Afficher le menu
Information and comments (0)
<<   <   1, 2, 3, 4, ..., 9, 10, 11   >   >>

[RP] Ne jamais sous-estimer le pouvoir des paillettes

Raymond_de_petrus
Raymond la regarda s'éloigner de lui et il se mordit la lèvre inférieure, restant muet. Il comprenait parfaitement qu'elle puisse décider de partir, cela était mieux... quelque part. Il ne pouvait pas le lui reprocher en tout cas, alors qu'il lui offrait ce choix. Il détourna le regard, préférant fixer n'importe quoi sauf elle qui s'en allait. Cela n'amoindrissait pas la douleur qu'il ressentait et il savait qu'à l'instant ou elle aurait franchi la porte, il paierait le contre-coup de tout cela. Il avait depuis longtemps accepté le simple fait d'accepter les conséquences de ses actes, même si il ignorait simplement à quel point cela serait douloureux.

Il hésita un instant, ils pouvaient rester amis. Il pouvait le lui dire, alors qu'il se séparaient presque en bons termes, mais il remarqua alors qu'elle s'était arrêtée, arrivée presque au seuil de la porte de la pièce.

Elle fit alors demi-tour, pour revenir vers lui et l'embrasser. La douceur dont elle usa fut trompeuse et il crut à un baiser d'adieu. Ce fut douloureux et tragique, il avait la sensation d'agoniser sur place, la trouvant cruelle de prolonger ainsi l'instant. Sorianne s'écarta à nouveau et il fut confondu par ses paroles. Tant pis.

Il n'eut pas le temps de réflechir, elle l'embrassait à nouveau et il l'étreignit farouchement contre lui. Il la sentit le pousser contre sa table de travail, ou se trouvaient pêle-mêle pigments et vélins. D'une main, à tâtons, il en repoussa une bonne part, veillant quand même à rien faire tomber (vu le prix que ça coûtait) et ce fut la couturière qui se retrouva assise dessus, pour ce qu'on imagine bien.

***

Un peu plus tard...

L'orage était fini, même si le ciel charriait encore des nuages noirs. Allongé dans le lit en désordre, Sorianne à son côté, Raymond caressait distraitement les cheveux sombres de la couturière, profitant du silence.


Il lui murmura alors, avec un amusement perceptible :


Il va te falloir trouver autre chose si tu gagnes le pari à Sarlat, ma chère.
_________________
Raymond_de_petrus
[Plus tard]

La rupture était actée. Hélas.
Raymond eut l'impression que cela faisait des semaines qu'il n'avait pas passé une soirée seul, chez lui, et c'était sans doute le cas. Il alluma quelques lanternes, alors que le soleil venait de se coucher et la sensation de solitude s'abattit sur lui.

Il l'avait vu, quelques instants plus tôt, en taverne, et il n'avait rien pu faire d'autre que de la regarder, et regretter. Elle avait eu l'air ailleurs, et était partie tôt. Il n'avait, bien entendu, pas proposé de la raccompagner, cela aurait été indélicat, et elle aurait refusé. Il ignorait comment la suite allait se dérouler, alors qu'ils allaient devoir probablement travailler ensemble au conseil Comtal. Et si l'amitié voulue ne donnait rien ?

Les petites piques de Mahaut et Orkaange passaient ainsi presque inaperçues après cela.

Il tourna en rond un bon moment, tenta de commencer une copie, renonça, puis une lettre, avant de renoncer à nouveau, son esprit refusant de se concentrer. Dépité, il finit par tout éteindre, avec la sensation que son appartement l'étouffait. Il ouvrit les fenêtres, espérant de la fraîcheur, mais rien ne convenait.

Non, rien ne convenait.

_________________
Raymond_de_petrus
Trois jours. Ils avaient tenu trois jours. C'était tragique, somme toute, mais elle lui manquait, et il lui manquait aussi.

Ils avaient longuement parlé, fait état de la situation. La couturière voulait encore un peu de temps. Encore profiter un peu de cette bulle de sérénité et de bonheur qu'ils avaient construit, et fait éclaté trois jours plus tôt. Raymond avait accepté, sachant que le temps était compté. Ce n'était pas bien glorieux pour lui, et il avait objecté quelques arguments à Sorianne. Elle lui avait doucement répondu que les autres ne sauraient pas. Que ce serait leur secret. Qu'ils pouvaient parfaitement se montrer amis en public, et ils espéraient bien que les sujets de conversation changeraient avec la fin des élections comtales.

Et ils verraient bien le moment venu. Elle ne voulait plus penser, ne plus réfléchir aux conséquences, aux échecs passés, ou à l'avenir. Il était étonnant que cela soit la couturière qui lui répète le crédo qu'il avait adopté quelques années plus tôt.

Malgré la chaleur des nuits estivales, elle était blottie contre lui, dormant avec sérénité. Il l'envia. Comme l'avait bien résumé Orkaange, il était dans la m****. Il s'endormit, épuisé. Le jour prochain ne serait pas non plus de tout repos.

Il s'éveilla avant elle, presque frais et dispos. Il se leva doucement, et entreprit le chantier du jour, écrivant rapidement deux missives. Une fois ceci fait, il se rallongea sur le lit. Dans un demi-sommeil, elle se blottit contre lui et il l'enlaça, se trouvant heureux ainsi.

_________________
Sorianne
La soirée n'a pas été drôle.
Elle salue la loyauté et l'inquiétude de ses vieux amis, mais pour le coup, la So n'est pas en accord avec. Excédée, elle a finit par s'en aller, mais au moins, cela lui aura permis de pouvoir parler avec Ray de toute cette histoire, et la soirée s'est finie sur un lit de douceur.

Elle émerge doucement quand le blond revient s'allonger. Avec un petit sourire paisible, Sorianne se blottit tout contre lui, profitant du temps qu'il leur reste, qui est malheureusement compté. Elle le sait, cela assombrit son esprit, mais elle relègue cela dans un coin, même si elle sait que la petite bulle de sérénité ne sera pas aussi bienheureuse qu'elle ne l'a été au Printemps.

Le nez frotter doucement contre le buste ami, et la noiraude s'étire dans le rayon de soleil qui perce dans la pièce. Encore une belle journée qui s'annonce, et... Même pas la gueule de bois. Il faut croire qu'elle se fait à nouveau à l'alcool.


Bonjour Sire de Pétrus. une petite plainte s'en suit, et elle continue. Vous êtes trop matinal, c'est pas normal.

Il lui faut un instant pour vraiment émerger, reconnecter les neurones, et soudain, elle se rappelle ce qui est sorti hier soir, à l'auberge. Alors, parée uniquement de sa sombre tignasse et du drap, elle se redresse, en appui sur son coude valide et tournée vers Raymond, affiche un regard qui en dit long.

Ne le fais pas.


Pas de bêtises.
Pas de départ.
Pas de lice.
Pas d'humiliation publique.
Pas de procès.
De simples excuses, oui, mais en vis à vis, tout Périgueux n'a pas besoin de le savoir.


Ne le fais pas Raymond.

_________________
Raymond_de_petrus
Raymond la regarda s'étirer, un léger sourire aux lèvres.

Et la petite sirène aime beaucoup trop paresser au lit, à ce que je vois.

Sorianne finit par se redresser à demi, lui demandant de ne pas céder aux pressions d'Orkaange. Raymond fit une moue dubitative.

Orkaange est beaucoup trop remontée contre moi... Il est peut-être temps que je lui donne ce qu'elle veut.

Même si je crains que mon humiliation ne suffise pas à la contenter.


Il haussa les épaules.

Ce sera juste un mauvais moment à passer. Et c'est mieux qu'un procès en pleine période d’élection.

C'était aussi une des raisons qui l'avait poussé à accepter, éviter de saborder le travail de la liste comtale. Il soupira, et entoura autour de ses doigts une des mèches de cheveux de Sorianne.

Ca ira, t'en fais pas.

C'était ce qu'il répétait en boucle depuis plusieurs jours, et il se demandait à quel point il se voilait la face.
_________________
Sorianne
Moui. Avec un soupir, elle s'est laissée retomber sur le lit, dépitée à l'idée de l'imaginer faire ce qu'il envisage.
Ca ira...
Ne pas s'en faire...
Rien n'irait dans cette histoire au final.
Alors So a tanné Raymond toute la matinée.
Câline, plus agacée...
Jusqu'au dernier moment elle l'a poursuivi, essayant de le convaincre de ne pas aller se présenter sur la place, que de toutes façons ça n'irait pas jusqu'à un procès réellement...
Mais ça...

_________________
Sorianne
C'est avec un sourire aux lèvres que la So s'étire doucement. Une fois n'est pas coutume, elle est première à s'éveiller. Peut-être que c'est dû à son dos qui la tire quelque peu, mais à dire vrai, ce n'est pas bien grave et elle sourit au souvenir de la soirée. Elle ne regardera plus jamais le porche sous lequel ils s'en sont donnés à cœur joie, de la même façon, mais oui, voilà : le soutien du mur dans son dos lui a laissé un petit souvenir temporaire.

Un petit bruit léger lui fait lever un peu la tête, et avec délicatesse, pour éviter de réveiller le peintre, la jeune femme s'extrait du lit, avec force grimace quand son dos menace de craquer. Gniiiiii! Mais rapidement, elle y arrive, et passe sa chemise laissée à l'abandon.

Le bruit vient de la porte, on y a frappé, et la So n'ose pas vraiment ouvrir. Manquerait plus qu'on la choppe ici alors qu'ils sont censés avoir mis un terme à cette relation impossible. Alors elle attend, se fait discrète et finalement un pli est glissé sous la porte, c'est un bout de la page de la kap, qu'on a déchiré et sur lequel on a inscrit "félicitations" en gros.

Avec un sourcil haussé, Sorianne se penche et s'en saisit avant d'ouvrir de grands yeux et d'afficher un immense sourire, courant presque à la chambre.


J'ai gagné mon pari Raymond!! Tu vas devoir faire à manger à tout le conseil!!

Réveil en douceur bonjooooooour!
_________________
Raymond_de_petrus
Raymond fut obligé d'ouvrir un œil aux hurlements enthousiastes de Sorianne. La nécessité de réfléchir à ce qu'elle venait de dire mobilisa les quelques neurones valides du peintre, qui bougonna et s'assit dans le lit.
Parchemin en main, tentant de sortir des limbes du sommeil, il lui fallut quelques secondes pour réaliser. Il regarda les scores et sourit largement.


Techniquement... c'est plutôt toi qui a perdu le pari !
Va falloir que tu me prépares à diner !


Ils avaient parlé d'une majorité ou minorité de postes au Conseil, pas d'une parfaite égalité de sièges. A vrai dire, le peintre avait estimé impensable un score aussi élevé, vu que la liste adverse avait admis avoir menti dans ses courriers pour rabattre plus d'électeurs.

Et bien ! Du travail nous attend !

Mais il était encore bien tôt pour se rendre au Château, il y avait le temps de prendre le petit déjeuner, s'habiller et bavarder un peu. Une demande récente de la couturière revint en tête au peintre.

Tiens, avant d'aller au conseil, tu voulais voir ce que je peignais, non ?
_________________
Sorianne
La So est revenue dans la chambre, et grimpe déjà sur le lit à côté du blond tout en lui tendant le morceau de papier qu'elle tient et sur lequel sont affichés les résultats. La mauvaise foi du peintre la fit rire, et nonchalante, elle vient chevaucher Raymond avant de poser sa tête sur son épaule.

Vous trichez Sire de Pétrus, tu as bien dit que si on était plus de six, tu faisais le repas à tout le conseil, alors que je devais te faire un repas seulement si on n'arrivait pas à avoir six sièges!

Alors, un petit mordillement dans le cou.

Vous êtes de mauvaise foi!

La tête brune se redresse quand il lui parle de ses peintures, et le sourire qui nait en dit long sur ce qu'elle en pense. Ravie! Elle aime voir les gens travailler, elle aime voir avec quelle aisance ils mettent en pratique leur savoir, silencieuse, à observer leurs moindres gestes si sûrs. Doucement la brune secoue négativement la tête.

Je voulais... Te voir peindre!

L'enthousiasme marque une petite pause. Et elle fronce un peu le nez.


Tu crois que la cohabitation va bien se passer au conseil?


Vite, elle passe à autre chose!

Je veux être JUGE!

Et mimant un marteau qu'elle frappe sur la tête du blond avant de secouer la main et d’ébouriffer un peu plus l'épaisse tignasse en riant

Je vous déclare coupable!
_________________
Raymond_de_petrus
Justement, on est pas plus de six... alors le pari ne s'applique pas.

Il se mordit la lèvre inférieur, maitrisant quelque désir matinal pour son amante qui s'amusait déjà à le provoquer. Et à l'accusation de mauvaise foi, il rit sans gêne, et accepta totalement sa culpabilité.

Toujours !

Sorianne devait être habituée depuis le temps d'ailleurs. Elle corrigea alors ce qu'il lui avait proposé, et Ray eut une moue moins enthousiaste.

Oh. je crains de ne pas trop aimer avoir du public.
Enfin, peut-être un jour qu'on pourra faire cela.


Cela lui rappelait trop son compagnonnage, avec le maitre qui passait son temps à scruter ses faits et gestes pour y déceler la faille, le poignet pas assez souple, le mélange de pigments pas assez précis pour reproduire la teinte nécessaire.

La couturière ne cessa de changer de sujet, et avant d'avoir pu répondre à sa question sur la collaboration des 2 listes comtales, elle annonça vouloir être juge, tout en accompagnant cela d'un coup sur la tête du peintre.

Aïe !

Les mains de la couturière furent saisies, et profitant de la différence de gabarit, Raymond la renversa sur le lit, se retrouvant à la surplomber.

J'exige un avocat !
Ou plutôt, je serai mon propre avocat, parce que je constate déjà certains vices de procédures.

_________________
Sorianne
Oh j'aime voir les personne mettre du cœur à leur ouvrage, je trouve ça beau à voir!
Puis je ne te dirai rien! Je n'y connais rien, alleeer...


Et après qu'elle se soit amusée à le décoiffer un peu plus qu'il ne l'est déjà, la voilà qui se retrouve renversée et à la merci de Raymond, et ne cesse de rire. Il n'y a pas à dire, elle est si bien là!

Je suis impartiale mon bon Messire, de quelles vices de procédures osez vous donc parler??

La noiraude finit toutefois par se calmer, mais ne se dégage pas pour autant. Le regard s'adoucit, de même que le sourire. Et c'est avec un soupir qu'elle poursuit.

Je crois qu'il va falloir que je rentre avant de risquer croiser du monde, ils vont se demander pourquoi je viens d'ici sinon...

Une petite moue se fait jour, avant que le sourire espiègle ne s'en revienne.

Mais des amis peuvent toujours se voir! S'il te plaaait montre moi comment tu peins... Et je te montrerai... Comment je couds.

Elle se redresse, lui mordille doucement le menton en retenant un rire.

Je ne peux pas sortir, je vais rougir à regarder les coins de murs.

Oui c'est fait exprès.
_________________
Raymond_de_petrus
Raymond finit par céder.

D'accord, mais je veux aucun bruit dans ce cas, pas de bêtise ou de moquerie ! Et puis je n'ai pas de commande en ce moment, quand ce sera le cas, nous verrons.

Il tenta d'argumenter en sa propre faveur face à l'impitoyable juge en position de faiblesse.

Et bien je n'ai même pas pu faire ma plaidoirie, ou appeler des témoins pour prouver à quel point vous êtes une vile femelle !

L'hilarité finit par se calmer, et Sorianne annonça son départ proche.

En effet, des amis peuvent toujours se voir, mais si on les trouve l'une en chemise, et l'autre encore nu, dans un lit, il peut y avoir un certain doute sur la nature de leurs activités, tu ne penses pas ?

C'était dans ces moments là ou on avait effectivement envie d'arrêter le temps, et de rester ad vitam aeternam dans un lit, ne pas se lever, et ne surtout pas penser à la vraie vie. Cela rendait hélas plus cruel la réalité. En représailles à sa petite provocation, il lui offrit un baiser mordant.

Si tu continues comme ça, je t'assure qu'il faudra choisir entre vivre le reste de ta vie les yeux bandés, ou être perpétuellement rouge comme un coquelicot !

Il déposa un baiser beaucoup plus doux sur les lèvres de Sorianne, et libéra la couturière, craignant de lui demander de rester. Les draps volèrent, et il se leva, prêt à en découdre avec le reste de la journée.
_________________
Raymond_de_petrus
    Quelques jours plus tard


Ce soir là, Raymond peignit. Comme promis à la couturière, il lui permit de rester à le regarder faire. Si il fut un peu gêné au départ, il finit par occulter sa présence, pour se concentrer sur ce qu'il faisait. Sa réserve de poudre de cochenille fondit en flèche, et il s'avisa, une fois la dernière touche de rose posée, qu'il lui faudrait en retrouver.

Deux bonnes heures s'étaient écoulées, et il laissa Sorianne chez lui, le temps d'amener les peintures à la taverne des Poneys, après avoir vérifié qu'elles étaient sèches, et les avoir emballé.

Il revint chez lui et trouva Sorianne sur le lit, les bougies encore allumées. Il sourit doucement, à voir sa mise qu'elle avait du mettre pour lui en l'attendant. Elle s'était endormie.

Il s'assit sur le lit, veillant à ne pas la réveiller, et la regarda dormir un long moment. Le sourire s'éteignit, et il maudit le Très Haut.

_________________
Raymond_de_petrus


Raymond avait trop longtemps repoussé l'exécution de la peinture pour Belial, et avec l'arrivée prochaine d'Hermance, il estimait qu'il ne disposerait plus d'autant de liberté de mouvement. Un certain sentiment de superstition lui soufflait de ne pas laisser l'oeuvre à portée de son épouse, ainsi il ne disposait plus que de quelques jours pour l'achever. En cette fin d'été, les couches de peinture sècheraient vite, et il pourrait faire livrer le tableau, immense, à Paris. Il savait Sorianne empêtrée dans les tissus, ainsi avait-il du temps devant lui.

Le support avait du être fait sur mesure, approchant les six pieds de haut, et les 3 pieds de large. La toile tendue l'attendait désormais, vide, immense.

La couche maigre avait séché depuis deux jours, et il ne manquait plus que le peintre réalise l’œuvre. Des croquis parcheminés étaient accrochés le long du mur, sur les proportions, les couleurs, les dosage de pigment et de liant à appliquer, les couches à superposer pour obtenir les teintes voulues.

La matière charbonnée, réduite en poudre, patientait tranquillement. Ce serait bien la première fois qu'il utiliserait autant de noir, jouant sur la transparence de la peinture pour obtenir diverses profondeurs de couleur. La céruse servirait pour le blanc, et enfin de la poudre d'or, conservée à l'abri des courants d'air et des gestes malencontreux.

Le peintre se mit au travail, avec des gestes larges. La précision viendrait par la suite. C'était une silhouette sombre, immense, son vêtement se décelant à peine du fond à peine plus clair et teinté de sépia. Le masque blanc se dessina, laissant voir les orbites vides, et des mains, aux doigts maigres et fins, tenaient une coupe d'or ciselée ornée de pierres précieuses qui semblaient étinceler. A peine finissait-il une couche que l'autre bout de la toile était déjà sèche, attendant la suite.
Il s'absorba, se perdit dans cette noirceur, alors que les pans de la robe de l'encapuchonné ne tombaient pas au sol comme celle d'une courtisane, mais semblaient se relever en d'autant de griffes sombres prêtes à happer l'importun.

Raymond cligna des yeux, ne voyant plus rien. La luminosité avait baissé, il mourait de faim aussi, ayant raté l'heure du diner. Ses épaules courbaturés le rappelèrent à l'ordre et il tenta, avec quelques mouvements du cou, de détendre ses muscles.

Il recula de quelques pas, observant son travail dans la lueur crépusculaire, et un frisson manqua lui échapper. Seule la fatigue expliquait le désagréable sentiment que le masque d'ivoire du Prince Démon allait sortir de la toile, et ses mains agripper sa gorge, dans l'évocation d'un souvenir malsain.

Il aurait fallu allumer des bougies, mais le glacis florentin attendrait le lendemain.

_________________
Sorianne
La petite noiraude s'éveille doucement quand un rayon de soleil s'en vient l'éblouir au travers de ses paupières closes. Elle ouvre un œil avant de le refermer et de se pelotonner contre le peintre qu'elle est venue retrouver chez lui, la veille au soir. Son propre appartement est envahi de tissu et elle ne s'y retrouve plus. Un chat n'y retrouverait pas ses chatons, c'est pour dire! Quelle idée que de souhaiter tant d'étoffe... Mais elle caresse la peau du blond, du bout du nez, et se réinstalle confortablement dans son giron.


***

La So est en train de rire en cherchant à ne pas s'étouffer avec l'eau qu'elle vient d'avaler. Les bêtises vont bon train, et il devient difficile de lutter contre la bonne humeur qui envahi la journée.



Je t'assure! J'ai vu ton voisin en robe! Pour sûr je n'ai pas eu d'hallucinations!

Et puisqu'il le faut, la So prend la pose, genou en avant, sur la pointe de son pied, et le bassin cambré vers l'avant, tandis qu'une main remonte les jupons -qui lui tiennent trop chaud, c'est intenable- jusqu'à son genou. Et en minaudant, elle fait un coucou du bout des doigts, la bouche en cul de poule et papillonnant des yeux.

Youhou.

Puis à rire, elle relâche tout et reprend l'air naturel avant de continuer.

Tu ne me crois pas! Et pourtant quand je suis arrivée hier soir il était là à faire ça! Je suis choquée Sire de Petrus! Cho-quée!

Seigneur ce qu'il fait chaud. La So en est en transe et se ressert un godet d'eau.

J'ai un programme pour la journée!
Tu délaisses les bestiaux au moins ce matin, voire la journée, tu me montres tes beaux tableaux... Et on s'en va profiter de la fraicheur de l'Isle et on reste à l'ombre des arbres et dans l'eau toute la journée jusqu'à ressembler à des raisins secs.


Tous frippés, mais rafraichis! En voilà une idée qu'elle est bonne. Distraitement, la noiraude s'approche de la tablée servant de bureau. Ce n'est nullement par indiscrétion, elle n'est point comme cela, mais machinalement son œil s'est vu attiré par une écriture fine. Non, elle ne lira pas le courrier de son ami.


Citation:
[...] Ravie de vous enlever[...]


Non, elle se détourne, un peu amère, mais nullement... Perturbée. Enfin les sourcils ne se défroncent pas vraiment... mais ne comptez pas sur elle pour se l'avouer. Le godet porté de nouveau à ses lèvres, elle ne peut empêcher son regard de se perdre sur le feuillet. C'est mal ce qu'elle fait. Alors avec moult difficultés, elle fait tout pour s'arracher de l'endroit où elle s'est plantée.

Raymond... N'oublie pas... Enfin ton courrier... Je n'ai pas lu, je te le promets.

Le sourire est neutre, elle s'interdit de songer à quoi que ce soit. L'épaule se hausse un peu toutefois et la moue en dit un peu trop.

Ou juste une ligne qui m'a sauté aux yeux, mais c'est tout, ça ne me regarde pas.
_________________
See the RP information <<   <   1, 2, 3, 4, ..., 9, 10, 11   >   >>
Copyright © JDWorks, Corbeaunoir & Elissa Ka | Update notes | Support us | 2008 - 2024
Special thanks to our amazing translators : Dunpeal (EN, PT), Eriti (IT), Azureus (FI)