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[RP] Hostel de Chaalis

Rosalinde
Des excuses, une main baisée. Elle releva la tête vers lui et l'envisagea un bref instant, comme pour déterminer sa part de sincérité. Il semblait plutôt convainquant, alors elle serra un peu sa main dans la sienne, tout en se lançant dans une micro-introspection qui aboutit à la réponse suivante :

- Cela n'est rien. Je n'aurais pas du me mettre dans cet état non plus, c'est juste que...

Le dira ? Le dira pas ? Non. La coquille se referma sans bruit.

- ... j'ai horreur qu'on fouille dans mes affaires.

C'était vrai, cela dit, mais de là à se mettre en pétard ainsi, alors même qu'elle n'avait finalement rien de compromettant qui puisse être trouvé. Enfin. Peut-être découvrirait-il ses vraies raisons plus tard, ou peut-être pas. Ne parions pas sur l'avenir, sinon l'avenir proche, à savoir le petit déjeuner du blond qui semblait avoir sérieusement les crocs. Lentement, elle releva la tête vers la fenêtre, simplement pour constater que le Soleil n'était point encore bien haut dans le ciel, ce qui ne pouvait augurer qu'une chose : il était tôt. D'une voix presque absente, elle expliqua :

- Suzelle ne doit pas encore être rentrée du marché.

Ce qui expliquait tout, car Rosa exigeait pain, œufs et lait frais chaque jour par peur de choper quelque saloperie à manger la nourriture mal conservée de la veille. Et du coup, ils avaient au moins un quart d'heure à tuer, sans doute davantage. Bien sûr, il lui vint tout de suite à l'idée de quelle agréable façon ils pourraient employer leur temps, mais enfin elle était encore un peu trop contrariée pour le proposer directement.

Alors elle se tut, et se contenta de le regarder, ainsi à genoux devant elle, en laissant poindre un petit sourire.

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June
Bingo. Les doigts de la femme serrent les siens, et June ne peut être plus convaincant ; elle est bien obligée de le croire. Elle prétend qu'elle a horreur que l'on fouille, sans préciser, bien entendu, ce qu'il aurait pu retrouver par hasard. June s'en moque bien ; l'important est que leur relation continue comme elle avait commencé près de l'étang ; uniquement du positif, uniquement du bon.

Il se relève et, pas encore tout à fait relevé, dépose un baiser sur la joue de Rosalinde.


"Laissez tomber pour le petit déjeuner, ce n'est pas grave. J'irai le prendre à Saint Paul."

Il lâche doucement sa main avec un sourire doux, et s'en va réclamer ses affaires qu'on lui ramena tout de suite. Il remet ses braies, sa chemise qu'il laisse ouverte et garde ses bas et ses bottes à la main, ainsi que son mantel sur le bras. Il passe une main dans ses cheveux afin d'essayer de les restructurer en une espèce de coiffure tendance, sans succès.
Il se dirige vers Rosalinde et pose ses affaires sur le lit à côté d'elle pour lui prendre le visage et l'embrasser sur les lèvres. Un sourire.


"Je sais qu'on ne fait pas ça dans les couples d'un coup d'un soir, mais ça me manquait. Et puis, dès que je vous vois, j'ai envie de vous embrasser. Pardonnez mes sentiments d'homme non-comblé sentimentalement."

Il sourit, amusé de sa propre situation. Après tout, ça faisait bien des années qu'il avait fait une croix sur une potentielle vie de couple.
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Rosalinde
Laisser tomber pour le petit déjeuner ? La Suzelle allait être ravie, cuisiner pour deux mais n'en nourrir qu'une... Mais enfin, dans le pire des cas le repas ne serait pas perdu, et ferait le bonheur d'un moins fortuné.

- Si vous ne pouvez pas attendre...

Et puis, silencieusement, elle le regarda aller héler une nouvelle servante pour qu'on lui apporte ses affaires ; il s'habilla ensuite et revint à elle. Pour l'embrasser. Le geste ne se fit pas sans surprise du côté de Rosa, mais enfin pas suffisamment pour qu'elle ne lui rende pas son baiser, et même ne le prolonge un peu. Après tout, il partait, et elle ne savait pas quand elle le reverrait.

Sa petite phrase de justification la fit sourire à son tour. Cela valait bien son câlin de la veille. Et puis c'était tout de même plutôt flatteur, qu'il ait envie de l'embrasser à tout bout de champ. Elle en rosit à nouveau, un peu gênée de l'entendre dire cela et même se confier si librement sur ses frustrations amoureuses. Voilà bien une chose qu'elle se refusait de faire, du moins devant un (potentiel ou pas) partenaire, parce qu'il y en avait d'autres beaucoup plus malchanceux à qui elle rebattait les oreilles avec son célibat depuis de longs, longs mois.

Un sourire. Une nouvelle bonne idée venait de lui traverser la tête. Et elle ne lui en voulait plus du tout, alors...


- Recommencez, ou barrez-vous.

Parce que voilà.
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June
Tant pis pour la Suzelle. Qu'elle donne son repas au plus nécessiteux, ainsi June aura fait, inconsciemment, une bonne action. Bien sûr qu'il aurait pu attendre, mais l'ambiance le rendait mal à l'aise, enfin, jusqu'à ce que lui-même s'en débarrasse, de cette mauvaise ambiance, en recollant les morceaux tout en recollant leurs lèvres. Quel génie, quand même. Quel arnacoeur. Mais sincère, parfois. Là, en l'occurrence, il l'était.

Lorsqu'il revient l'embrasser, tel un baiser à l'épouse avant le départ au travail, il sentit qu'elle en voulait encore, à sa manière de le garder un peu plus pour prolonger le baiser. Et s'il n'hésitait pas à confier sa frustration sentimentale, qui durait avec le temps, c'était parce qu'il avait passé le cap. Il n'en était plus triste ; c'était devenu une fatalité, à laquelle on ne pouvait rien faire, tout simplement, et il vivait bien avec cela. Elle lui demanda de recommencer, ou de se barrer. Le choix était vite fait : les deux.

De nouveau, ses longs droits caressèrent le visage de la rousse et ses lèvres s'unirent avec les siennes, dans un baiser si simple qu'il en devenait le plus agréable. Puis, il se retira tout doucement, en profitant pour plonger ses yeux bleus dans ceux de Rosalinde et lui déposant un baiser sur le nez. Il était l'heure. Il reprit ses affaires, rangea ses bas dans une des poches de son mantel, enfila rapidement ses bottes et, afin de partir tel un parfait gentleman, lui fit un dernier baise-main d'adieu.


"Madame Wolback-Carrann, ce fut un plaisir de passer cette agréable soirée en votre compagnie. J'ose espérer que la prochaine ne tardera pas, car j'aimerais avoir, au lieu de la nécessité d'aller travailler, celle de pouvoir vous couvrir toute la journée et toute la nuit de baisers. Hélas, le devoir m'appelle ! Je vous salue."

Se dirigeant tout en parlant à reculons vers la porte, il l'ouvrit doucement et, avant de disparaître, adressa un clin d’œil malicieux à la rouquine. Bien sûr qu'ils allaient se revoir.
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Rosalinde
[Une semaine plus tard]



La plume avait été brièvement reprise, pour fournir date et heure de rendez-vous au Sidjéno. Mais les choses seraient différentes de la fois dernière. Et pourtant. La fraîcheur des soirées de début d'automne tombait doucement sur Paris, tandis qu'à l'hôtel de Chaalis se préparait pour la nuit à venir. En cuisine, les domestiques se partageaient le pot, tandis que le rôt terminait de bronzer sur la broche. Et à l'étage, la dame des lieux attendait sereinement l'arrivée de son visiteur, en rédigeant une lettre à l'attention de sa bien-aimée fille.

Encore vêtue de pied en cap d'une robe prune aux galons dorés, elle n'avait ôté que ses poulaines, et ôté sa lourde coiffe de cour pour préférer nouer simplement ses boucles sur sa nuque. Après tout, si l'expérience que le seigneur de Cussy les Forges avait des femmes était si grande qu'il le laissait entendre, il saurait bien comment lui enlever tout son harnachement, si jamais l'occasion devait se présenter. Et Rosa ne douterait pas qu'elle se présenterait.

Et comme je ne compte pas passer 5 plombes à raconter qu'elle attendait June, je m'arrêterai là.

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June
Ainsi, c'était elle qui était revenue vers lui. Comme prévu, en fait. Il sourit, et répondit d'une phrase qu'il serait présent au rendez-vous donné. Elle n'avait attendu qu'une semaine, qu'une toute petite semaine. Lui avait-il manqué, durant tout ce temps ? Peut-être. Lui, en tout cas, avait eu bien du travail en Hérauderie pour se permettre de flâner en pensant aux femelles. Mais, dès qu'il avait eu un instant de répit, ses pensées avaient été chatouiller celles de Rosalinde, le faisant revoir les boucles ondoyantes et le minois tacheté de la rouquine. Alors s'il ne l'avait pas recontactée de lui-même, il était bien content de répondre présent à l'invitation.

C'est ainsi qu'il se présenta, en ce début de soirée, fort bien habillé, élégant sans l'être trop, à l'Hôtel de Chaalis. Il fut conduit jusqu'à Rosalinde, qui l'attendait dans la chambre qui avait été nettoyée, rangée et aérée depuis sa dernière venue - et heureusement ! -. Elle-même, comme la pièce, semblait avoir changé pour faire meilleure figure, du moins, plus élégante. De l'Eve qu'il avait quitté l'autre matin, voilà la dame de cour qui se présentait à lui, dans un bel habit d'une couleur qu'il appréciait.


"Bonsoir. Vous êtes bien élégante. Très belle. Que me vaut cet honneur ? Allons-nous dîner quelque part ?"

Il sourit et s'inclina pour la saluer. Il avait toujours aimé les femmes distinguées.
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Rosalinde
Les pas du Sidjéno ne tardèrent pas à se faire entendre dans les escaliers, et tranquillement elle termina sa phrase, reposant sa plume et refermant son encrier. C'est ainsi qu'elle put se tourner vers lui une fois cette terrible besogne achevée, alors même qu'il entrait dans la pièce. Inchangé, sinon un rien plus vêtu que la dernière fois. Tant mieux.

- Dîner dans une taverne ? Quand Suzelle s'acharne depuis des heures à nous mitonner du canard au sirop ? Vous tenez vraiment à ce que je me mette toute ma domesticité à dos, vous !

Elle rit, et se leva pour mieux plonger dans une révérence étudiée. Il voulait de l'élégante, il allait en avoir !

- Non, pas d'occasion particulière. Ce n'est que l'une de mes tenues quotidiennes.

Bon, ce serait mentir que de dire qu'elle n'avait pas pris un temps certain à choisir sa toilette le matin même, mais enfin il n'était pas non plus obligé de tout savoir. Non mais.

- La journée vous fut-elle bonne ?

Et elle se rapprocha, franchissant les quelques mètres qui les séparaient, pour déposer un espiègle baiser sur son nez.
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June
Il retrouva Rosalinde avec un sourire. Toujours aussi naturelle, finalement, avec ou sans robe guindée. Elle s'inclina devant lui pour répondre à son salut et lui annonça que le repas se ferait bien à l'Hôtel de Chaalis, cette fois.

"Ici même, donc ? Très bien. Le canard au sirop sera parfait. Par contre, si je puis formuler une suggestion, j'aimerais vous souffler l'idée que l'on reste habillés pour dîner. Histoire de changer un peu."

Il fit un sourire malicieux. Et pense qu'il faudra peut-être qu'il l'invite, lui aussi, un jour. Cependant, son appartement avait tout d'une chambre de bonne, rien à voir avec cette demeure des plus huppées. Lui aimait la simplicité ; c'était le garçon de l'hôtel, Nicolas, qui le servait. June louait une sorte de chambre au dernier étage, ce qui lui occasionnait un peu de sport pour monter et descendre les marches chaque jour, où il était bien tranquille et où il pouvait dessiner et créer en toute quiétude. S'il trouvait l'endroit tout à fait plaisant, il doutait que la Dame de Foulletorte et de Brétignys'y sente à l'aise. Bref, ce n'était pour l'instant pas d'actualité. Elle le sortit de ses pensées en lui déposant un baiser sur le nez. Il lui sourit, amusé.

"Cette journée me fut des plus agréables, encore plus particulièrement au moment où j'ai reçu votre invitation à vous rendre visite ici. Et la vôtre ?"
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Rosalinde
Rester habillés pour le dîner ? Elle eut grand mal à cacher sa déception. Manger à table, c'est d'un commun ! Mais enfin puisqu'il le voulait, elle se plierait, après tout n'est pas bon Français qui ne loue pas les vertus d'un bon repas et d'une bonne bouteille à table, en famille ou avec des amis. Bon, ils n'étaient ni l'un ni l'autre, mais après tout...

Et une bonne journée pour lui. Tant mieux. Si celle de Rosa fut bonne ou ne le fut pas, c'était un peu plus discutable. Pas qu'elle ait été catastrophique, les choses semblaient aller après tout en son sens, mais agréable, ça... Non.


- Plutôt.

Bravo pour les banalités. Et ensuite ?

- A vrai dire je voulais vous voir car ce sera probablement ma dernière journée à Paris avant un moment. Je m'en vais guerroyer en Champagne aux côtés de mes suzerains.

Dire qu'elle ne voulait pas partir sans l'avoir revu, cela faisait un peu trop mélo pour elle. Pourtant c'était l'idée, et son soulagement ne fut pas feint quand il lui avait fait parvenir un mot dans lequel il acceptait son invitation. Était-ce simplement pour en reprendre un coup avant de partir pour des mois sans, ou quelque chose de plus profond, ça... Elle avait soigneusement éludé la question et avait distrait ses pensées avec autre chose.

A présent la question revenait, et elle ne savait toujours pas quoi y répondre. Rien, encore. Qui vivra verra.

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June
S'il avait formulé l'idée de rester habillés pour le déjeuner, c'est surtout qu'il n'avait pas envie d'avoir les cuisses grasses, pleines de sauce ou de sirop. Autant user les vêtements, c'est à ça qu'ils servent ; et puis, les faire attendre un peu, tel un lent supplice, cela ne renforcerait-il pas la fougue qu'ils mettraient à arracher leurs culottes et autres machins ? Donc oui, manger à table. La prochaine fois, on mangera sur le toit, à poil. S'il se réjouissait de prévoir ce genre de situations, elle semblait plus morose qu'autre chose. A quoi cela servait-il de l'avoir invité, si elle ne voulait que du réconfort ? Enfin, s'il fallait, il y avait toujours moyen qu'il s'y plie. Il n'était pas un homme difficile.

"Seulement "plutôt" ? Rien de plus ? Racontez-moi un peu."

Et justement, elle lui raconta.

"Guerroyer, hein ? Hé bien..."

Que dire ? Déjà, que fallait-il dire ? Qu'il allait la pleurer ? Qu'il s'en foutait ? Bonne chance ? Qu'il était content qu'elle l'ait invité avant de partir ? Que peut-être elle allait mourir et qu'il valait mieux qu'ils fassent l'amour une dernière fois pour la route ? Peut-être fallait-il, tout simplement, ne pas répondre ? Il s'avança vers elle et la prit simplement auprès de lui, enfouissant son visage dans le cou de la rousse et l'entourant de ses bras. Pas comme si c'était une fatalité de partir à la guerre, simplement parce que c'était agréable d'être l'un près de l'autre. Pour lui, en tout cas.
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Rosalinde
"Hé bien" ? C'était tout l'effet que ça lui faisait ? C'en était presque décevant. A quoi s'attendait-elle, ça, elle n'aurait su le dire, mais cette réaction lui laissait un petit goût d'amertume au fond de la bouche. Il se rattrapa un peu en la prenant dans ses bras, et elle-même vint poser ses mains dans le dos du blond, mais elle restait tout de même un peu circonspecte. Lui qui était d'habitude si bavard en aurait-il eu la chique coupée ? Peu probable en réalité.

Sans doute était-ce l'appréhension des jours et des semaines à venir qui jouait sur son moral, mais elle sentit toute sa bonne humeur descendre en flèche. Et comme à son habitude, il ne lui en fallut pas plus pour interpréter de la manière qui l'arrangeait le mieux le comportement de son vis à vis, décrétant que s'il n'avait ainsi rien à dire, c'était qu'il n'en avait rien à foutre d'elle.

Soit. Elle s'en accommoderait. Ils ne s'étaient rien dit, rien promis, elle ne savait même pas ce qu'elle voulait elle-même. Enfin, elle n'osait pas voir la vérité en face, s'avouer que tout de même, elle aurait bien aimé qu'il ait un peu peur pour elle, qu'il craigne de ne plus jamais la revoir. Ce genre de choses. Mais pourquoi l'aurait-il fait ? Elle était vieille et pénible, et il devait sans doute en avoir dix comme elle qui attendaient à la queue le leu de recevoir ses faveurs.

Aussi ajouta-t-elle, d'un air qui se voulait détaché :


- Oui. Du coup j'ai eu envie de coucher avec quelqu'un une dernière fois avant de partir.

Tu vois June ? Elle non plus n'en avait rien à foutre.
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June
Cette fois, et ce n'était pas son habitude, elle répondit à peine à sa démonstration d'affection, se contentant de mettre simplement ses mains dans son dos histoire de ne pas refuser, mais son coeur ne semblait pas avoir grande envie de l'amour momentané du blond. Bien sûr qu'il ne savais pas quoi dire. Elle n'était pas son épouse, ni sa soeur, ni sa fille, ni quelqu'un de particulièrement proche ; et même s'il tenait - un peu - à elle, que voulait-elle qu'il lui réponde ? Il vit qu'elle déchantait rapidement, et le visage de la rousse se mura bientôt dans une sorte de renfrognement triste et déçu. Il avait cru que le langage corporel l'emporterait sur la voix, mais c'était raté.

June aimait bien Rosalinde ; mais il était évident que ces deux-là avaient bien du mal à communiquer par la voix. Et quand il s'agissait de converser sérieusement, ils n'arrivaient tout simplement pas à se comprendre. Il fut vexé de sa presque non-réponse à ce qu'il avait voulu lui faire passer comme message par le câlin, à savoir qu'il l'aimait bien et qu'il tenait à elle. Apparemment, ils ne parlaient pas encore la même langue. Et quand elle parla de coucher avec quelqu'un, sans le nommer particulièrement ou lui faire comprendre qu'elle parlait de lui, il jeta l'éponge.


"Hé bien, quand vous le trouverez, vous le saluerez de ma part. Je vous souhaite une agréable soirée."

Sous-entendu qu'elle ne le serait sûrement pas. La sienne non plus, mais ça n'était pas bien grave. Il s'en retourna jusqu'à la porte et lui lança un dernier regard, à la fois déçu de son attitude et triste de son départ. Mais bien trop fier pour l'admettre, le grand blond s'en alla sans plus de mots. Tant pis pour le dîner. Qu'elle le mange seule et dans le froid de la solitude.

Ah les femmes. Toutes les mêmes !

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Rosalinde
Il était parti. Et elle n'avait pas cherché à le retenir. C'était ridicule, pourquoi l'aurait-elle fait ? Elle, s'humilier encore devant un homme ? Cela ne se pouvait. Les supplier de rester, de revenir, elle n'avait fait que cela de toute sa vie, et cela ne pouvait durer. Et si certaines de ses bonnes résolutions avaient déjà allègrement volé en éclat, celle-ci n'était pas encore prête à céder, soutenue par la solide digue de sa fierté et renforcée par toutes ces années de célibat. Impériale, elle redressa son menton et le contempla cachée derrière sa superbe, pour s'entendre lui répondre :

- Très bien, partez. Je n'ai pas besoin de vous.

Il claqua la porte, et elle regretta de n'en avoir une à claquer plus fort que lui. Qu'à cela ne tienne, elle empoigna sa robe, et pinçant les lèvres jusqu'à les avoir toutes décolorées, s'en fut d'un pas vif en direction des cuisines, manquant de renverser Cathau qui débouchait d'un couloir, les bras chargés de vaisselle. Sans cérémonie, sa maîtresse lui annonça que finalement elle ne voulait qu'un bain, une infusion de millepertuis, pour calmer sa nervosité, et des dragées. Ce soir, ce serait fête à l'office.

Puis, regagnant ses pénates, elle se rassit à sa table et reprit la plume, tentant de se persuader qu'elle n'était pas plus perturbée que cela par ces soudains changements de plans. Mais elle ne sut qu'écrire de joyeux à Madeleine, et finit par faire une grosse tache d'encre sur le parchemin. Agacée, elle planta là sa missive, et fila se saisir d'un oreiller pour y enfoncer sa tête et y hurler tout son saoul, aussi énervée contre le Sidjéno que contre elle-même. Lui parce qu'il ne comprenait rien à rien, elle parce qu'elle ne devrait pas être aussi affectée par son départ.

Enfin, lasse de tout et surtout d'elle-même, elle finit par s'allonger, et contempler le baldaquin de velours écarlate, en songeant que demain elle n'y penserait plus.

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Rosalinde
[Deux mois plus tard, à la louche]

Citation:
Rosa,

Prévenez-moi quand vous serez de retour à Paris.

Je vous attends.

June


Elle était de retour. Et elle l'avait prévenu. La lettre était partie le matin même, toujours le même ballet, entre Saint-Paul et Chaalis, à défaut du Louvre. Elle avait pris ses dossiers avec elle, mais ne pouvait vraiment travailler, par manque de réponses de la part de la hiérarchie - Ah, les joies de l'administration ! - sur les funérailles de feue Sa Majesté qui pourtant allaient devenir un problème de plus en plus pressant. Mais même sans cela, beaucoup de choses restaient en suspens et lui occupaient suffisamment l'esprit pour qu'elle n'ait à penser à tout ce qui la contrariait ces derniers jours.

June allait arriver. Il faudrait qu'elle lui dise. Elle n'y était pas du tout préparée cependant ; qu'à cela ne tienne. Il ne ferait sans doute pas autant de manières qu'Aimbaud, si ? Bon, par contre, c'était un coup à faire foirer tout le début d'attachement qui était né entre eux, mais cela ne faisait guère le poids face à l'énormité de ce qu'elle avait à lui dire.

Alea jacta est, comme disait l'autre.

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June
Voilà le message tant attendu. Il était invité à revenir à l'Hôtel de Chaalis. Et s'il pouvait s'abstenir cette fois de partir comme un goujat, ce serait pas mal. Ca, c'était sa conscience, cette petite voix dans sa tête qui lui précisait. Il grommela, râlant contre cette conscience qui aurait pu prendre des vacances au lieu de lui prendre la tête. Enfin, bon. C'était ainsi.

Il s'habilla de façon élégante - comme toujours, diront certains - avec une chemise de soie blanche propre et sans plis, des braies d'un brun chocolat qu'il aimait bien, des bas clairs et des chaussures de ville confortables. Par-dessus, son habituel mantel, et il avait noué dans ses cheveux un foulard du même brun que le pantalon. Il repassa un instant à l'Hôtel Saint Paul pour prévenir qu'il s'absentait cet après-midi, puis se dirigea vers l'Hôtel de Chaalis par la borgnesse qui posa sur lui un œil méprisant. Apparemment, elle n'avait toujours pas digéré l'épisode où June s'était dévoilé. Huhu

Il fut introduit auprès de Rosalinde après avoir confié son manteau à la servante. Il se dirigea vers elle et lui fit un léger baise-main pour la saluer. Un sourire.


"Ah, Madame Wolback-Carrann, je rêve de vous sauter dessus pour vous embrasser de toute mon âme, mais la bienséance m'oblige à garder le baise-main pour introduction à cette entrevue. Vous ne m'en voulez pas ?"

Il lui fit un clin d’œil malicieux.
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