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[RP] La pilosité du bourguignon s'en doit aller toute verte

Eusaias
L'homme au visage d'oiseau de proie sourit à la dernière réplique. Il apprécie fortement les traits d'esprit et la dame en use habilement. A ce moment Eusaias espère voir en cette duchesse quelqu'un de la trempe de l'ex-triducaillon ou de la petite tête blonde. D'une main audacieuse il lui effleure une joue.

" Madame, je ne vous aurai pas fait cet affront. De plus qu'en penserait ma ravissante épouse ? "

Il lui sourit, ils sont à peu près d'accord sur les termes du contrat. Il reste cependant un point à éclaircir.

" Dame, je ne suis pas homme vénale, alors voilà ce que je demande. Tous les objets et autres "récompenses" qui me seront dûs, seront comptabilisés par le Cac et récupérés par cette même personne. Le montant de ce prélèvement sera déduit des impôts que Sémur doit verser et ceci tant que je serai bourreau de Bourgogne. Cela vous convient il ? "

Il inspire et expire un peu plus fortement.

" Si cela vous convient, que l'on me donne les clefs des geôles et que l'on dise dans toute la Bourgogne qu'un bourreau est en place. Que brigands et malandrins craignent sont courroux. Qu'on ce le dise en Bourgogne et par delà ses frontières. "

Il crispe les mâchoires à la fin de sa phrase attendant l'accord ducal.
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Ingeburge
La caresse sur sa joue lui fit l'effet d'une brûlure et elle se crispa en réaction, instantanément. Elle ne supportait pas le moindre contact physique, prenant toujours sur elle quand elle tendait sa main à baiser car l'usage lui commandait de se comporter ainsi. Et elle se faisait un devoir de toujours respecter l'étiquette. Mais là... rien qui concernait l'apparat, assurément et donc, tout à fait superflu.

Elle ne dit rien cependant, sa respiration se faisant simplement plus profonde tandis que son regard se faisait plus froid. Et elle ne répondit pas davantage, laissant Eusaias terminer sa tirade et exposer clairement ses prétentions. Elle réfléchit une minute, évaluant la proposition et déclara finalement :

— Le plus simple serait que vous fassiez vous-même don des objets récoltés et des sommes perçues à la ville de Sémur. Cela revient exactement au même au final mais je préfère, pour la clarté des comptes, éviter toute modification relative au montant des prélèvements.

Se détendant quelque peu, elle ajouta :
— Nous voilà, semble-t-il, parvenus à un accord. Officialisons donc votre nouvelle fonction.

Elle s'écarta du Sémurois, tout de même soulagée de ne plus se sentir à proximité immédiate et de lui et rejoignit son fauteuil, derrière le massif bureau d'ébène.

Après avoir consciencieusement taillé une plume à l'aide d'un petit canif, elle trempa celle-ci dans un godet aux trois-quarts plein et commença à rédiger sur un vélin vierge l'acte qui ferait d'Eusaias le nouveau bourreau de Bourgogne. Elle s'appliqua dans sa tâche et quand elle eut terminé sa rédaction, elle laissa l'encre sécher. Pendant ce temps, elle sortit d'une petite boîte une matrice de sceau en laiton puis fit chauffer un bâtonnet de cire d'abeille jaune à la flamme d'une bougie, afin de le ramollir. Quand elle obtint le résultat escompté, elle plaça le bâtonnet au-dessus du parchemin, tout en continuant à le faire fondre. Une goutte de cire se détacha et vint former une galette sur le vélin. Elle apposa alors la matrice dessus afin que s'y incrustent les armes de la Bourgogne. L'édit était désormais prêt. Son premier. Etrange manière de débuter un règne. Et peut-être significative également.

Sourcils légèrement froncés, elle rangea son nécessaire à écriture dans un coffret ouvragé et fit glisser le décret vers Eusaias :

Citation:

    A tous ceux qui le présent édit liront ou se feront lire,
    Salut.


    Nous, Ingeburge von Ahlefeldt-Oldenbourg, XXIIIè Duchesse de Bourgogne, sous le regard du Très-Haut et de Saint Bynarr,



    Faisons annonce de la nomination à la charge d'exécuteur des basses et hautes œuvres du sieur Eusaias, habitant de la bonne ville de Sémur;

    Ordonnons par la présente que libre accès soit donné au dit sieur à toutes les geôles du Duché de Bourgogne afin qu'il puisse y mener son office et exécuter les châtiments corporels énoncés par la justice bourguignonne;

    Et afin que nul ne puisse contredire cet édit, nous y apposons nos sceau et signature.



    Rédigé au Palais des Ducs de Bourgogne le vingt-septième jour du mois de juillet de l'an de grâce MCLDVII.







Elle déclara :
— Des copies seront distribuées afin d'être placardées et des crieurs publics seront engagés afin que la nouvelle soit propagée.

Puis, elle se leva et fit quelques pas dans la pièce, laissant le temps au désormais bourreau de Bourgogne de prendre connaissance de l'édit. Et elle s'accordait elle-même quelques minutes car elle ne savait comment formuler ce qu'elle voulait dire.
Elle déclara soudain après s'être immobilisée :

— J'irai à la prison avec vous... je veux voir les captifs.
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Eusaias
Le Mauvais prend note de l'édit, il le parcoure des yeux un instant, puis tend une oreille à Ingeburge. La dame veut le suivre aux geôles. Il hausse les épaules, dépose l'acte signé sur le bureau.

" Si cela vous plait, je n'y vois pas d'objection. "

Il la rejoint se place à ses côtés.

" Dois-je les cuisiner des aujourd'hui afin qu'ils comprennent immédiatement leur erreur. Sans doute faudrait il qu'on me porte un fouet, afin de les faire plier devant vous. "

Sa tête pivote afin d'avoir la duchesse dans son champ de vision.

" Allons y ! "

Il se lance d'un pas décidé, ouvre la porte du bureau et se décale pour que la dame puisse passer la première.
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Ingeburge
[Palais des Ducs de Bourgogne - 27 juillet]


Il lui répondit, désinvolte, la demande qu'elle venait d'exposer le laissant indifférent. Et cela lui convenait parfaitement. Elle voulait y aller et appréciait de ne pas avoir à se justifier, elle devait y aller et il ne voulait pas savoir pourquoi. Tant qu'elle pouvait, et personne n'était en position de le interdire, le reste importait peu.

Il ouvrit la porte, sans plus de cérémonie, et elle passa devant lui. Et tandis qu'ils cheminaient dans les couloirs du Palais, elle déclara :

— Nous partons en début d'après-midi, le temps que je puisse prendre mes dispositions et régler quelques affaires. Je transmettrai des directives afin que nous soit apporté de quoi... faire. Et il y a déjà certainement quelques instruments sur place.

Ce qu'elle taisait, c'est que certains objets proviendraient des possessions de l'Inquisition bourguignonne. Il fallait parer au plus pressé et étant elle-même Inquisiteur, elle savait où trouver ce dont Eusaias aurait besoin. Trop de temps avait déjà été perdu. Les caisses seraient rapidement expédiées au point de ralliement en vue du départ pour la prison, elle n'avait qu'un billet à envoyer.

Elle s'immobilisa :

— Bien, nous nous verrons dans quelques heures et ferons directement route vers Joinville. Nous y serons dans deux jours et vous pourrez...
Quel terme avait-il employé déjà? Ah, oui :
— ... les cuisiner selon votre bon vouloir.

Elle inclina légèrement la tête et entra dans la pièce devant laquelle elle s'était arrêtée. Puis, une fois la porte refermée, elle s'appuya contre le vantail, sa respiration s'étant brusquement accélérée.

Dans deux jours.

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Armand.
[Dans la cellule de Félina]


- Armand ?

Le cerveau embrumé, incapable de se rappeler des dernières heures, c'est par un léger grognement que le jeune mercenaire répondit à la voix lointaine qui semblait raisonner dans son crâne. Ses paupières étaient si lourdes qu'il n'essaya même pas d'ouvrir les yeux pour voir qui le secouait tout en l'appelant. Inerte, le blond voulait seulement profiter encore de cet état de semi-inconscience qui lui faisait oublier la réalité de son enfermement.


- Armand, c'est Félina, mais qu'est c'tu fous ici !! Armand ! Réponds moi !!

Ce dernier n'émit qu'un nouveau grognement en guise de réponse avant d'ouvrir finalement un œil qu'il referma aussitôt tel un refus de retrouver la froideur terne des cellules Bourguignonnes. Puis, la voix de Félina devint plus claire et commença à s'insinuer dans son esprit... Félina... Félina?
Etait-il encore entrain de rêver? Comment la jeune femme pouvait-elle être à ses côtés? Ainsi dans le brouillard,
"Hein?" fut le seul mot qu'il parvint à prononcer tout en ouvrant enfin les yeux. Découvrant ainsi bel et bien la féline près de lui. Surpris et désorienté, le mercenaire essaya alors de reconstituer le puzzle des dernières heures dans sa tête... sa geôle, la grille, l'attente.. l'évasion...

La jeune femme le fixa puis d'un air visiblement surpris lui demanda une nouvelle fois comment il avait bien put atterrir là., suivit d'une cascade de questions que le blond de parvînt pas à intégrer. Seul le prénom d'Adye réussit à se frayer un chemin dans les méandres de son cerveau, percutant de plein fouet son esprit . D'une expression hagarde, Armand passa soudain à une froideur qui ne le caractérisait que dans certains moment ou faire le malin n'était pas de mise. Lui qui était toujours près à se mettre en avant par ses bouffonneries d'adolescent, montrait parfois un tout autre visage : froid, distant, calculateur. Partie secrète de sa personnalité qu'il dissimulait en temps normal sous un sourire charmeur. Gardant ici un visage impassible, les yeux rivé sur le mur en face, le blondinet à l'allure désastreuse mit un certain temps à répondre à sa voisine. Et ce n'est que lorsqu'il parvînt enfin à mettre de l'ordre dans ses idée qu'il tourna la tête vers cette dernière se contenant d'énoncer d'un ton neutre :


- Par la porte tout simplement. On ne peut pas rester ici, j'sais pas ce que ces ordures ont prévu pour nous mais je ne suis pas tenté de rester la pour le découvrir. Faut trouver les autres et sortir de se merdier. Tu peux marcher?

Réponse hélas négative de la Rastignac qui semblait s'avouer déjà vaincue terminant même par un "à quoi bon? Fuir?" attirant ainsi pour la première fois le regard du jeune homme sur elle. Celui-ci prit alors le temps de la détailler, remarquant que ses bandages étaient légèrement mieux fait que les siens bien que son état général ne semblait guère meilleur que le sien. Armand esquissa un sourire tentant ainsi de rassurer son interlocutrice comme il le faisait avec Adye lorsqu'elle avait peur comme cette nuit d'orage près de Loches.

Puis après un nouveau silence Armand reprit la parole, la voix toujours aussi monotone "
Je ne te parle pas de fuir mais de nous échapper. Pas question de crever ici comme ces rats. J'suis arrivé jusqu'ici, j'devrais bien arriver à en sortir. Mais j'vais avoir b'soin d'aide pour ma jambe, fit-il dans une grimace alors qu'il bougeait celle-ci vers Félina. Y a eu de l'agitation ces derniers jours, les autres sont vivants... tous vivant, poursuivit-il finalement avant que son regarde ne se voile La féline n'avait peut-être plus d'espoir mais lui il avait encore une vie à construire avec Adye et ce n'est pas ces maudits bourguignons qui allaient les lui briser.

La Rastignac sembla pensive un instant avant de poser sa main sur la jambe du blond déclenchant une vive douleur qui irradia tout le corps de ce dernier. Soigner la jambe, pas sure de savoir faire la brune mais elle semblait sure d'une chose en revanche, elle n'irait nul part sans les autres. Le blond ne put réfréner un sourire à cette remarque, comment envisager de partir sans eux. Puis il laisse une nouvelle fois son regard carrosser leur nouveau foyer. alors que la jeune femme voulais savoir comment il comptait sortir de là et éviter les gardes. Question qui fit se hausser les épaules d'Armand. Comme il l'avait toujours fait, par la porte ou un quelconque trous de souris par lequel ils pourraient se faufiler , semblait une bonne idée.
Fixant de nouveau de mur en face de lui , c'est d'une vois très lente comme pour être sur que la jeune femme imprime bien ses propos qui répondit :
J'ai pas vu les autres mais j'ai entendu causer j'en suis certain. Y parait qu'un garde à été blessé et j'en connais pas 50 capable de le faire. Faut qu'ont sortent d'ici et qu'on ouvrent aux autres.

Le jeune homme se tue une nouvelle fois, une ombre passant dans son regard. Sortir de prison il l'avait déjà fait mais à 10 et blessés c'était une autre pair de manche. Cependant à qui le veut vraiment rien d'impossible. Restait pourtant la question des gardes... problème épineux qui fit s'assombrir encore d'avantage la mine du prisonnier qui, d'un ton froid, énonça simplement au bout de quelques instants :Pour les gardes, je dirais simplement qu'il va falloir trouver un moyen de s'occuper d'eux.

Ce dernier fixa la belle pour la première fois suite à ses paroles, plongeant ses azurs dans l'onyx de celle-ci comme pour appuyer d'autant son propos. Contrairement à ce qu'on pouvait penser ils étaient toujours en guerre, une guerre non plus pour une cause mais pour leur survie.

Oui ... peut être ... Ta jambe ... Montre moi, je vais te dire cela, et tenter de faire ce que je peux pour t'aider. On va déjà commencer par cela
, se contenta de répondre la mercenaire. Armand acquissa se tournant doucement dans un grognement de douleur, grimaçant tant son corps se rappelait à son bon souvenir, exposant l'arrière de sa cuisse la vue de la jeune femme. Il n'étais pas utile de parler d'avantage. L'essentiel maintenant était de ne pas faire de bruit, serrer les dents pendant que la Rastignac inspecter sa jambe et prier pour que le garde ne viennent pas trop vite, qu'ils aient au moins le temps d'aller dans la cellule juste à côté avec l'espoir fou d'y trouver une personne valide.Tu peux faire quelque chose? demanda le blond son regard passant alternativement de sa jambe à la Rastignac.

La femme fit une drôle de tête. "Pas beau à voir semblait-il. Et puis, son visage s'illumina d'un coup arrachant une expression de surprise au blond. Surprise qui s'accentua lors que celle-ci sorti d'on ne sait ou une petite lame.

-Attends!! fit Armand le faisant s'arrêter. Profitant de ce petit moment de répit, le jeune homme pris entre ses dents un morceau de tissu qui lui servait autrefois de manche de chemise. Ainsi prêt il hocha la tête comme pour lui donner enfin le signal se préparant à la vive douleur qui allait se propager dans tout son corps mais qu'importe, ils devaient sortir de là coute que coute. Et puis la féline ne pouvait pas vraiment aggraver la situation alors...

      
Penser à une douleur plus terrassante que le sans-nom était un euphémisme à comparer de la vague qui traversa son corps lui faisant crisper les dents sur le morceau de tissu à s'en briser la mâchoire. Éclair de douleur qui illumina un instant le regard du blond avant que tout ne redevienne calme. Armand se sentit d' un coup cotonneux, Morphée l'appelant de nouveau dans son royaume mais il savait le blond que s'endormir maintenant était synonyme de mort alors il puisa dans ses dernières forces pour rester éveiller espérer que les soins prodigués par la féline suffirait à lui faire tenir le choc jusqu'à leur prochaine étape. S'appuyant contre le murs les yeux fermés, il laissa un instant son corps se reposer priant pour que la torture s'achève bientôt.

Le soin enfin terminé, le mercenaire s'adossa au mur se concentrant de toute ses maigres forces pour ne pas hurler la douleur que véhiculait tout son être. Sa respiration s'était accélérée et avait bien du mal à revenir à la normale tandis qu'il gardait les yeux fermés. Ce n'est que de longs instants après qu'il daigna enfin les rouvrir remerciant sa compagne de cellule d'un simple regard plus éloquent que milles mots avant de prendre le gobelet qu'elle lui tendit et et d'humecter ses lèvres sèches dans l'eau.


Il allait à présent lui falloir trouver le courage de se lever alors que cette seule pensée suffisait à le faire vaciller. Rester.. tenter une sortie...Rude dilemme...Ce n'est qu'un bruit dans le couloir le faisant se rappeler les étapes de son évasion. la porte était bien fermée, un tas d'immondice dans un coin pouvait rappeler la présence de son corps... qui le décidèrent à rendre l'option de la sortie. Avec un peu de chance le gardien ne se rendrait pas compte de son évasion et qui leur laisserait un peu de temps.


- Faut partir Félina, quoi qu'il en coute, fit il finalement sur un ton qui ne laisser aucune place à négociation tout en écoutant toujours les bruits du couloir à l'affut. les jambes tremblantes, la tête douloureuse et les sens dans le cirage, Armand entreprit de se lever. Tenter leur chance était mieux que d'attendre patiemment qu'on vienne les exécuter.
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Eusaias
Joinville, bastion bourguignon en plein domaine royal. Deux erres passent les portes de la ville sans un mot. Les gardes s'écartent sur leur passage, non par crainte du provocateur sémurois, mais par respect pour sa Grace Ingerburge.

Voilà deux jours que Dame Duchesse et Monsieur Bourreau sillonnent la campagne. Pas un mot sous ce soleil de plomb. Le Mauvais sue à grosses gouttes et semble dépareiller, non dépareille, avec la prestance Ducale.

A Dijon, après son entretien avec Ingeburge, il avait comme à sa grande habitude rejoint une taverne. Quelques verres avaient étanché sa soif, quelques autres lui faisait passer le goût amer de son nouvel accord. Il avait, dans ce temple du Di'vin, eu la joie de croiser son ami le père Bender. L'homme était un des rares en qui Eusaias avait toute confiance. Bon et généreux de nature, le prêtre avait été l'unique confesseur du Mauvais, lors de son unique confession. Eusaias en avait profité pour lui annoncer sa nouvelle fonction, chose qui semblait ne pas être réjouissant pour son ami. Sans doute le Dijonnais connaissait trop le passé lourd du sémurois et craignait que celui-ci rechute du côté du sans-nom. Ils avaient dû changer de sujet, sans doute par pudeur. Eric "le bon" les avait rejoint afin de renouer un contact usé par le temps. Le Mauvais quitta ses amis, pour rejoindre comme convenu La duchesse.

Les deux avaient quitté Dijon sur un désaccord, Eusaias refusait que d'autre personne autre qu'un laquais les accompagne sur le chemin. Dijon avait été bien trop affaibli durant la guerre, inutile de la priver de garde.

"Si brigand se met sur notre route, ça sera pour moi l'occasion de vous prouver que je suis une des meilleures lames de Bourgogne."

Voilà ce qui avait mis terme à leur désaccord.

La route fut longue et pesante, ils n'avaient échangé que peu de mots. N'étant pas du même acabit, les sujets de conversations étant peu nombreux.

La garnison, où se trouvent les geôles, se dessine enfin.

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Felina
A Joinville, toujours dans sa cellule, aux côtés d'Armand. Avant l'arrivée de la duchesse et du bourrel.

Lorsqu'un grognement se fait entendre, la Rastignac pousse un imperceptible soupir de soulagement et se décide à le secouer un peu plus vivement, cherchant à le réveiller.

Armand, c'est Félina, mais qu'est c'tu fous ici !! Armand ! Réponds moi !!

Regard incrédule de la Féline lorsque le jeune homme se décide enfin à sortir de sa torpeur, elle s'assoit lourdement près de lui, incapable de rester plus longtemps à genoux avec sa jambe blessée, dont la douleur lanscinante qui iradie dans tout son membre la fait toujours énormément souffrir. Se la massant d'une main pendant qu'elle le fixe, sans dire un mot, elle le laisse doucement reprendre pied à la réalité, masquant mal son impatience.


Que ... mais comment diable est tu entré dans ma cellule ? Comment vas tu ? Où est Adye ?

Rafale de questions pour Rastignac en quête de contact avec l'un des siens, enfin, et qui cherche des réponses à l'inimaginable, à savoir que l'un d'eux se trouvent en ce moment à quelques centimètres d'elle.
Elle le détaille, remarquant qu’il ne semble pas non plus au mieux de sa forme ; si différent du souvenir qu’elle a de lui, souriant, insouciant, parfois même très « léger » pour elle, elle n’a désormais devant elle qu’un homme endurci par les épreuves, au regard presque froid. Ses yeux s'écarquillent au rythme des paroles du blondinet au visage d'ange, plus si angélique que cela dans la crasse et l'oscurité des geôles bourguignonnes. Constatant qu'il fuit son regard, elle fixe le sien sur ses yeux, essayant vainement de les accrocher. L'homme change tellement différent ... Soupir à sa question.


Marcher ... Tu parles j'ai déjà eu du mal à m'traîner jusqu'a toi, ma jambe et mon flanc me font tellement souffrir que je serai bien incapable de sortir de là. Et puis à quoi bon ? Fuir ? Autant mourir ici, c'est tout ce qui nous attends de toute façon si on tente de s'échapper semble tellement.

Fataliste, la Féline d’ordinaire si fière, si courageuse, n’est plus, diminuée et vaincue par leur condition de détention et les souffrances de ses blessures. Elle continue pourtant de l’écouter, tentant en vain de puiser de la force par ses paroles, même si l'envie de lui hurler de foutre le camp est grande. Il ne peut être qu'une de ses visions encore, impossible qu'il soit réellement là tout près d'elle. Pourtant elle le voit, elle l'entend, elle le sent. Vivants, ils sont tous vivants lui dit il. ... oui elle avait cru le deviner, elle avait entendu du bruit, mais tous ... alors peut être y avait il encore un peu d'espoir ? Mais les gardes, comme éviter les gardes.

Ta jambe ... comment veux tu que je t'aide ? Veux tu que je regarde ta blessure ?

Déjà une main se pose sur sa cuisse alors qu'elle continue.

Quand à partir ... je ne partirai pas d'ici sans eux, il faut tous les faire sortir ... c'est ensemble qu'on doit tenter quelquechose. As tu vu Mal' ? Eik ? As tu parcouru toutes les cellules ? Et si le garde revient et te trouve ici, c'en sera fini des tes beaux projets !

Armand lui expose alors son plan et la Rastignac se contente de hocher doucement la tête essayant également de remettre en marche son esprit embrumé et nettement moins alerte qu'à l'accoutumée. En elle s'affrontent déjà raison fataliste et espérance ... Pourrait il vraiment les faire sortir d'ici ? Cette liberté qu'elle a perdu, qu'ils lui ont prise et dont elle a tant besoin pour vivre ... est il possible qu'elle soit enfin à la portée de sa main. Le cœur s'affole légèrement alors qu'elle commence peu à peu à y croire, mais d'un soupir elle s'empêche de s'enflammer.


Oui ... peut être ...

Sont les seuls mots qu'elle parvient à lui répondre, se maudissant de ne pas plus adhérer à son projet. Elle voudrait tant y croire, mais pour le moment rien n'y fait.


Ta jambe ... Montre moi, je vais te dire cela, et tenter de faire ce que je peux pour t'aider. On va déjà commencer par cela.

Le blondinet se tourne alors, lui montrant l’arrière de sa cuisse et lui demandant si elle peut faire quelque chose . Elle s'écarte puis laisse glisser son regard vers l'arrière de sa cuisse. La sauvageonne e peut réprimer une grimace quand elle découvre l'ampleur des dégâts. Une plaie purulente, ou se mêlent sang séchée et liquide jaunâtre, signe évident d'une infection, entoure effectivement un morceau de métal, comme le jeune homme le lui a indiqué. La Féline inspire une large bouffée pour se donner du courage, puis appose le plus doucement possible ses mains sur la jambe du jeune homme, déchirant le tissu de ses braies un peu plus pour mieux constater.

En effet ... c'pas joli à voir gueule d'ange, tu as une pointe de lance fichée dans la chair, et la plaie s'est infectée. Va falloir que je t'enlève ça mais je n'ai plus mes dag...

Soudain elle s'interrompt, une lueur dans le regard en cet instant. Fermant les yeux, espérant que l'idée qu'elle vient d'avoir se réalise, elle glisse sa main vers la botte de sa jambe valide, et un large sourire se dessine sur son visage lorsque les doigts rencontrent son poignards. « Les idiots ... ils n'ont pas penser à nous fouiller à cet endroit .»
L’espace d’un fugace instant, l'idée de ce qu'elle pourrai faire de cette lame : mettre fin à ses jours et s’éloigner définitivement de tout cela lui traverse l’esprit, mais rapidement elle reporte toute son attention sur son compagnon de galère.
Attends !!
La Féline arrête son geste un instant, souriant presque en le voyant se placer un bâillon entre les dents, sage précaution pour éviter qu'il ne hurle et ne donne l'alerte ce faisant. Dans un monde idéal, la sauvageonne aurait passé la lame dans la flamme et versé de l'alcool sur la plaie, mais ici dans cette geôle puante, elle n'a d'autre solution que de simplement cracher et sur la lame et sur la blessure. Lui jetant un dernier regard, elle détourne pour de bon ses yeux sombres vers la pointe de lance, et commence le plus doucement possible, quoique la douceur ne fasse pas vraiment partie de son vocabulaire à écarter les chairs avec la lame, avant de soulever le morceau de métal pour le dégager de là. Pas un mot n'est prononcé, la Féline restant concentrée pour ne pas le blesser plus encore, et éviter qu'il ne se remette à trop saigner. Le sentant se crisper de tout son être, la Féline marque un temps d'arrêt, hésitant sur la suite à donner. Mais elle se souvient de son frère lorsqu'il lui a ôté une pointe de flèche de l'épaule, là bas à La Teste, et elle se rappelle que le mieux est d'en finir le plus vite possible. D'un dernier mouvement de lame, le morceau de métal est finalement extrait de ses chairs. Alors que déjà la blessure se remet à saigner, la Rastignac se saisit d'un morceau de sa cape, dont la crasse la fait grimacer, mais elle n'a que cela sous la main, aussi après l'avoir déchiré avec les dents s'en sert elle pour faire un bandage le plus serré possible autour de la cuisse du jeune homme. S'essuyant le front moite, elle lui murmure presque, d'une voix tremblante.


Voilà ... j'crois que j'pourrai pas faire mieux ... Désolée ...

Puis elle lui tend son gobelet dans lequel reste un peu d'eau..
Un long silence s’installe alors entre le blond et la brune, et ce dernier reprend peu à peu ses esprits.

Faut partir Félina, quoi qu'il en coute.

Elle ne répond pas, mais pour seule réponse, elle plonge de nouveau son regard dans le sien, soutenant quelques secondes l’azur des ses yeux, puis, dans une légère grimace, elle se lève et lui tend une main, lui souriant légèrement.

Alors allons y !
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Ceux qui jouent avec des félins doivent s'attendre à être griffés.
Adelinda
[Toujours dans sa cellule à Joinville]

Depuis combien de temps elle est là? Un jour? Une semaine? Un mois?
Le temps passe à une lenteur incroyable, comme les grains de sable s'égrenant petit à petit dans un sablier, compte à rebours morbide jusqu'à l'instant fatidique où les mercenaires seront menés jusqu'à l'échafaud.
Que se passera-t-il dans la petite tête de piaf de la voleuse aux arrêts à ce moment-là? De la peur? De la panique? De la haine? Oui, tout cela surement, et beaucoup plus encore. Du regret. Ça c'est certain. Regret de ne pas pouvoir aller plus loin, regret de ne plus connaître ces sentiments qui font d'elle ce qu'elle est, regret de ne pas connaître un futur plus joyeux. En une seconde, tout sera terminé. Une seule seconde... une seconde minuscule... Comme quoi tout peut changer en un temps minimum.
A quelle mort vont-ils avoir droit? La potence sûrement, un joli nœud coulant autour du cou. Pourvu que ça rate pas au premier coup, se surprend à penser la jeune fille. Au moins une mort sans trop de douleur, si tout se passe bien. Enfin façon de parler.

La brunette reste dos collé contre le mur de pierres froides, les genoux ramenés contre sa poitrine. Des journées entières que ses pensées sont tournées vers le lugubre. Après tout, elle a tout le temps de ne faire que ça, pas très joyeux les séjours dans les geôles de la Bourgogne. Enfin la voleuse se doute que dans celle des autres bleds ça doit être pareil. Pas toujours bon d'être du mauvais côté de la barrière. Même si c'est une vie qu'elle a choisi elle-même. Mais faut dire qu'une Adye s'occupant de faire pousser des radis un chapeau de paille sur la tête, ben... ennuyeux à mourir...
Tout comme cet endroit... Déjà la brunette ne supporte pas la vie dans le même bled plus de trois jours, alors dans une geôle... Si il n'y avait pas ces rongeurs qui la divertissent en essayant de l'approcher, friandes de chair humaine ces bestioles? ça fait longtemps qu'elle aurait perdu ses esprits à ne rien faire. Seul petit moment d'amusement qu'elle s'est trouvée, prendre un de ces rats par la queue et le faire tournoyer dans les airs pour le lâcher ensuite direction le mur d'en face. Apparemment, vu les traces qui s'y trouvaient déjà, elle n'est pas la seule à avoir eu cette idée de détente. Quand on a rien à faire, on saute sur ce qui se présente à nous. Et la jeune fille n'est pas du genre à apprécier passer les vingt quatre heures d'une journée à se remémorer les instants de sa vie, ni imaginer quel aurait pu être son futur.

Un deuxième rongeur approche museau en avant, sans doute attiré par l'odeur du sang séché du flanc gauche de la captive.
"Approche petit... Tu vas participer à mon nouveau jeu..." pense la jeune fille en fixant le gros rat noir. Puis une fois celui-ci arrivé à sa hauteur, c'est un couinement sonore qu'on entend tandis qu'elle l'attrape par la queue pour refaire la même chose qu'avec le premier rongeur attrapé. Un p'tit tour dans les airs, et vlan! lancé contre le mur! Hum... même pas touché la cible formée par ce qui reste du premier rat éclaté contre la paroi d'en face. Elle a perdu la main...

Plus de rat pour le moment, l'ennui reprend du service. La tête se repose sur les genoux. Bon sang, combien de temps ça va durer?! Le lancé de rat ça va cinq minutes, mais pas plus. Adye se surprend même à attendre pratiquement avec impatience qu'on vienne la chercher pour la mener à l'échafaud! Au moins elle sera libre, fini l'attente interminable dans cette geôle horrible! Au moins qu'ils ne les laisse finir leur vie dans cette prison nauséabonde... Possible aussi... Noooooon, ils n'iraient quand même pas jusque là...

Soudain du bruit fait lever la tête de la brunette, qui voit alors celle du geôlier apparaître derrière la grille. Arf, encore ce maudit gruau! Elle lui sauterait bien sur le corps à ce porc qui semble se réjouir de les voir passé à l'état d'animal, mais le fer qui la relie au mur du fond l'en empêche. La gamelle est lancée non loin de la voleuse, répandant plus de la moitié du contenu sur le sol. Petit plissement de nez. La faim lui serre l'estomac, mais il lui semble impossible de se servir de cette horreur...
Mais bon, entre perdre la totalité de ses forces et n'être plus qu'une épave tout juste bonne à jeter et continuer de survivre un peu, reculant ainsi de seulement quelques jours l'inévitable, ben... même si le choix n'est pas vraiment simple, il est quand même assez vite fait.

L'estomac un p'tit peu plus calé que quelques minutes auparavant, la voleuse retourne à son occupation précédente. Dos contre le mur, la tête reposant contre celui-ci, elle se laisse de nouveau aller à ses pensées. Elle en aura bientôt plus si elle ne trouve pas d'autres choses à faire durant son incarcération... Mais de nouveau du bruit se fait entendre.
"Sont bien bruyants par ici" grommelle la jeune fille qui rouvre les yeux pour voir avec surprise le colosse courir après un homme. De suite elle songe qu'ils auraient du le mener dans une cellule non pas pour les hommes, mais plus pour les bêtes sauvages. Vu la force étonnante qui se dégage de cet homme, pas étonnant qu'il ait réussi à s'échapper.
Au pris d'un grand effort, elle réussit à se remettre sur pattes, voulant voir si elle peut assister au spectacle du pauvre bougre devenu cible, mais le fer la rattachant au mur du fond l'empêche d'aller jusqu'à la grille. Hmpf! Seuls les bruits et autres paroles prononcées arrivent jusqu'à elle, qui essaye alors d'imaginer ce qu'il se passe, sans toutefois être certaine que c'est bien de cela qu'il s'agit.
Puis elle revoit le colosse ramené à sa cellule, l'espoir d'une tentative d'évasion envolée aussi vite qu'elle était venue.

La voleuse se rassoit donc à sa place, fermant les yeux. Inutile de songer à sortir de cet endroit, le seul moment où ce sera fait, c'est quand leur corps sera réduit à l'état de cadavre...

Le temps passe de nouveau, toujours aussi lentement.
Alors que la brunette est à moitié perdue dans ses songes, quelques bribes de ce qui semble être une conversation arrive jusqu'à ses oreilles, ce qui tire la jeune fille de son état de semi-conscience. Une conversation? Elle rouvre les yeux, et tend l'oreille au maximum afin de s'assurer que ce n'était pas dans son rêve. Non, c'est impossible, faudrait être dans la même cellule pour arriver à parler sans crier et attirer les gardes.
Et pourtant, même si elle ne reconnaît pas les voix, elle en distingue deux. Se relevant, grimaçant sous la douleur qui se réveille de son flanc gauche, elle s'approche du mieux qu'elle peut de la grille d'ouverture. Ainsi peut-être que les voix se feront plus fortes. En effet, elle distingue à présent celle d'un homme et d'une femme. Mais toujours trop éloignées pour deviner à qui elles appartiennent.
Tentant le tout pour le tout, après tout, si ils sont deux dans la même cellule, c'est qu'ya un soucis quelque part, elle se met le plus près de sa grille :


Hé, ya quelqu'un qu'est là?

La voix n'est pas trop forte, inutile d'attirer l'attention de gardes probablement pas loin.
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Fille de Kabotine et Gmat
"Spernax Mortis, Sed Carpe Noctis." Adieu...
--Gus_dict_le_mutile
[A Joinville, peu de temps avant l’arrivée du Bourrel…]




Depuis que les prisonniers sont en prison, - Lapalisse n’aurait pas dit mieux -, toute une flopée de miséreux, de « soi-disant » soldats, de petits malandrins de bas étage, se presse dans les rues de Joinville, dans les tavernes des bas fonds… Populace attirée par la multitude, attirée par l’éclat des prisonniers, attirée par la nouvelle du procès, et l’espérance de quelques exécutions publiques…
Parmi tous ces misérables miséreux, se trouve notre héros du jour… Enfin, c’est ainsi qu’il se détermine lui-même… Parce que bon, devenir un héros n’est pas donné à tout le monde… Et encore plus un héros de l’ombre, faut bien chercher pour y arriver !!

Bref, le Gus ci-nommé est attablé dans un coin sombre d’une taverne, évité par tous… C’est qu’il est impressionnant, on croirait une montagne tellement il est large et haut… Plié en deux pour passer par les portes… Il aurait pu devenir un héros avec sa stature, mais le souci, et heureusement pour lui, il l’ignore, le souci est donc qu’il n’a pas une intelligence élevée…
Comme beaucoup autour de lui il ne connait ni père ni mère, récupéré par un moinillon qui avait besoin d’une bête de somme, et qui l’a élevé dans la Sainte Crainte de Dieu, Diable et associés… Toujours en prière, à chaque acte, il faut se confesser… L’avantage tout de même, c’est qu’il le nourrissait bien…
Mais en grandissant, Gus a eu envie d’autre chose que tirer le soc, et s’est enfui en suivant une bande de brigands dans les bois. Et là, passé du coté de la force obscure, il a commencé à attaquer passants, voyageurs, enfin, à exécuter les ordres plutôt… Il a appris à se servir d’un coutelas… Tant qu’il fallait faire peur, sa conscience ne le travaillait pas trop…
Mais lorsqu’il s’est trouvé face à son premier macchabée, là ce ne fut plus la même !! Le pauvre bougre en face est mort parce qu’il a résisté, et le Gus n’a pas senti sa force… Il faut dire qu’il était un peu en colère, l’autre venait de lui trancher le petit doigt de la main gauche !! Donc un coup de couteau quelque peu revanchard, lire la surprise dans les yeux montés à sa hauteur par une soudaine apesanteur… Et sentir le sang chaud qui coule le long de la lame, et se mélange avec son propre sang… Et voir la vie disparaitre… Bon, il est pas poète, le Gus, il l’aurait pas dit ainsi…
Toujours est il que ça l’a travaillé c’t’histoire… Il en a fait des cauchemars, à voir le moinillon le vouer à tous les diables !! Mais en même temps, l’image de sa main mutilée, ben ça le fait voir rouge !!

Et là encore, quelqu’un le trouve… Un soldat déserteur, qui ne se laisse pas dépouiller sans piper mot, qui résiste, et l’assomme. Et qui attend qu’il se réveille pour lui proposer un marché. L’autre a pour projet de devenir bourreau, et a besoin d’aide, car n’impose rien du coté physique… Il y en a qui fera la tête, et l’autre qui jouera du muscle et du couteau… Marché conclu…
La conscience du Gus ne le tourmente plus, il est du coté des gentils !!! Et surtout, il peut exercer sa petite vengeance… Commencer par couper le petit doigt avant toute chose, juste pour montrer qu’on est pas là pour s’amuser… A force, il a appris tous les secrets du corps humain, tous les secrets du sang et des humeurs… Il aime le travail bien fait, faire souffrir, d’accord, mais que ce soit joli à voir… L’association se terminera au bout de quelques années, le bourreau en titre ayant trouvé plus fort que lui dans une ruelle sombre, sans son ange gardien pour une fois…

Gus n’a pas l’habitude de réfléchir, lui ce qui l’intéresse, c’est qu’on lui dise ce qu’il doit faire… Là il fait preuve de toute sa valeur…
Des années passées sur les routes, à rechercher le travail… Il a fini par se faire connaitre dans le duché, faut dire qu’il passe difficilement inaperçu… Et aussi, qu’il a une réputation de travail bien fait… Enfin, tout dépend de quel coté on se place…


Et donc là, ce soir, il se trouve donc à Joinville, attiré comme tous les autres par l’appât du gain facile… Attiré par les bruits qui courent plus vite que le vent, à savoir qu’il y aurait une torture avant jugement… Chose assez incroyable somme toute… Et les ragots disent que le Bourrel serait seul !!
Seul ? Pour s’occuper de tout ce monde là ?? Il va y en avoir, de l’ouvrage…
Alors le Gus se démonte pas… Faut dire aussi que les chopines, ingurgitées pour cause d’ennui, ne sont pas sans effet, lui donnent de l’euphorie, prêt à croire que le monde n’attend que lui !!!

Il redresse sa grande carcasse, et sort à la recherche d’un écrivaillon de pacotille, qui lui fera une lettre sans écu sortir… Le bougre, il a intérêt à traduire correctement ses pensées, que la lettre ait de la chance d’être lue, et non pas ignorée…


Bon, tu lui dis que j’suis aussi bourrel. Et me zieute pas, j’vas pas te lardasser la pieau !! Tu dis que s’y veut, j’me met avec lui pour faire dire c’qui veut !! Qu’y peu v’nir me trouver ici même. A qu’à suive l’gamin qui donnera la lettre. Et tu mets mon nom : Gus, dict le Mutilé.


Citation:
Sire,
S’cusez de mon intervention, mais j’ai entendu parler de vos futures occupations.
Je suis moi-même fort instruit de ces choses, étant de la partie depuis toujours. Je vous propose mes services, vous pouvez me joindre à l’auberge… Elle a pas de nom, l’auberge, alors suivez le gamin qui vous donnera ceci.

Ecrit de la part de Gus, dict le Mutilé.



L'air pas tranquille, il espère que ses pensées sont correctement couchées sur le bout de parchemin mille fois gratté. De toute façon, il sait pas lire, donc aurait du mal à vérifier…

Maintenant, chopper un garnement miteux, le menacer des pires châtiments s’il attend pas au pied de l’auberge prévue l’arrivée dudit Bourreau… Et lui faire comprendre que s’il revient sans réponse, sa tête lui servira de défouloir !!
--Come_et_pacome
[Joinville... Dans la prison, qui peut l'être aussi pour les gardes...]



Les jumeaux recommençaient à se chamailler…
A peine arrivés, que déjà ils n’étaient pas d’accord !! L’un voulait aller à droite, et l’autre à gauche !! D’ailleurs, ils se demandaient comment ils avaient pu accepter ce travail… Bon, reprenons l’histoire à son début…


Un soir de beuverie en taverne louche… Un soir comme tous les autres soirs, où les jumeaux se tapent dessus dès que l’un gagne aux osselets sur l’autre !! C’est qu’ils sont nerveux les gamins…
Et là un homme les aborde… Pour leur promettre une solde fixe, avec un travail pas trop compliqué… Pas trop compliqué, pas trop compliqué, c’est à voir !!
Mais ils ont bu, et ne voient plus grand-chose… Et ils se retrouvent à signer, ou plutôt mettre une croix au bas d’un parchemin… Ledit parchemin, et la plume, et l’homme, appartenant au Duché de Bourgogne, les voilà enrôlés dans la milice !!!
Passer du temps à crapahuter sur les chemins de Bourgogne, apprendre au moins à obéir, sinon qu’à réfléchir… Et puis pouvoir faire les fiers, rameuter les filles avec le prestige…

Bon, tout ça marchait bien, mais il a suffit de la fin des attaques pour qu’on les assigne à résidence !! Pffffffff… Surveiller les loques ramenées à Joinville… Pas franchement héroïque !!
Alors les rondes dans les cachots, quand ils pouvaient éviter… Eux aiment bien faire le beau à l’entrée de la prison, au moins il y a un peu de vie…


Bref, là ils n’ont pas pu y couper !! Côme et Pacôme, les inséparables, trainent les pieds, et sont d’une humeur noire !!! Entendre les prisonniers geindre, se rebeller, cogner contre les portes… Les jeunots ne sont pas franchement rassurés… Même si les portes sont épaisses, si les grilles sont solides, y’en a bien un qui a essayé de se sauver !!! Courageux qu’ils sont, mais pas téméraires…
Alors, arrivés au pied des escaliers, de quel côté se diriger ?? Droite dit Côme, gauche, dit Pacôme… Jamais d’accord sur rien… A tel point qu’ils se sentent obligés de tirer à la courte paille !! A droite, c’est le destin !!


Et à droite, il y a une enfilade de cachots… Et les prisonniers du coin commencent à émerger de leur souffrance, ils se réveillent d’après le geôlier qui leur apporte leur pitance. Les jumeaux se serrent l’un contre l’autre, pas plus gaillards que ça… Par curiosité, ils regardent dans les cellules… Enfin, celles qui laissent voir à l’intérieur, car les autres, ma foi, on va pas tenter le diable non plus…

Ils arrivent devant la cellule d’une demoiselle, enfin, si elle était propre, en bon état, on pourrait dire que c’est une demoiselle… Mais pour eux, ça fait un moment qu’ils n’ont pas vu de jeune fille, et elle les attire…


Adelinda a écrit:

Hé, ya quelqu'un qu'est là?


Ehhh toi, c’est à nous que tu parles ?? Tu veux savoir, ben oui y’a quelqu’un !!! Peut être que t’as froid ? Tu veux qu’on te réchauffe ??

Et puis être deux, en pleine forme, face à une fille blessée et affaiblie, ça les rassure… Ils se rengorgent comme deux coqs, ne se rendant pas compte à quel point ils ont l’air jeunes et inexpérimentés…

Bon la belle, si tu veux, tu nous appelle… On n’a pas que ça à faire, mais on viendra te r’voir !! Et p’tet que si t’es gentille, eh bien on t’amènera à manger…

Voilà, juste quelques mots, pas grand-chose, et les jeunots repartent fiers comme Artaban !! Ils se rengorgent, prennent le courage de taper dans chaque porte longée… Ahhh ils en font du raffut, pour montrer qu’ils sont là… Et qu’ils ont vaincu la peur !! Ils ont l’impression d’avoir en fait combattu le plus fort des guerriers…
Gunther, incarné par Armoria


[Joinville – promenons-nous dans la prison...]

La ferme sale chien !! Laisse nous tranquille !!


Eh eh.. Ben voilà, ça a eu son petit effet, y en a une qui réagit finalement. Plus de pitance et écuelle qui a pris un gnon. Un de plus. Bouarf,, plus à un prêt justement.

Mais c'qu'elle mordrait la garce... T'en fais pô, l'Gunther va r'venir te voir..

Un large sourire qui laisse voir des dents noircies, sentir une haleine qu'on croirait sortir de la bouche de l'enfer, une langue qui vient passer sur des lèvres qu'on devine à peine sous l'épaisse barbe blonde.. Un vrai régal. Les pouces dans ma ceinture en cuir qui pend sous sa bedaine et à laquelle est accrochée sa sacoche en cuir, je reprends mon tour de garde.

Je croise deux gamins qui sont de la même portée, ça pas de doute, qu'ont pas l'air plus rassuré que ça. Bah, un peu plus de poils au menton et quelques pendus et tour de roue et ça fera l'affaire. S'ils ont l'estomac trop léger, ils résisteront pas longtemps. Juste le temps de vomir tripes et boyaux. Eh eh, faut pas croire, mais c'est un métier hein. Si vous croyez que c'est facile tous les jours. Non moi je dis, faut aimer ça.

Le bourreau ne va plus tarder, je sais pas s'il aura besoin de moi ou bien si je devrais rester à surveiller les autres. Les deux m'amusent en fait. Le premier parce qu'ils implorent vite père, mère et tout le saint frusquin, le second parce que je leur raconte ce que leurs petits copains sont en train de subir. Et voir leur tête qui se décompose.. Rien que pour ça je changerai pas de boulot moi je vous le dis. Y a des petits plaisirs dans la vie, faut pas s'en priver.

Tout à mes rêves, j'arpente les couloirs et suis même pas fichu de prendre le bon coin, celui qui m'apporterait un peu de gloire en découvrant quelques prisonniers voyageurs. Toute l'histoire de ma vie ça tient.
Fantine-la-Babillarde, incarné par Ingeburge



Penchée au-dessus du vaste chaudron où une soupe au lard et au chou mijotait, Fantine-la-Babillarde remue le tout avec de grands. Elle ne cesse de jacasser, étant d'un tempérament loquace, se contentant de n'importe quel public aussi minime et dissipé soit-il.

Et là, c'est un des gamins travaillant à la prison qu'elle assomme de sa verve :

Et je lui ai dit " mais mon brave, tu crois quand même pas que je vais te donner dix écus pour tes légumes alors qu'on en trouve à Langres pour moins ". N'a pas été content le bonhomme, l'a même dit que j'étais qu'une traîtresse de faire mes provisions chez les Champis... Hé mais c'est que moi, je dois composer avec la somme qu'on veut bien me donner, et ces môssieurs de la Prévôté, ils sont regardants avec la monnaie et je crois même qu'ils se disent que je fais danser l'anse du panier! Moi, voler la Prévôté? M'est avis que ça tourne pas rond chez eux parfois. Je me demande bien comment je pourrais gagner quelques deniers vu ce que j'ai comme argent, j'peux acheter que des raves! Non mais regarde-moi cette soupe! Sous prétexte qu'on abèque les prisonniers, on leur donne de la flotte.

La cuisinière se redresse, courroucée, ayant l'amour de la cuisine bien faite, estimant ses talents gâchés. Mais cette place, c'est une aubaine :
J'm'plains pas, je peux vivre moi et ce que je graille, c'est du nanan. Mais ici, pffff, tu parles qu'ils te nettoient les plats les gars!

Elle haussa les épaules, faisant de nouveau tourner la soupe, attentive. Puis, elle tourne sa face rougie vers le garçon, montrant son visage rond et aimable. Elle vient vers lui, parlant toujours :
Enfin, les étrangers là... j'les ai pas encore vus, je reviens tout juste, paraît que certains ont de sales trognes. Des mercenaires à ce qu'on dit, ils écument les routes du Royaume, traînant à leur suite des ribaudes. Y'a des femmes d'ailleurs, peut-être qu'elles en sont! Non mais elles pourraient rester dans leur village, s'occuper de leurs maris et de leurs champs au lieu de suivre ces graines de potence.
Moi, d'où je viens, les brigands ont pillé plusieurs fois et je pourrais en dire long sur ce qu'ils faisaient aux filles dans la paille des granges.


Fantine-la-Babillarde a une pause pudique tandis qu'une flamme s'allume dans ses yeux, sa vaste poitrine émue à l'évocation de ses souvenirs de jeunesse.
Elle soupire :

Allez le mion, prends les écuelles, va falloir qu'on y aille.

Elle retourne vers l'âtre, silencieuse enfin, c'est que la préparation des repas, c'est affaire de cœur tant que de rigueur.
Elle ne retient pas pourtant ses soupirs irrités tandis qu'elle verse un peu de soupe dans une jarre. Du " brouet clairet " qu'elle doit servir, elle suit les ordres, ne prend donc juste du bouillon où surnagent quelques filaments de chou. La viande et les morceaux de légumes, c'est pour les gardes. Elle grommelle :

De la flotte, moi, j'vous dis.

La jarre est pleine et le gosse a déjà les écuelles dans les bras, chacune emplie d'un petit bout de pain rassis.
Ils sortent tous deux de l'office, lui efflanqué et silencieux, elle gironde et bavarde et se dirigent vers les cellules des prisonniers
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Cuisinière au grand cœur et à la langue bien pendue.
Armand.
[Dans la cellule de Félina, avant l'arrivée du bourreau]

Le temps d'un espoir (*)

Plan
L'azur face à l'onyx, les deux prisonniers tombèrent d'accord. Armand prit alors la main tendue de Félina tandis que sa sénestre s'appuyait au mur. C'est avec difficulté qu'il parvînt à se remettre debout réprimant une grimace de douleur alors que déjà sa tête l'emmenait dans un tourbillon lui faisant voir milles étoiles. Étourdit, le jeune homme mit quelques secondes à reprendre le contrôle de ce corps qui lui faisait tellement défaut ces derniers temps. Une main se posa sur son nouveau bandage, la douleur était vive mais supportable, bien plus que durant ces longues journées à moisir dans sa geôle.

Les Azurs croisèrent de nouveau la noirceur féline de sa voisine et le visage du blond se fendit alors d'un sourire qui se voulait rassurant à défaut d'autre chose. L'espoir, voilà bien tout ce qu'il leur rester. Espoir fout de sortir de cette cellule. Espoir de retrouver la liberté en échappant à leurs bourreaux. Espoir de retrouver les autres... vivants. Fort de cet espoir le mercenaire fit volte-face, sa main déjà prête à saisir la grille lorsqu'un faible voix sembla répondre à ses appels silencieux.

Y avait-il quelqu'un... cette voix... se pouvait-il que? Avait-il seulement le droit d'y croire? Non, surement son esprit qui se jouait encore de lui. Et pourtant... Et si? Nouvel espoir, de ceux qui donnent des ailes. la retrouver enfin. Sans réfléchir Armand fit alors les quelques pas qui le séparait de la grille, son cœur battant dans ses tempes à un rythme infernal. La souffrance de son corps devînt silencieuse tandis qu'un sourire emplit de sincérité chassa le masque de dureté qui s'était imprimé sur ses traits fatigués.


Elle est là.. Murmura t-il pour lui même comme pour se convaincre ne de pas avoir rêvé, Entrouvrir à nouveau la grille qui se met une fois de plus grincer faisant pester le blond dons les mains deviennent moites tant par la crainte que par l'espoir. Et puis, de nouveaux pas dans le couloir, des voix jeunes, masculines, peu discrètes... encore des visiteurs? C'est un manie ou quoi? Pire qu'un moulin cette prison. Les secondes défilèrent dans la cellule ou le calme se fit après que les deux fuyard se collèrent d'instant contre le mur de la geôle. Instinct de survie aux aboies. Ne plus bouger. Ne plus respirer. Attendre.

Ehhh toi, c’est à nous que tu parles ?? Tu veux savoir, ben oui y’a quelqu’un !!! Peut être que t’as froid ? Tu veux qu’on te réchauffe ??

Une expression de surprise vînt orner le visage du blond...*C'est quoi ce bordel* pensa t-il agacé tant par la présence des deux gus qui bouleversent ses plans que par l'idée qu'ils peuvent s'adresser ainsi à sa brune, Armand serra les dents tout en faisant signe à Félina de ne pas bouger. Quelques secondes s'égrainèrent et les deux porcelets continuaient leur numéro.
Aussi discrètement que possible minimisant les mouvements de son corps affaibli, le prisonnier risqua une tête hors de la cellule. Regard à droite, puis à gauche pour découvrir deux types ou plutôt de gamins devant une cellule juste à côté. Pas l'air bien méchant les deux gringalets mais rester prudent est pour eux une question de survie. Revenant dans la cellule, Armand colla son index contre ses lèvres indiquant à la brune de rester silencieuse puis lui indiqua avec ses mains qu'ils étaient deux. Armand se colla alors ne nouveau contre le mur glacé de la geôle guettant le moindre indice qui le renseignerait sur ce qui se passait dans le couloir.

Est si c'était bien Adye dans la cellule? Et si ces deux idiots en profitaient? La colère, sournoise amie monta en lui tel un tsunami. L'envie de fondre sur eux devînt plus forte que la raison et ce n'est que la faiblesse de son corps se rappelant à son bon souvenir qui l'empêcha de commettre l'irréparable. Mâchoire et poings serré Armand du fait appel à tout son self contrôle pour ne rien tenter.
Et puis, les de nouveaux de pas se firent entendre de plus en plus éloignés. Prenant son courage à deux mains le blond se risqua alors à sortir de la cellule aidé de Félina. Mais Aller vers la cellule théâtre de la grossièreté des gardes quelques secondes plus tôt était bien trop dangereux. Armand prit alors sur lui. Pas sure de comprendre totalement le choix qu'il s'apprêtait à faire sachant pourtant que c était le seul censé, il posa son regard sur la cellule comme si par ce geste anodin il pouvait dire à sa belle de ne pas s'inquiéter, que tout se passerait bien.

Puis, il reprit sa concentration. Déjà Pas simple de sortir de prison, alors laisser ses émotions prendre le dessus serait totalement suicidaire. Et toute la dureté d'un Armand déterminé à les sortir de cet enfer resurgit en un instant. la femme dans le geôle ne risquait pas de s'envoler et trouver de l'aide serait certainement plus utile pour tout le monde. Devait bien y avoir dans toute cette satané prison un gus sur ses deux pattes non?

Adossé au mur, avançant aussi rapidement que possible, les deux prisonniers longèrent un mètre à peine le couloir sombre et humide qui s'étendait sur quelques mètres avant de bifurquer sur la droite. Ils arrivèrent bientôt au niveau de deux cellules l'une en face de l'autre. Armand tacha de regarder dans l'une mais ne vit rien, il traversa alors le couloir manquant de s'écrouler avant de parvenir enfin à atteindre le mur en face.

le cœur du jeune blond battait la chamade. Et dire qu'il venait peut-être de laisser Adye en geôle pour aller vers on ne sait quel gus. L'envie de rebrousser chemin lui tordait les tripes mais plus question de reculer à présent. Prenant une nouvelle respiration, priant pour que les guignols ou le gros lard qu'il avait aperçut un peu plus tôt de repassent pas tout de suite, Armand s'approcha de la cellule de laquelle quelques bruits lui parvenait.. Il s'agrippa au barreau luttant de toutes ses forces pour garder un minimum de conscience et de lucidité. C'est dans le regard complice de la mercenaire qu'il trouva réconfort, suffisamment tout de moins pour tenter une nouvelle fois de crocheter une difficile serrure tout en demandant d'une voix à peine audible :


- Y a qui ici?



(*) dédicace spéciale
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Luciedeclairvaux
[Intérieur jour - Avant l'arrivée du bourreau]

Ses doigts très amaigris et sales tremblaient légèrement, tandis qu'elle se concentrait. Les fibres du tissu autrefois blanc s'étaient prises sous la chaire, collées par le sang de la plaie qui lui fendait tout l'avant-bras. Des sueurs froides et chaudes alternaient, brouillant sa vue. Elle inspira un grand coup pour évacuer la peur de réveiller les douleurs qui n'avaient cessé de marteler son corps depuis des semaines. L'air de la cellule entra dans ses poumons meurtris. Une odeur nauséabonde à laquelle son nez s'était habitué, par la force des choses. Des parfums de rance, de moisissure, d'excréments mélangés, un truc à vous retourner le cœur.

Quand on en a un.

Parce qu'à cette heure, la Blondie n'était plus sûre d'éprouver grand chose pour personne. Si ce n'était une haine sourde qui montait, peu à peu, envers ce duché qui les humiliait. Faisait-on quelque chose pour elle à l'extérieur ? Où étaient les autres ? Des questions qu'elle ne se posait plus depuis belle lurette, tant le sentiment d'abandon était grand. On les avait envoyés au casse-pipe. Seul Arnülf était là, aux petits soins, mais le réconfort n'était que physique. L'étendue de son ignorance prenait toute son ampleur ici.
Ignorants, abandonnés, descendus à l'état de bêtes sauvages.

Déjà qu'avant elle griffait ...

Ça n'allait pas s'arranger.

Elle pensait à tout cela en pinçant entre ses ongles terreux le fil qui avait permis à sa blessure de cicatriser. Un miracle dans de telles conditions. Si la plaie qu'elle avait sur la tronche était aussi belle, elle ne s'en sortirait pas trop mal.

Le fil semblait crisser contre les chaires, dans le silence de la cellule. Seul un gargouillis lui répondit. Faim ! Bien, concentrons-nous sur cet estomac affamé. Faisons abstraction du reste. La main trembla un peu moins. Elle arrivait au bout de son entreprise, quand une voix lui parvint.

A peine audible :

- Y a qui ici?

- Arm' ?


Bien-sûr qu'elle l'aurait reconnue entre mille : c'était la voix de Blondin. Un peu plus grave que d'ordinaire, un peu plus rauque, mais c'était bien sa voix ! Lucie se leva et vit la porte s'ouvrir, comme par enchantement. On y va ? On rentre en Anjou ? Mon père est venu nous chercher ? Elle avança d'un pas, prête à voir la silhouette de Trempouille se dessiner derrière les visiteurs qu'elle avait à peine regardés. Et il était là ! Fier, droit, les bras croisés, un léger sourire en coin sous sa barbe brune, "T'as mal ? j'm'en cogne. Ramène-toi, fille." Les yeux de la petiote brillèrent en regardant le lointain. Un air halluciné trainait sur sa bouille. Elle n'éprouvait plus de douleur. Elle voulait juste ... rentrer.
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Armand.
[Dans le couloir, devant la porte de Lucie]

-Arm'?
-Lucie? c'est toi?


Mélange de joie, de soulagement et d'un brin de déception.. Pas encore pour cette fois la montagne de muscles qui les sortirait de là. Ou étaient donc Maleus, Eik.. Arnulf? les hommes quoi!

- Lucie.. j'vais essayer d'ouvrir la porte...
Tout en parlant à voix basse, le blond entreprit d'introduire une nouvelle fois la tige de fer dans la serrure. Celle-ci était à présent toute tordue et ouvrir une porte avec cela relèverait du miracle. Armand en était parfaitement conscient ce qui le faisait grincer des dents mais ils n'avaient guère le choix. Félina avait toujours sur elle son petit poignard, au moins si les deux guignols revenaient vers eux, cela leur laisserait une chance de ne pas crever sur place. Petit regard du blond à la féline pour se rassurer puis il retourna à sa préoccupation du moment, libérer lucie.

Et alors qu'il s'activait, son esprit ne pouvait s'empêcher d'analyser encore et encore leurs chances, pas bien grandes s'ils étaient tous dans le même état que lui. Heureusement que les gardes n'étaient pas très nombreux...étonnant d'ailleurs, était-ce là le signe que les bourguignons ne les voyait plus comme une menace, tout juste des tas de bidoches attendant patiemment d'être ossit peut-être?
Bien que cela les arrangeait, cette hypothèse énerva Armand qui donna alors un coup un peu plus fort dans la serrure qui laissa échapper un cliquetis. Sourire aux lèvres Armand se retourna vers félina et lança d'une voix suffisante :
C'est qui le plus fort?

Petit instant où le blond redevînt lui-même avant que l'atmosphère pesante de la prison et l'épée de Damocles au dessus de leur tête ne se rappelèrent à son bon souvenir. Il se tut alors guettant des bruits de pas dans le couloir mais rien... tout était calme. Le jeune homme s'appuya alors contre le mur cherchant quelques forces supplémentaires au fond de lui et poussa la grille qui s'ouvrit sur Lucie.. arnulf et un trou....

Arnulf?? un grande surprise frappa Armand, loin d 'avoir soupçonné la présence du nordique. Il recula alors d'un pas s'appuyant involontairement sur sa jambe blessé ce qui lui fit lâcher un cri de douleur. Sa dextre se posa alors immédiatement sur la blessure tandis qu'il adoptait une posture voutée tentant de faire taire la douleur qui irradiait violemment son corps.
Il lâcha un juron alors que la vive douleur se calmait puis reporta son attention sur la blonde. Elle avait l'air... étrange...quelque chose dans le regard. Et sur son visage, était-ce un sourire?

-Lucie est ce que ça va? Le regard d'Armand passa alors alternativement d'Arnulf à Lucie tentant de comprendre ce qui se passait. -Lucie? Armand fit un pas dans la pièce en claudiquant permettant ainsi de refermer la porte derrière eux. La lumière était faiblarde, tout juste un pale rayon provenant du soupirail mais cela été suffisant pour voir l'état de la jolie blonde, pas beaucoup mieux qu'eux mais ses plaies avaient été soigné avec soin apparemment. Petit regard à Arnulf, armand le savait pas infirmier mais pourquoi pas après tout...

-Lucie écoutes moi.. la jeune femme gardait un drôle d'expression comme si elle avait vue dieu ne personne ce qui assombrit les traits du jeune mercenaire. C'était pas vraiment le moment d'avoir une révélation divine. Lucie!! Armand avait haussé le ton légèrement ce qui déclencha une quinte de toux dont il tentant d'étouffer le bruit suivit d'une vive douleur dans la poitrine qui le fit vaciller.
Il lui fallut lutter pour garder conscience, il aurait été si simple de se laisser tomber, d'oublier tout et de simplement dormir mais sa fierté de jeune premier insolent l'en dissuadé. l'était pas encore né le bougre qui lui couperait la tête et pourtant commençaient à être nombreux ce qui avaient essayé, comme ce gus en Rouergue.. sacrée histoire qui mériterait d'être raconté si la situation n'était si désastreuse.

Lucie... murmura encore le blond comme pour garder un pied dans la réalité.. et sans qu'il ne s'en rende vraiment compte son corps lui fit une nouvelle fois défaut. Il s'écroula alors à genoux, bras tendu vers le sol. Sa tête était devenu un labyrinthe donc il ne trouvait plus la sortie, embrouillant ses pensées. Il resta ainsi quelques seconde dans sa léthargie avant de parvenir enfin à recouvrer un peu de raison et de porter une nouvelle fois l'azur de ses yeux vers ses camarades.
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