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[RP] On le sentira pas passer, vous verrez !

Watelse
Il voulait voir Sybille, il devait voir Sybille. Il voulait lui confier tout : sa foi spinoziste, le machiavélisme dont son père et lui faisaient preuve, l'ordre paternel de ne plus s'approcher d'elle, et même la fausse identité de la Paondora. Tout il souhaitait tout lui dire. Seulement, la loyauté qu'il éprouvait envers son père lui coupait la langue. Et la distance froide que sa mère s'escrimait à mettre entre eux ravivait la flamme de la colère et l'engageait sur la pente de la vengeance. Parler à Sybille le calmerait sans nul doute, mais elle se trouvait rarement seule : tantôt à cuisiner avec Dame Sashah, tantôt à couper du bois avec l'homme nommé Gerei,... Ce n'était pas les activités qui manquaient, ni les compagnons de voyage avec qui échanger. IL avait même tenté en pleine nuit de faire faux bond aux ronflements de la Paondora en quittant la tente pour s'infiltrer dans celle de la jeune nonne. Il s'était alors trouvé nez à nez avec Ellya qui veillait auprès du feu... Il avait prétexté une envie pressante d'uriner contre un arbre. Sa mère l'avait tout bonnement ignoré.

Le voilà de nouveau sur les routes, des coupures recouvrant ses pieds meurtris par les cailloux. Devant lui, Sybille jamais ne se plaignait, alors que lui, Juste-Parfait, pestait intérieurement contre cette épopée de fou-furieux d'Aristote.

Psssst, siffla t'il pour attirer l'attention de la nonne.

Un coup d'oeil en arrière pour s'assurer que son père ne voyait rien de son manège, sa perruque rouge lui tombant régulièrement sur les yeux.

Pssst Soeur Sybille, il faut que je vous parle....


Au-devant sa mère finissait de s'égosiller, et les oreilles de Juste-Parfait, ainsi que celles de tous les saints, s'en félicitaient. Il réalisa soudaint que, après Dame Sashah, puis Sybille, ce serait à lui de chanter. Ne connaissant aucun cantique, il devrait improviser.
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Fils du feu Maitre orfèvre Georges L. Watelse et de la nonne Ellya de la Duranxie
Sibylle.
Les affres de l’adolescence sont souvent délicats, fort délicats, surtout pour l'adolescent en question. Alors quand l'adolescent est une adolescente, qu'elle rêve d'épopées chevaleresques, de combats aristotéliciens, qu'elle est perturbée entre son idéal du monde - un endroit merveilleux ou tous sont habités par l'amitié aristotélicienne, par l'altruisme et la beauté qui grandit dans leur coeur - et la réalité qui la fait déchanter - les gens semblent plein de secrets à dissimuler, le péché semble attirer plus que la vertu et Juste est teeeeeellement parfait qu'elle en soupire, les yeux rêveurs et le sourire béat, mais elle ne bave pas! - et qu'en plus elle est coincée entre une veille folle rousse qui n'a pas l'air de la porter dans son coeur, une mère très autoritaire qui lui interdit de sortir ne serait-ce un orteil de la route qu'elle trace pour la demoiselle, un compagnon de route qui lui dit que les hommes sont des monstres affreux, tous habités par l'égoïsme et le désir charnel, se moquant des sentiments d'autrui, il y a franchement de quoi devenir schizophrène.

Heureusement, dans toute cette poisse poisseuse et poissonnante, il y avait Antoynette, la merveilleuse amie, sincère, tendre, chaleureuse, compatissante. Celle qui consolait et conseillait et puis Sashah était, elle aussi, plutôt bienveillante, même si les deux femmes ne se connaissaient pas encore beaucoup.

Une seule consigne restait constante, l'interdiction de la Mère Supérieure que Sibylle ne s'approche de Juste, sauf que... cette interdiction lui donnait de plus en plus envie de la braver alors quand l'occasion se présenta, elle sauta dessus et alors qu'Ellya semblait occupée à chanter un cantique et que la vieille Nescafette avait des touffes plein les pupilles, elle ne se fit par prier et s'empressa de répondre à Juste. Avec un peu de chance, ils passeraient inaperçus. Elle quitta donc l'admiration de ses pieds meurtris et lança un regard à Juste, murmurant tout bas.


Oui? Chuuuuut, attention! Si Mère voit que je vous parle, elle va me trucider! J'ai plein de choses à vous dire, mais c'est impossible de se soustraire à sa vigilance!

Elle se souvenait encore des dernières pénitences imposées par la nonne en chef, chaque jour elle devait garder ses pieds nus et elle devait aussi surveiller Gerei et Sashah qui devaient s'adonner à tous les vices des Princes-démons, tu parles d'une corvée.

Elle murmura à nouveau sur le même ton, songeuse.


Il faudrait qu'on trouve un moment... parce que là...

Son regard glissa sur sa Mère vénérée et elle lâcha un soupire entre ses lèvres. Pour la première fois de sa vie, elle avait l'envie de prendre la clé des champs.


Ce soir, lorsqu'ils bivouaqueront, il faudra qu'elle pense à boire plus que de raison, sans doute ce qu'elle avait en travers de la gorge passerait ainsi. Mais déjà Sashah avait entonné sa chanson et bientôt, ce serait son tour.

Réflexion, action. Et d'une voix cristalline, elle se mit à embrayer après Sashah


Ils sont partis en voyage
Les fiers pèl'rins du Rivê-êêt
Chantant cantiqueeuh zé refrains,
Ils sont partis en voyage.

Lon lon là, laissez-les passer.
Ils se rendent à Alexandriiieeeuuuh
Lon lon là, laissez-les passer,
Ils ont eu du mal assez!

Ils ont saigné sur les routes,
Les fiers pèl'rins du Rivê-êêt!
Buvant du vin, mangeant leur croûte,
Ils ont saigné sur les routes.


Ouf, ça c'était fait, elle adressa un clin d'oeil malicieux à Juste et lança un coup d'oeil à Antoynette pour voir si elle suivait avec sa mini-elle.

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Sashah
Elle avait sourit gentiment à Antoynette et lui avait donné des légumes à éplucher.

- Votre fille est ravissante, si vous voulez que l'on vous aide à la porter, n'hésitez pas. D'ailleurs nous pourrions la mettre aussi de temps en temps sur le dos d'un âne, si l'on prend soin de bien veiller à ce qu'elle ne tombe pas, la charge serait moins lourde et elle serait ravie je pense.

Il avait passé une belle soirée au coin du feu, un jour elle leur narrerait des histoires. Chacun discutait ou se plongeait dans le mutisme, ce pèlerinage était étrange oui, très. Mais elle ne s'était jamais sentie aussi bien, aussi heureuse, aussi sereine.

Mais le lendemain avant l'aube sa bonne humeur disparut. Elle se demanda ce qui piquait la nonnette à les lever si tôt et en fanfare en plus ! Certes la veille une idée saugrenue lui avait traversé l'esprit, celle de chanter, mais elle ne s'attendait pas à ce que ce fut là le matin"à bonne heure". Elle maugréa entre ses dents de fort méchante humeur :


- Diantre elle perd la ciboule la veuve Ellya, elle va nous lâcher la bride avec ses bondieuseries ! Tu vas voir comment je vais chanter tiens !

Et quand elle entendit à vous Sashah la suite elle entonna :



Qu'est ce que j'fous dans cette galère re
Miroton miroton mirotaine ne
Qu'est ce que j'fous dans cette galère re
On m'y r'prendra pas !
On m'y r'prendra pas...

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♦ l'Ile aux Vaches ♦
Watelse
De messes basses en messes basses, les deux jeunes pèlerins se donnaient rendez-vous. Par deux fois, Soeur Sybille lui avait indiqué vouloir lui parler urgemment, et ceci commençait à intriguer le jeune Watelse. Leur court échange fut interrompu par un interlude musical, qui sonnait plutôt bien.

La veille, il avait eu un long échange, plutôt agréable avec sa mère et il lui avait demandé quel avenir elle souhaitait pour Soeur Sybille. Sans étonnement, elle la voyait nonne, mais ne s'opposerait pas à la voir intégrer un ordre de chevalerie aristolicien. Ce qui avait un peu surpris Juste, lui qui avait pensé être le seul à connaitre les aspirations de la jeune nonne. Par contre, Ellya s'était montrée très tranchante sur de potentielles épousailles de sa Fille. Non, non, non, pas de mari pour Sybille, jamais.

Puis ce fut à lui, et d'une voix plus ou moins égale, il entonna cette chanson :


Il était une petite nonne
Pirouette cacahouète
Il était une petite nonne
Qui chantonnait une oraison
Qui chantonnait une oraison


Son mulet la fit tomber
Pirouette cacahouète
Elle se cassa le bénitier
Elle se cassa le bénitier


Voilà, voilà... moment de blanc gênant, le marmot Watelse ne trouva pas plus d'inspiration. Raclement de gorge, et il se tourna vers le pèlerin suivant pour qu'il reprenne le plus vite possible à sa suite.

Il souffla à Soeur Sybille :


Ce soir, avant le souper, derrière la tente de dame Antoynette... Pourquoi ma mère vous truciderait??


Ce serait certainement la dernière fois qu'ils se parleraient, car elle le mépriserait ou le tuerait dès lors qu'il lui avouerait qu'il est spinoziste. Et si elle avait la générosité de lui laisser la vie, son père "La vieille bique Paondora" se chargerait de lui ôter la vie.
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Fils du feu Maitre orfèvre Georges L. Watelse et de la nonne Ellya de la Duranxie
Sibylle.
C'était compliqué, ça oui. Certaines personnes étaient compliquées, et Ellya en faisait partie, et puis Ellya lui fichait la frousse aussi parfois. D'un côté elle ne voulait pas la décevoir, de l'autre, elle n'imaginait pas les conséquences si elle lui désobéissait. Elle devrait porter un silice et Dieu sait qu'elle détesterait ça, ou elle devrait se flageller le dos, ou quoi d'autre de plus terrible encore? Ingurgiter un repas d'Ellya, ah ça oui, c'était terrible!

Finalement, sagement et silencieusement, l'air tout à fait recueilli, elle écouta le jeune Watelse chanter son cantique. Rhaaa sa voix était tout à fait charmante, quel timbre mélodieux et quelle douceur... Elle en papillonna des cils, la bouche en cul de poule. Puis revins à la douloureuse réalité.


Elle ne veut pas que je vous parle! Pardi!

Oui, da, mais pourquoi? Sibylle avait imaginé toute sorte de raisons farfelues. Sans doute Ellya imaginait un plus grand avenir à son fils que de fréquenter une petite nonne de rien du tout, sans doute imaginait-elle que Sibylle serait meilleure nonne, même si la demoiselle avait beaucoup de mal à s'imaginer cloîtrer dans un couvent toute sa vie. Non, son seul échappatoire c'était les Chevaliers Francs, même si cela faisait grincer les dents de la Mère Abbesse. Si elle intégrait cet ordre, là, elle y aurait quelques libertés, déjà, elle pourrait voir qui elle voulait et ça, c'était un changement magistral!

Elle acquiesca donc à la proposition du jeune Juste-Parfait. Une forme d'excitation s'empara d'elle, l'idée de retrouver le jeune homme en secret et la possibilité de se faire surprendre ou de découvrir de nouvelles choses secrètes était exaltant! Et en plus, quelle chance, nul doute que sa chère Antoynette les couvrirait. C'était l'aubaine.

Les joues rougies par l'émotion et les yeux brillants d'envie, elle lui adressa un grand sourire.

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Sashah
Montpellier la plage. Retour en arrière. Combien d'année avait passée depuis ? Un certain nombre, pas tant que ça, mais quand même...

Elle s'émerveillait toujours de cette mer couleur d'azur. Le soleil faisait miroiter les vagues et elle s'installa sur le sable. Jambes repliées sous le menton, elle réfléchissait, ce pèlerinage était étrange.

Ici était né son fils, ici était née sa poésie quelques années plus tôt encore. Cette ville était mêlée à son destin. Étrange !


- Étrange mer comme je t'aime... murmura-t-elle en regardant l'horizon.
- Tu m'as tout pris, mon père, mon frère, ma soeur, mes rêves, tout... Tout a péri par le fond, mais j'ai toujours cette fascination devant toi.

Et de ces souvenirs heureux et malheureux à la fois quelques vers sortirent de sa bouche :

L'être de noblesse

J’imagine que le silence est d'ores
Et déjà d'argent
Fondu en lettres de noblesse
Et martelé à la feuille d’or

Le silence des mots quant à lui pèse
Même si entre les lignes, les maux crient
De souffrances en lugubres antithèses
Qu’en mal être on avale sans merci

Alors la place des forges
Ou les fiers remparts
Passeront un jour sous ma plume d’oiseau
Et si un jour ma gorge
De sang bleu se pare
C’est que ma Muse ne sera plus en oripeaux.

Sashah

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♦ l'Ile aux Vaches ♦
Antoynette
Petit à petit, Antoynette faisait connaissance avec chaque membre de la troupe. Elle avait aidé Sashah avec plaisir, et sourit à sa proposition. Mais la jeune maman refusa poliment sa proposition de mettre Olympe sur un âne.

Vous êtes très aimable, mais je préfère l'avoir sur le dos. On ne sait jamais, si l'âne s'emballe. Et puis, ce n'est pas une corvée de la porter, c'est un plaisir. D'autant plus que soeur Ellya m'a permis de garder mes bottes.
Mais s'il vous sied de vous en occuper, je vous laisserai volontier la porter quelques heures.


Le repas fut cordial, à défaut d'être convivial. En effet, si la politesse était de mise entre chacun des membres, Antoynette ne ressentait pas la fraternité à laquelle elle s'était attendue. Seule Sibylle lui accordait des instants de fraternité qui lui donnaient le courage de continuer. Après le repas, elle fit une partie de cartes avec Gerei et soeur Ellya, et elle y laissa un peu plus que des plumes. Mais au moins, elle avait échappé à la leçon de prières.

Vint ensuite la veillée au coin du feu. Antoynette se retrouva entre Ellya et Juste qui semblaient ne pas savoir quoi se dire. Jugeant sa présence inopportune, elle décida de les laisser en tête à tête, persuadée qu'elle gênait. C'est alors qu'Ellya lui fit une proposition bien inattendue: elle lui demanda de leur laisser Olympe. Bien qu'elle rechignât à se séparer de sa fille, Antoynette entrevit la possibilité de prendre un vrai repos en cette nuit de camping. Elle s'empressa d'accepter et déposa sa rousse dans les bras de la religieuse.

Bien reposée, elle prit la route en compagnie de la troupe avec beaucoup plus d'entrain que la veille. D'autant plus qu'on allait chanter et qu'elle aimait ça. Elle, mais surtout sa petite Olympe. Chanter, c'était la meilleure façon de la calmer, et surtout de la faire patienter pendant qu'on marchait. Certes, ce n'était pas des chants Cisterciens, mais du moment qu'on chantait, sur que soeur Ellya n'y trouverait rein à redire. Quand ce fut son tour, elle n'hésita pas une seconde.

Un kilomètre à pieds, ça use ça use,
Un kilomètre à pieds, ça use mes souliers

Deux kilomètres à pieds, ça use, ça use,
Deux kilomètres à pieds, ça use aussi vos pieds...


Limite provocatrice, mais aujourd'hui, la brune était de bonne humeur. De tellement bonne humeur qu'elle ne remarqua pas tout de suite que sa fille commençait à tousser un peu.
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Watelse
(retour au feu de camp de la veille, et ... explications des toussotements?)


Seules les flammes les séparaient maintenant que Dame Antoynette s'en était allée dans sa tente leur laissant comme seul témoin sa fille Olympe. Sa mère le rendait mal à l'aise pour de nombreuses raisons:
Tout d'abord, aucun souvenir d'enfance tendre ne les liant, il éprouvait quelques difficultés à lancer un sujet de conversation valorisant la relation mère-fils. Ensuite, plus le pélerinage avançait, et plus le jeune garçon se sentait coupable de vouloir nuire à Ellya. Valait-elle une vengeance? Oui, mais cela l'amenait à mentir à des êtres proches, et à les perdre à terme. Valait-elle qu'il oriente sa vie vers un destin de noirceur et de misère? Pas vraiment. Voulait-il vraiment se montrer aussi dur et froid que celle qu'il avait détesté pour les mêmes raisons? Non. Mais il y avait son père, et Juste ne refuserait rien au seul être de sa famille qui lui montre de l'intérêt.
Le jeune brun avait donc installait sa robuste mais mince carcasse près du feu et fixait sa génitrice à travers le feu de camp. Un moment trop long qu'il se décida de rompre en jouant la carte de l'honnêteté:

Mère, ne jouons plus. Je suis aussi mal à l'aise que vous de nos rencontres. Je cherche des sujets nous rattachant l'un à l'autre en vain. Alors pourrions-nous traiter de sujets anodins? Ne serait-ce pas plus plaisant pour nous deux? La pluie, le beau temps, les poils à brosser de nos mulets....

Brève et molle protestation d'Ellya quant au manque de liens filliaux entre eux. L'anodine conversation prend forme. Juste-Parfait verrait presque une ombre d'humanité en ce mur ellyesque.

Soudain, Olympe se met à pleurer. Coup de froid autour du feu de camp. Ni l'un, ni l'autre se savent comment gérer un bambin. Un bébé qui sent la crotte à plein nez! Bientôt l'odeur volerait jusqu'aux narines endormies de la gentille Antoynette et pour sûr, elle leur en voudrait de ce manque d'attention envers sa petite fille.

Mouvement de recul d'Ellya. Esquive de Juste. La mère finaude :"son fils ira à la pêche aux crottes". Le fils bataille " pas question que mes mains n'essuient autre chose que ma propre chiure". La mère botte et touche : "Je n'ai pas touché la tienne de ma vie, enfant, je ne vais pas commencer à torcher celle des enfants d'autres". Juste abdique : "Vous me le paierait un jour, à coups de langes poisseux, mère!".

Le jeune homme s'avance vers l'horreur nasale. La prend à bout de bras, à bout de doigts, à bout d'ongles s'il avait pu. Et tout habillée, la bambine est plongée dans le ruisseau. Fesses trempées, langes dégoulinantes, peau à peine rincée des excréements, il la pose près du feu
.

Il ne faudrait pas qu'elle prenne froid.

Assurement, l'instinct maternel n'était pas un gêne fortement répandu chez les Watelse-de la Duranxie.





(Retour à la colonne de pèlerins, ce jour)

Un éternuement du bébé. Juste-Parfait se sent peu fier et songe à en avertir Dame Antoynette. Le dire? Oui? Non? Peut-être?
Soeur Sybille le tire de son hésitation.
Comment? Sa mère ne voulait pas qu'ils se fréquentent? Sa mère était pourtant à clamer toute la beauté de l'amitié aristolicienne! A ceci près, que Juste n'était pas Aristolicien, et il était déterminé à l'avouer à Soeur Sybille.

Dame Antoynette en était à :


Treize kilomètres à pieds, ça use, ça use, ...

Lorsque Juste osa un second chuchotage :


Donnez moi au moins un indice sur ce que vous voulez me dire ce soir... nous en avons encore pour des kilomètres et la voix de dame Antoynette ne semble pas faiblir. Elle peut encore bien en tenir une vingtaine avant d'avoir le gosier asséché ...

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Fils du feu Maitre orfèvre Georges L. Watelse et de la nonne Ellya de la Duranxie
Georges_l_watelse



C'était le démon qui avait inventé ces perruques qui grattent. Oui, elles grattent, et le regard du vieux Watelse aurait été plus perçant, il aurait remarqué de petites bestioles sautant de boucle en boucle.
Ses pieds nus faisaient peu de cas des cailloux de la route : les cornes et furoncles du vieillard formaient une couche assez épaisse pour remplacer une semelle. Sa perruque lui tombant régulièrement sur le visage, le Watelse peinait à garder la bonne direction, et zigzaguait de temps à autre sur le chemin. Heureusement, après quelques lieues, son nez long et légèrement croche lui servit de point de repère, humant l'odeur d'Antoynette devant lui, ou plutôt l'odeur de crottes séchées provenant de son sac à dos.

Cric crac cric crac

Le craquement de sa hanche, qu'il ne pouvait soulager autant qu'il le voulait par l'usage de sa canne, berçait le vieillard maquillé en mère maquerelle. Ce bercement tranquille ajouté à une ode lancinante d'Antoinette finit par avoir la résistance de Georges Léonard Watelse, le formidable mâle de la troupe : il s'endormit tout en marchant.

Vint son tour de chanter, et seule ces quelques bribes s'échappèrent de sa bouche perlée de bavouille :


Rrrraooooooonnnn Psshhhhhhhhhh
Rooooooooouuuuu Pcchhhhuuuuuut


Caillou providentiel jeté du ciel (ou par Juste?), reçu en plein pif, la rouqine dodue renifle fort et reprend sa superbe en entonnant le nauséabond psaume que voici:

A la prêche des moules moules moules
Je ne veux plus péleriner maman
A la prêche des poules poules poules
Je ne veux plus me dandiner maman

Car Aristote me saoule saoule saoule
Plus que la bières des moines maman
Et dans le chemin que je foule foule foule
J'écrase prières et sacrements


Ponctuellement, sa hanche vient donner le rythme en craquant à tout va. Et le vieux Watelse fier de ses vers (de poésie, pas de ses vermiceaux, même s'ils 'appercevra quelques jours plus tard qu'il en a dans le derrière) commença une petite gigue artritique relevant ses froufrous carmins et dévoilant de gros molets poilus. Turlututu!
Sibylle.
Quand je suis sur la route toute la sainte journée,
Je ne vois pas le doute en moi s'immiscer
Je suis sur la route toute la sainte journée
Si seulement je pouvais lire, dans tes pensées...*


Le trouble se fait en son âme, alors qu'Antoynette leur fait partager sa délicate voix, elle hésite. S'ouvrir à Juste, sur ses peurs, sur ses doutes, ses craintes, ses aspirations, ou trahir sa Mère, celle pour qui elle a toujours vécu, celle qu'elle ne veut pas décevoir, au grand jamais.

Je dois vous parler de notre Mère et... d'une décision que je dois prendre...

Son regard se fait insistant, plus une once de malice. Et c'est alors que Dame Nescafette d'une voix impérieuse et délicieuse chante sa pêche au poule, la jeune nonne ne peut réprimer une grimace.

Erf... Pitié... par Sainte Dwywai, quelle horreur!! Pauvre Paondoura, elle n'est vraiment pas gâtée par la nature!

Elle ne put se retenir un gloussement, imitant discrètement la poule pour appuyer la divine mélodique Paondoresque.



* Merci Gérald.
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Gerei

Pendant que les chants se succédaient Gerei espérait secrètement que le chemin finisse et qu'il échappe à cette nouvelle corvée.

Passer en dernier lui laissait une petite chance. Petite, bien top petite.

La péruquée avait fini sa chanson et il attendait, espérant qu'on l'ai oublié.

Il commençait d'ailleurs à fatiguer à force de tirer son âne. Par un hasard funeste – mais étais ce un hasard ou une punition divine?- on lui avait attribué l'âne le plus bête du lot et il passait son temps à ramener l'animal sur le chemin et à lui éviter de trébucher. Il se voyait bien terminer le voyage en étant obligé de porter la bête.

Le silence devenant pesant il se raclât la gorge , cracha sur le coté en entonna une chanson qu'il improvisa




Ils partirent quatre, six et cent
Ils partirent quatre, six et cent
Tous partirent joyeux en chantant

Ils partirent quatre, six et cent
Ils partirent quatre, six et cent
Tous portant leur espoirs plus avant

Ils partirent quatre, six et cent
Ils partirent quatre, six et cent
Leurs pieds furent vite en sang

Ils arrivèrent quatre, six et vingt
Ils arrivèrent quatre, six et vingt
Au bout du voyage la ville enfin

Ils arrivèrent quatre, six et vingt
Ils arrivèrent quatre, six et vingt
Tous ne revinrent pas saints

Ils arrivèrent quatre, six et vingt
Ils arrivèrent quatre, six et vingt
Ce fut la fin des fins pour certains

Il finirent six, quatre et trois
Il finirent six, quatre et trois
Vidés d'espoirs et plein d’effroi

Il finirent six, quatre et trois
Il finirent six, quatre et trois
Tous avaient perdu la foi

Il finirent six, quatre et trois
Il finirent six, quatre et trois
On ne les y reprendrait pas

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Ellya
Jour 12 - Mini pause forcée!!! à Arles


Comment cela, vous êtes déjà fatiguée?!

Ellya regarda Sashah qui venait de lui annoncer qu'elle ne voulait plus avancer, prétextant que ses pieds lui faisaient trop mal.

On n'est même pas sorti du Royaume de France? Enfin si! Tout juste! Mais regardez ce petit village! Que des barbares, je suis sûre!

Et Antoynette qui commença à ajouter son grain de sel.

Ooooh! C'est bon, c'est bon... Vous n'allez pas tous vous y mettre non plus! Bon. D'accord. C'est bien parce qu'Olympe est souffrante.

La Cistercienne jeta un regard en biais à son fils avant de baisser les yeux. Elle culpabilisait à mort de l'état dans lequel la petite était à cause d'eux.

Entre cette pause à Arles et celle prévue à Marseille, on va passer des semaines en Provence!

Un moustique vint de poser sur son bras qu'elle élimina sauvagement d'une grande tape.

Et j'aime pas la Provence.
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Pediculus_humanus



Wiki: Le terme de pou est un nom vernaculaire ambigu qui désigne avant tout, en français, un insecte parasite de l'homme, Pediculus humanus qui donne la pédiculose du cuir chevelu ou la pédiculose corporelle.


Je suis un pou, donc.
Un beau pou qui saute bien, qui saute vite.
Je traine sur des cheveux rouges un peu étranges, mais en dessous y'en a des gris plus intéressants.


Pouing. Pouing. Pouing.

Il m'attrapera jamais.
Des jours que j'évite ses grosses mains potelées.
Puis je suis pas tout seul. Y'a pupuce, ma chérie.
Elle pond et moi je saute.


Pouing. Pouing. Pouing.

Il serait peut-être temps de changer de tête, par contre.
Commence à faire chaud là-dessous.
Dès que les cheveux rouges s'approcheront d'une autre chevelure, ce sera parti. Ce sera l'abordage, le tayo! tayo!
Et on ne fera pas de quartier.
Ellya
J'ai eu une idée!

Déjà, sur la tête de certains, on pouvait voir que la journée commençait mal. Ils étaient tous réunis dans la salle commune de l'auberge où ils logeaient à Arles.

Un étendard! Il nous manque un étendard! En voyageant, tout le monde verra de très loin, ainsi, que nous sommes des pèlerins en Sainte Mission!

Elle jubilait. Cette idée lui avait trotté dans la tête toute la nuit et elle en avait peaufiné les moindres détails.

Évidemment, vous n'êtes pas tous Cisterciens.

Elle retint un "hélas" de justesse.

Nous ne pouvons donc coudre l'étendard à effigie de nos Saints. Enfin des miens. Des nôtres, avec Sœur Sibylle. Donc, l'idée, c'est d'en créer un, d'étendard, vous suivez toujours? D'en créer un qui nous représenterait tous un peu. Il serait orgueilleux que nous choisissions nous-même ce qui va nous représenter, je propose donc un vote! En espérant que certaines idées reviennent plusieurs fois pour trancher.

Elle fit avancer un pot de chambre - propre apparemment - au milieu de la table où ils déjeunaient.

Mettons nos votes là-dedans! Mais ne choisissons que des animaux sinon nous n'aurons aucune réponse commune. Et n'oublions ni Soheil, ni Ava. Ils voteront à leur arrivée. Ce qui fait donc dix symboles. Mais personne ne peut voter pour soi. Enfin choisir pour soi. Suis-je claire?

Sans attendre de voir si tout le monde adhérait à son idée, elle se saisit d'un papier, écrivit ses propres propositions et le mit dans le pot de chambre, à l'abri des regards.


Citation:
Sibylle: Le renard
Juste: Le niais
Paondora: L'anguille
Sashah: Le rossignol
Gerei: Le cochon
Antoynette: La poule
Olympe: L'escargot
Ava: Je réfléchis encore
Soheil: La fourmi
Ellya: /


Elle avait fait ses choix pour des raisons parfois délirantes, loin des symboliques connues. Le renard pour la rousseur cachée des cheveux de sa pupille; le niais tant parce que c'était le nom des bébé faucon et que Juste demeurait son fils, que parce qu'il était jeune et inexpérimenté; l'anguille car il était difficile de savoir qui se cachait sous la perruque criarde: femme de bien ou possédée par un quelconque démon? ; le rossignol pour le talent de la poétesse; le cochon pour rappeler Roger; la poule car elle couvait drôlement bien sa fille; l'escargot car ça bave à cet âge là; la fourmi car elle l'écraserait s'il approchait trop de Sibylle.

Edit: j'avais squizzé Olympe!

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Antoynette
Elle fourmillait d'idée, la soeur Ellya. Toutes aussi inutiles les unes que les autres. Le moins qu'on puisse dire c'est qu'elle mettait de l'ambiance. Certes, ça n'était pas toujours au goût de tous, mais ça avait le mérite d'éviter la monotonie. Cette femme restait une énigme pour Antoynette. Si enjouée lorsqu'elle énonçait une idée, si froide quand on évoquait sa pupille ou sa vie privée. C'était comme s'il y avait deux Ellya.

Bien qu'elle aspirait à un voyage normal, Antoynette s'était résignée à s’accommoder des extravagances de la religieuse. Mais un étendard! Comme si la troupe n'avait pas assez de choses à trimbaler! Bien que ça la fit sourire, la jeune femme n'accueillit cette idée qu'avec résignation.

Cependant, toujours reconnaissante de ne pas l'obliger à marcher pieds nus, Antoynette se garda bien de la contrarier. D'autres s'en chargerait déjà, à moins qu'un volontaire soit assez fou pour charger davantage son paquetage. Et puis, s'amuser un peu n'engageait à rien. Si la troupe pouvait se dérider un peu, ça ferait du bien à tout le monde.

Décidée à jouer le jeu, Antoynette renchérit:


D'accord, si c'est pas moi qui le porte.

Elle inscrivit à son tour quelques noms d'animaux.

Citation:
Sibylle: un chaton
Juste: un chiot
Olympe: un koala
Pandora: un paon
Sashah: un oiseau lyre
Gerei: je ne le connais pas suffisamment pour choisir
Ava: idem
Soheil: pareil
Ellya: un tigre
Antoynette : /


Le chaton et le chiot, c'était pour la jeunesse de ces animaux qui ont encore besoin de leur mère afin qu'elle les guide. C'est ce qu'Antoynette ressentait chez ces deux adolescents à qui on interdisait les choses sans les leur expliquer vraiment.
Le koala était un animal qui passait son temps sur le dos de sa mère. Ca ne pouvait que convenir à sa puce.**
Le paon, ma foi, elle n'avait pas eu d'autre idée.
L’oiseau lyre pour la poésie, mais elle 'avait rien trouvé d'équivalent pour l'écrivain. Elle n'avait pas envie de se casser la tête à chercher. Ca restait un jeu.
Le tigre lui paraissait convenir à soeur Ellya. Solitaire et possessif, il incarnait l'autorité et l'indépendance.


** Je me moque que cet animal soit connu ou non à notre époque.
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