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[RP] On le sentira pas passer, vous verrez !

Sashah
Bonjour je suis Soeur Sibylle, notre Mère Vénérable m'a beaucoup parlé de vous, je suis ravie que vous soyez du voyage avec nous! Plus on est de fous, plus on rit.

Une toute jeune femme vint se présenter, tandis qu'elle écoutait les uns et les autres. Sashah s'y perdait un peu dans les titres. Soeur, Mère, Fils et le Saint Esprit était il là aussi ? Elle salua la nouvelle venue et présenta son journaliste préféré par la même occasion. Ceci dit il n'y avait qu'un journaliste dans son journal.

- Bonjour Soeur Sibylle, je suis Sashah de Castelcerf et voici Gerei d'Azincourt, nous sommes de Gascogne. J'ai habité naguère Marmande où je fis la connaissance de Soeur Ellya. Elle m'a fait dessiné les plans de ce Prieuré qui n'était qu'un amas de pierres à l'époque.


La voilà qu'elle s'étalait !!! Mais elle était fière de ses tous premiers plans. Une prouesse pour elle, un défi qu'elle avait relevé à l'époque. Elle écouta le jeune Watlse et sourit à sa réflexion.


Si Damoiselle Paondora et Dame Sashah emmènent toute leur garde-robe, leur dernière malle quittera le sol guyennais quand notre premier pèlerin arrivera à Alexandrie. Une looongue caravane de fanfreluches d'Agen à la "terre promise".

- Meuh non on en aura perdu la moitié en route entre temps ! J'ai grande habitude des voyages, je ne prendrais juste ce qu'il faut promis. Ne vous inquiétez pas j'ai voyagé deux années par terre et mer, voyager léger je connais.


Bon elle bataillerait quand même à fourrer dans ses besaces, ses deux paires de braies, trois chemises, trois paires de bottes, deux chapeaux, sa couverture écarlate et... elle en passait, mais son sac de voyage finirait bien par être bouclé.


- Pour plume et parchemins, je ne voyage jamais sans. Poétesse oblige, comment m'en passer ? J'aurai même des bougies et un briquet à amadous. Allez je retourne en Gascogne et je reviendrai pour le grand départ. Fraiche et prête pour l'aventure.

Elle fit un grand sourire, pour sur que ce voyage serait mé-mo-rable !

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♦ l'Ile aux Vaches ♦
Gerei
Alors que Gerei allait expliquer à Sashah qu'il n'avait plus de nouvelles de Roger, Sibylle fit son entrée. Il lui rendit son salut.

Il laissa Sashah faire les présentations, chose qu'elle faisait bien mieux que lui, pour en profiter pour s'attaquer à la demande de laissez-passer d'Ellya


Pfff, pas facile quand on sait même pas combien on est. C'est pas simple un prévôt. C'est tatillon, limite maniaque. Ça aime que les chiffres avec des noms précis écris avec différentes encres, pour bien faire la différence entre les gentils et des méchants, car surtout c'est bête un prévôt. Il va donc falloir faire preuve de tact.

Il finit d'écrire quelques lignes.

Bon voilà c'est le genre de lettre que j'enverrais.

Il tendit à Ellya la lettre.


Citation:

Lettre au Prévôt de Toulouse.

Sainte Illinda le 07 mai 1463

Cher [ mettez ici votre nom ],

si je m'adresse personnellement à vous ce jour c'est que je tenais à vous signaler que notre petit groupe aimerait traverser votre [duché/comté]* les 13 et 14 mai de cette année et ce pour nous rendre à Marseille prendre un bateau.
Nous sommes des pèlerins et nous désirons nous rendre en terre sacrée d'Alexandrie.
Notre groupe est composé d'environ 6 personnes (oui environ car la religion n'est pas une science exacte, on part à 6, on verra combien on sera à l'arrivée).

Il y a donc dans notre groupe de sûr, la presque sainte, Soeur Ellya Whatelse de la Duranxie, qui dirige fièrement notre groupe. Sa non moins louable jeune collègue de travail, la sœur Sibylle de Sainte Illinda. La poétesse et néanmoins très pieuse Sashah de Castelcerf de Gascogne. Le presque trop jeune fils de Soeur Ellya, Juste -Parfait Watelse. La gouvernante (ou assimilée) de ce dernier, Dame Paondora Nescafet d'on-ne-sait-où et votre serviteur, Gerei d'Azincourt, commissaire au guet de Gascogne.

Bon, il n'est pas impossible que lorsque vous nous verrez arriver par chez vous, nous soyons un ou deux de plus. Un pèlerinage n'est pas une opération militaire et il n'est pas impossible que par charité aristotélicienne nous traînions avec nous un ou deux ramasse-poussière trouvés sur la route.
Les dates non plus ne sont pas sûres, vu la bande de bras cassés qu'il faut tirer, il ne serait pas étonnant que nous soyons en retard.

Toujours est il que si par la volonté de Christos nous parvenons jusqu'à chez vous, pourriez vous, cher(e) collègue, nous établir un laissez passer si cela est nécessaire.

[Messire/Dame]* prévôt recevez l'assurance de notre profond respect et puisse le tout puissant vous garder en l'état.

Gerei d'Azincourt.


*Rayez les mentions inutiles.

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Antoynette
Antoynette les attendait depuis son retour à Foix, et enfin, ils arrivaient. Ses deux amies du Prieuré, ainsi que leurs compagnons, étaient en route pour ce pèlerinage de fous. Cependant, un contretemps fit grimacer la brune quand on amie prévôte lui annonça la fermeture des frontières. Vite, il fallait prévenir tout ce beau monde.

Citation:
Soeur Ellya,

J'ai accueilli avec joie l'annonce de votre arrivée prochaine. J'ai tellement hâte de vous revoir, soeur Sibylle et vous, et connaitre votre fils!

Ce qui est fâcheux, c'est que nos frontières sont fermées. Je vous avais avertie du risque, mais c'est officiel depuis hier au soir.

Vous pouvez demander un laissez-passer à Lyviia [IG Lyviia]. C'est la prévôte, mais c'est aussi mon amie.
Dites lui que vous lui écrivez de ma part, elle vous laissera passer. Et si elle ne le fait pas, elle va m'entendre.

Willyam ne viendra pas. Il a autant essayé de me convaincre de rester que moi d'essayer de le convaincre de nous accompagner. Sur ce point, nous avons perdu tous les deux. C'est du moins mon sentiment. Vous aviez raison: l'amour, c'est compliqué. Presque autant que la prière, je dirais.

Bonne route à vous, et à très vite.

Antoynette


Puis elle s'empressa d'écrire aussi à son amie pour qu'elle laisse une chance au petit groupe de venir la chercher. Sinon, ma foi, elle les rejoindrait plus loin s'ils étaient obligés de faire un détour.
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Ellya
Mmh Mmh.

Penchée sur la lettre, Ellya lisait consciencieusement. Elle aurait bien dit au gascon d'enlever le Watelse de son nom de famille puisqu'elle était veuve, mais elle craignait que ça passe mal auprès de Juste.

Parfait.

Un pigeon arriva pile à ce moment et posa ses pattes crasseuses sur le modèle de laissez-passer. Il était fichu.
Se moquant un peu que Gerei doive faire des heures sup', la Cistercienne attrapa le message attaché à la patte.


Ah! Des nouvelles d'Antoynette! Elle sera du pèlerinage! Merveilleux.
Ecrivain, écrivez donc à une certaine Lyviia pour que nous passions la frontière de Toulouse, voulez-vous?


Allons tous nous reposer! Je vous réveillerai lundi pour le départ!
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Sibylle.
Jour J: L'aventure, c'est l'aventure

Le soleil ne s'était pas encore levé mais la journée s'annonçait belle. Une belle journée de printemps, radieuse, fraîche et pimpante. La jeune soeur était au comble du bonheur. Elle partait pour LA grande aventure de sa vie. Bien sûr son coeur était un peu serrer, elle ne verrait pas le Père Bardieu pendant longtemps, très longtemps, mais quel bonheur à l'idée de découvrir les merveilles du monde. Elle était exaltée.

Tout était fin prêt. Les vivres avaient été chargées sur les ânes. Viande séchée, fromage, vin, bière de l'abbaye. Ils ne manqueraient pas avant quelques temps.

Elle chantonnait gaiement tout en finissant de préparer son paquetage. Oh, il n'y avait pas grand chose. Quelques herbes réparatrices, trois chemises propres, deux paires de braies, une cape de laine chaude pour la nuit et surtout le voile prévu pour cacher la rousseur de ses cheveux. Sur elle, elle portait une cotte de maille, des gantelets et des jambières, de même que son épée et son bouclier. Elle aurait lourd à porter, mais elle s'était entraîner comme il se devait. La sécurité du groupe passait avant son confort personnel.

A sa joie s'ajoutait le bonheur de retrouver Antoynette, sa dernière missive lui avait mis du baume au coeur. Elle était prête.


"L'aventure c'est l'aventure,
L'aventure c'est l'aventure,
Elle est là qui vous attend ce soir.
Pas de pitié,
Il est trop tard, il faut gagner et oublier.
L'aventure c'est l'aventure
Elle est pareille à l'amour
Elle est en moi pour toujours
Oui, pour toujours."


Une fois ses affaires préparées, elle avait butiné de l'un à l'autre pour s'informer si tout allait bien.

Tout va bien Sashah? Vous avez toute votre garde-robe? Vous avez pensé à prendre de quoi écrire?

Elle lui lança un regard malicieux.

Et vous Gerei? Tout va pour le mieux? Des nouvelles de nos laissez-passer?

Elle flatta l'encolure d'un âne.

Ils ont l'ait en bonne santé, j'espère qu'ils ne seront pas trop capricieux. On a pensé aux carottes?

Son regard se leva vers le clocher de Sainte Illinda.

Vous croyez que notre Père viendra nous bénir avant notre départ, vous pensez qu'il viendra Ma Mère?

Elle baissa son minois et croisa le regard de Juste, lui adressant un tendre sourire.

Ah et au fait, Dame Nescafette, j'ai pris quelques décoctions pour vous éviter des fièvres trop importantes, je montrerai à Juste de quoi il retourne pour qu'il vous les administre.

Et elle adressa un clin d'oeil espiègle au jeune homme.

En revanche, Soheil va sûrement manquer le départ, il m'a dit qu'il nous rejoindrait plus tard... J'espère qu'il le fera... Je suis très angoissée à l'idée d'être seule à assurer votre sécurité. Sashah, Gerei, peut-être maîtrisez-vous la science des armes?

Son coeur battait à tout rompre, ses joues étaient toutes roses, émue qu'elle était de ce départ. Nul doute, cette expédition allait être mirifique, ce pèlerinage leur apporterait beaucoup, à n'en point douter.

"L'aventure c'est l'aventure
C'est mon soleil de minuit
Et mon amie de la nuit
Magnifique..."

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Sashah
Emmenez-moi
Au bout de la terre
Emmenez-moi
Au pays des merveilles
II me semble que la misère
Serait moins pénible au soleil.

@ Emmenez-moi. Charles Aznavour

Partout dans le prieuré ça chantonnait à l'aube de ce matin-là. Elle n'avait pas vraiment dormi, trop fébrile, angoissée aussi. Pourquoi ? Elle n'en savait rien, enfin si elle savait. Reviendrait-elle ? Le verrait-il ? Sa fille lui en voulait-elle ? Elle saurait tout ça à Marseille. Marseille lui paraissait si loin et tellement proche en même temps. Tout tournicotait dans sa caboche et elle n'avait pas fermé les yeux de la nuit. C'était malin !

Ses besaces de voyage étaient prêtes depuis longtemps. Sans fioriture aucune, elle avait pris deux tenues de rechange, un châle chaud, son éventail offert lors de son précédent voyage avec une robe magnifique qu'elle avait laissé quant à elle à Dax et sa couverture écarlate. Deux petites fioles d'eau de senteur et un peigne d'écailles. Du parchemin roulé dans un étui de cuir, des plumes, des bougies et deux encriers avaient pris place dans ses affaires. Sa couverture roulée était coincée dans les sangles d'un des sacs. Elle avait tout ou presque. Ses écus étaient glissés dans les ourlets de ses vêtements ou cachés à divers endroits. Restait plus qu'à partir.

Elle avait tout ou presque ? Comme quelqu'un qui oubli quelque chose elle chercha. Se remémorant tout, son bouclier était posé à côté de son épée. Que lui manquait-il ?

Son chat !!!

Trois petits sifflements plus tard elle le vit débouler et sauter sur son épaule. Ça sentait la bêtise accomplie. Elle tourna la tête pour le regarder, comme s'il comprenait il se mit à frotter son museau sur sa joue. Elle sourit et vint à la rencontre des autres.


- Tout va bien Sibylle, mes deux sacs sont chargés sur l'âne, j'ai de quoi écrire en abondance.


Elle lui sourit pour la rassurer en serrant son ceinturon d'épée.


- Ne vous en faites pas, je sais me servir à peu près d'une épée, vous ne serez pas seule et puis Gerei est un homme d'arme aussi.

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♦ l'Ile aux Vaches ♦
Sire_moustache
Citation:
Code d'honneur des chats

Loi 22 - Loi du Désintérêt :
Le niveau de désintérêt d'un chat variera en proportion inverse à la quantité d'effort que l'humain dépensera pour essayer de se rendre intéressant.

Loi 12 - Seconde Loi de Conservation de l’énergie
Les chats savent aussi que l'énergie ne peut être stockée qu'avec beaucoup de sommeil.


Etre un chat semblait compliqué dans ce monde de géants humains. Par chance un code d'honneur des chats existait et il était inutile de chercher à savoir comment il l'avait appris, c'était tout simplement inscrit dans ses gênes.

Et il était décidé à ne pas se laisser faire ! Considérant que son sommeil profond à une heure aussi matinale n'avait pas à être ainsi perturbé par sa maitresse qui l'avait poussé de sa paillasse sans ménagement, et que le fautif était celui qui cherchait toujours à faire son intéressant en lui collant un coup de pied, il passa à l'attaque.

Et ce fut dans un MAouinnnnnnnnn qu'il se leva fort mécontent et se réfugia dans le dortoir des hommes. Dormir sur la couverture de l'écrivain lui parut une bonne idée sur le coup, mais un bout de gros orteil s'agitait de gauche à droite sous les draps, ce qui l'empêcha de fermer un oeil. Nom d'un chat, nom d'un chat ! Il devait stopper cette agitation, la fin de sa nuit en dépendait ! Ce fut au moment où le doigt de pied sortit de sous sa cachette, qu'il bondit dessus tous crocs dehors et qu'il le mâchouilla un peu.

Un cri de l'humain qui était au bout, lui fit dressé le poil sur le dos et il feula, quant tout à coup sa maitresse l'appela. Bonne occasion pour déguerpir.

En quelques bonds il fut sur son épaule et chercha les caresses l'air innocent. Toute façon il n'y avait pas de preuve que c'était lui et elle lui passait tous ses caprices !!!

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Ellya
Voyaaaaaaaaage voyaaaaaaaaaaaage
Plus loin que la nuit et le jour
Voyaaaaaaaaaage
Dans l'espace inouï de l'amour
Voyaaaaage voyaaaaaaage
Sur l'eau sacrée d'un fleuve indien
Voyaaaaaaage
Et jamais ne reviens! Ah? Mince alors.



Oh, oh, oh! Doucement! J'aimerais revenir, moi. Intacte si possible! Alors vos armes, gardez les au fourreau, aussi longtemps que possible. Je ne veux même pas en voir le reflet!

La Prieuse leur lança un regard désapprobateur qui détonnait avec la joie qu'on pouvait lire dans ses yeux: elle allait enfin voir Alexandrie! Et en plus Soheil ne serait pas de la partie! C'était fabuleux!
Ellya exultait.

Quelques minutes plus tôt, elle leur avait assigné à chacun un âne acheté à Bazas auprès d'un fermier un peu douteux.
A Sibylle elle avait donné l'âne Icroche qui, selon les dires du vendeur, refusait souvent d'avancer.
Sashah avait eu l'âne Esthésie qui dormait déjà.
A Gerei, elle avait refourgué l'âne Bâté qui semblait plus stupide encore que l'écrivain.
A Juste et à l'horrible bonne femme qui l'accompagnait, Ellya avait donné respectivement l'âne Odin et l'âne Omalie.
Quant à elle, elle s'était gardée celui qui était le plus docile, le plus discret aussi: l'âne Onyme.

Elle s'était également procurée un cheval pour qu'ils puissent garder le même rythme si quelqu'un se blessait ou était fatigué.

Après avoir chargé son petit Onyme de trucs totalement (in)utiles - un énorme exemplaire du Livre des Vertus, une paire de chausse, une vingtaine de fioles remplies d'eau bénite et des bâtons d'encens - elle lissa pensivement la robe de bure blanchâtre qu'elle portait (seule tenue, d'ailleurs, qu'elle s'était prévue). Ses pieds étaient, comme souvent, nus et sa croix aristotélicienne contre sa poitrine. Ses cheveux étaient lavés, tressés et parfumés de la fleur d'oranger qu'elle affectionnait tant et elle avait eu raison d'en profiter: elle ne sentirait pas aussi bon avant longtemps.

Elle rejoignit le petit groupe dont les têtes étaient plus ou moins enjouées.


Avant de partir, et puisqu'il s'agit d'un pèlerinage, je vous rappelle la première règle.

Règle qu'elle n'avait jamais évoquée avant, en fait.


Le lundi, nous marcherons tous pieds nus, par humilité. Et n'est-ce pas merveilleux, mais nous sommes lundi! Allez-y, déchaussez-vous.

Quand ce fut fait, et ignorant totalement les protestations, le groupe put enfin partir, dans la foy et la bonne humeur -du moins, c'est ce qu'Ellya racontera.




Jour 5 - Arrivée à Foix.


Bien! Cherchons Antoynette!

Les jours s'étaient écoulés rapidement: de son côté, Ellya évitait son fils et parlait de religion.
Elle ignorait d'ailleurs tant sa progéniture qu'elle n'avait même pas remarqué qu'ils l'avaient oublié à Toulouse.

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Sashah
[Foix 2 jours de repos]

Elle avait arrêté de chanter depuis que les premiers cailloux du chemin lui avaient entaillé la plante des pieds ! Marcher pieds nus, quelle idée ! Le pire était que ne s'y attendant pas, elle n'avait pas vraiment préparé une parade, une feinte, une ruse pour contourner cette absurdité aristotélicienne ! Il commençait à lui courir sur le haricot Aristote ces derniers temps ! Elle avait passé trois jours à retirer échardes, épines et autres graviers logés dans ses chairs tendres et maugréant à chaque pas.

Tout ça pour l'amour d'un Dieu ! Misère ! Et c'était sans compter qu'on l'avait affublé d'un âne Esthésie qui dormait debout à chaque arrêt, qui stoppait net quand l'envie lui prenait et qu'elle devait tirer par la longe comme une demeurée. Quand il ne roupillait pas, il mangeait et pétait !

Alors perdre le jeune Juste et devoir s'arrêter deux jours pour qu'il les rejoigne l'avait vraiment ravi ! C'était cruel mais elle pensa à son confort personnel plutôt qu'à ce pauvre enfant. Même si... l'envie de gagner Arles, puis Marseille lui tardait.

Elle prit sa plume ce samedi là et se mit à jour dans ses courriers en retard.




Tendre Karec,

Nous sommes à Castelnaudary et nous apprêtons à prendre la route de Carcassonne. J'avous que je suis très heureuse d'être partie. Même si je suis certaine que quelque chose m'attend au détour d'un chemin. J'ignore encore quoi mais, ma vie va basculer je le sens. J'ai commencé du moins j'ai essayé de commercer à pécher. Mais il faut croire que je ne suis pas douée, car embrasser un inconnu ne serait pas un péché m'a-t-on dit, mais comme cet inconnu est un breton, ça compterait peut-être. Je vais en parler aux hautes instances religieuses pour savoir si ou non ce péché là sera validé. Par contre j'ai péché par médisance, j'ai dit qu'A***** semblait boudinée dans sa robe et avait le visage bouffi. Je trouve que c'est vrai mais le dire est un péché. Tant pis je le dis quand même.

Sire Moustache a péché aussi il a mâchouillé le gros orteil de Gerei le matin du départ. Je ne l'ai pas recroisé et j'ignore s'il est en colère après mon chat ou pas.

Je suis très heureuse pour votre acquisition, acheter un appartement est une bonne chose. J'ai quasiment tout laissé dans le mien à Mont de Marsan. Ainsi je serai contrainte de revenir si d'aventure je voulais récupérer mes biens. Les routes sont calmes pour le moment et les villes que nous traversons désertiques. J'ai hâte de gagner les rivages de la méditerranée, il me tarde.

Je ne vous oublie pas, prenez soin de vous.

A bientôt de vous lire,
Tendres pensées
SdC





Cher Sandino,

Je pardonne toujours tout ou presque... Je prend ma plume tardivement car il m'a fallu préparer mon départ pour Alexandrie dans un premier temps, puis enfin partir dans un second. Tout se passerait bien si Soeur Ellya ne m'avait pas affublé d'un paresseux que je traine que dis-je que je tire par la longe à longueur de chemin, j'ai nommé l'âne Esthésie. A chaque pas il semble vouloir sommeiller et refuse de bouger, c'est effarant ! Et quand il ne dort pas, il semble en proie à des problèmes de gargouillis intestinaux. Si en plus vous rajoutez que le lundi jour de notre départ, par tradition aristolicienne il nous a fallu marcher nus pieds jusqu'à Marmande, vous comprendrez pourquoi j'accumule du retard dans mes courriers. Trois jours pour enlever les minuscules épines qui se sont logées dans mes trop tendres plantes de pieds ! Et dire que lundi nous remettons ça, jurer je grimpe sur le dos de mon journaliste préféré le dénommé Gerei.

J'espère que votre petite troupe que j'ai malmenée, a retrouvé sa sérennité. Nous nous reverrons oui sans doute un jour, le royaume de France n'est pas si grand. J'ai toujours aimé assister à vos spectacles, c'est toujours un moment de grande joie et pure émotion. Vous êtes marchands de rêve, descendu tout droit du pays imaginaire des enfants perdus. Je dois vous laisser nous reprenons notre marche et si je lambine de trop ils vont partir sans moi.

Que le Très Haut vous protège tous.
A très bientôt
Sashah

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♦ l'Ile aux Vaches ♦
Antoynette
Les retrouvailles avec ses deux amies avaient été des plus joyeuses. Elles étaient l'une comme les autres ravies de se revoir. Soeur Sibylle lui avait sauté au cou. Soeur Ellya avait été plus distante, sans toutefois être moins attentionnée. Antoynette avait préparé ses affaires depuis bien longtemps. Et même si ça lui faisait un peu peur, elle avait hâte de partir.

Elle déchanta un peu quand soeur Ellya lui parla de marcher pieds nus. Le souvenir de ses débuts à la mine remonta et la brunette pâlit un peu. Mais après tout, elle n'était pas nonne, elle. Elle les accompagnait pour son plaisir, et parce qu'Ellya et Sibylle le lui avaient proposé. Elle verrait bien lundi, mais elle douta avoir le courage de se déchausser. Au cas ou, elle se permit de passer au dispensaire pour y emprunter quelques bandages. Elle laissa un petit mot. Willyam ne lui en voudrait pas.


Citation:
Willyam,
J'ai pris quelques affaires, car je risque d'en avoir besoin. Je t'expliquerai plus longuement dans ma prochaine lettre.
Je t'en rendrai des neufs à mon retour.

A un de ces jours, qui j'espère, viendra vite.

Antoynette


Elle laissa néanmoins quelques écus.

Il était temps de partir. Martin (oui, c'est original) portait son baluchon, et elle avait attaché sa petite Olympe, dix-huit mois, dans son dos. Le soleil se levait à peine quand elle rejoignit la compagnie. Il était temps de partir. Les adieux de la veille avaient été courts, mais émouvants. Antoynette ne regrettait pas de s'en aller, mais ses amis allaient beaucoup lui manquer. C'est avec un pincement au coeur que la jeune femme regarda une dernière fois derrière elle. Désormais, il ne fallait plus se retourner, mais avancer vers sa nouvelle aventure. Vers Alexandrie.

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Georges_l_watelse


Le vieux Georges Léonard Watelse n'avait jamais été très ponctuel. Il aimait à se faire attendre. Imaginez maintenant, qu'en plus de son penchant pour le retard, le sexagénaire (et non sexy-génaire) devait également se préparer de longues heures devant un miroir : une robe vulgaire et de mauvaise facture à lacer, une perruque aux boucles à parfaire, une posture à forcer, un torse à opresser et tellement de poudre et de froufrou! De son "vivant" Watelse méprisait ouvertement ces femelles à fanfreluches et devoir en devenir une le rendait bougon à toute heure du jour. Son fils Juste-Parfait en faisait les frais ce matin là, comme tous les autres matins. Watelse pestait contre sa progéniture :

Juste, aurais-tu des muscles de midinettes pour ne pas pouvoir me fermer ce corset! Juste-Parfait Watelse! A quoi rêvasses-tu? Juste? Raaaah...


De rage, le vieil aigri prend sa canne toujours à porter de main et l'abat sur la tête de son fils unique. Oui, il avait eu pour fierté cet enfant, mais depuis leur arrivée au prieuré de Sainte-Illinda, Watelse avait quelques doutes sur ses capacités à mener à bien leur vengeance. Surtout depuis que l'ancien orfèvre avait surpris une conversation intime entre Juste et une des soeurs du prieuré.

Je sais, bougre, à qui tu penses. Le grand Watelse a toujours l'oeil et le nez sur les besognes perfides des pintades. En particulier les oies blanches en bure. Le Watelse que je suis en a fait les frais et compte bien écarter son fils de ces poulettes mal dégrossies et âpres aux vices et à l'or!

Le Watelse lui retourne le dos, bien décidé à rentrer le ventre dans sa tenue de gala... enfin de voyage. Car il emmenait pas moins de quatre malles, pleines de ces accoutrements curieux qui ravissaient tant les grognasses.
Dehors, l'horloge de l'église sonna six heures du matin. Les deux Watelse avait donc déjà une bonne demie-heure de retard. Peu importait : les pélerins les attendraient!
Watelse glissait ses mains robustes dans des gants fins tout en retenant son souffle alors que son fils redoublait d'effort sur les cordons du corset.


Fils, que je ne te vois pas t'acoquiner avec une donzelle sur le chemin de notre vengeance. Méfie-toi des yeux de biches et des bisous de poulpes qu'elle voudra te lancera, cette trainée d'Aristote! Elle va retrousser sa bure et te forcer au mariage, crois moi, les boudins de cet acabi, ça attrape le premier saucisson venu. Si je te vois encore lui compter fleurette, à la morveuse Sybille, je t’émascule et te renierai!

Il n'y allait pas de main morte le Watelse, et rajustant la mouche collée sur sa joue, il se tourna vers Juste :

Compris?
Watelse
Le lendemain, très proche de Foix.

Watelse père et Watelse fils avaient manqué le départ. Faute au plus ancien, et non au plus jeune. Cependant, sur la route qui les avait mené vers Foix pour rattraper les autres pèlerins, le vieux précédait le jeune. Watelse père pensait toujours devoir être le premier en tout, ouvrant la marche comme un roi entrant dans une ville conquise, le front haut et le menton lever vers le firmament. Juste, au contraire, préfèrait rester en retrait. Bien qu'il ait une réelle envie de rejoindre la caravane d'Aristolicien - une jeune nonne en particulier - le garçon avait la mine si sombre qu'il préférait que son père lui tourne le dos. Juste-Parfait Watelse idolâtrait son père. Depuis leurs récentes retrouvailles, Watelse enseignait la vie à son fils, et celui-ci l'écoutait béat d'admiration, prenant pour argent comptant tout ce qui sortait de la bouche du père.
Voilà comment Juste-Parfait Watelse, du haut de ses quatorze années, avait été embringué par son père dans cette aventure alexandrine pour nuir à Ellya de la Duranxie, sa mère. Bien sûr, Juste avait déjà une mauvaise opinion depuis sa prime jeunesse de cette mère qui l'avait abandonné. Mais le père avait su cultiver cette rancoeur et y faire pousser une haine véritable.

Juste-Parfait ne voyait plus que par les yeux de son père, jusqu'au jour de sa rencontre avec la fille adoptive de Mère Ellya, elle aussi nonne au prieuré de Sainte-Illinda: Soeur Sybille. Gentille, enthousiaste, bien loin de tout ce que son père disait des "femelles perverses". Les deux adolescents s'étaient donc rapprochés et trouvés des intérêts communs. Proximité que son père avait noté et montré du doigt avec la véhémence qu'on lui connait.


Hier encore, Juste avait subit le courroux de Watelse père. Et sur le trajet, il avait du écouter patiemment tous les griefs watelesques contre les "pintades".

Juste? Promets donc à ton vénérable père que tu prendras désormais tes distances avec l'harengère!

Et Juste, par lassitude et soumission promit le coeur gros alors qu'ils franchissaient les remparts de Foix:


Bien père, j'éviterai Soeur Sybille et me consacrerai uniquement à la perte de mère.


Après tout, cela éviterait à Juste une première déception sentimentale car il se doutait bien que Soeur Sybille ne voudrait jamais devenir l'ami d'un Spinoziste comme lui...
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Fils du feu Maitre orfèvre Georges L. Watelse et de la nonne Ellya de la Duranxie
Sashah
Quelque part sur les chemins

Coquin de printemps ! C'était bien la réflexion qu'elle s'était faite le matin même après une longue nuit de marche. Ils étaient au milieu de nulle part, elle prépara le feu pour faire chauffer une soupe consistante pour la petite troupe. Ce qui lui rappelait bien des souvenirs à vrai dire, toutes ces nuits passées à la belle étoile, toutes ces contées autour d'un feu de camp.

Ce qui la frappait dans leur équipée c'était la méconnaissance qu'ils avaient des uns et des autres. Bon c'était vrai elle fréquentait les tavernes que pour se restaurer et passait son temps ensuite pour découvrir la ville, ou faire une sieste ou encore écrire. Il fallait cependant que leur groupe soit plus soudé. Rien de tel que des contées le soir pour resserrer les rangs au coin d'un feu. Et pourtant Dieu savait que ce pèlerinage avait quelque chose d'assez désarmant. La veille elle en eut la preuve et à ce souvenir elle eut un sourire énigmatique. Vrai qu'elle souriait beaucoup, elle s'était même surprise à chantonner.

Son chat attiré par la pitance vint quémander et elle le caressa pensivement. Que lui arrivait-il à elle ? C'était vrai qu'elle changeait, mais changeait-elle vraiment ou redevenait-elle ce qu'elle était ? Encore un point de réflexion à creuser. Ce voyage était plein de surprise et il ne faisait que commencer !

Pourtant des rapprochements se faisaient. Sybille avec le jeune Juste et elle s'en félicitait, il formait un joli petit couple. Cependant il semblait bien moins innocent que ce que sa mère semblait croire, le jeune Juste. C'était peut être une mauvaise impression, mais il semblait que le jeune homme avait de la graine de prédateur, il aimerait les femmes, la chair et le plaisir de la chair. Il était beau, il était en age où il lui fallait faire des expériences, connaitre ses premiers émois, en age aussi de jeter sa gourme. Il goutait là les derniers mois où l'erreur était encore prise pour une faute de jeunesse. Et si Soeur Ellya leur avait demandé à Gerei et elle d'essayer d'éloigner les deux jeunes gens l'un de l'autre, elle n'envisageait pas, elle, de le faire.

Bien au contraire, remarquant la vivacité d'esprit du jeune Watelse, Sashah préférait cent fois qu'il jeta son dévolu sur la jolie Sybille, que sur sa fille quand celle-ci les rejoindrait.

Car à n'en pas douter Ava Francesca du haut de ses 13 ans serait tentée, ne serait-ce que pour la défier, de répondre aux appels du jeune loup. Et il était hors de question que sa fille batifole ! Robert la tuerai, la rendant encore responsable de bien des défaillances maternelles. Son archevêque de père était surement en train de lui chercher un époux en cadeau d'anniversaire pour ses 14 printemps ! De là à ce qu'il la marie elle aussi, il devait surement déjà y penser !

Elle inspira, peu pressée finalement d'arriver à Marseille. Une jeune femme du nom d'Antoynette les avait rejoint avec un petit bout de choux adorable et Sashah se mit à sourire, elle adorait les enfants, il faudrait qu'elle prépare une boite à bisous pour la petite !

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♦ l'Ile aux Vaches ♦
Antoynette
Un peu à la traîne, Antoynette arriva enfin au point de halte. Et encore, elle avait gardé ses bottes. Dans un élan de bonté, soeur Ellya le lui avait permis, parce qu'Olympe pesait un peu sur son dos, et donc, de façon logique, sur les pieds. Pourtant, la jeune maman avait eu du mal à tenir la cadence. Jamais elle n'avait marché sur une si longue distance lors de son voyage en solitaire. Vingt lieues à la fois, tout au plus. Et avec des étapes d'au moins deux ou trois jours entre chaque ville. Mais là, trente lieues par jour sans escale, c'était limite de l'esclavage.

C'est avec soulagement qu'elle se laissa choir près du feu allumé par la femme qu'Ellya avait présentée comme étant la poétesse du groupe. Celle ci s'affairait déjà à faire la soupe. Ils semblaient tous inépuisables, dans ce groupe.

Un peu honteuse de ne pas se montrer sous son meilleur jour, la jeune fille s'accorda quelques minutes avant de se forcer à se remettre debout. Elle détacha sa fille de son dos et la laissa gambader, tout en la surveillant pour qu'elle n'aille pas se brûler dans les flammes.

Elle s'approcha de Sashah et la salua en souriant:


- Bonsoir, je peux vous aider?

Elle n'allait pas jouer aux petites femmes fragiles tout le long du voyage. Il faudrait bien qu'elle participe de temps à autre. Alors autant commencer tout de suite.
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Ellya
Jour 8
Dans la forêt des mal-aimés
Chaque arbre est un membre oublié
Chaque feuille, une âme délaissée
Dans la forêt des mal-aimés
Comme il fait bon s'y promener



Entre Narbonne et Béziers ils avaient établi un petit campement. Chacun semblait avoir trouvé son rôle et Ellya les regardait s'activer, qui chercher du bois, qui bouchonner les ânes, qui sortir des couvertures, d'un oeil mi attendri, mi circonspect. Elle finit par s'éloigner entre les arbres, prétextant une balade qui se voulait méditative. En vérité, elle digérait encore l'horrible tête à tête de la veille avec son fils.
Comme avait été effrayant l'instant où elle s'était retrouvée seule avec la chair de sa chair. Jamais cela n'avait arrivé, pas même quand son fils n'était qu'un enfançon. Elle n'avait pas su quoi lui dire. Pire! Alors qu'il s'était montré à elle sous un jour quasi parfait (en bon croyant et en fils aimant, quoi) elle ne parvenait pas à ressentir de la tendresse pour lui. Quand la fierté aurait dû être seule en son cœur, n'y stagnait qu'une insipide culpabilité.

Comme elle se détestait.
Et comme elle le détestait pour cela.

Elle se promit donc d'éviter toute future proximité, pour leur bien à tous les deux.

Revenue au camp, et quand chacun eut de la soupe fumante devant soi, elle prit la parole.


On m'a suggéré l'idée de chanter durant le pèlerinage. Le mardi sera donc le jour du chant! Et nous chanterons tous ensemble des chants cisterciens ou religieux, de notre invention s'il le faut.
Nous commencerons à l'aube, dès le départ. Sashah, vous suivrez en deuxième! Puis Sibylle, Juste, Antoynette, Paondora et Gerei.




Jour 9 - Oui, ce sera long. Très long.


A peine debout, pas trop réveillés, la nonnette fit démarrer la procession au son de sa voix un peu trop aigüe.

Le pèlerinage part en galère
Prions, prions en fredaine
Le pèlerinage part en galère
Ne sait quand reviendraaaaaaa, ne sait quand reviendraaaaaaaa.

A vous Sashah! La suite!

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