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[RP] Jusqu'à ce que la mort nous sépare...

Roselise
    "Tu disais que seule la mort pouvait nous séparer.
    Je ne pensais pas qu'elle viendrait aussi tôt...
    Et il n'est pas de larmes pour supporter le poids de ton absence.
    Je crois que je suis, moi aussi, un peu morte.
    Depuis toi, depuis cette seconde où ton souffle a cessé."
    Roselise


C'est après une course effrénée dans les ruelles de Montpellier que Rose déboula en haut de la falaise, le souffle court. Le regard perdu dans le vide, elle cherchait le courage de sauter dans cet abîme. Sa main qui se posa sur son ventre à peine arrondi la rappela à l'ordre. Elle songea au petit être qui y grandissait et finalement se laissa tomber à genoux juste au bord du précipice pour hurler comme une louve, jusqu'à en avoir la voix brisée... Puis, un silence lourd plomba cette journée qui touchait à sa fin. La jeune femme leva vers le ciel, qui s'embrasait de teintes rouges, un visage ravagé de larmes. A cet instant, elle aurait voulu être foudroyée pour que cesse cette douleur qui lui étreignait le cœur. Elle demeura longtemps agenouillée, immobile, le corps parfois secoué par de longs sanglots. Des petits cailloux écorchaient sa peau mais elle n'en avait cure. Rien ne pouvait lui faire aussi mal que la peine qui la déchirait. Ce n'est que lorsque la nuit s'installa que Rose quitta la falaise pour s'en retourner chez elle, anéantie, le visage déformé par un rictus de désespoir.

Et pourtant, moins d'une semaine auparavant, Rose était encore l'épouse comblée de Mychael La Canéda. Moins d'une semaine auparavant, elle se réjouissait de son bonheur, et de ce ventre que l'amour avait béni. Son époux devait faire un court voyage pour une livraison de carcasses et il avait tenu à ce qu'elle reste à Montpellier, préférant lui éviter les chemins chaotiques à cause de sa grossesse. Rose avait bien tenté de le convaincre de l'emmener avec lui, incapable de lui expliquer l'angoisse qui lui nouait l'estomac. Mychael s'en était moqué avec tendresse, avant de les embrasser, elle et son ventre qui abritait le fruit de leur passion, et de quitter la maison en lui promettant d'écrire chaque jour. Cependant, elle ne reçut aucunes nouvelles, et la jeune épouse s'angoissait chaque jour davantage de ne pas le voir revenir.

En cette fin de journée, c'est un maréchal qui vint l'avertir que son époux avait succombé à ses blessures lors d'une attaque de brigands. Il lui remit son alliance et le bracelet de cuir qu'il portait à son poignet gauche, identique à celui qu'elle arborait au poignet droit et qui étaient gravés de leurs initiales. Elle serra dans sa paume ces deux objets. Ainsi, c'est tout ce qui lui restait de l'homme qu'elle aimait tant. Une alliance, un bracelet et un enfant à naître. Elle faillit mourir sur l'heure, refusant d'imaginer cette abomination. Le visage décomposé, Rose leva les yeux des trésors qu'elle tenait dans sa main pour les poser sur le porteur d'une si funeste nouvelle. Elle ne prononça pas un mot, n'émit pas un cri ni ne versa une larme. Le choc était trop dur à encaisser, elle était comme figée et tout tournait autour d'elle. Ce n'est qu'une fois l'homme parti qu'elle réalisa vraiment qu'elle ne reverrait plus jamais son époux. Qu'elle n'entendrait plus son rire résonner dans leur maison, qu'elle ne se blottirait plus dans ses bras pour s'endormir... Et ce n'est qu'après sa fuite vers la falaise qu'elle se laissa aller à son chagrin, la voûte céleste pour seul témoin de son désespoir.

De retour chez elle, Rose se rendit directement dans la chambre et enroula son corps tremblant dans une des chemises de Mychael avant de s'allonger sur leur lit, épuisée. Elle ne trouva ni sommeil ni répit à sa douleur, mordant son oreiller pour ne pas crier. Elle n'était que souffrance, et cette souffrance générait tous les démons. Elle en voulait à la terre entière. Ces charognards l'avaient dépossédée de ce qu'elle avait de plus précieux... La jeune veuve finit par se lever au milieu de la nuit, elle se devait d'avertir la famille de son défunt époux et elle savait sa belle-sœur à Lodève. Ni une ni deux elle enfourcha sa monture. Une nuit sans lune couvrait sa chevauchée éperdue vers la ville voisine. Le vent fouettait son visage, rongeait sa peau délicate. Comme si cette course pouvait la soulager du fardeau qui l'endeuillait.

Au matin elle arriva à destination. Ses yeux rouges et cernés, d'habitude si pétillants de vie, n'engendraient plus de larmes à force de pleurs. Méconnaissable avec son teint livide et sa longue chevelure blonde toute emmêlée, Rose n'était plus que l'ombre d'elle-même lorsqu'elle fit le tour des auberges pour trouver Patt.

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Pattricia
[Lodève]


Depuis que l'ours était sorti de retraite par surprise au moment des joutes du Tournel, la rousse était tendue, irascible et fatiguée. Depuis qu'elle avait réglé la succession d'Etheban, sont cœur restait lourd. Les frasques des uns et les caprices des autres étaient devenus insupportables pour la vindicative. En une année, elle avait perdu l'ainé de ses frères, son meilleur ami, son loup, sa brune amie Key, deux gardes du corps, exécuté un traître, découvert l'infidelité paternelle, assisté à deux mariages ratés de son plus jeune frère, risqué de perdre l'aînée de ses enfants, appris bien après coup que son époux avait faillit mourir dans une attaque d'un de ses ateliers, quitté la politique et le Comté qui l'avait rendue à la vie il y a fort longtemps.

Rien n'allait plus et son humeur était chafouine. En fait, tout ce qu'elle voulait, c'est qu'on l'a laisse respirer et qu'on lui fiche la paix. Mais voilà, elle était pas assez comme ci pour ses enfants, pas assez comme ça pour son époux, méchante avec untel, bla bla bla... Et voilà que son époux avait décidé de faire le tour du royaume... "Grand bien lui fasse !" alors pour passer ses nerfs, elle était allée dans l'atelier local, avait loué une hache puisque la sienne avait besoin d'être aiguisée "moi qui espérais que l'ours s'en occuperait à notre retour à la maison, bref..." et, à la grande surprise des bûcherons de leur maisonnée, sétait installée devant un tronc et passait ses nerfs dessus.

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Argawaen
[Lodève]

Le vieil homme avait réussit à s'échapper du monastère, au grand désespoir de son épouse. Le vieil homme avait encore du mal à digérer le fait d'être passé pour une issue de secours le temps que la rousse fasse ce qu'elle avait à faire. Il savait qu'elle en avait gros sur le coeur, mais ce n'était pas forcément une raison d'agir de la sorte. Il avait connu la rousse avec un sang froid hors du commun, et voilà qu'elle était en train de lâcher prise. Il essayait d'oublier ce passage, mais étant rancunier il en avait bien du mal.
Argawaen avait apprit la veille que sa cousine Elisa risquait de passer par le Languedoc afin de s'échapper du Lyonnais et Dauphiné. Il n'avait pas posé de questions sur le pourquoi du comment et l'attendait avec impatience.

Argawaen en avait également profité pour lui proposer ses services le temps qu'elle puisse s'installer en Alençon, une bonne escorte ne serait pas de trop. Il en profiterait également pour aller en Maine et probablement en Bretagne. Il avait une fois de plus échapper à beaucoup de choses durant les dévotions, et au final il se disait qu'il aurait peut-être mieux fait d'y rester un peu plus longtemps.

L'ancien soldat allait essayer d'avoir un minimum de dialogue avec celle qui se faisait appeler " la vindicative ". Rejoignant la rousse il la vit en train de s'acharner sur un tronc d'arbre avec une hache. Restant à l'écart un instant, soupirant brièvement il se décidait enfin à avancer dans le plus grand silence. Une fois à sa hauteur sa main vint attraper son avant-bras, il était resté derrière elle et son bras libre venait enlacer la taille de son épouse.


Et si tu abandonnais cette hache afin que nous puissions discuter entre personnes civilisées ?...

Le ton employé était calme, faible, il essayait de faire preuve d'un peu plus de tact que d'habitude. Son épouse avait besoin d'extérioriser et cela était compréhensible, il espérait juste avoir ne serait-ce qu'un minimum de temps avec elle pour en discuter.
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Pattricia
L'arbre numéro 1 venant d'enfin rendre l'âme, elle a déjà repéré le futur numéro 2 alors qu'elle s'échine à saucissonner le premier. Quand son bras est immobilisé et sa taille prise, avant de réaliser que c'est son époux une bordée de jurons lui vient aux lèvres. Quand la lumière se fait dans son cerveau bouillonnant, elle dégage son bras pour poser la hache contre le tronc couché sur le sol. Finissant de se dégager complètement, elle tourne sur elle-même pour lui faire face.

- Je t'écoute...

Le ton est las, le regard tout autant. Elle respire doucement, obligeant son corps à garder le contrôle. Elle espère juste qu'il gardera ses éternels reproches pour lui car elle a atteint ses limites. Elle attend la suite, ne peut s'empêcher d'appréhender ce qui va sortir de cette bouche.


Édité pour fautes
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Argawaen
Se reculant d'un pas, même d'un second, l'homme posa sa main sur le pommeau de son arme avant de prendre la parole.
Son regard était doux pour changer, il se doutait qu'il était certainement en train de la déranger dans cette besogne qu'était de fracasser des troncs d'arbre. Mais qu'importe, cette situation le rendait inquiet, vraiment inquiet...


Je sais que tu es tourmentée, je sais que tu es en colère, mais les faits, tu ne peux les changer. Tu auras beau essayer de tourner le problème dans tous les sens, tu te rendras compte que rien n'y fera... Je comprends, du moins, je ressens approximativement ce que tu ressens. Il m'a fallu des années pour me faire une raison, j'espère que pour toi, cela prendra moins de temps... Sache juste que si tu as besoin, que malgré mes défauts, je serais là pour toi...

Le vieil homme se dirigea jusqu'à la hache, la prit et la glissa dans la main de la vindicative.

S'il reste un peu de bois, du moins qu'il n'y ait pas seulement des éclats, peut-être pourrions-nous faire un feu et ripailler entre nous. Pour l'heure, j'ai dis ce que j'avais à dire, je ne sais si cela aura pu t'aider, mais sache seulement que ton époux a des oreilles attentives, des épaules solides et un coeur qui ne battra que pour toi malgré tes tourments. Nous nous sommes dit " oui " pour le meilleur et pour le pire, affrontons donc le pire ensemble...

Lentement ses lèvres vinrent se poser sur le front de son épouse, ses mains se posant sur ses bras.

*Etiam Sine Defensionis Terribilis Sum...



* Même sans défenses je reste redoutable
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Pattricia
Soulagée qu'il soit passé du mode "reproches en tous genres" à "je suis là", la rousse acquiesce et à peine la hache dans ses mains, la repose contre le tronc moribond. Elle ne sait pas trop ce qu'il a en tête, et pourquoi il lui dit tout ça, mais elle suppose qu'il pense au décès d'Estheban encore récent.

- Je ne sais pas pleurnicher sur une épaule, j'encaisse mais faut pas m'asticoter. C'est ce qui s'est passé et j'ai pas supporté. Bref...

Quand il parle de manger, elle n'en n'a vraiment pas envie, son estomac est noué, comme en attente d'un prochain drame. Mais elle veut montrer qu'elle est là, enfin presque et hoche la tête, cherchant des yeux du petit bois.

- Je pense que nous trouverons de quoi faire un feu sans souci, il y a du petit bois des coupes de la saison précédente, un fagot sera vite fait.

Il l'embrasse sur le front, elle tente un sourire crispé.

- Oui j'en suis consciente, c'est juste qu'on est rarement synchrones, je me demande encore comment on a fait pour se trouver...
Ramassons le bois et profitons de cette pause pour discuter, j'ai moi aussi une chose à te dire, une envie qui m'a prise au Tournel et que j'ai l'intention de concrétiser.

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Argawaen
Ecoutant les dires de la rousse il se doutait bien qu'elle ne voulait pas aussi facilement se montrer en état de faiblesse. Mais parfois il fallait bien faire impasse et se laisser aller...
L'aidant à ramasser du bois et à faire un feu le Dehuit de Malemort prit place à côté de ce dernier puis fixa son épouse.


Voilà une bonne question... Mais il doit bien avoir une raison valable ma douce.

Pliant une jambe et s'accoudant au genou il poursuivit.

Quelle est donc cette envie ?

Attendant la réponse de la rousse le vétéran sortit quelques morceaux de pains et de viande séchée et fit cuir légèrement le tout. Il en profita pour grignoter un morceau de fromage en attendant. Laissant le soin à la rousse de se servir si elle avait faim, de son côté il sortit sa bouteille de prune et la posa à côté. Son épouse chercherait peut-être réconfort avec la boisson...
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Roselise
Rose poussa la porte de la première auberge qui se trouvait sur sa route. En entrant, tous les regards se tournèrent vers elle, mais la blonde n'y prêta pas attention. Du moins, c'était l'impression qu'elle voulait donner. En réalité, elle les évita consciencieusement. C'est vrai qu'elle devait faire peur à voir avec ses yeux bouffis et sa mine cadavérique, ses braies mal enfilées et sa chemise beaucoup trop grande pour elle... C'était celle de Mychael. Elle n'était pas en mesure d'affronter ces regards curieux, encore moins de parler. Pourtant, elle dut faire un effort surhumain pour poser des questions à l'aubergiste, mais ce dernier ne sut pas lui donner réponse. Rose tourna les talons, et une fois dehors elle prit une grande bouffée d'air, la poitrine oppressée.

A la deuxième auberge, ce ne fut pas mieux et sa recherche resta infructueuse. C'est à la troisième que Rose réussit à avoir une piste. Alors qu'elle se renseignait auprès du taulier qui ne semblait pas pouvoir lui venir en aide, un homme qui se trouvait au comptoir -assez près pour entendre leur conversation- l'interpella:

- M'dame, j'crois qu'j'ai vu celle qu'vous cherchez.
- Ah?... Où et quand l'avez-vous vu? Demanda t-elle d'une voix lasse, en se tournant vers lui.
- Là- bas... Répondit-il en pointant du doigt la fenêtre... Dans la forêt. Y a pas une heure.
Rose laissa échapper un profond soupir. C'était vaste comme renseignement, tout comme la forêt. Il enchaîna:
- Une rousse. Elle s'acharnait sur un arbre. L'avait pas l'air d'bonne humeur...
- Je vous remercie... Je vais tenter de la retrouver.
- J'peux vous accompagner au bon endroit, s'vous voulez...
- Vous seriez bien aimable.

Et c'est ainsi qu'elle suivit l'inconnu jusqu'à l'orée de la forêt. Avant de la quitter, il lui indiqua en détails où il avait vu Patt. La jeune femme le remercia une dernière fois, avant de s'enfoncer et disparaître dans la densité des arbres. Elle aperçut bien vite la rousse qui était en compagnie de son époux, Arga. Rose s'arrêta un instant pour trouver le courage nécessaire, le cœur battant à tout rompre. Elle avança encore de quelques pas pour se rapprocher, en silence, les jambes flageolantes et les mains tremblantes. Elle fixait le couple, la bouche sèche et la gorge nouée, incapable de parler ou d'émettre le moindre son, attendant qu'ils remarquent sa présence, juste derrière eux.

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Pattricia
Le petit bois ramassé, elle avait laissé l'ours s'occuper de tout pas du tout d'humeur à jouer les femmes au foyer. Assise à même le sol, elle regarde les flammes crépiter sans vraiment les voir. Après un mordillage de lèvres et quelques dandinements du popotin comme si elle était assise sur un caillou pointu, elle plante ses jades dans les yeux de son époux.

- Voilà...
J'adore Jade, lui servir de mère tout ça, n'en doute surtout pas. Mais malgré cela, j'éprouve un manque. La dernière fois que j'étais à Paris, tu sais quand j'ai vu mes sœurs, et bien j'ai eu envie de passer à l'orphelinat Sainte Clothilde.


En fait, elle se rend compte au fur et à mesure qu'elle parle que cette envie ne date pas du Tournel, mais de bien avant.

- Quand tu as adopté Plume, j'ai trouvé cela bien que tu te crées ta propre descendance puisque celle d'origine aura été si décevante. Jade à l'époque n'était pas encore arrivée dans notre quotidien.
Je me rends compte que j'ai besoin de m'occuper d'enfants, de les adopter et de leurs offrir une deuxième chance dans la vie.


Elle ne lui demande pas l'autorisation, après tout il ne l'avait pas fait pour la vilaine brune, elle l'informe simplement comme Argawaen à l'époque de l'adoption de Plume.

- Je sais que je viens de retrouver Cassandrenne, ma nièce, et que je ne vais pas tarder à retrouver son frère, mais tout ce petit monde est grand, et même si il est de mon sang, il a déjà sa propre vie et bientôt son autonomie.
Ça sera peut-être une fille, ou un garçon, ou les deux, je ne suis pas fixée.


Patt regarde son époux, attendant sa réaction. Après tout il allait bientôt partir pour un long voyage et elle avait pas mal à faire en Languedoc, déjà renflouer les caisses qui avaient été mises à mal avec leur déménagement, l'achat d'un appartement à Rodez et la construction de leur manoir sur les falaises.
Tout ça pour dire qu'elle devrai se trouver des occupations autres que tyranniser la progéniture pratiquement adulte qui les entourait.


- J'espère que tu comprends...

C'est alors qu'un léger mouvement à la périphérie de son regard attire son œil. Tournant la tête, elle aperçoit une blondeur qu'elle reconnaitrait entre toutes. Quand elle plisse les yeux se rendant compte de l'état de Rose, son cœur s'arrête et elle se lève, tendue comme un arc.

- Rose ?
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Argawaen
Ecoutant attentivement le moindre mot de son épouse le Dehuit de Malemort poussa un léger soupir. Pas qu'il n'était contre cette idée, mais il se disait qu'une fois de plus, ils ne passeraient plus vraiment de temps ensemble. Le vieil homme n'avait pas envie d'aller contre les idées de la rousse, il allait faire un nouveau sacrifice et faire comme ci tout allait pour le mieux. Argawaen se doutait que la rousse avait besoin d'être bien entourée, surtout au vu des derniers événements familiaux. Plume qui faisait sa rebelle, les disparitions multiples des deux côtés. Bref, en gros il allait faire de son mieux pour prendre sur lui même et accepter. Elle l'avait bien fait pour Plume... Il espérait seulement que son épouse ne soit pas déçue ou attristée par le comportement, la perte de ces enfants qu'elle souhaiter adopter.

Ecoute, je n'y vois aucun inconvénient. C'est juste que... Non laisse tomber. Cet orphelinat est fiable ? Ce sont des personnes sérieuses ? As-tu déjà une petite idée de qui voudrais-tu adopter ? Comment puis-je t'aider ? Je ne sais quand Elisa arrivera, et j'hésite encore à faire ce grand tour de Royaume, j'ai appris que ma soeur était devenue bourgmestre de Saint-Brieg, elle aura peu de temps à m'accorder, ma suzeraine est quant à elle encore dans l'Ouest du Royaume. Je pense faire un aller-retour en Alençon. Ensuite je verrais pour m'investir dans une carrière militaire ici...

Le vieil homme venait de bombarder son épouse de questions mais il n'avait vraiment jamais eu affaire avec un orphelinat. Alors il était un peu dans le flou. Suivant le regard de la rousse il vit Rose, elle semblait paniquée, se levant doucement il se doutait que rien de bon n'allait sortir de sa bouche... Argawaen resta en retrait, attendant les mots de sa belle-soeur...
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Roselise
La blonde se tenait là, devant eux, les regardant tour à tour. Elle cherchait ses mots, incapable d'associer Mychael à la mort dans une même phrase. Elle essayait de dire quelque chose mais n'y parvenait pas. C'est à peine si elle pouvait respirer tant sa gorge était nouée. Mais il fallait... Il fallait qu'elle leur dise. Rose se sentait faible, nauséeuse, tenant difficilement sur ses jambes, comme si elle portait le poids du monde sur ses frêles épaules et qu'elle allait s'écrouler sur l'instant. Mais malgré cela, elle réussit à faire quelques pas de plus en direction de sa belle-sœur. Là, elle ouvrit lentement sa main droite, dans laquelle elle cachait l'alliance et le bracelet de son époux, la paume meurtrie par ses ongles.

- Mychael...

C'est tout ce qu'elle put prononcer. Aussitôt, son cœur se serra. Si fort qu'elle eut l'impression qu'on lui enfonçait une main dans la poitrine pour le lui arracher. La douleur était vive, déchirante. "Avoir le cœur brisé" prenait tout son sens. Ce n'était pas qu'une image, il se brisait réellement, elle le savait maintenant. Soudain, sa vue se brouilla. Un flot de larmes la submergea. Les voilà revenues, celles qui lui avaient fait défaut depuis l'aube. Mais ces larmes étaient différentes des autres. Elles brûlaient ses yeux, comme de l'acide. Prise de vertiges, la jeune veuve s'appuya contre un arbre, les oreilles bourdonnantes, les jambes en coton...
"Ca y est, je meurs..." pensa t-elle, l'esprit embrouillé.

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Pattricia
Tout se passe très vite mais pas pour la rousse. Sa belle sœur semble figée, prisonniere de chaînes invisibles qui l'enferment dans un cauchemar. Son regard passe de l'un à l'autre, vide. Patt est incapable de faire un geste, son corps devient de glace, seul les jades suivent, hypnotisés, le bras qui se tend lentement et cette main qui n'en finit pas de s'ouvrir. Quand les doigts enfin dépliés révèlent leur contenu, les iris couleur de sous bois se dilatent sous l'information que Patt rejette de toutes ses forces.

Même quand Rose fait quelque pas dans sa direction, même quand elle a prononcé le prénom de son frère, elle est toujours en phase de refus total. Il faut que la blonde vacille et s'appuie à un arbre, que ses larmes se mettent à couler pour qu'enfin la vindicative sorte de sa torpeur. Elle garde les yeux secs, mais à l'intérieur c'est le carnage, un pied s'avance, puis l'autre, jusqu'à ce qu'elle arrive à la hauteur de sa belle sœur. Ses bras se déplient pour l'étreindre, la forçant doucement à quitter son tronc et à se laisser aller contre elle. Tournant son visage en direction de l'ours, d'une voix atone...


Dans mon nécessaire à simples, dans ma besace, il y a du tilleul, tu veux bien en mettre à infuser sur les braises ?

C'était un reflex chez la rousse, depuis toujours, prendre soin d'autrui et mettre sa peine de côté. Plus tard elle s'isolerait, pleurerait, hurlerait et insulterait la terre entière, mais l'urgence n'est pas là, même pas dans le pourquoi du comment du décès de son frère, tout pouvait attendre. Seule Rose compte, Rose et le petit être à venir "pour le moment je dois être forte, pour le reste, ca peut attendre..."
Doucement, elle essaie d'entraîner la jeune veuve vers le feu de camp.

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Argawaen
Cela confirmait ses pensées lorsque Rose annonça que son mari était décédé. Le Dehuit de Malemort reste immobile, il se demandait comment cela pouvait être possible. Mychael et lui, malgré leurs différents parfois, et bien, il l'appréciait... Apprendre cela lui faisait de la peine, mais après avoir vu tant de morts, après avoir perdu tant d'amis proches... Le vieil homme n'éprouvait pas de peine importante.
Laissant les femmes à cette funeste nouvelle le vétéran acquiesçait doucement à la demande de la rousse. Il alla fouiller dans son barda et commença à faire chauffer de l'eau dans son casque afin de faire ensuite infuser les simples.

Argawaen observait les deux femmes, il savait que dans ces moments là les mots étaient totalement inutiles. Le chagrin et la peine allait durer quelques semaines, quelques mois, voir des années... Argawaen, le regard compatissant souriait doucement à sa belle-soeur et resta près du feu. Si les femmes avaient besoin de réconfort, il serait là, mais pour l'heure, il préférait s'activer à faire cette infusion.
Lorsqu'elle fut prête il sortit des godets de son propre barda - réflexe de soldat oblige - et les remplit. Il apporta un verre à Rose et Pattricia puis vint déposer un baiser sur le front de chacune.


Sachez que je partage votre peine, et que si vous avez besoin de moi. Je serais là...

L'ours se recula de quelques pas et alla s'asseoir près du feu. Il avait le regard vide, attendant patiemment si quelqu'un avait besoin de lui...
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Roselise
Un vrai déluge... Plus rien ne semble pouvoir arrêter les pleurs de Rose quand sa belle-sœur l'étreint. Le fait de partager son chagrin la libère soudain d'un poids. Alors elle se laisse aller contre elle, évacue toute cette douleur qui la ronge de l'intérieur, étouffe ses cris plaintifs sur l'épaule consolatrice. Sa main s'agrippe faiblement à la chemise de Patt, l'autre se referme sur l'alliance de son défunt mari. Elle finit par se laisser entraîner près du feu et s'assoit, grelottante. Comme si le froid s'infiltrait sous sa peau pour lui glacer les os.

Après quelques minutes qui lui paraissent une éternité, Rose parvient à calmer le flot incessant de ses larmes. Ses doigts tremblants et gelés se referment sur la tasse de tisane brûlante que son beau-frère a préparé. Elle boit à petite gorgée, la chaleur lui fait du bien. Et les voir tous les deux autour d'elle lui apporte un peu de réconfort, elle sait qu'elle ne sera pas seule face à cette épreuve qui lui parait insurmontable.

Son regard éteint passe de l'un à l'autre, puis un profond soupir suivi d'une grande inspiration pour se donner le courage de mettre des mots sur ce qui est arrivé...

- Mychael devait faire une livraison... Il n'a pas voulu que je l'accompagne, à cause du bébé... A ces mots, sa main se pose sur son ventre... Il avait promis de m'écrire mais... Je n'ai pas reçu une seule lettre...

Rose s'interrompt un instant, essayant de canaliser la remontée d'angoisse qu'elle a vécu et qui lui coupe le souffle. Elle respire, lentement, et reprend...

- J'étais morte d'inquiétude avant même qu'il quitte la maison. Et hier, alors que je rentrais après une journée à la boulangerie... Il y avait un maréchal devant chez nous, il m'attendait...

Elle saisit la main de Patt pour la serrer dans la sienne avant de poursuivre.

- Il a dit... Il a dit qu'ils avaient retrouvé son corps sans vie près de Mende... Roué de coups... Il ne lui restait plus que son alliance et le bracelet. Ils n'ont pas du avoir le temps de lui prendre...

Et les larmes se remettent à couler. Des larmes où se mêlent chagrin et colère.

- Comment... Comment vais-je survivre à sa mort! Je voudrais les tuer, tous!

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Pattricia
Pendant que Rose se laisse aller contre elle, un peu trop raide sans doute, elle essaie de rester sous contrôle, une mauvaise manie qu'elle pratiquait depuis ce jour où elle avait découvert qu'elle était enceinte alors qu'elle avait décidé de mettre fin à ses jours. Mais les circonstances ne sont plus les mêmes, comme la rousse sait très bien qu'elle a beaucoup changé depuis ses quinze ans. Néanmoins, le besoin viscérale de partir en courant jusqu'à un certain lac, de s'écrouler sur une pierre plate qui existe toujours et de sentir la chaleur contre elle de son loup est toujours là. Sauf que le lac se trouve en Périgord, que la pierre plate également et que Truffe n'est plus...

Donc raidie par ce contrôle de soi oui, mais pourtant attentive aux réactions de sa belle-sœur. Le déni est toujours là, mais Rose est une La Canéda et Patt en est le chef de famille. Elle a donc des devoirs envers les siens, elle leur doit protection, conseil et aide, c'est dans les gènes de tout chef de famille qui se respecte et la vindicative n'y fera pas défaut. "Demain... je trouverai un moment de liberté et j'irai abattre une forêt entière si il le faut, mais je dois tenir... Après, nous réglerons nos comptes toi et moi !!!"

Sûr que dans cette tête dévastée, le pauvre Ari allait en prendre pour son grade dès qu'elle croiserait une église. Sûr qu'elle lui dirait sa façon de penser au Très Haut, il allait être servi. Car être une bonne aristotélicienne c'est une chose, accepter qu'on détruise son univers en est une autre. La fureur qui la prend en quelques minutes est sans doute ce qui la fait tenir debout, être attentive à la détresse de cet être qu'elle serre contre elle, ce qui est à craindre c'est plutôt quand le déni ne sera plus possible et que la colère sera retombée.

Patt n'a pas vraiment conscience de ses gestes, les cheveux blonds qu'elle caresse d'une main douce, les quelques pas en direction du feu, sa cape posée plus loin qu'elle finit par mettre sur les épaules de Rose qui frissonne, l'arrivée miraculeuse d'un tilleul bouillant et apaisant dans leurs mains, le regard reconnaissant qu'elle lance à son époux quand il leur transmet son affection, tout se déroule comme si elle s'était dédoublée au moment de l'ouverture de cette main ensanglantée.
Assise épaule contre épaule avec sa belle sœur, elle l'écoute en silence quand enfin elle arrive à parler.

Dès qu'elle commence, la seule chose que la rousse a envie de faire c'est partir en courant pour surtout ne rien entendre. Pas de mots, pas de réalité ! Mais ses jambes en tailleurs sont comme soudées l'une à l'autre, une de ses mains quitte le godet qu'elle tient pour aller se poser sur celle de la blonde qui se crispe sur son ventre, simple geste d'apaisement. Quand la main serre ses doigts, les jades se dilatent à nouveau sous la douleur et l'impossibilité qu'elle à accepter les mots qu'elle entend. La question fuse dans un souffle, à peine audible, même si elle connait déjà la réponse.


- Qui ?

Sentant à la fois la panique et la fureur s'emparer d'elle, toujours soucieuse de garder le contrôle, elle boit d'un coup le tilleul et s'ébouillante. Le feu qui s'empare de sa bouche, de sa gorge et de son estomac lui fait cligner les yeux et provoque une accalmie momentanée de sa tempête intérieure. Elle halete légèrement, comme si on l'avait privée d'air et qu'elle tentait d'en happer une goulée désespérément. Après avoir posé le godet désormais inutile au sol, elle rentre ses doigts de sa main libre dans le tapis de feuilles au sol, cherchant à s'enfoncer plus encore dans la terre nourricière. L'autre main tentant de donner de la force à Rose qui vient de crier et se remet à pleurer.
Toujours comme ailleurs, de la même voix sourde, elle enchaine.


- Où... est-il ?

Elle est incapable de prononcer le mot dépouille, corps, cadavre, tant qu'elle n'a rien constaté par elle-même son frère est peut-être encore vivant...
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