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[Jardins-Castel] Des recoins... et des escaliers de service!

Goddefroy
C'était donc clair, une bataille rangée s'installait au sein de l'atmosphère de la salle. Ce qui était bien, dans un premier temps, c'est que je n'étais pas passé à côté, et que par conséquent, je prêtais une attention particulière à chaque mot prononcé durant ce repas, et la signification qui se cachait derrière. Dans un second temps, c'est que cela restait assez enfantin dans l'ambiance, malgré certaines tournures peu appropriés à de jeunes esprits effarouchés. Et c'est bien conscient de cela, que j'écoutais d'une oreille les explications du Chancelier Gascon, qui n'était autre que le fameux recruteur. Honnêtement, après avoir pris conscience que j'avais tapé dans le mille avec ma question maladroite, je ne m'attarderais pas sur les détails. Puis faut dire j'étais le petit nouveau, l'invité au sein de ce groupe bien rodé qu'ils formaient tous les trois. Fallait tout de même pas faire tomber le masque de l’insouciante innocence trop tôt.

Des confis-biscuits? Du Mont Saint Michel?

Stop stop stop, j'allais trop insister et en devenir gênant. Mais tout de même, je faisais d'un détail le coup de grâce. Rien que le fait de m'imaginer en train de consommer ces biscuits, que j'avais adoré et qui avaient tout de même été au coeur de la relation qui m'avait lié avec ma presque ex-épouse, tant elle portait un amour incommensurable à ces patisseries me donnait la nausée. J'sais pas c'était comme me replongeais dans ce mariage, alors que je ne m'en étais même pas encore sorti complètement.

Je crois que j'achèverai ce repas sur cette tourte, juste.... divine, et mes remerciements, qui je l'espère pourront être transmis à la fameuse Béatrix.
Et puis, sur vos conseils, j'aimerais parvenir à aller admirer la fameuse roseraie avant que la nuit n'ai le temps de m'en contraindre pour plusieurs heures.


J'espèrais qu'Alvira avait su profiter du court répit que la fin de ce repas avait su lui accorder, puisque dès lors, je tentais à travers des regards complices, de capter à nouveau son attention. J'adorais en général faire la visite des jardins lorsque les différents châtelains avaient à coeur de les rendre agréables, les roserais d'autant plus, mais même le plus niais parmi tous l'aurait comprit, les pétales et les épines auraient en temps normal pu attendre le lendemain. Sauf qu'en la situation, une fleur qui ferait pâlir la roseraie toute entière, de par son ardeur et ses piquants me narguait depuis de trop longues minutes par sa proximité rendue inaccessible par l'assemblée présente. Ségonzac m'avait laissé un petit goût sous la langue, mais j'étais rassasié depuis bien longtemps, et je ne demandais qu'une chose, y goûter à nouveau, goûter à sa présence. Pour cela, que l'on remette le couvert s'il vous plait.

J'ai bien peur de ne pas parvenir à trouver le chemin tout seul, et je ne voudrais pas réquisitionner de votre temps, comtesse Bella, alors que je suis sûr que vous pourriez l'user à de bien meilleurs usages. Je crains donc Excellence Alvira, que vous soyez ainsi contrainte de me faire le plaisir de m'y accompagner.
Cela vaut bien le compliment que je vous ai fait tout à l'heure, concernant cette belle rencontre faite au secrétariat d'état non?


J'avais ainsi mis fin au potentiel doute qui planait dans l'air, quant au fait que j'aurais pu être assez culotté pour parler d'une autre en ces lieux. Pour ponctuer ma phrase, je me levais avec lenteur, pour apercevoir avec joie, et un brin de surprise, qu'Alvira avait approuvé mon invitation, et me suivrait jusque dans les jardins. Le bon air nous avait jusqu'à alors réussit, et on pouvait le dire, avait su enrichir notre relation. Je saluais poliment les deux Gascons, en prenant soin de les remercier pour ce repas, et prenais instinctivement le chemin de la sortie aux devants d'Alvira. J'étais censé ne pas m'y retrouver, et c'est lorsque je faisais un brin tardivement ce constat, que je m'arrêtais pour laisser ma guide passer à mes devants. Une fois les lourdes portes de la salle à manger passées et refermées derrière notre passage, je sentis mon coeur se serrer à l'intérieur de mon torse rien qu'à l'idée de me savoir enfin seul en sa compagnie. Je me faisais bien trop souvent ce constat dernièrement, mais elle exerçait sur moi une certaine forme d'attraction qu'il fallait que je parvienne à maîtriser. J'y étais parvenu durant toute notre expédition qui nous avait mené jusqu'aux jardins.

Bella n'avait pas menti, les roses éclairées par les derniers rayons d'un astre essoufflé offrait un cadre sincèrement apaisant. Je pouvais ainsi, encore plus aisément m'adresser à la Gasconne. Et pour cela, j'avais choisi de la guider jusqu'à un banc en pierres, que j’apercevais devant.


Quelle idée avez-vous bien pu avoir lorsque vous avez soumis à votre nièce l'idée de m'inviter en ces lieux?

J'avais la voix moqueuse, le rire au bout des lèvres, alors que je sentais un brin de stupeur naître sur son visage.

C'est vrai, sans cela j'aurais logé dans une tente étroite, seul qui plus est, j'aurais mangé ces rares denrées qui nécessitent une rapide préparation et dont le goût est souvent.... approximatif, encore seul. Pour pouvoir ainsi passer ma soirée, devinez... Toujours seul.

Alors entre la situation actuelle et celle évoquée, c'était presque dur de faire un choix. La seule chose qui me fit basculer pour la situation réelle, c'est qu'à ce moment la , je pouvais passer ma main dans ses cheveux, pour descendre jusqu'à son cou, en prenant soin d'effleurer sa joue au passage. A ce moment précis, l'envie de l'allonger sur la pierre sous la pression de mon corps qui bascule et ainsi laisser libre court à mon attirance me bouffait littéralement les tripes. Mais c'est le dixième de raison qu'il me restait au fond qui parvint à l'emporter, pour que j'approche seulement mes lèvres à hauteur de ses oreilles.

Vous m'avez cruellement manqué depuis Ségonzac Excellence.
Je suis sûr que vous êtes loin de soupçonner l'intérêt que vous éveillez chez moi...


Un léger frisson que j'aperçus à peine me permit d'interpréter qu'elle était réceptrice à mes mots. Mes lèvres, si proches, ne pouvaient par contre pas se résoudre à laisser de nouveau naître la distance sans agir. Alors que mes paupières se fermaient machinalement, je laissais œuvrer mon attirance qui se manifestait ce soir par des baisers fiévreux dans son cou. Pour ne pas céder d'avantage, je m'interrompis pour lui permettre de se nicher contre moi. Je sentais à sa respiration devenue plus lente qu'elle appréciait le moment et refuge qu'elle trouvait à mon contact. Ces quelques instants eurent pourtant l'impression d'avoir duré des heures. Peut être cela avait été le cas, me demandais-je lorsqu'elle dit.

Il se fait tard, et je crois que nous devrions rentrer.

Pas tord, pensais-je intérieurement en relâchant le contact que j'avais avec elle.
Peu de temps après, nous avions retrouvé respectueusement nos chambres. Tous deux nous avions réussit à préserver cet esprit, semblable à deux enfants qu'on protége, de façon à ce qu'ils ne se brûlent pas les ailes.

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Christabella
Elle s'était endormie au creux de ses bras, le visage niché contre lui. La meilleure place au monde à ses yeux... Bella se sentait apaisée, comme protégée. Après tant d'épreuves, de doutes... La folie qu'ils avaient vécu, depuis le fameux dîner chez Alvira, où avec un éclat de rire elle avait redonné le sourire à un Beauharnais morose et déprimé. Une folie qui s'était poursuivie après un cours de danse-gage, prétexte à un badinage de moins en moins innocent, et une nuit des plus ardentes.

Ils avaient cédé à la tentation, à l'encontre des convenances. Bella avait pensé vivre un instant de grâce, suspendu dans les airs comme la chute d'une plume. Quelques instants éphémères durant lesquels la plume restait dans les airs, planant, tournoyant, jusqu'à atteindre le sol, ce qui arrivait inévitablement. Quelques instants uniques qu'il fallait saisir, avant la chute inéluctable... Carpe Diem. Ils évitaient donc d'évoquer un futur impossible, trop aléatoire. Trop dépendant de facteurs extérieurs. Ils se contentaient de vivre ce qu'ils avaient à vivre, avant que la plume n'atteigne le sol, vivaient une sorte d'équilibre précaire, le temps suspendu en vol.

Jusqu'à ce qu'il évoque le mariage. Le mariage ! Que lui répondre? Evidemment, qu'elle le voulait ! De toute ses forces... Mais il était roturier. Wallerand voulait s'élever, afin de pouvoir lui demander sa main. Bella ne doutait pas de lui... Mais ils ne pourraient continuer longtemps ainsi. Que feraient-ils, si … si …

Son coeur s'était mis à battre le tambour, sa respiration accélérée, tout son corps se tendit. Et si... Ses jades s'ouvrirent en grand, d'un coup. Envolée, la quiétude, fini, l'apaisement. Et Wallerand qui ronflait légèrement – mais léger, hein, je ne veux pas casser de mythe - , jamais elle ne réussirait à se rendormir dans ces conditions. Très discrètement, elle se leva, pour ne pas le réveiller à nouveau – eh oui... il tenait la forme, mais elle, elle avait des joutes dans quelques heures et des forces à garder – bref, aussi discrètement qu'un félin. Miaou. Ramassant sa chemise de nuit mais oubliant ses chaussons de satins, histoire de ne pas laisser de traces de son passage, elle descendit dans la pénombre vers ses quartiers, dérangea ses draps histoire que Marie Clarence ne doute pas un instant qu'elle ait dormi là... Puis, ouvrant les tentures, Bella s'aperçut que le soleil était levé, il devait être l'heure de l'office de laudes, à peu de choses près...

Un mouvement, dans les jardins ? Alvira ? Elle semblait se diriger vers la petite prairie... Se souvenant qu'on y avait parqué Bucéphale, à l'abri du regard des gens, la blondissime sourit. Une idée vint l'effleurer... Toujours soucieuse, c'était la seule personne à qui elle pourrait parler de ce qui la tracassait. A condition qu'elle ne lui en veuille pas de la veille. Elle enfila sa tenue de chevauchée noire et rouge vif, attacha ses cheveux en une longue natte, et fila à la recherche de sa tantine, qui comme prévu était avec l'étalon gris, à le mener à la longe. Elle fit un grand signe avant de les rejoindre. L'étalon piaffait un peu, renâclait... Mais se laissait mener par sa tante.



Bonjorn, Alvi, j'espère que tu as bien dormi...

Petit sourire de la jeune femme, se souvenant de la soirée de la veille. Visiblement, le message -humhum- subliminal ou presque était passé à Goddefroy, qui avait bien du comprendre que la Monstralvinette craquait pour lui. Et au vu des regards tendres échangés, l'inverse était de mise. Cupidon avait frappé, alléluia. Bella était soucieuse...

Je ne sais ce qui est passé par la tête de Wallerand, hier...

Je l'aime. Si tu savais à quel point … mais c'est impossible. J'ai le cœur brisé... Je sais qu'il peut s'élever, il m'a dit être prêt à le faire. J'attendrai, mais … Je me souviens que … Tu sais, pour Milandor et moi. Ca a pris quasiment un an. Et je l'ai perdu trois semaines après … J'ai peur Alvira.

… Disons que …

Et si je tombais enceinte ? Cette idée me fait peur, j'y pense chaque jour...

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Alvira
Une soirée délicieuse, pouvait tourmenter tout autant qu'elle ne pouvait combler.

En l’occurrence pour Alvira, la nuit fut courte. Le temps fut long pour trouver son sommeil, et elle avait finalement plus somnolé que dormit. Des songes entre deux mondes, bercés par la douceur de ce qui s'était passé et l'inquiétude de ce qui pourrait arriver. La jeune femme s'était promis de ne plus tomber amoureuse, de ne plus se marier à qui que ce soit et certainement pas par amour. Bella, Riwenn et Wallerand étaient sur le pieds de guerre pour tenter de la caser, sans véritablement chercher ni y parvenir au bout du compte, ce qui arrangeait la Montoise.

Vous me direz alors que tout va bien dans le meilleur des mondes, et bien non. La Gasconne sentait que s'opérait en elle des turpitude sentimentales, versant sur la tendresse et l'attachement. Enivrant certes, mais glaçant. Goddefroy était adorable, mais il n'en demeurait pas moins un homme. Et les hommes elle connaissait la musique. Ça vous séduit, ça vous aime et ça vous délaisse.

Lassé de s'agacer toute seule dans son lit, Alvira avait repensé au cheval. Une occupation qui lui permettrait de ne pas éternellement s'épancher sur les bouleversements naissants en elle. C'est ainsi qu'elle s'habilla après avoir fait une toilette de chat. Tenue des plus simple, de travail. Où comment retrouver ses guêtres sans faire le tour des remparts. Une fois à l'air libre, elle marcha tranquillement en direction des écuries, afin de se saisir du matériel nécessaire aux exercices qu'elle comptait faire effectuer à l'animal. Sans oublier de prendre quelques petits plaisir pour le Carturano afin de l’appâter. Elle s'attendait à ce que l'approche soit compliqué, voir difficile, mais il n'en fut rien. Certes, au départ, il hésitait à se rapprocher d'elle, par habitude de ne voir que des hommes, et si peu, qu'il ne intéressait pas au reste. Malgré tout, Alvira sut faire naitre de l'intérêt, car durant de longue minutes elle se tint non loin de lui, sans entrer dans sa bulle pour autant. Les pommes dans les mains, ayant posé la longe et le filet avant de pénétrer dans la prairie eurent pour finalité d'attirer l'équidé.

La mains à plat, elle ne chercha pas à le claver pour l'attacher de suite. La phase de découverte était amorcé, ce qui lui prit de très longues minutes. Plusieurs fois, elle sortit du pré, et y revint, pour voir l'attitude de l'étalon. Et ce dernier était loin d'être l'animal si agressif que l'on aurait pu interpréter comme tel. Après une paires d'aller-retour, la jeune femme l'atteignait facilement, et put lui passer l'harnachement adéquat. Tranquillement, elle rejoignit la carrière et commença à le faire tourner à la longe, découvrant l'allure, et les foulées de Bucéphale avec une certaine admiration.


Bonjorn, Alvi, j'espère que tu as bien dormi...

Oh, une nièce que voilà, Alvira lui sourit, hocha doucement la tête pour ne pas s'étaler sur sa nuit plus que mitigé.

Je ne sais ce qui est passé par la tête de Wallerand, hier...

Je l'aime. Si tu savais à quel point … mais c'est impossible. J'ai le cœur brisé... Je sais qu'il peut s'élever, il m'a dit être prêt à le faire. J'attendrai, mais … Je me souviens que … Tu sais, pour Milandor et moi. Ca a pris quasiment un an. Et je l'ai perdu trois semaines après … J'ai peur Alvira.

… Disons que …

Et si je tombais enceinte ? Cette idée me fait peur, j'y pense chaque jour...


C'est un regard pleins de douceur qu'elle avisa Christabella. Heureuse de constater les liens qui unissaient les deux personnes qui comptaient le plus pour elle en Gascogne. Sa nièce, adorable, dévouée, pleine d'esprit, de réparti, de joie de vivre, une perle. Et son filleul Wallerand, l'homme de responsabilités, engagé pour sa famille et son Duché. Ce couple, elle avait été heureuse de le comprendre la veille, serait de ceux, avérés. Alors qu'importe le rang, seul dans ce cas, comptait la noblesse. Notre Duranxie, était devenu entre temps Baronne, de ce fait, elle avait la possibilité d'anoblir et elle ne s'en priverait pas. Wall' le méritait, Bella également. Comprenant l'inquiétude, c'est sans attendre qu'elle délivra sa Blondeur.

Bella, j'ai bien comprit, j'ai bien vu, j'ai bien entendu. Depuis quelques temps maintenant, j'ai pu saisir que la Chancellerie était loin d'être votre seul point commun.
Je ne le dirai pas 30 fois, et j'en fais la promesse, parce que je vous porte dans mon cœur tout deux.

J'anoblirai Wallerand pour que vous puissiez avoir le bonheur de partager votre vie ensemble. Et nous faire - qu'Aristote m'entende - de merveilleux petits Beauharnais.


Toutefois...
Toutefois, elle rajouta une petite chose qui avait toute son importance.


Je ne démordrai cependant pas, qu'une demande conventionnel doit s'opérer.
Cela sera mon petit plaisir !


Elle laissa filer un peu plus de longe entre ses doigts pour que Bucéphale puisse élargir son cercle de course avant de le faire passer au galop. Tout sourire, elle jeta un clin d'oeil à la Comtesse, tout en tournant pour suivre l'évolution des foulés. Les choses étaient claires, et rien ne pourrait empêcher le couple Gascons de s'en donner à coeur joie dans leur chambre.
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Christabella
Alvira avait eu des paroles apaisantes. Le souci n'était pas des moindres... Mais curieusement, la blondissime restait soucieuse. Comme si les mots prononcés n'avaient pas de signification. Pourtant, sa tante lui avait confié qu'elle ferait un énorme cadeau à Wall. Elle lui permettrait de quitter la roture, pour pouvoir l'épouser... Comme fascinée par Bucéphale, qui se dégourdissait les pattes, Bella semblait pétrifiée. Rien n'empêcherait qu'ils vivent leur folie au grand jour. Levant les yeux vers sa tante, elle expira soudain, comme si la chape de plomb, qui l'empêchait de se détendre et de vivre pleinement, avait disparu. Elle bredouilla:

Tu ... Tu ferais ça?

Evidemment, puisqu'elle l'avait dit! Wallerand était son filleul, elle s'entendait bien avec - sauf quand elle le forçait à faire des déclaration de mariage en bonne et due forme -, elle l'estimait, ne tarissait pas d'éloges pour lui... Lorsqu'ils s'étaient rencontrés pour la première fois, alors qu'Alvira était bailli et lui Commissaire au Commerce, elle lui avait brossé le tableau du Beauharnais. Travailleur, astucieux, plein d'esprit...
Elle prit sa tante dans ses bras, émue.


Merci, merci pour tout!

Par contre, pour ce qui était de la vraie demande en mariage, c'était une autre paire de manche...
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Wallerand
Le réveil fut doux. Il l'était toujours quand ils passaient leurs nuits ensemble. Toujours avec le manque à côté de lui... Il faudrait vraiment qu'il apprenne à l'entendre se lever, décidément, il ne pourrait pas la laisser filer comme ça chaque matin que Dieu ferait quand... "Oublie, on n'y est pas encore ; tu ne vas pas remettre ça sur le tapis dès le matin, apprends juste à profiter du présent et à arrêter de toujours te poser des questions", le tança une voix grognonne dans un coin de son crâne. Et il n'en fallut guère plus pour que Wallerand se lève du bon pied, tant l'idée de la semaine, malgré la discrétion de violette dont il devrait faire preuve - ce qui n'était pas toujours évident pour lui, d'ailleurs -, le réjouissait.

Quittant le moelleux du lit, le jeune homme se dirigea vers la fenêtre. Fontrailles avait ce rare attrait d'une luminosité généreuse, que garantissaient de larges ouvertures. Il n'y avait décidément rien de mieux que la lumière pour entamer joyeusement une journée. Profitant sans retenue de la vue et de l'agitation naissante du camp des jouteurs, il laissait son regard errer ici et là quand une silhouette, à l'écart, dans une prairie, attira son attention. Apparemment, Alvira s'était montrée particulièrement matinale... Mais si le cheval qu'elle faisait tourner était aussi beau de près qu'il en avait l'air de loin, ça en valait sûrement la peine. Alors que les iris sombres parcouraient l'espace entre la prairie et le campement, ils avisèrent non sans surprise une silhouette que le Beauharnais aurait reconnu entre toutes. De même que la tenue rouge et noire que sa maîtresse avait passée, qu'elle portait déjà lors de leurs retrouvailles cavalières à Mont-de-Marsan.

La suivant un instant des yeux, il réalisa qu'elle prenait droit le chemin de la prairie. "Le plus court chemin d'un point A à un point B est toujours la ligne droite", et Bella semblait en passe d'appliquer cette théorie point à point (ne tapez pas l'innocent narrateur pour ceci). Mais pourquoi ? Il était tôt, ils avaient passé la soirée précédente ensemble, Alvira avait voulu le pousser à faire une demande plus conventionnelle, Bella avait été si mal à l'aise... Alors quoi ? Il y avait autre chose ? Des choses qui ne se disent que loin des oreilles indiscrètes ? Des choses qui nécessitaient d'être seules ? Ou des choses à régler ? Du genre, un joli piège à tendre ? Le caractère facétieux des deux dames avait de quoi en laisser présager... Et s'il y avait un piège en cours de montage, autant sauter à pieds joints dedans avant que la nasse ne soit complètement formée, non ?

Dans cet esprit, le jeune homme procéda à des ablutions sommaires avant de sauter dans des braies et des bottes et de passer une chemise. Sans délai, il dévalait les escaliers, ayant pris soin de cacher les chaussons laissés par Bella et de fermer la porte derrière lui, puis il se rua - d'un pas aussi normal que sa hâte le permettait - vers la petite prairie. Avec le délai de latence qu'il avait laissé à la tante et à la nièce, le temps de s'apprêter sommairement, il était évident qu'elles auraient eu un peu de temps pour converser... Et se serrer dans les bras ? Telle fut la vision qui accueillit Wallerand à l'entrée de la prairie. Bon sang, qu'est-ce qui pouvait justifier une étreinte en plein milieu de nulle part ? Malgré tout, la vision des deux Dames manifestement mises d'accord sur quelque chose fit naître un sourire sur les lèvres du Gascon, qui se signala par :


Mesdames, le bonjour ! Comment allez-vous ?

Les réponses laconiques qui arrivèrent n'étaient pas pour tranquilliser le jeune homme. Aussi Wallerand, se reculant d'un pas, fit signe à Bella de se rapprocher pour lui dire, à voix un peu plus basse des fois que la marraine ait encore des envies de se mêler de leurs affaires :

Vous voilà bien isolées... Il n'y a pas de souci, j'espère ? Rien à... M'apprendre ?
Non, tout va bien...
Vous êtes sûre ? Qu'est-ce qui vous amenait de si bon matin ici ?
Oh, rien d'important.
Vous être sûre ?
Oui, oui.
Vraiment ?
Oui... Je venais juste, euh... Dire à Alvira que ni elle ni moi ne joutions aujourd'hui. Pour les éliminatoires.


Le sourire de la jeune fille était angélique. Tellement angélique qu'il l'était presque trop. D'un regard scrutateur, le Beauharnais sonda les prunelles de jade. Est-ce que par hasard... Non, elle était en train de faire la diplomate avec lui ? Ecartant l'idée qu'il pouvait tout aussi bien arborer une mine aussi apparemment innocente quand il se trouvait en représentation, il essaya d'éliminer du même coup une vague réminiscence. Si c'était ça... Si elle attendait un enfant de lui, il était hors de question qu'il la laisse disparaître dans la nature, des fois qu'elle ait la même idée que son ancienne compagne.

Je... Vois.
Et on a un peu parlé de choses de femmes.


Ha. Bon. Ben ça, c'était fait. Trucs de femmes... Eviter la bourde. Surtout, éviter une nouvelle bourde. Eviter qu'elle prenne mal une quelconque réaction, qu'elle le fuie alors que si c'était bien ça, il n'aurait qu'envie de la garder près de lui. Aussi, attrapant sa main, se détendant un peu, il la serra légèrement en concluant :

Si vous voulez m'en parler, mes oreilles seront toujours là. Et puis moi aussi, forcément, même si je ne suis qu'un homme.

C'est qu'il aurait plaisanté, en plus !
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Christabella
C'était sincère. Sa tante leur offrait la chance de pouvoir vivre leur amour au grand jour... L'angoisse qui étreignait la blondissime lui bouffait littéralement les tripes depuis quelques jours. Ses derniers essayages de robes s'étaient bien passés, mais moins bien pour celle qui était dans la cabine à côté. Bella ne savait pas qui elle était, mais ses mensurations avaient changé depuis sa commande. D'une voix désagréable, elle avait mis en cause la pauvre apprentie, qui s'était confondue en excuses et avait fondu en larmes devant la couturière en chef. Une fois la mégère partie, une autre apprentie était venue consoler sa consoeur, qui s'était pris un savon. Leur babillage allait bon train, car la deuxième apprentie dévoila un potin bien croustillant: la dame désagréable avait simplement un polichinelle dans le tiroir, qu'elle essayait de cacher à force de corsages trop serrés. Sauf qu'on ne pouvait pas tout dissimuler ainsi, et si le ventre était habilement aplati, ses cuisses, ses hanches et sa gorge avaient pris du volume, et pas qu'un peu.
Bella avait écouté avec un léger sourire le babillage de la commère qui cherchait à réconforter son amie, puis la conversation tourna sur le thème de l'enfantement. Dans le miroir, la comtessa observa sa silhouette gracile, la taille marquée. Comme une hallucination, elle se demandait si... N'avait-elle pas pris de la gorge? Ou du ventre? Elle se scrutait, la réponse variant selon le profil... De quand datait ses dernières lunaisons? Sueur froide, tandis qu'elle essayait de remonter dans le temps, sans vraiment réussir à se rappeler d'une chose aussi triviale - et pas très ragoutante, il fallait le dire. Peut être Imoen, qui s'occupait du linge, saurait lui dire. Parce qu'avec Wallerand, il ne se privait pas de vivre leur passion intensément, et que chaque moment susceptible de leur permettre de s'isoler était prétexte à des rapprochements musclés. Et si... ? Il ne fallait pas. Non, non et non! Si vite, il fuirait, c'était certain... Et les mauvaises langues ne se priveraient pas de la juger.

C'est alors qu'elle était en pleine réflexion qu'elle répondit laconiquement à Wallerand, qui s'était reculé d'un pas pour lui parler à voix basse, tandis qu'Alvi s'occupait de Bucéphale.

Vous voilà bien isolées... Il n'y a pas de souci, j'espère ? Rien à... M'apprendre ?

Elle s'aperçut qu'un léger pli de souci lui barrait le front. Elle ne pouvait rien dire. Ni sa peur de tomber enceinte, ni l'offre d'Alvira à son filleul. Elle éluda la question avec un léger sourire, l'air de rien.

Non, tout va bien...
Vous êtes sûre ? Qu'est-ce qui vous amenait de si bon matin ici ?


Il était soupçonneux le Beauharnais! Changement de stratégie, Il fallait le rassurer. Sourire doux, yeux doux, ton rassurant, la diplomate dans toute sa splendeur.

Oh, rien d'important.
Vous être sûre ?


N'insiste pas, je ne dirai rien, nondidjûûû!

Oui, oui.
Vraiment ?


Et il insiste en plus! Boudiou le vilain, faire un regard pareil devrait être interdit! Un vrai regard de chat câlin. Il fallait trouver une bonne raison, sinon il ne la lâcherait pas avant de savoir. Et il passerait à de douces tortures, des baisers aux chatouillis pour qu'elle avoue. Car elle finirait par craquer. Bing, une idée plausible!

Oui... Je venais juste, euh... Dire à Alvira que ni elle ni moi ne joutions aujourd'hui. Pour les éliminatoires.
Je... Vois.


Trop d'hésitations. Pas douée pour mentir, la Bella. Bon, une dernière parole sur un ton badin pour enfoncer le clou, et taire définitivement ses doutes, et sans hésiter cette fois:

Et on a un peu parlé de choses de femmes.

Elle avait exhalé cette phrase sans réfléchir. Mais quelle nouille!! Bravo le veau! Et merde, en voilà un beau lapsus révélateur! Aaaaaargh!!! Il va fuir, fuir en courant!!

Si vous voulez m'en parler, mes oreilles seront toujours là. Et puis moi aussi, forcément, même si je ne suis qu'un homme.


La carapace de la diplomate se fendilla légèrement en un soupir et un froncement de sourcil soucieux, avant de reprendre, se voulant apaisante. Elle n'était sûre de rien, mais avec ce qu'ils vivaient, tomber enceinte ne serait pas incohérent. Il fallait questionner Imoen avant de se monter la tête. Luttant contre l'envie de se tortiller la natte, elle se donna un air amusé après l'avoir négligemment placée dans le dos d'un gracieux coup de tête. Parce qu'elle le valait bien.

Vous n'êtes pas qu'un homme, vous êtes bien plus que cela. Vous êtes l'homme que j'aime, celui que j'aspire à appeler "mon fiancé" puis "mon époux". Si la demande plaît à votre marraine, cela va de soi.

Avec ça, elle devait avoir réussi à détourner ses soupçons. Elle ne tenait pas spécialement à connaitre sa réaction si jamais il apprenait ses doutes... Mais le Beauharnais sourit de toutes ses dents en entendant sa dernière réplique, il se détendit immédiatement. Bella ne put s'empêcher de sourire, et de lui presser doucement la main. Mission accomplie!

Mais ...

Quoi, mais? Ca y est, il a deviné, il veut tout arrêter! Non!Non!!

Ma dame... J'aimerai que ... vous ayez confiance en moi. Mon engagement auprès de vous... je ne l'ai pas fait à la légère.

J'ai confiance en votre engagement, Wallerand. Soyez assurés du mien. Mon bien aimé...

Alors... Rien à m'apprendre?


Han, le vilain! Mais elle ne put s'empêcher de sourire tendrement. Rien de certain, juste la peur...

Uniquement quelques angoisses à partager... entre femmes. Venez marcher avec moi, le long de la roseraie.
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Alvira
Quelle question pour eux, elle le ferait sans retenues aucunes.

Bella la prit dans ses bras, et la tante eut pour réflexe de la serre contre elle, comme on cajole une enfant, exprimant par son corps la certitude de ses mots. Là, tout va bien, et tout ira bien. Sur ses entre-faits, le fameux, oui, oui, le fameux arriva.

Un peu surprise de se faire pincer comme des gamines la marraine tenta de faire bonne figure. Elle avait envie de lui annoncer la bonne nouvelle mais de l'autre, le moment et le lieu auraient été mal choisi à telle confession. La Gasconne laissa donc les deux amoureux discuter entre eux. Bien vite, une promenade fut proposé et la tantine se retrouva seul avec le cheval, la longe par terre, qu'elle avait lâché au moment de l'étreinte.

Bucéphale avait arrêté de tourné pour aller se mettre dans un angle, tout à fait calme il semblait regarder au loin, attendant on ne savait quoi. Doucement Alvira vint lui flatter l'encolure, parlant à l'animal pour le féliciter de son travail. Plus tard, après lui avoir donné quelques morceaux de pommes, elle le ramena à son pré.

Bille en tête, la Montoise retourna dans sa chambre, pour s'installer au secrétaire afin de rédiger un début de lettre qu'elle enverrait au Héraut de Gascogne lorsqu'elle aurait plus de connaissance sur les fiefs dont elle se voyait désormais la Suzeraine.




De Nous, Alvira Messonnier de la Duranxie, Baronne de Brassenx, Dame de Peyrehorade et de Carcarès Sainte-Croix
À Vous, Ulyne de Varneuil dicte Gascogne, Héraut d'Armes de Gascogne

    Mes respects Gascogne.

    Ce jour ma plume parcoure le vélin que vous détenez désormais dans vos mains afin de vous faire part de mon souhait d'anoblir mon filleul si cher à mon cœur, j'ai nommé Wallerand de Beauharnais.

    J'aimerai donc lui octroyer le fief de "..." pour le temps, la patience et l'énergie qu'il développe à œuvrer pour notre Duché, et ce depuis de longs mois désormais.

    Que ses mérites soient enfin récompensé par des terres qui lui permettront de vivre plus confortablement.
    Qu'il soit remercié dignement de son investissement à faire rayonner notre Province au travers du Royaume, tant par son rôle de Chancelier que par les services rendus auprès de la Couronne de France.

    Mon attachement personnel à ce jeune homme prometteur n'est donc pas la seule motivation de cet anoblissement mais bel et bien pour le mérite qu'il suscite tant par son caractère
    remarquable, que son implication remarquée.

    Vous espérant bonne réception de la présente, je vous souhaite une agréable journée.

          Bien à vous,

          Rédigé et scellé au Castel de Brassenx, le ... jour du mois de ... de l'an de grâce Mil quatre cent soixante trois.

          Alvira Messonnier de la Duranxie
          Baronne de Brassenx
          Dame de Peyrehorade et de Carcarès Sainte-Croix



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Goddefroy
Seulement quelques heures après que le soleil ai commencé à parcourir le ciel, je pouvais déjà dire que la journée d'hier s'était mieux terminée que la façon dont commençait cette nouvelle. Fontrailles, c'était le seizième tournois auquel je participais, mais c'était surtout le premier qui m'offrait de telles conditions de réussite. J'étais en charmante compagnie, cette même compagnie qui me poussait à me surpasser, et ce dans des conditions d'hébergement aussi bonnes que l'ambiance qui régnait sur ces terres. Toutefois, cela n'avait pas suffit! Je n'avais pas su passer le premier tour éliminatoire du tournois, et c'est avec l'humeur qui va avec, vous imaginez bien, que je prenais la route du retour en direction de mes appartements, après m'être occupé du nécessaire pour décharger ma monture.

C'est une fois arrivé à hauteur de l'entrée principale du Castel, que j'aperçus une silhouette, ornée d'une chevelure brune qui commençait à m'être un brin familière, étonnement. C'est Alvira qui se faufilait dans les couloirs du château. J'accélérais pour tenter de la suivre, mais j'avais le pas lourd, encore crispé par ma chute... Cela faisait qu'une fois arrivé dans les couloirs à mon tour, la Gasconne avait littéralement disparu de mon champs de vision... Plus que deux solutions s'offraient alors à moi: retrouver mes quartiers, ou partir à la recherche des siens. Il n'était pas tard, je pouvais me perdre en sachant que l'on me retrouverait avant la nuit. C'est sans doute cela qui me fit opter pour la seconde solution.

Et pour le coup, mon sens de l'orientation ne m'avait pas tant fait défaut que cela, puisque seulement, humhum, un quart d'heure plus tard, j’apercevais quasi malencontreusement, Alvira postée à son bureau, dans l’entrebâillement de la porte.
Après que mon poing ai frappé une légère fois contre la porte, le minimum pour ne pas complètement la surprendre, je m'accordais le droit de pénétrer jusque dans ses appartements.


Excellence...

Rapidement prononcé, je ne laissais ainsi pas e faire entendre le soupçon d'hésitation que j'avais dans la voix.

Je me suis avancé pour venir vous raconter mes déboires de ce matin, mais je vous vois occupé, alors dites moi plutôt si je ne dérange.

J'espérais qu'elle opterait à son tour pour la réponse qui irait le plus possible dans le sens où nous pourrions passer quelques temps ensemble. Mais je me contentais de lui adresser un sourire cordial, assez distant, qui lui donnerait peut être l'envie de lui donner l'opportunité de laisser un autre type de sourire naître sur mon visage.
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Wallerand
[Pendant ce temps, dans les jardins]

Avec plaisir, ma ché... Reuh.

Ou l'art de se rattraper aux branches ! Il ne pouvait pas encore prétendre aux surnoms tendres en public, en tout cas pas à haute voix. Seul son regard pouvait exprimer le "-rie" manquant pour l'heure, et il ne s'en priva pas. Sans autre forme de procès, un salut fut adressé à Alvira, et les deux amants quittèrent bras dessus, bras dessous la prairie pour se diriger vers les jardins. La roseraie dévoila ses charmes à l'oeil curieux d'un Beauharnais peu féru de botanique, mais toujours admiratif devant les fleurons de la création. Combien de fois en avait-il dessiné, pour des blasons, qui ne valaient pas l'ombre de ces pétales... Lui prenant le bras, la comtesse l'emmena dans la roseraie, parmi sa collection de roses, festival de roses, de parme, de rouges, d'oranges et de jaunes, et de senteurs, de la plue ténue à la plus enivrante. Au passage, elle en cueillit une, sa préférée, d'un beau rouge sombre et aux pétales semblants de velours, puis elle l'accrocha au pourpoint de son amant. Même s'ils devaient être discrets, qui pouvait deviner par qui cela était offert ? Mais il la lui fixa dans ses cheveux blonds, avant d'embrasser chastement son front, avant de reprendre la promenade. Y vagabondant au hasard, Wallerand finit par reprendre la parole, d'un badin :

Il faudra que vous empêchiez le lapin de venir ici... De si belles fleurs ! Il ne penserait qu'à les grignoter.
Le lapin ? Comment cela ?
Ah, effectivement, j'oubliais... Le lapin que j'ai amené est pour vous... Un petit cadeau.


Un petit sourire de la blondissime même lorsqu'il évoqua le lapin, petite boule de poils au nez frétillant... Et dire que l'idée lui en était venue du Louvre... C'était fou ce qu'on pouvait entendre et imaginer. Des lévriers assis au pied de Philippe le Bel, divers molosses avaient pris la succession au pied du trône de France, mais la longue lignée canine avait trouvé une fin avec, disait-on dans les couloirs obscurs des coulisses du palais royal, un lapin qui avait pris place sur les genoux de la souveraine.

Pour vous remercier pour cette invitation, et pour avoir accepté de devenir diplomate, et... Parce que le clin d'oeil m'a semblé amusant.
Comment ça ?


Ah mince. Ce que c'était que d'oublier que la jeune fille avait eu une éducation on ne pouvait plus respectable, et n'avait découvert que tardivement les choses de la vie... Et même si, parfois, une remarque osée glissait de ses lèvres dans le feu des plaisanteries échangées en taverne, elle donnait l'impression à son amant d'avoir conservé un esprit pur, peu enclin aux raccourcis que des années de blagues grivoises avaient créé dans le sien. Aussi se résolut-il à expliciter, un sourire amusé aux lèvres :

Hum... Navré, c'est un peu cru, mais... C'est que les lapins sont réputés pour leurs ardeurs envers leur partenaire, alors... C'était tout simplement trop tentant.
Oh, d'accord !


Les lapins étaient connus pour... Oh! Elle rougit, comprenant enfin l'allusion. Et si eux se comportaient comme des lapins, il se pourrait très vite que... Le rouge sur ses joue se troubla. Dieu, que le rosissement de ses joues était beau ! S'il avait été un lapin et elle une fleur d'un si joli coloris, à coup sûr, il n'en aurait fait qu'une bouchée. Pourtant une ombre de gêne sembla ternir le minois de Bella, qui finit par lâcher, dans un souffle :

Si nous ... J'ai peur de... Enfin... Je crains d'attendre un enfant.
Mon ?...
Evidemment, "ton", de qui d'autre ? Elle ne l'aurait jamais trompé ni dupé, il le savait, de cette sorte de certitude indiscutable qu'il ressentait à ses côtés. C'est... Difficile de mettre un mot dessus. Inattendu quoique, objectivement, prévisible, et tellement... Magnifique !

Elle soupira, de soulagement. Magnifique. Le mot était même faible. Et même si une voix terrifiée glapissait dans un coin de son crâne qu'il allait falloir qu'il se bouge le train pour trouver le moyen de pouvoir vraiment la demander en mariage et, a fortiori, de l'épouser - parce qu'il ne souhaitait rien moins que la déshonorer -, la dominance revenait à une euphorie inexplicable. Se penchant sur la jeune fille pour l'embrasser, il n'y tint plus et la serra contre lui comme s'il avait voulu l'empêcher de repartir un jour de ses bras. Et dans les murmures échangés, un indiscret aurait pu entendre :

Rien n'aurait pu plus me ravir...
Mais... Je ne suis pas enceinte, enfin, je ne crois pas...
Oh... Eh bien, au moins, vous saurez comment je réagis à cette idée. C'était ce qui vous angoissait ?
Oui... et je voulais en parler à Alvira.


De phrase en phrase, il y eut des explications, des mots doux, l'assurance qu'un enfant était bien loin de pouvoir éloigner l'amoureux. Bella n'avait pas peur d'élever seule un enfant, ni même des murmures. Mais de le perdre, lui. Lui qu'elle aimait...
En fond sonore, le grondement sourd du camp commençait à monter. Mais, beaucoup plus proche, un bruit de pas se faisait entendre. Rappelé de fait à la discrétion qu'il devrait observer, le Gascon s'écarta rapidement, dans un grommellement d'excuse. Déjà une silhouette se profilait au bout de l'allée. Rah ! Foutu chaperon ! Plongeant le nez dans une rose, le jeune homme se récriait à intelligible voix sur son extraordinaire senteur quand un bourdonnement hostile lui parvint aux oreilles. Zut. Par réflexe, la main partit. Et vlan ! L'abeille frappa. Un juron étouffé plus tard, le jeune homme tentait de retirer le dard de son doigt sans crever la poche flasque qui en ornait l'extrémité. Un sourire penaud à Bella ponctua l'ensemble, avec un badin :


Navré, un peu de miel en moins pour cette année...

RP à quatre mains, comme d'hab avec JD Bella ^^

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Alvira
[Appartement de la Duranxie]

A peine la missive terminée, un "De Silly" ramenait sa fraise.

Excellence...

Surprise, elle le fut, ne s'attendant pas à ce qu'il débarque jusqu'à sa chambre. Perdue dans ses pensées futures, imaginant le déroulement des noces de son filliot comme une mère le ferait de son petiot. Ahhhhh, qu'il était bon de rêver pour les autres.

Déposant sa plume, elle recouvra son courrier d'un vélin vierge, avant de se lever pour le rejoindre, mal à l'aise qu'ils se retrouvent ainsi dans un lieu quelques peu intime. Elle en perdait ses mots. Que faire ?! Quoi faire ?!
Un instant, elle tenta de chercher dans son esprit quelle conversation engager lorsqu'elle se souvint des mot de Goddefroy.


Je me suis avancé pour venir vous raconter mes déboires de ce matin, mais je vous vois occupé, alors dites moi plutôt si je ne dérange.
Oh ?! Tant que ça ?!
J'en conclus que vous avez perdu...


Quel raisonnement intelligent, bravo Alvira !

Que dire d'autre ?!
Elle ne le savait pas. Un malaise la prenait soudainement, alors que ses iris avaient balayé la pièce, en passant pas la commode, le chevet et... Le lit...
Portant à ses pensées, quelques tourments des plus impies. Incontrôlable, étonnement passionné, où la vision de leur corps entrelacés se déroulaient devant elle. Grand Dieu ! Elle perdait l'esprit. Et le film continuait d'avancer, voilà que désormais ils se dénudaient l'un l'autre, emporté par la fougue, fourni par des baisers langoureux et autres caresse légères.
Panique à bord !
Elle tentait de poursuivre cette conversation qu'elle ne maitrisait pas. Sa cage thoracique se souleva, alors que ses paupières se fermaient pour ne plus voir l'ameublement et plus encore, Goddefroy.

Ne pouvant se cacher, le rouge lui montant aux joues, dans un dernier réflexe de survie, elle mit le Secrétaire d’État à la porte, avec une excuse complètement absurde, j'en conviens, mais aux grands maux les grands remèdes.


Excellence !
Vous m'excuserez, j'entends des oiseaux chanter, de vilains oiseaux, oh ça, oui !
Vous devez filer, parfois ils entrent dans ma chambre, et...

Et quoi cocotte ?!
Ils mangent les graines que tu leurs donnes ?! A la bonne heure !
Sort les rames, tu en as de besoin Baronne !

Et ils attaquent !

Sans plus étayer, elle l'attrapa par les bras et le ramena dans le couloir, la respiration quelques peu accéléré. Piqué au vif, par des sensations qui lui revenaient bien trop vite et bien trop fort. Empressé qu'elle était de l'éloigner d'elle, alors que pourtant, elle s'était laissé approché la veille dans la roseraie. C'était d'ailleurs peut-être ça le problème. La tentation, l'attirance, et ce mélange de découverte et re-découverte, qu'elle faisait auprès de l'Auvergnat en s'approchant à nouveau d'un homme.
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Goddefroy
Malheureusement, elle n'avait pas traîné pour saisir l'idée que j'avais perdu! Faut dire que j'avais plutôt bien introduit l'idée. Mais ce qui me laissait par contre plutôt pantois, c'est le silence qui s'était installé après sa courte réponse. Je sentais son regard fuyant, et si ce n'était pas un malentendu alors c'était sans doute de la gêne qu'elle ressentait. Pour le coup, je restais béa, assez déconcerté sur place, en osant pas du coup, essayer de capter son regard. Je pensais avoir eu une bonne idée en la suivant jusque dans ses appartements, qui nous offraient il est évident beaucoup d'intimité, que je n'avais de toute façon pas penser à exploiter d'une autre manière qu'en discutant le plus simplement du monde avec elle. A moins que, bien sûr, cette dernière n'insiste! Mais pour le coup, ce n'était pas du tout, mais alors du tout le cas!

Des oiseaux vraiment? Qui attaquent en plus?

Je n'avais pas eu ma réponse qu'en un fragment de seconde je m'étais retrouvé dans les couloirs sans même avoir le temps de comprendre ce qu'il m'arrivait. Pour le coup, je ne reconnaissais pas la large ouverture d'esprit de mon homologue sachant s'adapter à toutes les situations. La c'est comme si elle avait été prise de pensées trop intimes, peut être gênantes, et qu'elle avait eu peur qu'en y pensant si fort, elles ne débordent.
Dans tous les cas, j'avais plus qu'à rejoindre ma chambre, pour achever le temps qu'il restait à tuer jusqu'au repas, et pour le coup, on pouvait dire que je me sentais bien seul.

Je n'en resterais pas là, c'était certain, je n'avais pas envie que le début de notre entente, non pas relation, ce mot ça fait trop peur, soit marqué par ne serait est-ce qu'un seul point noir. Si le château avait été si mal isolé qu'on puisse entendre à travers les différents murs, j'aurais tendu l'oreille, mais la ce n'était pas le cas, et à défaut de mieux, je me contentais de partir à la quête de ma tenue pour le repas, pensif.


Soit...

Lâché dans la plus grande indifférence d'un public absent.
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Christabella
    [ Fin de matinée, toujours dans les jardins... ]


Tandis que sa carmélite-camériste de choc arpentait les allées du jardin, son amant s'écarta d'elle, et fit semblant de s'extasier sur une des roses. Rassurée, la carmélite se déroba à leur vue, par décence, se contentant de lui suivre de loin. La jeune femme, amusée, lui prit doucement la main pour retirer avec douceur et dextérité le dard, en parlant elle aussi à haute et intelligible voie.


Voilà, qui est fait. Pauvre petite chose... Vous saviez que les abeilles mourraient après avoir piqué ?

Elle lui lâcha la main, se contentant de le couver du regard. Un coup d'oeil vers le jardin, une idée lui vint... Un doigt sur ses lèvres, elle dirigea le Beauharnais, une main chastement posée sur les reins, allongeant le pas, sur la droite, dans le labyrinthe de buis. Le changement soudain de direction aurait pu étonner Wallerand, mais la comtessa avait envie de semer la sœur. Un crissement lointain de gravier leur indiqua que la vieille femme les cherchait dans la roseraie, se demandant où ils étaient passés. Réprimant un gloussement, la jeune femme prit son amant par la main pour l'entraîner au cœur du labyrinthe, malgré les glapissements de protestation de Marie Clarence, de plus en plus loin. Après quelques foulées dans les méandres vertes du jardin, hors d'haleine, elle l'attira à lui pour l'embrasser fiévreusement. Les bruits du camps qui se montait, dans le lointain, ils s'en moquaient à ce moment précis. Ils profitaient d'être ensemble, cachés à la vue de tous, laissant libre court à leur insouciance, et.. et !

Dans ses bras, pudiquement recouverte de sa chemise, allongés dans l'herbe, apaisés et repus, les yeux tournés vers les nuages, le ciel... A essayer de distinguer des formes. Un vent léger et rafraichissant les enveloppait, attiédissant un air déjà bien chaud à cette heure de la journée. Les éliminatoires allaient débuter d'ici deux heures, et elle avait un discours à donner. Ponctuant les lèvres du Beauharnais d'un énième baiser, elle lui tendit sa chemise et ses braies, avant de se rhabiller. Passant devant une carmélite, l'air innocent, aussi innocents qu'on pouvait l'être alors que sa longue tresse blonde légèrement défaite témoignait de l'étreinte partagée, sans compter la chemise du Beauharnais, un brin froissée, la jeune femme réprima un léger rire, avant de parcourir les couloirs du castel. Elle accompagna le Beauharnais à ses appartements, suivie par une carmélite qui avait un air renfrogné.


Votre Excellence, je vous laisse, je dois me préparer pour l'ouverture des joutes. Vous trouverez vos vêtement d'hier lavés et repassés par les bons soins d'Imoen. Je pense qu'elle les aura mis dans le placard de gauche. A côté de la tenture représentant Saint Sylphaël.

Elle soutint son regard, impérieusement, tandis qu'elle évoquait la tenture. Elle ne pouvait en dire plus, pas avec sa camériste dans les parages.

Nous nous reverrons dans les tribunes, pour les éliminatoires, avec Alvira.

Ils virent ainsi Goddefroy perdre, malheureusement, et subir une légère blessure. Plus tard, juste avant le repas, il avait tenté de parler à Alvira, en la rejoignant dans ses appartements. Mais, prise de cours, la jeune femme l'avait congédié....
C'est dans une ambiance un peu empruntée que le repas débuta. Bella se demandait ce qu'il s'était passé entre Goddefroy et sa tantine ...

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Alvira
Elle n'eut même pas un regard désolé dans sa précipitation à tout faire pour ne plus ressentir ce malaise, empli d'un désir naissant qui ne faisait sur l'instant que la tourmenter. La porte se referma sur le Secrétaire d’État, qui surement ne devait rien y comprendre.

Lentement, elle ferma les yeux, cherchant à reprendre le cours de pensées plus anodine. Pourquoi de tel songe lui venaient donc ?! Sa libido lui jouait-elle des tours ?! Enfin tout de même, elle n'"tait pas affamé. La jeune femme faiblissait chaque jour un peu plus en croisant le regard du "De Silly", adorant sa réparti, son humour, et sa façon certaine de poser une emprise sur son être. Décuplant des sensations jusqu'alors mit en veille.

Il lui fallut plusieurs minutes avant de décider qu'elle avait autre chose à faire, et qu'une occupation lui ferait le plus grand bien. C'est donc pour cela qu'elle prit la lecture la plus salvatrice du Royaume, le livre des vertus.


[Dans la soirée]

Le repas avait été prit. Gauchement, froidement même. La Gasconne avait fait son possible pour ne pas croiser le regard de Goddefroy. Elle avait parlé de tout et de rien. Donné une attention accrue à Christabella pour fuir encore et toujours ce que son ventre lui soufflait, ce sentiment venant du début du monde amenant à l'intimité la plus totale.

Le jeu de regards qui s'évite, terminé, elle avait regagné sa chambre, saluant toujours très courtoisement celui pour qui elle penchait. Attablé à sa coiffeuse, alors qu'Aubrée l'aidait à terminée de retirer sa robe, Alvira était ailleurs, désormais prise de culpabilité. Et les petites histoires que sa camériste lui racontait ne changeait rien au fait que son coeur se serrait dans sa poitrine plus que de raison. Toutefois, elle tentait de se raisonner, en écoutant que le paysan du bout du champs de derrière la colline, avait trois filles et deux garçons, dont un tellement charmant qu'il avait une facilité déconcertante à vendre toutes les productions au grand dam de certains agriculteurs envieux. Récit passionnant pour tout les adorateur de prairie et bestiaux. Dans son cas la Duranxie, n'avait pas la tête à ça, et renvoya sa servante au repos, lui disant qu'elle brosserait ses cheveux seule.

C'est dans cette solitude, qu'elle s'observa toujours dans un silence extrême. C'est un regard critique qu'elle jetait sur son corps, pour finalement se dire que toutes femmes étaient désirable, mais la faiblesse ne devait pas primer entre eux. Les hommes c'était fini, elle se l'était dit, et ne comptait pas revenir dessus... Oui, enfin facile à dire et diablement ardu à effectuer quand un homme doué de toutes les qualités que vous jaugez bonne, croise votre route et semble lui aussi en pincer pour vous.

Un soupire plus tard, et ses iris levés au ciel rencontrèrent le bord du miroir, lui rappelant que derrière elle, il y avait caché la clef que sa nièce lui avait confié. Sans réfléchir, la Monstralvinette s'en saisit, puis se refréna à nouveau. Observant la tapisserie indiqué par sa Blondeur.


Dans l'esprit embrumé d'Alvira a écrit:
Tu aurais l'occasion de t'excuser pour ton comportement absurde, ce n'est pas négligeable.
Oui sauf que tu vas craquer, il te pousse à aller le voir pour que tu te laisses aller à la luxure ! Interdit, niet !
Il doit se sentir seul le pauvre, tu as été si distante. Lui qui est si gentil avec toi. Puis, un petit baiser ou quelques câlins n'ont jamais tué personne.
L'autre d'à côté il ne connait pas ça, c'est un jaloux.
Jaloux !

N'importe quoi, je dis qu'on peut câliner, dans les liens sacrés du mariage, il est marié !
Il divorce !


Le combat se menait entre les deux protagonistes de la conscience de notre Gasconne. S'étant allongé sur le lit, elle scrutait l'horizon, focalisé sur le mur qui lui faisait face. Finalement, elle se leva, faisant fuir les deux infernaux casse pieds. Sa mains vint à la rencontre de la paroi, cherchant avec une retenue tout relative la serrure pour enfin la trouver et ouvrir le pan orné d'une illusion parfaite. La nuit était tombée depuis de longues heures, et c'est avec une chandelle qu'elle emprunta le passage pour déboucher dans un couloir de service, menant aux appartements du jeune homme.

Les pieds nus, les cheveux détachés, simplement vêtu d'un tenue de nuit d'un bleu profond couvrant la majeure parti de son corps. La peau qui restait découverte ne l'était que faiblement, car elle avait prit soin de prendre une étoffe pour ne pas paraitre provocatrice. Elle ne venait pas là chercher une aventure ou quelconque plan de séduction n'était projeté.

Elle toqua. Prête à faire ses excuses, bien trop confuse pour laissez la nuit les séparer. Trop d'heures, trop de distance s'installeraient entre eux.

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Goddefroy
      [Durant le dîner.]

Le repas était délicieux. Oui, délicieux, mais voilà tout l'effet que cela me faisait. Peut être m'aurait-on mit dans mon assiette les graines pour la volaille que j'aurais été en mesure de pousser intérieurement cette même réflexion, sur un ton tout aussi détaché. Mon esprit était ailleurs ce soir, pas dans un autre lieu, simplement dans un autre moment, resté figé quelques heures plus tôt.
Alors que sur l'échelle de la tentation, mon attirance pour elle me faisait gravir à une allure folle les différents échelons, voilà que ce moment que je rejouais en boucle dans ma tête avait stoppé net mon ascension.
Le repas ne pouvait ainsi pas se passer dans d'autres contextes que celui de la distance. Je ne parlais pas, tant mieux parce que je n'aurais de toutes façons pas écouter ce que l'on m'aurait répondu -malpoli-, jusqu'au moment où un:
Merci. Parut fracasser l'air ambiant. Bravo Goddefroy, niveau sociabilité, j'avais perdu douze millions de points d'un coup dans l'estime de la pauvre maîtresse des lieux, qui grâce à Alvira, ne s'était pas complètement retrouvé en pleins milieu de cette ambiance. Rendue de par son incompréhension, malgré lui austère.

      [Dans la soirée.]


J'avais retrouvé quelques heures plus tôt le chemin de mes appartements d'un pas lent, de celui que l'on use lorsque l'on pourrait marcher des heures sans qu'il n'y est pour autant un quelconque intérêt à cela. Alors que la veille, j'avais la démarche vaillante, et je me dirigeais à une heure quasi semblable, en direction de la roseraie accompagné par la baronne. J'avais passé un moment, aller fabuleux, puisqu'il faut bien réussir à placer ce mot à certains moments dans sa vie, et ce soir, après avoir poussé la porte de ma chambre, je n'avais trouvé que l'unique motivation pour me débarrasser de mes vêtements de ce soir, pour pouvoir me glisser dans la plus légère des tenues qu'il soit, au fond des mes draps. L'esprit vidé d'avoir trop ressasser en boucle ce qui n'était peut être rien d'autre qu'une banalité, un pas envie, et d'en avoir tout simplement fait des montagnes mille fois plus haute que les volcans d'Auvergne.

Et tu crois que l'esprit vide, j'aurais réussi à trouver le sommeil pour m'épargner des heures encore longues de cette foutue journée? Bah tiens, wallou! Cours dans les ronces que pas le moins du monde! J'aurais pu attacher des poids à chacun de mes sourcils supérieurs que j'aurais continué à contempler le plafond, pourtant des plus banal, dans un environnement bien plus passionnant. Ce qui s'apprêtait à se produire n'allait pas, mais alors pas du tout arranger les choses, puisque le silence de la pièce fut brutalement interrompu par le bruit d'un poing qui vient se heurter plusieurs fois à sa porte pour y toquer. Si il fallait décrire les émotions, mêlées aux questionnements que j'avais ressenti durant ce si court laps de temps, je pense que les mots me manqueraient. La seule chose que je serais capable de retenir était ce questionnement à propos de la personne qui se trouvait derrière ma porte? Etait-ce Alvira? Je n'avais envie de voir qu'elle. Qui d'autre pourrait est-ce être à une telle heure? Mais que viendrait-elle surtout faire ici après le comportement que je lui avais offert lors du dîner?
Assez simplement, je convenais que le meilleur moyen de peut être obtenir des réponses à mes interrogations, serait simplement d'aller ouvrir cette porte. Je m'y attelais aussitôt, jusqu'à ce que dans mon chemin, je me rendis compte dans la hâte qui m'habitait, que je m'étais couché dans la même tenue que dans laquelle j'avais ouvert pour la première fois les yeux en ce bas monde. Case demi-tour, même si l'envie d'apparaître à elle dans cette tenue faisait renaître un zeste d'excitation dans mes entrailles, deux bémols m'en dissuadèrent. Le premier est qu'il ne s'agissait peut être tout bonnement pas d'elle, le second est que même si cela faisait naître chez moi une certaine envie, la Gasconne ne partagerait peut être pas mon "enthouiasme". Vu le silence qui régnait, je ne me permis pas un "j'arrive!" pour faire patienter le protagoniste derrière la porte le temps que j'enfile une tenue finalement guère moins légère, un caleçon court posé en évidence par dessus la pile de vêtements du soir, et que je revienne jusqu'à l'entrée.


Alvira...

Je lâchais aussitôt un soupir d'aise et d'apaisement. Je laissais d'ailleurs libre court à mon être pour extérioriser tous les sentiments qui m'avaient rongé de l'intérieur durant tout ce temps. C'est ce qui faisait qu'en un espace de temps infime, la baronne se retrouvait au creux de mes bras, dont la proximité m'offrait l'opportunité de venir baiser délicatement le creux entre sa nuque et ses épaules. Je ne me serais pas risquer à descendre instinctivement plus bas, d'autant plus que je ne connaissais pas la cause de sa visite nocturne. Avant de lui laisser l'opportunité de me la faire valoir, j'avais eu besoin de m'imprégner de son contact, alors que de son côté, je ressentais plus de réticences, une meilleure retenue que je n'avais su moi lui offrir.

Je... Goddefroy, bonjsoir, je voulais, vous dire, fin... M'excuser... J'ai été impoli tout à l'heure, j'étais occupé, je n'ai pas su être plus... Diplomate, fin, je vous demande pardon de mon comportement.

La jeune femme ne pouvait rien rajouter, elle s'enlisait dans une explication somme toute vaseuse car dans les faits, son seul désir avait conduit à une situation étrange amenant la Gasconne à être distante. Le malaise la reprenait, et elle semblait croiser les doigts pour que je ne cherche pas à avoir plus de détail. Avec un regard empreint de regrets, elle m'observait.
De cela, je n'avais retenu que le poids en moins de ce fardeau que je portais sur les épaules. Malgré son hésitation, je comprenais ainsi qu'elle n'avait pas tenu plus que moi, à instaurer de la distance entre nous.


Ne restons pas là sur le seuil de la porte, on aurait si vite fait de laisser traîner des remarques hasardeuses au sein du castel.

Peut être que j'étais le seul à avoir ce genre de pensée, peut être parce que j'étais le seul à pouvoir émettre ce genre de déroulement. Toutefois, même si je ne pouvais m'empêcher de l'emettre, je m'interdisais, formellement, d'agir de quelconque manière qu'il soit en ce sens. J'étais marié, de une, mais soyons sincère, je n'avais cure de ce genre d'argument, qui tombait vite dans les abîmes lorsque dans mon mouvement, j'apercevais une légère facette de son épaule dénudée par mes soins, ou ma faute. Mais surtout notre relation n'avait pas atteint ce seuil, qui puisse nous permettre de passer ce cap. Facile à dire alors qu'en sa présence, mon corps brûlait d'envie. Raisonnable, soit raisonnable, pensais-je en boucle en l'entraînant, sourire au coin des lèvres jusque dans l'intérieur de ma chambre pour pouvoir délicatement refermer la lourde porte derrière nous.

Ainsi, toute personne restée derrière n'aurait que son imagination pour pouvoir imaginer le scénario capable de se produire durant les heures que la nuit avait encore à offrir aux deux impatients. Toutefois, nous qui avons eu la chance de pouvoir vivre ce moment dans l'intimité, pourrons raconter aux plus précieux, que la nuit s'est contentée de nous offrir force tendresse, étreintes sentimentales, et fiévreux baisers pour point d'apogée, afin de satisfaire à juste mélange envie et raison. Peut être ne serait-ce que partie remise?


Ecrit à quatre mains avec JD Alvi.

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Alvira
“Le coeur gouverne la raison.”
De Laurence-Marie Coupier


On a toujours raison de faire quelquechose qui nous tient à coeur, c'est ce que s'était dit Alvira suite à cette nuit de tendresse, tout en chasteté. Ils avaient résisté à l'appel du désir. Se dorlotant, parlant jusqu'à plus fin, rit aussi de tout et de rien, trop heureux de se défaire de leur craintes et leur retenue. Au petit matin, Alvira avait rejoint sa chambre, encore cotonneuse de ces heures passés, bercé encore par les bras de Goddefroy.

Le séjour se termina ainsi, le lendemain les défaites se firent, Goddefroy rentra en Auvergne le jour suivant, et la Duranxie, en fit de même après avoir passer des heures à s'occuper de Bucéphale. Le cheval était méconnaissable. Aussi beau qu'adapté à son environnement. Il avait retrouvé sa superbe, sa confiance envers l'homme. Pas sans mal tout de même mais la Baronne était ravie de cet état de fait.

C'est après un moment passé en compagnie de Bella, que notre brunette reprit la route pour la Gascogne, la tête rempli de souvenirs heureux, et le coeur prêt à exploser pour lui. Chemin faisant, son sourire n'arrivait pas à s'éteindre, déjà à penser quand ils pourraient se revoir, et sous quel motif. Sa nièce demanderait surement à son retour en la Capitale, si la tantine s'était servi de la clef, mais sans doute, rien ne serait dit, ou juste deviné par son flair féminin.

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