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[RP] Correspondance privée d'un jeune... Quoi déjà?

L_aconit
Aconit, le miel et les abeilles.
Lettres des quatre saisons.
Des lettres de miel. Des lettres de fiel. Des lettres mortes.

Tant de lettres dans l'escarcelle, bien entourées d'une ficelle, pour que le vent ne les emporte.




- LEMERCO -



Citation:


    Demat fiston,

    Comme tu le sais peut-être maintenant, je suis au plus mal.
    Il est d'ailleurs fort probable que je ne passe pas le mois de juillet.
    Mon médecin, mais non moins ami, Mortimer, pense que je m'éteindrai le 27 ou le 28 de ce mois.
    Mais il me certfie aussi que le 26 m'appartient.

    Je t'invite donc à mon dernier banquet, seulement en famille proche, au chateau du Vivier-sur-Mer , où j'ai pris retraite. Je ne veux pas de larmes, seulement du rire, et de la bonne humeur.

    Par ailleurs, je souhaiterais que tu certifies de par ta qualité d'évêque, que je suis toujours sain d'esprit, et que tu prennes ma dernière confession.

    A bientôt,

    Lemerco


Citation:


    Père, j'arrive.

    Ne partez pas sans moi. Vous n'avez pas le droit de partir sans moi. J'arrive, et plus vite que jamais.

    J'arrive.


    Faust Nicolas.

_________________


(En Bleu italique, les pensées Laconiques.) galerie d'avatar-Recueil
L_aconit




- PERCEVAL AELIS -



Le mot est bref, l'écriture protocolaire et austère ne semble pas émaner de la main d'une si jeune fille, il n'y a aucune calligraphie savante, juste un trait rapide, soigné et sans coquetterie aucune.
Disposée négligemment, d'un roux flamboyant, nouée d'un ruban noir, une mèche longue d'une demi-coudée, formant une légère boucle contrariée. La parure est soignée, et mêlée au parfum léger de baies de laurier, une odeur plus charnelle, la sienne.
Elle même ne connait pas la raison de son geste, inconcevable, inconvenant et diamétralement opposée à sa nature profonde, comme si l'Aconit possédait quelques charmes surnaturels qui agiteraient en elle un trouble secret.


Citation:
L'Aconit,

Mortel poison ou délicate fleur ?
Ne cherchez point d'explication, mon entendement s'est jà heurté aux limites de ma raison, il n'y a aucun sens à ceci.
C'est une offrande, dénuée d'intérêt, gratuite, mue peut-être par votre rougissement que j'ai trouvé si... déroutant.
Ni voyez là aucune tentative de séduction, je n'y suis point rompue, et ne goûte guère à ce genre de plaisir.

A vous revoir au gré du hasard.

Perceval




Le mot aussi bref que celui reçu, l'écriture est cependant déliée, étudiée et une belle lettrine ouvre la lettre digne d'un moine copiste. Les mots ont été passés au buvard, ils ne souffrent d'aucun engorgement. Visiblement, l'expéditeur est maniaque. Une mèche d'un blond chérubin, quasiment blanc est nouée d'un ruban bleu, courte, formant un accroche-coeur léger. Le tout est chichement scellé à la cire du sceau écrasé d'une bague épiscopale. Elle est rousse. Elle ressemble à un garçon. Elle a un nom de garçon. L'amalgame est facile, peut-être surtout plaisant. Ce n'est pas tous les jours qu'on lui tend un peu de fantasme et qu'on le délaye de paradoxes. Longuement pensif devant ce Perceval aux attributs relégués au second plan, le jeune évêque se décide à faire partir réponse, emballé par l'audace contagieuse. Puisqu'elle a oublié qu'il était religieux, il oubliera qu'elle est fille. D'ailleurs, l'est-elle vraiment?

Citation:
Perceval,

les ambivalences sont souvent à la discrétion de qui les brode.
Soit. Je ne cherche point d'explications, s'il n'y a aucun sens à ceci, alors rien n'empêche d'en inventer un.
Je n'y vois rien qu'une bien belle offrande, et si vous ne tentez de séduire ni mon âme ni mes faiblesses, c'est arrangeant, en tant que religieux je laisse cela au diable.

A dieu.

Faust Nicolas de motfort Toxandrie. L'Aconit.




Foutre ! Ce Faust pourrait être peut-être le seul crevard de papiste qui serait en capacité de convertir Perceval, à lui donner le goût des visites au confessionnal, à abdiquer sa lutte religionnaire pour ne vouer qu'un unique culte à l'Aconit.
De la mèche, c'est à peine si elle a osé la toucher, craignant de révéler quelques songes confus où une main aux doigts bien trop longs viendrait courtiser les épis d'un blond si luminescent et se perdre finalement en d'autres endroits anguleux infiniment plus dangereux.
Parce qu'il est tout comme elle un paradoxe, qu'elle éprouve une si vive émotion à le lire, à découvrir l'exquis de son délié, elle, qui lui envie l'élégance de ses gestes, le délicat de ses traits, le sublime qui l'auréole d'un éclat fascinant et par dessus tout, jusqu'aux attributs qui font de lui ce qu'elle ne sera jamais. Un homme.
A elle, l’ambiguïté se cultive sur son dos, à son insu, de son nom jusqu'à sa silhouette bien trop grande, bien trop droite, qui ment sur son âge, sur son genre et pourtant bien plus que fille, elle est déjà femme, payant mensuellement son lourd tribut en corolles vermeilles. Et pourtant si elle ne cherche à tromper, par essence, elle fraude même dans ses courriers, y délayant son ambivalence dans une prose asexuée.
Et de tout cela naît une périlleuse urgence de le revoir, à défaut, il est bien plus sage de répondre qu'entreprendre une rencontre.
Bref est le mot, l'écriture n'a pas changé, minimaliste, économe, elle va à l'essentiel sans détour aucun.


Citation:
Faust,

Je vous sais à l'église pourquoi donc chercher à corrompre vos engagements ?
Si je ne cherche à vous séduire, peut-être par défaut, je le suis à votre encontre.
Il m'est plaisant d'avoir ce quelque chose de vous, si intime, je le garde tel un secret précieux, je vous en remercie.
Savez-vous ? Il est étrange, j'ai failli mander une consultation à l'Hostel Dieu à mon dernier passage à Paris, puis j'ai chassé l'idée, le doyen porte le nom exact qui est le vôtre, d'ailleurs, je pense même que c'est vous.
Si nous nous n'étions encontrés en Périgord, nous l'aurions fait un jour ou l'autre en Paris.
Les hasards n'existent pas.
A Dieu je vous remets.

Perceval
L'Abeille.




Citation:
Prenez le comme le gage de mes accents religieux. Ce que l'on me donne, Dieu m'exhorte à le rendre. Ainsi, tout ce que vous laisserez à mon égard, gages simples de bontés ou présents dénués de corruption, et même ces mots innatendus mais acceptés, il me faudra vous les retourner avec le geste, l'abandon et le coeur.
par ces mots que vous me donnez si gentiment sans me connaitre, savez vous que désormais il me faudra à l'ajout du roux aimé coudre la part du "Vous" qui rendra plus spéciale encore cette relique? Est-ce bien raisonnable ...

Une consultation? Seriez-vous souffrante? l'Hostel Dieu m'offre à quinzaine le gîte et le couvert, car j'en suis bien le doyen. Par doyen, rien en rapport d'âge, vous imaginez bien. Le titre ne m'a été donné que parce que j'occupe là bas tous les rôles.Je soigne, j'enseigne et je prie. La situation financière de l'établissement a contribué à la réduction de ses effectifs... Je ne sais pas même pourquoi je vous dis tout cela. Je ne sais rien de vous que ce roux controverse, délicieux, propice à rêver un peu. Et puisque les hasards n'existent pas... Abeille, je dois l'avouer, vous piquez désormais mon attention. Alors la prochaine fois que vous passerez à Paris. N'hésitez pas.

J'ai prié pour vous.

L'Aconit.




Citation:
Bel'Aconit,

Vous me déroutez par la qualité et la sagesse de votre coeur, vous savez aimé prou alors que je ne suis qu'imposture en ma piété, j'admire cette abnégation dont vous faites preuve pour l'Hostel Dieu, et souhaite votre totale réussite dans l'engagement que vous avez pris.
A y penser, que pourriez-vous y coudre à cette relique ? Je crains de vous décevoir pleinement, je ne suis guère digne d'intérêt pour mériter tant d'attention de votre part.
Jusqu'à ce roux qui semble vous subjuguer et dont je peine à comprendre le pourquoi, il n'y a là qu'un triste héritage, celui de parfois m'arrêter sur mon reflet, la toquante serrée, croyant avoir aperçu ce qui me semblait être ma mère, et de comprendre que je ne suis que son fantôme.

Je vous rassure, si j'ai pensé à consulter ce n'est pas pour quelques intempéries sérieuses, bien qu'il me reste les reliquats d'une grippe Alexandrine qui vient me tarabuster de temps à autres et dont l'extermination se fait nécessaire, il n'y a guère péril en ma santé, ou je suis dans l'ignorance.
J'ai balayé mes inquiétudes et finalement ait préféré ne plus y prêter attention. Je peux m'ouvrir à vous, et vous jugerez par vous même si cela est sujet à crainte.

En décembre, je fêterai mes quatorze ans, ma stature depuis jà ma dixième année est des plus hautes, j'ai dépassé mes pairs depuis longtemps et maintenant même je dépasse certains de mes aînés. Je ne sais si ma croissance se déroule naturellement ou si quelques dérèglements viennent perturber cet état, et si cela va s'arrêter un jour sans trop me nuire en m'affligeant d'une silhouette de géantin.
Voyez, rien de bien urgent.

Peut-être passerais-je vous rendre visite si le travail ne vous accapare point pleinement à la fin de juin et si vous vous trouvez en la capitale.

A Dieu je vous laisse en garde.

Perceval
L'Abeille





Les mots sont tracés pensivement d'un index lent. Le temps est long à Paris. Il lui faudra rentrer. Bien heureusement, cette correspondance l'égaye un peu. Faust est d'une mélancolie que rien ne sait percer. mais le miel adoucit tout. Il réfléchit à ce que Perceval a couché sur vélin. Ce correspondant qui ne se confirme pas bourdon, dans sa prose asexuée. Volontairement ou pas... Il l'imagine comme lui. Tige qui finira tôt ou tard par s'étoffer. S'accomplir. Plume trempe sa pointe dans l'encrier. Lettrine prend son temps. Géantin a quatorze ans. Un géantin d'hiver, pour un blondin d'été. Demain il aura dix neuf ans. Il se reconnait dans cette maturité qu'il ne partageait avec personne à son âge, lorsqu'il était encore écuyer. Perceval à bien des égards lui fait se rappeler de la Bretagne. Du roux qui émerge toujours de là bas. Peau blanche, cheveu de feu. L'originel émoi. Les bleus s'égarent un peu sur le vierge du vélin. Perceval viendra... Ciel. Perceval reviendra.

Citation:
Imposture... Je ne suis pas d'accord. Pas d'accord. On n'est jamais que soi-même lorsqu'on se tait. Vous vous êtes assise. Vous vous êtes cachée derrière votre silence. Puis vous êtes partie en me laissant un cadeau. Le cadeau de votre authenticité. Ne dites pas que vous êtes une imposture, la religion n'entend rien à cela. Vous croyez, n'est-ce pas? On croit tous à quelque chose. C'est ce qui compte. Qui que vous soyez, je finirais par le savoir. Et je l'accepterai. Comme vous m'avez accepté. N'est-ce pas que c'était cela, ce cadeau d'au revoir? Vous ne me décevrez pas : je n'attends rien de vous. Ne soyez pas votre mère, je ne suis pas mon père, et je n'ai pas eu le temps de connaitre la mienne. Cela fait de nous ce que nous sommes; Nous. Une fleur et une abeille. Quel bon hasard. Puisqu'il n'y en a pas.

Faust.





Du doigt, toucher l'infinite perfection, s'y brûler, le coeur étreint de sentiments contradictoires.
L'Aconit plait à l'Abeille, c'en est certain.
La mèche est effleurée encore une fois, furtif est le geste, incertain est ce qui l'agite.
Faust. Il lui faut comprendre.
Faust. Il lui faut le revoir, se confronter au trouble.
Fermer les yeux et glisser une dernière fois l'index sur le blond chérubin, se laisser gagner par un frisson, un abandon.
A la parfin, écrire.
Irraisonnable ? Peut-être un peu.


Citation:

D'accord, d'accord, je vous l'accorde, imposture n'est pas le plus approprié des termes.
Simplement que l'on me prête des qualités qui me font finalement défauts et parfois l'impression m'est de jouer un rôle de composition. Ce que l'on suppose, ce que l'on attend, ce que l'on devine de ma personne, quelle part de vrai me reste-t-il une fois que l'on égruge toutes les hypothèses échafaudées ?
Est-ce, ce que je suis, ou ce que je cherche à ne pas être ?
Passons là, je pousse ma réflexion dans les angles obscures, tortueux recoins de ma pensée, cela a pour habitude d'occuper la vacuité de mes nuits alors que plus jeune j'y mettais en lumière les prières les plus belles.

Ce que vous avez pris pour un silence, était un bruit, grêle, étouffé, inaudible pour le commun et que vous avez pourtant perçu peut-être même à votre insu.
Ce bruit, c'était ma peine.
Un chagrin dévorant, muet qui ne méritait pas même les mots pour le dépeindre.
Sournoisement logé dans ma poitrine telle une épine de glace plantée dans mon coeur.
Votre simple présence a adouci mon âme malmenée, un baume sur ma plaie ouverte et je n'ai donné en contrepartie qu'un peu de moi.

A Paris je serai sous peu.
Plaise à vous de me recevoir.

Perceval




Le Retz l'avait élevé dans un univers d'hommes, où la seule place des femmes se reléguait aux cuisines et aux bordels. De tout temps, Nicolas y avait cherché sa place. En mouvance, entre cette figure paternelle qui ne l'était pas, et ses envies profondes et secrètes d'apprécier sa différence.
- RP "Cherchez le Garçon" -


Citation:
Perceval.

Nous jouons tous un rôle. Au final, il reste la personne que vous êtes, en elle celle que vous ne voulez pas être. Il reste toujours au bout du compte celle que vous êtes et que vous n'avez pas encore rencontrée. Sans vous offenser, c'est de votre âge, et je crois aussi avoir eu ce genre de réflexion il y a quelques années...

Regarder pousser des réflexions, c'est ce que l'on apprend de mieux dans les ordres, je vous l'assure. Au début c'est effrayant, puis cela devient nécessaire. Pour ne pas dire ... Vital. Car la connaissance, de soi ou des autres, appelle la connaissance en un inégalable cercle vertueux. Il y a donc toujours un moment ou l'une ou l'autre d'icelles prennent un peu le pas sur les prières... Toutes belles soient-elles.

C'était un bruit. Vraiment? Alors le bruit de deux bruits qui se rencontrent, c'est donc cela? Une tisane qui coule dans un godet... Intéressant. Je vais y méditer. Quant à vous méditez cela: Nous avons tous de la peine. Et certains d'entre nous savent même l'exprimer par le plus assourdissant des silences... Oui. mais c'est une faculté trop obscure pour être toujours vertueuse et consolante. Je vous le dis, je peux vous le dire, vous n'y trouverez rien de bon. Le silence est par trop souvent l'épitaphe du bonheur.

Faust.




Citation:

Faust,

Quel genre de chagrin a pu vous étreindre pour que vous me donniez pareil conseil ?
Certes, je n'ai nullement le droit de vous le mander, la question s'est juste posée.
Que dois-je donc faire, de votre avis, qu'est-ce qui vous a été salutaire ?
La foi, je m'en doute, mais encore ?

Vous savez le silence est un cocon, il fait parti de mon existence, j'ai grandi ainsi, hors du monde.
La montagne, les troupeaux, le lac, sont de peu de mots, ils sont vents, orages et appels viscéraux mais rien que l'on ne puisse transcrire, rien que l'on ne puisse dire, juste une écoute sévère de la vie et de la mort, des saisons qui passent où finalement nous ne sommes pas grand chose dans cet univers, tout juste un point parmi tant d'autres.
J'ai apprivoisé le silence, comme il en a fait de même pour je.
A tel point que ma propre existence semble assourdissante de bruits.

Vous n'avez point répondu la dernière fois, pensez-vous que mon problème nécessite-il une consultation ?
Si oui, dois-je prendre un rendez-vous et comment ? Y aura des nonnes ? Elles ne vont pas me mettre à poil ? Vous non plus ? Cela m'effraie un peu, je n'ai pas aimé ma dernière consultation. Me faire tâter c'est dérangeant.

A Paris demain,ou la journée suivante, serez-vous là ?
Je vous laisse en Sa garde.

Perceval

P.S. : A Faust, je préfère Nicolas, c'est plus doux, au deux c'est l'Aconit qui raisonne le mieux à mon âme d'Abeille.




Citation:
La foi en l'autre.

Voilà ce qui est salutaire. La foi en vous ne ferait pas de mal non plus, cela dit.

Tout comme vous, silence m'accompagne souvent, m'a accompagné longtemps. En ce moment j'ai pour divin exercice par exemple, une correspondance rousse avec une piquante au surnom rayé. La seule représentante féminine qui ne soit pas ma soeur. C'est étrange, mais finalement, pas déplaisant.

Votre "problème" en est-il vraiment un? Avez vous peur d'être plus haute que votre père, que votre frère? Je vais faire des recherches dans mes ouvrages de médecine. J'ai plus l'habitude de soigner des phtisies, des scorbuts , des poisons et des blessés par arme blanche. Vous serez, sauf votre respect, un grand sujet d'étude. Acceptez vous cela? Point de rendez-vous à l'Ostel Dieu, chacun s'y rend et sonne la cloche de l'entrée s'il le peut. Et nous accueillons. Il y aura des soeurs oui, hormis le vieux Clément je suis pour l'heure le seul homme oeuvrant. Avez vous peur des soeurs? Elles sont douces et jeunes, et d'une pudeur absolue. Elles ne résistent d'ailleurs jamais longtemps à me laisser soigner tout ce qui est velu, poilu et sanguinolent... Personne ne vous tâtera. Tâter c'est dérangeant.

Je repars vers le Périgord dans quatre jours. Demain, sera dejà aujourd'hui quand vous me lirez.

A bien tôt.

l'Aconit



Citation:
Bel Aconit, ma Sibylline Énigme

M'excuserez-vous ? J'ai lanterné à vous écrire depuis ma dernière visite à l'Ostal Dieu, à présent il le faut, mieux j'en ai l'envie. Entretenir ce lien si ténu qui nous lie.
A peine, quitté que votre absence jà me pesait, s'il n'avait tenu qu'à je, à l'immédiat je vous aurai écrit mais ce geste n'aurait point été sage, le trouble que vous me causez est bien trop grand et il me faut le contenir.
J'espère que ce courrier vous trouvera en santé, et d'égale humeur qu'il m'a été coutumier de vous connaître.

Notre voyage est achevé, pour un temps au moins, l'Artois n'est pas une terre d'accueil et je ne m'y sens guère chez moi, mon père m'y attendait et malgré nos froidureuses retrouvailles, ce fut là mon seul plaisir à retrouver Cambrai.

La douceur du Périgord et son verbiage si familier d'Oc me vient à me manquer, Paris même me semble plus accueillante que cette cité du nord, il faut dire que pour la capitale vous y êtes pour beaucoup dans ce changement d'appréciation.
Je vais installer sous peu ma forge et lui cherche un nom, si vous en avez l'inspiration, vous pourrez toujours m'en faire part lors de ma prochaine visite.
Car le prime but de mon billet est de vous revoir pour ma mesure mensuelle, faites-moi part de vos disponibilités et je m'y plierai.

D'une Abeille à sa Fleur, recevez mon indéfectible affection.
Que Dieu vous veille, tel est mon souhait.

Perceval

Citation:

Perceval

mystère de l'ouest

laissez moi être surpris d'un tel épithète à ma personne. De vos excuses, de vos mots.

Que dois-je excuser, moi qui n'attendait pas même nouvelles de vous avant de vous revoir franchir les Portes de Paris pour une mesure? Dois-je m'inquiéter de vous paraitre opaque, quand je ne souhaite que vous être limpide? Vous parlez de liens. Les liens finissent par user. Est-ce de ces liens là dont il s'agit? Je ne les veux pas. J'accepte seulement votre libre attachement, malgré ce que ma condition empêche. Je crois que ce n'est pas pécher que d'accepter l'amour. Est-ce de cela dont il s'agit? Pardonnez si je le demande sans détours, c'est que je rougis de savoir ce que vous me confiez. Si mes oreilles sont habituées à confidences, mes yeux n'étaient pas avertis. Je garde dans mon secret le trouble, et la sagesse forcée, et vous n'en serez surprise: jamais femme n'a su m'en gratifier. Aussi pli entre mes mains maladroites a saveur d'inédit, et pour cela, qu'importe, je vous remercie.

Vous êtes loin quand je prends la route vers la Bretagne. Voilà quelques temps que mon Père, le Grand Duc de Breizh se meurt et me réclame à son chevet. J'ai laissé quelques temps mes charges pour aller l'honorer une dernière fois. Je dois le confesser, établir sa sainteté d'esprit au moment de la rédaction de son testament et peut être que je devrais m'occuper de ses funérailles. On embaume aussi les rois en Armorique...

Je n'ai pas le coeur en joie.

Venez à septembre le premier, je réouvrirai le carnet.

L'Aconit


Citation:
Je ne sais pas où commencer, tant il y a à coucher d'encre sur le papier.
L'amour dites-vous ? Pour dire le vrai, les sentiments que vous m'inspirez sont irrépressiblement contradictoires et il m'est terriblement difficile de les interpréter avec justesse, vous suscitez chez moi une émotion si vive, si trouble que je ne puis avec certitude nommer ce qu'il m'arrive.
Je vous le dit ainsi, tout dret, car je ne sais m'exprimer autrement.
L'on peut aisément dire, par contre, que je vous porte une grande affection, et que celle-ci ne réclame rien en retour, je sais être raisonnable, rapport à votre condition et à la mienne, à mon Opinion et à la vôtre qui, si elle ne diffère de Dieu, diffère de la façon de l'appréhender.

Vous dites que les liens s'usent, cela dépend comment l'on lie, et comment est fait le lien.
Pour ma part, le lien rassemble, unie, relie, noue, ne le percevez pas comme une entrave à ma liberté, ni à la vôtre, je ne m'y abaisserai pas, voyez le simplement comme une jonction entre nos deux mondes.
Et par vos lignes, j’apprends que ce lien pré-existait depuis longtemps, de par votre filiation et de par la mienne.

Votre père, le grand Duc, votre nom jà aurait dû me titiller l'oreille, je le trouvais simplement commun pour un breton et de par votre physique si diamétralement opposé, j'ai peut-être voulu nier l'évidence.
Il est celui par lequel la mort est arrivée en ma maison, s'il n'est le responsable, il en est au moins, l'instigateur involontaire. Par stupidité, par bravache, d'une simple provocation, il a tué ma mère en la défiant.
Quelle ironie.

Il est vrai, je suis loin de la Bretagne mais si vous croisez une petite ouvrière, de jaune et de noire rayée, toute à son ouvrage abandonnée, c'est que de par ma pensée, je serais là, un peu avec vous et avec elle, laissez un peu de votre peine s'en aller.
A croire que Breizh est terre à chagrin, c'est à Vannes que j'ai laissé un peu d'Elle, cendre grise emportée au large par le vent, c'est à Vannes que de deuil j'ai tranché dans l'orgueil qui me ceignait de cuivre, c'est à Vannes qu'un être aimé a pris un bout de mon âme et est parti.

De miel, me voilà salant, moi qui ne voulait être que votre indéfectible appui.
Septembre me semble loin, je vous écrirai pour combler l'absence.
Je laisse Dieu veiller sur vous.

A vous, revient, mon indéfectible affection.
Perceval


Citation:
Perceval.

Pardonnez ce temps de réponse, il me l'a fallu accuser afin de laisser se décanter les idées que vous soulevées au limon de ce dernier courrier. Quel courrier... Il s'y mêlait trop d'ardeurs graves pour que je n'y reste coi quelques temps, pour que je rassemble mes impressions afin de vous les rendre...

Il n'est pas de l'affection trouble ou de la violence de la mort un seul drame qui ne me désarme. A dieu je suis promis, et vous à bon mari, mon père a fauté par crime de sang et votre mère en a payé le prix... Je me sens peu de choses, et tout me laisse peiné et interdit. Si je ne peux vous aimer comme le ferait un simple homme, je le ferai en saint homme et promet de vous protéger à hauteur de mes possibilités, peut-être ainsi aurais-je l'âme plus légère de me savoir à vous par deux fois redevable, ou si vous préférez, par deux fois démuni.

Liens ont fait un noeud à ma gorge, sîtot que je vous reverrai, permettez moi de vous baiser le front et de prier au nom des trois églises réunies. Affront vient de se remettre au jugement de Dieu, mon père s'est éteint cette nuit. Voyez l'Ironie, A Vannes je demeure, Dinan et ses ouvrières sauront ce soir pleurer pour les erreurs de mes aînés. S'il plait à Dieu qu'Il aille au paradis, il lui plaira alors peut être que descendance ne paye pas pour les crimes du passé.


Dieu vous garde,
miel salé.

l'Aconit.


Un simple caillou dans un papier et une épingle à cheveux en argent, le tout replié et retenu par le noir ruban du deuil, l'écriture y est reconnaissable par l'absence de courbes coquettes.
Austère jusque dans son délié.


Citation:
Pour l'amour de vous, à votre deuil, vous me voyez unie.
Si le chagrin ou les ressentiments se font trop présents, mettez le caillou dans votre chausse, vous ne penserez plus qu'à cela et libéra votre conscience pour un temps. Juste assez pour soulager un coeur endolori par la perte.

Que je vous rassure.
Si votre père a péché par bravache, ma mère a péché d'orgueil.
Tant à lui, je lui en ai voulu de ne pas voir en la mine asthénique de ma mère un sévère avertissement, tant à elle pour ne point avoir tenu compte de l'avis de ses médecins qui lui préconisaient un repos total.
J'aurai dû mieux vous le dire, que si pugilat il y eut, c'est d'un coeur trop étriqué que la mort d'un coup me l'a volée.
Nous devions rentrer chez nous, et d'une halte malheureuse en Paris, Arlon ne l'a jamais revu vive.
Ce point aura-t-il vertu à ôter un poids à votre si belle âme ?

Mon billet sera court, vous avez mieux à faire que de me lire, vos responsabilités sont certainement grandes.
Si vous en avez l'occasion, glissez l'épingle dans le creux de sa main, elle appartenait à mon Elle, une manière de les rapprocher par delà la mort, une manière de lui accorder un pardon sans condition aucune, une manière de vous absoudre d'un crime dont vous vous étiez mis en tête à vous repentir.
Le crime n'y est pas, juste l'orgueil de deux têtes aussi dures que la pierre.
De toutes les manières, il est tant pour vous de vous réjouir, il est à Dieu maintenant, n'est-ce point la finalité de chacun ?

A l'Unique, je vous laisse en garde,
doux poison.

Perceval

_________________


(En Bleu italique, les pensées Laconiques.) galerie d'avatar-Recueil
L_aconit




- PERCEVAL AELIS -



Citation:
Perceval.

Je l'ai fait. J'ai porté le caillou. Il m'a été bien utile... J'ai du soigner des cloques aussi grosses que des prunes. Et l'épingle, je l'ai bien glissée dans la main de mon père en partant. De là où il est, il aura sans doute compris. Funérailles ont eu lieu. Je prend repos à Dinan, quelques jours encore avec mon escorte puis nous partirons pour retourner en Périgord.

J'ai pris sous mon aile un page de quinze ans et j'escompte bien lui donner une éducation militaire, ne pouvant pas le faire, je lui cherche un maitre d'armes. Si jamais vous avez des connaissances... Il faudrait que la personne puisse se déplacer en Périgord. Pour un an au moins. Ce jouvenceau deviendra je n'en doute pas, un preux chevalier. J'y compte.

Ah, et je cherche des pierres de belle qualité pour la construction de mon ostel particulier.. Si jamais vous avez cela par chez vous... Dix quintaux.

Prenez soin de vous,

l'Aconit.


Elle badine de sa plume, elle distille quelques piètres nouvelles, probablement sans intérêt, elle cèle l'essentiel, planque les sentiments troubles qui ourdissent son âme sous des banalités. Se ment à elle-même, n'osant s'avouer l'inavouable, d'une fleur ayant cueilli le coeur d'une abeille.
Elle garde tout, elle est le tombeau de ses propres secrets, de ses chagrins, de ses viles inquiétudes à l'égard d'un évêque qu'elle ne reverrait pas avant des semaines.
Et dans le court billet, elle nie l'odieux et irrépressible désir qui lui noue à chaque fois la tripe.


Citation:
Ventre-Saint-Gris !
Inconscient !

Nicolas ! Le caillou était là pour vous distraire l'esprit et non faire de vous un martyre ! Quand il se fait trop dérangeant ou douloureux, il vous faut l'ôter. Cessez, je vous en supplie, cessez de vous blesser.
Je m'en veux de présent d'avoir mis à plaies et à sang vos pieds. J'espère que vous vous curez avec soin, je n'aimerai point être responsable d'amputation quelconque de l'un de vos membres.
Je vous remercie pour l'épingle, pour je, il était important d'accorder mon pardon bien qu'il ne fut en rien coupable.

Savez-vous ? J'ai enfin trouvé un nom pour ma forge : " l'Aiguillon d'Airain ", je n'ai point encore officiellement ouvert, bien que j'ai eu quelques petites pièces à faire, des lames courtes et des couteaux de boucher.
Mon labeur reprendra après les grosses chaleurs estivales, j'ai l'ambitieux projet de forger la lame la plus fine, la plus souple et aussi fort résistante, telle l'aiguillon d'une abeille, mes primes essais furent pour l'heure de cuisants échecs.

Pour vos pierres, Cambrai se trouve démuni, le marché est bien maigre, j'irai voir en la capitale, Arras, ou bien Calais, ville portuaire, si l'envie me prend, nous pourrions pousser vers les Flandres, mon amie y a quelques contacts. Si je trouve, cela me donnera l'occasion de descendre en Périgord.

Je crains ne pouvoir vous aider pour votre page, il vous faudra trouver quelqu'un de régularité, nous avons bien nous même deux maîtres d'armes, mais mon père ne permettra à aucun d'entre eux de nous quitter - ne serait-ce que pour une année- afin de servir un évêque.
Je pourrais, et seulement si vous m'y autorisez, à l'occasion de nos rencontres, lui faire pratiquer un peu d'escrime, bien que trop académique selon les dires, je sais assez bien tirer l'épée et manier l'estoc.

Prenez soin.
De vos pieds surtout.

Abeille



La fièvre le cloue au lit, aussi le pli est des plus succinct et dénué de ses traditionnels artifices appliqués.

Citation:
Par ma foy !
C'est Archibald qui m'a dénoncé c'est cela?!

Ne l'écoutez pas! ma fièvre passera sans doute d'ici un jour ou deux et je pourrais quitter le lit pour le bateau qui doit nous ramener vers la France.
J'allais proposer la forge d'airain quand nous nous reverrions à Paris, vous voyez, vous voyez comme nous sommes de grands esprits qui se rencontrent?
Pierres ont été trouvées, ne vous ennuyez pas.
merci de votre aide, même ponctuelle, pour mon page. Je continuerais mes recherches.

Dieu vous garde.

L'Aconit


Mortifiée ! Oui, elle l'est. Et pas qu'un peu.
D'ailleurs son délié en a perdu de sa rigueur, en résulte un léger chaos dans les courbes assiégées d'angoisses.
Et s'il mourrait ? Et s'il venait à se faire amputer ? Jamais elle ne se le pardonnerait !
Tout ça juste à cause d'un caillou. Un foutu ! Putain ! D'caillou !


Citation:
Fout
Bord
Chiure-de-poney !


Par Dieu ! De la fièvre ? DE LA FIÈVRE !
*là, la plume a légèrement dévié de sa course*
Je ne connais nullement cet Archibald mais j'espère qu'il vous veille, qu'il prend soin de vous comme il se doit. Sachez que si vous deviez vous faire vous écourter d'une patte, je le ferai aussi !
Avouez que bretter sur une gambe n'est guère facile, je compte donc sur vous pour vous rétablir.
Il paraît qu'il n'y a pas plus mal soigné qu'un médecin, prenez des précautions dans vos déplacements, ménagez-vous, faites nettoyer vos plaies méticuleusement.

Je suis heureuse que vous ayez trouvé vos pierres, et vous souhaite bonne recherche pour votre page, il n'est pas toujours aisé de trouver bon maître d'arme, les meilleurs ferrailleurs que je connaisse sont tous huguenots.
" Forge d'Airain " cela sonne fort bien, mais peux-je y préférer " l'Aiguillon " ?
A vite vous revoir.

L'Unique vous veille, ainsi est mon souhait.
Reposez-vous.





Citation:


    À Perceval Aelis

    Perceval! Perceval...

    Enfin, je ne suis pas mort, vous savez? Là. Vous savez. On ne m'a pas amputé, et ma fièvre est tombée. Et il n'y a rien à vous reprocher. J'ai pris votre attention trop au sérieux. Voilà tout. Je suis idiot, j'ai fait du zèle. L'ensemble de mon escorte a pris soin de moi avec beaucoup d'attention. Oublions ce mauvais moment. a Bretagne est derrière moi.

    Vous savez, j'ai appris qu'on pouvait trouver des tapisseries peu chères chez vous. et j'en cherche encore cinq pour l'ammeublement de mon hotel particulier, "Petit Vesone". Je pourrais vous dire que je viendrai voir par moi même mais mon ami a dejà passé une commande à un marhand de Bazas qui me les propose à 150 écus pièce. Qu'en pensez vous?

    Concernant mon page, bien que je n'ai aucune haine envers les Huguenots - vous en êtes la preuve vivante - je préférerai cependant éviter qu'il ne change d'avis sur son baptême à venir parce qu'il aurait trop apprécié un maître d'Arme réformé... Et figurez vous que j'ai rencontré, et pris avec nous pour un bout de chemin, une jeune personne qui vous connait, du moins, qui vous a connue. Kasia de son prénom. Nous l'accompagnons à Limoges. Elle a d'ailleurs proposé d'enseigner quelques notions de combat à mon jeune page le temps de la route.

    L'aiguillon d'Airain est une belle idée, plus créative que la mienne.

    Dieu vous garde,

    L'Aconit.

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L_aconit





- KASIA -



Citation:

    De Kasia

    Objet Du ridicule des choses

    Nicolas,

    Je me disais que je ne vous avais pas écrit, hier, lorsque vous m'attendiez. Et vous m'avez attendue néanmoins.
    Je suis embêtée que vous soyez parti sans mot dire, il y a peu. J'aime bien votre conversation, ou même seulement vous entendre deviser.

    Kasia


Citation:

    À Kasia

    Faites moi signe quand mon page sera au lit. Il me met de mauvaise humeur.

    Faust.

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L_aconit





- KASIA -



Citation:

De Kasia

Si Dieu pardonne tant et si bien que vous m'avez dit.
Sur terre, faire le bien ne paie pas tant, à ce qu'il semble, que faire le mal, au vu de la réussite de certains.



Et une vie exemplaire et sans faille n'est-elle pas, au fond, une vie sans sel ?

Pourquoi devrait-on s'appliquer à ne pas fauter ?





Citation:

À Kasia


Une vie sans sel n'a aucun intêret... Vous pouvez vivre sans pour autant faire le mal...

Les risques et les interdits n'existeraient pas s'il n'était pas possible et agréable de les contourner.

Je pense juste qu'on ne récolte que chagrin et peine à blesser autrui.

Du reste, si Dieu a donné la confesse... C'est pour avoir des choses à dire...

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- DON -


Elle partait. Sans un mot pour lui. Une fois de plus, elle confiait à Archibald, enfant et destination. Elle partait. Sur un coup de tête. Sur un coup de folie.



Citation:
À Don.

Prenez soin de vous et de salomon.
Je prierai pour vous.

De Dinan.

Faust.


Citation:
De Don

C'est à moi de prier pour vous. Pour votre père.
Ne vous oubliez pas, Dinan est maudit.

D.



*****


Citation:
De Don

Jointe au courrier, une fleur séchée : l'Armérie.


Puis-je te nommer ainsi ? Ceux qui ne sont pas moi, préfèrent tous à ton joli prénom, le second : Faust. Faust... Quel choix curieux. Mais je ne peux en vouloir à personne, majorité favorise le nom de Dana, quand pourtant Dôn est de loin le plus plaisant.

J'aurais dû te prévenir de mon choix de partir, j'ai regretté de ne pas l'avoir fait. Mais malgré la fraîcheur de ma rencontre avec Jorgen, j'ai rapidement compris que sa langue était assez glissante pour laisser déraper n'importe quel secret. Ce garçon est adorable, mais je crois qu'il va falloir lui apprendre à taire. Mon époux serait sans doute son plus grand professeur en la matière. De toute manière, s'il avait voulu mentir, Archibald ou Alphonse auraient été de bons alliés, pour soutenir la fuite d'une insignifiante information, celle de mon départ.

Voici devant moi, les heures sombres. Ce sont celles que je vénère et pourtant, la douleur qu'elles procurent est constante et jamais ne trépasse. Les idées y sont noires, les rancœurs exacerbées et les pensées dirigées.
Je pense à toi. Je pense à ton père. Je pense à mes actes manqués. La présence n'aura pas été assez pleine, sur ce trajet j'ai bien vu que Skabell était ton unique béquille. Qui pourrait t'en vouloir d' épargner mes épaules du poids de tes peines ? Personne. Je suis l'aînée à soigner, incapable de panser tes propres blessures. Mais je suis faible, Nicolas. Je ne veux pas voir ton père, qui me manquera tant. Je ne veux pas voir ma mère, parce que je suis lâche. Je ne veux pas voir Enor, qui par son aide dévoile à mes yeux combien se battre est vain. Je ne veux pas voir Jorgen et son impitoyable candeur. Je ne veux pas voir Archibald, parce qu'il se perd autant que moi. Je ne veux pas voir Salomon, ni Brynjar, parce que je suis bien moins forte que mes deux enfants réunis.

Mais toi, j'aurais aimé te voir. Baiser ta joue une dernière fois avant ton départ, au lieu de m'écrier qu'ensemble nous aurions pu défier le tabou qu'est l'inceste. C'était absurde, vulgaire et sordide. Colère parlait à ma place.

Je m'en vais une dernière fois, essayer de sauver mon mariage. Un ultimatum fut donné.
Sur la route du retour, écrivez-moi. Nous attendrons votre passage, notre allure sera moins vive.

Leñvañ a rez ?*

Dôn.


(*pleures-tu)





Citation:
À Don.

Oui, j'ai pleuré. A vous je peux bien le dire.

Allez sauver votre mariage... Parfois, quand on éprouve trop longtemps, on ne récupère plus.

F.



****


Au détour d'une nouvelle, désarmante, inattendue. Dana envoyait quelqu'un pour récupérer Salomon, oblat et enfant de choeur, neveu de Nicolas de son état.


Citation:

À Don

Pourquoi me retirez vous la garde de Salomon?

Faust.





Citation:
De Don

Bonsoir,

Amarante souhaite sa présence, et je pense que retrouver sa marraine lui sera bénéfique.

D.


Qu'est-ce qui blesse le plus? Le mensonge bien étiré ou la vérité qui dépasse dessous?




Citation:

À Don

Soit.

Vous me ferez signe quand elle daignera le rendre à sa mère. Je lui enverrai un présent. Quant à Brynjar, je le garde ce soir pour qu'Archibald dorme, nous n'avons pas de nourrice et le lait de chèvre ne lui conviendra pas éternellement .




Citation:

De Don

Vous m'emmerdez Nicolas.
Vous m'emmerdez tous !

D.



Citation:

À Don

Mais il s'agit de vos enfants !

F.



Pas de réponse. Une à une, se fendent les épaisseurs protectrices, douillettes couches de patience, raison et sagesse. Doit-on en vouloir à Folie ses inconsciences ou se résigner? La nuit toujours finit par porter conseil. Et quand le deuil étend ses tentacules aux frontières de l'acceptable, lime le seuil de tolérance jusqu'à l'os, il est aussi peu sage de prendre la plume.


Citation:

À Don.

Écoutez ma sœur... J'ai compris. J'ai compris. Alors je renonce. Je renonce à me battre avec vous. Pour vous. Et pour Salomon . Vous me le prenez sans même m'écrire un mot . Pourquoi ? Pour me punir d'être allé à Dinan. Pour me punir. Vous n'avez pas une seule idée de ce que j'ai fait pour cet enfant . De ce que nous avons vécu ensemble . De ce que vous m'enlevez par... Par quoi au juste ? Caprice ? Énième saute d'humeur ? Songez que j'ai protégé cet enfant que vous m'enlevez de la folie de sa mère qui hurlait et se cognait la tête contre les murs. De sa mère qui arrachait mes cheveux . Du triste spectacle d'une maternité au gré des humeurs. Vous l'avez remis sans même m'entretenir à une inconnue proclamée marraine alors que je ne l'ai pas vue à Saint front ces deux dernières années. Où s'inquiéter de la santé de Salomon quand il est tombé si malade qu'il est passé près de la mort. Peut être qu'elle ne le connaissait pas. Comme je ne vous connaîtrai jamais. Vous êtes abyssale. Insondable Et folle. Et puisque vous ne m'épargnez rien, maintenant je ne vous epargnerai rien non plus. Gardez vos enfants ou faites les garder par qui bon vous semblera. Je ne veux plus subir vos décisions. Ni vous subir.

Je suis fatigué.

Adieu.

Faust.




Citation:
De Don
Jamais ne regrette.

Nicolas,

C'est à moi de comprendre, et vous... Vous vous égarez, simplement.
Elle a gagné, n'est-ce pas ? Est-ce là, la preuve ultime que tout ce qui me touche ne peut éclore et vivre sur la durée ?
Adieu ! S'il vous plaît de croire que c'est le meilleur son à donner. Adieu, alors ! Ya !
Je n'ai plus rien à vous faire subir, et aucune explication ne vous plaira. Alors croyez. Pensez. Interprétez. Sondez. Mais surtout, trompez-vous ! Car c'est là que vous êtes le meilleur.

Vous avez pu goûter à la fraternité saine sur votre bonne terre bretonne ? Vos ancêtres ont certainement su vous sourire mieux que je ne pourrais jamais le faire.
Et votre nouvelle chair ? Loukia ? Naoned ? Marguerite peut-être ? Laquelle hérite de la place première ? Je ne suis que le fruit d'une union maudite, et vous qui pleurez votre père, vous ignorez combien ce dernier fut pour moi un ami cher. Puis-je larmoyer en paix, et bien auprès de mes rejetons ? Non. Non. Le droit n'est pas à moi.
Pleurez ! Maudissez ! Suppliez ! Vous avez raison, il n'y a plus rien à faire.

Je ne sais pas aimer, mais j'aime vrai.
Préférez qui vous voulez, je m'en vais et tourne le dos à votre Adieu, je ne veux plus jamais ni l'entendre, ni le lire mais laissez-moi également vous le servir.

Adieu "Faust" puisque c'est ainsi qu'il faut vous nommer.
Adieu, et à jamais.

Dôn.




Citation:
À Don

La fraternité? Avec un frère qui ne m'a jamais adressé la parole, une sœur qui m'a écrit qu'elle ne me connaissait ni d'adam ni d'eve lorsque que je lui ai écrit pour les funérailles, et qui m'a littéralement écrit que mon père n'en avait " rien à carrer des funérailles" ? mon père est mort , je l'ai embaumé , embaumé ! Je l'ai enterré ! Devant cent bretons que je ne connaissais pas , sombre imbécile ignare et égoïste que vous êtes, et c'est là tout ce que vous imaginez de mon séjour en Bretagne? Vous m'insultez !

Vous , au lieu de pleurer sur votre sort, au moins ayez la décence de ne pas piétiner ma douleur en imaginant qu'aller enterrer mon père était fraternel et souriant , quand vous me retirez, et toujours sans explication, mon neveu ! Vous êtes lâche. Lâche comme une égoïste qui se pend dans son bain, vous êtes. Ne parlez pas de mon père quand vous n'osez même pas poser un pied dans la Bretagne qu'il représentait et que vous fuyez comme la peste. Je n'ai que faire de vos histoires de famille, tout comme vous n'avez que faire des miennes. Vous ne pensez qu'à vous. Et vous n'avez toujours pensé qu'à vous.

Ce soir, j'ai trouvé une nourrice pour votre fils. Une brave fille de la campagne de Poitiers pour qu'il ait du lait autre que du lait de chèvre, pour décharger ARCHIBALD, le bon ami sur lequel vous vous plaisez à décharger vos responsabilités sous prétexte d'un besoin d'air, d'un besoin de retrouver votre mariage, d'un besoin, un besoin, un autre besoin. Ce sont VOS besoins, toujours, au détriments de ceux des autres.

Pendant que vous preniez du temps pour vous, Lemerco est parti sans même un mot d'adieu de votre part, votre grand ami, et Alphonse vient de perdre sa femme. Alors prenez du temps pour vous, sinistre égoïste . Et ne venez plus jamais m'écrire pour m'occuper de votre enfant, laissez-le à cette Pamarante, qu'on ne connait pas, et venez chercher Brynjar immédiatement ou je le fais revenir à vous par le plus illustre des cochers .

Voyez , bonne mère qui aime vrai que vous êtes.


F.





Citation:
De Don

Point.

Mais renvoyez-le ! Doué !
Renvoyez Brynjar, et tous les diables ! Et ainsi vous n'aurez plus à vous soucier de ma descendance !

Lorsque mes mots doux viennent à vous, vous n'en avez cure. Alors ignorez donc la peine que j'espérais vous aider à surmonter par mes mots. Je n'avais rien d'autre que mes baisers et mes bras, mais vous avez préféré ceux d'un ami. Ce n'est guère un reproche, c'est un triste constat. Alphonse est bien plus pour vous, que je ne puis l'être et c'est très bien. Ainsi, il a perdu épouse, comment le savoir autrement que par votre main ? Il est plus secret que le cœur d'une reyne en émoi. J'ai pleuré pour vous. J'ai pleuré pour Lemerco, et je vais pleurer pour Alphonse, que j'aime aussi.

Renvoyez Brynjar.
Faites, et oubliez le, lui aussi.

Vous avez sur la langue le venin que j'attendais.
Je n'ai pas envie de justifier chacun de mes gestes, chacun de mes choix. Je l'ai déjà fait par le passé, avec d'autres et je n'ai gagné que déception.
Laissez moi vivre, ou mourir et occupez votre âme à autre chose. Je vous épargne l'affront d'embrasser Enor pour moi.

Adieu. Et celui-ci est sérieux.

D.



Citation:

À Don

Ah vous n'avez pas envie de vous justifier?

Vous n'avez pas envie.

Vous avez raison.

C'est sans doute vous, qui vivez le mieux. Sans penser.

Sans penser aux autres.

Vous ne me donnez même pas de quoi semer un remord.

Ainsi soit-il.

F.

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- LESTAT -



Citation:

À Lestat Gabriel de Lioncourt Van Hesling Track.

Lestat,

Puisse le temps t'avoir permis de comprendre, de m'avoir pardonné, de refaire ta vie, et d'être heureux. Je l'ai gardé jusqu'à ce jour, c'est jour de deuil en Bretagne je suis parti enterrer mon père et j'ai trouvé le moment opportun pour tous les autres deuils de la vie. Peut être que toi, tu l'as rompu depuis longtemps. mais je devais être sûr de moi et puis je n'ai pas eu l'envie de l'enlever trop vite. Je suis évêque aujourd'hui, et j'ai bien tenté de t'écrire cent fois, je n'ai jamais réussi à poster une seule lettre... L'église sera ma dernière demeure,

et en te rendant cela, je n'ai rien oublié, et n'oublierais rien.

Dieu te garde.

Faust Nicolas.


× Un ruban rouge est joint au courrier. il a vécu. Il est usé.

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- PERCEVAL AELIS -





L'écriture semble plus laborieuse qu'à son habitude, les crêtes et les pointes en apogées chaotiques, il y règne même une sorte conflit entre le laconique de sa raison et le disert du sentiment.
Une Abeille à nouveau dessinée en guise de signature, différente de la première mais similaire dans le trait.


Citation:
Bel Aconit, Doux Nicolas,

Zélé, certes mais point idiot, non je n'accepterai point que vous vous mortifiez de la sorte.
Vous me rassurez, et les propos de Kasia à votre sujet parachèvent ma tranquillité d'esprit.
Ayant appris par son biais et le vôtre que vous partagiez le voyage, j'ai voulu m'assurer de votre état (par une autre source que la vôtre).

Pour la tapisserie, il m'est difficile de juger le prix sans en voir la pièce, cela dépend de la qualité du tissage, de la notoriété du tisserand, de la qualité des couleurs, de l'image. Je vais prendre route pour me rendre en Flandres, en passant, je regarderai ce que propose les autres bourgs de l'Artois en tapisserie.
Je vous dirais que notre spécialité est plutôt le drap à Arlon, nos drapiers sont fort prisés dans la région.
Toutefois, négociez.

Je connais peu Kasia, connaissant mieux Ophélie qu'elle accompagnait, tout ce que je peux en dire, c'est qu'elle est personne de qualité, appréciable, droite dans ses bottes et la langue parfois un peu trop pendue.
Je pense que vous pouvez avoir confiance en ses enseignements, ils seront utiles à votre page.
A ce propos, j'ai perdu en lice contre ma soeur, si elle n'était point aussi bourrine et vacharde, je vous l'aurai bien proposée pour quelques entraînements, mais je crains qu'elle ne vous casse votre petit protégé, pour ma part j'ai eu mon compte, entre coup d'assomoir et tacle pervers derrière les jambes, j'ai eu de la chance de sauver mes chicots ! (Vous inquiétez pas, je lui en ai fait bavé aussi.)

Et vous comment se déroule votre voyage ? Comment vous portez-vous ? N'avez-vous point fait de vilaine rencontre ? Baillez nouvelles.

Je vous laisse, quelques plaies à panser - et un autre duel à préparer-.
L'Unique vous veille, tel est mon souhait.




L'écriture est appliquée, belle, libre, peut être naive. La belle Lettrine qui ouvre le bal des mots est même faite à deux encres.



Citation:

Perceval,
Aiguillon lointain.

J'ai pensée pour vous, aux portes du Poitou.

Kasia? Que dit-elle? Alphonse dit qu'elle a le béguin pour moi. Tout ça parce qu'elle m'a vendu un lapin à un prix dérisoire et qu'elle a souhaité pour paiement que nous apprenions à danser ensemble. Danser... Je n'ai jamais dansé de ma vie. J'ai demandé le temps de réflexion. Cependant elle m'a tout de même cédé le lapin d'avance. Kasia est un peu mystérieuse. Elle me fait penser à un petit hérisson. Et moi je lui fait penser à une effraie. Parce que je " saisis si délicatement qu'on ne s'en rendrait même pas compte". Elle dit aussi qu'à Tournai, l'Escaut gèle l'hiver. Est-ce vrai?

Ah! Je crois que je n'entendrai jamais rien aux femmes. Et me le pardonnerez vous?

Des draps, ce serait aussi utile. Je dois vous dire que j'ai acheté tant et tant de choses lors de ce voyage afin de meubler cette future demeure que j'ai peut être un peu chargé le convoi.... Un vaisselier, une armoire, de l'argile pour que la potière du village me fasse des pots de culture, des pierres de Bretagne pour les travaux, un jeu de cartes pour agrandir les murs de ma taverne ( mystère ) , une bibliothèque, du parquet de chêne, un paravent d'érable, une table de jardin somptueuse... Je crois qu'acheter me soulage. Tout comme manger. Depuis la Bretagne, je dévore, vous me trouverez sans doute forci.

Je serai à Paris dans Quatre jours. Je regarderai vos blessures, si vous en avez encore.

PS: Je ne savais pas que vous aviez une soeur.
PSII: Par deux fois nous avons campé sur votre territoire " La Ruche d'Arlon" . J'y trouvé votre trace.

Dieu vous garde,

Faust Nicolas.



Étranges sentiments qui la harassent après la lecture du dernier courrier, entre la piqûre d'une féroce jalousie et la cruelle morsure d'une tristesse sourde. Elle ne sait se l'expliquer.
Perceval ne parvient pas à en discerner l'origine, incompréhension face au saumâtre qui la submerge, l'effraie, et dont seule la prière parvient à l'en extraire, pour la laisser plus tard, après l'écriture du billet, mariner dans un chagrin opaque auquel elle ne comprend décidément rien et dont rien ne paraîtra à personne comme toujours.


Citation:

Aconit,

Dans quatre jours ! Quatre jours me dites-vous ! Mais je ne suis point prête, nous préparions un voyage pour les Flandres !
Bien, après réflexion, je peux différer les Flandres légèrement et me rendre dans les temps à Paris. Cambrai n'est guère éloignée.

Pour votre page, j'avais prévu de nous entraîner sur le terrain d'une petite forge sise non loin du quartier des Halles, elle ne m’appartient certes pas totalement, disons que l'usure ayant servie pour son achat n'a point été dans sa totalité remboursée à ma mère, donc j'en suis plus ou moins propriétaire en attendant.
Elle possède un couvert ouvert sur une petite cour intérieure, c'est là qu'on forge, et qu'on ferre les chevaux habituellement, en général j'y vais surtout pour y peaufiner ma technique avec Matéu, mon forgeron.
Nous y serons tranquille, à moins que vous ayez en tête un lieu mieux approprié ?
Souhaitez-vous me voir avant ou panserez-vous les plaies par la suite ? Comme il vous siéra.

Kasia a évoqué un évêque aux superbes yeux, qui lui a parlé de je, "comme s'il n'avait jamais rencontré quiconque de plus fascinant", je crains que notre petit hérisson ne soit dans l'erreur, car de fascination, je ne vois que celle que vous exercez sur le commun des mortels, elle m'a aussi donné de vos nouvelles, que vous paraissiez point si mal bien que silencieux et qu'en cela nous nous ressemblions, elle vous a trouvé néanmoins, plus prolixe que ma personne.
Le béguin dites-vous... je ne sais, nous n'évoquons point ce genre de chose dans nos courriers, vous avez bien su me séduire de par votre nature, vous avez peut-être raté une vie d'enjôleur, qui sait.
Dites à Alphonse, que je ne connais mie, que la Valachie nous fut prodigue en animaux, dont les lapins, les faucons, les dindes (malheureusement, les dindes à deux pattes et à froufrous aussi), en armes, en écus, en denrées rares telles que les cerises, nous ne sommes plus à une centaine d'écus près, sauf pour je, bien précautionneuse de ma piétaille.
Je ne connais point Tournai, ayant vécu principalement à Genève et sur les routes, plutôt celles du sud d'ailleurs, mais si le climat est égal à Arlon, cela ne serait point étonnant, même une partie du Léman gèle au plus froid de l'hiver.

Savez-vous, je n'entends rien à la complexion humaine, je fais partie d'une espèce dont les émotions des autres me sont hermétiques, secrètes, tout juste suis-je à même d’interpréter les miennes, comment pourrais-je vous en vouloir ?
Je n'ai rien à juger, ni à pardonner, vous êtes tel que vous l'êtes et c'est ainsi que je vous aime.

Pour vous dire le vrai, Arnauld a aussi insinué à mon aînée que j'avais quelques tendres penchants à votre égard, s'il n'est pas totalement dans le vrai, je ne puis prétendre qu'il a entièrement tort, cela relève de quelques sentiments plus abscons qu'un simple tendre penchant.

Oui j'ai une soeur, et si je vous en donne la description,vous saurez à l'immédiat si vous l'avez croisé ou non. Une brunette, trapue, manchote, et odorante la charogne, chapeautée d'un hibou mort, à la propreté discutable, répondant au nom de Minah.
Pour précision, elle a été adoptée, si vous vous posiez la question de notre non-ressemblance.
J'ai également deux grands frères, Christos-Louis et Guise-Eusaïas, dont un avec lequel je n'échange guère pour quelques raisons de rancœur, et l'autre qui a disparu. Ma mère a eu également une prime fille, morte en ses maillots d'enfances, à l'âge de cinq ans que je n'ai jamais eu l'heur de voir, Ciguë pour nom, voyez donc avec quel piquant nous baptisait-elle ?
Et vous ? Puisqu'on en est aux confidences familiales.

Quatre jours dites-vous ? Je serai là.
A Dieu, je vous laisse en garde.




Citation:
Perceval,

votre nom m'évoque un chevalier lointain, une quête étrange dont l'aboutissement défierait toutes les imaginations. Pour sûr, si l'on vous a nommée Perceval, Perceval-le-preux , l'aiguillon d'airain ... Vous ne pouvez qu'être destinée à de grandes choses. Cet aiguillon me taquine. Exerce sa force sur mon imagination fertile. Il me darde des choses qu'il ne serait pas convenable d'avouer pour un prêtre.

Ainsi, vous lire comme une coquette qui s'empourpre de ne pas être prête pour le bal me fait sourire. Si j'y suis dans quatre jours, Paris me gardera pour quinze, comme à mon habitude... Peut être plus. Car mon ami Alphonse vient de perdre sa femme, du moins en reçu courrier, et également d'apprendre l'incendie de son commerce de parfumerie qui allait s'annoncer pignon sur rue aux pavés de la Capitale... J'en suis peiné. Ne saurais repartir sans l'attendre.

Quelle est cette passion pour les forges? Voudriez vous devenir forgeron, Perceval l'Abeille? Je vais finir par vous imaginer sous un caparaçon, toutes ces passions masculines, de la joute à la lice, me laissent songeur. Avez vous les mains poussiéreuses, crayeuses à l'heure où vous me lisez?

La forge ira. Cependant, ce sera pour une autre fois. Péripéties ont eu raison des plans que je destinais à mon page... Je crains qu'il ne préfère la parfumerie à mes idées chevaleresques... Il a refusé de se battre avec Kasia pour le prétexte qu'elle soit fille, tant et si bien que j'ai fini par céder et l'en dispenser. Il partira sous peu pour l'armagnac afin de prendre cours auprès d'une connaissance et de son capitaine. J'ose espérer que vous le rencontrerez tout de même un jour en passant par le Périgord.

De ce qu'évoque à vous Kasia, je ne peux que me trouver mal à l'aise.Il est vrai que j'ai posé quelques questions, car le hasard était trop heureux de me trouver face à quelqu'un qui avait combattu à vos côtés... J'ai donc été surpris, et happé aussi, par les récits de la Valachie Lointaine, par le roux de votre mère et son nom claquant, son prénom de mage... Soyez assuré que de béguin, je n'en veux rien savoir par vous, je saurais par ma foi aller la trouver pour en avoir le coeur net si le courage me prenait un soir, chose qui je le pense, n'arrivera pas. Toutes les vies que j'ai raté ne sauraient m'accorder la seule chose dont je manque : l'expérience féminine. Les filles sont d'insondables mystères, effrayants aussi, par leur abysses et leurs habiletés. Et je jure devant dieu que si ma soutane ne les repousse pas, je ne fais rien pour les attirer non plus. Jamais je n'ai posé main sur une fille, quand bien même pour la repousser.

D'hermétique, vous n'avez que l'écriture. Diable cette écriture est si rigide qu'elle me fait l'effet d'un coup de chat à neuf queues. Vous avez sous vos mots droits et ascètes, le coeur et l'avenir qui incombe à une jeune fille de votre âge, je suis dejà surpris que vous ayez tant vécu. Et si vous m'aimez, à votre façon, vous savez que j'ai raison. Sous la cuirasse, vous vous affolez gentiment d'un retard de rendez-vous... Là. Voilà que je souris encore. Gardez-vous de m'aimer, du moins, pas comme il ne le faudrait. Je vous décevrai bien tôt... Je n'ai que si peu à vous offrir. Vous méritez tant plus.

Je crois bien avoir rencontré votre soeur, et encore, n'en suis pas si sûr. Je rencontre tant de gens Perceval, et ils me disent tant de choses, qu'il m'arrive hélas d'en perdre le fil. Quant à moi, le moment n'est pas choisi pour vous conter mes déboires de famille, un autre jour, sans doute, je vous en ferai l'épilogue.

A très bientôt.

Dieu vous garde.

L'Aconit.

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L_aconit




- PERCEVAL AELIS -



Lui répondre est comme une urgence, l'envie de rectifier certains propos, en clarifier d'autres.

Citation:

Faust,

Nulle coquetterie est à blâmer, vous m'en voyez contrariée de lire ce que vous spéculez à mon sujet, éventuellement un excès d'enthousiasme entremêlée au malaise de voir mes plans bien carrés chamboulés.
Je suis d'un ennui pathologique, j'affectionne maîtriser le moindre détail de ma vie que j'inscris dans une routine affligeante et tout écart à mon quotidien est soumis avec rigueur à un nombre incalculable d’hypothèses, je n'aime point être prise au dépourvu, ni même les surprises.
Chaque changement, me plonge dans une sourde angoisse, une sorte d'agitation intérieure que je ne peux définir avec clarté.
Non ce n'est point coquetterie.

Pour votre ami, j'en suis navrée, peut-être souhaiteriez-vous différer ma visite et ainsi apporter votre plein soutien à Alphonse ? Je le comprendrai sans peine, n'hésitez point si cela est nécessaire.

Vous me prêtez coquetterie féminine, et passions masculines.
Ne peux-je point être simplement je. Perceval.
Oui j'aime les forges, les armes, et les combats lame à lame, j'aime aussi à broder des fleurs sur les aumônières, ou des abeilles sur les mouchoirs, j'aime lire, étudier et ramasser les plantes et les fleurs, j'affectionne le boeuf salé, et déteste les douceurs, bien que le miel trouve seul grâce à mes yeux, j'empaille les oiseaux, je trouve cela reposant, et les cadavres ne m'effraient point, sauf ceux en Valachie parce qu'ils avaient la fâcheuse tendance de se relever et reformer une armée, et ça, ça file la pétoche. Je ne bois quasiment pas, et m'exerce chaque jour à l'escrime, à la monte, ne mange point d'aliment proscrit par les textes d’Averroës et tend à la vertu tant du corps que de mon âme. J'aime les chiens, les faucons et les furets mais points la chasse.
Cela vous convient-il ? Suis-je assez d'un côté ou de l'autre à votre goût ?
Laissez-moi juste être Perceval avant que je ne me plie à mon devoir, c'est ma seule faveur, me l'accorderez-vous ?

Nicolas, pour Kasia, ne vous en faites point, je ne suis pas tant la personne à qui l'on confie ce genre de chose, je suis probablement la personne la plus inappropriée même, je ne pense pas qu'elle s'ouvre à moi sur ce sujet, si sujet il y a, après tout ce n'est que la spéculation de votre ami et quand bien même elle le ferait, je ne suis pas de celle qui évente les secrets, gardant les miens si enfouis qu'ils n'apparaissent qu'aux gens auxquels je veux bien les montrer.

Perceval est le nom choisi par ma mère, c'est un nom de légende, mais la légende, je crois bien, c'était elle, et marcher dans son ombre se révèle être un exercice fort complexe, vous qui êtes fils de Lemerco, avez peut-être souffert de la comparaison inévitable que l'on fait d'un parent à son rejeton.
Excusez si la question vous froisse, mais quelles sont les choses que peuvent agiter un aiguillon dans l'esprit d'un prêtre ? Est-ce à voir avec le belliqueux du dard ?

Pour vous répondre sans les primes échardes dont je vous ai gratifié plus haut, les forges me passionnent depuis que j'ai visité celles de Passau, la qualité de leurs lames me fascinent, et leur manière de la travailler est sans égal, ceci est mon avis. Matèu prétend que je serai meilleure orfèvre que forgeron, car j'ai le sens du détail et que le travail méticuleux me convient mieux, il ne me connait point, je travaillerais chaque jour jusqu'à lui démontrer que j'y arriverai !

Dans quatre jours, où voulez-vous que je vienne ? L'Ostal Dieu ?
A Dieu, je vous abandonne, ce billet est jà bien trop bavard à mon goût.



P.S. : Mon écriture est économe ! Voilà tout !Vous faites tout pour me contrarier en ce jour !
P.S. bis : Si vous aviez rencontré ma soeur, vous vous en souviendriez, elle a l'effluve mémorable.
P.S. ter : Mes mains sont très bien comme elles sont, ni coquette, ni masculine, elles ont des doigts ! Tous.
PS. quater : Oui, j'avoue, coquetterie, et autres dérivés est un mot qui m'a piqueté.



Il est tard. Il n'a pas le coeur à répondre à une telle averse de mots, juste... à la désamorcer.

Citation:
    Perceval ! Je plaisantais...

    F.


Il est tard mais elle n'arrive pas à dormir. Quand on a Faust dans la peau c'est comme d'avoir le diable à sa porte. On n'en dort pas.
Billet court, qu'elle ne prend pas la peine de signer, sa simple écriture fait office d'identité.

Citation:
Vous plaisantiez ? Je n'y comprends rien à ces subtilités, l'on me dit trop premier degrés.
Vous devez me croire idiote à présent.
Rassurez-vous, je n'étais point du tout fâchée. Oubliez ceci.



Elle s'en veut, de s'être trop dévoilée, de l'avoir peut-être un peu bousculé, d'y avoir mis dans son courrier une part de sa douleur et peut-être sans s'en rendre compte de l'avoir accablé avec icelle.
Le tracé est ferme et régulier, peut-être même trop.


Citation:

Nicolas,
Je me suis trop épanchée, veuillez excuser.
Samedi je serai à l'Ostal Dieu. Je prends route ce soir si je le peux.
Prenez soin.

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- KASIA -




Citation:
De Kasia
Il faut aimer Dieu, mais après ?

Nicolas.

Que faut-il que je sache, avant un baptême ? Quelles sont les fondements de l'Eglise ? J'ai, je crois, laissé de côté cette affaire, ces derniers jours. Je sais, j'ai compris, que vous n'êtiez pas sans jugement propre, que vous n'adhériez pas à tout, ni ne considériez pas l'Eglise comme exemplaire. Pourtant, vous devez bien y trouver votre compte. Et le pardon, c'est un bon compte, mais le reste. Sur la création, il est dit qu'Oane donna la bonne réponse, Dieu voulant que les hommes l'aiment. Mais pourquoi nous place-t-il des épreuves, des blessures qui ne guérissent jamais bien, des tentations qui nous détournent de lui ? D'où viennent ces prince-démons qui attirent l'Homme hors du bon chemin ?

Mais j'avais une deuxième chose à vous dire. Il me semble, il me frappe, même, que vous n'osez pas toujours dire aux autres ce que vous avez sur le coeur à leur encontre. J'en prends exemple votre page. Il vous est cher, comme vous l'êtes pour lui. Pourtant si Alphonse vous avait écouté et suivi sans hésiter, il ne serait plus votre page. Mais vous ne prenez pas le temps de le reprendre sur ce qui vous remplit le coeur, vous ne l'instruisez pas de ce qu'il vous blesse, ni même de ce qu'il ne se conduit pas toujours comme il devrait. Il en serait sans doute premièrement blessé, mais il en tirerait profit.
Mais je ne voudrais pas vous dire comment vous conduire envers lui. D'ailleurs, ce n'est pas votre lien à Jorgen qui me taraude, c'est bien vous. Vous gardez pour vous, vous remplissez de ce qui vous contrarie, et cela ne s'accumule-t-il pas ? Que craignez-vous ?

Kasia


Oh non il n'osait pas... Et d'ailleurs, ce qu'il pourrait dire à Kasia, il le garderait pour lui. Rien n'est plus rassurant que son terrain de compétences. Filles parlaient trop. Ni plus ni moins que ce qu'il fallait à un être aussi laconique pour se replier sur lui même. Et quand le religieux se refermait, c'est dans les livres qu'il trouvait refuge. C'est donc par les livres qu'il pourrait répondre aux existentielles questions de la jeune femme, à qui tous prêtaient pour lui d'insondables sentiments.


Citation:
Kasia,

les fondements de l'église reposent sur l'amitié aristotélicienne, le repentir sincère, la foi inébranlable en le Divin.


Connaissez vous le texte sacré du Miroir d'Oane? Il réponds à ces questions mieux que je ne le fais moi même... Lisez-le.

"Mon cher Miroir d'Oane, miroir de moi-même, choisi parmi les Hommes par Dieu, le Mystérieux, pour les guider vers les verts paturâges de la vie, tu es la seule personne à laquelle je puis m'adresser du fond de ma solitude.
Avant que Dieu ne me pose La question, j'étais seul et incompris; je le suis encore aujourd'hui, malgré le respect dont on m'entoure.
Dieu s'est retiré du monde, laissant les Hommes vivre et prospérer à leur guise et moi-même face à mon destin, celui qu'Il a choisi pour moi, celui dont, quelque part, Il m'a fait prisonnier.
Et c'est dans cet état de détresse quasi-absolu qu'Il me laissa, uniquement guidé par l'Amour, et que je dus bâtir de toute pièce une Eglise.
Mon beau miroir, que la clémence des années me permette de poser par écrit mes réflexions, mes doutes et ma vision du monde voulu par Dieu.
Oane.


I) Fragments oaniens

Dieu, le Néant et la Créature Sans Nom

J'ai longtemps réfléchi au Néant qui existait avant tout, qui existait avec Dieu et qui existait en Dieu; j'en suis arrivé à la conclusion que cela ne pouvait être que la part obscure de Dieu, un peu comme la terre, sale, grasse et collante qu'il a créée, lieu où tout fermente, pourrit et où grouillent aussi ces vers de terre qui se tordent d'une façon qui, à elle-seule, reflète leur noirceur.
Et c'est pourtant de ce lieu sordide que sortent les plus beaux fruits du monde et que du noir Néant naquirent les beaux fruits des vertus divines.
Comme si le Néant lui-même, était un chaos à la fois putride et fécond, exactement comme la terre que nous foulons aux pieds.
Bien et mal, noir et blanc; c'est un peu comme si du noir naissait le blanc, et sans doute du blanc, le noir, en une sorte de mouvement perpétuel infernal qui reproduirait le chaos primitif.
Ainsi, de Dieu lui-même naquit une sorte de rejet maléfique, la Créature Sans Nom que l'on ne peut nommer précisément parce qu'elle s'appellerait pareillement Dieu.
Dieu est le créateur du bien; il l'est aussi du mal.
De même que le Néant est la part obscure de Dieu au Ciel, de même la Créature Sans Nom l'est sur terre.
Et moi, Oane, seul parmi les Hommes, je suis au centre de ce duo infernal où Dieu affronte Dieu.

Les trois sphères

Le monde est constitué de trois sphères, celle du bien, celle du mal et celle de l'incertain.
La sphère du bien est le Soleil qui nous réchauffe et permet aux plantes de pousser, celle du mal est la lune, d'une couleur jaune maladive, pâle reflet du soleil dont la surface apparait crevassée comme si mille volcans y crachaient du feu en permanence et celle de l'incertain est la terre.
La terre, elle-même, est divisée en ces trois entités: il y a le Ciel où siège le bien, le sol de terre et de fange où siège le mal, et l'entre-deux, le monde des hommes et de l'incertain.
Sur cette sphère de l'incertain vit l'Homme, création de Dieu et miroir de celui-ci.
Aussi, avons-nous tous en nous, comme Dieu notre Père l'a en lui, une part de mal et de noirceur et celle-ci préexistait à la Révélation.
Elle préexistait parce que la Créature Sans Nom est née et était devenue malsaine bien avant que Dieu ne l'a transforme en chose invisible capable de tenter les Hommes impunément.
Elle était un homme parmi les Hommes, et partagée comme Dieu, le monde et la terre, en trois sphères, le bien, le mal et la conscience, glaise de l'incertain.
Chez certains Hommes, le bien l'emporte, chez d'autres le mal triomphe et enfin, il y a ceux qui naviguent dans un entre deux perpétuel.

L'incertain du bien et du mal

Mais, en vérité, en dehors de la Créature et de ses serviteurs attitrés, rares sont les personnes qui savent si leurs actions sont bonnes ou mauvaises.
J'ai connu un homme persuadé que le bien était ce qui faisait son bonheur et que seul l'argent pouvait l'accroitre.
Aussi passa-t-il le plus clair de son temps à s'enrichir, à vendre sa femme comme esclave sexuelle à d'autres hommes pour en tirer encore plus d'argent et plus il était riche et plus il semblait heureux.
Et puis, je le vis gagné par l'oisiveté et s'enivrer d'ennui car le vin était devenu sa seule source de distraction.
Je le vis devenir un homme plein de fureur et de colère, et, dans ses soirées d'ivrognerie, chercher finalement à sacrifier son fils unique à Dieu.
Alors, au dernier moment, alors que le couteau du père sacrificateur allait s'abattre sur la victime et qu'un infanticide allait se commettre, je ne sais quoi, mais quelque chose retint son geste, comme si soudain, l'éclat du bien et du mal venait de l'aveugler comme un métal brillant et réveiller sa conscience.
Le bien, le mal, où est la frontière ?
Cet homme avait voulu faire le bien et ses actes engendrèrent le mal.
Il avait voulu faire le mal et le bien en était sorti.
Souvent, je pense qu'en voulant faire le bien, on arrive parfois, involontairement à faire le mal.

La morale

C'est en tout cas cet épisode qui me fit prendre conscience, à moi, Oane, que des règles de vie devaient être fixées.
J'inventai la morale.
Tous les sentiments sont jouissifs en eux-mêmes : l'amour, la perversion, la haine. C'est d'ailleurs pour cela qu'ils se transforment généralement en actes. Seulement certains comme le mal, à la fois séduisent mais également détruisent celui qui les ressent.
Je listai tout ce qui me semblait pouvoir détruire ceux qui ressentent le mal et j'édictai des lois qui formèrent la base de la morale: ne pas voler, ne pas tuer, respecter son père et sa mère, ne pas témoigner faussement contre son voisin, ne pas convoiter son bien, agir avec tempérance, respecter la liberté d'autrui.
Ainsi, j'incitais chacun à avoir les mêmes règles que son voisin et à avoir les moyens de distinguer plus clairement où était la frontière entre le bien et le mal.
De la morale et des sept commandements qui en résultèrent, découlèrent les premières lois qui régirent la communauté.
J'étais devenu à la fois chef religieux et chef politique de ma communauté; de telles responsabilités me terrifiaient et me terrifient toujours littéralement; c'est un poids énorme que Dieu m'a légué en se retirant du monde.

Dieu est Mystère

C’était d’autant plus effrayant que nous ne pourrons jamais nous expliquer Dieu tel qu'Il est : tout cela dépasse les capacités de notre intelligence. Notre seule raison nous fait connaître que Dieu existe et qu'll possède toutes les perfections. Elle ne peut pas aller plus loin par elle-même.
Car notre intelligence est "finie", c'est-à-dire limitée ; tandis que Dieu est "infini".
A cause de notre imperfection, nous ne pouvons pas comprendre un être aussi absolu et parfait que Dieu car nous le voyons essentiellement à travers elle.
Il est souverainement au-dessus de tout ce que nous pouvons en dire ou prescrire en son nom.
Nous ne pouvons que nous prosterner devant Lui et nous présenter humblement comme des mortels qui le cherchent, avec nos espoirs et nos doutes en sachant qu’Il sera à nos côtés, peu importent nos erreurs, nos incompréhensions et nos imprécisions à son sujet parce que nous sommes Ses enfants liés à Lui par les liens de la paternité et de l’Amour.

Le mal peut-il triompher ?

Jamais je n'ai vu le mal l'emporter sur le bien.
Le Néant maléfique est en Dieu, mais Dieu le sait, car il sait tout, y compris de lui-même. Il connait sa part de noirceur, et il la combat par ses actions, par le bien qu'il cherche à faire, et parce qu'il nous a créés.
Dieu a créé les Hommes pour lui.
Nous sommes les garants que jamais il ne laissera le mal l'emporter en Lui sur le bien si nous savons préserver l'amour que nous lui portons.
L'amour n'est pas seulement notre raison de vivre, c'est aussi celle de Dieu.
Sans amour Dieu, le Bon, le Juste n'est rien, et la noirceur de la mélancolie le gagne et sa part mauvaise pourrait un jour, si nous l'abandonnons, détruire le monde.
Mais Dieu nous a créés aussi pour qu'on l'aide à repousser le mal en luttant contre son émanation sur terre: la Créature.
De même que notre amour l'aide à lutter au Ciel, de même notre combat sur terre contre celle-ci soutient Dieu qui nous a confié l'immense tâche de le seconder dans la lutte contre la part obscure de lui-même et de l'univers. "


Quant aux princes démons, ce ne sont ni plus ni moins que des hommes qui se sont détournés de dieu et de la vertu en laissant libre court à leurs péchés jusqu'à ce que Dieu les punisse...

" Sept jours plus tard, un tremblement de terre d’une puissance inouïe frappa la ville. Le sol se fractura. De larges ouvertures apparurent d’où jaillirent des flammes. En quelques instants, Oanylone disparut dans les profondeurs du sol. Dieu venait de frapper de sa colère la cité impie.
Tous les morts se présentèrent alors devant le Très Haut afin que ce dernier les juge. Raphaëlle et les six autres humains devinrent archanges auprès du Très Haut, tandis que celles et ceux qui les avaient suivis se transformèrent en anges.

Asmodée et les six autres hommes qui avaient choisi le Sans Nom furent envoyés à grands coups de balai sur la lune. Ils les plaça là dans un lieu froid, sans vie et dans les brumes permanentes. Les corps de chacun se transformèrent pour prendre un aspect à la fois hideux et terrifiant. Asmodée reçut une tête abominable de serpent à la langue démesurée, il fut pourvu de quatre paires de seins et d’un phallus d’une longueur éléphantesque. Il devait le porter en permanence sur son épaule afin de ne pas y marcher dessus. Ses instincts lubriques avaient été décuplés et il tourmentait nuit et jour les malheureux qui s’étaient perdus en enfer, tout comme il agaçait continuellement ses frères démons en les poursuivant de ses ardeurs.

Ainsi fut-il condamné à vivre perpétuellement dans les plaines de l’enfer. "


Faust Nicolas.

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- ANSOALD -





Citation:
De Ansoald

Objet d'Alessandria

Nicolas,

Je redoute de t'écrire, les lignes que je lance reviennent vides à chaque fois, l'hameçon me griffe les doigts. J'ai bien conscience qu'il me faut me jeter à l'eau en lieu et place de ces appâts trop gras pour avoir été nourri d'une main honnête.

Depuis que j'ai fui les murs de l'Ostel Dieu, ma vie n'est pas allée en s'améliorant, bien au contraire. J'ai tenté quelques magouilles pour gagner de quoi vivre jusqu'à la fin de mes jours (lesquels ne s'envisagent jamais jusqu'à la fin de la semaine prochaine), mais les éventuels complices ne donnèrent pas suite à mes projets. Désoeuvré, j'ai rejoint les rangs d'une expédition vers les duchés italiens, où nous fûmes accueillis à coup de lances. Nous ne venions pas, certes, quémander leur hospitalité, mais il s'en fallu de peu que je sois transpercé de part en part comme un vulgaire jambon à la broche. Me voilà donc allongé sur une courtepointe infestée de punaises, sans autre médecine qu'une pipe aux relents funestes. Rassure-toi, j'en use avec précaution, ce qu'il faut pour apaiser les plus vives douleurs que les blessures à ma jambe me causent.

Je me sens las comme si cent orages avaient déversé sur mon corps des trombes de grêle. Je ne me trouve pas sans secours. On m'apporte, malgré le danger, une nourriture frugale que j'ingère avec peine. Je les remercie, parfois. Mon humeur demeure exécrable. Je n'ai de cesse de les mépriser et de les provoquer, et ce d'autant que je me sens le plus faible et le plus méprisable d'entre tous. Mes cabotinages m'ont fait perdre de vue le rivage...Ah je plaisante encore, tu vois, cabotinage, cabotage, je veux forcer le sourire sur tes traits pâles.... J'erre sur les plaines désertes de ma chère liberté, maudit soleil qui consume ma chair... Je me sens comme le plus misanthrope et le plus envieux des hommes. Comment fais-tu, Monseigneur, pour les aimer? Quand j'essaye, je me retrouve à les manipuler d'une manière si éhontée que je voudrais m'étrangler avec ces ficelles de pêche... Ah, que je ris de me voir si faible en ce miroir!

Je me sens trop bouleversé pour écrire plus avant. Donne-moi, s'il te plait, quelques nouvelles. Choisis-les bien. Quelques mots suffiront. Il me plaît de te lire dix fois, même si je n'en comprends pas le neuvième,

Ansoald



Citation:


Ansoald,

qu'attends tu de tes pêches, voyageur au long cours qui s'échappe au moindre courant ? Poisson frétillant qui glisse entre mes doigts sitôt qu'ils ont refermé tes brèches et lissés tes écailles? Qu'attendais tu du lit de la rivière, qu'on écluse et restreint pour n'en faire qu'un mince ruisseau où tu peux crever les ouïes ouvertes...? Reviens. Reviens à l'Ostel Dieu. Tes livres sur les poisons t'y attendent. Je sais qu'ils n'ont pas la Saveur d'un Decameron, pourtant, ils n'ont pas bougé. Et je ne bougerai pas non plus. Je t'envoie une panacée, bois là chaque jour de trois gorgées. J'espère au moins que mon messager te retrouvera... Je n'ai guère de bonnes nouvelles à t'annoncer, j'ai perdu mon père, j'aurais vécu plus longtemps à tes côtés qu'aux siens. Je calcule les distances qui nous séparent, des rives du Pô à celles de la Seine. Il n'y a rien pour toi là bas. Reviens.


Nicolas


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- KLEZE -





Citation:
De Kleze


Il y a tant à ne pas dire. Quand la vie
Se fait divine comédie et qu'en elle grandit
Des pseudos tares que l'on érige en maladie.
Stigmates et châtiments. Le dimanche on expie.

Il faut parfois se perdre entre deux vagues
A l'âme. Se noyer. Respirer. Les larmes divaguent.
Les souvenirs piégés. En madrague.
D'Amsterdam à Prague.

Que les cieux s'éventrent et dispersent au vent
Les envies. Boyau éparpillé jamais ne ment
Bien qu'il puisse catalyser quelques tourments.
Loup ou lapin ? Entre deux effleurements.

Le lit agîté accueille de solaires sentiments
Libérés, piétinés, argile troublant le courant.
Oublier l'amont. Ignorer l'aval.
De Lisbonne à l'Oural.



Citation:

De Kleze
Objet The boy has no name.

Tous dans l'un.

Rien de graveleux. Je vous rassure.

Une Grande personne m'a dit un jour au détour d'un chemin lors d'une chasse aux brigands qu'il ne fallait pas attendre pour dire les choses. Puissiez-vous vous en inspirer. Et si vous l'avez déjà fait, ce n'est de toute façon pas aux enfants de culpabiliser de l'absence d'un parent quand bien même l'excès d'empathie semble tout indiqué dans ces circonstances.

C'est là l'ébauche de réponse qui vous était destinée au lendemain de votre pli à mon égard. L'été sait se montrer chronophage, bien plus que l'on n'imagine parfois. Glouton qu'il est. Me pardonnez-vous ce délai ? Je ne sais si vous êtes toujours en Bretonnie ou si les morceaux de vie se sont éclaircis depuis. Je l'espère en tout cas.

Je vais attendre votre pardon avant de conter ma vie ou de poser quelques questions; mais sachez que j'ai l'ode promis pour votre anniversaire, je compte juste vous l'offrir en mains propres. C'est sûrement égoïste que de vouloir voir un trait ou deux de bonheur ou de contentement mais personne n'est parfait. Surtout pas moi.

N'oubliez pas, Nicolas, Faust et tous les autres;
L'on peut entendre l'eau au bord de toutes choses. *

Maurice.

[*Hammock - I could hear the water at the edge of all things]



Citation:


À Kleze

maurice,

je suis toujours en bretonnie, je la quitte lundi soir. mon père est mort, et j'ai fait ce que j'avais à faire pour ces derniers instants en sa compagnie, comme fils et comme évêque... Gagez que je n'ai pas envie d'en discuter tant que cela. Vous imaginerez aisément pourquoi.

Vos odes sont délicates et attentionnées, et il m'arrange d'attendre un peu délais pour les apprécier à leur juste valeur... Sous quinzaine serai de retour à Périgueux.

J'espère que vous vous portez bien?

Faust.




Citation:


De Kleze

L'épi logis.


Faust, Nicolas, Fils, Evêque,
Dé aux milles facettes;

Comme demandé, je ne vais pas épiloguer sur les pertes récentes; je laisse donc cela aux écrivains, aux politiciens et à ceux qui n'ont rien à dire; et je saute directement sur la question qui me concerne.

Nous partons demain pour Pau en faisant un détour par Auch, pour croiser Octave et Isaure en espérant qu'ils y soient, pour ensuite remonter à Périgueux et qu'enfin j'honore ma promesse de m'y installer. Je vais faire la route avec la famille Ponthieu et c'est ce qui a retardé ce voyage. Plus il y a de gens impliqués, plus les itinéraires sont compliqués à imposer mais j'ai bon espoir que ce coup-ci, ce soit le bon. Parce que je ne vais pas mentir, à Limoges, on s'emmerde sec. C'est peuplé, certes, mais c'est plein d'histoires qui ne me font guère envie; si quelques potins croustillants sont parfois intéressants, quand la vie devient une dramaturgie incessante, ça me désespère. Et pas qu'un peu.

Je sais que c'est un peu con d'écrire alors que tu es ici mais c'était prévu depuis hier et la visite surprise; et comme j'ai tendance à partir un peu dans tous les sens, j'essaie tout de même à me tenir au peu de résolution que je me fixe. Par contre je préviens d'avance, l'ode est planquée dans une malle de ma charrette donc il faudra l'attendre ce soir tard ou demain, selon la fructuosité de ma recherche dans le bordel ambiant

A très vite autour d'une pinte ! En espérant que l'escapade bretonne n'ait pas sapé mon évêque préféré - d'accord, je n'en connais qu'un seul mais ça compte quand-même - auquel cas j'invoquerais quelques mysticismes pour remonter le moral.

En attendant, ne t'empêche pas de lever les yeux la nuit; Après tout, l'univers a été créé pour être vu de nos yeux. *

Maurice.

[ * Sleeping at last - Saturn ]


Citation:



maurice, si je suis le dé, vous me ressemblez un peu.

Tantôt poète. Tantôt peintre. Conteur. Veilleur. Chasseur. Vous qui avez votre place dans tous les arts subtils, vous êtes bien le maitre des multiplicités . Vous allez pouvoir reprendre le cours de vos imaginations, la construction de mon Hôtel Particulier reprendra dès notre arrivée à Périgueux, et il me tarde de vous compter parmi les habitants... Et d'observer cette fresque que vous allez y faire... Derrière, nous avons dit.

Aurais-je droit à des histoires le soir, au coin de l'âtre? Si je n'ai pas nom vous n'avez pas de visage. Fascinant. Je suis peiné de vous apprendre que j'ai perdu au gré d'un vent breton l'ensemble de nos correspondances, j'ai de justesse pu sauver le poème que vous m'avez écrit après la veillée "Petit Loup" . Je déteste perdre du courrier...

Ne m'attendez pas pour boire quelque pinte que ce soit, je je mettrai pas le nez en taverne à Limoges. Je suis contrarié. Et je dois étudier. Nous nous verrons en route, sans doute, ou au premier jour de votre nouvelle vie.

Dieu vous garde,

Faust Nicolas, l'Aconit.

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- KASIA -


Citation:


De Kasia

Nicolas,

Vous vous êtes tenu à votre résolution, on ne vous a pas vu depuis hier. Je n'écris que maintenant, parce que votre précédente réponse m'a contrariée. J'ai brûlé une ou deux missives que je voulais vous envoyer, déjà. Vous trouverez peut-être ça idiot mais le miroir d'Oane, sans doute très adapté pour me répondre, je l'ai pris comme un écran de fumée derrière lequel vous cacher. Je sais, vous ne me devez rien. Mais j'apprécie votre compagnie, votre conversation, et je m'inquiète un peu pour vous. Est-ce que tout va bien ? Alphonse a cherché des pêches. Je ne vois que vous pour les avoir commandées ; comment étaient-elles ?
J'en reviens à votre missive : aurais-je commis un impair, en étant si directe ? Ma question vous a-t-elle contrariée ? Ou, peut-être, vous ai-je contrariée moi ?

Nicolas, je me demandais aussi. Pourquoi l'enfer est-il lunaire ? Après tout, la lune n'est pas une mauvaise compagne lorsqu'elle éclaire les nuits, lorsqu'elle écarte la menace d'un coupe-gorge, lorsqu'elle est témoin silencieuse d'une nuit enlacée, lorsqu'elle rythme le temps qui passe, lorsqu'elle se dissimule, enfin, parfois, pour laisser voir les étoiles à plein.

Kasia



Citation:


À Kasia


Kasia, pourquoi brûler des lettres? Je reconnais là la colère dont vous me parliez. N'oubliez pas qu'elle ne fera que vous gâcher la vie. Repensez aux parades que je vous ai soufflées. Cherchez le bon en toute chose.

Je n'ai pas paru car il me fallait , moi aussi, chasser la colère qui tentait mes pensées... mes parades sont là. L'isolement , l'étude des textes et la prière. Quant aux réponses que je ne vous apporte pas, elles me sont bien trop personnelles. Trop intimes et ne serviraient personne. Elles tendent bien moins vers le religieux que vers l'homme que je suis. Si ma précédente réponse vous a contrariée, vous m'en voyez donc navré. Je pensais que ce texte était en tout point prompt à vous éclairer. A moins que vous n'attendiez de moi toute autre chose, gagez que j'ai depuis longtemps renoncé à l'homme pour le religieux, et que je ne saurais vous en donner d'avantage... Vous connaissez la dualité qui m'habite, etant enfant des druides et évêque romain, la spiritualité a une place importante dans ma vie. Rassrez-vous, vous ne m'avez pas contrarié.

A propos de la lune ? Très bonne question que vous posez à un exorciste ... Le Livre des Vertus nous apprend que le Paradis se trouve sur le Soleil, astre Solaire qui réchauffe la terre comme âme, et que les Enfers se trouvent sur la lune, astre vampire dont la clarté blafarde ne sert qu’aux actions perverses et malintentionnées de la nuit. Depuis la nuit des temps, et encore aujourd’hui, les observateurs du ciel et des corps célestes ont calculé la taille, la masse et le poids des étoiles : leur conclusion unanime est que la Lune est fort petite, plus petite même que la Terre, alors que le Soleil est lui immense bien plus imposant que la Terre. Le livre des Vertus nous dit bien que Dieu fut le créateur de toutes choses ; par conséquent, c’est Lui qui décida de la taille du Soleil et de celle de la Lune.

Ne pouvons nous pas, Kasia, en conclure qu'il y a plus de place au Paradis qu’en Enfer, que le nombre des Elus, de ceux qui furent, sont et seront sauvés est bien plus important que le nombre des Damnés voués aux Enfers? C’est ainsi qu’avec Foi, Raison et Logique, je puis parler de l’Amour pragmatique de Dieu, qui forcément aime plus qu’il ne renie, sauve plus qu’il ne damne, embrasse plus qu’il ne châtie.

Je vous mettrai cependant en garde d’éviter de tomber dans la dérive qui consisterait à croire que le créateur serait contraint desSauver vos âmes à cause de la taille des corps célestes : ses voies sont impénétrables et par la divine omniscience qui le constitue de nature, le Tout-Puissant a tout simplement prévu que moins d’âmes seraient damnées que d’autres sauvées. C'est tout simplement la preuve de la confiance inébranlable de Dieu dans l’Eglise Aristotélicienne et de ses pasteurs, car il sait que par son action, son enseignement et sa pastorale, les croyants seront conduits sur le chemin des vertus...

Nicolas.



Noyer le poisson, lui? Nooooon...

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L_aconit





- KLEZE -





Citation:
De Kleze


Gratte. Gratte. Gratte. La robe.
Les morceaux se détachent lentement,
Tombent et lavent l'opprobre
De l'humain. L'inhérent intermittent.

Aurez-vous le coeur et la patience
De consciencieusement rassembler
Au gré de confidences
La mosaïque éparpillée ?

Il est la lumière à l'ombre
Des confessions et des décombres
Des âmes brûlées par la vie.
Il y a bien plus au delà du parvis.

Oserez-vous le reconstituer ?
Fermer les yeux et oublier vos sens,
Ressentir les arrêtes, les côtés
Et vous laisser envahir par l'immense.

Ne pas avoir peur de lancer le dé
Peu importe la face affichée
L'infini à portée.

K.

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L_aconit





- MARZINA -

Citation:
Nicolas,

J'imagine que ca vous surprend sans mal de voir s'étaler cette écriture que vous avez parcouru en Bretagne dans une chambre d'auberge avant le sacre de votre père, et plus encore de voir figurer votre nom en haut de cette lettre. Oh rassurez-vous, je suis loin. Du moins, loin de la Bretagne, je n'ai aucune traitre d'idée d'où vous pouvez bien être. Et c'est bien là mon malheur (d'être loin de la Bretagne, pas de vous, ça je le vis très bien).

Trop occupée à mourir chez les ritals, je n'ai pas pu faire mes derniers adieux à votre père avant qu'il ne parte, et avant qu'il ne soit enterré. Et je le regrette amèrement, croyez-moi.
Votre père a tour à tour été pour moi ami, fiancé, objet de mépris, avant que le temps ne fasse son effet et qu'il ne soit à nouveau un ami. Je sais les qualités qu'il pouvait avoir tout comme ses défauts, je sais presque tout à l'avoir tant côtoyé pendant des années, alors que notre relation changeait aussi souvent de visage qu'un ciel de bord de mer.

Il aimait la Bretagne. Il aimait Azilliz. Il avait un formidable sens de l'humour, souvent grivois par ailleurs. Portait une folle affection à chacun de ses enfants. Il aimait les femmes, mais superficiellement, sauf la dite Azilliz. Adorait lever le coude.
Le pire de ses défauts restera le manque de constance, de courage face à l'adversité. Bien que sur un champ de bataille, il n'en a jamais manqué. Mais il baissait vite les bras.
Je pourrais vous en parler beaucoup, comme ça. Ce n'est jamais que lorsque les gens partent, qu'on se rend compte de la place qu'ils prenaient, et de combien on les connaissait sur le bout des doigts. Après tout, n'avais-je pas prédit son retour en Bretagne sans son agaçante fiancée bourguignonne, au moment même où il foulait le sol angevin pour aller la rejoindre et l'épouser en Bourgogne, annonçant quitter la Bretagne pour de bon?...

Pourquoi je vous raconte tout cela vous demandez-vous sûrement?
Ce serait une bonne question. Parce que j'ai besoin de le dire à quelqu'un qui l'appréciait, quelqu'un d'autre que l'une de ses nombreuses conquêtes. Parce que je sais aussi un peu ce que c'est d'être un bâtard qui n'a que peu connu celui qui l'a engendré. Parce que j'ai envie de lui dire adieu, aussi?...
J'imagine que vous étiez à ses funérailles? Sauriez-vous me guider jusqu'à son dernier lieu de repos, afin que je lui fasse mes adieux? En échange je vous parlerais de lui si vous le voulez, répondrais à vos questions sur lui si j'ai les réponses.

Je me doute bien que vous ne me portez pas dans votre coeur. Mais si ce que vous m'avez dit est vrai, que vous êtes vraiment devenu curé, alors vous devez savoir faire la part des choses maintenant, j'imagine. Ce n'est pas Marzina l'arnaqueuse de vos écus qui vous écrit, c'est Marzina l'ex-fiancée de votre père. Qui lui portait affection tout comme vous. Et qui avait une part de son affection apparemment, d'après la dernière lettre que je reçus de lui.
Je pense qu'il aimerait ce dernier adieu de moi.

Je vous laisse y réfléchir.

Marzina de Montfort-Penthièvre


Lettre morte.
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