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[RP] Pèlerinage - Chacun pour soi et Dieu pour tous!

Maximin
Comme à chaque fois, l'on était réellement arrivé au "quitte ou double".

Dire qu'il n'avait pas d'appréhension aurait été faux, mais il s'attendait à tout, ayant vu tant de choses, trop diraient certains, pour un esprit humain.

Elle l'approcha, il la laissa faire. Peut-être comme Rozenn, elle lui pincerait la joue. Heureusement non, car il se rappelait encore la douleur du geste, car la petite y avait mis du coeur ... ou plutôt de la poigne.

L'inspection terminée, elle revint face à lui.


En vérité, que gagnerais-je à vous mentir ?

De fait, il n'espérait absolument rien d'elle ; elle n'avait rien de matériel qu'il pût convoiter ou désirer, quant à corrompre les esprits ou les âmes, il n'était pas tordu à ce point-là.

Comme je vous l'ai expliqué, je possède tous ces souvenirs, qui me sont revenus peu à peu car au début j'étais comme amnésique. J'ose espérer que ce sont les miens. Le corps, évidemment, est autre, exempt de toute navrure, marque, cicatrice ou blessure. Quant à l'âme ... que dire, qui serait capable de le savoir.
Si vous avez des pistes, je suis preneur.

J'ai du apprendre la réserve, Ellya, je n'allais pas vous prendre dans mes bras lorsque j'ai entendu votre voix sur le marché. Je n'allais pas - à ce moment - vous dire que je suis heureux de vous revoir ... pourtant, indubitablement, je le suis ; je souhaiterais vous serrer contre moi, comme un Frère ayant retrouvé une Soeur mais ... je ne veux pas non plus vous brusquer, vous froisser, vous blesser ou vous contraindre.

Comprenez la difficulté que je peux éprouver à communiquer sur cela. Je ne peux le faire à vrai dire, qu'avec des personnes avec qui j'ai vécu des moments très forts en émotion. Et encore, nombre restent sceptiques ...


Il restait toujours sur sa réserve, occultant la spontanéité.

Quant à la mort ... c'est très subjectif ... tout dépend de quel point de vue on se place. Il faut déjà savoir comment on caractérise la vie.

Je serais tenté de vous dire : non, je ne suis pas mort ...

Mais il n'était plus le même. Il avait gardé cette bonté, cette tolérance qui le caractérisait, cette conviction en l'Action Divine, mais il avait perdu la Foi en la plupart de l'humanité ...
Ellya
Cela faisait beaucoup à assimiler.
L'esprit de la Cistercienne avait toujours été curieusement ouvert à ce qui relevait du Divin, de l'inexplicable, mais là n'importe qui se serait senti basculer. Non pas sur le sol, mais dans les questions, trop nombreuses, presque sauvages. Elle les retenait, les poings serrés: certaines frôlaient l'insulte, d'autres la mièvrerie. Le plus insoutenable pour la Duranxie demeurait malgré tout que la plupart de ses interrogations était froide, dénuée d'émotions et d'un pragmatisme à faire frémir alors qu'elle aurait dû se réjouir.
Non?

Elle se pinça l'arête du nez entre deux doigts avant de relever la tête. Si c'était une nouvelle épreuve du Créateur, elle comptait bien la réussir haut la main...


Sortons.

Elle se dirigea vers la sortie avant de rajouter, comme excuse:

Il va me falloir plus qu'une infusion.

Elle avança suffisamment vite pour que la discussion ne reprenne pas, se laissant ainsi le temps de remettre de l'ordre dans ses idées. Il ne fut pas difficile de trouver une taverne et, sans chercher à savoir si le lieu était bien fréquenté ou non, elle s'y attabla avant de commander une de ces eaux-de-vie dont elle détestait le goût mais qui avait l'art d'arriver rapidement à sa fin: le brouillard.
On aurait pu trouver son comportement paradoxal: se brouiller les sens quand l'on cherche à réfléchir? Elle avait pourtant ses raisons.

Après deux gobelets vidés, elle reporta son attention sur le miraculé, lui posant la question qui revenait en boucle.


Pourquoi? Pourquoi me l'avoir dit? Et, je vous en prie, ne dîtes pas pour rien. Personne ne fait les choses pour rien.
Si vous aviez voulu me le dire par amitié, vous auriez trouvé le temps de m'écrire, non?
Alors quoi? Si c'est difficile pour vous de conter votre... expérience, si elle est vrai, pourquoi?

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Maximin
Tout étant en place pour contempler ces lignes, ces spirales, ces entrelacs qui tombent sans que l'on puisse rien y faire, il avait poussé le premier domino dans un "alea jacta est" comme il l'avait parfois fait dans le passé, à danser sur le fil de l'épée.

Maintenant, c'était à lui d'enfin se taire et à l'autre de parler, de laisser son questionnement venir.

A la demande de la cistercienne, il se leva et la suivit ... jusqu'à la taverne.
Curieux, lui aurait-elle demandé quelque chose de plus fort qu'il devait bien lui rester du vin de porto ...


D'une part, je vous l'ai dit parce que vous étiez là "physiquement", parce que vous avez recroisé ma route.
Comme je vous l'ai expliqué, certains événements se trouvent sur notre chemin, et nous ne pouvons passer à côté.
D'autre part, car je vous ai connu de ma manière très proche et j'ai confiance en vous.
Certes, vous avez changé ... moi aussi ... mais au fond de nos coeurs, certaines choses sont immuables ...

J'aurais pu vous écrire oui ... maintenant, sans vous reprocher ou vous juger ... vous auriez plus que probablement cru à une mauvaise plaisanterie et vous vous seriez demandé à quel illuminé vous aviez à faire. Déjà que de visu cela n'est guère aisé ... le courrier aurait tôt volé au feu ...
C'est le genre de choses que l'on ne peut dire qu'en face de la personne à qui on souhaite le dire.

Quant à la difficulté ... j'imagine que vous l'avez perçu. Je ne vous ai pas conté une histoire au coin du feu ou une légende, ce sont là des faits, tels que je les ai vécu et qui vont irrémédiablement à l'encontre de vos convictions profondes.


Et puis dans ce monde, il convenait de demeurer prudent. Toute vérité n'était pas toujours bonne à dire ou à entendre. Il aurait très bien pu finir dans les geôles d'une ville lointaine, où personne ne pourrait entendre son récit et où il serait "protégé", ne pouvant ainsi s'étendre à l'extérieur ...


(edit : correction pour faute)
Ellya
Alors si je n'avais pas mis les pieds ici, si vous ne vous étiez pas trouvé sur ce marché, jamais vous ...?

Les sourcils froncés, elle se faisait une raison de ce qu'il disait. En effet, un tel courrier, elle ne l'aurait jamais pris au sérieux. Et il ne se trompait bien: elle avait bien remarqué que l'exercice n'avait rien eu de facile pour lui.

Je vois. Je devrais sûrement remercier le Créateur, alors.

Loin d'être ironique, il était certain que la Duranxie prierait en ce sens.

Mais quel intérêt? Pour vous? Pour lui? Pour le Très-Haut?

Elle avait encore du mal à ne pas dissocier le Maximin de l'Uriel.

Simplement changer de corps? Pourquoi, par Aristote, garder les souvenirs? Pourquoi ne pas se libérer aussi du poids de ces maux là?
Quel est le but de tout cela?


Elle ne le quittait pas du regard, cherchant toujours l'onde familière qui échappait à ses inspections, se répétant sans cesse "Il est en vie, il est en vie, il est en vie..." et ne comprenant pas pourquoi elle demeurait si stoïque.
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Maximin
Ce qu'il y avait de "bien" avec ce genre de récit, c'était qu'il suscitait toujours une réaction différente. En cela, c'était une découverte permanente de la nature humaine, c'était aussi pour l'homme une magnifique opportunité de lui rappeler que l'orgueil et la vanité touchaient quiconque, y compris lui-même. Le texte de la "réception chez Polyphilos", tant lu lors des baptêmes, prenait tout son sens, et il constatait avec désarroi que de véritables amis, qu'il avait cru légion, ne se comptaient en vérité, que sur les doigts d'une voire deux mains.

Si l'on savait tout, ma Soeur, nous serions l'égal du Très-Haut.
Voici bien une question à laquelle je ne peux répondre, et à laquelle je cherche un sens ... je ne connais pas Son Ultime but à m'avoir renvoyé. Je n'ai que des pistes ...

Si vous le souhaitez, je vous raconterai ce rêve en détail mais en gros, l'essence en était que je devais partir au loin, régler mes affaires et déposer à mes côtés ces fardeaux qui étaient les miens ... gloire, fortune, charges et titres. Seulement à ce moment, je pourrais m'élever.
J'étais Duc, Baron, Seigneur, j'avais quantité de vassaux ; j'étais Cardinal avec possibilité d'agir sur l'ensemble de l'Eglise francophone ; ma voix était écoutée tant en Empire qu'en France ; un simple courrier m'ouvrait de nombreuses portes, celles des maisons impériales et royales, c'était un honneur de me recevoir ... mon nom était connu de beaucoup et j'avais en comparatif, bien peu d'ennemis pour une personne ayant atteint cette position ... je le dis sans orgueil.
Je devais revenir vers des choses simples, des fondamentaux et ainsi abandonner tout cela. C'était un test de ma Foi et de mes Convictions.

Je pense ... car cette partie de ma mémoire est embrumée ... je crois avoir rencontré l'Archange Raphaelle.

A mon sens, je devais reparcourir le monde, en sachant ces choses, mais sans avoir ce "trousseau de clé" qui m'ouvrait les portes ; je devais être objectif.
J'ai rencontré et discuté avec des Aristotéliciens, des Réformés, des membres de l'Eglise de France ... et je me suis rendu compte qu'aucun d'entre eux n'avait réellement tord ou raison, sur le principe de la croyance - je ne cautionne aucun mal fait à autrui, ni la haine de l'autre.


Il marqua une courte pause et soupira.

Si Dieu, par l'intermédiaire de Christos, a voulu une Eglise, je gage que ce qui en a été fait - au jour d'aujourd'hui et quelle que ce soit cette église - est loin de ce que souhaite le Très-Haut.

Je ne vous reproche rien, croyez-moi.

En vérité, Dieu n'attend de nous que nous l'Aimions et à travers cet Amour, que nous aimions aussi Sa Création, multiple et différente : c'est aussi simple que cela, que nous donnions le meilleur de nous-mêmes.
Mais que ce soit la guerre, la contrainte, la recherche du pouvoir et des honneurs, le fait de s'élever plus haut qu'un autre, la reconnaissance de ses pairs, la richesse, voilà tant de sentiers qui nous détournent du But Final ...

Nous oublions souvent qu'Il est notre seul juge et que nous ne pouvons nous arroger ce droit, car tout jugement reste subjectif, sauf le Sien. Une fois encore je parle en terme de Foi et de Conviction, mais en aucun cas, je n'admets ces guerres et ces condamnations ineptes - quelle que soit l'entité humaine qui la débute.


Une fois encore, il disait les choses sans s'agacer, et de manière neutre, parfois purement factuel.
Ellya
Elle buvait ses paroles, tiquait par moment.
Uriel avait toujours été, dans l'esprit alors encore jeune de la Duranxie, l'équivalent de l'homme sage. Il était souvent de bon conseil et arpentait avec une facilité déconcertante ce qui semblait être "le bon chemin". Sans même tous ses titres, Ellya ne doutait pas un instant que nombreux auraient été ceux ravis d'accueillir un tel homme. Tel qu'il était dans ses souvenirs, du moins.
Que le Créateur veuille tester sa foy lui semblait donc inconcevable: Uriel aurait-il jamais osé faire du mal, faire le mal? Même l'orgueil, l'avait-il jamais touché du doigt?

Maximin ne semblait pas moins sage, même s'il émettait de nouveau un avis critique envers l'Eglise. Un jour, des années de cela, la Cistercienne avait douté de Son bien-fondé. Il avait manqué de peu qu'elle ne bascule, mais, pour diverses raisons, elle avait fini par se rattacher à la pierre stable et rassurante qu'Elle composait. Il n'y avait plus de retour possible pour elle. Pas en terme de croyances.


Vous ne me reprochez rien.


Un sourire las se dessina sur ses lèvres. S'il savait...

L'Amour dont vous parlez, tout ce que vous dîtes, c'est tellement...

Elle hésita un instant. Il était difficile de trouver le bon terme, surtout pour quelqu'un qui n'aimait pas, n'aimait personne. Hormis le Créateur.

Illusoire. Mais vous avez raison: Il est notre seul juge.

Peu désireuse que son interlocuteur ressente sa lassitude, elle ajouta aussitôt.

Dîtes-moi encore, Maximin: êtes-vous aussi malheureux qu'il l'était?

A son grand désarroi, la dernière image qu'elle gardait de son frère Cistercien était bien celle d'un homme endeuillé, enveloppé de cette chape sombre et douloureuse.
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Maximin
Il l'observait et si il ne pouvait tout percevoir, il avait bien compris qu'elle était blasée, un peu comme lui, dans une autre mesure.
Avoir trop fait, trop vécu, pour les autres, peut-être trop attendu d'eux ... le sentiment d'inachevé ou le coup de poignard dans le dos lorsque l'humain se détournait sciemment de la voie si claire pourtant, qui était en face de lui, pour caresser l'Ombre voire même se dédier entièrement à elle.


Qui d'ailleurs, serais-je pour vous reprocher quoi que ce soit ?

L'Amour de Dieu est infini et éternel, il brille tel le soleil qui, même caché par les nuages ou la tempête, continue de briller même si on ne le voit pas. Celui de l'Homme est tel un feu, il peut être petit ou grand, voire de joie, mais toujours il peut s'éteindre ... parfois pour bien peu.


A sa question, il baissa la tête.

En termes personnels, je ressens toujours cette douleur indicible d'avoir perdu la femme qui illumina de bonheur les quelques années que je passai avec elle, ainsi que l'enfant né trop tôt que je n'ai pu connaître ...
Au delà de cela, j'ai pardonné à ceux qui se sont détournés de moi lorsque j'ai eu besoin d'eux et je ne souffre plus de voir l'humain aller à l'encontre de la volonté Divine et d'emprunter cette voie qui le mène à sa perdition.

J'ai eu l'orgueil un jour de penser que je pourrais sauver le monde ou retarder l'échéance, je n'avais de cesse de tenter de montrer l'exemple, de baptiser, d'enseigner, de pardonner, d'expliquer aux clercs qu'ils n'étaient pas des bergers, mais des architectes, des constructeurs et que si ils voulaient être suivis, qu'ils devaient eux-même percevoir le Sens du Divin et d'expliquer la route à suivre en posant les pavés ...
Lorsque je me suis rendu compte que j'avais échoué, alors ce rêve est venu à moi et j'ai compris que l'Humain est le seul Maître de la route qu'il suit. J'ai cependant pitié pour la plupart car à l'instar du soldat romain, ils servent un mauvais maître.

Aujourd'hui, je ne suis plus qu'un spectateur et non un acteur.

Vous savez, j'ai approché des clercs, qu'ils soient français ou romains, des réformés, pour leur dire qu'ils faisaient tous fausse route. J'ai reçu un accueil poli, je ne le nierai pas, mais j'ai bien compris qu'aucun ne souhaitait changer et ne voulait que continuer sur sa voie. Cela m'a alors conforté dans l'idée de revêtir ma cape d'anonymat et de n'être plus qu'un observateur discret ...


Facile, pas forcément ; lâche peut-être ; il avait tout donné pour l'humanité mais celle-ci lui avait rit au nez ...
Rome, qui aurait du être la première à l'écouter, l'ignorait superbement - soit, grand bien lui fasse.


... je suis bel et bien mort aux yeux du Monde, Ellya.
Même en ayant recouvré presque tous ces souvenirs, même en étant ce que l'on peut dire "miraculé", Uriel restera là où les gens pensent qu'il est, et je resterai Maximin, un simple quidam.
Ellya
Je ne sais pas si c'est mieux. Se débattre dans les sables mouvants à en perdre haleine, à en perdre espoir parfois, mais en luttant toujours... ou regarder passivement ceux qui y sont plongés jusqu'au cou?

Oui, elle trouvait cela lâche et son ton le signalait sciemment. Et pourtant, si elle avait pu échanger sa place avec l'érudit, elle l'aurait fait sans regarder en arrière.
Elle songea brièvement à tous ceux qu'elle aurait abandonnés sans aucune peine et sourit tristement: elle était bien cruelle. Ses pensées volèrent alors vers ses pèlerins, se demandant s'ils avaient fini en taverne, eux aussi, ou s'ils se reposaient en attendant le départ prochain, ignorant tout, pour l'heure, de la terrible mésaventure d'Antoynette et de sa pupille.
Et elle, elle se retrouvait là, en face du seul homme qu'elle ait jamais réellement admiré, sans qu'elle ne réussisse à le reconnaitre vraiment. Elle avait fait son deuil et refaire le chemin inverse semblait compliqué. Pourtant, n'avait-elle pas prévu de se confier à lui, aux vents du moins, là où il avait trépassé? Le voir assis, face à elle, différent mais...Bah, c'était un coup de pied au cul du Créateur pour lui dire de se lancer, non? De tout déballer? D'envoyer toute la sauce. Elle aussi, elle avait le droit à son alea iacta est, non?

Elle ouvrit la bouche, prête à...
Et puis mince. Il venait de le dire. Il n'était plus que spectateur. Il était peut-être là le message: on ne peut jamais se confier à personne. Jamais.
Elle se ravisa. Tapota sur la table. Il était peut-être simplement temps d'oublier Uriel et de faire connaissance avec Maximin? Son front se plissa. Tout était toujours si compliqué en matière de relations. Plus les années passaient et moins elle parvenait à s'exprimer, à laisser libre cours à la spontanéité.


... Et que fait de ses journées un observateur discret?

Elle soupira intérieurement, certaine que cette discussion, elle se la repasserait en boucle, des dizaines de fois, sans jamais se satisfaire de ce qu'elle aurait pu dire.
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Maximin
Il sourit sans plaisir ; il ne prenait nulle malice ou amusement à voir les autres se noyer.

Toujours est-il que c'est moins fatiguant, physiquement ou nerveusement ...
Cela dit, si il advient que l'un d'entre eux tend la main et appelle à l'aide, alors je lui porterai secours.


... à condition qu'il fasse des yeux tout ronds avec de grosses pupilles et presque la larme qui coule ; le blond eut un demi-scrupule à avoir eu cette pensée cynique.
Le Très-Haut avait-il de l'humour ? Parfois il se le demandait ... après tout pourquoi pas.

Quant à l'histoire d'Ellya, à ses allées-venues, en terre connue et inconnue, en état de grâce ou de péché, certes il l'aurait écoute mais ensuite ... lui dire ... "que voulez-vous que j'y fasse ?", ça ne l'aurait pas fait. De ce fait, elle ne lui en dit rien et ainsi, il n'aurait même pas à penser devoir être reconnaissant de ne pas l'avoir fait. Hum ... ça devenait un peu trop métaphysique là, on avait dit simplicité et fondamentaux, donc ... rebobiner.

En vérité, il n'attendait rien d'elle, si ce n'était que quelques échanges, et là pour le coup, il avait un peu retrouvé celle d'autre fois, mais toujours était-il qu'elle l'avait un peu tiré de son passage à vide - on pouvait appeler cela méditation contemplative -, dans lequel il replogerait sons doute lorsqu'elle partirait.

A sa question, il leva un sourcil, comme il le faisait auparavant, se passant par ailleurs une main dans les cheveux.


Et bien, ma foi ... il observe ! Trop facile ... ... il rit.

Chaque chose peut-être digne d'émerveillement. Nous nous posons souvent trop de questions alors que les choses sont si simples et si complexes à la fois. Avez-vous déjà pris le temps d'observer des abeilles ou des fourmis ?
Non pas quelques minutes, mais plusieurs journées d'affilée. L'on me dira que cela ne sert à rien et pourtant, sans elles, nous serions en vérité de bien pitoyables hères ...

Et donc désormais ... quel sera le but de votre voyage ... puisque je vous ai un peu cassé votre coup ?
Ellya
Certainement pas regarder des fourmis! Déjà, quand je leur propose de chanter, ils me fusillent du regard, alors si je les lance dans la contemplation des insectes, je serais fichue.

Sans s'étaler sur ceux qui composaient ce "leur" et ce "les", elle se permit un sourire. C'était déjà beaucoup après tant d'émotions confuses.


Le but du pèlerinage restera le même pour les autres. Je ne connais même pas toutes leurs motivations. Cela appartient à chacun, après tout.
Quant à moi, et bien... Il me reste toujours la Falaise! Ça n'en a que plus d'importance à présent, la vraie question étant plutôt celle du but du retour.


Enfin, là aussi, il y en avait un: Bardieu lui botterait les fesses si elle ne se ramenait pas fissa pour exécuter les basses besognes dans le germoir dont elle détestait la trop grande humidité.

Il doit y avoir tant de belles choses là-bas. Mais pour un contemplatif, j'imagine que vous trouvez votre compte ici.

Elle ne se départit pas de son sourire: il avait déjà eu assez de mal comme cela à apparaitre! C'était presque plaisant. C'était presque comme avant. C'est pourquoi elle hésita un instant avant de rajouter, à reculons:

... Est-ce un Adieu, ce que nous faisons là?

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Maximin
A ses remarques sur les fourmis, il rit, oubliant un peu le pitoyable monde qui les entourait.

Mais ... de quelle falaise me parlez-vous ?

La seule que je connaisse est en réalité un pic rocheux, mais il est bien loin d'Alexandrie, non loin de Tyr, en vérité. C'est là que nous avons planté le bâton muni de la lentille pour trouver la grotte qui abritait l'abaque de Séleucos.

Méfiez-vous, l'on peut en tomber aisément, mais à part des jambes cassées, je ne connais personne qui en soit mort.

Sinon ... oui ... regarder le soleil se coucher sur le désert ou sur la mer calme comme l'huile ...


Ses yeux se perdirent dans l'immensité du monde utopique de l'irréel, où tant de choses étaient possibles ... des souvenirs fugaces lui revinrent en mémoire, des instants qu'il avait vécu, puis oublié et enfin qui lui étaient revenus, un jour ... il se posait encore parfois la question de savoir si ces souvenirs lui appartenaient vraiment ou si ils étaient ceux d'un autre ... cela, il ne le saurait sans doute jamais.

La question posée le sortit de sa contemplation intérieure : ... Est-ce un Adieu, ce que nous faisons là ?


Nul ne sait de quoi sera composé demain, ma Soeur.
Chaque jour peut être le dernier ... il faut alors vivre celui-ci en profitant du jour présent : carpe diem.

Peut-être nous reverrons-nous, peut-être jamais ... Dieu seul sait quels seront nos chemins.

Je gage néanmoins que nos pas fouleront à nouveau le même sentier, la même route peut-être ?


Il lui prit les mains, comme il l'aurait fait avant.

Je suis heureux de vous avoir revu et retrouvé, Ellya. Donnez-moi de nos nouvelles.

Faites ce que vous voulez de ce que vous avez découvert ici, il n'y a plus matière à ce que ce soit un secret.
Ellya
La Cistercienne écarquilla les yeux quand il prit ses mains. Elle voyait bien que le geste était purement amical, fraternel peut-être même.
Quelques années plus tôt, ses joues se seraient empourprées, gênée qu'elle aurait été d'un tel contact: sa pudeur d'alors était sans pareille.
Maintenant, lorsqu'on la touchait, le sang quittait son visage. Les contacts qui se voulaient chaleureux, elle les ressentait comme des brûlures quand ils ne provoquaient pas plutôt des nausées.
Par habitude, elle retira ses mains. Trop vite. Toutefois, au lieu de grommeler une vague excuse, elle se fendit d'une courte explication.


Je ne peux plus.

Elle enchaîna aussitôt sur les propos précédents.


Oui, ce doit être la Falaise dont j'ai tant entendue parler! Personne n'y meurt alors que la hauteur devrait le faire. N'est-ce pas Divin? Certains racontent qu'ils ont cru mourir mais se sont réveillés aussitôt. Je ne compte pas m'en méfier, Maximin. Je compte bien en tomber. Je suis lasse d'attendre un jugement qui ne viendra peut-être que dans de nombreuses années. Mais passons.

Elle balaya l'air de la main.

J'aurais aimé entendre toutes vos aventures. Imaginer ce que vous avez vu. Si seulement j'avais plus de temps...

Son regard se posa sur l'étroite ouverture de la taverne qui laissait filtrer la lumière. La journée passait plus vite qu'elle ne le réalisait.

Quoi qu'il en soit, je crois que cela me ravirait d'être, l'espace d'un instant, sur un chemin en votre compagnie. C'était inespéré. Je serais folle de passer à côté de quelque chose que j'ai cru perdre. Alors si je reviens, revoyons-nous.


It's a date, quoi.

Je vous écrirai. Ou, à tout le moins, aurai une pensée pour vous quand le Soleil s'endormira sur le sable.
Quant à votre... secret? Il ne m'appartient pas de le révéler. Ce n'est pas mon fardeau.

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Maximin
Si il avait perçu le changement en son ancienne Soeur dans la Foi, il ne s'était pas imaginé qu'elle fut si profondément atteinte. Il en fallait beaucoup pour changer une personne de la sorte.
Ses mains quittèrent rapidement les siennes, plus jamais il ne s'amuserait en taquinerie de sa pudeur exacerbée.


Je vous prie de me pardonner.
Quelles épreuves avez-vous du traverser, pour qu'elles vous mènent là.

Ce n'était pas une question mais un simple constat. Irrémédiablement, il était triste pour elle, mais ne laissa pas le silence s'installer.
Ainsi elle voulait se jeter du haut de la falaise ... soit. Chacun faisait ses choix.


N'oubliez pas que je jugement de Dieu est bien différent de celui des humains, à des lieues, en vérité. Laissez ce fardeau loin de vous ... je ne peux que vous enjoindre à le faire, lorsque vous serez prête, bien sûr, tous ces poids nous empêchent en vérité de nous élever ...

Il hocha alors la tête, leur rencontre nouvelle touchait à sa fin, il en avait pleinement conscience et il profita alors de ces derniers instants qui le raccrochaient juste un peu, si fragiles, comme des soies d'araignée, à son ancienne vie.
Bientôt, il retournerait à la contemplation.


Soit, faisons donc ainsi.
Oui ... revoyons-nous à votre retour. Je repartirai avec vous à Sainte Illinda.

Voilà qui lui donnerait un but nouveau, une vague et peut-être vaine lumière dans l'obscurité ...
Ellya
Il avait très certainement raison: la justice divine n'avait rien à voir avec celle des hommes. Serait-elle plus dure? Plus clémente? Indifférente? Ellya brûlait de le savoir, qu'importe les dégâts causés au corps, s'il y en avait.
Quant à se séparer du poids de la culpabilité... Ça lui arrivait, parfois, quand elle buvait beaucoup, mais cette solution ne s'appliquait hélas pas sur le long terme. Elle pensait que se séparer des erreurs du passé reviendrait à perdre une part d'humanité, convaincue qu'elle était que le souvenir devait être gardé précieusement, choyé presque, même s'il était mauvais.
Sans doute avait-elle tort, mais on ne lui avait jamais indiqué d'autres possibilités ou alors, on avait oublié d'expliquer son exécution. Comment laisser un fardeau loin de soi? En priant? Elle priait déjà tant. En évitant d'y penser? Mais les pensées, elles, sont parfois incontrôlables et vous soumettent sans que vous n'y prenez gare.

Toutes ces réponses, elle croyait les trouver, pas forcément à Alexandrie, mais au moins durant son pèlerinage. A tort peut-être.


Ce serait... fabuleux!

Ses yeux clairs pétillaient. En voilà une autre raison de revenir.

Préparez votre foie.

Elle désigna l'organe du doigt.

Vous devrez tout goûter. Mais il ne faudra surtout pas médire de l'Eglise devant mon Cher Monseigneur Bardieu... Mmh?

Son sourire s'étira davantage bien qu'elle fût sérieuse.
Elle se résigna à se lever: si elle restait assise, là, elle ne partirait plus, elle en était sûre.


Il me tarde de refaire votre connaissance.

Considérant que cela suffisait comme adieu, et que c'était bien plus sincère car cela sortait du cœur que des phrases mielleuses toutes faites, elle s'éloigna. Quelques pas. Avant de se retourner une dernière fois, toujours armée de son sourire.

Vous me devez un Livre des Vertus, Maximin.

Voilà. Tout était dit. Pour cette fois, du moins.

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