente de treize ans et n'en menait pas large.

Merci Sibylle… Merci mille fois.

Son cœur battait encore à tout rompre. Sa main ensanglantée la faisait atrocement souffrir. La douleur la lançait dans tout le bras. Les deux femmes devaient trouver un médecin au plus vite, mais pour l'heure, Antoynette n'en avait cure. Elles étaient sauves, et c'était tout ce qui comptait.
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Sibylle.
OUAIS C'EST CA, DÉGAGEZ BRUTES PUANTES!!! LÂCHES!!! VERMISSEAUX!!!

Savourant sa victoire, elle jubilait, elle avait eu chaud, si elle avait du les tuer, elle n'en aurait certainement pas été capable. Elle se précipita sur Antoynette, rengainant sa lame. Déchirant un bout de sa manche avec ses dents et prenant sa main sanguinolente, la pansant.

Hé bien, tu ne t'es pas loupée. qu'est-ce qui t'a pris de t'emparer de sa lame comme ça? Et puis c'est quoi ce nom Jeanne?? Ils sont niais ou quoi?? Antoynette te va bien mieux!

Elle éclata nerveusement de rire, ne pouvant s'arrêter tant la tension avait été importante. Elle attrapa Olympe et la fit grimper sur ses épaules, regardant son amie.

Allez, venez, on rentre à l'auberge, faut pas traîner par là, je veux pas qu'on ait d'autres soucis. J'ai des herbes, on te soignera.

Un regard en coin à la ruelle, elle embarqua les deux demoiselles, se disant qu'il lui faudrait se confesser sous peu. Encore... et raconter tout cela à Juste, surtout!

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SAINTE ILLINDA FOR EVER
Antoynette
Encore sous le choc, Antoynette n'intégra pas toutes les questions. Elle avait si mal qu'elle ne parvint pas à retenir Olympe quand Sibylle la lui enleva des bras pour la porter elle-même. Son premier réflexe fut de dire non, mais elle savait que la jeune fille avait raison et la lui laissa, un peu contrariée quand même de ne pouvoir s'en occuper toute seule.

Ce qui la préoccupait, c'était sa main. Elle ne sentait plus ses doigts et n'arrivait plus à les plier.


La lame... j'avais pas d'autre prise. J'avais peur qu'il égorge Olympe... Et moi... Je ne voyais que la lame et j'ai pas cherché d'autre idée.

Elle haletait, encore sous le choc. Le reste, elle lui expliquerait plus tard. De toute façon, Sibylle ne renoncerait pas à ses questions.

J'ai mal, Sibylle. J'ai besoin d'un médecin.

La jeune femme regarda la jeune fille panser sa main et serra bien fort pour arrêter l'hémorragie. Puis elle se leva doucement pour éviter de tomber dans les pommes. Déjà pâle de trouille, elle avait du mal à tenir sur ses jambes.
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Olympe

Encore sous le choc aussi, Olympe s'était un peu calmée dans les bras de sa mère. Elle recommença un peu à gémir quand soeur Sibylle la prit dans ses bras. Mais elle cessa quand la jeune fille la posa sur ses épaules. Oh voyait bien mieux de ce point de vue que depuis le dos de maman, dis donc.

Elle ouvrit de grand yeux en regardant sa mère qui ne souriait pas. La petite rousse s'était déjà écorché les genoux en tombant. Rien de méchant, mais dans sa tête de bébé, elle avait intégré que saigner, ça faisait mal. Elle s'inquiéta à sa façon:


Bobo, mama?

Elle tira sur les cheveux de Sibylle pour essayer de mieux voir.
Ellya
A mille lieux d'imaginer ce qui se tramait non loin.


La boîte dans les mains, le visage d'Ellya passa de la tristesse à la surprise. Avant de voir le Livre, évidemment qu'elle avait pensé à l'acquérir. Pour compenser l'autre? Pour justifier le temps qu'elle mettrait à revenir auprès de ses pèlerins? Une raison valable, elle en aurait trouvé une. Toutefois, maintenant qu'elle l'avait vu, maintenant qu'elle l'avait estimé à sa juste valeur, c'est-à-dire aucune tant il semblait précieux, l'idée de repartir avec lui était inconcevable. On ne fait pas trôner un objet dont on compte se séparer.

Ce n'est pas si difficile à comprendre, au fond. On ne parle pas de la même façon aux âmes et aux vivants. Ces derniers sont prompts au jugement car leur vision des choses est limitée. Je pense qu'au contraire, ceux qui ont rejoint l'Astre Solaire, savent. Comprennent. Ce qui ne parvenait pas à être avoué peut l'être.
Ainsi, s'il n'était pas mort, je n'aurais pas cherché sa sépulture. Je n'aurais pas songé à aller jusqu'en Alexandrie dans l'espoir de la trouver. Et je n'aurais jamais entendu parler de la Falaise.


Elle ajouta, dans un murmure qui frôlait l'enthousiasme, au sens premier du terme: Comme vous dites, tous les oiseaux doivent sauter dans le vide.

Quant aux rêves, et bien, il y en a de deux sortes. Ceux que l'on fait endormi.


La Cistercienne était abonnée aux mauvais, ceux qui vous réveillent en sueur et qui laissent une chape de plomb sur vos épaules. La culpabilité la rongeait quand elle n'y prenait pas garde. Heureusement, ses nuits se comptaient en peu d'heures.

Et il y a ceux que l'on a, éveillé. D'aucuns rêvent de réussite et se corrompent. D'autres rêvent d'amour et viennent nous voir, quelques mois plus tard, pour une annulation de mariage. D'autres encore rêvent de liberté sans comprendre qu'elle n'existe pas.

Elle posa la boîte joliment ouvragée sur une table, à côté.

Je pense que les rêves n'alimentent rien de bon, si ce n'est l'espoir.

Elle sourit de nouveau, s'amusant presque de sa propre amertume. Rien d'étonnant à ce qu'on la trouve froide, souvent.

Cela étant dit, je ne peux repartir avec votre ouvrage. J'aurais l'impression de commettre un sacrilège.
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Maximin
[Horizons lointains]

Ainsi donc elle avait cherché la sépulture du Cardinal ... c'était sans doute l'une des rares à l'avoir fait. Non, il n'y avait nulle statue, nulle épitaphe, nul texte ... un simple coffre de bois avec un squelette et deux médailles dans la crypte des cardinaux ... rien de plus.

Il est vrai que nos pairs sont si prompts voire même désireux de vous juger. Faites cent fois le bien à cent unités et une fois le mal à une unité, et c'est sur cette dernière action que l'on vous jugera. Voilà bien la raison pour laquelle je me suis quelque peu éloigné du Monde des Hommes. Oh certes, l'on pourrait me reprocher de ne pas participer à la "vie de la cité" ou de me prendre pour l'ermite des Dialogues d'Aristote ... j'applique cette maxime de Christos : « Si l’on refuse de vous accueillir et d’écouter vos paroles, sortez de cette maison ou de cette ville en secouant la poussière de vos pieds ».

Je gage que ceux qui sont rejoignent et restent près de Dieu profitent d'une partie de Son omniscience, je vous rejoins en ce point.
Mais ... certaines choses s'expliquent et d'autres non, et bien des aspects de l'existence dépassent alors la simple comprehension des mortels que nous sommes.

Vous savez, à part une boîte en bois contenant quelques os et deux médailles : la croix argenté d'Aristote et la médaille rubis et or des cardinaux ... il n'y a absolument rien d'autre. Le corps fut rendu à l'état de squelette, les dignitaires romains ne se sont même pas donné la peine de vérifier si il s'agissait réellement du cardinal, trop occupés à démonter chaque phrase du Testament d'Aristote afin d'en prouver la fausseté, à créer puis s'octroyer des titres de noblesse ou encore à tergiverser sur le fait que seuls les prêtres - et donc ordonnés - peuvent occuper une chaire épiscopale alors que les cathèdres résonnent d'un vide effrayant ... bref, à s'égarer en ayant perdu de vue les fondamentaux ... à force de regarder trop au loin, l'on ne perçoit meme plus ce que l'on a tout près de soi ...

... pourtant, je puis vous assurer que le Testament d'Aristote, pour l'avoir vu et touché, dégage une réelle aura de puissance. Ce n'est pas un morceau de vélin tout à fait anodin.

L'homme ne s'emportait nullement dans ses propos, son ton ne trahissait aucune forme de jugement, se voulant simplement factuel. Il restait néanmoins triste de voir comment les choses avient évolué, au fil des années.

Au risque de vous navrer, vous ne trouverez aucune trace à Alexandrie. Par contre ...

il fronça les sourcils, réfléchissant à la topologie des lieux.

... il n'y a pas de Falaise près d'Alexandrie. Au delà, il n'y a que le desert, Presque infini.

Sans vouloir vous donner de faux espoirs ... avez-vous l'ultime certitude que l'homme soit réellement mort ? Les Voies du Très-Haut sont bien souvent Impénétrables ...


Dit-il, mystérieusement et à dessein.

Maximim semait ainsi les germes du doute dans l'esprit de la religieuse, sans aucunement s'en amuser, ni vouloir la torturer. Il voulait l'amener à regarder au-delà des apparences, à lire entre les lignes et à percevoir certaines choses en pleine conscience.

Il hocha la tête positivement quant à la description des rêves ... fataliste, mais ô combine réelle.


Il me semble que vous oubliez un certain type de rêve, ma Soeur ... tels ceux d'Aristote ou encore celui de Saint Benoît au Mont Cassin comme mentionné dans la leçon cinquième du Noviciat Cistercien ...

... comment un simple érudit pouvait-il savoir cela ? Mais, homme prudent et avisé, il ne l'aurait pas fait sans raison.

Quant à l'ouvrage ... pourquoi donc croyez-vous que vous commettriez un sacrilège ?
Il vous serait de toutes façons, bien plus utile qu'à moi ...
Ellya
Je... Mmh.

Elle secoua la tête. Il disait trop de choses. Il parlait trop. Il posait des questions imposables. Affirmait des vérités, ses vérités.

Elle aurait pu lui avouer que si le jugement des vivants lui déplaisait, ce n'était pas parce que ces derniers ne retenaient que le mauvais, mais bien parce qu'elle s'était mise dans de mauvais draps jusqu'au cou. Mais ça, elle ne comptait bien le confesser qu'à un mort, quoi qu'il advienne. Ou à personne.

Elle aurait pu lui rétorquer que la Falaise existait bel et bien, puisque tant de gens en parlaient. Que si ça n'était pas une Falaise, mais un puits, cela revenait au même. Elle aurait pu lui raconter toutes les histoires qui entouraient ce lieu, celles glanées auprès des gens de passage, des mois durant. Mais elle craignait trop qu'il lui affirme que non, ce n'étaient que légendes, et que sa seule chance de rédemption tombe à l'eau.

Elle aurait pu rajouter que ce n'était pas grave s'il ne restait rien d'Uriel en Alexandrie car puisqu'il y était mort, ce lieu demeurait le plus important de tous. Mais elle n'était pas certaine qu'il comprenne.

Elle aurait pu aussi l'interroger sur cette si bonne connaissance du sujet qu'il avait; l'aurait-il connu, son si bon frère? Et pourquoi remettait-il en cause une mort qui avait tout d'officielle? Mais l'idée même que le seul homme qu'elle ait jamais révéré, hormis Bardieu, ait pu mentir et demeurer en vie loin de ceux qui le pleuraient lui était inconcevable. Insupportable.

Du Livre ouvragé, elle n'aurait rien pu ajouter.

Parmi toutes ces possibilités, qu'elle éluda volontairement, elle ne choisit de répondre qu'à la question des rêves.


Les songes d'inspiration divine? Oui. Il est vrai. Si je les ai oubliés, c'est bien car ils ne se produisent jamais. Jamais assez.
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Maximin
Peut-être parlait-il trop, peut-être en avait-il trop dit ... ou pas assez.

Déstabilisée, elle l'était à coup sûr, il le percevait aisément. Lui qui avait, de tout temps, perçu l'âme humaine, ses bons et ses mauvais côtés.

Trop de choses, trop de souffrance, trop de questions.


Je pense que la tisane doit être prête ...

Il s'éclipsa un instant et revint avec deux gobelets de terre cuite remplis de cette tisane odorante et agréable.

Peut-être péchait-il par orgueil, ayant compris trop de choses, sa place n'était peut-être plus ici et il ferait mieux de partir, seul, rechercher une chimère ... qu'il trouverait sans doute.

Ou peut-être était-il simplement devenu fou ...
Ellya
Mercé.

Cela faisait bien longtemps qu'elle n'avait pas tenu une boisson non alcoolisée à la main. Enfin, à part l'eau bénite. Elle en but une gorgée, satisfaite du goût retrouvé des plantes et félicita même Maximin à ce propos.
Ensuite, elle se décida à réengager la conversation, mais en étant celle qui pose les questions. Elle n'avait jamais été à l'aise à la place de celui qui se confesse, en réalité, l'autre rôle seyant bien mieux à sa curiosité.


Que vous est-il arrivé? On ne peut pas jouir d'autant de choses simples Elle désigna la première pièce et, dans un angle, là où devait se trouver le jardin, quand on possède autant de richesses. Son regard embrassa alors la pièce aux merveilles. Vous vivez seul? Croyez-vous? Vous ajoutez trop souvent le mot "destin" à côté de celui du Créateur. Si encore vous vous trouviez en face d'un inconnu et que vous craigniez de le froisser, cela pourrait s'entendre. Mais je ne cache nullement ma foy.

Elle était sincèrement perplexe.
Elle finit par ajouter, un sourire en coin.


Et vous, Maximin d'Arcadie. Que pensez-vous des rêves?
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Maximin
Et pourtant ... parfois, il fallait se confesser, que l'on dise un secret, une pensée, un sentiment ou encore ses propres fautes. L'homme avait bien longtemps été celui qui écoutait, bien que parfois, aussi, il conseilla.

Il sirota également cette tisane, fort goûtue au demeurant, mais légère.

Ces instants de silence et de félicité firent leur effet, car - en toute logique - beaucoup de questions devaient avoir germé dans son esprit.

Maximin avait été honnête, jusqu'à présent, cohérent dans sa ligne de conduite, depuis toujours, bien que parfois, l'on put s'imaginer l'inverse tant ce qu'il disait relevait parfois de l'impossible.


Ce qu'il m'est arrivé ? C'est si ... compliqué.
Je vais vous expliquer cela, par étapes ...
il prit la peine de s'asseoir, car cela allait être long ... je tenterai de ne pas me perdre dans les détails mais vous serez libre de m'interroger. Ensuite, vous serez seule à décider si vous me croyez ou non, si il conviendra de me traiter de fou, d'hérétique, de séide de l'Ombre ou que sais-je encore ...

Sachez que j'ai connaissance de votre Foi et que je n'ai nul doute sur cette dernière.

En effet, je vis seul, certes je possède quelques amis et connaissances - je fus marié ... à une Duchesse, hélas décédée des suites de folie, engendrée par la mort de notre enfant né trop tôt.

La voix était tremblottante, un peu déformée... il coûtait énormément à l'homme de parler de cela ; ce sentiment de tristesse était palpable. Il était des choses dont on ne se remettait jamais.

Cela explique probablement que je sois à l'abri du besoin, bien que je n'ai jamais fait grand cas de la gloire, des titres et de l'argent.
Je crois en Dieu, indéniablement, en son omniscience, omnipotence et omniprésence. Aucun doute ne m'habite sur ce sujet ... mais pardonnez-moi : je ne crois pas - enfin plus - en ce qu'est devenue l'Eglise - quelle qu'elle soit : aristotélicienne, réformée ou encore française.

Quant aux "richesses" qui sont ici ... voyez-les comme des souvenirs, acquis, obtenus, au fil des mes rencontres et voyages, souvent simples, et parfois épiques. Reliquat et mémoire de ce que je fus, et pour rappeler au fantôme que je suis qu'il est encore bien vivant, fait de chair et de sang, pourvu d'un animus et d'une anima ...

Il prit une profonde inspiration.

J'ai fait plusieurs voyages, oui ... presque au bout du monde voire même à la croisée des mondes. Sans orgueil et en toute humilité, je suis même revenu de là d'où l'on ne devrait pas revenir.

Les rêves, la plupart sont des souhaits, des désirs, reflets de nos envies et de notre âme, consciente ou inconsciente - et quelques un échappent à cette règle. C'est l'un d'eux qui m'a conduit à Alexandrie ... où tout commence et tout finit. De nombreuses choses se sont terminées pour moi là-bas ... la maladie, la gloire, les charges et les titres ... une intervention irrémédiablement divine ... et a commencé alors une nouvelle vie : un autre corps, sans souvenirs, au début, ... un esprit vidé ...

Je pense que vous commencez à saisir l'impossibilité de la chose.

... je n'en suis pas revenu indemne, loin de là ... un terme approprié pourrait être "miraculé" mais le prix a payer fut très lourd, Soeur Ellya, à cet instant, bien que sur le principe, je ne m'en suis pas rendu compte ... car à ce moment-là je ne savais - plus - rien.

Sur certaines parties de mon esprit pèse encore un épais brouillard ; et si il s'est levé sur d'autres, il a fallu du temps ... surtout pour accepter tout cela alors que toute sa vie, l'on a cru à l'inverse ...

Maximin semblait sincère, il n'avait l'air de cacher quoi que ce soit, mais il choisissait ses mots. Tant de choses à dire, il y avait mais il ne pouvait pas l’assommer ainsi.

Un long moment passa, l'incrédulité, l'hébétude, les regards inquisiteurs, le fait qu'il fut fou, peut-être ...
Il avait connu cela plusieurs fois, au peu de gens à qui il avait parlé, certains l'avaient accepté, d'autres peut-être n'avaient - par charité peut-être - pas eu le coeur de briser davantage l'esprit d'un fou, certains ignoré, enfin, d'autres, l'avaient rejeté. Il était devenu réticent, avec le temps.

L'Eglise était moribonde, il estimait ne pas devoir donner un coup de pied dans la fourmilière en cassant les traditions et le dogme accepté par les humains depuis des centaines d'années.


Pour d'aucuns j'aurai "bien" agi en me taisant, pour d'autres "mal" agi en ne parlant pas, ou l'inverse. J'ai fait le choix que j'estimais le plus approprié pour la multitude.
Je reste néanmoins un humain, imparfait et avec ses faiblesses et potentiellement, je me suis trompé, pardon de cela.
Ellya
Si elle avait su, peut-être que pour une fois, elle se serait tu et aurait gardé ses questions bien précieusement.

Toujours debout, aussi droite que ses mâchoires, elles, étaient crispées, la Duranxie avait, à un moment donné du discours, posé son gobelet tant elle avait senti ses mains trembler. Elle les tenait maintenant croisées sur son giron après s'être éloignée d'un pas. Ses yeux ne quittaient Maximin, scrutant tout ce qu'il était possible de voir, de l'arête du nez à la profondeur du regard, du maintien des épaules à la taille du menton.
Elle cherchait un indice, une preuve de sa sincérité, qu'elle ne trouvait pas.
Qu'elle n'avait pas envie de trouver non plus, peut-être.

Le doute s'était insinué quand il avait commencé à parler de sa vie passée. Ses sourcils s'étaient aussitôt froncés, mais elle n'avait pas bronché, percevant le chagrin dans le ton de sa voix. Ellya ne s'émouvait plus autant que dans sa jeunesse: ce n'était donc pas par bonté d'âme, mais simplement parce que le flot de parole n'était pas censé s'interrompre sur l'instant.
Les propos sur l'Eglise avaient assombri son regard. En son esprit flottaient déjà mille théories qui s'entrechoquaient. Certaines n'avaient d'ailleurs rien de réaliste. Et aucune ne prêchait en faveur de l'érudit, soyons honnêtes.

Quand elle daigna reprendre la parole, c'était sans chaleur et en pesant ses mots. On ne déconne pas avec le Dogme, quoi!


Vous dîtes... Que votre âme... A rejoint ce corps? Qui n'était pas le sien?


Le dire désacralisa la chose. C'était tellement inconcevable que c'en était ridicule. Nerveusement, elle se mit à rire, songeant qu'elle en avait rencontré des timbrés, mais qu'il remportait la palme.
Pourtant, elle ne prit pas congé comme elle aurait dû le faire.
Son regard ne quémandait qu'une preuve de ce qu'il avançait.

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Maximin
[Ite Missa Est]*

Au fur et à mesure de son récit, qu'il ne pouvait faire plus court, il voyait l'attitude de la cistercienne changer, comme il s'y était attendu.

Maximin "s'amusait" de constater que les clercs pouvaient croire sans jamais avoir eu de preuve aux Archanges, à Oanylone, au récit de Sypous alors qu'ils étaient toutes griffes dehors lorsqu'on leur racontait quelque chose qui touchait au divin sans qu'il puissent le raccrocher au Livre des Vertus. De suivre les directives d'un homme que l'on disait "lieutenant de Dieu sur Terre", alors que ce n'était qu'in fine un politicien parmi tant d'autres, à donner des ordres parfois bien à l'encontre de la réelle Volonté Divine. Des sept Vertus qu'ils étaient censés cultiver au plus haut point, la plupart dégringolaient sur cette échelle de valeur au fil de l'histoire.

A la fin, elle l'écoutait à peine, peut-être juste par politesse. Quoi de plus normal ?
Lorsque quelqu'un, un inconnu, venu de nulle part, arrivait pour semer le trouble dans vos convictions, celles dont on vous avait bourré le crâne toute votre vie, cela ne faisait pas plaisir.

De preuve physique, elle ne pourrait trouver, il était "changé". Tout aurait été si simple, sinon ...

Il se rappela les paroles de l'Archange : "... tu seras toi sans être toi, tu sauras sans savoir, tu connaîtras sans avoir appris, mais tu auras renoncé à ce qui était toi et c'est une nouvelle vie qui débutera pour toi, jusqu'au jour où ... ".

Il allait répondre à sa question, mais avant, des choses devaient être dites.


Je pourrais vous parler de cette froide journée de fin janvier, de 1457, lorsque, jeune clerc lorrain, j'arrivai aux portes de Noirlac, que vous m'accueillîtes fort aimablement, que vous me donnâtes une cellule, et une couverture ... et que vous vous y endormîtes car à l'époque, déjà, je parlais trop ...

Je pourrais vous redire ma confession, sur la lettre que j'écrivis à la femme que j'aimais.

Je pourrais aussi vous raconter nos longues conversations, le soir. Mais aussi celles que nous avions avec Soeur Titca ou avec le Frère "Kro".

Il y a tant de choses que je pourrais vous remémorer. Mais là encore, je parle trop, je vais me taire.


Il inspira une fois encore, se demandant si elle allait partir en courant ou lui jeter le gobelet à la tête ... "mais vas-tu te taire enfin", ne pouvant réellement accepter cette si dérangeante vérité.
Pleinement conscient que le message qu'il lui donnait c'était que sa Foi était en partie inexacte ... quel choc. Mais après tout, elle en avait subi d'autres, Ellya n'était plus la jeune oblate qui cultivait l'angélisme au plus haut point.


Pour répondre à votre question, soit effectivement, mon âme est passée dans un autre corps ; soit Il - oui "Il", car qui d'autre - a remodelé mon ancien corps, me guérissant de la lèpre et effaçant les cicatrices glanées au fil des missions de la Garde Episcopale de Trèves ...

Je concluerai ce si long exposé en vous rappelant vos propres mots à mon égard et fort à propos, présentement : "Et Dieu sait combien il est dur d'avoir confiance en un être cher quand lui-même ne peut rien contre la destinée qui l'attend à bras ouverts...".


Il se tût, cette fois, abruptement, comme ... lorsque l'on se lance d'une falaise, celle du Sanctuaire Taurin, près de Tyr, par exemple, et que loin de mourir, on se retrouve quelques dizaines de mètres plus bas, les deux jambes cassés. Maximin n'en avait pas fait l'expérience, mais avait vu des amis le faire ...

Il baissa les yeux et souffla quelques mots, presque inaudibles ...


Pardonnez-moi d'être ce que je suis ...

Il se leva alors, prêt à la raccompagner si elle souhaitait partir et fuir.


* La messe est dite
Antoynette
[A l'auberge]

Antoynette et Sibylle ne connaissaient pas Marseille. Elles n'avaient donc pas trouvé de médecin. La jeune cistercienne avait ramené son amie à l'auberge où elle l'avait soignée elle même avec du baume pour cicatriser et un bandage pour arrêter l'hémorragie. La petite semblait douée. Elle aurait sans doute fait une excellente infirmière. La douleur lançait Antoynette dans tout le bras, mais elle ne dit rien. A quoi bon inquiéter l'adolescente? Elle verrait avec soeur Ellya s'il était possible de contacter une de ses connaissance afin de la soigner au mieux.

Avec tout ça, Paondora avait été abandonnée sur le marché avec les victuailles, sa bourse et les ânes. Elle soupira et annonça a Sibylle, la voix pleine de lassitude:


Va falloir aller la chercher. Il faut que je récupère mon argent si on veut pouvoir payer un toubib. Je sens qu'on va en entendre, ce soir.

Mais la blessée n'avait aucune envie de se retrouver dehors avec le risque de recroiser ces deux ordures de rouquins.
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Ellya
Les yeux écarquillés, elle avait cessé de rire sitôt qu'il lui avait rappelé ces souvenirs qu'elle avait d'Uriel. La couverture rose. Les discussions jusqu'à pas d'heure. L'éloignement. Et la fameuse Duchesse. Elle n'avait jamais jeté la lettre dans laquelle il lui annonçait sa mort. Avait bien senti son chagrin. N'avait jamais daigné le visiter en Lorraine.
Elle se l'était longtemps reprochée. A trop s'accabler sur ses propres malheurs, on oubliait si vite ceux des autres.

Il se tenait maintenant debout, lui laissant le choix.

Quelques années plus tôt, il est évident qu'elle serait partie, furieuse que l'on se joue d'elle, en quête de l'Inquisition. Toutes ces choses qu'il savait d'elle? Elle aurait pu argumenter qu'il avait dû les lire quelque part. Uriel conservait peut-être tout par écrit. Elle aurait trouvé une bonne raison.

Mais en effet, elle n'avait plus la candeur de sa jeunesse, ni même les convictions. Elle croyait en l'Eglise, en son principe et en son concept fondateur. Il en était tout autre pour ceux qui La composait. Quant à sa Foy, non seulement elle avait été mise à rude épreuve, mais volontairement, maintenant, elle cherchait à l'abîmer. A en trouver les limites, priant pour qu'il n'y en ait aucune.

Les miracles, elle en espérait un depuis longtemps. Pour elle, évidemment et égoïstement. Mais en voir face à elle suffisait à faire briller ses yeux. Pas de larme: elle ne pleurait plus depuis longtemps; plutôt d'une sorte d'admiration curieuse et transportée.
Du bout de l'index, elle lui toucha le front avant de le retirer, comme celui qui se brûle alors qu'il ne dégageait pas plus de chaleur que quiconque.


Surprenant...

Elle se mit à lui tourner autour comme l'on contemple une statue, assimilant ce qui venait d'être dit. Voyant avec elle-même si elle pouvait se laisser convaincre.

Ou vous êtes un menteur incroyablement ingénieux ou ...


Elle finit par se replacer face à lui, perplexe, les mains dans le dos.

Ou vous êtes un miraculé. Etes-vous lui? Entièrement lui?

Elle ne sentait pas l'onde familière qui nous étreint quand on est en compagnie d'êtres chers.

Ou n'est-ce qu'une question de souvenirs? De souvenirs sans émotion?

Tout en parlant, elle réfléchissait.
Pouvait-elle le croire? Sûrement.
En avait-elle envie? Rien n'était moins sûr. Si Uriel était vivant, cela changeait trop de choses. Influerait sur trop de décisions.


... Est-il mort malgré tout?
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