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[RP] Ne jamais sous-estimer le pouvoir des paillettes

Eliance
D'ACCORD !

Il ne faut pas la prier, pour fuir, d'ordinaire. Mais alors là, elle a déjà claqué la porte que Raymond n'a pas achevé sa dernière phrase. Il ne fallait pas lui proposer de partir, aussi. Elle a fait son boulot : le surveiller, pendant environ 3 minutes 12. Ça a suffit pour analyser parfaitement la situation et en conclure que personne ne peut rien pour lui et surtout pas elle. Elle court encore dans l'escalier, puis encore dans la rue puis encore...

Hanté... elle va sans doute mettre des jours à s'en remettre. Ou pas.
Bientôt, elle voyagera avec le Hanté... brrrr.

_________________
© JD Calyce ♥
Raymond_de_petrus
Eliance ne se fit pas prier, et Raymond sentit le découragement l'envahir. Ses épaules s'affaissèrent, même celle douloureuse, et il entreprit de nettoyer encore les bris de verre, à croire que cela devenait un rituel.

***

Jour du départ

Sorianne lui disait que c'était le Sans Nom, mais Raymond pensait que c'était bien Hermance qui le hantait. Peut-être parce que l'idée était plus plaisante pour lui...
Il sortit son vieux sac en cuir bouilli, qui n'avait pas cessé de l'accompagner dans ses voyages, et commença à le remplir de tout ce dont il aurait besoin, la plupart de ses vêtements sombres, notamment. Il se laissait mener dans cette aventure, sachant à peine ou ils allaient, si ce n'était au nord. Il ferma celui-ci, se disant qu'il pourrait toujours acheter selon ses besoins et il resta debout un instant, le regard dans le vague.

Hermance...
Hermance, je sais que tu es là.


Il ne pouvait pas en avoir la certitude, mais il se doutait qu'elle devait être en train de l'écouter.

Ma chérie, je vais m'en aller.
J'ignore combien de temps.


Il afficha une assurance qu'il était loin de ressentir, mais il fallait en terminer. La prochaine étape serait un exorcisme, et cela risquait d'être beaucoup moins agréable pour le spectre de son épouse.

Et il faut que tu partes aussi. Ta place n'est pas ici, dans ce monde.
Tu es morte, ma chérie.


Il tritura son alliance, passée désormais à la main droite.

Tu es morte, et il n'y a rien que l'on puisse faire pour changer cela. Et je mourrai aussi quand mon heure sera venue. Mais ce n'est pas pour tout de suite, qu'Il m'en garde.

Il prit une inspiration et poursuivit.

Hermance, tu dois t'en aller. Tu dois renoncer à moi, tout comme moi je dois le faire maintenant que tu es morte. On a été heureux le temps qu'on a pu l'être, et je ne regretterai jamais ce que j'ai fait il y a sept ans. Tu es l'une des meilleures choses qu'il me soit jamais arrivée.
J'aurais tout donné pour ta guérison, j'étais prêt à renoncer à tout, mes amis, mon métier, pour qu'on soit heureux, que tu guérisses.

Il en a été décidé autrement, hélas.

Mais je t'aime, je t'aimerai toujours, n'en doute pas. Maintenant ta place est au Paradis Solaire, en paix. Tu ne trouveras pas la paix ici, ma chérie.
Il faut que tu t'en ailles, maintenant.

S'il te plait.


Il espérait qu'elle renoncerait à hanter ce monde, non seulement pour qu'elle ne le tourmente plus, mais aussi pour qu'elle trouve la sérénité qu'elle n'avait plus connu ces dernières années à cause de sa folie.
Il espéra alors un signe, quelque chose de sa part, lui signifiant qu'elle acceptait de s'en aller. Peut-être n'y aurait-il rien...

_________________
--Hermance_spectrale
Elle le regardait remplir son sac. Elle savait où il allait. Elle savait avec qui. Elle savait qu'il ne serait plus là. Elle savait qu'elle ne verrait plus son visage chaque matin. Qu'elle ne pourrait plus le veiller, la nuit. Qu'elle ne pourrait plus l'espionner faire sa toilette. Peindre. Manger. Lire. S'habiller. Boire. Rire. Elle avait pensé vivre avec lui, à travers lui. Elle avait pensé pouvoir rester toujours là, ainsi, auprès de lui. Elle avait pensé que ce n'était une issue pas si mauvaise à sa mort, finalement.

Mais tout bascula, quand il fit son sac. Elle savait où il allait. Elle savait qu'elle ne pourrait pas le suivre. Elle savait qu'un adieu s'en suivrait. Alors elle attendit, le cœur meurtri, que les mots de son époux viennent la frapper. Et ils frappèrent. Si son prénom résonna chaleureusement en elle, la suite la glaça, à l'inverse. Elle s'était assise sur le lit pour être aux premières loges des préparatifs. Et elle ne bougea pas, écoutant la voix de son aimé rebondir sur les murs silencieux de l'appartement.

Il était tout près, pourtant ses yeux la traversèrent. Hermance souffrit une fois de plus de n'être qu'une ombre dans l'imaginaire de son époux. Il ne parlait plus et elle en profita pour se lever. Lentement, elle marcha jusqu'à ce qu'une image floue mais réellement présente se reflète dans le miroir. Et pour attirer son attention, poussa lentement un flacon rescapé des préparatifs du voyage, resté devant le miroir. Il ne tomba pas. Elle arrêta sa course puis le fit revenir à sa place initiale, toujours aussi lentement. Elle ne rêva plus que d'une chose : qu'il la regarde. Que leurs regards se croisent, se fondent, une dernière fois, peut-être. Elle voulut exister à ses yeux. Pour mieux partir.
Raymond.de.petrus
Le silence lui répondit tout d'abord. Son esprit lui souffla que toute cette histoire n'était que le fruit de son imagination, que les fantômes n'existaient pas et qu'il s'était inventé cette fable pour fuir la triste réalité de la mort d'Hermance. Sa culpabilité avait fait naître ces chimères, et il était sans doute fou. Eliance même n'était pas fiable, la table avait du bouger, être un peu inclinée, justifiant la chute du bocal, et la fuite de la journaliste.

Il se retourna vivement au bruit derrière lui, notant le flacon tombé sur la petite table. Son regard fut irrémédiablement attiré par le reflet dans le miroir, ou il se voyait, mais également la forme blanche qu'il avait déjà remarqué à Sarlat. Les détails se dessinaient peu à peu, la forme de son visage, les cheveux, le haut de son buste. Le peintre ne remarqua même pas qu'il avait oublié de respirer, saisi par cette vision. Il eut eu envie de lui tresser les cheveux, comme il l'avait souvent fait par le passé, mais comment le faire avec une forme intangible ?

Combien de temps s'écoula alors ?

Le charme se rompit lorsque la vue de Raymond fut brouillée par les larmes et il se surprit à inspirer une grande goulée d'air, tout en essuyant ses yeux pour pouvoir continuer à regarder ce que reflétait le miroir.
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