[RP-La Teste] Sic vadit Vitae*

C'est un pigeon un tantinet épuisé, les ailes encore couvertes de givre, qui vient toquer ce soir là à la fenêtre d'Athalia. Le pauvre Aldo n'est plus que l'ombre de lui-même, il n'a que la peau sur les os et le poil qui pendouille mais il roule quand même des mécaniques en voyant approcher la Sauterelle.

Ha y'a pas de doutes, c"était plus rigolo quand l'aut' cinglé de barbu se contentait de poser les affiches de sa poule à Venise, hein !
Foudroyant la jeune femme d'une prunelle noire, Aldo se glisse la pièce sitôt la fenêtre entr'ouverte, avant de laisser tomber le bout de parchemin roulé. Il entreprend à présent de roucouler d'un air pathétique, signe formel qu'il a faim.


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Eugène Cheminard, dit le rabailloux

~Décembre 1465, sur les ch'mins entre l'auvergne et la guyenne~

Ecrire. Il semblait à Athalia qu'elle passait presque ses journées à ça (ui, elle a parfois une tendance à l'exagération!).
Entre la relation épistolaire qu'la jeune femme entretenait avec Eugène (1), ses correspondances avec Laury (2) (on not'ra au passage que c'ne sont qu'des femmes qui écrivent, einh!). Soupirant, la jeune femme rangeait dans ses fontes les derniers écrits d'Guillaume, l'mercenaire. L'règlement avait été promptement et rond'ment mené ; l'bailli du dûché du pays des volcans endormis (com' elle s'plaisait à l'dire!) étant d'passage à Montpensier l'jour où elle avait r'çu la note. Préférant les comptes ronds, Athalia avait versé 300 écus. Un souci d'moins désormais.

N'lui restait plus qu'à répondre à la dame Lali qui lui avait écrit quelqu' jours plus tôt. Elle espérait qu'cette dernière pourrait l'aider à sortir d'sa torpeur son beau-père. Athalia r'sortit l'courrier d'l'amie d'sa mère, histoire d'se rafraîchir la mémoire. (ui, c'la faisait quelques jours d'jà qu'elle l'trimbalait dans ses affaires!).





-Beurdel! j'sais bien que j'suis une fille. Sont pénibles avec leur "dame" à tout bout d'champs, tseuh.

Et sans s'en rendre compte, elle allait faire pareil. Mruf, com' dirait Eugène.




Avant d'se rendre au pigeonnier communal, Athalia rajouta dans ses correspondances diverses et variées l'mot d'la curette-journaliste d'Rochechouart. Conserver l'nom d'cette sympathique personne au cas où un jour, elle ait b'soin d'faire appel à ses services.







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♦ Juste elle ♥

L'coup d' la mouette morte, Athalia n'était pas sûre qu'ça fonctionne, vu qu'elle lui avait d'jà fait l'coup quelques jours plus tôt, mais c'te fois pour récupérer un os.

Eugène n'a t'il donc aucune mémoire ? C'ptètre pour ça qu'il tient absolument à rester quelques temps dans un village à lac à s'empiffrer d'poissons.

S'agitant toujours dans l'eau qui est quand même fraîche, la jeune femme rit d'le voir jurer ainsi, mais r'lâchant un peu son attention boit la tasse.


j'crois bien avoir vu deux anguilles là-d'sous, sortant d'un gros sac informe et violet. J'vais nous les attraper, on les f'ra griller ce soir ça doit être succulent...
A moins que je n' les grignote crues derechef, parait qu'c'est pas mauvais non plus !

Elle tousse, elle tousse, l'cherche des yeux mais il a d'jà r'plongé dans l'eau.

Athalia sent quelqu'chose la frôler mais l'eau est si trouble qu'elle n'sait pas si c'est réellement un ban d'poissons ou bien Eugène.

Puis tout s'accélère sans qu'la jeune femme est l'temps d'dire ouf.

Un gros bruit, l'tonton qui déboule, Laurylyne qui crie, un gros splash d'nouveau. Ca va être la fête à la maison, c'soir, c'sûr.

-Hem. S'penchant vers Adric. Mais pourquoi elle dit vous en parlant d'toi ?

R'montant sur la berge, Athalia fila sans d'mander son reste, commençant à essorer sa ch'mise, puis s'allongea près d'ses affaires, r'tenant à grand peine un éternuement.

At chaaaa.

Ah ben non, trop tard.
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♦ Juste elle ♥

~Rodez, d'nouveau, début juin 1465~


C'pas simple d'mener un groupe de plus de 2 personnes. Après l'escapade sur Millau, Athalia avait optée pour la technique du on bouge, on bouge pas, et ainsi d'suite. A ses yeux c'tait l'seul moyen de n'perdre personne en route. Mais fallait s'y attendre, ça n'plaisait pas.
A Eugène qui disait qu'à c'rythme, ils s'raient à Bordeaux en automne et à son oncle qui s'demandait pourquoi. Bah voyons.Mais si la jeune femme traînait aussi, c'tait pour une toute aut' raison, qu'elle n'avait évoqué avec personne. Athalia avait peur, tout simplement. Peur de c'qu'ils trouveraient ou n'trouveraient pas dans la demeure du couple, à La Teste. Elle avait aussi questionné un peu son oncle, mais c'dernier semblait n' pas savoir grand chose. Et il prenait toujours la défense d'Thael, arguant l'fait qu'il n'fallait pas l'condamner sans savoir. Pourtant, aux yeux d'Athalia, l'Normand était l'coupable idéal et l'parfait exutoire qui lui permettait d'extérioriser un peu son chagrin.

Et chose rare en c'jour, la jeune femme éprouvait l'besoin d'écrire. Athalia s'rait'elle en train d'changer ? Mais donner d'ses nouvelles, il paraît qu'ça s'faisait. C'donc attablée à la municipale d'rodez qu'elle écrivit un ptit mot pour la princesse d'Montpensier.




Rel'vant l'museau vers c'filou d'Eugène qui sirotait une chopine.

-Hem. J'écris à Atalante, là. Si vous voulez qu'j'écrive quelques mots, j'peux l'faire pour vous. Mais pas trop vite, hein ! Et lâchez c'te chope, ainsi qu'la bouteille qu'vous planquez.
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♦ Juste elle ♥

L'bougre a un débit d'parole à la minute assez impressionnant. Presqu'autant qu' sa descente qu'Athalia n'aim'rait pas r'monter à pied. Elle essaie tant bien qu'mal d'tout noter, mais ça va quand même drôl'ment vite. Si bien qu'il manque certain'ment des morceaux d'phrases, mais l'gros y est. 'fin, normal'ment. Hum.

C'est pas l'principal ?

A la question d'Eugène sur l'état d'son poignet, Athalia penche légèr'ment la tête sur l'côté, s'demandant si elle va s'faire plaindre ou non. C'tentant, mais ça semble quand même risqué aussi. Alors dans l'doûte.

-Hem, j'ai vu plus court quand même.La prochaine, ptètre qu'c'est vous qui l'écrirez Mon poignet m'tire un peu, mais avec quelques plantes et un peu d'vot' chope, j'pense m'en r'mettre et ainsi éviter l'amputation. Vos affaires sont prêtes ? Villefranche nous tend les bras.




L'vélin sera déposé au service postal juste avant qu'l'équipée sauvage n'reprenne les ch'mins sûrs du Rouergue.
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♦ Juste elle ♥

Thomas espérait vraiment qu'ils trouveraient quelques éléments utiles dans la maison de leur Mère... Mais la connaissant, c'était peu probable...
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Thomas de Meyran
Fils d'Aiguemarine et de feu Nictail de Meyran
Frère d'Athalia, Aurore et Nathan
Filleul de Korydwen et Sindbad

~Marmande~


Elle avait pris connaissance d'la missive d'Atalante et avait transmis à Eugène la partie le concernant. Erreur, grave erreur. Voilà qu'il profitait de n'pas encore maîtriser la langue de molière et tannait Athalia d'réécrire à la princesse lorsqu'ils seraient à Bordeaux. Bien évidemment, la jeune femme avait tenté d'esquiver c'qui pour elle r'semblait plus à une corvée qu'aut' chose, invoquant tout et n'importe quoi, comme un arrêt cardiaque d'la blonde bourgmestre, mais nenni. Eugène n'voulait rien savoir et avait en plus évoqué l'envoi d'un ptit présent avec ladite missive. Peuhfff.

Ptètre aurait'elle dû jouer la carte du chantage et l'priver d'massage, comme c'lui dont il avait bénéficié sur un banc d'montauban (1) afin d' savoir quel était l'cadeau réservé à Atalante.

Aujourd'hui, attablée à la taverne municipale, Athalia prenait connaissance d'une réponse d'Guillaume. Le légendaire, comme il s'faisait visiblement surnommer n'avait guère de piste sur bôpapa. Elle soupira douc'ment et alla glisser la missive du mercenaire sous la porte d'la chambre d'son frère afin d'le tenir un peu au courant.




Il f'sait beau, il f'sait même plutôt chaud pour la saison. Qu'allait'elle de son après-midi ? Athalia s'para d'un chapeau d'paille et munie d'son livre sur les principes du droit, sorti s'chercher un endroit tranquille où elle pourrait continuer à bouquiner. C'la ne s'rait pas très compliqué en c'village qui semblait bien désert.




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♦ Juste elle ♥

~Bazas, sur la lice~


Bien calée cont' les bottes d'foin, et suffisamment à l'écart, machonnant toujours son bout d'paille, Athalia observait les techniques des archers, tentant d'les mémoriser. Elle vit avec plaisir qu'Laury, malgré c'qu'elle pouvait raconter, v'nait s'prêter au jeu. Athalia lui adressa un sourire d'encourag'ment et l'va l'pouce en sa direction une fois qu'c'te dernière eût terminé.

La jeune femme trouvait qu'les participants n'étaient pas nombreux. Ptètre qu'avec la chaleur, l'coin humectage d'gosiers était plus fréquenté. C'ainsi qu'elle quitta la lice et n'y r'vint qu'à la tombée d'la nuit, afin d'voir la prestation d'son oncle. Il participait juste pour lui faire plaisir, alors, elle estimait d'voir être présente. D'jour, c'tait d'jà pas facile facile, alors à la lueur des flambeaux. C'la n'empêcha pas Adric d'battre son score.Mais, contrair'ment au reste d'la famille, la jeune femme n'avait pas la défaite difficile.

Et c'en applaudissant son oncle qu'elle l'rejoignit, une fois qu'il eût bien tiré toutes ses flèches.

-Et ben, tu t'débrouilles pas si mal, final'ment.

Athalia lui colla une bise avant d'l'entraîner vers le reste d'la troupe et des ch'vaux.L'départ étant prévu l'soir même.


~Bordeaux~


C'te fois, ils y étaient et elle n'pouvait plus reculer. Athalia tourna la tête vers son frère après qu'ils eurent passé les remparts. Ressentait'il la même chose qu'elle ? L'angoisse,l'inquiétude r'faisaient surface. Bon gré, mal gré, elle suivit son oncle et sa future tante vers leur demeure. Ils avaient ptètre raison. Thomas et Eugène n'resteraient pas seuls l'temps d'sa visite à La teste de buch. En cet instant, les mots d'sa mère r'montèrent dans son esprit : n'jamais oublier qu'ils avaient une famille et qu'c'était bon d'pouvoir compter sur eux.
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♦ Juste elle ♥

Il lui avait demander de lui donner des nouvelles et de l'avertir si par miracle elle parvenait à retrouver la trace de Thael et Marine.
Bien qu'elle lui ai dit qu'elle n'aimait pas particulièrement écrire, pas un instant il n'avait douté de la parole qu'elle lui avait donné de l'avertir pour le cas où.

Il ne s'attendait cependant pas à ce que ce soir le lendemain de son départ !!

Alors lorsqu'il commença à lire la missive, il se trouva surpris.Sur l'instant il s'inquièta, pensant qu'ils s'étaient fait agressé tous les trois durant leur trajet vers Tours. Mais quand il en arriva au but de la lettre,ce fut une chance qu'il soit assis.
Thael à Tours !! Elle qui le pensait dans l'un de ces pays tout au nord se trouvait en fait là, tout proche.

Il imagina ensuite ce qu'avait pu être leur tête à tête, l'effondrement qu'avait du être celui de son ami en apprenant le tragédie qui s'atait déroulée au monastère où Marine était allée enfanter pour plus de sécurité. Ironie du sort...

Il lui fallut un certain temps avant de parvenir à prendre plume et parchemin pour répondre à la jeune femme.


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Blason en refonte

~Montpensier, aux alentours du 09 Novembre 1465~

L'alerte angevine étant passée, la jeune femme, avec l'accord d'la chef d'armée, avait pu regagner son village d'adoption. Ces quelques s'maines passées au sein du campement lui avaient appris pas mal d'choses. Et la jeune femme avait aimé. Son désir, au printemps prochain, d'intégrer l'ordre des dames blanches à l'écu vert s'en était vu accentué. Athalia ressentait c'b'soin d'aider son prochain afin d'moins penser à la disparition d'sa mère et d'Thael. C'entre deux fournées d'sablés à la lavande qu'la jeune femme prit connaissance d'la missive d'Guillaume.

Elle d'vait lui faire part d'quelques changements. Aussi lui répondit'elle.



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♦ Juste elle ♥

[Montpensier]

Athalia et Thomas avaient eu beaucoup de mal à encaisser les dernières nouvelles reçues de leur Mère. Certainement parce que c'était majoritairement des mauvaises nouvelles, voire de très très très mauvaises nouvelles.
Hormis la naissance de leur demi-frère et le fait que leur Mère était en vie, tout avait été de travers dernièrement.

Après quelques jours, les deux gens, sous l'impulsion d'Athalia, avaient pris la décision de ne pas en rester là. Ils ne comptaient pas laisser leur Mère disparaître comme ça on ne sait où. Ils avaient donc tout mettre en oeuvre pour la retrouver, et l'aider de leur mieux, ou la faire revenir avec eux.

Grâce à ses voyages, Athalia avait rencontré pas mal de monde : d'autres voyageurs, des mercenaires, des forces de l'ordre... qu'elle pouvait recontacter pour savoir si quelqu'un avait vu passer leur Mère. Même si Aiguemarine avait appris de nombreuses techniques pour passer inaperçue; mais avec un nouveau né, c'est un peu plus compliqué.

Bref, Athalia avait commencé à activer ses contacts pour obtenir des informations...
Et là, une étrange missive leur arriva...
Thomas l'avait réceptionnée et courut aussi vite que possible chez sa soeur.

Athalia ! Athalia !! On a reçu une missive. Viens vite !

Dès que sa soeur l'eut rejoint, il lui montra la missive de sa Mère.
Ils l'ouvrirent ensemble, désireux de savoir ce qu'elle contenait... Et là, surprise...

Arf, une lettre codée... Cela fait une éternité que Mère ne nous a pas joué un tour pareil... Tu te rappelles les jeux qu'elle nous faisait faire quand on était plus jeunes ?!
Elle disait que ça pouvait toujours être utile de savoir cacher ses messages...
Mais bon, ça aurait été plus simple si elle avait utilisé de l'encre invisible...







Thomas tourna et retourna la missive. Il y voyait bien des lettres... Elle semblait à l'envers... Mais, quelque chose cochait...
Il continua de marmonner et gronchonner quand sa soeur lui tapota sur l'épaule...

Thomas, j'ai trouvé... Faut utiliser un miroir pour lire la lettre.
Si si j't'assure, viens, j'vais te montrer...

Une fois devant le miroir, toute la lumière se fit sur le contenu de la missive de leur Mère.
Aiguemarine allait bien. Mais elle craignait de s'attirer des ennuis dans une contrée dangereuse pour elle... ET évidemment, elle cherchait à retrouver Thael.

Dis soeurette, où Maman a-t-elle autant d'ennemis pour prendre ainsi autant de précautions dans l'écriture de ses missives ?
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Thomas de Meyran
Fils d'Aiguemarine et de feu Nictail de Meyran
Frère d'Athalia, Aurore et Nathan
Filleul de Korydwen et Sindbad

Après des jours & des jours de chevauchée, la "Sérénissime" était en vue.
Un double sentiment l'étreignit une fraction de seconde.
D'un côté, elle est Heureuse de revoir le lieu de sa jeune enfance & du début de son adolescence.
De l'autre, la Brune Italienne sait que cette Etape peut être risquée.
Mais, quelque peu affaiblie car elle mange peu, son corps ne suit plus, & Aiguemarine - si elle ne se reprend pas - ne pourra bientôt plus allaiter son Fils.
Ce qui est, bien évidemment, hors de question.
Alors, il faut qu'ils se posent avant de poursuivre leur chemin.
Là.
Un jour ?
Une Semaine ?
Un Mois ?
Le temps qu'il faudrait.
Ouala.

Aiguemarine fit ralentir Zingaro & le mettre au pas, le temps qu'ils arrivent aux portes de la Cité.
Elle profita de ce laps de temps pour parler à voix basse à son Fils éveillé & bien calé contre elle.


C'est ici que je vécus mes douze premières Années.
Les 4 premières auprès de mes parents naturels, & les huit autres... un léger soupir s'échappa de ses lèvres auprès de Sindbad & de l'Ordre de La Pierre Dieu.
C'est le Parrain de ton grand Frère, Thomas.
Il est celui qui m'a tout appris : lire, écrire, compter, ainsi que beaucoup d'autres choses, que je t'enseignerai lorsque tu seras en âge.

Il me ferait la morale & les gros yeux s'il savait que nous sommes là, voir peut-être même pire.
Sindbad a toujours détesté les Italiens & les Vénitiens en particulier, qui ont causé la chute de Constantinople.

La Brune Médecin s'interrompit quelques instants.
Ils approchaient, lentement mais sûrement, du poste de guêt.
La bannière au Lion Ailé flottait dans le vent.
Aiguemarine laissa échapper un demi-sourire, puis reprit son récit.

Tu te rends compte, Odin ?
Paris & le Grand Maître de France de l'époque l'ont déclaré mort, car cela les arrangeait bien.
Un Grand Officier faisant son "devoir" d'aide armée justement dans un armée, en Maine, & dont le corps n'a jamais été retrouvé...
Foutaises que tout cela !
Sindbad est bien trop malin. Son plan a fonctionné à merveille.
Même Akane a gobée cette mise en scène. Ralala...

Nouveau Soupir...

D'ailleurs, en parlant d'Ordre, nous, enfin, je, serai fixée rapidement.
Mais quoi qu'il arrive, je veille.

Les rènes dans la main dextre, Aiguemarine fit stopper Zingaro devant la garde.
Sa main Senestre rabattit sa capuche vers l'arrière, dévoilant son visage.
Les Azurs délavés se posèrent sur les 2 planctons à la mine peu engageantes &, bizarrement, c'est sereine - enfin, presque, tout est relatif - qu'elle déclina sa véritable identité.

Io sono Azurra Monnaci.*

Puis ouvrant légèrement un pan de sa cape...

Mio figlio di Odino**

Coup de folie passager ? Non.
Elle y avait songée de longs jours à travers la Campagne Lombarde & avait fait ce choix en toute connaissance de cause.
Risqué diraient certains, mais "qui ne risque rien, n'a rien".
& il était grand temps d'en finir & de savoir, une bonne fois pour toutes, à quoi elle devait s'en tenir.
Si l'Ordre de la Pierre Dieu la cherchait, l'Italienne le saurait dans les heures qui suivraient.
Immanquablement.
Les langues se déliaient vite dans cette contrée.

Un "Bas les Masques" à Venise, quoi de plus naturel, non ?

Dès qu'un des gardes lui accorda le droit de passage, la Brune Médecin inclina doucement la tête en guise de remerciement.
Un claquement de langue afin que Zingaro reprenne le pas, & ils pénétrèrent dans la Cité des Doges.
Direction la première Auberge venue, au nom chantant de "La Sbronza Veneziana".









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Ce jour-là, Lali préparait quelques affaires avant d'embarquer encore pour Moulins d'ici quelques jours et y récupérer ses affaires pour s'installer à La Teste, près de ses amis ainsi que de son aimé.

Cette installation était comme un commencement, un renouveau, une autre vie.

Les dernières rencontres avec son amie avaient été chargées d'émotions malgré le peu de paroles. Elle y repensait sans cesse. Elle savait et comprenait le choix de Marine, surtout ayant été présente pour Julia. Elle regrettait bien sûr, de ne pas pouvoir être présente cette fois-ci, mais la priorité allait pour les meilleurs soins pour Marine comme pour l'enfant à venir.
Elles avaient toutes deux longuement parlé sur la vie, la mort, la naissance, les retraites, les absences, enfin un grand "tout".
Parfois l'idée sombre traversait l'esprit de Lali que cela puisse finir plus mal que pour Julia. Elle cherchait vainement à chasser cette idée, mais elle revenait souvent. Bien sûr, qu'elle souhaitait que tout soit merveilleux pour son amie, voulant espérer un mieux, un bien ...que tout se termine bien comme dans les histoires que l'on conte aux enfants. Toutefois, la vie était parfois très loin de ces contes. La vie était parfois remplit aussi de tristesse et de douleurs.

Ces dernières semaines, l'état de Marine s'était affaibli, son corps et ses traits laissaient transparaitre de très fortes douleurs ainsi que des signes sombres annonçant le pire. Un teint blême, une fatigue extrême...même le regard de son amie d'habitude si intense semblait s'affaiblir.

En la voyant, en connaissant le passé, Lali ne fût pas surprise et comprenait fort bien le choix de Marine et de sa volonté de vouloir mettre toutes ses affaires en ordre pour le cas où.... Certes, ce choix nous poussait à penser au pire, mais il fallait être réaliste, son état était vraiment alarmant.

Quand elle vit Anselme arriver sur les quais près de l'emplacement de l'Espadon Bleu II, elle craint le pire. Mais son air "normal", lui fit comprendre que le pire n'était pas arrivé ou du moins pas encore. Il lui remit la missive et le vélin. Le second vélin était son testament. En effet, ce serait long et compliqué pour tout répartir, mais elle tiendrait coûte que coûte cette promesse faite à son amie. C'était sans doute la promesse faite la plus importante de sa vie...comme celle de rester disponible pour ses enfants et son Normand d'Epoux, s'il devait arriver malheur à son Amie.

Merci Messire Anselme

Elle lut rapidement la missive, et ses sourires se mêlaient au regard qui devenait parfois humide, se retenant de laisser couler une quelconque larme. Elle roula la missive et se redressa en regardant Anselme

Je souhaiterais la voir Messire Anselme

Pouvez-vous m'accompagner ?

Tout deux prennent le chemin de la demeure de Marine à La Teste. Sur le chemin, elle parle très peu avec Anselme...perdue quelque peu dans ses pensées.

Arrivée, elle entre en frappant une seule fois et s'approche de son amie avec le sourire

Bien le Bon Jour mon Amie
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Lali bu le verre assez rapidement

Tout va bien mon Amie

Anselme m'a bien remis les documents et je n'ai pas de questions, tout est clair pour moi. Je vais gérer tout cela, n'aie aucune inquiétude.

Je voulais te voir....pour te dire au revoir correctement...

Je vais bientôt embarquer pour aller à Moulins chercher mes affaires et tu sais comme la Loire est très capricieuse pour la navigation en nave...

Lali respira profondément et reprit

donc j'ai peur de ne pas être de retour avant que tu n'ailles te reposer sereinement au couvent.

Elle se leva et s'approcha de son amie pour la serrer dans ses bras. Elle lui murmura lors de l'étreinte : Ne t'inquiètes de rien, tout sera fait selon tes désirs et je prendrais soin de ta famille en ton absence, je serais là pour eux si ils en ont besoin.

Elle la regarda et lui sourit

Voilà c'est tout.

Je te souhaite un bon séjour au couvent et je prierais le Très Haut de t'accorder le mieux, de te guider et de te réconforter.

Au revoir Mon Amie et je n'ose te dire combien tu comptes pour moi, comme le Capi. Vous avez une place "prenium" dans mon coeur, et vous avez changé ma vie. Je ne vous remercierais jamais assez pour tout ce que vous m'avez apporté. Et je crois que je ne vous l'avais pas encore dit.

Encore une étreinte, encore plusieurs sourires, et la voilà qui s'apprêtait à rejoindre les quais.
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Mais c'est quoi ce b........


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~Montpensier, fin septembre~

Les écrits les plus courts sont les meilleurs, un peu com' les plaisanteries, quoi ! Du moins, c'tait c'que la jeune femme s'tait dit en r'cevant la dernière missive d'Eugène. Et sa réponse fût brève. Son fournil et faire des sablés à la lavande était d'venu sa priorité, d'manière à faire oublier les calissons (qu'elle n'avait pas mangé! mais qu'on risquait sûr'ment d'lui mettre sur l'dos c'forfait!) au Cheminard. Hem. Pas gagné, pas gagné.






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♦ Juste elle ♥

Il y a des larmes qui ne cessent jamais de couler,
des vides qui ne se comblent jamais,
des souvenirs qui se s’effacent pas et des personnes qu’on ne remplacera jamais.
Les sourires reviennent… mais uniquement pour masquer la peine.**


Ne pas pleurer, lui offrir un sourire qui se veut rassurant, un regard empli de tout l'Amour qu'elle lui porte...

"Thael, je..."

Elle est désolée ? Le mot est faible.
Elle le regrette déjà ? & bien plus encore.
Elle reviendra, c'est sûr ! Ne jamais donner de faux espoirs...

Les mots meurent au fond de sa gorge.

"Nous..."

... Surmonterons cette Nouvelle Epreuve ?
... Valons mieux que ça, Non ?
... Ca ne peut pas se terminer de cette façon.

Les mots se meurent une nouvelle fois au fond de sa gorge nouée.
Face à son Epoux, la Brune Médecin a souvent perdue ses moyens.
Thael parle peu, mais il en impose.
De par son Savoir & sa Sagesse.
C'est ce qu'elle a toujours constaté & qu'il a toujours farouchement nié.

Parce que c'est Vous, tout simplement.

Esquisse d'un fugace sourire.
L'Azur toujours ancré dans les prunelles Noires de son Tout, la Vénitienne pose délicatement sa main dextre sur la joue de Thael, tandis que leurs corps se frôlent.
Elle a besoin de ce contact tactile... une dernière fois.
Son corps tout entier se tend vers lui.
Leurs lèvres s'effleurent avant de se rejoindre dans un dernier ( ? ) tendre baiser rempli de toute la Passion qu'elle éprouve pour cet Homme, puis de lui murmurer, retenant toute sa peine.

Thael, ainsi en va-t-il de nous : ni Vous sans Moi, ni Moi sans Vous!***
& je vous aime...bien plus que ma Vie, ne l'oubliez jamais."


Pitoyable, misérable. Elle en a conscience.
Son "discours" est décousu.
Les "bons mots" ne lui viennent pas.
Aiguemarine n'est déjà pas fichue de dire Aurevoir à ses Amis, alors face à son Fier Guerrier d'Epoux...

Sic Vadit Vitae...

Autour d'eux, cela s'activait pour grouper les malles & le cocher venait de faire tinter la cloche indiquant aux moniales leur arrivée.

La Brune Médecin, ses enfants regroupés autour d'elle serra plus fermementt les mains de Nathan & Julia, les 2 plus Jeunes.


Sic Vadit Vitae...





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♦ Juste elle ♥

~Montpensier~

Tout acte a des conséquences, et en confiant à son oncle adoré la rédaction d'ses missives, Athalia allait prendre une jolie leçon d'vie. Mais après tout, c'en faisant des erreurs qu'on avance. L'tout c'd'éviter d'les reproduire.

Un soir d'Septembre, quelle n'fût pas sa surprise d'voir Aldo d'retour! Mais qui est Aldo ? Beh, c'l'nom qu'la jeune femme a donné au pigeon poilu (ui, ui, poilu et non plein d'plumes!) messager d'Eugène. C'l'tonton qui écrit, et c'Athalia qui r'çoit réponse ? Bizarre, non ? C'donc intriguée qu'la jeune Meyran ouvrit l'courrier, non sans laisser échapper un : Beurdel, c'quoi la couille dans l'potage, c'te fois ? à la fin d'sa lecture.







Action. Réaction!

L'pauvre Aldo était pas près d'se r'poser. Battons l'fer (à défaut d'Eugène! sous la main) tant qu'il est chaud.




Athalia renvoya l'empoilé après l'avoir nourri et abreuvé.

Un ptit mot net'ment plus court à l'attention, c'te fois, d'son oncle adoré!



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♦ Juste elle ♥

~Uzès, languedoc~


L'mot du frangin l'avait r'trouvé à Uzès. Etais ce parce qu'elle lui avait manqué ou bien la perspective d'goûter des sablés à la lavande qui l'faisait s'bouger si vite ? La jeune femme sortit sa carte d'france. Son index glissa et traça un itinéraire imaginaire d'Bordeaux vers l'ba. Si Thomas prenait c'lui-là, il s'rait d'ici la fin d'semaine dans l'pays des volcans endormis. D'leur côté, et s'ils continuaient à l'allure qu'souhaitait Laury, ils n'y s'raient qu'en milieu d'semaine prochaine.

En attendant, la jeune femme irait voir si l'demi germain presque tueur d'mère était dans les parages. C'qui lui évit'rait d'avoir à rédiger une missive.

A propos d'correspondances, elle n'avait toujours pas répondu à Ery. Athalia privilégiait l'dialogue en face à face, sachant qu'parfois (voir souvent) les mots peuvent être mal interprétés. Et qu'lui dire, d'ailleurs ? C'en haussant les épaules qu'la jeune Meyran s'dirigea vers la taverne municipale en songeant à Eugène qui d'vait probablement fouler la frontière transalpine.


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~2, rue des chevaliers~


Une demeure. Celle d'Bastian (1). Les volets sont clos, signe qu'il est absent. Athalia glisse sous la porte d'la batisse un mot préparé la veille.







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♦ Juste elle ♥

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♦ Juste elle ♥

-- mais, de nombreux jours plus tôt... --

- Hem, et en quoi c'machin (désignant l'madicode!) peut t'il m'aider ? J'ai l'droit à une démonstration ?

Eugène attrape donc l'objet, tire sur une ficelle afin d'en ouvrir le tissu qui l'entoure et déplie devant Athalia un bric à brac de règles assujetties et même un peu emmêlées. Les différentes parties, en bois de poirier consciencieusement polies, percées de gros trous réguliers, paraissent former un losange dont les montants se prolongent vers le bas.



Tandis qu'Athalia examine l'engin avec - on le suppose - une perplexité à peine dissimulée, notre héros extirpe de sa besace clous et marteaux. Quelques coups plus tard, l'extrémité de gauche du dispositif est fermement clouée dans le vieux chêne de la table.
Eugène a une brève pensée pour le tavernier qui risque de râler, les gens sont si facilement réticents face aux progrès techniques que ce rustre pourrait oser élever quelques amères objections contre la marche inéluctable du monde, mais il écarte rapidement ces pensées déprimantes.

- Voilà ! fait-il, triomphant. Vous voyez : ces bras s'articulent icisse et là (il montre l'endroit où les montants du losange se croisent, rivetés dans l'un des trous qui se trouvent sur les règles). De sorte que si vous mettez vot' plume icisse (il désigne le coin inférieur du losange) et une autre plume là (il désigne l'extrémité droite du montage), et si vous tracez des lettres avec la première plume, hé bin... voyez plutôt !

Eugène trace derechef une lettre majuscule sur le bois de la table, agitant la tête avec enthousiasme en direction de la plume de droite qui semble reproduire le mouvement.

- Comme ça, en écrivant une annonce sur une feuille et en plaçant une feuille à côté, vous écrivez deux annonces d'un coup !
Bon, c'est pas facile de tremper les plumes dans l'encre avec ça alors j'ai fait aussi un dispositif spécial : c'est deux gros porte plumes creux dans lesquels vous pourrez verser d'l'encre par le haut.
Evidemment on pourrait perfectionner l'dispositif en prévoyant une alimentation automatique. J'y ai pensé aussi et ça s'ra facile : il suffira de dresser au d'ssus d'la table un portique où l'on suspendra les bouteilles d'encre et on f'ra alimenter l'réservoir de vos plumes avec un bout de ficelle imbibée qui reliera le flacon au réservoir, ça fait comme une sorte de siphon au ralenti vous voyez !
Et j'ai aussi pensé que...
Mais on verra plus tard.
Alors, pas mal non ?
Et si j'en fais plusieurs et qu'on les met bout à bout, on pourrait même copier les trucs mieux qu'en double : en trois ou quatre ou plus si on veut !
Hein !?

Guettant l'enthousiasme qui devrait légitimement dévorer la Sauterelle devant une invention si pratique (même si elle est un poil encombrante), Eugène attrape une bouteille et la vide d'un coup sans rien ajouter.

- Glou !

Car le génie doit rester sobre en paroles pour se laisser apprécier, ce qui ne signifie pas qu'il ne vous assèche pas le gosier.

-- et donc, de nombreux jours plus tard... --

... tandis qu'Athalia peine sur la lettre qui s'envolera bientôt pour l'Auvergne

- Et dites bien à not' Altesse qu'elle oublie pas d'préparer ses confitures pour quand on r'viendra !

Les limaces qu'il avait mises de côté sont depuis longtemps desséchées, mais en les réhydratant Eugène suppute qu'on peut encore en faire quelque chose. Pilées avec de la lavande, il faut voir si ça ne guérit pas un truc, faute de servir aux confitures.
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Eugène Cheminard, dit le rabailloux

~Montpensier~


C'qu'il y a d'bien d'puis qu'Athalia a changé d'adresse et emménagé près d'chez son frère, c'est qu'elle n'a plus à arpenter tout l'village quand elle souhaite l'voir. C'matin, pas d'grasse matinée. Un foutu pigeon a roucoulé d'vant sa fenètre. Ensommeilée, Athalia l'a juste libéré d'la missive. L'nom du destinataire, c'est elle et Thomas. Aussi ne l'ouvre t'elle pas d'suite et vaque à ses occupations, attendant une heure décente pour s'présenter chez lui afin qu'ils en prennent connaissance.

Toquant quelques coups à la porte, la jeune femme s'présente chez son frère, la missive entre ses mains. Elle lui claque une bise avant d's'asseoir.

Sûrement des nouvelles d'not' mère ! Tu veux l'ouvrir, ptit frère ?

Loin d'se doûter qu'le ciel va leur tomber sur la tête, ou pas loin.



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♦ Juste elle ♥

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♦ Juste elle ♥

Eugène aime bien les tavernes, même à Marseille. Ces établissements d'utilité publique présentent de nombreux avantages, parmi lesquels deux occupent une place éminente dans le coeur de notre héros : on y trouve facilement à boire, et Athalia.

Ce soir là ne fait donc pas exception quand, après avoir examiné un ou deux assommoirs à la recherche du profil familier, le jeune homme pousse la porte de du casse-pipes à l'enseigne de l'Entrepôt, un lieu assez discret dont Athalia semble avoir fait son repère. L'endroit est assez propre, relativement à l'état habituel d'une taverne s'entend, et assez calme pour qu'on puisse converser sans avoir à trop élever la voix.

Eugène pose sur un coin de la table l'appareil qu'il a amené avec lui et se glisse près d'Athalia avec un soupir de satisfaction. Sitôt lâché, l'objet se déplie un peu, laissant échapper du bout de toile qui l'entoure une lame de bois sombre où brille un clou de cuivre et un anneau du même métal.

- Le bonsoir Athalia. Vous m'semblez perplexe, c'est votre sirop qui manque d'alcool ?

Le temps de lancer un regard noir à l'aubergiste et les choses seront réparées. Eugène se penche par dessus l'épaule d'Athalia, curieux de savoir où elle en est de son annonce.

- Rmf ? observe-t'il prudemment.
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Eugène Cheminard, dit le rabailloux

~9 août, sur les ch'mins~

Des nouvelles du frangin ? Que s'passait'il ? Tout comme Athalia, Thomas n'était guère friand des corvées de correspondances. Aurait'il un problème ? Leur madonne d'mère était'elle rev'nue au bercail ? L'pli s'agite quelques instants entre ses doigts avant d'finir décacheté. La jeune femme retient sa respiration pendant qu'les yeux clairs décryptent les quelques lignes et qu'un soupir (de soulag'ment ou d'déception, ptètre les deux!) n'se faufile entre ses lèvres.

Athalia attrapa d'quoi écrire un ptit mot à son frère avant qu'il n'se sauve s'reposer entre les pierres fraîches d'un monastère.




Quelques graines, un peu d'eau et après quelques heures, Athalia renvoya l'volatile vers son frère.
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♦ Juste elle ♥

[Bordeaux - Début Août]

La troupe de sa soeurette était partie depuis quelques jours.
Une missive arriva à l'attention de sa soeur. Thomas se permit de regarder la signature pour simplement en connaitre l'expéditeur : il s'agissait de la Dame Sun. Arf, elle avait manquer Athalia de peu... Il parcourut en diagonale le contenu pour savoir le degré d'importance... mais il se refusait bien d'en lire le détail, ne souhaitant nullement porter atteinte à la vie privée de son aînée.
A priori, il s'agissait des trouvailles d'la Dame Sun concernant l'voyage de leur Mère en début d'année. Et semblait, malheureusement, qu'ça parlait bien d'Italie...

Thomas prépara donc 2 missives.



Une missive renvoyée avec le volatile vers la Dame Sun.
Et aussitôt une autre rapidement rédigée.



Un oiseau bien connu partit donc à la recherche de l’aînée de la famille. Espérons qu'il la trouve suffisamment rapidement...
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Thomas de Meyran
Fils d'Aiguemarine et de feu Nictail de Meyran
Frère d'Athalia, Aurore et Nathan
Filleul de Korydwen et Sindbad

Acte I : à Foix, la nuit, tous les chevaux sont gris
[Où l'on se remémore la longue journée d'hier]

C'était la veille. Il faisait vraiment chaud, déjà, et Athalia portait sa jupette mini et sa chemisette sexy qui ajoutaient encore un peu à la canicule. Eugène avait donc été fort ébloui et avait aussi beaucoup transpiré ce qui, comme on le sait, assoiffe notablement.

Le soir venu, notre homme avait erré en ville à la recherche de ses compagnons de voyage. Ne les voyant point, sans doute étaient-ils allés s'entasser dans un confessionnal pour se soulager devant un prêtre effaré de toute une vie de turpitudes, allez savoir ? Toujours est-il que notre Eugène en avait été réduit à philosopher seul, en tête à tête avec quelques carafes de vin frais, pour examiner quelques questions essentielles : quel est le sens de la vie, pourquoi met-on tellement d'eau dans le vin, l'horloge à automates qu'un bricoleur génial du nom de Dondi avait montée à Padoue était-elle encore en état de marche comme le lui avait dit un compagnon charpentier naguère sur un chantier de Westminster, ou bien était-elle elle aussi tombée en carafe comme le lui suggérait un voyageur italien croisé entre deux tonneaux ?

Quelques carafes vides plus loin, justement, Eugène avait décidé qu'il était temps de rejoindre ses compagnons de voyage. Rendu aux portes de la ville, il avait avisé la silhouette familière de Neige, immobile et auguste dans l'attente du départ. Eugène avait posé son balluchon à ses pieds, flatté l'encolure du cheval qu'il avait trouvée curieusement dure. D'un autre côté, les longues journées de voyage et de charge lui avaient sans doute forgée une musculature d'acier.

Eugène ne s'en inquiéta pas. Il alla louvoyer entre deux buissons pour évacuer l'excès d'eau qu'on met dans ces pauvres vins, revint faire la causette à la jument qui, pour une fois, ne lui répondit mie. Eugène ne s'en inquiéta pas plus : les chevaux ont leurs accès d'humeur, et les juments encore plus évidemment. Comme la nuit était agréablement fraîche et qu'il se sentait un peu le tournis, il alla s'allonger près de son balluchon, ferma les yeux. Une petite sieste avant le départ après tout, ça ne pouvait pas nuire et on le réveillerait avant le départ.

Acte II : A Foix encore, à l'heure où blanchit la campagne
[Où l'on se lève du mauvais pied]

Aussi, quand la douce caresse du soleil levant vient tirer notre héros de sa torpeur, celui-ci, fort bien reposé et dégrisé à présent, ouvre un oeil étonné. Sensiblement au même moment, le froufrou d'un pigeon grognon attire son attention. La Bête le couve d'un regard lourd de reproches et lui tient à peu près ce langage :



Eugène saute derechef sur ses pieds. Ses yeux parcourent les environs, dans l'espoir un peu vain d'apercevoir quand même ses compagnons.

- Mais pourquoi qu'ils m'ont pas réveillé ces bougres là ! peste-t-il. Quand soudain...

...son regard se pose sur Neige, toujours là, à la place exacte où il l'avait trouvée la veille.
Le cheval n'avait pas bougé d'un poil, et pour cause...



... ce n'était pas un cheval.
Ce n'était pas le lieu de rendez-vous.

Le frisson glacé du désastre parcourt l'échine du jeune homme. Car non seulement il avait honteusement loupé le départ - et ça il n'avait pas fini d'en entendre parler - mais le plus grave c'est qu'on était dimanche.
Dimanche !
LE jour de LA robe d'Athalia !
Et qu'il allait rater ça !!

- Parrrrr les rousssstons d'Arissstoteuuuuuuuuuuuuuuhhhhhhh hurle-t-il, traversé par un bien légitime désespoir.

Acte III : un acte de Foix
[Où l'on se projette dans l'avenir]

Cela dit, il fallait répondre. Or, comment se tirer de ce mauvais pas ? Une idée lui vient vite, Eugène ayant depuis longtemps constaté qu'en cas d'erreur, la meilleure chose à faire pour limiter les dégâts était de ne pas lésiner sur la mauvaise foi.

Le temps de chercher en ville un écrivain public pour lui expliquer en trois mots ce qu'il fallait écrire, car Eugène ne sait pas encore assez bien l'orthographe pour rédiger lui-même la missive, le pigeon grognon repart en direction des trois voyageurs qui l'ont honteusement abandonné, chargé d'un message rassurant.

Eugène n'a point relu le texte, ayant laissé à ce jeune écrivain plein d'enthousiasme le soin de retoucher un peu les phrases, le scribe du reste avait mis cela comme condition incontournable, refusant de travailler s'il s'agissait, disait-il, "de ne point rendre hommage à chaque trait de plume à nostre si belle si noble et si mirifique langue". C'est donc chargé du message d'Eugène reformulé en termes moins populaires que repart le pigeon grognon.



Et voilà !
Il ne restait plus qu'à écumer les tavernes pour se remonter le moral.
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Eugène Cheminard, dit le rabailloux

[La teste - Fin Juillet]

Thomas essayait, tant bien que mal, de s'organiser avec la Dame Lali pour récupérer ce que leur Mère leur avait légué. Mais force est de constater que ce n'était guère facile de trouver un moment pour faire ça. Surtout en cette période d'été où les gens aiment profiter de la fraîcheur des monastères...
Bref, Thomas avait du mal à s'en sortir avec cette histoire lorsqu'il reçut une missive de sa grande soeur. Un voyage jusque Marseille, cela semblait plutôt pas mal : Thomas se laisserait bien tenter... mais il avait aussi besoin d'un peu de repos en monastère...




Missive envoyée et paquetage préparé.
Il n'y avait plus qu'à prendre la route pour Bordeaux pour saluer rapidement sa soeurette et lui dire comme toujours : "Sois prudente sur la route !"
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Thomas de Meyran
Fils d'Aiguemarine et de feu Nictail de Meyran
Frère d'Athalia, Aurore et Nathan
Filleul de Korydwen et Sindbad

~Séjour guyennois d'Athalia~

Et il s'en était passé des choses.

L'23 juillet, Athalia avait réussi à extirper Eugène d'ce village mortifère et peu accueillant qu'était la teste. D'ailleurs, l'était temps. Entre deux chopines, l'brun avait tenté d'convaincre deux anglais (dont un ambassadeur) d'envahir l'berry et avait essayé d'négocier contre quelques menus avantages son droit d' vote auprès d'une dame qui allait s'présenter prochain'ment aux élections municipales d'la ville de Bordeaux. Peuhfffff. Les hommes font vraiment n'importe quoi, quand même ! 'fin, ça, c'pas nouveau.
En revanche, la jeune femme n'avait pas pu extraire son frérot d'là-bas. Thomas d'vait s'arranger avec la dame Lali avant son départ au monastère.

L'25 avait été une journée particulièrement chargée en émotions. Ca avait débuté avec les facéties d'Eugène et l'annonce (d'vant sa presque tante, ui, ui, ui !) qu'il souhaitait l'épouser, () lui faire 340 enfants ()() et essayer d'la faire rire entre deux. Bah voyons ! Même pas qu'il lui d'mand'rait son avis. J'vous laisse donc d'viner c'que la jeune femme (qui a un peu une dent contre la gente masculine en c'moment et qui est pourvue d'un tact légendaire et bientôt mondialement connu!) a bien pu lui rétorquer.

Plus tard, en soirée, elle rencontra l'mercenaire qu'elle avait engagé pour r'chercher Thael. Dans sa correspondance, Guillaume lui avait laissé entrevoir une piste. Sauf que d'piste, y'avait pas. Juste un cas similaire à c'lui du Normand, mais en Lyonnais-dauphiné. A sa connaissance, l'époux d'sa mère n'avait pas d'famille. Athalia, d'son côté, lui avait fait part d'tous les éléments (surtout des courriers qu'elle avait récupéré) en sa possession, mais rien. C'tait vraiment l'vide intersidéral. L'mercenaire avait juste insisté pour'qu' la jeune femme ouvre les missives r'çues après l'départ d'Aiguemarine, insistant sur l'fait que, ptètre, dans une correspondance, y'aurait quelqu'chose à gratter. Malgré tous ces arguments, dans l'immédiat,elle n'y arrivait pas. Ce s'rait pour plus tard, si rien n'aboutissait et surtout si elle trouvait l'courage d'les ouvrir. L'entretien s'était donc achevé sur du néant et un concours d'levé d'coudes durant l'quel la jeune femme avait fait office d'arbitre (même si, par moment, elle s'tait (un peu) perdu dans l'décompte).

L'26 juillet n'en avait pas moins été surprenant. Son italien d'oncle, c'lui qui prétend avoir fait quinze mille fois l'tour du royaume et qui préfère d'loin rester chez lui, à Bordeaux, beh, l'voilà qui voulait voyager. Pire, il souhaitait aller en Provence. C'tait vraiment à n'y rien comprendre. Soit.
Aussi, et surtout parce que la jeune femme n'avait pas envie d'faire Bordeaux/Marseille via Calais avait'elle prit les choses en main. Athalia s'chargeait d'l'itinéraire et ce s'rait elle qui mèn'rait l'groupe aussi. N'restait plus qu'à prévenir Thomas d'leur absence, voir s'il voulait s'joindre à eux (c'qui la surprendrait) et savoir si Eugène avait envie d'les accompagner.






Il n'lui restait plus qu'à engager un gamin lettré qui s'rait désigné porteur d'nouvelles et en charge d'débusquer l'rabailloux.
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♦ Juste elle ♥

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"Nul ne peut atteindre l'Aube sans passer par le chemin de la Nuit"
Khalil Gibran

21 Mars Mil Quatre Cent Soixante Cinq...


Aiguemarine était toujours affaiblie physiquement.
Mais son moral remontait doucement, même si elle ne pouvait toujours pas communiquer avec l'extérieur.
La Mère Supérieure lui avait annoncé que d'ici 2 semaines, elle & ses Enfants pourraient, s'ils le souhaitaient, quitter l'Abbaye.
La Joie s'était emparée de son coeur, & l'Italienne ne s'était pas faite prier pour répondre d'une manière positive.

2 Semaines.
Si long & si court à la fois...
14 Jours.
336 Heures.
20160 Minutes.
1 209 600 Secondes la séparaient encore & toujours de son Epoux.

21 Mars, Journée du Printemps.
Journée de la Renaissance, comme elle avait dit à Kory lors de leur dernière entrevue, en Normandie.
Une Journée qui ne peut qu'être belle ? à l'image de la Nature qui se réveille doucement.
Même l'austère Monastère allait fêter l'évènement au travers d'une Messe, suivi d'un repas "amélioré".

Du fait de ces relevailles quelque peu difficiles, la Vénitienne ne pouvait y assister.
Elle avait donc gardée près d'elle son nourrisson ainsi que Julia qui avait attrapée un léger rhume.
Mais ses 2 autres Enfants, à savoir Aurore & Nathan, y participeraient, eux.

Des cris, du bruit, le son d'une cloche actionnée à la volée mirent fin à son sommeil.
La Brune Médecin s'éveilla en sursaut de sa couche.
Posant un pied au sol, elle alla jeter un oeil par la fenètre.
& l'horreur se fit Jour.
Les battements de son Coeur de Mère s'affolèrent.
Elle enfila une longue chemise blanche, chaussa des sandales, réveilla Julia de sa sieste & prit Odin dans ses bras.


Tous 3 traversèrent les longs couloirs qui débouchaient sur la Chapelle... en feu.
Un véritable brasier que le peu de personnes ayant manqué l'office tentaient d'éteindre.
De la fumée s'échappait du bas des battants en bois & obligèrent Aiguemarine & ses Enfants à reculer pour ne pas finir axphyxiés.
Elle se joignit à la chaîne pour faire circuler les seaux d'eau plus vite...

Mais c'était déjà trop tard.

L'Horreur est là.

Elle le ressent, mais son Esprit refuse de l'admettre.
Sa Chair & son Sang ont périt dans ce gigantesque brasier.
Aurore, sa petite puce, prénom donné tout simplement parce qu'elle était née aux aurores, le Jour où Kindjal était passée pour la dernière fois à Sarliève.
Nathan, le dernier garçon issu de ses premières Epousailles.

L'Horreur est là.

& le constat est très amer : Déos lui a laissé la Vie sauve, mais en contrepartie lui a retirée 2 de ses Enfants.
La Vénitienne tombe à genou, tête baissée & laisse, de nouveau, ses larmes s'écouler.
Sa Douleur est immense & elle se fait violence pour ne pas hurler son Chagrin.


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Quelques Jours plus tard, Aiguemarine assistera sans Julia Ni Odin à la mise en terre.
Deux Immortelles seront déposées par une Mère endeuillée, dévastée par le chagrin, sur chacune des sépultures.
Juste une supplique adressée à son Défunt Epoux.

"Nic, je te les confie.
Pardonnes moi, tout est de ma faute. Encore une fois, je n'ai pas été à la hauteur...
Ils ne seraient pas auprès de Toi si j'étais sortie de cette Abbaye plus tôt.
Ce n'est pas dans l'ordre des choses que d'enterrer ses propres Enfants.
Dis à Déos que c'est un sale con."

Son Esprit & sa Foi vacillent... un peu, beaucoup.
Le poids de la Culpabilité lui pèse.
Elle est brisée, déboussolée, & par ce deuil, ne sera jamais plus la même.

Il paraît qu'on dit souvent qu'un Malheur n'arrive jamais seul.

Quel sera le prochain ?

Qui Vivet Videbit** ...

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[La Teste de Buch, ce 16 juillet de l'an de grâce 1465]

Eugène tient entre ses paluches le parchemin que lui a lu le gamin. Mandaté par Athalia quelques heures plus tôt, le môme avait retrouvé le cheminard à l'auberge de la ville où il prenait souvent ses quartiers. Il avait récité le message avant de le lui remettre, preuve que la sauterelle était prudente : malgré les leçons de lecture qu'elle lui donnait presque tous les soirs, Eugène peinait encore un peu à lire de longs textes. Il suait sang et eau sur ces alignements de lettres qu'il devait encore suivre du doigt pour bien les énoncer. L'effort d'une lecture pas encore tout à fait assimilée nuisait naturellement à la compréhension, et il fallait parois à Eugène plusieurs minutes pour comprendre trois phrases écrites qu'il aurait parfaitement saisies en deux secondes si on les lui lisait.



Donc là, il avait compris sans peine. Le môme avait tourné les talons sitôt encaissés les deux deniers de pourboire qu'il réclamait. Eugène relisait les lignes à présent, attentif aux cursives qui dessinaient les mots. Du bout du doigt, en formant les phrases avec ses lèvres car il ne savait pas encore lire seulement en silence, il relut deux fois ou trois le texte, tant pour ce plaisir étrange de lire des mots écrits par la jeune femme que pour poursuivre son entrainement.

Il plia soigneusement la feuille et la rangea dans son balluchon. Elle sentait l'encre, la cendre, la cire et la lavande. Qu'avait-il fait pour elle, il ne le savait pas trop en vérité. Rien, en principe, rien que les accompagner, elle et son frère Thomas. Il n'avait pas trouvé le moindre indice sur leur mère disparue, il était juste là parce que....
Pourquoi au juste, tiens ? Parce que la jeune femme le troublait, en réalité, et qu'il aimait la savoir pas trop loin de lui. Petite femelle, elle remuait ce qu'il y avait de mâle en lui malgré et qui vivait toujours malgré le long deuil depuis la mort de sa femme et sa fille. Parce qu'il aimait sa voix, ses réparties, et même quand elle le laissait en rade dans un de ces longs silences où elle se perdait souvent. Son frère n'était pas hein bavard non plus, sans doute un trait de famille. Pas bavard avec les étrangers en tout cas.

Elle était donc partie en vadrouille. Soit.
Eugène réfléchit à peine. Rien ne l'appelait ailleurs, autant rester sur place au cas où Thomas aurait besoin d'un coup de main pour... il ne savait trop quoi. Peu importe, on verrait.

[Toujours la Teste, quelques jours plus tard, à ces heures où blanchit la campagne]

Eugène avait donc laissé passer quelques jours.
Puis, selon ses estimations, il avait décidé qu'Athalia pouvait à présent revenir on ne sait quand. La semaine prochaine peut-être, demain qui sait ?
Il était naturellement, comme beaucoup, éveillé un peu avant l'aube, aux premières heures du jour. Il avait trouvé un endroit près de la porte nord de la Teste. C'était une grande zone bien plate sous un vieux chêne, en dehors de la ville, sur la route qui part vers Bordeaux. Il y avait là une vieille souche coupée sur laquelle on pouvait s'asseoir, ainsi qu'une pierre plate sur laquelle on pouvait poser et tourner des pièces facilement. Il y venait au matin, dès l'ouverture des portes de la cité. Il amenait là les pièces de buis qu'il avait commencé à travailler pour la machine à fabriquer les pitoues que lui avait inspiré les récits de sire Arnauld, à Bordeaux. Eugène prévoyait d'assembler les pièces plus tard. Il faisait tout en buis même les rouages, pour voir si la maquette fonctionnait. Plus tard, si cela allait, si c'était utile, il serait temps d'aller payer un bon forgeron pour obtenir quelques éléments en acier, un rouage sur deux au moins en alternant les matériaux parce que comme ça, ça s'userait moins.

Eugène taillait et polissait soigneusement ses pièces sous le chêne, dès l'aube, quelques heures par jour, aux heures en fait où la plupart des voyageurs arrivaient. Puis il quittait son poste pour aller aux mines ou au lac selon les contrats du jour. Le soir, il passait en taverne juste le temps de s'assurer qu'elle n'était pas rentrée. Le lendemain il revenait et retaillait ses pièces patiemment.

Eugène ne s'inquiétait pas. Tel n'était pas son naturel et il savait que tout demandait bien du temps.
Si ni lui ni Thomas n'avaient de nouvelles à la fin du mois, il aviserait.
En attendant, il taillait sous son chêne, surveillant les arrivants au cas où ce serait elle et il irait l'accueillir. Il se demandait quel temps il ferait ce jour là et si elle aurait trouvé ces fameuses noix, ou autre chose, ou peut-être juste la paix, ou peut-être rien car cela arrive souvent aussi.
Ou peut-être qu'elle passerait après qu'il soit reparti travailler. On verra bien.

Et puis il étudiait sa lettre et d'autres. Un jour, à force, il saurait bien lire et même écrire un peu.

Chaque chose en son temps.
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Eugène Cheminard, dit le rabailloux

~L'séjour à la Teste d'Athalia, du 4 au 16 juillet~


D'abord, il y avait eu la visite puis la fouille d'la demeure du couple Aiguemarine-Thael. En présence d'son frère, la jeune femme s'tait contenue et n'avait pas lacéré (comme elle prévoyait d'le faire) tous les vêt'ments du normand. D'leur visite, ils avaient emporté avec eux toutes les correspondances et papiers importants d'leur mère. Qu'ils lui rendraient lorsque c'te dernière r'viendrait.

L'lend'main, Eugène, pour divertir la jeune femme, lui avait proposé l'escalade d'une énorme montagne d'sable (1). Athalia en gard'rait d'bons souv'nirs, ainsi qu'une légère douleur dans les mollets durant quelques jours.

Puis, deux soirs d'suite, la fratrie put rencontrer la dame Lali et avaient pu r'voir leur ptite soeur, Julia. Athalia ne s'géna pas d'assaillir d'questions la gentille dame, afin d'tenter d'comprendre et d'déméler c't imbroglio. L'soir suivant, c'tait au tour d' Thomas. C'qu'Athalia avait bien compris, au fil des discussions, c'est qu'la madonne avait bien fait en sorte que personne n'sache où elle s'rendait. Plus surprenant, fût l'leg qu'leur mère leur faisait. Pour Athalia, accepter c'don, c'tait comme accepter qu'Aiguemarine n'revienne jamais. Et ça, elle l'refusait. Aussi, et après une longue discussion, c'serait Thomas qui récupérerait l'tout, l'entreposant dans son appartement jusqu'au r'tour d'leur chère mère. Adressant un demi-sourire à l'exécutrice qui n'y était pour rien.

-Thomas vous accompagnera sur vot' bâteau. Il voyage beaucoup moins qu'moi. Ainsi, ce s'ra plus simple d'rendre l'tout à not' mère à son r'tour.
En r'vanche, pouvez vous nous confier l'écrit d'Aiguemarine à c'sujet ? M'ci. Quant à vot' aide, on en prend bonne note. J'vous avoue qu'j'sais plus où chercher. Soupire.Ptètre qu'on d'vrait suspendre les r'cherches ? Z'en pensez quoi ?

Ui, Athalia était perdue, et seul un oeil attentif pouvait l'lire dans son r'gard. Perdue, en colère et avait un gros b'soin d's'éloigner, seule, afin d'faire l'point. Pour mieux r'venir par la suite ? Les questions d'son frère la tirèrent d'ses songes.

Dis soeurette, on s'met quand en route pour Bordeaux ?
On attend tonton et Laury ? Tu m'disais qu'ils devaient r'venir du mariage annulé...
Et tu sais si Eugène a d'jà navigué toi ?

R'gardant tour à tour la dame Lali puis son frère.

-Hem. Beh, j'vous laisse vous arranger entre vous. J'peux pas laisser ma jument Neige ici et j'ai b'soin d'm'éloigner quelques jours. J'vais aller à Castillon voir si j'peux trouver des noix. Puis, j'connais pas l'Périgord. Pour Tonton et Laury, ils ont ptètre changé d'avis. J'les croiserais sûr'ment à Bordeaux. Quant à Eugène, je n'sais pas s'il a d'jà navigué en tant qu'capitaine, mais j'sais qu'il a séjourné chez les angloys. Et même s'il flotte bien , j'crois pas qu'il a traversé la manche à la nage.

Eugène. Comment l'prév'nir ? Comprendrait'il l'besoin qu'elle ressentait d's'isoler ? Athalia prit un long moment d'réflexion et lui rédigea un courrier qu'elle fit porter par un gamin lettré qui pourrait la lui lire. C'ainsi qu'la jeune femme prit la route l'soir même.


~Bordeaux, l'17 juillet~


Athalia n'avait, encore une fois, pas prit l'temps d'répondre à la duchesse vadrouilleuse. Aussi, au calme dans la taverne du Celtic lui rédigea t'elle une réponse sans trop tarder, c'te fois.





R'tour à l'envoyeur pat l'même volatile qui saura r'trouver sa maîtresse.






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♦ Juste elle ♥

[La Teste - 4 Juillet]

Les 2 visiteurs étaient à présent arrivés dans le bureau de leur Mère.
Sa sœur souhaitait qu'il ouvre les lettres non décachetées de leur Mère. Cela lui déplaisait fortement, c'était comme violer l'intimité de quelqu'un. Surtout que ce quelqu'un finirait par lire les missives à son retour...

Tu crois qu'il est vraiment nécessaire d'ouvrir le courrier privé de Maman ?!
Disons que je n'aime pas trop cette idée... même pour avoir des indices pour la trouver...

Un cas de conscience alors que leur Mère a disparu depuis déjà quelques temps...
Mais bon, on a des principes ou on n'en a pas...
Du coup, Thomas décida de d'abord aider sa soeur à fouiller les tiroirs. De toute façon, il y aurait certainement plus d'informations dans les échanges que leur Mère avait eu avant son départ.

Puis, Athalia lui fit lecture d'une missive en particulier.

Thomas, j'crois qu'j'ai trouvé une piste pour la Touraine. D'plus, l'nom n'm'est pas étranger. Mais d'où ? j'avoue qu'j'sais plus, ptit frère. Hem. Et toi ?
Hum... CastorReng ? Un souvenir très flou... de quand j'étais encore petit. Je... je suis désolé... Pour l'instant, je n'arrive pas à en savoir plus. Mais nous irons le rencontrer pour en savoir plus dans ce cas !!
J'vais continuer à fouiller ma mémoire...

Et sa sœur de lui tendre un nouveau vélin issu d'un petit coffret.
Cela devait être une correspondance précieuse pour leur Mère à être ainsi rangée.
Avant de la lire, Tomas regarda Athalia longuement...

Cela me fait très bizarre de fouiller les affaires de M'man... Dis, tu crois qu'elle nous en voudra ? J'suis inquiet, mais j'ai l'impression d'mal agir... Je sais, c'est bête alors qu'on cherche juste à r'trouver not' Mère...
Rapide lecture de la missive malgré tout.
Quel lâche !! Il a abandonné Maman quand elle avait le plus besoin de lui !
Plutôt que de fuir, il aurait dû être à ses côtés... Et il dit qu'il l'aime par dessus tout... Papa n'aurait jamais fait ça, j'en suis sûr ! J'suis sûr qu'il n'avait pas d'bonne raison...

Si M'man est partie, c'est à cause d'lui...
Thomas était en colère. Qui est mauvaise conseillère. Mais le manque d'indices, l'inquiétude croissante... tout cela n'aidait pas à rester calme.

Puis Athalia décida d'écrire à la Dame Lali. Ça, c'était une bonne idée, qui donnerait quelques informations, espérons-le. Il la laissa faire, et ils se récoltèrent des missives d'on ne sait où. Et une pour lui d'ailleurs.
Il prit le temps de la lire... et de la relire en fait. Un héritage de sa Marraine... Thomas était très surpris qu'elle ait choisi de lui léguer quelque chose. Il n'avait pas été le meilleur filleul du monde pourtant...
C'est une missive de Timothée. Il parle du testament de Korydwen, ma marraine. Parait qu'elle a laissé un héritage pour moi. Et aussi un truc pour M'Man. Une cassette pleine d'écus que c'est écrit...
T'sais, j'ai pas été l'meilleur filleul qui soit. J'comprends pas pourquoi elle m'a légué des trucs... T'crois qu'elle m'aimait bien à c'point là ? Enfin bref, ça la f'ra pas r'venir. Et pis, tout ça, c'est à Clermont pour l'instant... Faudra répondre qu'on a bien r'çu et qu'on verra ça en rentrant.

Une petite seconde de réflexion.
Peut-être qu'on pourra utiliser c't'argent pour payer des gens pour chercher M'Man ?

Mais pour l'heure, il leur fallait surtout attendre la réponse de la Dame Lali... en espérant qu'elle soit bien à la Teste...

Avant de quitter la demeure de leur Mère, les deux jeunes gens emportèrent quelques affaires.

• Le coffret en bois avec les précieuses correspondances de leur Mère
• Les missives non ouvertes qu'ils pourraient remettre à Aiguemarine le jour venu
• Le gros livre sur les maladies que la médecin avait commencé a rédigé
• Quelques vieilles cartes griffonnées, même si peu déchiffrables

Bref, ils emmenaient un peu tout ce qui pourrait être utile.



[Quelques jours plus tard]

Athalia débarqua auprès de son frère une missive à la main.
Thomas, Thomas, on a une réponse de la Dame Lali. Viens voir !



Eh bien, il n'y a plus qu'à aller à sa rencontre !
Nous en saurons surement beaucoup. Et nous verrons notre demi-soeur comme ça. C'est une bonne nouvelle ça...
Cela donnerait presque envie de répondre aux dernières missives qu'on a reçues...
Faible sourire, mais il faut bien essayer de faire quelques blaguounettes



Edité pour compléter le 10 Juillet en soirée.
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Thomas de Meyran
Fils d'Aiguemarine et de feu Nictail de Meyran
Frère d'Athalia, Aurore et Nathan
Filleul de Korydwen et Sindbad

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merci jd Alex

De se relire, les yeux embués, envahie par la saturation puis de faire partir la missive, absolument pas satisfaite par le contenu.
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[C'est quoi la spécialité vestimentaire de Millau, déjà ?]

Avec une journée pareille, Eugène n'avait pas trop tergiversé. Il avait fait ses heures aux mines, aidé à réparer une clôture puis avait mis le cap sur le lac. Dans l'idéal, notre homme y pécherait bien mais il faut d'abord s'assurer des possibilités. Le groupe qu'il accompagne a un peu la bougeotte, mais parfois pas. Se lancera-t-on ce soir sur les sentiers, ou le ton italien cuvera-t-il, ou le frérot étudiera-t-il, allez savoir...

Tous ces problèmes de logistique n'ont guère troublé notre homme. la pêche est remise à plus tard mais que diable, il fait chaud, il y a un lac : l'occupation de l'après-midi est donc toute trouvée.

Un petit talus herbeux ouvre ici sur une crique bordée de roselières, semée de quelques rochers plats : juste de quoi poser ses affaires, tomber la guenille de gros lin qui lui sert de chemise, mettre le pied et plonger.

- Ha !

Buller avec les libellules.

Barboter avec les carpes maussades.

Agiter les doigts de pied en faisant la planche.

Ronfler un peu avec les bourdons.

Se déguiser en algue, savoir qu'on est une souche de vieux bois qui flotte.

Constater que l'eau a un petit goût de vase.

Chasser les moustiques.

La vie, quoi !

Le soleil bascule un peu, levant un banc de nuages qui annonce l'orage pour d'ici deux ou trois jours. Eugène, purgé de toute somnolence, quitte l'abri des roseaux pour gagner le grand large. L'eau est plus fraîche, elle lui rentre dans le nez.
Le voici qui nage avec vigueur, et même un enthousiasme qu'un puriste qualifierait d'excessif. Il mouline l'eau à grands coups de bras comme s'il fallait la rosser, il bat des pieds pour se pousser plus vite encore et même si la technique pourrait être affinée, le voici qui trace sur les eaux paisibles du lac, pulvérisant partout l'écume, semant la désolation chez les placides poissons, soulevant alentour des vagues furieuses et mugissantes dignes de l'Atlantique (toutes proportions gardées, disons).

Le centre c'est bien.

Point d'équilibre.

Jolie vue.

De là, on observe sans peine les berges et leurs visiteurs. Un groupe de locaux lance ses lignes dans un coin calme mais, plus satisfaisant, la silhouette d'Athalia se dessine sur la berge la-bas. Elle semble songeuse - mais c'est assez courant chez elle selon Eugène - et parait fort occupée à noyer des cailloux. Passant en mode brasse pour ne pas trop effaroucher la damizelle, Eugène donne un coup de reins et pointe dans sa direction.

- Ha, Athalia ! Vous d'vinerez jamais ! Figurez vous qu' j'ai entendu au village des quidams répandre le bruit qu'vous saviez même pô nager,
lui lance-t-il innocemment - et de pas trop près parce qu'il est prudent - en guise de salut.
- C'pas croyable, hein, c'te médisance des sceptiques !

Gloup ajoute-t-il, car il est parfois risqué de parler avec la bouche à moitié dans l'eau.
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Eugène Cheminard, dit le rabailloux

[Bordeaux]

Thomas avait enfin réussi à prendre une verre avec son oncle. La première fois depuis que le petit groupe s'était réuni. Mais bon, cela avait été un moment bien agréable. Leur oncle était un peu... dur de la feuille... et criait un peu trop fort au goût d'Thomas.
Mais bon, chacun avait ses tares comme on dit... non ?

Et là, Athalia lui avait demandé ce qu'il comptait faire. Quelle étrange question !
S'il avait accompagné sa soeur, c'était pour trouver des informations sur leur Mère afin de réussir à la retrouver. Alors, il comptait bien accompagner sa soeur jusque La Teste pour visiter la maison d'AIguemarine.
Alors, en route !



[La Teste]

Ils étaient arrivés à La Teste tôt le matin et s'étaient dirigés raidement vers la domicile de leur Mère. Athalia se souvenait parfaitement de sa localisation.
Un signe de tête d'approbation et Athalia toqua à la porte.

Un mince espoir de voir leur Mère ouvrir la porte... mais un espoir quand même.

Une attente, qui parait interminable...

... Et puis finalement...

.. C'est Emma qui apparaît à la porte...

Oh Athalia ! Thomas ! Entrez, entrez !
Mais que faites-vous là ?

La fratrie entra donc dans la demeure, retrouvant aussi Anselme, leur expliquant qu'ils sont venus jusqu'ici pour trouver des informations sur leur Mère et retrouver sa trace. Alors, Thomas et Athalia leur demandèrent de leur en raconter plus.

Et là, toute l'histoire connue leur fut décrite.
Ils passèrent rapidement sur l'épisode de l'abbaye qui laisserait à jamais une trace indélébile dans leur coeur. Anselme expliqua que Thael était parti pendant que leur Mère était cloîtrée.

Quand votre Mère est revenue, elle était forcément très affectée.
Et rapidement, elle prit la décision de partir à la recherche de Messer Thael comme celui-ci ne revenait pas.
Et c'est là que votre Mère a fait v'nir la Dame Lali. J'sais point trop ce qu'elle se sont racontés, mais ça a duré un certain temps. Le lendemain, Emma a été chargée de confier Julia à la Dame Lali. Soit-disant que votre Mère entreprenait un long voyage et que la petite s'rait mieux ici.
Et pis vot' Mère prépara son paquetage et celui pour l'ptit Odin. Et elle nous confia la demeure. Nous avons eu quelques nouvelles, éparses... Mais sans beaucoup plus d'informations sur sa destination... Hélas.

Nous n'en savons guère plus... Je suis désolé.
Nous n'avons pas touché aux affaires dans son bureau. Peut-être trouverez-vous quelque chose dans les affaires de votre Mère.

Le frère et la soeur,se regardèrent, interrogatifs. Peu de nouvelles de côté là non plus.
Cela n'était pas forcément bon signe. Mais il fallait chercher des informations.

Et le bateau de notre Mère ? Je ne l'ai pas vu en passant sur le port...
Thael s'est enfui avec ou quoi ?!

Non non ! Pas que je sache... Mais, nous n'allons guère sur le navire de votre Mère. Il me semble que la Dame Lali est partie avec quelques temps après le départ de votre Mère. Mais je n'en sais pas plus...

De plus en plus intrigant toute cette histoire. Et tout se recoupait vers la Dame Lali...

Merci pour ces éléments...
Soeurette, il faut qu'on aille voir le bureau de M'Man, il y aura surement des indices. Et puis finalement, tout a l'air de se recouper autour de la Dame Lali...
On a des pistes, il faut creuser, nan ?
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Thomas de Meyran
Fils d'Aiguemarine et de feu Nictail de Meyran
Frère d'Athalia, Aurore et Nathan
Filleul de Korydwen et Sindbad

~Séjour bordelais, à partir de la mi-juin~


La fratrie et Eugène avaient donc pris leurs quartiers chez Adric et Laurylyne. L'couple s'donnait du mal pour les r'cevoir au mieux et Athalia mesurait l'geste. Ce n'devait pas être évident d'héberger des gens qu'somme toute, ils n'connaissaient quasiment pas. Mais tout s'passait bien. Oh, bien sûr, la jeune femme aurait souhaité qu'son bûté d'frère sorte davantage d'sa léthargie, mais fallait croire, qu'pour l'instant, il n'voulait pas faire plaisir à sa grande soeur.

Les jours passaient et un matin, la jeune femme s'décida à r'trouver c'te fameuse femme escorteuse dont sa mère avait vanté les qualités. C'donc d'un pas décidé qu'Athalia arpenta les rues et ruelles d'la capitale guyennoise à la r'cherche d'une enseigne ou d'n'importe quoi pouvant la mettre sur la piste d'c'te femme, quand soudain...(1)

Et c'après l'solstice d'été qu'Eugène eût la brillantissime idée, ahem, d'tomber malade. (2).
Et quand bien même, Athalia avait un souci avec la gente masculine, 'fin, plus précisément, Thael, mais vu qu'ce dernier avait détalé tel un lapin et abandonné femme et enfants, elle n'pouvait pas s'venger, la jeune femme n'se voyait pas abandonner l'rabailloux à son triste sort. Que s'passait'il ?

Entretemps, la fratrie reçut réponse d'la dame Sun qui lui confirmait bien l'nom d'la fameuse escorteuse, et leur donnait quelques idées. Laissant passer l'anniversaire d'Thomas, caressant l'espoir qu'la madonne donn'rait signe d'vie c'jour là, c'qui n'fût pas l'cas, c'est un peu dépitée qu'Athalia prit la plume l'matin du 27 juin afin d'répondre à la duchesse vadrouilleuse.









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♦ Juste elle ♥

Après son retour de Tours depuis quelques jours, et un trajet sur le foncet de Joss assez calme, Lali, Julia et Deb avaient repris les activités quotidiennes dans leur demeure.

Tantôt Julia passait ses journées à la boulangerie avec Lali ou au moulin avec Deb juste à côté. Parfois elle faisait les allers-retours boulangerie-moulin-boulangerie. Elle semblait s'adapter à sa nouvelle vie, même si le manque de ses parents se faisait ressentir. Lali la réconfortait et lui parlait souvent de ses parents, afin qu'ils restent présent dans sa mémoire à défaut d'une présence physique.

Lali avait emmené à plusieurs reprises Julia sur l'Espadon Bleu, et cela semblait lui plaire...Son Normand et Capi de père en serait fier sûrement.

Il était temps maintenant pour Lali de continuer sa grande mission...exécuter les dernières demandes de son Amie Marine.
Après livraison de la Boussole à Tours à leur ami Castelreng, elle devait maintenant contacter Adric, le frère de Marine qui vivait à Bordeaux.

En début de soirée, elle s'installa à son bureau et se mit à écrire. Ne sachant jamais très bien comment apposer de la meilleure façon ses mots sur le support. Après plusieurs tentatives, elle finit par envoyer la missive.



Missive faite, pigeon envolé, elle entreprit les préparatifs pour le prochain voyage en bateau.

Julia, tu viens m'aider pour préparer tout ce que l'on doit prendre !


Lali et Julia préparèrent ensemble les stocks de pain et de maïs pour le voyage, les petites malles avec leurs affaires personnelles et de ranger les potions et diverses simples dans de grandes caisses.

Demain soir, serait le départ ....
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[On ne se méfie jamais assez des tontons alcooliques]

- Une mouette ? Où ça ? interroge naïvement notre homme qui détourne en effet la tête.

- Hmmmmm, non, je ne ... gloup ?

Surpris, Eugène n'a point le temps de finir sa phrase que le voici noyé sous une brève mais vigoureuse poussée.
O rage, ô désespoir, ô pucelle ennemie ! se dit notre homme, fort marri de s'être laissé prendre si facilement.

Il donne par réflexe quelques brasses pour s'enfoncer encore un peu, se dégageant des deux mains qui font pression, puis se retourne vers l'insolente. La vision est fort trouble sous l'eau, Eugène ne pourra donc, par un curieux paradoxe, se rincer l'oeil au passage. Tout ce qu'il aperçoit d'Athalia, ce sont les deux serpents flous de ses jambes émergeant d'une tâche plus sombre. Et là haut le disque ondulant du soleil qui semble flotter sur une mer d'argent.

Notre homme émerge deux mètres plus loin dans un jaillissement d'eau et de bras. Il agite aussitôt un doigt vengeur en direction de celle qui vient d'attenter à sa vie.

- Par les roustons d'Aristote, ça va s'payer tout ça ! gronde-t-il, l'air féroce.

Réflechit.

- Tiens au fait, observe-t-il d'un air soudain songeur, j'crois bien avoir vu deux anguilles là-d'sous, sortant d'un gros sac informe et violet. J'vais nous les attraper, on les f'ra griller ce soir ça doit être succulent...
A moins que je n' les grignote crues derechef, parait qu'c'est pas mauvais non plus !

Mettant sans plus tarder sa menace à exécution, Eugène replonge. Il s'enfonce de quelques pieds puis donne un coup de reins pour se propulser en direction de la jeune fille, passant sous elle d'une nage rapide à lui frôler les pieds. Il émerge à nouveau de l'autre côté, ravi à l'idée d'entendre la brunette pousser des cris horrifiés quand soudain :
1/ un bruit de pataugeoire derrière lui
2/ une voix d'homme en qui il reconnait sans peine le Tonton d'Athalia
3/ eeeeet.... une nouvelle poussée, nettement plus virile que celle de la jeune fille.

- Re gloup ?

Nom de d'la de nom de d'la, ça n'va point s'passer ainsi ! médite-t-il dans les profondeurs retrouvées.

Eugène tend aussitôt ses deux mains. La gauche attrape le mollet de l'ondine grognonne, la droite s'empare du pied du triton(ton) alcoolique et le voilà qui tire tout ça énergiquement vers le bas, se propulsant lui même en haut par réaction.

- Haaaa !! fait-il en émergeant à l'air libre, aspirant une grande goulée d'air.

Sur la berge, dame Lauralyne parait observer le spectacle avec inquiétude. Eugène agite une main vers elle pour la saluer car le jeune homme est galant.

Hélas ! trois fois hélas ! des trucs, surgis peut-être des gouffres vaseux du lac, le tirent à nouveau sous les eaux où il s'abîme en poussant un dernier cri de désespoir.

- Re re gloup ?

Décidément, médite Eugène, dépité, les sages avaient raison : l'enfer, c'est bien les autres.
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Eugène Cheminard, dit le rabailloux

- He, mais, 'tendez moi nom d'une burne !

Eugène s'est élancé aux trousses de la sauterelle, ne prenant même pas le temps de d'indigner de ce départ anarchique. Le voilà qui tricote à son tour, frénétiquement, des pinceaux. Elle a une dizaine de mètres d'avance, Eugène accélère pour en grignoter. Les deux coureurs filent dans la campagne, accélèrent encore, se rattrapent, se mesurent, se défient, se font des croche pieds en vain, la donzelle reprend de l'avance, le gars force à nouveau, ça va barder mes amis, ça va barder !!

Il n'entend plus les bruits de la campagne seul le vent de la course qui mugit à ses oreilles. Il a le souffle brûlant et il rit.

Ils vont si vite, dira Eugène, que la terre crépite sous leurs pieds, que les arbres s'effacent, que les buissons se retirent pour n'être point emportés. Les nuées sont laissées sur place, les pieds d'Athalia battent à une fréquence si époustonifiante, précisera-t'il nombre d'années plus tard au coin d'un feu devant un auditoire de gosses mi sceptiques, mi émerveillés, qu'on ne les voyait plus et c'est comme si elle surfait sur la brume, et les étincelles jaillissaient des pierres qu'elle réduisait en poussière et tout la pays tremblait sous le poids de leur effort, et sur les remparts de Murat les gardes sonnaient dans la terreur l'alarme et le tocsin.

Et voici la sauterelle qui traverse et renverse ce gros buisson qui occupe le chemin !
Et voici qu'Eugène entend comme un petit cri surpris.
Il pulvérise le buisson à son tour, ses pieds arrachent du sol des morceaux de terre et de pierres gros comme la moitié d'une montagne (précisera-t'il à son futur auditoire), les branches volent en éclat et le forêt entière de gémir sous le choc.

Et voici qu'Eugène jaillit du hallier qui avait avalé Athalia.

Et voici que juste là, le chemin bifurque bêtement à gauche.
Et voici que sous les pas de notre homme s'ouvre un vaste et profond fossé.
C'est ballot.

Eugène pile désespérément.
Trop tard !

Et voici qu'il s'envole à son tour.
Il est léger comme une plume, il frôle les nuages, le soleil le taquine.

C'était comme si j'étais dev'nu un bourdon, expliquera-t-il plus tard aux gamins rassemblés pour les contes de la veillée.

Devant lui, la sauterelle parait avoir elle aussi saisi l'occasion d'apprendre un peu à voler. Elle bat des mains dans les airs, vaine mais émouvante tentative d'améliorer un peu la précision de son plané. Etienne admire la classe, lui qui contrôle sa trajectoire avec la finesse d'un cachalot.

Elle profèrait c'pendant, signalera Eugène ce soir là, et sans vouloir cafter, des jurons étonnants pour une si timide pucelle.

Eugène quant à lui, s'essaye maintenant à conclure noblement son envol. Devant lui, dans le gouffre envahi de buissons, d'herbes, mais aussi qui sait de torrents profonds comme des mers, de serpents venimeux, de fauves assoiffés de sang et même de dragons (nooon, diront plus tard les mômes, siii j'vous raconterai, rétorquera Eugène), dans le gouffre disais-je, Athalia a du se poser car il ne la voit plus.

Il bat des mains à son tour, médite une prière éclair, trouve que tout cela va trop vite finalement et regrette très brièvement de n'avoir pas mieux étudié la route
lorsque tout à coup...
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Eugène Cheminard, dit le rabailloux

[Rien ne sert de partir, il faut courir à point]

Ils avaient, la veille, traversé ces terres que l'on nomme le Pays Coupé. Cette région des monts d'Auvergne tient son nom de sa geographie particulière. On dirait qu'ici la montagne a été hachée à grands coups. Les ravins se succèdent, au fond bouillonnent parfois des torrents glacés, le plus souvent c'est un chaos de pierres et de végétation mêlées, éboulis, taillis, le soleil peine à y pénétrer hormis à son zénith.
Les sentiers qui courent là font grands détours pour éviter ces gouffres. Si vous avez bon pied et monture faite aux montagnes, vous pouvez tenter d'aller droit en coupant les reliefs : il y a bien souvent un chemin, large comme quatre ou cinq mains, qui dévale le flanc des précipices. Il y faut le coeur bien accroché, un peu de chance aussi.
Prudemment, l''équipe était restée sur les hauts et la journée avait été longue.

Ils avaient campé pour prendre un peu de repos à la sortie de cette zone difficile.
Une soirée calme, traversée de silences.
Eugène aime ces moments là.
On peut écouter.

Ils avaient donc parlé, partagé le pain, le gibier. Athalia picorait à peine. La sauterelle sourit peu, alterne de longues périodes de mutisme et des accès de loquacité, ses humeurs vagabondent. Eugène ne sait si c'est là son caractère, ou si c'est seulement la disparition de sa mère qui la tourmente. Il la connait à peine : quelques soirées partagées en taverne à Montpensier avec l'accorte princesse autoproclamée de l'endroit, tavernière à ses heures perdues : c'est-à-dire souvent car il est dans la nature des princesses d'avoir du temps à perdre.
Instinctivement, notre homme éprouve vis à vis de ces deux piliers de taverne cette sympathie confuse que l'on n'explique pas, qui vous repose l'âme.

Quelques soirées, et ce projet d'accompagner la jeune femme pour l'aider un peu, peut-être, dans son enquête sur la disparition de sa mère. Elle se rend à Bordeaux après tout, Eugène veut y aller aussi. Alors...

Alors il est revenu à Montpensier pour le départ, après avoir un peu exploré le Forez .
Alors ils ont marché ensemble, tous les trois. Le frère, Thomas, les accompagne. Il demeure le plus souvent plongé dans ses pensées. Discrétion est son deuxième nom tant on l'entend peu.

Ils ont levé le camp avant la piquée du jour. Il fait frais, des flaques de nuit hantent les fondrières, nombreuses après les pluies récentes. La terre ici est souvent mêlée d'eau, gorgée de marécages.
Le ciel s'est délavé lentement, la silhouette rude du Lioran est venue taillader l'horizon.

A présent, le soleil darde son premier rayon. il perce la brume légère qui palpite sur la terre mi sauvage, mi exploitée. Et l'on voit, des nuées, émerger la muraille d'une ville. Eugène se tourne vers Athalia, juchée sur sa jument camarguaise. Elle a vu sans doute, elle aussi. Il sourit à pleines dents.

- C'est Murat, j'crois. Premier arrivé, premier servi !

Heure de relever un défi lancé au coin du feu.

- Allez, descendez d'là derechef qu'on voie si vous tricotez des gambettes moitié si bien qu'vous vous vantez !

Il piaffe, tout prêt à s'élancer. La fatigue s'efface. Heureusement, Eugène a voyagé léger : la jeune femme a chargé Neige du gros des bagages du camineux.
Il veut courir à s'en éclater les poumons. Le ciel prend la couleur du sable, l'air porte par endroits une odeur de violettes, l'engoulevent a fui dans un froissement d'ailes. Il observe du coin de l'oeil Athalia qui s'apprête.

Ce sera sûrement une belle journée.
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Eugène Cheminard, dit le rabailloux