Afficher le menu
Information and comments (0)
<<   <   1, 2, 3, 4, 5   >   >>

[RP]Derrière le sourire du diable ...

Julian.leopold
Non !

Voilà qui est clair et sans appel, une réponse nullement étonnante. La brune n'est que méfiance, sans doute sait elle déjà à qui elle a à faire. Qu'importe, si l'enfer que son regard promet est offert par cette femme alors il sera plaisant d'y gouter voire même de s'y perdre.

Les femmes et leur étrange pouvoir sur le sexe que l'on dit fort. Peut être est ce là enfin celle qui causera ta perte Leopold.

On pourrait lire tant de chose dans les vertes plaines qui s'offrent en ce regard, tant de souffrance, tant d'aventure et aussi une sorte d’écho aux vairons qui la dévorent. Etrange impression de déjà vu peut être pour celui qui si souvent défie la faucheuse au mépris de toute chose, de tout risque.

Peut être s'il avait tenu un tant soit peu à la vie, alors cette femme aurait pu l'impressionner de part son calme et son détachement. Ou bien alors avait elle un doute après tout... Peut être le prenait elle pour un autre, peut être ne se doutait elle pas un seul instant que le sourire qui s’étend à l'instant même ou un léger gémissement se fait entendre, appartient à celui qu'elle recherche. Sans doute veut elle lui faire payer, comme tant d'autres avant elle on voulut le faire sans y arriver.

Comment faire payer une ombre ? Comment lui faire plus de mal qu'il n'en a déjà connu ? Comment promettre l'enfer à celui qui le connait mieux que personne ?

Des questions... Alors voilà pourquoi il est là ? Pour un foutu interrogatoire ? Ce serait bien trop facile, bien trop décevant.... et Minah dont il devine le souffle si près de lui, dont il eut sentir chaque mouvement de la cage thoracique qui se lève au gré des inspirations, chaque soubresaut de ce corps emprunt de fièvre, elle est en vie tel qu'il l'a voulu. Dévorée par les flammes de son propre enfer, dévorée de n'avoir pas su comprendre pourquoi ...

Qu'importe, rien n'a vraiment d'importance, ni la mission rédemptrice, ni cette soif de comprendre et d’apprivoiser la mort, ni les promesses muettes qu'il devine en Kachina. Cela le fait sourire, comme souvent.

Aucune peur, rien ne transparait de l'enveloppe qu'il montre au monde, rien d'autre que le néant qui parfois peut l'envahir et laisse entrevoir les abysses où tant d'autres se perdent.

Et voilà qu'il détaille les courbes avantageuses, cette échine qui s'offre à lui, cette croupe aguichante et désirable, voilà qu'il pourrait presque deviner le sourire qu'elle affiche en pensant naïvement qu'il se laissera séduire, qu'il baissera les armes facilement devant le charme qui émane d'elle, qu'il se laissera aller à faire confiance et à s'abandonner.

Le godet tendu, l'odeur d'Armagnac si familière, réminiscence d'un autre temps, d'un tout autre jeu, de regards qui se cherchent et ne se quittent plus, de la lune qui éclaire les ténèbres et d'un monde qui semble si lointain.

Elle survivra à ça. J’y veillerai !


Bien sur qu'elle survivra, j'y ai veillé pauvre sotte. L'agacement intérieur ne transparait en rien. Bien sur que Minah y survivra, il aurait été si facile de la tuer si je l'avais décidé. Non seulement elle survivra, mais peut être comprendra t elle ... Peut être saura t elle en tirer une chance de changer de vie, de redevenir Virgo, de ne plus monnayer ses charmes et se perdre dans cette luxure qui la dévore. Se serait il trompé ? N'en serait elle pas capable ? Cette lueur d'innocence et d'espoir qu'il a cru voir en elle n'etait elle qu'un mirage ?

- A quoi pensez-vous messire di Cesarini si je vous parle de la constellation de la Vierge ?

Toujours des questions, et le diable qui garde sa langue, qui écoute et écoute encore sans rien dire, sans que rien en lui ne trahisse ses pensées. Le verre est posé sans même qu'il ne daigne y poser les levres.

Grazie Donna, mais un Corse ne saurait boire ni manger avec une personne sans que le contrat ne soit passé. Je vous ai fait une demande que vous avez refusé de m'octroyer aussi je ne puis accepter ce verre. J'en suis navré. Je suis ici pour voir Minah, pour m'enquerir de sa santé et m'assurer qu'elle se remette et qu'elle saura avoir à coeur de vivre . Quand à vous connaitre cela est sans doute un bonus.
En ce qui concerne les constellations, je ne vois pas en quoi l'astronomie et ce que je puis en penser vous concerne. Je n'ai pas de temps à perdre Donna Kachina. Alors venons en au fait. Je n'ai que faire de vos questions futiles et d'une profonde inutilité.


Toujours ce ton hautain, suffisant, celui dont il use si souvent, celui qui se fait si souvent l’écho d'Anne... Gemini...

Qu'avait il donc vu en Minah pour faire d'elle Virgo ce soir là. Voilà qu'elle était la véritable question.

Il était le seul à savoir. Quand à la brune, saurait elle se montrer à la hauteur et lui offrir l'enfer en récompense ?

_________________
Axelle
Elle se sentait un peu comme un cafard, la gitane, planquée là dans le couloir, à laisser traîner son oreille indiscrète. Oui, un cafard, au même titre que cette tripotée de frangins dont elle refusait la ressemblance mais qui, pourtant, en cet instant, claquait d'évidence comme un soufflet cinglant.

Pourtant, que pouvait-elle faire d'autre quand des paroles échangées, elle ne savait que si peu ? Juste quelques brides éparses, trop glissantes et floues pour même savoir si ce qu'elle entendait avait le moindre rapport avec le courrier de Kachina. Le seul indice qu'elle pouvait glaner au fil des mots échangés était au sujet d'une blessée. Gravement a priori quand il était même question de survie. Était-ce suffisant pour faire irruption ? Pour construire une quelconque certitude ? Non, les indices étaient bien trop maigres quand l'homme ne faisait que refuser un verre et ne souhaitait que s'enquérir de la santé de la fameuse blessée. Quant aux histoires de constellations, le principe même échappait totalement à la manouche qui, si elle savait parfois se montrer superstitieuse, naviguait à mille lieu de toute forme de mysticisme, préférant de loin le pragmatisme, soit-il couvert de sang bien réel et terrestre. Au mieux savait-elle que les étoiles étaient jolies à regarder et permettaient aux navigateurs de savoir plus ou moins où ils allaient. Mais guère plus. D'autant plus que le mal de mer lui faisait rendre tripes et boyaux dès lors qu'elle s'aventurait à poser un pied sur ces saletés de rafiots

Pourtant, Kachina lui avait bel et bien donné rendez-vous et cette femme semblait ne rien avoir d'une écervelée faisant les choses à la légère, sans y avoir préalablement longuement réfléchi. Ceci, la gitane pouvait-elle réellement l'ignorer ?

Dans ces circonstances, mieux valait alors ne pas juger sur le présent mais sur le futur. Quelles seraient les conséquences de la décision de la manouche ? Si elle restait planquée et si l'homme était dangereux, lié d'une façon ou d'une autre à ces tortures et mutilations que Kachina avait couchées sur le papier, alors le risque était que le sang abreuve les lattes du plancher. Si tout au contraire, l'homme était inoffensif, malgré le ton acerbe de sa voix, et étranger à toute cette affaire, le risque était que la manouche tombe comme un cheveux sur la soupe. Un regard outragé pourrait dès lors le lui reprocher, mais somme toute, personne, hors sa fierté, n'en serait blessé.

Les risques ainsi confrontés, le choix à faire se dessinait clairement. Pourtant, loin de ces arrivées fantasques dont parfois la manouche s'amusait, elle se décrocha simplement du mur et d'un pas silencieux, se dévoila, droite, sur le seuil de la porte, laissant son regard glisser dans le dos de l'homme avant de cueillir les prunelles aussi vertes que les siennes étaient encore noircies d’interrogations.

_________________
Minah..


“Le souvenir du bonheur n’est plus du bonheur ; le souvenir de la douleur est de la douleur encore.”(George Gordon, Lord Byron)


Elle ne voulait pas reprendre conscience.
Son refuge était là, dans ce demi-sommeil, à écouter les propres battements de son cœur, aspirer l’air, l’expirer.
Avaler sa salive dans cette gorge sèche. Soif, elle avait soif.

Des bribes de voix lui parvenaient de la pièce à côté, en sons étouffés dans son esprit endormi par les narcotiques.

Celle de Kachi, musique familière et rassurante. Elle bavardait avec quelqu’un, un homme.

Minah chercha dans ses pensées, des bribes de souvenir.
Pourquoi était-elle couchée ? Pourquoi tout son corps lui faisait si mal ?
Un fiâcre l’avait renversée ?
Des flashs violents s’invitaient soudain dans sa tête, qu'elle repoussait aussitôt.... Le bruit d’une chaîne sur la pierre, le froid d’une lame sur sa peau, la voix calme et posée, glacée presque sans âme d’un homme…
Un homme qui….
La jeune femme gémit, crispant ses mains aux draps, tournant la tête de droite à gauche, enflammant l’oreiller de sa chevelure rousse, repoussant de toutes ses forces les images à venir.
Ne pas se souvenir.
Non…
Rester là simplement, au chaud, à l’abri des couvertures, dans cette chambre au parfum de jasmin. Ecouter les bruits de la ville qui lui parvenaient par la croisée restée grande ouverte…Ces rires d’enfants, les imaginer jouer à la marelle ou à chat perché. Deviner le visage de ce palefrenier qui accompagnait les chevaux au pré.
Respirer encore……
Et dormir, s’abandonner….
Si lasse, si fatiguée. Dormir...Pour oublier………

Oublier quoi ?
Son cerveau torturé refusait de lui donner la clé de tout ça.
Et sa bouche était si sèche. Elle ne voulait pas déranger Kachi, qui semblait bien occupée. Se redressant sur ses coudes, elle cligna des yeux en les ouvrant, aveuglée par le soleil qui inondait la chambre.

Le regard violet chercha la cruche d’eau sur la table de chevet. Elle se glissa au bord du lit, grimaçant à chaque geste, posa ses pieds sur le plancher. Et tendit la main pour se verser un verre d’eau fraiche.

C’est alors qu’elle remarqua les marques sur la paume. Et un cri étranglé sortit de sa gorge, alors qu’une lame de glace dévorait son ventre quand la mémoire lui revint . Un homme, un homme l’avait torturée, clouée à la table, et cet homme……

Son coeur se mit à cogner comme un fou dans sa poitrine, elle posa ses mains sur son ventre, se balançant doucement, en haletant, cherchant son souffle...

Miséricorde, cet homme parlait avec Kachi…




Interprétée par jd Kachina
Kachina
"Bref, on reconnaissait dans cette fille la vierge qu'un rien avait fait courtisane,
et la courtisane dont un rien eût fait la vierge la plus amoureuse et la plus pure."
[Alexandre Dumas fils]


Bien sûr, c’aurait été trop facile. Qu’il prenne le verre et s’affale à demi-conscient. Sotte qu’elle est à l’avoir sous-estimé.
Il est rusé, foutrement rusé. A débarquer sans crier gare, alors qu’elle espérait un rendez-vous à l’endroit de son choix, et bien sûr à mille lieues de sa protégée.
Minah...Il semble prêter un intérêt fou à la jeune femme.
Serait-ce là son talon d’Achille ?La faille à creuser ? Il semble s'agacer de l'évocation de la constellation sur la peau d'albâtre.
Alors qu'elle cherche un autre plan pour le garder à sa merci, sa voix posée et prresque douce, n’exprime rien de sa déception quand, elle répond dans un sourire carnassier :

    - Je ne suis pas Corse sire Di Cesarini. Je suis fille des Comminges. Chez moi, quand une dame offre un godet d’armagnac, un homme ne saurait le refuser. Et les contrats ne sont jamais qu’accords entre deux êtres. Nous n’en sommes point aux accordailles. Minah a besoin de repos. Vous ne la verrez pas !

Minah…Fasse le ciel que celle-ci dorme et n'entende rien.

Elle marque une pause, laisse s’installer le silence. Et déplaçant un tabouret recouvert de coutil damassé, elle s’installe en face de lui, à quelques pas, son godet d’alcool à la main.
A nouveau les regards s’affrontent.
Elle sait.
Il sait qu’elle sait.
C'est un duel silencieux, où tous les coups sont permis. Elle sera celle qui terrasse le dragon, nul autre choix.

Un sourire narquois étire les lèvres féminines quand elle poursuit :

    - Questions futiles et inutiles ? Voyez-vous je ne crois pas, Leo. Minah a vraisemblablement été clouée à je ne sais quoi. Son supplice, ce symbole sur son ventre ressemblent étrangement à une sorte de rituel.
    Initiatique ? Expiatoire ? Que voulais donc nous dire ce salaud là...Vous le savez peut-être…..Moi, non. Alors voyez-vous, je cherche à comprendre.


Les prunelles claires fouillent un instant les vairons, alors qu’elle lui impose ses pensées. Qu’il quitte donc la pièce s’il se lasse du jeu. Je sais qui tu es Léo à présent, j’ai ce pouvoir sur toi. Sais-tu seulement, toi, qui je suis ? Sais-tu cet homme marqué au fer rouge parce qu’il m’a fait fouetter un jour en Champagne ? Sais-tu cet autre qui a supplié qu’on l’achève quand on le punissait pour avoir tenté de me prendre mon fils, me laissant cette marque à la joue ? Sais-tu les nuits d’enfer, Léo à hurler son chagrin à s’en briser la voix et le cœur ? Je crois que oui, Leo…..L’enfer tu connais…..A te vouloir plus sombre que le Sans Nom en personne…Prétentieux que tu es …Tu n'es toi aussi que de chair et de sang, même si le démon t'habite.

Elle prend le temps de boire une gorgée, balaie la pièce du regard un instant, s’attarde sur les particules de poussière que le soleil dévoile et qui virevoltent dans l’espace. Jusqu’à ce que les amandes croisent la silhouette féline de la gitane, sur le seuil.
Le visage de la Brune reste de marbre, si ce n'est cette lueur fugitive qui embrase un instant les prunelles claires. Elle sourit intérieurement, sent les muscles de sa nuque se dénouer, ravie de ce renfort plus que précieux. Axelle ne dirige t-elle pas une milice privée crainte et sans pitié ? Les deux filles échangent un regard complice…qui en dit long…Prends garde Axelle, celui-là est un fauve.


Le verre tourne entre les doigts fins, faisant valser en douceur, le liquide ambré, avant qu'elle ne reprenne , avec toujours ce même sourire aux lèvres. C'est que le jeu lui plait, à titiller cet homme, à chercher le moindre frémissement à sa bouche, le moindre plissement de paupières, ou le moindre mouvement de la glotte qui indiquerait qu'elle fait mouche...N'a t-elle pas toujours adoré ça, danser avec le diable, flirter avec la Camarde avec insolence, voire une rare inconscience ? Elle s'entête et persiste :


    - Mais la Vierge, Leo…Symbole de la fécondité, reine des moissons.
    Avez-vous vu le visage de Minah quand elle sourit ? Il est celui d’une petite fille, pure et belle. Pourtant je peux vous assurer qu’elle est experte dans l’art des caresses, prenant dans sa toile de sensualité les pauvres hommes qui veulent bien s’y engluer. Sans compter le culte de Lesbos qu’elle pratique à ravir. C'est une garce au visage d'ange...Où un ange que cette chienne de vie a faite garce, allez savoir.

Pour je ne sais quelle raison, il lui semble important d’insister sur la vie dissolue de la jolie rousse. Avant d’ajouter d’une voix plus tendre…et lasse.

    - Savez-vous que le salaud qui lui a fait ça a aussi tué l’enfant qu’elle attendait ?


Le diable est-il seulement capable d’éprouver le moindre regret, de s'émouvoir de ça ? Elle en doute...Et pourtant, son instinct lui a soufflé ces mots là...
_________________
Julian.leopold
Un simple regard, un frémissement... ils ne sont plus seuls en cet instant.

Sans doute la belle a t elle eu besoin d'une assurance supplémentaire, sans doute avait elle anticipé le fait que Léopold pourrait se trouver là devant elle, que le Diable lui même aurait à coeur de se révéler et de continuer son oeuvre dusse t il pour cela en payer le prix du sang et des larmes.

Et voilà qu'elle parle, le soulant de paroles à défaut d'Armagnac et lui l'oreille attentive cherchant à déceler la présence de Minah, étrangement calme alors qu'il devrait être sur ses gardes.

Toujours ce sourire et ce masque impassible, cette assurance rare et cette légère lueur de défi qui s'allume parfois. Cette présence muette qu'il sent dans son dos, qu'il pressent forte et éventuellement menaçante. Une femme aux vues du regard de Kachina. Une autre ... Ce n'est pas Minah cela est la seule chose dont il soit certain.

Pourtant elle est là quelque part tout près, derrière cette porte qu'il entrapercoit, cette porte dont elle fait tout inconsciemment pour en détourner son attention.

Il n'écoute déjà plus la brune, perdu dans son inconscient, se demandant encore si Minah avait compris elle... si elle avait compris pourquoi il lui avait offert une chance de se rappeler de ce qu'elle aurait du etre, de ce qu'elle était jadis avant qu'on ne la souille, avant qu'elle ne se complaise dans cette vie de débauchée que son amie même lui rappelait avec moults détails .

Savait elle seulement cette femme là, cette balafrée au regard mentholé, cette beauté marquée dans sa propre chair d'une marque rédemptrice, savait elle seulement combien les stigmates peuvent rappeler combien il faut se battre pour savoir enfin qui l'on mérite d'être, combien ces blessures visibles de tous peuvent représenter une nouvelle chance et offrir un regard neuf sur la vie.

Sans doute n'en sait elle rien, sans doute n'a t elle même pas idée de la chance, de la force que Minah devra trouver en elle pour continuer à vivre, de la saveur qu'elle retrouvera en redécouvrant chaque plaisir avec ce nouveau regard, sans doute n'a t elle même jamais pensé qu'il faille mourir parfois pour apprécier vraiment la vie.

Mais au fond qu'importe tout cela, Elle a raison quand elle dit que son sourire et beau et plein de pureté, elle a raison quand elle dit qu'elle avait le regard innocent d'une petite fille et que pourtant c'est une garce qu'il a croisé en y regardant de plus près. S'il n'avait vu qu'innocence alors elle n'aurait pas éveillé son intérêt.

A peine le sourire s'etire t il un peu plus quand elle évoque le culte de Lesbos ou la garce cachée sous les traits de l'Ange. La vie ne fait pas d'un ange une garce, on choisit de le devenir, tout est affaire de choix. On fait des choix sur toute chose et on paie les conséquences de ces choix. Parfois d'autres en paient le prix en votre nom, d'autres deviennent le sang dont vous laverez les traces de vos larmes. L'innocence sacrifiée sur l'autel du malheur et de la vengeance. Le sang d'un enfant qui paie pour la folie d'un père, celui d'une dynastie dont les membres sont maudits sur des générations.

- Savez-vous que le salaud qui lui a fait ça a aussi tué l’enfant qu’elle attendait ?

La gorge masculine se serre, une ombre passe dans les vairons éteignant la dernière lueur d'humanité. Ainsi donc elle était enceinte... C'était donc ca cette lueur d'espoir dans ses yeux, C’était donc ca cette étrange sensation qu'il avait ressentie ? C'est impossible. Gardes ton calme Léo, Ne la laisse pas sentir le trouble qui nait , ne la laisse pas voir que cela te touche, que cela trouve écho en ton passé...

Le visage se ferme plus encore qu'avant alors qu'enfin sa voix brise le silence, l'imposant à la femme.

- Avant toute autre chose, faite donc entrer votre amie, il n'est pas très poli ni charitable de laisser une personne à la porte ainsi.


Ne la regarde pas, ne tourne pas la tête vers elle, tu n'en as pas besoin, qu'elle soit seule ou plusieurs qu'importe. Plus on est de fous, plus le jeu se corse et gagne en intérêt. Tu as initié ce jeu et elles n'ont pas idée que tu n'as rien à perdre, que même ta vie n'a aucune importance. Aucune souffrance ne pourra t'être infligée que tu ne connaisses déjà, rien n'a d'importance Léo.

- Virgo ... Ainsi donc voilà ce que vous pensez de votre amie. Vous la voyez comme une catin et rien d'autres, une catin capable de tous les vices que ce soit avec un homme ou une femme... Cela est si décevant d'apprendre que c'est là tout ce que vous voyez en une si belle personne que Minah. Quand à ... l'enfant que vous prétendez qu'elle portait, sachez Donna que je suis navré d'apprendre son existence, mais puisqu'il n'a pas survécu, cela n'a que peu d'importance en fin de compte. C'est sans doute mieux ainsi que cet enfant n'ait pas à souffrir d'avoir une catin pour mère. Si Minah a survécu a tout cela, il y a sans nul doute une explication. C'est une grande chance pour nous tous mais surtout pour elle d'être en vie.

Toujours ce détachement dans sa voix, ce ton calme et posé malgré l'agacement et les pensées qui se bousculent dans sa tête. Des visions d'Elle, de ce poignard qui plonge dans les entrailles de l'innocent, ce sang encore, son monde qui de nouveau se teinte de rouge, le regard de cette femme qui disparait dans la fumée de l'opium, et la douleur encore et toujours, la mort, la souffrance et enfin l'illumination.

Se raccrocher aux souvenirs des corps torturés, mutilés, l'odeur du sang, de la charogne pourrissant sur les champs de bataille, des tortures infligées et reçues, tout cela pour ne pas sombrer encore, pour ne pas entendre de nouveau la voix de l'innocent, pour ne plus penser que le bonheur a pu exister dans les yeux d'un enfant, et que toute humanité a pris fin quand ces yeux se sont fermés.

- Je veux la voir, lui parler Kachina. Vous pensez savoir qui je suis. Cessez donc votre jeu de dupe. Cessez donc de parler de lui comme d'un inconnu alors que vous êtes convaincu que ce salaud se tient devant vous. N'est ce pas ce que vous pensez ? Minah est ici et bien que vous soyez deux, si je le voulais rien ne m’empêcherait d'aller la voir. Je comprend que vous craigniez cela et pourtant vous savez comme moi que l'on doit affronter ses peurs parfois.

Aucune peur, il est là pour cela. Sentir cette peur, cette envie de vengeance, cette colère et cette haine qui envahit tout. Il est là pour récolter le chaos qu'il a semé. Mais avant il doit savoir.. savoir si les dires de la brune sont vrais. Si c'est bien l'espoir d'innocence qui faisait briller ses yeux, si elle méritait une chance de redevenir pure et de croire encore en la vie.

Dans sa folie, il n'y avait que peu de place pour le remord ou le regret. Peut être etait ce là une exception qu'il faudrait faire. Peut etre devrait il regretter cette fois ce qu'il avait fait. Peut être pourrait il enfin expier cette fois ...


_________________
Axelle
Les doutes furent vite chassés. D'une façon ou d'une autre, la Casas était attendue et son arrivée semblait même tomber à point nommé. Un seul regard furtif suffit à le lui faire comprendre et le silence maintenu quant à sa présence, une mise en garde bien plus alarmante qu'aucune lueur dans le regard vert ne pourrait l'être. Comprenant que sa position semblait convenir à Kachina, la gitane ne fit pas le moindre mouvement quand même sa respiration se bridait pour pour ne pas chahuter l'air trop lourd. Attention pourtant bien inutile. L'homme, sans la moindre difficulté, perça à jour la tenaille que formait les deux femmes. Un sourire en coin glissa aux lèvres gitanes. Au moins était-il assez malin pour rendre cette journée pimentée. Sauf qu'au vu de la conversation dont la manouche ne loupait pas une miette, de piment, il ne manquait déjà pas. Et certains dont la Casas se serait bien passée, comme celui d'un enfançon tué à même le ventre sa mère.

Que la chose soit vrai ou pas, la nausée serra la gorge manouche sans qu'elle ne puisse rien y faire. Réflexe de femme ? Réflexe de mère ? Réflexe de femme violée ? Cela finalement n'avait que peu d'importance quand sous ses yeux, petit à petit, les éléments s'emboîtaient pour former une histoire qui avait tout de sordide et de malsaine. L'homme avouait sa culpabilité à demi-mot, du moins la vérité de Kachina. Vérité que la gitane ne pouvait alors que partager face aux mots de l'homme égrainés avec tant de calme qu'ils ne pouvaient que suinter d'une folie teintée de diablerie. Mots pourtant bien trop sages et logiques pour ne pas être effrayants tant l'argumentaire était pernicieusement crédible. Les fous doués d'une intelligence acérée étaient les plus dangereux tant ils parvenaient à détruire de simples mots, faisait de leur vérité, celle de quiconque se posait en travers de leur chemin. Et pas bien plus maligne que le commun des mortels, la gitane douta de la perspicacité de Kachina et dû observer longuement son visage pour se convaincre qu'elle était du bon côté de l'histoire. Et si cela ne suffisait pas, alors il lui suffisait d'être obtuse, tel un bon petit soldat, ne pas trop réfléchir et de se contenter de se placer du côté de celle qui était venue lui demander de l'aide. C'était finalement son travail, et pour l'heure, la Casas se bornerait à celui-ci.


La semelle de ses bottes, qu'elle s'amusait parfois à faire claquer dans les couloirs des Yeux d’Hadès ou sur le pavé parisien, se firent taiseuses alors qu'elle se glissait dans le dos mâle, jusqu'à en inonder la nuque de son souffle chaud. Je vous remercie de votre attention. Avec une lenteur ambiguë, le bout de l'index gitan frôla le bras de l'homme, le remontant doucement, s'attardant à l’intérieur de coude pour s'y prélasser quelques instants, avant que la voix rauque ne reprenne, basse. Mais je n'ai nul besoin d'invitation. La balade paresseuse reprit, esquissant la rondeur de l'épaule, suivant la ligne racé du cou et le fil tendu de la mâchoire d'une caresse presque amoureuse quand les yeux noirs restaient plantés dans les prunelles vertes face à elle. Et pour preuve... La main brune et fine, cessant là ses cajoleries, se referma sur la clavicule acerbe. ...Je suis là. Reste à vous de me dire je peux en être ravie.
_________________
Julian.leopold
La chaleur d'un souffle sur la nuque, une main caressante qui se fait exploratrice... l'inconnue a tout d'une catin de plus. A croire qu'il n'y a plus de femmes convenables de nos jours.

Il aurait pu apprécier ce contact comme il appréciait si souvent que des dextres féminines parcourent sa peau, le fasse tressaillir et vibrer mais il n’était pas là pour cela, il n'avait aucune envie de gouter à leurs peaux, aucune envie de trancher en leurs chairs, aucune envie même de voir couler leurs sangs et de se délecter de leurs cris.

Il n'avait dans la tête que la phrase de Kachina qu'il tentait de croire fausse, qu'il tentait de faire taire. Il n'avait dans la tête que l'image d'un enfant dont le regard s’éteint lentement, que ce regard si particulier et peu à peu sans même qu'il s'en rende compte, le masque semblait prêt à se fissurer.

Et cette main qui flane sur son bras ne fait qu'accentuer cette impression, tout son corps se tend, et quand la main ambrée se pose sur son épaule, sa mâchoire se crispe alors constatant la couleur de cette peau, le son de cette voix enjolante et cajoleuse... une foutue gitane encore.

Vivement la poigne masculine écarte la main et oubliant toute prudence, il se tourne vers elle un instant, tentant de reprendre son flegme, esquissant un demi sourire.

" Nous n'avons pas l'honneur de nous connaitre ... Julian Léopold DiCésarini "

Les Vairons la détaillent, voit il alors le visage de cette inconnue ou celui d'une autre à cet instant ? Celui de cette autre tenant l'enfant, celui de celle .... Chasse donc cela de ton esprit imbécile, ne baisse jamais ta garde, ne laisse personne lire en toi, jamais. Des femmes, Léopold, ce ne sont que des femmes, Concentres toi, Il faut savoir si elle te ment. Tu dois voir Minah, tu dois savoir si tu tés trompé ou non. Reprends toi Bon Dieu.

La femme est insolemment belle, sure d'elle tout comme Kachina, deux femmes fortes et rebelles assurément . Ce jeu commence à devenir intéressant . Des femmes de mauvaise vie, de celles qu'ont a bafoués, de celles qui ne présentent aucun intérêt si ce n'est scientifique à ses yeux. De celles qu'il se plairait sans doute à réduire au silence par jeu, de celles dont il se plait à éteindre la flamme de défi dans leurs yeux.

Il aimait ca, les femmes intelligentes, fières et capables de le surprendre, de lui tenir tête, de celles qui assument leur coté sombre comme lui peut le faire. De celles qui savent ce que sont les enfers et semblent en être revenues emportant une part de ces ténèbres en elle. Il se devait alors de devenir le feu purificateur qui viendrait lécher leur peau, qui y imprimerait sa marque indélébile afin de leur offrir une part de lumière, une nouvelle vie illusoire.

Lui qui avait cru en cette onde salvatrice, lui qui y avait cru si fort, lui l'ombre qui avait cru pouvoir enfin devenir lumineux avant qu'on ne lui prenne tout espoir, lui qui voulait y croire encore ... Il se tenait là entre ces deux femmes dont il ne sait que peu de choses, il se tient entre elles sans une once de peur.

Est il donc inconscient ? Son regard se fixe alors sur la porte qui le sépare de la Rousse. Il se tourne alors vers Kachina.

" Minah !!!! Minah !!!!! Viens donc ma Belle, il ne manque plus que toi pour que la fête commence. "

Sans même laisser le temps aux deux femmes de réagir, les pas rapides se dirigent vers la porte interdite.

" Que la fête commence..."

Il faut bien que les masques tombent et que le tempo s'accélère...


_________________
Minah..



" La brebis morte n'a plus peur du loup" (proverbe turc)


Elle s’était levée, et aussitôt figée, blêmissant devant la psyché qui lui renvoyait son image. Elle crut un bref instant y voir le portrait d’une étrangère. Son cou portait encore les marques du bourreau en zébrures sombres. Et les beaux yeux violines ressemblaient à des aquarelles fades et éteintes.

Détachant son regard de ce visage aux traits cernés, elle baissa la tête, pour contempler à nouveau ses mains. Sa bouche s’entrouvrit sur un cri muet qui refusait de sortir de sa gorge sèche. Déglutissant difficilement, elle défit lentement les cordons qui retenaient fermée sa longue chemise de coton blanc, afin d'écarter les pans du tissu. Un gémissement plaintif accompagna la découverte de ce corps jadis si beau, marqué de croûtes et de balafres. Hugues n’aurait plus pour elle que dégoût et mépris en la dénudant.
C’en était fini des rêves de soieries et de parures précieuses. Quel homme voudrait caresser cette chair couverte de boursoufflures ?
Elle… sur qui les hommes se retournaient…le regard avide et insistant.
Elle, qui d’un mouvement d’épaules, d’une cheville dévoilée attisait le feu aux reins des plus indifférents, ne serait désormais plus qu’un objet de pitié.

Elle relaça sa chemise, incapable de supporter plus longtemps sa déchéance.
Au-delà de la douleur physique, elle voulait désespérément comprendre, revoyait la silhouette du monstre s’acharnant sur elle, croyait entendre à nouveau ses mots glacés et vides de tout sentiment, sentait presque le métal froid taillader ses chairs.

Par le Très Haut pourquoi elle ? Minah avait envie de hurler à en perdre la voix. Elle se contenta de laisser couler ses pleurs en silence, libérant un trop plein d’émotions en longs sanglots muets.

Jusqu’à ce qu’au plus profond de ses tripes s’éveille un autre sentiment, plus puissant, plus sauvage et qu’une rage folle l’envahisse toute entière.
Elle découvrait à la fois qu’elle attendait un enfant et qu’elle l’avait perdu au cours de cette nuit d’horreur. La haine vint empoisonner le sang dans ses veines mieux que la plus amère des jusquiames .


Derrière la cloison une troisième voix s’était jointe aux deux autres. Elle imagina cette autre femme, devina au ton de sa voix une alliée potentielle. Mais son esprit trop longtemps endormi se réveillait au seul son du timbre masculin. Il était là, le seul responsable de la douleur qui lui vrillait les tempes et les chairs, le seul coupable, caprice du destin qui l’avait menée là, lui qui s’était improvisé juge et bourreau. Sans aucun droit.

Soudain, la situation sembla bouger de l'autre côté. Elle comprit qu’il se levait et qu’il s'approchait de la porte qui les séparaient. Elle s'efforça de refouler la terreur qui lui mordait les tripes comme un loup enragé et féroce et laissa la haine la remplacer et s'emparer d'elle toute entière.

Elle avait tout perdu, il ne lui restait qu’une seule chose à faire.

Son regard glissa sur le grand coffre soigneusement ouvragé, parcourut les lourdes tentures sombres, et s’arrêta enfin sur une console en bois patiné et sombre. Elle aperçut une épée rangée dans son fourreau, la tira sans hésiter, refermant sa main droite sur le pommeau froid sous ses doigts.

Et sans plus réfléchir alors que résonnaient les pas du diable en vagues de folie sous son front moite et fiévreux, affolée à l’idée qu’il approchait, que Kachi peut-être courait un danger, elle courut à la porte. L’ouvrant violemment, elle se jeta sur Léo comme une possédée, hurlant sa rage, réclamant le prix du sang à son tour.




Interprétée par jd Kachina
Julian.leopold
"Dans les flammes même de ton enfer, j’établirai mon paradis "

Une porte s'ouvre et voilà que déferle une furie toute de blanc vetue, l'épée à la main, telle l'ange de la mort, la furibonde victime, dans toute la splendeur que lui donnes la haine... Minah enfin .

Enfin , enfin cette étincelle, enfin cette flamme, ce brasier même dans les violines, enfin cette force, cette détermination, celle qu'amène la folie, quand enfin les peurs s'envolent, que l'esprit a laché prise et que rien n'a plus d'importance, que la main glacée de la mort elle même ne vous effraie plus, parce que soudainement vous êtes au dessus de ca, vous devenez l'étoile qui défie les ténèbres, la constellation qui rappelle à tous que vous avez été et que vous serez toujours... éternellement. Cette étoile qui se consume et n'en finit plus de mourir, cette étoile qui brule de vivre encore et toujours et nous offre un spectacle sans cesse renouvelé quand les ténèbres envahissent tout.

Il avait gagné, sur tous les fronts et ces femmes l'ignoraient, plus encore celle qui lui fait front l'arme à la main et qui ne sait pas encore qu'elle a trouvé en elle cette force ultime de surmonter toute chose, qu'elle a transcendé la douleur et la mort elle même pour renaitre plus forte, plus pure, plus ... tout.

Evitant la lame qui l'effleure à peine, d'un mouvement rapide, la main masculine saisit le poignet meurtri, le coude frappe l'avant bras et avant même que quelqu'un ne puisse réagir, le fracas du fer qui s’écrase au sol se fait entendre.

Calmes toi ma jolie, il n'est pas temps encore d'en venir à cela. Impatiente que tu es. Tu priverais tes amies de leur proie ? C'est inconvenant n'est ce pas Mes Dames ?


Toujours ce sourire, cette ironie, cette assurance qu'apporte la folie dans toute sa splendeur. Il lui aurait été si facile de la garder contre lui, d'en faire un bouclier entre lui et les femmes prêtes à l’égorger mais lui s'amuse de la situation, trois furies contre lui voilà un défi à sa hauteur.

Il la relâche aussi rapidement qu'il l'avait saisi quelques secondes auparavant, lui présentant son torse, bras écartés. Il lui aurait été si facile d'un simple mouvement du pied de faire valser l'épée jusqu'à sa main dans un ultime défi envers ces femmes mais il n'en a pas envie à l'instant. Se battre est inutile. Il a gagné. Il vient chercher son prix. Celui du sang et des larmes.

Je suis tout à vous Mesdames...

Il baisse les armes, se livrant au courroux, sans résistance, sourire aux lèvres...

J'ai disposé de ta vie Minah, il est juste que tu disposes de la mienne désormais. Montre moi que tu peux être à la hauteur .

Les Vairons se posent sur le ventre de la Rousse. Une ombre les ternit alors et s'échappe une phrase à peine audible.

Je suis navré... pour l'enfant...

Les genoux se plient alors et les mains se lèvent vers le ciel, le diable se soumet aux furies avec une facilité déconcertante. Aurait il joué toutes ses cartes, ou cela n'est il que bluff ? ...

_________________
Kachina
“Dans l'antichambre de l'enfer, ne te recommande pas trop vite de Satan.”( Stanislaw Jerzy Lec)



Sa main vient calmer Minah, se posant sur le bras mince, ferme et douce à la fois. Et de la pointe de son pied droit, Kachi pousse l’épée plus loin, hors de portée de la jeune femme et de Léo. Il serait facile de laisser l’Amie prendre sa revanche et envoyer ce monstre subir mille tourments en enfer.
Une vie pour une vie.
Celle du Corse en contrepartie de celle de l’enfant à naître qui ne verra jamais la lumière du jour.
Il serait si tentant de jouer une cruelle partition sur ce corps élégant et racé. Se repaitre de ses cris, de ses suppliques. Parce que le plus fier des hommes finit par se rendre quand le corps en souffrance lui rappelle qu’il n’est que chair et sang. Respirer avec indécence au creux de son cou l’odeur âcre de sa peur. Le voir se cabrer dans ses liens, impuissant et haletant...
Trois succubes aux dents acérées, déchirant les chairs du démon.
Salsa infernale et sanglante. Odeurs de chairs brulées…Symphonie de hurlements.
Ce serait si bon, bon sang. Rendre coups pour coups, blessures pour blessures, laisser Minah laver l’horreur subie dans une horreur plus grande encore…Axelle doit bien avoir de sombres oubliettes où mener le bougre pour l’entreprendre.
Mais ce serait trop simple, trop rapide, trop facile. Minah survivra à ses plaies, ses chairs meurtries. Mais la souffrance s’invitera à l’infini dans ses nuits blanches.
Kachi s’entend murmurer d'un ton convaincu, offrant au disciple du Sans Nom un sourire de défi :

    -N’est ce pas ce que vous cherchez au fond, Léo ? Mourir pour oublier ? Mais oublier quoi Sire de Cesarini…
    Oublier quoi ? Oublier qui, devrais-je dire ?



Son intuition lui a à nouveau soufflé ça. Peut-être parce qu’elle sait qu’elle a fait mouche en parlant de l’enfant. Elle aimerait à cet instant, éloigner Minah, qu’elle n’entende rien de ce qu’elle s’apprête à dire. Mais ce qu’elle veut au plus profond d’elle, ce n’est pas voir le sang s’écouler des veines du Corse, ce n’est pas ses cris de douleur qu’elle désire entendre. C’est bien plus que ça. Elle veut être celle qui ouvrira la porte des enfers pour lui. Et l’enfer est bien autre chose que des corps martyrisés sur lesquels s’acharnent les flammes éternelles.
Il est dans l’absence et la perte, elle le sait plus que nul autre, la Louve. Elle qui a hurlé sa douleur du haut des remparts une nuit maudite en Anjou après avoir tenu entre ses bras le corps ensanglanté de l'Essentiel. Elle qui a maudit le ciel et supplié le Diable quand son fils, son tout petit à disparu à jamais. L’image d’un enfant rieur au magnifique regard gris acier, celui qu’avait son père s’interpose un instant sous les mèches de jais. Et dans une ronde folle, s’invitent les visages tant aimés , ceux qu'elle se refuse à évoquer de peur de sombrer dans de ténébreuses abysses : Joran – Arthur – Fez…

L’enfer est là, dans ces deux mots : "Plus jamais"

Elle repousse ces pensées là...Revient balayer l'endroit du regard, s'attarde sur Axelle, présence oh combien rassurante, qui vient de faire son entrée. Gitane insolente et belle, qui doit elle aussi avoir dans ses manches mille supplices à offrir à Léo.
Que peut l’homme en effêt en face de deux filles habituées à ferrailler, habiles et agiles au maniement des lames ? Sans compter Minah que la haine transforme en justicière folle et sauvage …Il est d’ores et déjà à leur merci. Mais le voici qui semble prendre un plaisir fou à se livrer à elles. Foutre dieu, qu’elle aimerait déchirer ce sourire orgueilleux, marquer ce cou au port si hautain. Par-dessus tout, ce qu’elle souhaite ardemment lire dans le regard vairon, c'est l’instant où le masque tombe, où la faille s'élargit et où le diable sera enfin homme.

Alors relâchant doucement sa prise sur Minah, qui contemple Leo, subjuguée, mais qui cependant reste étrangement calme et silencieuse, Kachi lui caresse la joue et murmure d’une voix triste mais ferme : Pardonne moi tout ce que je vais dire, ma Douce.

Elle laisse glisser ses amandes sur la silhouette agenouillée. En d’autre temps, elle en jubilerait de voir ainsi un tel fauve dominant et sauvage à ses pieds. Même ainsi dans cette attitude de pénitent, que dément le sourire qui étire la bouche masculine, il reste fier, comme inatteignable. Horriblement beau...Magnifiquement laid.

Bon sang….Elle veut le voir plier………
Alors, le regard vert accroche celui de l’homme, se fait tendre presque caressant quand elle prononce ces mots, qui, elle le sait grifferont le cœur de la rousse. Elle espère simplement qu’ils briseront celui de l’homme qui se tient là, à deux pas d’elle :

    - Quel tourment, Leo vous pousse à défier la Camarde en vous arrogeant le droit de prendre sa place ? Avant qu’Axelle vous fasse enfermer dans ses geôles, ou que Minah s’amuse à graver son nom à même votre peau……Laissez-moi donc vous emmener au cœur de l’éternel brasier. L’enfer …Léo…Savez-vous seulement ce que c’est ?


Elle insiste et poursuit, lissant machinalement un pli à sa jupe, comme si elle narrait à un mioche un conte du soir...Voix calme et posée, d'une douceur insupportable ...
    - Imaginez la chair de votre chair, ce cri qu’il pousse en venant au monde. Imaginez le si parfait, si semblable à vous.
    Fruit d'une étreinte amoureuse. Un peu de vous et un peu d'Elle...
    Imaginez le, si fragile et si habile pourtant à vous faire cogner le sang dans les veines, bien mieux que la plus sensuelle des maitresses……..Imaginez la douceur de sa peau, et l’émotion qui vous gagne, quand vous le découvrez si petit, si parfait. Imaginez cette fossette à sa joue, qui vous fait penser à cette femme aimée, ses boucles sombres et sa chaleur quand vous le tenez au creux de votre cou. Imaginez comme vous êtes à cet instant le maître du monde, Leo….Le bonheur est là, à vous gonfler le cœur d’un chant d’allégresse.

Elle s’interrompt, se détourne un instant de lui comme s’il n’avait aucune importance. Elle veut oublier le tourmenteur qu’il peut être, fouiller en lui le père qu’il a dû ou aurait pu être. Parce qu’elle en est sûre, la folie qui anime cet être là, prend sa source dans la perte d’un enfant. Il l’a confirmé en exprimant son seul regret à Minah : "Je suis navré... pour l'enfant". Le regard masculin sur le ventre vide de Minah, troublé pour la première fois, et les mots avoués avec difficulté. Elle est là, la clé de ton enfer Leo, et crois moi je vais ouvrir la porte.
Elle prend le temps de remplir 4 godets d’alcool, en glisse un entre les mains martyrisées de Minah. Les prunelles claires se perdent un instant dans le beau regard de la gitane, complices et tendres alors qu’elle lui propose à son tour un verre. Et le 3ème est posé au sol devant Leo avec un sourire moqueur à souhait, alors que ses jupes effleurent le plancher quand elle s'incline presque devant lui, cherchant à deviner au fond de l'étrange regard, quelle ruse, quelle fourberie, il s'apprête encore à commettre. Mais elle se complait à jouer aux jeux dangereux. Elle est ainsi.

    - J’oubliais, vous ne trinquez pas avant d’avoir conclu un contrat…Mais nous avons un contrat à présent Leo. Je vais piétiner votre âme ! Ne venez vous pas de nous l'offrir ?


Elle se redresse, et boit une gorgée du sien, immobile face à lui, poursuivant sans quitter du regard sa proie, l’épinglant mieux que ne le ferait le collectionneur de papillons sur une toile.
    - Imaginez à présent, ce petit corps devenir froid, ces membres raidis, ce regard vide et figé. Ou imaginez ce sang qui s’écoule des cuisses de l’amante, cette chair morte qui n’a pas voulu vivre…….Etait-il mort-né, ou l’avez-vous tenu dans vos bras Léo cet enfant-là ? Etait-ce une jolie petite fille ? Ou un garçon, digne héritier du nom ?

Elle ne sourit plus, et ce n’est pas la pitié qui l’étreint à cet instant-là. Elle veut que chacun de ses mots soient une flèche acérée venant se ficher dans l’âme tourmentée du Brun. Cet homme veut l’enfer, elle lui offre…
Le verre vide est laché, inutile à présent, roulant au sol dans un bruit mat, alors qu'elle glisse sa main libre dans la fente de sa jupe pour y délivrer sa dague de l'étui de cuir noué à sa cuisse.
La pointe de celle-ci vient effleurer la gorge de Léo, remontant lentement le long du cou, jusqu'à la joue sans laisser la moindre marque tant le geste est caressant.

Et elle conclut, songeant qu’Axelle doit déjà s’impatienter.
Mais elle veut plus que tout savoir.

    On vous l’a tué ? Vous l’avez tué ? Comment l’auriez-vous appelé Léo ? Comment l'avez-vous nommé ?

_________________
Julian.leopold
"Parles moi de tes peurs, je te dirai qui tu es, Parles moi de tes peines, je saurais t'écouter, parles moi de ta haine, elle deviendra l'étincelle qui va te consumer "


Elle parle la brune, elle parle d'enfer, elle parle de damnation, elle parle d'enfant, elle parle de perte, elle parle de mort...

Et de ce flot de paroles jaillissent des images du passé, des images que Léo ne peut oublier, celles qu'il revoit si souvent quand ses yeux se ferment enfin.

Il la revoit elle, sa peau cuivrée, son regard insolent, sa fougue, son sourire... il pourrait presqu'entendre sa voix couvrir celle de la brune . Que sait elle des tourments de son âme ? Que croit elle savoir de lui ?

La chair de sa chair, alors elle aurait perdu un enfant elle... Elle pense l'insolente avoir trouvé une faiblesse dans l'armure du démon... Elle croit donc avoir l'avantage, elle croit tant de choses.

Et chacune des paroles de Kachina trouve écho dans sa tête à défaut de son âme. Chacune des paroles , chacun de ses gestes. L'enfer sait il ce que c'est ? Il rirait presque de cette remarque. Il est l'enfer, rien ne saurait l'effrayer dans cet éternel brasier car il brule en lui depuis toujours.

Imaginez la chair de votre chair, ce cri qu’il pousse en venant au monde. Imaginez le si parfait, si semblable à vous.
Fruit d'une étreinte amoureuse. Un peu de vous et un peu d'Elle...
Imaginez le, si fragile et si habile pourtant à vous faire cogner le sang dans les veines, bien mieux que la plus sensuelle des maitresses……..Imaginez la douceur de sa peau, et l’émotion qui vous gagne, quand vous le découvrez si petit, si parfait. Imaginez cette fossette à sa joue, qui vous fait penser à cette femme aimée, ses boucles sombres et sa chaleur quand vous le tenez au creux de votre cou. Imaginez comme vous êtes à cet instant le maître du monde, Leo….Le bonheur est là, à vous gonfler le cœur d’un chant d’allégresse.


Il l’était, il était parfait, si parfait, son sourire, son regard, son innocence, la confiance aveugle qu'ont les enfants envers leurs parents sans même les connaitre, bonheur illusoire, merveilleux rêve qui se mue en cauchemar.

Ne la laisse pas voir que cela te touche, reste impassible, chasse ses pensées de ton esprit, Concentres toi imbécile, ne la laisse pas croire qu'elle peut t'atteindre. Chasses son image, Il n'est plus, il n'a jamais été, il n'est rien d'autre qu'une pierre froide dans cette ville maudite, Oublie cette soirée Leopold, oublie Julian...

Il serait si facile de saisir sa gorge alors qu'elle dépose ce verre, de la saisir et de serrer, de sentir son souffle devenir court, sa nuque qui se brise d'un coup sec, ce serait si facile, si jouissif de la faire taire, de l’étouffer de ces propres paroles. Contrôles toi Leopold.

- Imaginez à présent, ce petit corps devenir froid, ces membres raidis, ce regard vide et figé. Ou imaginez ce sang qui s’écoule des cuisses de l’amante, cette chair morte qui n’a pas voulu vivre…….Etait-il mort-né, ou l’avez-vous tenu dans vos bras Léo cet enfant-là ? Etait-ce une jolie petite fille ? Ou un garçon, digne héritier du nom ?

La crispation de la machoire se fait plus intense, les images se bousculent. De la haine naquit une haine pire encore que toute celle qu'il avait pu connaitre, cette nuit là... N'y penses pas bon sang, fais la taire. Najima Mary... N'y penses pas, Concentres toi, penses à ce que tu lui as fais, penses à ce qu'elle a pu enduré, à la facon dont elle a souffert sous tes mains, Penses au feu, penses à l'équilibre que tu as rétabli, penses à tout cela mais pas à lui. Pas à l'enfant, pas à Julian, pas à son sang, pas à ton sang. Même la mort n'a pas voulu de toi, c'est elle qui t'a fait don de tout cela.

Le froid de la lame sur sa gorge voilà une sensation presqu'agréable, voilà une caresse qu'il connait, qu'il désire même. Qu'elle le tue si telle est sa volonté, il n'a pas peur . Elle a raison c'est peut être ce qu'il est venu chercher ici, un moyen de le revoir juste une fois...

On vous l’a tué ? Vous l’avez tué ? Comment l’auriez-vous appelé Léo ? Comment l'avez-vous nommé ?

Quelque chose se brise alors ... Le visage se décompose , le regard se voile et le corps impérieux se voute légèrement. Soumission ?
L'homme est il vaincu par la langue perfide qui insinue le poison de ces paroles ? Ne te rejouis pas trop vite Femme... Savoures la vision du démon devenu homme, savoures ce que tu penses être ta victoire...

Les mains se joignent comme pour une prière, Dieu il prie, il est là à genoux les mains jointes et ... il prie, les yeux rivés sur le sol, à la merci de ces 3 femmes, il prie. Se moquerait il d'elles ?

Un rire satanique rompt le lourd silence qui s'installe, l'homme se redresse de toute sa majesté, de cette beauté presqu'indécente qui se dégage de lui , avant que ne résonne la voix calme et posée de Léopold.

" Crois tu vraiment que tes paroles puissent m'atteindre Femme ?
Crois tu vraiment que ton discours puisse ne serais ce qu'une seconde me toucher ?
Je te pensais bien plus intelligente que cela.
Minah... Je suis navré pour l'enfant certes, pas qu'il soit mort non, simplement de l'idée même qu'il aurai pu être engendré par une putain. Il n'aura pas à souffrir des fautes de sa mère. "


Le regard se tourne alors vers Kachina, évitant soigneusement de croiser Axelle.

" J'en conclus donc que vous me comptez votre propre histoire très chère. Comment s'appelait il donc ce petit morveux ? On vous l'a pris ? Qu'avez vous donc ressenti quand on vous l'a arraché des bras ? Quand il n'a plus été qu'un souvenir, qu'un morceau de viande froide sans âme ? Avez vous fait payer celui ou celle qui a fait ca ?
En avez vous seulement eu la force Kachina ? "


Puis enfin les Vairons se fixent sur la gitane s'obscurcissant un peu plus.

" Et toi la Gitane, qui a t il donc dans ton corps de panthère ? Qui a t il donc derrière ce ravissant minois ? Y a t il seulement l'ombre d'un ame derrière ses yeux ? Es tu de celle qui me fera taire ? Cessez donc de me faire perdre mon temps, vous criez vengeance, je vous en laisse l'occasion. Ce que vous comptez faire m'est égal. Il ne peut être pire enfer que celui que je suis. "

Provocant, majestueux jusqu'au bout, la laisser croire qu'elle a gagné, qu'elle l'a brisé alors qu'il n'en est rien. Se jouer d'elle encore et encore . Si seulement elle savait que rien ne peut le briser, que rien ne peut l'atteindre vraiment. Du moins c'est ce dont il veut se convaincre.


_________________
Axelle
Tout c'était enchaîné rapidement. La rousse dans sa chemise éthérée, pointant une épée qui semblait trop lourde pour elle. Le discours de Kachina. Les répliques sanglantes de l'homme. Tout avait été rapide mais, pourtant, tout semblait englué d'un malsain qui n'en finissait pas de salir les âmes réunies en cette petite chambre qui prenait des airs de purgatoire. Et c'était bien là que résidait le danger. Dans les paroles échangées. Plus meurtrières certainement que certains coups. Elles avaient beau être trois, l'égalité semblait régner tant l'homme savait distiller son poison avec une sournoiserie sans limite.

Kachina était, elle aussi, plus que douée à cet exercice, en témoignaient les mâchoires mâles se contractant. Oui, sans nul doute, cette femme aux yeux verts étincelants n'avait guère besoin de force ni de lame pour savoir taper où cela faisait mal. La manouche l'observait, quand des trois présents, c'était certainement Kachina qui la captivait le plus. Peu savait manier les armes de la langue, préférant la facilité de faire crisser le fer. Il était vrai que tailler, écharper, étriper, égorger était plus rapide, mais tellement moins jouissif.

Un instant, les prunelles noires dévalèrent sur les formes fines de la brune alors que les pensées manouches s'égaraient à imaginer comme il serait bon que la jeune femme travaille, non pas pour, mais avec elle. Qui pourrait résister à ce duo infernal que toutes deux pourraient former ? Personne, tant leurs armes les plus dangereuses n'étaient pas les lames qu'elles savaient manier à la perfection pendant à leur ceinture, mais cette sensibilité à fleur de peau accompagné d'un passé certainement aussi lourd pour l'une comme pour l'autre. Passé écrasé d'épreuves qu'elles avaient sues surmonter pour être à même de se trouver là, à cet instant, sans frémir devant celui qui s'annonçait être l'enfer incarné.

D'ailleurs, ce fut sur ce dernier que l'attention gitane retomba, le regard vairon la transperçant comme un vague souvenir que depuis longtemps, elle avait jeté aux rebuts, malgré le mal qu'il avait causé. Avec une lenteur aussi désinvolte qu’ambiguë, la gitane s'avança vers lui, sans prendre la peine de cacher l'éclat de son couteau dont le manche d'ébène se blottissait amoureusement dans sa paume.

Une âme ? Un sourire glissa sur le coin de sa bouche ourlée alors que sa lame prenait ses aises sur le buste mâle, s'accordant même le droit de trancher quelques liens du vêtement sous son odieuse caresse. Si j'ai une âme, alors, je dois vous tuer, car c'est ce que vous semblez appeler de toutes vos forces en demandant à ce que l'on vous fasse taire. Le sourire s’accentua, dessinant à présent une large virgule blanche sur le visage gitan alors que la pointe acérée de l'arme agaçait le cou impie lentement dégagé. Avec la même lenteur, la lame ne cessant d'embrasser cette peau de mâle immonde pour y laisser son empreinte dont le rouge disparaissait cependant après quelques secondes, elle se glissa dans le dos masculin, pressant la pointe contre les cervicales, prête à s'y enfoncer comme dans le cou d'un lièvre pour en faire jaillir la moelle. Oui, charitable, je devrais abréger vos souffrances. Tant les mouvement jusqu'alors avaient été lents, presque doux, tant celui qui accrocha l'encolure de l'habit pour faire craquer le tissu et le tirer vers l'arrière jusqu'à ce que les bras de DiCésarini se trouvent prisonniers des manches fut vif et sans concession aucune. Mais si j'ai une âme, en aucun cas elle n'est assez généreuse pour vous offrir le salut de la mort. Je vous offre un tête-tête avec vous-même. Un long, un très long long tête-à-tête avec cet enfer pire que tout que vous êtes. Vous vous grignoterez lentement, comme un vers putride et patient que vous nourrirez jour après jour de votre propre chair.


Seulement avec lui-même? Le sourire gitan s'éffaça funestement, rien n'était moins sûr.
_________________
Kachina
"Ils sont plus intimement frères que les jumeaux humains, parce qu' ils se partagent la même âme.
Les jumeaux humains sont pluranimes.
Les Gémeaux sont unanimes."

(Michel Tournier)


Les deux femmes jouent chacune leur tour de leurs lames sur le démon qui les nargue, même acculé, même à genoux. Axelle est assurément des deux la plus incisive et agressive. Et la Brune se complait à imaginer un court instant des scènes de torture dans les cachots humides de l’antre de la belle Gitane. Elle lit dans le regard sombre, devine dans le sourire de sa précieuse alliée, la même envie qu’elle. Envie à laquelle la maitresse d’Hadès refuse de céder. Kachi reste elle aussi de marbre , observant la scène, dague toujours pointée sur Léo.

Cependant, les paroles qu’il vient de lui jeter au visage, résonnent en elle , comme des lames de fonds glacées et amères qui menaceraient de l’emporter. Il est tellement habile à avoir lu aussi aisément en elle. Et si sa lame effleure à cet instant la peau de Leo, presque comme une caresse, c’est qu’elle se retient de l’enfoncer jusqu’à la garde dans le corps offert à son courroux. De quel droit se permet-il d’évoquer Arthur ? C’est incroyable et ça la rend folle de rage. Cerné par deux filles sur le point de se transformer en harpies, il feint de prier avant de les narguer comme si rien n’avait d’importance pour lui, comme si rien ne pouvait percer cette carapace de haine dont il se pare.

Qui a façonné ce monstre là bon sang ? Cet homme sans conscience et sans peur ? Est-il seulement un monstre ou un mâle arrogant, fait de chair et de sang que la vie à ainsi pétri de coups de sorts en désespérances jusqu’à en faire ce démon qu’elles doivent à tout prix soumettre.
Sous peine d’y laisser la vie ou plus encore.


Minah reste toujours hébétée, le regard hagard glissant de l’un à l’autre des acteurs de la scène. Kachi la caresse d’un regard rassurant, rageant de ne pouvoir reconduire la rousse dans sa chambre... A l’abri du prédateur.
Et c’est alors que lui reviennent les lacérations sur sa poitrine et son ventre, l’étrange dessin et les explications trouvées dans le grimoire de la Boussarde.


Reculant d’un pas, alors qu’Axelle jette son anathème sur le Corse jouant les pénitents, elle reprend la parole à la suite, se rapprochant à nouveau de lui, jusqu’à poser une main ferme qu'elle referme en serre sur l’épaule de Leo.

    - Il s’appelait Arthur ! Et vous ne saurez rien de plus de lui !
    - Mais foutre dieu, je veux comprendre, messire di Cesarini. Pourquoi Virgo ? Quelle signification accordez-vous à tout ça ?


Et quand elle s’interrompt un instant, c’est pour laisser la main qui tient sa dague , déchirer la chemise masculine. Sa lame dessine ainsi sur l’étoffe malmenée, le début de la constellation. Elle commente d’une voix douce, comme si elle offrait à un élève appliqué une leçon importante :
    - Clea…L’étoile centrale. Symbole de lumière. Cette lumière que vous prenez plaisir à regarder s’éteindre dans les yeux de vos victimes, Leo ? Elle s’appelait Clea, votre amante ? C’est elle que vous tuez dans chaque corps supplicié par vos soins ? Mais la Vierge n’est-elle pas destinée à devenir mère ? Assassinez vous votre mère Léo ? Ou alors celle qui n’a pas su, pas pu devenir mère ?

Un nouveau crissement quand la lame à nouveau accroche et coupe, guidée par les doigts féminins qui s’appliquent à ne pas marquer la peau, mais qui tracent fidèlement sur le tissu, l’alignement des étoiles.

Et elle se perd en conjonctures, regard rivé à l’arrogance mâle qui lui fait face, cherchant avec avidité le moindre signe sur les traits réguliers indiquant qu'elle fait mouche.

    - Une étoile double. Une âme jumelle ? Ou bien est-ce votre âme qui est double Léo ? Y aurait-il un ange sous ce front maudit ? Je vais regarder Minah plonger ma lame dans votre coeur, Léo. Vous offrir à la Vieille à la Faux...Mais avant, je veux savoir...

_________________
Julian.leopold
Livré aux mains de la gitane, à la caresse de sa lame. Sorcière gitane au regard sombre qui en rappelle douloureusement un autre. Une Maure, une peau cuivrée, une voix dure et ferme qui promet l'enfer alors que tout en elle offre un paradis. Et des souvenirs qui reviennent étreindre ce coeur que l'on croyait mort, ces deux femmes là n'ont rien d'anges.

Elles savent manier les mots assassins presqu'aussi habilement que tu saurais le faire Léo. Tu ne gagneras pas, pas cette fois je le crains.

Quand l’étoffe déchirée entrave les épaules dévoilant Gemini sur le dos du démon, le corps se tend, se redresse dans un sursaut de fierté encore. Ne baisse pas la garde, jamais. Laisse les lames comme les mots traverser ton corps sans heurts, rien ne peut t'atteindre, ne l'oublie pas. Tu es Gemini, tu es la main armée de la mort, celui qui apporte la rédemption et la punition.

Elle était pure et innocente et elle s'offrait comme une marchandise, elle devait comprendre, qu'elle valait mieux que cela, elle devait être purifiée pur changer de vie... mais tu as echoué Léo, tu as échoué et un enfant encore à payer le prix de tes erreurs... une fois encore... Tu ne sèmes que le chaos et la mort, tu es né pour cela Léo... Anne est la lumière et tu seras à jamais ténèbres...

Et voilà que la Gitane promet une mort lente, un enfermement et une folie de plus, et déjà tu souris, imaginant ta chair grignotée, ton corps émacié pourrissant lentement alors que les démons viennent te tourmenter encore et encore . Et tu ne trembles pas, ils sont tes amis ces démons, la douleur, la haine, la peur, la mort, tu les connais si bien. Leurs visages tu les dessinent si souvent, tu les ressens, et tu partages chaque fois leurs émotions subtiles ou les déferlantes qui embrasent l’âme comme un bucher ne laissant plus que les cendres de rêves brisés, d'espoirs envolés mais ayant fait renaitre un autre brasier tel un phoenix renaissant.

Voilà ce que tu cherches Léo.... Une rédemption, voilà ce que tu offres Léo. Une nouvelle chance d’apprécier la vie différemment, de payer ses erreurs et de les laisser derrière soi afin de renaitre plus fort, plus pur. Mais cela personne ne peut le comprendre. Il n'y a que ton cerveau malade qui puisse concevoir cela. Anne elle même ne comprendrait pas... Pourquoi Léo ? Pourquoi....

Ainsi donc c'était la raison pour laquelle, Kachina avait voulu le rencontrer. Tant de questions, tant de pourquoi. Lui ferait il seulement le plaisir de la laisser le comprendre, le percer à jour ? Rien n'etait moins sur. Personne n'avait jamais pu le comprendre, personne excepté Anne.
Eylia peut être... Mais elle ne supporterait sans doute pas de savoir qui peut être vraiment son époux, quelle monstruosité il a pu commettre, quelles expériences il a pu mener simplement pour comprendre la vie, pour comprendre la mort et l'apprivoiser, simplement pour comprendre pourquoi il était la mort.

- Il s’appelait Arthur ! Et vous ne saurez rien de plus de lui !
- Mais foutre dieu, je veux comprendre, messire di Cesarini. Pourquoi Virgo ? Quelle signification accordez-vous à tout ça ?


Ainsi donc, voilà qu'elle se livre... trop facilement, bien trop facilement. Elle a donc perdu un enfant... elle aussi. Peut être est ce là ce qui voile son regard, peut être est ce là une des nombreuses cicatrices invisibles de cette femme. Elle a sans doute tant de chose à expier elle aussi. Les Vairons ne la quittent pas, tandis que les lames des deux femmes dessinent leurs parcours sur la peau d'albatre constellée de cicatrices, cette peau qui portent les stigmates de cette vie vouée au néant, cette peau qui pourrait dévoiler tant de choses pour qui saurait lire ...

Ainsi donc elle veut te comprendre Léo, cette brune veut chercher à savoir . Mais que cela pourrait il lui apporter de savoir pourquoi ? Elle ne comprendrait pas. Personne ne peut comprendre, personne ...

Les yeux se ferment un instant, un frisson qui traverse le corps agenouillé, il ne lâchera rien, le sourire s’étire et s'affiche avec tant d'arrogance encore quand le corps se presse un peu plus contre les lames, quémandant presque la morsure de la lame comme pour soulager cette pression étouffante qui inonde la pièce. Un besoin ... une envie... Et cette odeur familière et rassurante du sang et de la peur... Mais les deux femmes jouent sous le regard hébété de la Rousse. Les deux brunes se font joueuses, promettant douleurs et peines, tortures et mort comme l'on promettrait caresse et luxure.

- Clea…L’étoile centrale. Symbole de lumière. Cette lumière que vous prenez plaisir à regarder s’éteindre dans les yeux de vos victimes, Leo ? Elle s’appelait Clea, votre amante ? C’est elle que vous tuez dans chaque corps supplicié par vos soins ? Mais la Vierge n’est-elle pas destinée à devenir mère ? Assassinez vous votre mère Léo ? Ou alors celle qui n’a pas su, pas pu devenir mère ?

Cléa... Ce seul nom réveilla la bête. La haine ... ce sentiment si familier, cette haine venait de se reveiller comme un brasier ardent, consumant les vairons. Comment osait elle parler d'elle, comment pouvait elle ? Ce nom maudit, sa première victime, celle qui avait payé de sa vie la naissance du monstre, celle qui n'avait pu supporter de mettre au monde la lumière puis l'ombre, condamnée à payer de sa vie le fait d'avoir donné vie à Léo. Sa propre mère...

La mâchoire se crispe et le corps se tend, alors que perle une goutte de sang jaillissant du corps pressé contre les lames qui le decouvrent.

- Une étoile double. Une âme jumelle ? Ou bien est-ce votre âme qui est double Léo ? Y aurait-il un ange sous ce front maudit ? Je vais regarder Minah plonger ma lame dans votre coeur, Léo. Vous offrir à la Vieille à la Faux...Mais avant, je veux savoir...


Avant même que la phrase ne se finisse, le corps bascule en arrière embrochant l’épaule sur la lame gitane, tandis que la main se saisit du tranchant de la lame qui lui fait face. Rapide, précis, sans concession aucune, le pénitent est déjà debout, sans même laisser le temps d'une réaction à ses harpies.

Il n'y a aucune âme à trouver Kachina, aucun Ange à espérer entrevoir, vous m'en voyez navré...

Une fenêtre qui vole en éclat et le corps du DiCésarini qui s’écrase un étage plus bas avant de saluer et de retirer la lame qui lui meurtri encore l'épaule.

Fuir n'est pas dans tes habitudes... La partie ne fait que commencer... Un point pour Elles....

Et toujours ce sourire, alors que les pas rapides se dirigent vers la foule agglutinée du marché, le démon redevient anonyme... juste pour un instant... Elles savent qui il est... il leur sera facile de le retrouver mais cette fois, le jeu promet d'etre plus ... corsé.

_________________
Axelle
Il était parti. Il avait fui dans la gerbe d'un éclat de verre. Il avait réussi ce prodige. Prodige lâche, mais prodige tout de même, de s'évaporer alors que deux lames le tenaient sous leur tranchant. Qui pouvait réussir cela? Un démon ? Un diable ? Alors que soudain la pièce semblait incroyablement vide, la manouche médusée n'eut que cette explication à fournir en pâture à ses méninges abasourdies avant que la colère et la vexation ne crispent ses mâchoires à s'en faire éclater l'émail des dents.

Il n'avait pas porté le moindre coup, et pourtant, la gifle était cinglante comme nulle autre. Elles avaient trop voulu jouer, trop voulu le pousser dans ses retranchements et avaient perdu quand la plus élémentaire des prudences aurait été de le blesser pour le rendre inoffensif et dans l'incapacité de se défiler au juste sort qui l'attendait. Mais non, trop joueuse, la manouche avait sorti son manège habituel, mélange hétéroclite de charme, de menaces à peine voilées et d'audace illusoire alors qu'elle aurait dû être le baton rigide et muet.


Non, cet homme n'était ni un démon ni un diable bien qu'il se jouait à en prendre les traits. C'était juste un homme acculé qui, malgré ce qu'il annonçait haut et fort, tenait bien trop à la vie pour se laisser dépecer par trois femmes dans la chambrée d'une auberge parisienne. Un homme assez malin pour déceler leurs failles et les tourner à son avantage. Les seules fautives de ce fiasco n'étaient qu'elles-mêmes. Et le sang de la Casas se mit à bouillir sous les reproches qu'elle s'adressait à l'ombre de son regard noir. Ne jamais sous estimer l'adversaire était une leçon qu'elle avait crue connaître sur le bout des doigts. La débandade cependant prouvait que les lacunes étaient encore nombreuses. Cet homme, elle l'avait jugé ni plus ni moins dangereux que bien d'autres. Fatale erreur. Si Kachina lui avait demandé de l'aide, c'était que malgré qu'il soit un être bien humain, fait de chair et d'os, il était bien plus retors que nombre de ses congénères du sexe fort quand il n'était plus possible de nier qu'elles étaient le sexe faible.

Frémissante d'une colère froide et amère, le regard gitan se posa sur la silhouette rousse, devinant la frustration qui devait l'animer de n'avoir pu se rendre justice, à elle et à cet enfant perdu, avant de cueillir les prunelles vertes de Kachina, refusant de s'attarder sur ce qu'elle pourrait y lire.

Pardonnez mon incompétence.


L'excuse claqua comme un coup de fouet, plus raide encore que le talon de ses bottes frappant le sol pour sortir de la chambre sans un mot de plus. Pour l'heure, parler de l'échec cuisant lui était impossible. Les pas gitans ne s'arrêtèrent que pour ramasser cette lame couverte de sang sans qu'elle n'en soit l'instigatrice, comme si l'arme s'était sournoisement retournée contre elle en un sublime et ultime pied de nez du fuyard. Rentrer aux Yeux d'Hadès et tenter de se remettre les idées en place. Pour l'heure, rien d'autre n'avait plus d'importance.

[Les yeux d'Hadès]


La Bosse se tenait devant elle, la tête penchée sur le côté, l’œil globuleux méditatif sur les paroles qui venaient de s'écouler de la bouche manouche. La description était précise, et les yeux vairons une indication qui sans nul doute ferrait mouche. Julian Léopold DiCésarini. Tel serait donc l'homme dont les mômes, les aveugles, les boiteux les putains et les sourds de la capitale devraient retrouver la trace. En attendant que la traque ne fasse son office, la vie manouche reprendrait son cours, comme si de rien était, camouflant l'échec cuisant sous ses habituelles manières désinvoltes ou sous la paperasse et autres affaires s'agglutinant sur son bureau. Pourtant la nuit venue, alors que le sommeil s'enroulait au corps manouche, un moustique aux yeux vairons ne cessait de venir la réveiller de son ricanement strident contre son oreille. Une saleté de moustique qu'il faudrait écraser, quitte à ce que la chasse soit longue.

_________________
See the RP information <<   <   1, 2, 3, 4, 5   >   >>
Copyright © JDWorks, Corbeaunoir & Elissa Ka | Update notes | Support us | 2008 - 2024
Special thanks to our amazing translators : Dunpeal (EN, PT), Eriti (IT), Azureus (FI)