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[RP] Hôtel de La Force

Tuatha
Elles s'étaient , avec grand plaisir , toutes retrouvées à Brélidy , les malles avaient été rassemblées et chargées dans un attelage à part , alors que les jeunes femmes avaient pris place dans le carrosse d'Amarante , aux armes de Brélidy .

Le voyage se passa au mieux , malgré le temps déplorable ne permettant , finalement pas , d'apprécier cette expédition comme elle l'aurait voulu . La plupart du temps , hormis pour les repas et les nuits à l'auberge , elles ne pouvaient même pas se dégourdir les jambes tant le froid et le vent étaient saisissants .

Et puis un après midi , le paysage et l'atmosphère changèrent , en écartant légèrement le rideau du carrosse , elle put apercevoir les premiers remparts de la ville et les bruits et clameurs d'une cité gigantesque et vivante .
Parcourant les ruelles les deux attelages finirent par ralentir devant une immense demeure dotée de larges portes en bois donnant sur une grande cour .

Amarante mit pied à terre la première , alors que les jeunes femmes suivaient une à une , admirant les lieux .
La Flamboyante laissa glisser son regard sur les bâtiments entourant l'immense cour alors que Amy alpaguait un serviteur pour annoncer leur arrivée .

Un sourire naquit sur les lèvres de la rouquine ... Enfin elle était à Paris et elle allait pouvoir visiter , s'émerveiller et se constituer des souvenirs avant de retourner dans son petit coin de Bretagne ... Ou pas ... Qui peut prédire l'avenir ?

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Servante_parisienne
[Panique à Paname !]


Depuis plusieurs jours que les patrons étaient arrivés, l'ambiance était bien sombre. La rousse errait tel un fantôme à travers les pièces de l'hôtel particulier quant à son époux, il restait le plus souvent enfermé dans son bureau un nombre incalculable de bouteilles à portée de main. La maisonnée rasait quasiment les murs, la chambre de l'ainée de la famille était close avec interdiction d'y entrer, surtout quand l'un des parents s'y trouvait. Un silence de mort régnait en maitre, seuls les bruits de la cour à l'entrée avec son flot continue d'artisans et paysans animaient l'ancien couvent. Par contre, dans la grand cour d'apparat, c'est tout juste si le personnel osait faire du bruit pour balayer la poussière ou encore déneiger...

Quand la jeune brune avait réceptionné le message aux armes de la soeur du patron, elle avait respecté les ordres de ne déranger le couple sous aucun prétexte. Elle avait juste pris sur elle de décacheter le pli et d'en lire le contenu. Après tout, il fallait bien que les sœurs qui l'avaient élevée aient eu un peu d'utilité. Toutes ces heures passée à lire les écritures lui avait permis de savoir et lire, et écrire, ce qui était plutôt rare pour une gueuse venue du ruisseau le plus sordide. Sa première réaction avait été de foncer vers le bureau de son maitre mais après quelques mètres, elle s'était arrêtée en tripotant le parchemin, ses geais fixant les dalles de pierre du vestibule prise soudain d'une intense réflexion.

L'ancienne ribaude venait de prendre une décision, elle ne préviendrait la rousse et son époux que la veille de l'arrivée supposée de la sœur de ce dernier. Il leur serait impossible de refuser cette visite sous un prétexte quelconque et le tour serait joué. D'ici là, elle préparerait les chambres, ferait faire les provisions en conséquence et tout serait parfait. Patt serait obligée de se reprendre et de faire face quant à l'ours il trouverait du réconfort en la présence de sa sœur.

Et puis allez savoir ce qui lui pris, elle fit pire. Une pile de missives attendait depuis des jours d'être expédiée, Patt n'ayant pas eu le courage d'envoyer ses invitations se sentant à bout de force. La brune fit main basse sur tous les parchemins cachetés et les adressa par porteur spécial avec ordre de trouver les destinataires où qu'ils soient. D'après ses calculs, chaque membre de la famille devrait arriver plus ou moins dans les mêmes délais, le couple allait la maudire mais une fois dans la place, les liens du sang -ou pas- feraient leur ouvrage...

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Pattricia
[Panique à Paname ! Nan mais là vraiment...]


- Quoi ???????
Vous êtes tombée sur la tête !!!!

- Non pas dernièrement.
- Manon me cherchez pas !
- Je ne vous cherche pas comme vous dites, je fais mon travail et mon travail c'est de veiller sur ces lieux et ceux qui y vivent.
- Je peux très bien veiller sur moi toute seule...
- Pas en ce moment... vous le savez bien...


Le ton de la brune était resté calme et uni depuis qu'elle était venue lui annoncer une arrivée en masse d'amis ou de membres de la famille. La rousse en revanche avait grimpé dans les tours direct. Les jades brillant de fureur auraient sans aucun doute pu disperser Manon façon puzzle si ils avait été des armes. Quant elle avait perdu Alrahir/Estheban et Mycha , Patt, loin de l'affection de ses sœurs et malgré tout l'amour de l'ours avait plongé dans la folie, manquant de ne jamais revenir, ne pouvant supporter la perte de ces deux frères fraichement retrouvés.

Là c'était différent... Plume et elle avaient un vécu ténu, complexe déjà bien avant que l'ours décide d'adopter la jeune fille revêche et mal dégrossie. Et même après elles s'étaient déchirées pour ensuite se chérir comme jamais. Une mère doit laisser partir ses enfants et c'est ce qu'elle avait fait avec les triplés, refusant de jouer les mères possessives et envahissantes. Elle était si fière d'eux, elle ne le leur avait jamais dit et là Plume les avait quittés alors qu'à elle non plus elle n'avait pas dit tout ce qu'elle ressentait. Elle souffrait de la perte de leur ainée, fille adoptive certes, mais la seule qui était resté près de ses parents quasi en permanence, qui avait combattu à leurs côtés. "Putain d'Empire ! C'est à cause de toi que notre fille est morte !"

Sa haine viscérale de l'Empire, couplée à la longue agonie de Plume, l'avait empêchée de tomber dans la folie, elle était juste l'ombre d'elle-même, se blottissant contre l'ours dans la chambre de leur fille quand ce dernier n'était pas ivre d'alcool... et de chagrin. Quand la brune avait fait son entrée dans la chambre du couple où la vindicative s'était réfugiée, celle-ci n'avait même pas tourné la tête à son arrivée. C'est au moment où elle parla et que les mots pénétrèrent enfin sa conscience qu'elle bondit du lit où elle végétait, toutes griffes dehors. Manon n'avait pas cillé, l'ancienne ribaude respectait et aimait farouchement cette rousse qui l'avait sortie du ruisseau un jour d'hiver humide et froid mais elle ne la craignait pas, elle en avait vu d'autres. Évidemment, l'attitude de la brune fit son effet.


- Le mal est fait de toute manière.
- Un mal pour un bien et vous le savez.
- Je peux vous dire de la fermer ?
- Si ça peut vous soulager...
- Humphr
- Madame, cessez donc de vous punir pour une chose dont vous n'êtes pas responsable
- Quand nous étions sur les routes, j'aurais dû insister pour qu'elle ne s'isole pas
- Désolée si je suis brutale, mais je connais bien ce genre de situation, vous ne pouviez pas prévoir qu'elle ait un amant infecté par la syphilis !
- Si ! L'Empire et moi sommes fautifs ! J'étais sa mère, je devais m'occuper d'elle, j'aurais dû voir les symptômes !
- Damoiselle Plume n'était plus une enfant bien avant que votre époux ne décide de l'adopter et de la faire devenir votre fille. Elle m'avait raconter la honte qu'elle ressentait de son comportement à votre égard avant que vous ne vous mariez avec Monsieur. Elle n'en n'était pas fière et ressentait une profonde affection pour vous d'avoir passé l'éponge et de l'avoir considérée comme votre fille malgré la souffrance qu'elle vous avait causée.
- Elle n'était pas fautive, elle était jeune et je crois qu'en fait on l'a utilisée juste pour m'atteindre plutôt que de faire face à une situation qui ne pouvait plus durer. Plume était une écorchée vive comme moi, sauf qu'elle a été torturée physiquement et mentalement bien plus longtemps que moi...
- Dame Pattricia... Faut laisser tout ces souvenirs derrière vous, y'a votre époux qui souffre mille morts et une nuée de gens qui va investir ces lieux. Dans une de ses lettres, Damoiselle Lucie disait qu'elle avait une nouvelle à vous annoncer. Vous la connaissez, si elle prend des gants et écrit une missive pour vous pré-alerter c'est que cela ne va pas vous laisser indifférente. Je crois qu'avoir vos trois enfants chéris autour de vous avec tout ce que cela implique d'imprévus, d'affection et de taquineries ne pourra que vous faire du bien.
- Manon vous croyez vraiment que j'ai envie d'entendre de bonnes paroles, sensées et raisonnables.
- Si c'est pas moi qui le fait, qui hein ?
Pis y'a pas que vous d'abord !

- Pardon ?
- Vous devriez aussi penser à Monsieur... Avoir vos enfants ici, plus sa fille ainée, Dame Jade et son époux, c'est important pour panser son chagrin. Dame Amarante sera ravie de le titiller pour lui redonner le gout de la répartie.
J'ai envoyé un petit mot à Monsieur Floris pour qu'il ramène avec lui notre petite Jade. Vous savez comme Plume passait du temps avec elle, qui pense au chagrin que ressent cette petite hein ? Sa place est auprès de vous, donc j'ai décidé que votre fils devait la ramener du Languedoc dans ses bagages.


Patt ne répond pas, elle oscille entre étrangler la brune et sa culpabilité. Il fallait bien le reconnaitre, elle était en dessous de tout et sans l'intervention de Manon, il était clair que rien ne se serait arrangé avant très longtemps. Après un long soupir pattochien, les jades semblent retrouver un peu de vie.

- Ne croyez pas que vous allez vous en sortir si facilement... Vous connaissez ma rancune légendaire n'est-ce-pas ?
- Oui mais vous savez que j'ai raison et même si vous me détestez à l'instant, vous m'adorerez ensuite pour mon heureuse initiative.
- Sortez !


Tournant le dos à sa patronne, la brune marche vers la porte et ne peut s'empêcher de sourire, le but recherché était atteint et d'ici quelques minutes la maisonnée croulerait sous une bordée d'ordres assenés d'une voix de stentor par une rousse échevelée. Il s'avérait qu'avec le maitre par contre, la brune était bien moins courageuse. L'homme était grand et large et ses colères pouvaient être violentes parfois, elle se rend donc à son petit écritoire et griffonne un mot pour l'ours qu'elle glisserait sous la porte de son bureau où il s'était réfugié.

Citation:

Monsieur Argawaen,

Votre fille Jade et son époux, votre soeur Dame Amarante et plusieurs de vos enfants seront là d'ici un à trois jours.

Je m'occupe de tout, avez-vous des directives particulières ?

Manon.



Une fois le mot glissé sous la porte, la brune redescend à toute vitesse aux communs.

J'ai balancé la nouvelle, préparez-vous à la pire journée que vous n'ayez jamais vécu dans cette maison !!!


Merci à tous pour votre patience, je rattrape au plus vite tous mes rp en retard.

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Argawaen
[Ce qu'il reste d'un homme...]

Depuis plusieurs jours le vétéran s'était renfermé dans son bureau, ne mangeant presque rien et buvant à outrance. A lui seul il accumulait les clichés de l'homme malheureux.
Son bureau ressemblait à un véritable foutoir, l'on pouvait voir sa hache plantée dans une commode, des livres éparpillés sur le sol, une étagère ravagée par ses coups, des parchemins déchirés, et le comble, des bouteilles de prune vides un peu partout...
Le vieil homme était entré dans une phase de délires paranoïaques et rien ne semblait pouvoir l'y en sortir. Il s'imaginait, avançant contre monts et marées, revoir sa fille, lui tendre le bras, mais elle disparaissait... Toute situation lui échappait et il devenait fou...

A cet instant, il était effondré face contre terre, bouteille à la main, sa barbe n'avait plus aucune tenue, ses vêtements étaient sales et souillés d'alcool, et même de son propre sang à force de frapper tout ce qui était autour de lui.
Quelques instants plus tard il se tourna sur le dos et se cala tant bien que mal contre le bureau, le regard vide fixant la porte.


POURQUOI LE SORT S'ACHARNE ?! HEIN ?! POURQUOI ME GARDER EN VIE ET ME PRENDRE MON ENFANT ?! POURQUOIIIIIIIII ?????!!!!!!!

Il tira sa dague de son fourreau et la lança contre la porte avant de se mettre à pleurer comme pas possible. Argawaen se recroquevilla sur lui même, se mit à trembler et essayait de reprendre ses esprits, mais cela était bien trop compliqué, même pour un homme qui en avait vu de toutes les couleurs... Se crispant, serrant des poings, il savait que certaines personnes de la maisonnée écoutaient ce qui se passait. Surement aussi pour guetter s'il était toujours en vie. Mais plus rien ne semblait avoir de sens pour lui

Allez au diable... Vous ne me prendrez pas moi... Je vous tuerais tous ! Je me vengerais !

Après ces paroles il tourna de l'oeil, et resta en sommeil durant plusieurs heures.
Le temps passait, et son mal de tête s'estompait, lorsqu'il se réveilla il se prit la tête entre les mains et poussa un grognement... Il avait chaud, il délaça sa chemise et fit tomber le récipient d'eau sur lui. Il resta un moment comme ça, et remarqua un papier devant la porte, sans doute avait-il été glissé sous cette dernière.
Argawaen se redressa tant bien que mal, il tituba, souffrant de ne rien avoir dans le ventre depuis un moment et prit la paperasse. Il s'éclaircit la vue en se frottant les yeux et parcouru le message.

Le vieil homme se mit à écrire au dos de ce même papier, du mieux qu'il pouvait...


Citation:
Manon,

Ramenez moi ma fille que je la tienne dans mes bras encore une fois... Sinon fichez moi la paix...
Ah et, occupez-vous de nos invités convenablement, ou je jure par la pierre noire de vous ajouter à ma collection de cadavres qui traine au grenier...

Argawaen


Il fit de nouveau glisser le morceau de papier sous la porte et resta adossé à cette dernière. Il voulait simplement faire son deuil... Le fait de voir du monde l'aiderait à penser à autre chose, mais il sait pertinemment qu'il ne tiendra pas longtemps en compagnie d'autres personnes...
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Pattricia
[Ce qui devait arriver...]


Pour ceux qui ne connaissent pas l'Armagnac et Comminges, ou encore un certain atelier de fées, quand on parle de La Volcan, on parle de Valéryane, la première femme de l'ours. La brune, le brun et la rousse avaient un passé en commun, complexe, enchevêtré à plusieurs moments éparses de leur vie. Mais, sans vouloir lui piquer son titre, c'est la rousse qui était toutes fumerolles dehors, crachant flammes sur toute personnes se trouvant sur son passage. Manon la connaissait bien, elle savait que son calme insolent suffirait à fournir l'étincelle qui allumerait la mèche du pâle fantôme errant qu'était Patt depuis plusieurs jours. Cette dernière n'était pas dupe, même si elle préfèrerait crever que de l'avouer, la jeune femme avait bien fait, il était temps. C'est surtout le rappel à propos de la petite Jade qui l'avait réellement ramenée à elle. Une fois la porte de sa chambre fermée derrière la brune, Patt était devenue rouge, à la fois de honte et de colère, repensant aux petits yeux bouffis de la jeune enfant qui venait de perdre un de ses principaux repères familiaux, sa grande sœur Plume. Et tout ce que les parents avaient trouvé d'intelligent à faire, c'était de la laisser à sa gouvernante et de fuir vers la capitale. "Nous sommes en dessous de tout, notre douleur n'est pas une excuse. Bordel mais que suis-je devenue ces dernières années pour me faire passer avant mes enfants ?!"

La pénitence physique n'étant pas son truc, elle avait donc fait ce que Manon avait prévu, hurlé sur tout le monde, exiger, menacer et pris le ciel à témoin qu'elle n'avait à faire qu'à des empotés. Il avait fallu lui remplir immédiatement sa baignoire, une fois propre et ointe de son huile à la fleur d'oranger, elle avait râler de la tenue prête à enfilée, en avait mis une autre plus en rapport avec ton tempérament du moment et était sortie de la chambre du couple, prête à vérifier que tout serait parfait pour le lendemain et à incriminer la terre entière si une seule chose ne lui convenait pas. Avant cela, elle passe néanmoins devant le bureau de l'ours et y voit le bout de parchemin. Après l'avoir ramassé, lu des deux côtés, elle soupire doucement. La torture psychologique de la maisonnée pouvait attendre, il y avait plus urgent.

Elle tourne la poignée mais sent une résistance qui n'est pas un verrou mais un corps. Alarmée, elle pousse un peu plus histoire de voir au moins ce qu'il en est. L'ours est là, perdu dans sa douleur assis au sol. Déglutissant et prête à se jeter dans une bataille contre le Sans Nom et ses démons, elle glisse son bras par l'interstice et pose sa main sur l'épaule de son époux.


Mon cœur ?
Tu me laisses entrer ?

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Argawaen
[Une suite possible...]

L'ours était là, assis au sol, le regard vide, peu importe ce qui pouvait se passer autour, il s'en fichait royalement.
Le Dehuit de Malemort, quelques instants plus tard, sentit une force le pousser un peu. Il ne prit même pas la peine de dire quoique ce soit, se laissant faire et ne réagissant pas. C'est comme s'il était inerte, mais encore conscient.
Une main se posa sur son épaule, et malgré son état il reconnu que c'était celle de son épouse. C'est aussi pour ça qu'il ne prit pas la peine de réagir non plus.
L'homme cligna des yeux, comme s'il revenait parmi les vivants et tourna la tête sur le côté brièvement.


Le bureau est dévasté, je pu l'alcool et la sueur.. Si tu n'as pas peur de me voir ainsi, alors tu peux entrer...

Le vieil homme traîna sa carcasse jusqu'à la commode qui se trouvait à deux pas de la porte d'entrée et s'y adossa, toujours assis au sol. Le visage tiré par la fatigue à force de se battre contre l'ivresse et la tristesse...

Je suis désolé que tu me vois ainsi...

Son visage se tourna sur le côté, et le regard se figea sur une peinture de Plume qu'il avait fait faire au tout début qu'il l'avait adopté.
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Pattricia
Les jades se chargent de tendresse et le corps passe la porte enfin ouverte. Le nez se fronce, non seulement ça sentait le fauve, mais on aurait dit que cela sentait la mort. La rousse file vers les fenêtre et commence par tout ouvrir en grand pour laisser l'air glacé de cette fin d'hiver envahir la pièce à l'air vicié.

Souviens-toi, pour le meilleur et pour le pire mon coeur... Mais je confirme ça pue ici !

Elle revient vers lui et s'accroupit, lui faisant face.

Nous allons devoir nous reprendre, Plume n'est plus et nous continuerons de la pleurer mais dans notre douleur, nous avons failli au plus élémentaire de nos devoirs, nos enfants. Jade est restée toute seule à Montpellier et nous l'avons laissée dans sa détresse alors que Plume était celle de ses frères et sœurs qui était la plus proche d'elle. Nous avons abandonné notre petite dernière pour pleurer sur notre triste sort. Floris a pris la route depuis plusieurs jour avec elle, ils ne devraient donc pas tarder. Il est temps que nous ayons l'air de parents plutôt que des épaves.

Après s'être relevée, Patt fait craquer ses cervicales et tend la main à l'ours.

Allez debout soldat, tes hommes ont besoin de toi !

Tout ce qu'elle souhaitait c'est qu'il réagisse, plus tard elle lui annoncerait que l'hôtel particulier allait devenir une ruche qui ne leur laisserait aucun répit...
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Argawaen
Le meilleur, le pire... Il avait l'impression que le pire prenait le pas de plus en plus. Il se demandait encore quand est-ce que le meilleur lui était arrivé avec son épouse. Tout deux avait eu à affronter plus de chagrins que de rires. Il était défaitiste pour le coup, et il allait l'assumer pleinement.
Observant son épouse ouvrir les fenêtres, il se mit à grimacer en sentant l'air frais entrer dans la pièce et se frotta les yeux.


Jade... Il ne faut pas qu'elle me voit ainsi... Elle était entre de bonnes mains à Montpellier je le sais... Et je la préfère là-bas, qu'ici à voir deux déchets avec des cernes et des poches de six pieds de long..

Argawaen soupira un grand coup, Floris allait la ramener, ce qui était gentil à lui, et cela lui ferait peut-être du bien de la voir aussi. Il est vrai qu'ils avaient abandonnés Jade dans le sud, et c'était égoïste. Il fallait seulement comprendre la détresse de deux parents en proie au chaos suite à la perte de leur progéniture...
Lorsque son épouse approcha et lui tendit la main, il était prêt à rechigner, mais sans un mot il se contenta de lui attraper et de se relever péniblement.


J'ai besoin d'un bain... Et d'une caisse de prune supplémentaire...

Suite à ces mots il se laissa tomber contre son épouse et repartit en sanglots. Ses bras l'enlacèrent et il serra la rousse contre lui.
Dans un murmure...


Pourquoi ?... Pourquoi notre fille et pas moi ?... J'y étais en Empire bordel...
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Pattricia
"oui mais tu n'as pas couché avec la mauvaise personne mon amour..." Évidemment elle ne le dira pas à voix haute, inutile d'en rajouter ils haïssaient déjà tellement l'Empire... Enfin ils avaient au moins eu la peau de l'Empereur et ridiculisé la FC pour sa filiation inique. Elle qui n'aimait pas tuer, avait presque pris du plaisir à le faire l'année dernière, ils pouvaient pérorer au sujet de la Champagne, ils avaient pris une déculottée ailleurs. Et même si elle honnissait Namay pour ce qu'il était en réalité, en tant que Chef de guerre il était à la hauteur, rien à dire.

Mais peu importe, dans ses bras qui paraissent si frêles en serrant la masse de l'ours, ce dernier se vide de son trop plein de douleur. Quand il l'étreint il manque de la broyer, encore..., mais une main caresse déjà ses cheveux comme pour apaiser un enfant. Souriant presque de le sentir enfin réagir.


Je crois que tu peux même en prendre plusieurs mon ange, quant à la prune tu as pris assez d'avance. Te rends-tu compte que tu as vidé toute la réserve de cette résidence, du jamais vu depuis notre mariage. J'ai besoin que ton visage perde les stigmates de la boisson et du manque d'hygiène, nous allons rejoindre notre chambre et tu prendras autant de bains qu'il le faudra.

Relevant la main avant qu'il ne proteste, les jades se durcissent légèrement.

Je ne négocie plus mon amour, j'ai besoin de toi alors tu vas répondre présent !

Sans lui laisser le temps de réagir, elle l'entraine dans leurs appartements.
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Argawaen
Toute la réserve ? Il avait fait sacrément fort ! Quelque part il en tirait une certaine fierté. Mais il ne le dirait pas. Son épouse semblait bien en rogne déjà.
Le Dehuit de Malemort se laissa tirer par la rousse et il se releva en ronchonnant.


Faudra au moins changer l'eau trois fois... Et au moins une dizaine de savon... J'espère que tu as prévue ce qu'il faut...

Souriant en coin, malgré le chagrin qui le rongeait, il se mit enfin à suivre son épouse jusque dans leur chambre.

Pour la prune... Je suis déçu... Je vais faire fouetter tout ce beau monde et en faire plus encore !

Il perdait la boule, mais il s'en fichait..
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Pattricia
Écoutant sans rien dire une petite pique oursonesque, elle se dit que c'était peut-être ça la vraie solution, retrouver leur propension naturelle à se provoquer en permanence "enfin... surtout lui hein ! Moi je ne fais que répondre, pas ma faute...". La blanche colombe abandonne donc son époux un instant pour aller murmurer quelques mots à une servante qui passe non loin d'eux et revient vers lui l'air de rien.

Ne t'inquiètes pas mon cœur, j'ai prévu large...

Quand enfin ils arrivèrent à leurs appartement, le cabinet de toilette ressemblait plus à une ruche en été qu'à ce qu'il était d'ordinaire. Cela n'était pas une mais trois baignoires de cuivre que l'on était en train de remplir d'eau fumante et c'est seulement un savon qui était posé sur le bord de chacune. Mais déjà la servante arrivait essoufflée avec un panier garni de brosses en crin.

La vindicative fait face à son époux, les jades provocateurs, souriant de toutes ses dents.


Tu crois que ça suffira pour retirer toute la crasse ?

Le temps que l'ours réagisse, Manon fait déjà son entrée.

- Madame, la petite Jade est arrivée mais... sans votre fils.
- Désolée mon cœur je dois t'abandonner à tes gens qui se chargeront de te frotter jusqu'à ce que tu sois rose comme un bébé, j'ai une petite fille à câliner et un fils à assassiner par missive interposée.


Collant un baiser léger sur les lèvres gercées d'Arga, elle file suivie de la fidèle Manon pour descendre à la rencontre de leur petite chérie.
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Pattricia
Novembre 1464, à l'orée de l'hiver...




Presque seule et morose, la rousse s'était installée quelques temps à Paris, tournant le dos aux tombes du parc du manoir à Montpellier et à un mari fantôme. Puisqu'elle aussi était abandonnée, Jade l'avait accompagnée. La petite avait dix ans désormais et sa soeur ainée lui manquait.

La vindicative voyageait donc entre un loup au comportement de toutou à sa mémère et une gamine en souffrance de la perte de Plume et de l'absence de son père. Ce jour là, le trio était installé dans le salon oriental, un des endroits préférés de la maitresse des lieux. Le feu ronflait dans la cheminée, le loup également, pendant que la mère et la fille enchainaient les parties de Cent.*

L'hiver n'était pas encore là mais le froid piquait déjà la capitale. Il était aussi dans le coeur de la vindicative ce froid, bien que la présence de Jade soit un baume, il était de plus en plus difficile pour cette femme forte de le rester. Elle avait tout tenté, l'aide aux miséreux, la pharmacologie, la course aux ateliers, les bals, mariages et baptêmes, rien n'y faisait. La mort faisait son chemin dans ses veines, dans son esprit... dans son coeur.

La seule échappatoire qu'elle avait trouvée, la seule consolation, était d'accorder à Jade toute la présence et l'affection qu'une enfant de cet âge était en droit d'attendre des siens. Le paradoxe, nom de son parfum d'ailleurs, était que Patt donnait ce qu'elle ne ressentait quasiment plus, de l'amour, de la joie de vivre, ultime sacrifice d'une mère à son enfant.

Elle donnait aux autres aussi, maladroitement mais elle faisait de son mieux. Il y avait eu Lub et ses nouveaux projets, Key et son retour parmi les vivants, sa nièce si imprévisible et attachante, ses enfants dont la seule à lui donner des nouvelles sporadiques était Lucie. Elle jouait parfois encore la comédie face à certains, sa belle-soeur même si c'était de moins en moins convaincants, la lointaine famille de son époux quand elle croisait une Princesse au détour d'une boutique mais à l'intérieur, elle savait qu'elle mourait à petit feu.

Ces dernier temps son esprit errait parmi ses fantômes, ses enfants, ses frères, sa soeur, ses amis, Truffe, Iris, tous mort partis comme pour lui montrer le chemin à suivre. Elle ne pensait pas qu'elle manquerait à grand monde, peut-être Lub et Key, peut-être l'ours, peut-être son père de coeur, peut-être sa fille, sa nièce ? La seule avec qui elle maintenait le masque était Jade car la petite avait bien assez morflé comme ça comme elle se plaisait à dire.

Après la partie de cartes, tout le monde avait regagné l'étage mais elle n'était pas prête à dormir, pas prête à abdiquer devant une nouvelle nuit d'insomnie, une nouvelle migraine, de nouvelles nausées. Elle s'assied donc à son bureau, l'écritoire face à elle, indécise, ne sachant pas à qui écrire, n'étant même pas sûre d'en avoir vraiment l'envie. Mais petite à petit, la plume glisse sur le vélin...




Automne 1464

Je ne sais pas trop pourquoi j'éprouve le besoin de couler sur le papier mon ressenti, il n'est ni profond ni spirituel et encore moins intéressant pour quiconque. La solitude est une étrange compagne. Dès mes 8 ans, elle a été mon quotidien, comme la souffrance d'ailleurs, qu'elle soit physique ou morale. Très peu de personnes savent réellement ce qui s'est passé ce jour là, même pas mes frères et soeurs, si peut-être Mycha qui me devinait si bien, mais rien de ma bouche ça c'est sûr.

Nous étions sur cette route qui descendait, comme je finis par m'en rappeler plus tard, vers Sarlat La Canéda, berceau familial de mon père même si il n'y avait plus de famille. Ma famille... elle se composait à l'époque de mon plus jeune frère, Mychael, des cadets, les jumeaux Alrahir et celui dont je ne me suis jamais rappelé le nom, de ma mère Maria Harrewijn, née dans les Flandres à Bruges et de mon père, Armand La Canéda, né en Languedoc à Béziers.
Le jumeau d'Al ne nous accompagnait pas dans ce voyage, pris d'une très mauvaise fièvre, il était resté en nourrice dans les Flandres, nos parents ayant pour projet d'aller le chercher plus tard, une fois tout le monde installé et mon jeune frère guéri.

Jusqu'à ce jour terrible sur ce chemin, notre vie familiale avait été faite de joies et de confort. Mon père, marchand ambulant de son état, était souvent absent et avait un excellent sens des affaires. Notre vie était celle de bourgeois cossus, notre fratrie avait même droit à un précepteur afin que nous sachions lire et compter. Mon paternel me voyait, moi l'ainée, déjà à la tête de l'entreprise familiale, installant mes frères dans des comptoirs sur les routes principales du négoce. Sans doute espérait-il une grande famille, une sorte de clan enrichissant ses membres en étalant leur réseau d'action.

Ma mère était elle très différente. Elle avait une chaleur débordante d'amour sous son aspect de rousse du Nord. Elle nous chantait des chansons pour nous aider à nous endormir et apaiser l'excitation de nos journées riches en aventures imaginées ou réelles que nos jeunes corps graciles ou nos cerveaux prolifiques nous permettaient. Sa douceur cachait un tempérament de feu et ses yeux verts, couleur des sous-bois en été savaient très bien se faire comprendre. Maintenant que j'y repense, je sais que j'ai ses yeux... Je sais également que ce sont ses chansons que j'ai chanté à mes enfants. Ma mère, elle est présente plus dans mon coeur que dans mes souvenirs pleins de trous.

Nos rapports d'enfants étaient faits d'un mélange de compétition et de connivence. Au moment où je couche ces mots sur le papier, je me rends compte que les triplés, ont reproduit les mêmes rapports, mais ce sujet est pour plus tard. Ne digressons pas. Donc mes frères, sujet douloureux qui m'apporte invariablement les larmes aux yeux quand je suis dans mon intimité, loin des regards. Je ne sais si il existe en ce monde une soeur qui ait plus aimé ses frères que moi. A vrai dire cela n'a pas d'importance, pourquoi aurais-je l'apanage de l'amour fraternel, quelle présomption !

Commençons par le plus jeune, mon chouchou quelque part. J'avais 8 ans et pour moi ce quasi encore bébé était le mien et forcément sous ma responsabilité. Non pas que je veuille spolier ma mère de son rôle, c'était juste instinctif, comme si je savais qu'un jour ça serait vrai, bien que trop tard. Mychael Aymeric La Canéda, deux ans au moment des faits mais n'allons pas trop vite. Mycha comme je l'appellerais toute ma vie, enfin jusqu'à ce que je le perde et enfin à partir du moment où je le retrouverais. Bref Mycha... De ce dont je me souviens, il était un petit garçon agité, curieux et très très affectueux, sans doute viendrait de là son grand appétit des femmes... Il s'accrochait autant à ma mère pour les câlins en chanson qu'à moi pour les aventures que mes deux autres frères et moi-même inventions pour sa plus grande joie. Il ne comprenait pas tout mais participait à nos jeux d'enfants avec un grand enthousiasme.

Viennent ensuite les jumeaux. Pourquoi l'un des deux n'est-il qu'un souvenir flou ? Peut-être parce qu'aucun membre de la famille n'a réussi à le retrouver jusqu'à maintenant ? Allez savoir... Il aurait 27 ans aujourd'hui... Où es-tu mon jeune frère silhouette ? Par contre Alrahir lui, difficile de l'oublier. Il fut le premier frère que je retrouvais, à Sarlat d'ailleurs, grâce à une voyante mais là encore je vais trop vite. Des souvenir d'Al qui me sont revenus, j'ai un sentiment mitigé. Nous étions souvent opposés, il était un garçon un peu secret, joyeux mais souvent perdu dans ses pensées. Il lisait beaucoup, bien plus et bien mieux que moi. Il demandait sans cesse à notre père de lui parler de ces ailleurs que nous ne pouvions qu'imaginer au travers de ses récits. Il était clair qu'il ne tiendrait jamais boutique, son destin le guiderait forcément vers des voyages fabuleux.

Maintenant que le portrait familial est dressé plus ou moins avec adresse, je vais essayer de dormir. Manon vient d'entrer dans la chambre pour me déposer une tisane apaisante. Je vous reparlerai de Manon bien plus tard, si la Mère me prête vie assez longtemps pour aller jusque là dans mon récit. De toute manière qui lira ces mots ? Sincèrement qui cela intéressera t-il ? Peu importe, j'en ai besoin alors je le fais. Point !


Au moment où la porte s'ouvrait discrètement, la rousse avait tourné la tête et adressé un regard reconnaissant à la brune qui déposait une tasse fumante sur un guéridon près de divan. Elle ne dormait plus dans le lit conjugal depuis longtemps, pas de mari, pas de chambre du couple, c'était ainsi que la vindicative réglait ce qui lui nuisait, elle faisait table rase...

* ancêtre du piquet
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Euridyce
    Lucie avait tout d'une fille indigne. Elle avait quitté le cocon familial sur un coup de tête, il y a deux ans de cela, rejoignant les routes avec pour seul équipement son éternelle imprudence. Les morts, depuis, s'enchainèrent, mais aucun évènement ne poussa Canéda à rejoindre les siens. Ne restait que cette fougue inaliénable, qui agitait son petit être sur les routes de France ou dans les fauteuils rassurants d'une auberge limougeaude. Ne restait que ces ondulations aux reflets de chrysoprase, éparpillés sur ses épaules, comme un rappel filial constant. Lucie était Canéda avant d'être libre.

    Certains instants de fragilité la renvoyait à cette chaleur maternelle manquante, ce noyau qui semblait autrefois capable de pulvériser chaque obstacle de quelques coups de hache bien pensés à la Dehuit. Mais qu'y pouvait-elle, cette puissante équipe, contre le hasard de la mort ? Rien. Evidement, rien. Resserrer les rangs ? C'était sûrement le seul moyen de conserver le lien, de renforcer un socle qui vacille.

    Une lettre fut donc envoyée le soir même à la Mère.


    Citation:
    Douce maman,

      Je sais combien je fus absente, ces deux dernières années, bien trop absorbée par des bêtises limougeaudes. Jamais je n'aurais dû me faire si silencieuse, effacée, dans le cocon familial. Il est dommage qu'il fallut une nouvelle aussi horrible que celle de la... Du départ de ma soeur pour le réaliser. J'aimerais te revoir. Il le faut, maman. J'ai un mauvais pressentiment, que je ne saurais expliquer. Il est sûrement injuste de te demander ainsi une entrevue, mais je t'en prie.

      J'aimerais te demander comme tu te portes, mais j'ai peur de déjà connaître la réponse. Où êtes-vous ? Où en est Père ? Et Jade ? Si tu as besoin d'aide pour t'en occuper, n'hésites pas à me l'envoyer. Quelques jours, si ça peut vous permettre de vous retrouver. Je saurais lui faire découvrir les routes et la distraire au mieux de sa peine.

      Retrouvons-nous.
      Je t'embrasse, en regrettant de ne pouvoir me blottir dans tes petits bras puissants.

    Je t'aime,
    Lucie,
    La fille indigne.



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Artiste : A6A7 et junica-hots
Citation de Carlos Ruiz Zafon.


Servante_parisienne
Depuis l'arrivée de la patronne dans les murs, la joyeuse effervescence qui suivait ce genre d'évènement d'ordinaire n'était pas au rendez-vous. Cela avait commencé avec le regard, les jades et les onyxs avaient eu un échange silencieux. La brune avait alors compris qu'il se passait un truc pas très aristotélicien.

Le rayon de soleil c'était Jade évidemment, les joues rougies d'avoir voyagé, tantôt dans le carrosse, tantôt en amazone tout contre sa mère dont le bras étonnamment puissant la maintenait sur la jument. Quand elle avait aperçu sur le perron l'intendante de l'Hôtel de La Force, la petite s'était échappée des bras qui l'avaient aidée à descendre du coche pour aller se jeter dans les jupes de Manon.

S'en était suivi un échange de câlins très poneysques mais moins roses et moins bruyants. C'est ensuite qu'elle avait lu dans les jades de la rousse un message glacé. La brune connaissait ce regard, enfin elle l'avait connu, c'était à la mort du plus jeune frère de la patronne, la Languedocienne était arrivée à Paris comme poursuivie, les yeux hagards et un peu fous. La différence de cet instant tenait dans la lueur résolue, comme si quelque chose de définitif se dessinait, prenait forme dans le cerveau pattochien.

Ensuite il lui avait fallu faire face à la réalité, des gens de la maisonnée étaient envoyés aux quatre coins de la capitale pour ramener des simples, des articles dignes de la Cour des Miracles, des ustensiles se rapportant plus à l'alchimie qu'à la médecine. Manon ne posa pas de question, elle savait qu'avec la rousse c'était inutile. Elle se contenta de veiller à ce que les désirs de la vindicative soient réalité.

En fait, c'était la nuit qu'elle avait appris à appréhender, il lui arrivait souvent de retenir la chevelure rousse pendant que Patt vomissait au-dessus d'un seau. Elle lui appliquait des linges humides sur le visage, lui remplissait elle-même sa baignoire de cuivre d'eau bien chaude pour qu'elle s'y réfugie, lui massait les tempes, lui préparait ses tisanes "améliorées" afin qu'elle récupère en dormant quelques heures.

Contrairement à bien d'autres, la nuit qui s'achevait avait été tranquille. Peut-être l'écriture allait-elle aider la Baronne ? Peut-être n'était-ce que le corps qui réagissait enfin aux blessures d'une âme tourmentée. La brune l'espérait en tout cas. Cette urgence et cette culpabilité qu'elle lisait dans les yeux de la rousse ne lui disait rien qui vaille. Elle veillait à la préparation du petit-déjeuner familial quand on lui apporta un pli portant le seau familial des enfants de la famille. C'est aussi cet instant que choisit Evil pour faire son entrée, la queue agitée et la lippe gourmande.


Regardez-moi ce gourmand qui est toujours le premier levé, va donc faire tes besoins d'abord, allez oust !

C'était un rituel entre ces deux là, l'un arrivait tout joyeux et affamé et l'autre le houspillait et le faisait sortir dans le jardin à l'arrière de la bâtisse principale. Le tout au grand dam des jardiniers que la présence du loup terrorisait. Sans parlé du fait qu'ensuite ils devraient jouer les ramasse merdes et y'en avait vu la taille du bestiaux et son appétit.

Les pas légers et lents de la maitresse des lieux se fit entendre dans le splendide escalier à coulisse du vestibule, accompagnés d'une série de sauts de cabri de la brunette de dix ans qui digressait sur l'à propos de choisir une robe rose ou une bleue pour aller faire les boutiques. Manon bénit silencieusement la dernière de la famille qui mettait un peu de légèreté dans l'ambiance plombée des lieux.

Comme tous les jours, la mère et la fille entre dans les cuisines, loin de la salle à manger familiale et de son apparat. Chacune s'installe sans façon à la grande table de chêne et très vite le personnel aux petits soins apporte boissons chaudes et petits gâteaux tièdes. Le pain du matin est coupé en tranches et près de lui sont posées motte de beurre et confiotte de mûres, vieux rituel périgourdin né dans une autre vie. Une fois la nuée de bonnets blancs repartie vers ses activités quotidiennes, la brune s'approche de la rousse.


Bonjour Dame Pattricia, bonjour Damoiselle Jade.
J'ai une missive pour vous patronne, je crois qu'il s'agit de Mademoiselle Lucie.


Elle n'avait pas terminé sa phrase et tendu le pli que déjà une main alerte et plus rapide que l'éclair s'en était emparé, l'avait décacheté et seule la hâte de Jade d'avoir des nouvelles de sa grande soeur pouvait se faire entendre. La vindicative resta silencieuse, replia le pli et commença à manger. La petite fille, un peu déçue mais connaissant assez sa mère pour ne pas insister, mordit dans sa première tartine. Avec la dame au loup, la première qualité à avoir était la patience et la gamine l'avait très tôt compris. L'intendante aussi d'ailleurs, elle se contenta de faire un clin d'oeil à Jade et sorti en direction de la porte donnant sur le jardin pour l'ouvrir et laisser entrer un boulet de canon jappant pour exprimer sa "faim de loup"...
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Pattricia
La journée s'était écoulée sans grand remous. Jade avait été affublée de deux nouvelles robes, Evil condamné à rester dans le coche et la rousse s'était efforcée d'être enjouée à suivre une gamine galopant presque dans les allées des Galeries Lafayotte. Et que telle coiffe irait bien avec telle robe, et qu'il n'y avait pas assez de jupons sous telle autre, bref une vraie fille.

On était loin de l'époque où une môme au loup tenait tête à une mini-chieuse furibonde en refusant de lui acheter une robe rouge, oui... très loin des fugues luciesques en guise de vengeance. Lucie... la jeune femme n'avait pas quitté les pensées de la rousse tout au long de la journée. Se remémorant chaque ligne de la missive lue au petit déjeuner, se rappelant les réponses au tac-au-tac qui lui étaient venues à l'esprit à la première lecture. Jade avait bien tenté une petite bouderie devant le mutisme de sa mère adoptive. C'est que la brunette voulait toujours tout savoir, surtout qu'elle avait remarqué l'impatience maternelle lorsqu'elle avait rompu le sceau, elle ne savait pas qui avait écrit mais il était clair que "maman" était troublée. Mais le boudin avait tourné court quand les jades s'étaient posés sur elle, un vilain frisson avait parcouru son échine et son museau avait vite plongé dans son bol de lait d'amande.

La vindicative n'avait pas changé sur un point, elle était la mère et donc sa tolérance vis-à-vis des caprices, chantages et bouderies était toujours de zéro. Quand on accouche de triplés à quinze ans et qu'on les élève seule avec une gouvernante et un bras droit, il faut tenir bon "surtout avec ces trois là...". A cette pensée furtive, alors qu'elles rentrent en coche de leurs emplettes, la rousse sourit imperceptiblement. Lucie, Cantor et Floris, ses enfants bâtards d'un futur roy dont elle les avait protégés férocement. "J'aurais dû me douter que cela allait être aussi dingue et aussi merveilleux. J'étais si jeune et si naïve, quelle folie !".

A leur retour donc, la mère et la fille firent toilette, soupèrent tôt et la petite ne fit pas long feu, trop d'aventures, d'achats, d'émotions, tout ça... Après lui avoir raconté une énième histoire de pirates ponesques vivant sur une ile arc-en-ciel, Jade avait plongé dans les bras de Morphée. Patt était nerveuse, impatiente de répondre à sa fille mais en même temps hésitante. Pas encore tout à fait prête à écrire, elle siffla Evil et sortie, vétue en homme, par la petite porte au fond du jardin donnant sur une ruelle sombre et malodorante. "Un peu d'exercice me fera du bien, je me demande si une petite rixe ne me détendrait pas un peu".

C'est ainsi qu'une silhouette armée de son épée et de ses dagues pris la direction des quais de Seine, suivi d'un loup, en quête de défoulement...

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