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[RP] La pilosité du bourguignon s'en doit aller toute verte

--Aarnulf


Ah bah ça alors ... sur le cul qu'il était notre scandinave. S'il se savait costaud, d'ailleurs pur ça qu'on l'avait recruté et non sur l'immense capacité de réflexion du poids chiche qu'il se servait de cerveau, jamais il se serait dru capable de faire écrouler un mur.

Prison Bourgnognone pas solide ...


Oui, notre nordique avait déjà du mal à aligner trois mots en français correct, alors ne pas écorcher le mot "bourguignonne" était totalement mission impossible. Un milieu d'un nuage de poussière et alors que gisaient à ses pieds des cadavres de rats et un tas de pierres, le second colosse de la Zoko aperçut enfin sa blonde.

Vivante ...

A son invitation et en moins de deux pas, Arnülf fut auprès d'elle et l'interrogea du regard plongé dans les yeux aux couleurs de l'océan qui lui rappelait tant sa patrie, une leur inquiète au fond des yeux. Sa pogne cagneuse vînt glisser sur la joue blessée de Lucie alors qu'autre poings se serrait de rage. Celui qui avait osé porté la main sur sa pierre précieuse était déjà mort, et foi d'Arnülf, sa mort ne serait pas rapide et douce. Mais l'heure n'était pas encore à la vengeance, mais à tenter de soigner les plaies de la jeune femme.

Un des geôliers tenta bien de le faire revenir dans une cellule seule, mais un grognement et un regard appuyé eu raison de l'autre. Arnülf n'étant pas une meneur mais un larbin, on se méfiait moins de lui et il était donc plus libre de sses mouvements, une chance pour tous les deux. De toute façon, à ce qu'il avair compris, l'endroit affichait complet, aussi n'avaieny ils d'autres choix que de le laisser partager sa cellule avec Lucie.

Aussi le portier de la Zoko employa les heures et les jours suivant à panser, soigner, nettoyer, recoudre, veillant sur sa douce comme une mère aurait pu veiller sur son enfant, ne dormant presque jamais, surveillant ses moindres faits et gestes. Il la forçait à boire et à se nourrir de l'immonde gruau qu'on leur servait, par la seule passait la survie de son aimée, et il n'y avait aucune négociation possible.

Les jours passaient, et plus rien n'existait d'autre pour lui que Lucie, et cette envie de la faire sortir de là le plus vite possible.


Tenir le coup Lucie .... tenir le coup ...
--Le_mystere


[ Route de Dijon, fin des premiers soins]

Voix féminine qui s'élève dans les airs, parvenant jusqu'aux esgourdes du bouffon,
Alerte, se tourne et se retourne, le jeune homme, cherchant la source du bruit,
Avant de rabattre son regard vers la dame inerte. Oui ! Oui ! C'est elle !
Trop faible, sa voix ... Grommele, le bouffon, et place son oreille juste au dessus du charmant minois

Arrête, tu me fais mal... j't'en prie, arrête...

Larmes qui roulent sur la joue de la maman,
Ennuyé, il est, le bouffon... Bouleversé, même.
C'est qu'il n'aime pas voir les gentes dames pleurer !
Finit le dernier point de suture, coupe le fil avec les dents, et observe avec soin son travail.
Zieuttant de temps à autre la grande blessée qui semble reprendre conscience.
Prunelles qui s'ouvrent avec difficultés, lentement, joliement ...
D'un bleu foncé, saphir, comme la mer, qui lui donne envie d'en faire un poème ... sauf qu'elle lui rabat le caquet avant qu'il ne puisse débiter la moindre rime.


Qui êtes vous ?

Votre sauveur, ma mie. De nom, je n'en ai point, cela vous laisse le privilège de choisir celui que vous préférez.

Et embarque la blessée à bras, prenant grand soin de ne point lui faire mal,
Rouge écarlate, le bouffon, pire qu'une écrevisse chaude.
N'a pas l'habitude d'être aussi cavalier avec les dames !
Capucin joue avec ses cheveux, bien installé sur son épaule,
Jette un coup d'oeil par derrière lui, le bouffon, et sourit en coin, se penchant vers Marko.
Lui souffle sur un ton proche, confidences pour confidences ...


Je n'ai qu'une parole, bonhomme. Ta mère est en vie. Monte sur ton poney, on va rejoindre la ville la plus proche.

Enfourche son cheval de trait, et tire la bride de celui de l'inconnue,
Serre les dents pour ne pas jurer en entendant le môme brailler ...
Mais qu'est ce qu'elles ont toutes à avoir un gamin ?
Plus possible de se déplacer en paix... Trop poli, le bouffon, pour oser râler en public.

...

Arrivés dans Sémur, sourit de soulagement, le toubib improvisé.
Arpente les ruelles, à la recherche d'un dispensaire pour la jeune dame livide qu'il tient dans ses bras.
Trouve son bonheur, et la confie précieusement à des personnes plus compétentes que lui ...
Sans un bruit, s'efface, le bouffon... Quelques clochettes le trahisse ...
Prendre la poudre d'escampette lui évitera de faire la même anerie qu'avec la harpie de Guyenne, qui l'attend toujours à Dijon.
Et puis les au revoir, toussa ... C'est pas son truc.
Une tignasse brune ébourriffé avant de reprendre la route


Veille sur elle, et sur ton nouveau petit frère, bonhomme.


Arf, sentiment d'abandonner l'enfant ...
Foutu sentiment. Ca le perdra.
Danse sur un pied, puis sur l'autre, partir ou rester ? Il ne les connait pas ..
Avant de se décider. Il a été orphelin, il connait sa solitude.
Comprendra, ou pas, le sous entendu ?


Tu veux apprendre à apprivoiser Capucin ?


Séjour à Semur prolongé donc ...
Si fait.
La harpie attendra. Après tout ... C'est pas son esclave. Juste son homme de main.
Mariealice
[Joinville – c'est la période des soins, le Borgne d'abord, les autres après..]

Les regards s'agrippèrent puis la main du Borgne attrapa celle de la brune qui se dirigeait vers la cuisse. Il la reconnaissait à nouveau, mais ce qu'il dit fit hausser un sourcil à Marie.


"Elle m'a donc abandonné..ce ne sera pas la seule à avoir abimé ce qui me reste de coeur...la flamme c'est eteinte d'elle même...prenez soin d'elle."

Interdite, elle le fixait toujours, cherchant à comprendre ce qu'il voulait dire. Non d'ailleurs, comprendre, elle le faisait enfin, c'était plutôt de l'étonnement et une certaine bouffée de colère qui montèrent à cet instant en elle, teintant d'une lueur verte les noisettes vicomtales. La fuite de la rousse plus ces quelques mots éclairaient d'un jour nouveau certaines choses. Et bien la discussion serait encore plus nécessaire et sans doute fort intéressante. Pas certaine qu'elle fut paisible par contre.

Un mouvement la fit sortir de ses pensées mais nul besoin d'intervenir, il n'avait pas la force de se lever. Nouveau froncement de sourcils à la question, une folle envie de répondre d'une façon cinglante mais pour l'instant, c'était les soins le plus urgent. Elle parvint juste à articuler.


Nous verrons cela plus tard. Je dois regarder votre blessure.

Se concentrer sur la tâche, ne pas laisser son énervement prendre le dessus et risquer par là même d'aggraver au lieu de réparer. Un long soupir, laisser partir avec l'air le ressentiment, les questions, tout ce qui pourrait la détourner de son ouvrage.

Elle remonta ce qu'il restait des braies sur sa jambe jusqu'à découvrir le bandage qui suintait. Nul doute que ceci était la source du mal au vu de la couleur et l'odeur du liquide qui l'imprégnait. Lentement elle le défit, parlant tout le long pour lui expliquer que cela risquait de faire mal mais qu'il le fallait, ne put retenir une grimace en découvrant la plaie directement. Infectée oui c'était tout à fait certain. Marie posa un doigt sur un des bords et pressa à peine, la peau était chaude et un gémissement s'échappa de la bouche du borgne.


Bon. Je vais devoir nettoyer et ensuite recoudre pour refermer. Cela sera désagréable mais si je ne le fais pas, il faudra finir par amputer.

De l'alcool pour nettoyer les mains, un linge propre qui reçut sa rasade à son tour et lentement, elle se mit à nettoyer la blessure, vérifiant ensuite l'état des chairs. Ces dernières, une fois propres, ne montraient point de parties nécrosées, ce qui était rassurant. Point besoin donc de les retirer et de creuser pour trouver de la peau saine. Un onguent, pas d'onguent... Examen à nouveau et nouveau nettoyage mais non, c'était certes profond mais recoudre semblait la meilleure solution et elle s'y employa donc, gestes déjà cent fois fait, gestes qu'elle referait sous peu avec Felina. Elle venait de finir, se lavait les mains et eut juste le temps de dire à Maleus qu'il faudrait surveiller le bandage qu'elle avait juste refait et qu'elle lui ferait parvenir de l'eau de mélisse pour soigner sa fièvre qu'un bruit... Non pas le terme adéquat pour ce qui sembla faire trembler même les murs de pierres.

D'un bon elle était debout, se précipitant vers les grilles, besace à la main et tentait de voir. Mais à part des hurlements provenant de plusieurs voix dont une qui lui disait quelque chose, mais sans pouvoir mettre un nom dessus, la brune ne put rien voir. Inutile d'appeler tant que le silence ou du moins un niveau sonore tel que sa voix porterait soit revenu. De longues minutes, un homme en sang qu'on portait et vu les yeux qu'elle avait eu le temps d'entr'apercevoir, elle aurait aussi bien fait de dire un cadavre. Ne pas s'énerver et ne pas paniquer. Regard allant du couloir à Maleus, enfin un garde qui s'approcha et lui expliqua qu'un prisonnier venait de tuer un garde et qu'elle devait partir. Pas le temps de dire au revoir, juste de crier au Borgne qu'elle allait revenir et elle se retrouva propulser dans le couloir, direction la sortie.

Remontant ce dernier, un faible éclat métallique attira les noisettes à ses pieds. Hop, faire tomber la besace, se pencher pour la récupérer, trouver que le métal était une dague et sans plus réfléchir, mettre celle-ci dans la besace. Tout le monde dehors. Enfin tout le monde.....

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Luciedeclairvaux
[Effets secondaires]

Quand Arnülf avait approché sa grosse main, Lucie s'était d'abord braquée, instinctivement, avant de s'offrir à sa caresse, le laissant éveiller l'indicible brûlure qui transperçait tout le côté droit de son visage. Confiante. Ils avaient tous deux la mer du nord dans les yeux, où gris et ciel se rencontrent, loin, loin sur l'horizon pâli par les brumes opalines. On y verrait presque un drakkar apparaître, avec un peu d'imagination, toutes voiles ouvertes, gonflées par le vent cinglant venu de contrées lointaines et peuplées de rennes et d'ours blancs.

Mais ils n'étaient qu'à Joinville, Bourgogne.
Les yeux de la blonde s'emplirent de larmes. Que faisaient-ils là ?!... pour la première fois, elle douta. Pour la première fois, elle vit les gestes patients et attentionnés du géant blond qui ne la quittait pas. Une foule de pensées la submergea.

Son père ... avait-il des nouvelles d'eux depuis qu'il avait quitté la Bourgogne ? Savait-il qu'elle était là, prisonnière ? Ou bien s'en fichait-il éperdument. Après tout, elle n'avait pas écouté ses conseils quand il avait dit de lever le camp, de rebrousser chemin devant les armées qui allaient les encercler, irrévocablement. Il avait été plus sage qu'eux ... certes. Pensait-il à elle ? Lui manquait-elle ? Et ce dîner promis. Et tout ce qu'ils ne s'étaient pas dit...
Et les autres ... avait-elle rêvé les voix chantantes de Felina et de Maleus ? Qu'étaient devenus Amb, Alix, ou Fablitos ? Etait-ce le fantôme de Lorenz qu'elle avait croisé dans ses délires ? Et Laud ? Laud ...

De grosses larmes perlèrent et elle se laissa aller, hoquetant en silence, devant le seul à qui elle laisserait voir ses failles et ses faiblesses.

Les jours passèrent. Il la soignait. La blessure dans le dos, cautérisée par Natt, n'était plus aussi vilaine. A eux deux, ils avaient utilisé presque tout le contenu du petit pot d'onguent qu'elle tenait de cet étranger qui avait aidé la brune. En petites quantités, car les effets secondaires pouvaient être étranges, avait-il prévenu. Arnülf refusait d'en utiliser pour lui-même, préférant se sacrifier. Lucie en avait elle-même enduit ses blessures, le paralysant presque en posant ses frêles mains sur son corps gigantesque.

Le bras de Lucie, en revanche, la lançait perpétuellement et l'affaiblissait un peu plus chaque jour. Arnülf la forçait patiemment à avaler cet épouvantable gruau qui lui soulevait le cœur. Mais elle s'était étiolée au fil du temps et gisait le plus souvent, livide, les yeux tournés vers l'unique et haut fenestron qui donnait une faible lueur et un peu d'air, mais ne permettait même pas de deviner le temps qu'il faisait. Quelle importance maintenant, puisqu'elle allait mourir ici, croupir dans cette puanteur, dans ce trou immonde ...

Le soir venu, il se recroquevillait contre elle, la protégeant du froid et des monstres nocturnes. Alors seulement elle trouvait un peu de repos et s'endormait profondément pour quelques heures, s'anéantissait, si petite contre lui, si loin. Mais le reste des heures n'était que troubles, douleurs, endormissements passagers plus néfastes que réparateurs.

Le corps, meurtri, rompu, manquait de la fatigue saine que procure l'exercice. La nausée ne la quittait plus. Elle respirait à petites goulées, asphyxiant peu à peu son corps et son cerveau, jusqu'à la déraison. Ses yeux, cernés et creusés, étaient devenus inexpressifs, et les sillons creusés dans la crasse par ses larmes n'étaient plus qu'un ancien souvenir.

Un matin néanmoins, des cris la sortirent de la torpeur où elle se réfugiait.


« Hey toi !
Ramène tes miches !! J’veux te causer ! »


El Diablo ! Il vivait, il allait les sortir de là ! Ils allaient repartir, enfin, retrouver l'Anjou. Maleus devait être avec lui ... obligé. Lucie se leva. L'espoir fait oublier la douleur. Elle s'accrocha aux grilles de l'entrée et se tordit le cou pour voir ce qui se passait dans le couloir. Du côté opposé, un peu plus loin, un garde s'avançait, dague à la main, vers un prisonnier qu'elle ne distinguait pas. Les poings de la blonde se resserrèrent sur l'acier froid. Nooon nooooooooooon.
Oh !
Oh nom de dieu !

La grille avait cédé et l'espace d'un éclair, Lucie avait vu Eikorc bondir sur sa proie pour la dévorer toute crue.
Eikorc, et une grille.
Une grille ?!
Les blanches canines de Lucie se découvrirent en un rictus carnassier. Ce n'était pas une vision issue de son esprit affaibli non, elle le vit se redresser, s'ôter la dague du ventre comme on s'ôte une épine inoffensive, puis fondre sur sa victime, ivre de sang. D'ici, elle ne voyait pas le spectacle, mais les bruits parlaient d'eux-mêmes et la blonde se mit à rire. Ces chiens n'auraient pas leur peau si facilement.


Il ne fera qu'une bouchée de vous ! Pauvres Bourguignons galeux !
Par le diable ! Fuyez ! Fuyez !*


Un rire clair et cristallin se mit à rebondir contre les murs. Un rire fou qui cavalait entre les pierres, tel un torrent frais, et finit dans une quinte de toux qui ne calma cependant pas cette onde nerveuse qui la parcourait. Elle tomba à genoux, toussa un flot de sang, et s'évanouit sur le sol crasseux.

Et un sourire flottait sur ses lèvres carmines.


(*Sacré Graal ! revu et corrigé)
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Laudanum
[Absence...]

Lucie était restée, et bien qu'elle ne lui eut pas demandé, elle en fût soulagée. Elle avait maintenu le silence sur le départ du vioc, mais elle le regrettait. Elle ne l'avouait qu'à demi-mots, entre rhétoriques complices, lorsque leurs sourires se croisaient pour mieux défaire leurs interlocuteurs. Les ménages à trois ne lui avaient jusqu'à présent pas réussis. Là, c'était différent. Cet homme qui portait élégamment la barbe et dont on se moquait aisément, confondant l'abondance de sa pilosité avec l'ampleur des années écoulées, possédait un don unique, celui d'unir paradis et enfer à la manière...d'un dieu peut-être. Non, juste d'un être par-fait.

Lorsque l'heure du départ arriva enfin, de manière pressante, le temps sembla s'accélérer. Les montures harnachées en toute hâte piétinaient d'impatience, et les groupes s'élancèrent les uns après les autres dans l'obscurité, le poison fermant la marche avec un petit groupe Qui se trouva rapidement séparé de la tête du peloton, stratégie de dispersion histoire de mieux tromper l'ennemi, sans doute. On ne pouvait pas dire que leur escapade fût un succès, mais auraient-il été mieux, dormant dans les murs de leur forteresse?...

Les bruits de sabots qui s'étaient amplifiés depuis quelques instants l'avaient bien alerté. Mais ils n'eurent le temps de réagir, et se retrouvèrent rapidement encerclés par toute une armée, qui avait une excellente connaissance du terrain. Fuir bien sûr, l'évidence, la première image qui vint à l'esprit. Mais où qu'elle regardât, il se trouvait un homme pour lui faire front. En une fraction de seconde elle comprit : ils étaient perdus, quoi qu'ils fassent. Elle tira tout de même l'épée de son fourreau, et l'arbora fièrement, en émettant un ricanement qui lui donnait la mine d'une folle. Elle fondit sur son adversaire avec la hargne du combattant certain de sa victoire, peu importe que ce soit folie.
C'était pourtant bien folie. Ils furent submergés, fauchés comme un champ de blé par une nuée d'insectes, dévastés et piétinés par ces assaillants affamés de chairs fraîches.

Lorsqu'elle chuta de son cheval, après qu'une, puis deux lames lui brûlèrent les flancs, elle perdit conscience, la silhouette d'une femme menue à la chevelure blonde, se dessinant vaguement avant de s'éteindre et de laisser place au noir total. L'acharnement ne pris pas fin de suite, car chacun voulut tremper le fer en son sang, mais la douleur elle s'échappa, son esprit déconnecté de toute réalité...

...Et les jours de s'écouler, gardant le poison lové dans les nappes sombres d'un coma, qui n'était pas prêt de la rendre aux vivants. Elle ne se rendit compte de rien, tandis qu'elle fut ramenée à Joinville par on ne sait qui, et précipitée sur un tas de foin, d'apparence confortable si l'on faisait abstraction des murs étroits, et de la porte verrouillée qui maintenait la pièce close. La présence de la vermine lui était égale, tout autant que ses besoins vitaux, la vie elle-même fuyant à chaque expiration, à chaque seconde retournée au néant. Le démon allait peut-être enfin trouver la paix, en dehors de l'enfer, ailleurs que dans ces terres, peut-être la précipiterait-on dans cet ailleurs, achevant ce que le métal avait déjà bien entamé. A moins qu'on ne décide de tout faire pour qu'elle vive, pour le plaisir de lui infliger douleur ou punition, rien qu'elle ne connaisse déjà...le sort déciderait, ou le Sans Nom, na foutre...

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Linon
[Sémur, convalescence]

Elle s'était à nouveau laissée aller à l'inconscience quand le bouffon l'avait soulevée, faisant déferler une houle de douleur. La souffrance n'était supportable qu'ainsi, en étant ailleurs... juste le temps de reconnaître la voix de son fils, les cris du nourrisson inconnu et Linon renonça, sa tête roulant pour se caler sur le bras du jeune homme.

Les jours suivants, elle reprit conscience de temps en temps, au moment de soins que des nonnes inconnues lui délivraient avec efficacité. Finalement, un rayon de soleil en caressant sa joue pour lui rappeler que c'était l'été finit par la réveiller pour de bon. La douleur était maintenant supportable, plus besoin de se réfugier dans l'absence. On la décréta hors de danger ou presque, et dès qu'elle put se lever avec l'aide d'un Marko aux petits soins et sous l'oeil attentif du bouffon et de son singe, on lui colla des béquilles, le nourrisson sans nom dans les bras et on lui souhaita bonne chance.

Heureusement, le jeune homme aux grelots tintinnabulants récupéra le bébé, et tout le monde se retrouva dehors, Linon clignant des yeux dans le soleil éclatant, Marko riant aux éclats des bêtises du singe qui essayait de forcer le bébé à manger des fruits secs, le jeune homme rouge de timidité essayant de faire régner l'ordre sans succés.

Ils se dirigèrent vers la première auberge venue, y louèrent deux chambres et la jeune femme se remit au lit en soupirant de soulagement. Ces quelques pas l'avaient épuisée, et en effet, ainsi que l'avait indiqué la médicastre du dispensaire, inutile de songer à remonter à cheval avant plusieurs semaines.

Alors vint le temps de la réflexion. Que s'était-il passé cette nuit-là? Pourquoi avait-elle été attaquée? Marko servit de jambes et d'yeux à sa belle-mère clouée au lit, se renseigna auprès des gosses du quartier et finit par lui rapporter que l'armée qui avait tenté de la tuer était une armée bourguignonne officielle, commandée par un certain Migisti. Incrédulité de l'avocate... qu'est-ce que c'était que cette histoire? Pourquoi la Bourgogne aurait-elle tenté de la tuer? Autre commission pour l'enfant qui lui rapporta un exemplaire du registre des lois bourguignonnes en râlant sous le poids, puis un exemplaire de la liste rouge affichée en gargote.

Linon étudia tout ça pendant deux jours, puis prit sa plume et rédigea quelques lettres. L'indispensable Marko accepta fièrement d'en porter une au château des ducs de Bourgogne et de tout faire pour la remettre au duc Vauxilart en personne, et promis, de revenir sain et sauf ! Et en effet, il revint très content de lui et toujours déguisé en viking, mais sans lettre de réponse... Linon décida d'attendre quelques jours, d'autant plus que des élections ducales étaient en cours, occupant certainement le duc. Elle en profita pour s'habituer aux béquilles, s'amusa à battre des cils devant le bouffon que cela faisait rougir jusqu'aux oreilles pour son plus grand plaisir, répondit à l'appel de Lucie qui avait besoin d'une avocate et recommença même à fréquenter les tavernes, mais seule, le jeune homme aux grelots refusant de s'y rendre.

Le résultat des élections tomba... une duchesse, et qui plus est cardinal! Linon épuisa son petit monde en réclamant d'aller au château, et oui, à cheval ! De guerre lasse, le bouffon finit par accepter de l'escorter... des fois qu'une armée l'attendrait encore. Marko fut chargé de rester à l'auberge pour garder le nourrisson, et de lui trouver un nom. Ce qu'il trouva immédiatement : « Kipu »...

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Mariealice
[Joinville, oui oui toujours. Après l'arrachage de gorge du Géant, avec deux enfants.]

La lame trouvée avait été inspectée de prêt et la phrase gravée lui avait mis un coup au coeur. Pour toujours et à jamais... Ces simples mots trouvaient une telle résonance en elle et l'avaient ramenée à si loin. Un long moment, elle était restée assise, les yeux dans le vague, perdue dans les souvenirs d'un autre temps, une main accrochée comme à une bouée à la médaille de feu son fils, à son cou.

Jacques... Mort tout comme leur fils, dans un couvent. Tout comme son frère. Gaborn et Gaspard s'y trouvaient à cette heure, elle se prit à prier à voix basse mais de plus en plus fort pour qu'eux ne fassent point la même chose.

Mais cette phrase lui disait autre chose, autre chose qui lui semblait familière mais sur laquelle, elle ne pouvait mettre le doigt dessus. Il lui fallait revenir à la prison de toute façon, parler à Eikorc, elle était là aussi pour cela après tout. Sans son filleul certes. Elle n'avait pu se résoudre à l'amener en ce lieu, ne sachant dans quel état se trouvait le Géant. Il n'avait que 5 ans, plus ni père ni mère, Marie ne voulait point lui taire la vérité et à chaque question lui répondait la vérité mais cela... Non il avait le temps.

Besace à l'épaule, la brune reprit le chemin de la prison, s'en savoir que Maeve avait décidé de l'y devancer ni Gabrielle de l'y suivre. Fichues gamines. Oh elle les aimait oui mais parfois, elle lui donnait envie de s'arracher les cheveux. Comme si un tel lieu était un endroit pour elles. Et pour Gabrielle encore moins, ne serait-ce que pour ne pas raviver un passé qui l'avait à ce point marqué que lorsqu'ils l'avaient récupérée, elle était muette. Grognement clairement perceptible à l'encontre de sa fille, excuses à celle de la fille de Gaborn et direction la cellule d'Eikorc. Le garde lui avait bien dit de ne pas s'en approcher, elle avait répliqué qu'elle savait ce qu'elle faisait. Point.

Il avait l'air mal en point et pourtant quand elle dit bonjour ne la reconnut pas tout de suite. Du bruit dans la cellule en face, une femme d'après la silhouette. Guère en meilleur état. Un soupir. A voix haute pour que l'un et l'autre entendent elle se proposa de les soigner. Le Géant refusa, rien d'étonnant pour ce qu'elle savait de lui. Vague haussement d'épaules. Tant pis, s'il aimait souffrir pour rien, cela le regardait après tout. Pour elle le courage ne s'était jamais placé dans ce genre d'attitude, la fierté mal placée si
.

Nous nous connaissons oui, nous nous sommes vus à Moulins et à son mariage. Je suis Marie Alice, tutrice de Gaspard, son fils.

Réaction enjouée? Certes non, plutôt un grognement, celui d'un homme qui semblait ne pas voir de qui elle parlait. Alors explications furent données. Oui c'était bien d'Apolonie dont elle parlait, oui il était vivant, en sa garde, oui il était un de Nerra, à moitié sans doute mais il l'était néanmoins et le jour où il voudrait le voir, il suffirait de le lui faire savoir. Et parce qu'elle se l'était promis le jour où elle avait connu les volontés de son amie, elle les mettrait en contact. Parce que rien ne serait caché sur sa mère. Rien.

Une fois ceci fait la brune demanda à ce qu'on lui ouvrit la cellule de la femme, manda à Maeve de l'eau propre et, comme pour Maleus, s'approcha en douceur. Multiples blessures, celle du visage guérissait mais celle du flanc, à voir le bandage souillé, ce n'était point le cas.

Alors lentement, les gestes de barbière* revinrent à nouveau, bandage ôté, plaie nettoyée à coup de violette sur un linge propre, et constat qu'elle n'était point correctement refermée. Quelques mots et dague sortie, points retirés avant de donner sa flasque à la blessée tandis qu'elle se penchait sur son travail et lentement, avec précaution, se mettait à la couture. Comme souvent lorsqu'elle était concentrée sur une tâche, le reste du monde devenait flou, s'estompait, et elle était tout entière à son travail. Ce fut ainsi que sans qu'elle se rende compte, Gabrielle sortit, trop mal à l'aise et que Maeve se mit à discuter de ce qui leur avait valu à tous de se retrouver enfermés. Un peu plus tard elle dirait à sa fille que parfois on était méchant parce que faire mal aux autres était une façon d'oublier celui qui nous rongeait. Ou, du moins, de penser que cela le soulagerait. Erreur certes mais si souvent commise.

Marie essuya ses mains ensanglantées sur sa propre chemise, en sortit une propre de sa besace, se disant qu'il faudrait penser à en remettre une, la déchira et s'en servit pour refaire le bandage.


Voilà. C'est terminé. Il faudra surveiller. Ah et l'eau est là pour que vous puissiez vous nettoyer un peu.

Le regard de celle qui se présenta comme étant Felina, était interrogateur, et la voix se mit à poser la question de savoir pourquoi. Que répondre à part qu'on ne lui avait pas appris à soigner seulement qui lui plairait mais tous.

Petit sourire triste , ne pas l'oublier... Hum... Peut-être oui. Enfin... Elle n'en savait rien après tout, elle ne savait plus grand chose ses derniers temps à dire vrai. A part sans doute qu'elle devait se rendre à Moulins comme promis. Et puis Maeve et Gabrielle seraient sans doute heureuses de profiter à nouveau d'Arthur. Et elle... Elle devait se reprendre, s'occuper d'elle lui avait dit l'auvergnat. Elle aurait presque rit, presque oui. Drôle d'idée à ses yeux que de s'occuper de soi. Comment faisait-on? Et surtout quel en était l'intérêt? Haussement d'épaules.

Pour l'heure il était temps de quitter à nouveau la prison, elle reviendrait peut-être, sans doute, vérifier les soins, parler, comprendre.. Ou pas. Après tout, même si son naturel curieux la poussait à toujours vouloir savoir, elle avait fini par accepter que bien des choses lui échappaient et le feraient toujours. Y compris sa vie.


*Barbières, infirmières de l'armée en Limousin.

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--Gunther


[Joinville – le premier qui me cherche, je le raccourcis]

Gunther, fais ci, Gunther fais ça. Commence à me gonfler le chef là. L'a de la chance que je doive encore un peu de sous chez la Jeanneton, mère maquerelle de son état, sinon je crois bien que je l'aurais planté là.

Non mais c'est vrai quoi. On m'a engagé pour garder des prisonniers et voilà que je me retrouve à garder des mioches et à recevoir des gens de la haute. Faut pas pousser, c'est pas dans le contrat. Pis qu'est-ce qu'ils font là d'abord? Ils viennent s'encanailler? Se faire des sensations? Je devrais peut-être le relâcher le grand là. Histoire qu'elle voit la bonne femme ce que c'est que la prison, la haine, la misère. Puis comme ça, s'il s'attaque à une nobliaude, j'aurais sans doute le droit de le tuer cette fois non? Certainement plus embêtant qu'un simple garde égorgé.

Fin faut dire que l'autre là, devait pas être fin pour s'être fait avoir aussi facilement. Oui ben il est grand et alors? Dans l'état où il est, je suis certain qu'une bonne droite ça devrait le coucher. Pff l'autre c'était qu'un tir au flanc, un mou du bide. Maintenant il est mou de partout remarque. Tout flasque. Viendra plus me chercher des noises au moins ni me piquer la fille que j'ai repéré chez la Jeanneton. Pour un peu je devrais le remercier l'Eikorc. Mouais. Faut peut-être pas pousser non plus la plaisanterie trop loin.

Ceci dit, ça a du bon ces visites, la brune elle a laissé un pourliche pour avoir ses entrées, pour qu'on la prévienne si une des gamines se radinent, si un des blessés a besoin de ses soins, pour que la tisane soit donnée au borgne. Pas que ça m'intéresse qu'il reste en vie le Maleus, mais elle nous a clairement dit que si y avait un souci, elle nous ferait bouffer nos roubignoles. Et vu la tronche qu'elle avait en disant ça hein... J'ai pas envie de tenter.

Je fais mon tour, je zieute à droite et à gauche. L'odeur je me suis habitué depuis longtemps mais les rats j'aime toujours pas. Dès que j'en vois un, je l'écrase, J'aime entendre le petit bruit des os qui craquent sous ma botte. Y a des trucs comme ça.

Et puis j'ai envie de les faire réagir, un peu alors je répète en faisant ma ronde.


Vous en faites pô mes mignons...Bientôt qu'l'bourreau va viendre... Eh eh.. Et là, on verra si vous faites touj' les fierots.
Ingeburge
[Palais des Ducs de Bourgogne]

— Votre Grâce...
Elle tourna la tête, un peu étonnée d'être troublée dans ses réflexions et regarda l'homme qui se tenait, gêné, dans l'encadrement de la porte et qui venait de parler. Elle ne réagit pas tout de suite et l'homme se permit de répéter d'une voix un peu plus ferme :
— Votre Grâce.

Alors, elle s'anima enfin, encore peu habituée à ce que l'on dit donne du " Votre Grâce ". Il faudrait bien pourtant qu'elle s'y accoutume au risque de paraître toujours de prime abord froide et hautaine à ceux qui s'adressaient à elle. Elle n'avait pas besoin en plus de ce moment de flottement pour avoir déjà une réputation déplorable.
Il faudrait qu'elle s'habitue également au visage des nombreuses personnes attachées au Palais des Ducs de Bourgogne et qui gravitaient désormais autour d'elle. Comme ce secrétaire. Elle qui travaillait toujours seule et qui n'acceptait dans son entourage que peu de personnes, elle était un peu déstabilisée mais pas au point de le laisser paraître.

Elle jeta un dernier coup d'œil à travers la croisée entrouverte, comme à regret puis tout à fait revenue à elle, se rapprocha de l'homme, veillant à maintenir une distance qui lui paraissait acceptable entre ce dernier et elle.
Elle parla, la voix un peu rauque :

— Je vous écoute.
— Merci à vous, Votre Grâce. Il s'agit de la question des prisonniers retenus à Joinville.

Elle fronça les sourcils, cherchant à se souvenir, parmi tout ce qu'on lui avait soumis, de ce dossier-là. Elle garda prudemment le silence, ce qui contraignit le secrétaire à poursuivre :
— Ils ont été appréhendés suite à la déroute des deux armées venues faire le siège de Dijon. Quelques Angevins, des mercenaires...

Le regard de la duchesse se durcit. Pour sûr qu'elle se souvenait maintenant, elle-même avait participé à la défense de la ville d'Autun, contre ses vœux, contre toute prudence au vu de ce qu'elle représentait et contre les avis indignés de ses hommes des Saintes Armées. Elle fit quelques pas, songeuse, le secrétaire n'ayant pas parlé des hérétiques. Elle savait ce qu'il était advenu de Gromukus, enfin, de ce qu'il en restait et par les rapports envoyés par ses chevaliers, elle savait que Sanctus, une fois de plus, avait passé les mailles du filet.
Mais l'homme continuait et elle ne réagit qu'aux derniers mots qu'il dit :

— ... et donc, que devons-nous faire d'eux?
— Les laisser croupir dans des geôles, c'est déjà bien assez d'attentions qui leur sont dispensées.
La réponse avait fusé, nette et tranchante.
Le secrétaire s'inclina et resta silencieux, attendant la suite, peu désireux que l'orage éclate sur sa propre tête. Car la duchesse semblait pour le moins irritée.

Ingeburge était retournée devant la croisée, plusieurs réflexions se bousculant en elle. Elle n'avait pas le souvenir, lors de la passation de pouvoir, que Vaxilart l'ait entretenue de ce point et elle n'avait à vrai dire pas trouvé grand chose à ce sujet. La question lui était même sortie de l'esprit car un peu échaudée par certains réactions, elle avait fini par délaisser quelque peu son rôle au sein de la coordination de défense présidée par le Duc d'Amboise et elle avait même laissé les milites des Saintes Armées mobilisés sous la direction compétente du Chevalier d'Isenduil Epsonstylus de la Marche di Cesarini. Elle avait préféré se mettre en retrait.
Et par la force des choses et des événements, elle se retrouvait à nouveau confrontée à ce qu'elle avait... fui, oui, il n'y avait pas d'autre terme.

Elle revint vers le secrétaire et sa voix redevenue neutre, déclara :

— Le peuple de Bourgogne doit pouvoir être confronté à ses agresseurs, le peuple de Bourgogne doit pouvoir constater que ses ennemis seront dûment punis et châtiés. Les ennemis de la Bourgogne doivent apprendre que notre duché ne craint pas de payer le prix du sang. Et les ennemis de la Bourgogne sauront le sort que la justice de notre duché réserve à ceux qui ont osé profaner notre sol.
Le secrétaire s'inclina à nouveau, une lueur approbatrice dans les yeux. Il se permit de dire :
— Votre Grâce, un de nos vaillants Bourguignons se propose de s'occuper des prisonniers avant que justice soit rendue.
— Vraiment?
— Nous n'avons pas de bourreau officiellement attaché au duché et...
— Son nom?
— Messire Eusaias, Votre Grâce.

Et elle fut ramenée quelques semaines auparavant. Une taverne. Sémur. Et un homme sûr de lui, sûr de ses faits d'armes, sûr de ses succès auprès de la gent féminine. Trop sûr de lui. Il s'était montré charmeur avec elle mais s'y était cassé les dents : n'avait-elle pas fermement refusé d'être embrassé par lui, ne serait-ce que sur le front? N'avait-elle pas également rejeté l'idée de figurer sur une liste recensant le nom des femmes qui lui plaisait?
Elle sourit d'un air peu rassurant; si l'homme était aussi agile avec les mots qu'avec des instruments de torture, l'idée valait le coup d'être exploitée.

La Duchesse de Bourgogne dit alors :

— Faites-le mander. Je dois de toute urgence m'entretenir avec lui.

Après un dernier salut protocolaire, le secrétaire se retira et alla faire exécuter les ordres de sa maîtresse.


EDIT > changement de couleur + fautes
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Eusaias
Ses pas résonnent comme le grondement du tonnerre dans les couloirs du Chateau, il aime se faire voir, entendre c'est bien connu. Il a passé la journée à cavaler derrière des gardes de sa Grâce. Madame la duchesse souhaite le voir, quoi de plus originale ?

Le réveil fut douloureux, un marteau en tête lui rappelle la beuverie de la veille. Beuverie pourquoi ? Cela il est bien incapable de s'en souvenir. Mais c'est un Mauvais, l'oeil allumé par une nuit à festoyer, qui arrive dans le cadre de la porte. Un laquais torse bombé s'apprête à l'annonce, mais la patte du Sémurois le pousse contre le mur afin de pouvoir passer.


"Je suis là ma belle ! Alors, ainsi vous ne pouvez-vous passer de moi ? Vous ai-je donc plus troublée que vous ne vouliez l'admettre. "

La belle ? Oui elle est plutot jolie et bon parti, mais cela n'intéresse guère Eusaias. Il préfère de loin la voir virer au rouge colère, ainsi elle est plus à son gout.

Il prend place dans un fauteuil, pause ses pieds sur le dessus du bureau. Visible sa grâce est prête à prendre la parole, mais il la coupe d'un :


"Vous auriez du vin ? Car si mes souvenirs sont bons, hier j'en ai ingurgité en quantité et je crois qu'il m'en faudrait encore afin de rendre ma tête moins douloureuse. Puis quoi de plus romantique qu'une déclaration d'amour, que vous me ferez, devant un pichet bien remplit qui ne demande qu'à être vide."

Un rictus se fige sur ses lèvres, il soutient son regard.
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Armand.
Avait-on répondu à son appel ou bien allait-il crever là, dans ce trou, dans l'indifférence générale? Le blondinet, oscillant toujours entre sommeil et semi-conscience, n'aurait su le dire. Combien d'heures avaient encore passé depuis qu'il s'était libéré de ses chaines? Combien de fois ne s'était-il pas mit à rêver vivant mille scénarios d'évasion alors que son corps, toujours allongé sur le sol crasseux de sa cellule, n'avait guère bougé, ses espoirs chaque fois déçu lorsque ses yeux se rouvraient sur la morne réalité. Même la fièvre toujours aussi fidèle n'était plus bonne compagne. Son corps devenait plus douloureux, ainsi rester dans la même position devenait un supplice et bouger tout autant. Un rictus passa sur ses lèvres alors qu'il repensait à sa conversation avec Félina quelques jours avant le drame, peut-être aurait-il du écouter la jeune femme qui lui avait conseillé de prendre une autre route que la leur compte tenu des risques. Aux vues du résultat, surement aurait-il mieux fait de suivre le conseil pourtant il savait que si le choix se représentait à lui il ne changerait rien à ses choix.


[dans la prison, durant le "repas" du colosse]

Rêvant encore ce n'est que les grincements de grilles et des éclats de voix lui parvenant depuis couloir qui le réveillèrent. Comprendre que le colosse venait d'agresser un garde était bien au delà de ses forces cependant il comprit que quelque chose venait de se passer. Ça hurlait, ça riait dans les couloirs, des bruits de pas raisonnaient faisant trembler le sol de sa cellule. Un gardien regarda même à travers la grille de sa cellule pour voir s'il restait tranquille. Incapable de bouger, un sourire vînt cependant orner son visage, ainsi donc les autres commençaient à se faire entendre. Et cette conviction, à défaut d'une bonne pitance, redonna au jeune homme force et espoir ainsi que la volonté de garder conscience.

A l'affût du moindre bruit, oubliant pour un temps son corps endolori, Armand réussit à rester éveiller, luttant contre le sommeil et l'évanouissement. A un certain moment il cru ainsi reconnaitre les voix de quelques uns de ses acolytes auxquelles se mélangeaient d'autres voix, celle d'hommes, de femme et même d'enfants semblait-il .. surement le délire qui une fois de plus se jouait de lui, brouillant ses sens à l'en faire croire l'improbable. Il resta alors prostré dans le fond de sa geôle pendant un temps qui lui parut interminable, être conscient n'était finalement pas un état guère enviable à l'état de semi-inconscience dans lequel il vivait depuis cette nuit là en Franche-compté. Il essaya bien d'en savoir plus que l'agitation qui avait parcouru la prison mais les gardiens venant lui apporter sa pitance n'étaient bavards, un garde avait été blessé, voilà tout ce qu'il avait appris recevant une tarte dans la trogne en prime.

Étant à présent conscient, bien qu'encore un peu groggy par la fièvre, le jeune mercenaire put enfin faire le tour de ses blessures. Outre l'impression d'être passé sous une charrette, il avait une vilaine plaie au flan et surement une toute aussi moche au crâne. De nombreux bleus, bosses, égratignures et autres contusions parcouraient son corps lui donnant une teinte légèrement violacée à peine visible cependant du fait de la pénombre régnant dans la pièce. Son épaule gauche lui lançait atrocement depuis qu'il s'était libérer de ses entraves et apparaissait gonflée. Sa jambe droite ne semblait pas dans un meilleur état, du sang séché la parcourait de part en part mélangé a une substance verdâtre peu réjouissante.

Laissant son regard caresser les murs de sa prison, Armand se demanda si les bourguignons n'avaient pas tout simplement l'intention de les laisser croupir là. Lui qui s'attendait presque à être écartelé en place public, avait bien du mal à comprendre leur stratégie. Les bourgignons ne semblaient guère pressés de les exécuter et n'attendaient certainement pas leur rétablissement au vues du manque d'attention à leur égard. Il faut dire que la surveillance dans cette partie de la prison était plutôt réduite, tout juste si le garde passait deux fois dans la journée autrement que pour lui apporter le gruaux immonde qui lui servait de nourriture. L'odeur encore plus immonde qu'à leur arrivée décida le jeune blond à quitter sa condition de loque humaine. Dans la prison tout était enfin devenu calme si ce n'est des voix dans la cellule d'à côté. Des femmes, Armand n'en comprit pas d'avantage. Est-ce Lucie, Félina ou Adye qui était à côté depuis tout ce temps?


[Quelques temps après départ de Marie-Alice de la geôle de Félina]


Réunissant ce qui lui restait de force, Armand commença donc ainsi une longue traversée à travers la petite pièce tentant de faire le moins de bruit possible tout en se trainant sur le sol. La douleur plusieurs fois le contraignit à faire halte mais sa soif de liberté était plus force que les hurlement de son corps. Combien de temps mit-il à attendre l'autre côté de la cellule, il n'en eut pas la moindre idée.

Affalé derrière la porte Armand attendit quelques minutes le temps de reprendre son souffle enfin se hisser sur ses pieds faisant reposer son poids sur la grille. Une nouvelle fois le jeune homme retira la petite tige métallique qu'il cachait soigneusement dans sa bottine, vestige d'un passé ou il avait surement passé plus de temps enfermé qu'à l'air libre. Son poignet foulé rendait l'opération bien plus délicate que dans ses souvenirs. Étaient elle aussi résistante les geôles Languedociennes? ou bien encore celles des bas fonds de ludéva?

La nuit semblait être tombée quand enfin un cliquetis raisonna dans la cellule faisant sourire le blondinet. Sous le poids du prisonnier la porte vacilla sur ses gonds. le plus dure maintenant allait être de se faufiler à l'extérieur en évitant les gardes. Se relaissant tomber à terre, Armand poussa la lourde grille qui se mit à grincer contre le sol le faisant lâcher un juron. Il lui fallut encore bien des efforts pour parvenir à se hisser sur ses pieds, sa jambe droite ne parvenant qu'à le soutenir mollement il dut s'aider du mur en claudiquant pour arriver à faire quelques mètres.

Son sourire charmeur ne quittait plus ses lèvres à présent. Il s'en fichait du sort que pouvait bien lui réserver les bourguignons mais tant qu'il serait vivant il ne laisserait aucun de ces porcs toucher la p'tite brunette. Fort de cette promesse qu'il s'était fait à lui même bien avant le début de tout ce merdier, Armand avança doucement après avoir refermé la porte de sa cellule.

Avancer, ne pas reculer.. il était bien trop tard à présent pour faire machine arrière. Avancer pour enfin savoir ce qui était arrivé à ses compagnons d'infortune : maleus, lucie, félina, eik et bien sur Adye. Le sale caractère de la brunette lui avait presque manqué durant ces jours passé à agoniser sur le sol froid de la prison ce qui le fit sourire. Se perdre ainsi dans ses pensées lui permit d'oublier la douleur vive qui irradiait sa jambe, son bras alors que centimètre par centimètre il avançait en direction de la geôle la plus proche.

Son plan arrivé là? le blond n'y avait pas vraiment réfléchit. Peut-être espérait-il simplement y trouver une personne assez forte pour l'aider à se sortir de là. Hors de question de laisser ces idiots de bourguignons disposer d'eux à leur guise comme des tas de viande. Ils devaient s'en sortir ou du moins tout tenter pour y parvenir. Aussi, après quelques minutes d'un effort que le blondinet fallait reconnaitre que l'ouverture de la porte était bien plus aisée. Rassemblant une dernière fois ses ultimes forces dans la bataille pour sa survie, le jeune garçon poussa la grille qui se mit un fois de plus à protester. Le blond lâcha une nouvelle vague de jurons bien colorés tout en se glissant à l'intérieur. Épuisé, il se laissa glisser le long du mur à côté de la porte se contentant d'observer passif la forme qui était couchée là sur le sol apparemment inerte.

Il aurait voulu lui crier de se lever, hurler qu'ils étaient libre.. enfin... mais la réalité de leur condition le frappa une nouvelle fois et c'est dans les bras de Morphée qu'il finit une nouvelle fois sa course avant que le moindre mot n'ait le temps de franchir le seuil de ses lèvres.

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Ingeburge
[Palais des Ducs de Bourgogne - Retrouvailles intéressées mais intéressantes]


Une entrée virevoltante... elle n'en escomptait pas moins. Elle ne connaissait que peu l'homme mais il était de ces êtres qui ne s'embarrassaient de faux-fuyants.
Elle aurait donc pu s'offusquer de cette arrivée loin d'être protocolaire comme elle aurait pu s'irriter de voir son bureau en bois précieux être ainsi sali par des chausses qui avaient traîné plus souvent qu'à leur tour dans les bas-fonds de Bourgogne. Elle aurait pu se vexer qu'il s'adresse à elle comme il devait le faire avec les catins qu'il lutinait comme elle aurait pu être fâchée qu'il néglige les règles de bienséance et d'étiquette les plus élémentaires.
Mais elle n'en fit rien, se contentant de congédier d'un geste de la main le malheureux huissier qui avait pu littéralement constater de quel bois étaient faites les portes du Palais des Ducs de Bourgogne.

A dire vrai, la servilité, les ronds de jambe, les marques exagérées de déférence la laissaient froide. Elle ne les appréciait que lorsque la personne cherchant à obtenir ses faveurs était franche et allait droit au but. Certes, elle attendait que l'on respecte son rang mais seulement par honnêteté de conduite et elle préférait qu'on lui dise qu'on voulait se servir d'elle plutôt qu'on minaude devant elle.

Et voir Eusaias, minauder, c'était aussi sûr que de voir geler la Saône en plein mois d'août.

Il réclamait maintenant du vin, ne la laissant pas s'exprimer et elle laissa faire, patiente. Une fois qu'il se fut tu, elle déclara d'abord :

— Me troubler? Je vois que vous aimez toujours autant à vous flatter.
Elle soutint son regard, amusée et ajouta :
— Allons donc, l'homme qui saura... m'émouvoir n'est pas encore arrivé. Et non, non, ce n'est pas une invitation que je vous lance, ni même un défi. Je ne pense pas que vous soyez homme à perdre votre temps.
Puis, elle lança :
— Et je ne voudrais pas que vous vous détourniez de votre cohorte de damoiselles énamourées et d'épouses mal mariées que vous saurez à coup sûr contenter.

Elle inclina gracieusement la tête, marquant ainsi la fin de leur badinage. Elle aurait apprécié de poursuivre encore la joute verbale si des affaires urgentes ne la contraignaient pas à couper court. Et la question des prisonniers enchartrés* à Joinville se faisait chaque heure de plus en plus pressante. Quoique fussent ses sentiments à leur égard, elle ne pourrait différer plus longtemps et les châtiments et le procès. La Bourgogne attendrait et le Très-Haut seul savait si elle attendrait encore longtemps.

Ingeburge se leva et se dirigea vers une console sur laquelle étaient disposés des carafons régulièrement renouvelés. Elle versa deux pleins hanaps de vin et vint en présenter un à Eusaias. Puis, elle repoussa les pieds du Sémurois avant de se caler, debout face à lui, appuyée sur le bureau, son verre posé à côté d'elle.

Elle ne lui laissa pas le temps de protester et embraya sur l'objet de la convocation :

— Il se murmure que vous connaissez fort bien votre affaire dès lors qu'il s'agit de malementer** et faire douloir*** les personnes qui ne méritent pas autre chose que de souffrir afin d'expier leurs fautes.

Son regard glacial resta posé sur Eusaias et elle susurra :
— Il y a de quoi faire à Joinville et n'ayant pas d'exécuteur des basses et hautes œuvres à disposition, je gage que nous pourrions nous entendre.
Elle poursuivit de la même voix douce :
— Le peuple de Bourgogne doit voir ceux qui ont tenté de le terroriser diminués lors de leur comparution devant la justice ducale. Vous devinez aisément pourquoi.

Elle se saisit alors de son verre, plongeant ses yeux dans le liquide semblable à du sang puis y trempa les lèvres, son regard se fichant à nouveau dans celui d'Eusaias.


* emprisonnés
** tourmenter
*** souffrir


EDIT faute d'accord toute pourrave
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Eusaias
De Marbre, elle est restée de marbre. Le Mauvais a perdu cette bataille, il le sait, mais la guerre est loin d'être terminée. Il sait que la prochaine fois il la chatouillera sur des points plus sensibles comme la religion.

Il porte son verre aux lèvres, tout en écoutant avec attention Ingeburge. Il se remémore les mots qu'avait employés la petite tête blonde, appelée par le commun des mortels, son altesse Armoria. Ils se chamaillaient la tête du Lion qui déambulait sur les routes bourguignonnes.


" Eusaias, si pour une fois vous décidiez de m'écouter, sachez que la Bourgogne cherche bourrel à son pied. "

Son visage se ferme, il reprend son sérieux peu connu. Il se lève, pose son verre sur le bureau, ses doigts glissent le long du bois. Son regard s'évade par la fenêtre. Il pèse en ça tête le pour, le contre.

il se replace devant Ingeburge, réfléchit encore un peu.


" Dame, vous savez, je suis quelqu'un de pas toujours très arrangeant, pas toujours très agréable non plus. Je suis prêt à enfiler le costume de bourreau, prêt à mettre mon danger ma vie, mon âme pour le bien des bourguignons. Mais... qu'aurai-je en retour ? "

Il porte son attention sur le bouton d'une de ses manches qui n'a pas eu le temps d'être passé et répare ce détail.
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Ingeburge
Le silence s'était installé, palpable, prenant ses aises dans la pièce aux dimensions moyennes dans laquelle la duchesse recevait en audience particulière.

Elle put voir le changement de physionomie s'opérer sur le visage d'Eusaias, celui-ci avait appréhendé la gravité de la discussion. Et, comme tous les hommes de sa trempe, il savait quand il devait redevenir sérieux.

Il se leva, laissant son hanap vide sur le bureau et fit quelques pas, songeur. Elle observa attentivement ses traits, tâchant d'y deviner les résultats des réflexions menées dans sa tête. Et il revint finalement face à elle, demeurant à son tour debout et finit par répondre.

Elle ne dit rien, pas tout de suite, s'attendant bien à cette réplique même si elle avait candidement espéré — et elle ne se rendait compte de cet espoir qu'à l'instant — que le prosaïsme ne reprendrait pas tout de suite ses droits. Certains mots vibraient encore en elle : l'expiation, l'honneur de la Bourgogne et les besoins des Bourguignons; elle pouvait en percevoir l'écho avec acuité.

Mais elle ne cilla point et dit :

— La coutume veut que l'exécuteur récupère des suppliciés tout ce qui se trouve au-dessus de leur ceinture. Vous prendrez tout ce que vous pourrez récupérer; au-dessus, en-dessous, cela importe peu. Vous aurez également le droit de vous servir dans les effets qui ont été récoltés lors de la déroute de nos ennemis. Vous serez ensuite récompensé au début du procès, afin de compléter votre moisson.

Elle glissa, narquoise, rompant quelque peu avec l'atmosphère qui s'était faite plus pesante :
— Et avant que vous n'en émettiez l'idée, non, je ne suis pas incluse dans ladite récompense.
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Felina
[Quand le temps passe, lentement, trop lentement]

Vivante ou morte ? De nouveaux les heures, les jours s’écoulent, la Rastignac a perdu toute notion du temps. Seule la faible lumière qui parvient à entrer dans sa cellule via le soupirail lui indique s’il fait jour ou nuit, mais la mercenaire n’a pas l’esprit assez alerte pour penser à compter les jours qui passent. A quoi bon d'ailleurs ? Marie n’est jamais revenue, ni sa fille, sûrement toutes deux sont elles parties. Soupir … épaules qui s’affaissent. Quand donc tout ceci va-t-il finir? Félina est de nouveau retournée à son mutisme, passant ses journées blotties en boule dans le fond de sa cellule, ménageant le peu de force qu’il lui reste.

Parfois elle sort son état léthargique et s’empare de la plume et de vélin laissé par Maeve, et c’est ainsi que bientôt, trois lettres prennent naissance, trois courtes missives : vont-ils seulement recevoir ces mots un jour, leur annonçant la nouvelle de son emprisonnement. Rien n’est moins sûr, il va maintenant lui falloir trouver le moyen de soudoyer l’un de leur taulier. Les précieuses lettres sont glissées à sa ceinture, et la sauvageonne se raccroche désormais à cet espoir futile de parvenir à les envoyer vers leurs trois destinataires : un homme et deux enfants.
Alors qu’elle somnole a moitié, la Féline n’entend pas les grilles voisines grincer sur leur gonds, ni même les siennes, et ne s’aperçoit pas tout de suite que quelqu’un vient d’entrer dans sa cellule . C’est une voix qui la tire brutalement de son sommeil sans rêve.


Vous en faites pô mes mignons...Bientôt qu'l'bourreau va viendre... Eh eh.. Et là, on verra si vous faites touj' les fierots.


La fière et courageuse mercenaire ne peut pourtant pas réprimer un frisson, mélange de peur et d’horreur. La question … on lui en parle depuis des années, et elle sait que rares sont les personnes qui en ressortent indemnes . Ainsi est ce là le sort qui leur est réservé : souffrir de nouveau et se voir humilié par leurs ennemis. Tout se confirme, la mort eu été une vraie délivrance, mais après tout, peut être sera-t-elle là tout de même, au bout d’un chemin long et douloureux. Pourquoi diable n’a-t-elle pas voulu se saisir d’elle là bas en Franche Comté ? De rage et de dégoût, Féline s’empare du premier objet à sa portée, ce qui s’avère être sa gamelle, et la jette avec le peu de force qu’il lui reste vers la grille.

La ferme sale chien !! Laisse nous tranquille !!

Et c’est seulement en cet instant qu’elle remarque une forme, assoupie près de la grille, dos contre le mur. Par reflexe elle porte la main à son ceinturon, grimaçant sous la douleur d’un tel geste, puis secoue le trogne … Stupide ma fille, tu n’as plus aucune arme. Puis lentement son esprit se remet en marche et elle réalise qu’il ne peut s’agir d’un ennemi. Alors, la Rastignac se lève, et prenant appui contre le mur, oubliant la douleur dans sa jambe, franchit en claudiquant les quelques mètres qui la séparent de son nouveau comparse de cellule.
Puis elle s’accroupit à ses côtés, son pouls s’est accéléré à l’idée qu’il soit mort, car pour elle c’est la seule raison de la présence de cet homme ici. Il vient d’être blessé, et on l’a mis ici faute de place ailleurs, pour le laisser mourir comme eux. Et c’est là qu’elle le reconnaît, un blond au visage d’ange, elle n’en connaît pas cent mille. Une main tremblante se pose alors sur l’épaule du blondinet, le secouant légèrement :


Armand ?


Le ton est inquiet, le regard sombre de la mercenaire lui est interrogatif. Par quelle diablerie est il rentré ici ?
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Ceux qui jouent avec des félins doivent s'attendre à être griffés.
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