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[rp]Hostel Malemort-Arduillet-Brassac, le MAB

Melissandre_
Mélissandre avait toujours eu le sommeil léger. Petite fille, parceque cela lui permettait de bondir comme un cabri sitôt ses bonnes quittaient sa chambre pour aller musarder sur les toits de Ségur. Plus âgée, cet état cotonneux quelque part entre éveil et inconscience avait fini par entraîner chez elle une tendance aux insomnies et à la mélancolie. Privée de l'exutoire de ses rêves devenus rare, l'âme humaine ne met guère longtemps à basculer dans la folie. Ce soir là pourtant elle n'entendit pas les petits pas feutrés de sa sœur aînée, pas plus qu'elle ne la sentie se pencher sur elle.

La princesse rêvait de tapisserie. Milles tableaux ouatés, une myriade de fils de couleurs qui donnaient vie à des scènes qu'elle croyait avoir depuis longtemps oubliés. Les rires de Foulques quand il poursuivait son cadet, une épée en bois battant le vent. Les bras d'Elisa se refermant sur elle pour l’empêcher d'approcher trop près de la margelle de puits. Blanche croquant à pleines dents dans une poire du verger, si juteuse qu'elle en avait eu sur le menton et avait gâté son beau corsage tout neuf. Et d'un tourbillon chamarré ces instants de bonheur pour toujours figés dans le passé s'estompaient jusqu'à former d'autres silhouettes. Celle de Mélissandre, à peine plus frêle que maintenant, faisant face à son aînée, la nuque raidie de colère. Le visage de Blanche et ses magnifiques traits crispés pour l'éternité, comme si d'une fâcherie entre sœurs était née une scission définitive au sein d'une fratrie jusque là inébranlable.

- Blanche.

Peutêtre sa soeur allait elle sursauter dans sa fuite. Probablement allait elle se retourner, les mains couvrant sa bouche arrondie de surprise. Elle serait alors rassurée : Sa cadette dort profondément. Mais dans son inconscience, prise par un tourbillon de tapisseries et de parfum d'antan, l'odeur de l'huile pour le corps qu'utilisait la marquise de Maintenon lui était parvenue et avait étiré un sourire sur ses lèvres. On disait parfois que les bébés gardaient jusqu'à l'âge adulte le souvenir du gout des seins de leur nourrice. Pour la petite Princesse Malemort, c'était l'odeur si particulière de la peau de sa soeur qui s'était si intimement ancrée dans sa mémoire que même endormie, elle sentait sa présence.

- Blanche, c'est moi qui te demande pardon. J'ai été bien sotte, bien arrogante. J'ai commise toutes les erreurs contre lesquelles tu me mettais en garde. Si seulement je pouvais un jour te demander pardon.

Et comme celui d'une enfant, le corps de Mélissandre se ramassa sur lui même, inconfortablement blottie sur son fauteuil. Son petit minois en coeur couronné d'une longue chevelure châtaigne se crispa, dévoilant sur ses joues de petites fossettes que l'âge avait convenablement estompé. L'une de ses mains abandonna alors l'appui chaleureux de ses cuisses et se tendit vers Blanche en une supplique imperceptible avant de retomber mollement. Le créateur refusait ce soir que se renoue une lien depuis longtemps etiolé : Epuisée par la route, la dernière née Malemort dormait pour la première fois depuis des mois d'un sommeil sépultral.
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Blanche_de_malemort
Dans les contes de fées, la belle et innocente princesse, après avoir surmonté les obstacles sur sa route, rencontré en chemin un prince qui se doit d'être charmant et chanté quelques douces et enivrante mélopée, rentre chez elle pour couler des jours heureux (et enfanter moultes descendances) avec sa famille, ses animaux de compagnie et de nouvelles et enivrantes mélopée. Mais voilà, le problème avec les contes c'est qu'en l'absence de fées, la réalité de la vie ne peut que heurter la sensibilité des âmes les plus sensibles. Depuis bien longtemps, Blanche de Malemort avant cessé de croire que son existence pouvait prétendre aux joies et dénouements des princesses de contes de fées. Cette prise de conscience n'avait pas été facile, bien des larmes avaient coulée, toutes n'ayant pas le gout du sel mais la couleur du sang. Dans un conte de fées, Blanche se serait retournée pour saisir la main tendue Mélissandre aurait ouvert les yeux et passé un moment de stupeur muette et d'incrédulité, les deux sœurs se seraient tombées dans les bras l'une de l'autre. Elles auraient mêlées leurs bras, leurs larmes et leur joie aurait été commune. Jusqu'à l'aube, elles se seraient confiées l'une à l'autre, aurait dissipé les ombres du passé, abolies les distances et redoré l'amour qu'elles se portaient. Mais, encore une fois, cette histoire n'est pas celle d'un conte. On ne fait pas le récit des histoires belles et heureuses, ces histoires n'ont que peu d'intérêt.

Pourtant, décrire combien il lui fut difficile de ne pas se retourner en entendant le murmure, l'appel de sa sœur reviendrait à vouloir retranscrire l'écho de l'appel de vent quand il souffle en tempête par une nuit glaciale au cœur de l'hiver, cela serait comme tenter de retranscrire l'effluve délicate du parfum de la première rose à s'épanouir aux premiers jours du printemps. Au lieux de quoi, il convient d'associer cet élan de résistance à la brulure qui empli la poitrine quand on retient son souffle et il fallut, du reste, de longues secondes à Blanche pour s'apercevoir qu'elle avait cessé de respirer. La main sur la poignée de la porte, figée dans son mouvement, il lui fallut s'accrocher à sa résolution, aux quelques mots du leitmotiv qui avait guidé ses pas ces derniers mois. Le plan. Le plan ne souffrait pas d'arrangement, pas d'amendements. Elle devait s'y tenir, dans son intérêt et pas seulement. Mélissandre serait bien avancée, passée son réveil, de constater les conséquences de leurs retrouvailles... Cela elle ne pouvait y songer, le risque n'était pas mesurable et elle préférait différer la possibilité de ces retrouvailles plutot que de mettre dans la balance le possible trépas de qui que ce soit.

Le cœur aux bords des lèvres, mais les yeux secs, elle parvient à quitter la pièce et à regagner l'étage des Brassac. Ce n'est qu'à l'aube, sans avoir put trouver le sommeil, sans l'avoir cherché non plus, qu'elle admet son erreur. Ces lieux n'étaient pas appropriés à abriter la dernière étape du Plan. Trop de souvenirs, trop de vestiges et trop de risques. Elle aurait dut rejoindre Lussac, personne ne s'intéressait jamais à Lussac, petite seigneurie sans importance au sein des vastes possessions qui étaient siennes, ou même Ahun, au fond de la campagne et dont elle n'avait jamais visité les lieux après avoir commandité d'importants travaux d'aménagement quand le fief lui revint quelques années auparavant... Avait-on creusé l'étang pour les carpes finalement ? Quelle sotte idée que d'exiger un étang, mais Blanche était sotte, plus qu'aujourd'hui en tout cas... Trop tard, cependant, pour s'en excuser. Elle devrait aviser... Il lui fallait tenté de modifier la donne et pour cela, l'esquisse d'une possibilité commençait à germer dans son esprit... Et d'après la douleur lancinante dans son dos, il lui faudrait agir rapidement. En effet, malgré toute sa volonté de discrétion, elle avait bien conscience que mettre au monde un enfant était un exercice délicat qui entrainait du bruit. Elle était parvenue à rejoindre Limoges sans trop de mal, mais son corps avait atteint les limites de ce qu'il pouvait endurer, bien qu'il soit trop tôt, elle le sentait, avant la prochaine lune, le plus inavouable de ses secrets et la moins facile à dissimuler, des conséquences de sa disparition viendrait au monde... et devrait disparaitre.

Le plan ne pouvait être amendé.

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--Malemort_foulques
Au loin le regard se porte, au levant du soleil les pensées s’envolent en d’autre temps.

Une vérité qui ne fut jamais aussi concrète qu’à la seconde même où se dessinent les bordures de ce monument aux flagrances de fortunes d’une maison royale. Un voyage dans le temps, un retour aux sources pour le prince aux émeraudes flamboyantes. Les lippes doucement s’étirent aux souvenirs des instants joyaux, d’une enfance lointaine, d’une insouciance infantile. Depuis combien d’année le loup noir n’avait plus mis les pieds en ce lieu, depuis combien de siècles le Malemort n’avait ressenti cette étincelle électrique à la base de sa nuque. Un berceau au loin se balance, alors que le carrosse berce les pensées.

Le pas des chevaux sa garde résonne dans un tourbillon d’images, le cahotement de sa voiture chante la berceuse de son enfance. Il est dit que lorsqu’on connaît le trépas, se dévoilent à nous les souvenirs de nos vies dans un ensemble incessant … mais ceux-ci se dévoilent quand on renaît dans le temple de son enfance. Souvenir de son périple en Empire, de son emménagement au Maine, de son mariage, de la naissance de son fils, de la mort de ses sentiments, d’une dissolution annoncée, d’un abandon, de la prise de conscience, de la découverte d’un autre monde, de la renaissance d’un homme, de la rencontre d’une rousse, d’une naissance d’un homme aux aspirations d’un nom. Tellement de chose et pourtant la plupart ne datait que des derniers mois. Une naissance avant de revenir là, ici.

Le carrosse s’arrête, la porte s’ouvre, mais ce sont de longues secondes qui s’écoulent avant que la main fine ne se dévoile, que le corps au dessin frivole ne s’allonge dans l’aube d’une journée, que le visage à la détermination sans faille ne s’éclaire à la lueur du petit jour. Limoges, mais plus particulièrement l’hostel des Malemorts, temple à la grandeur d’une famille qui avait connu la liesse autant que le chaos, l’amour autant que la haine. Un affrontement de pensée et de temps, un affrontement de passion et de déchirement, et pourtant revoir ce lieu procurait au Prince un sentiment de chaleur et de douceur, un fin fil d’or que jamais les moires ne parviendront à couper. Oui un battement de cœur, une caresse venteuse effleurant sa joue, telle une invitation.

Me revoici … Maman. Un jour tu sera fière.

Maman, un terme pourtant bien étrange entre les lèvres de Foulques, pourtant comment ne pas caresser la besace dans lequel trône encore le livre de Nebisa, celui-là même qu’il lui avait volé dans son « atelier privé ». Souvenir d’une enfance et d’un lien entre mère et fils. Souvenir qui une fois de plus s’étiole quant au souvenir de cette famille déchiré. Gautier, Mélusine, Blanche, Elisa, … il n’avait plus de contact depuis bien longtemps, seul lui restait ce lien avec sa sœur Mélissandre. Il avait toujours ressenti ce vide et cette absence sans jamais l’avouer, car un Prince ne dévoile jamais ses plus intimes pensées. Mais plus encore c'est d'avoir compris que de sa vie il n'en avait rien fait. Comme feu la Reyne Nebisa pourrait être fier d'un fils qui n'a fait que de se battre contre son nom, de lutter avec acharnement pour qu'on le reconnaissent comme simplement Foulques. Perdre son temps dans le futile, il en avait honte. Mais la promesse n'était pas vaine ... il murissait enfin !

Quelques pas encore, et la main se pose sur la porte, le grincement des souvenirs retentis pendant que s’ouvre un monde ancien, un monde qu’il avait presque oublié dont les parfums embaument les sens. Un étrange parfum l’embaume un mélange de lilas et violette, au point d’arracher un véritable sourire sur ses lèvres. Les paupières se ferment comme pour en savourer chaque détail. Etrange. Mais …

Bienvenu votre altesse Royal, quel plaisir de vous avoir ici, votre sœur se repose encore dans sa chambre, dois-je la faire venir.

Une servante était venue l’accueillir, mais une main l’arrêta avant toute chose.

Non laissez-la se reposez, elle en a bien besoin.

Maintenant qu’elle était Grand Officiers Royales, le Malemort avait de moins en moins la chance de pouvoir croiser sa sœur, mais lui aussi avait commencer une autre vie. Ce lieu n’était qu’une étape, un point d’ancrage, un souvenir, avant de reprendre sa route dans le Sud pour y rejoindre une rousse envoutante.

Par contre amenez moi une bouteille de vin dans le salon ainsi que quelques morceaux de viandes séchées. La route a été longue.

Dans un de ses mouvements théâtrale, dans une légèreté fluide, le Malemort ôte sa cape l’offrant à la servante avant de prendre la direction du petit salon, y attendre le réveil de sa sœur. Comme bien souvent, une habitude pourrait-on penser, le loup noir se glisse au-devant de la fenêtre, les mains se joignant dans le dos, alors que les verdoyants se posent au dehors de ce lieu d’enfant. Si Seulement …
Melissandre_
Mélissandre avait peiner à rouvrir les yeux. Ses paupières paraissaient collées l'une à l'autre, un peu comme si elle avait plongé le visage dans de la cire, statufiant pour l’éternité l'expression bienheureuse qu'elle arborait au cœur de ses rêveries. Ses mains se refermèrent sur les accoudoirs et elle fit basculer son petit minois de droite à gauche pour tâcher de détendre ses articulations. Finalement à peu près réveillée, elle bascula en avant pour se lever, la robe chiffonnée et les boucles en bataille. Ce faisant, une effluve balaya son petit nez droit, la figeant dans son geste.

Cette odeur légèrement poivrée, semblable à des épices dont on poudrerait un cou parfumé de lait... La bouche de la princesse s'entrouvrit dans l'espoir de retenir une fraction de seconde l'évanescent souvenir, sans succès. A peine l'avait elle capté qu'il n'était déjà plus qu'un souvenir se diluant dans l'air de la pièce. Elle ne sursauta pas même en découvrant Foulques non loin, plongé dans ses pensées. Sans venir de lui, l'odeur était intrinsèquement lié aux siens, à ces petits princes du sang qui jouaient ensemble dans les jardins du Louvre jusqu'à ce jour tragique ou privés de leurs mères, ils étaient devenus d'encombrants fils de France qui laissèrent leur place à d'autres.

- Foulques. Je me sens si lasse.

Trébuchant jusqu'à lui, elle prit maladroitement appuie sur le dossier d'une chaise, l'air hagard. Le sillage poivré l'entêtait, se mélant aux souvenirs confus de ses rêves dans lesquels sa soeur se penchait sur elle et frolait sa joue de ses longues mèches soyeuses aux reflets bleutés. L'étourdissement redoubla tant et si bien qu'elle manqua de chuter et se rejeta vivement en arrière. Parfois, l'impensable se produisait. Parfois, l'âme comprenait ce que le corps refusait d'accepter : Quelque chose dans l'atmosphère du MAB avait été profondément boulversé ces derniers temps. Les murs avaient des oreilles, les planchers étaient hantés de craquements inexplicables. Pâle comme la mort, elle poussa de la hanche la porte que Blanche venait d'emprunter et sa voix s'éleva : Petite, brisée, elle n'appela pas sa soeur mais le souvenir qui y était si étroitement noué.

- Maman ?
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Blanche_de_malemort
La lune était pleine cette nuit là, ronde et si lumineuse que l'on y voyait mieux qu'en plein jour . Les voilages légers qui donnaient accès à la vaste terrasse dont disposait la chambre étaient demeurés ouvert. Il faisait si chaud durant la journée que la fraicheur de la nuit était comme une délicieuse récompense ces temps-ci. Les trois marches qui conduisait au lit imposant étaient jonchées de coussins éventrés, l'or des broderies n'avaient pas suscité le moindre respect de la part du couple qui reposait à présent, sans forces, bras et jambes mêlées dans une étreinte relâchée. Les corps repus, les esprits sinon apaisés, du moins rendus amorphes par cette hébétude caractéristique de la satiété que l'on éprouve après l'effort et le plaisir. La peau d’albâtre de la femme tranchait avec celle brune de l'homme, un contraste qui rendrait la peinture de la scène délicatement artistique, encore qu'une telle peinture serait pour le moins osée, licencieuse et tout à fait désapprouvée par l’Église qui n'avait guère d’attrait pour les scènes de nus. Si encore la femme, drapée dans une sobre étoffe affectait le remord et que l'homme, avec sévérité s’apprêtait à sévir, on pourrait faire passer la chose pour le repentir d'une dévoyée mais il n'en était rien. L'un comme l'autre comblé, l'un part l'autre comblé, l'homme comme la femme reposaient. Cependant, il fallait bien que cette union prenne fin. Dans un geste souple et déterminé, l'homme se lève et attrape une tunique dont il se drape avant de se tourner vers sa compagne. Son regard balaie lentement un corps qu'il connait déjà mieux que le sien, du galbe de ses jambes à la rondeur de ses hanche, de la plénitude sa poitrine à ces lèvres pleines et charnues, pour l'heure gonflées de leurs baisers. Elle garde les yeux clos, pourtant elle sent son regard sur elle, comme une caresse. Non, comme une conquête. Et alors que l'écho de leur dispute raisonne encore dans la pièce, alors que les vestiges de la passion se dissipent peu à peu, la distance revient, la réalité s'empare d'eux à nouveau. La force avec laquelle elle venait de l'affronter, cette audace, cette inconséquence même... jamais aucune autre femme n'en avait été capable, jamais personne n'avait osé... Et jamais personne ne devrait jamais oser. Elle devait le comprendre, l'admettre et s'y tenir. Sans quoi... malgré ce qui les liait, elle n'aurait plus sa place ici.


Tu n'es pas mon égale et tu ne le seras jamais. Tu es une femme. Tu es une esclave. Mon esclave. Tu m'appartiens. Aujourd'hui et jusqu'au dernier de tes jours il en sera ainsi. Oublies le reste et ton existence sera douce comme le miel. Mais tu sais ce qu'il adviendra si tu t'avises de continuer à me défier. Ce qu'il s'est passé tout à l'heure... n'espères plus bénéficier de ma clémence.


Sa clémence... Il était sorti sur ces mots, sans se retourner, sans rien ajouter, comme à son habitude lorsqu'il sentait perdre le contrôle sur les événements. Elle était demeuré là, nue, dans ce lit, entre les draps déchirés et les coussins éventrés, entourée des débris des plats qu'elle avait, elle même, jeté contre les murs tandis qu'elle hurlait et qu'il ne mettait pas moins de véhémence dans ses propos... Elle ne serait jamais égale, elle le comprenait, à présent, car il était vain d'espérer qu'il puisse jamais la voir autrement que comme la servante qu'il désirait dans son lit.

Dans un sursaut brutal son esprit réintègre son corps, le passé retourne au passé et elle s'échappe du sommeil qui avait fini par la saisir . Le souvenir de cette nuit qui avait changé son existence à jamais lui revient comme une gifle. Elle s'était tellement efforcée de ne penser à rien d'autre qu'à son retour et aux épreuves qui l'attendaient qu'elle avait refusait de s'attarder sur ce qu'elle avait eut à surmonter. Ces souvenirs, ces pertes, ces trahisons, elle se voyait contrainte de les revivre les rares fois ou elle s'endormait et que son esprit s'apaisait réellement. Malgré tout, elle n'était pas prête à se confronter à cela, même en rêve, il lui semblait que la douleur était physique, comme si son cœur se diluait véritablement et qu'on plongeait un couteau dans ses reins... Encore que... oui, pour le coup, cette douleur là n'était pas la résonance de ses souvenirs, non, c'était bien des coups portés dans son corps et son estomac endolori lui rappelait qu'elle n'avait pas pris de repas la veille au soir. Par chance, la servante ne tarderait pas. Affectée à son service, choisie pour sa discrétion, traduction la pauvrette était si sotte qu'elle ne songerait jamais à s'étonner de devoir monter des plateaux de victuailles dans un étage vide de la résidence, elle arriverait d'un instant à l'autre avec de la brioche encore chaude, des confitures et un pot de miel...

Cette pensée lui donna quelque chose à quoi se raccrocher et la force de se lever. Elle avait décidé de remédier à son erreur et de trouver un asile plus sur avant qu'il ne soit trop tard. Pour cela, elle devait faire passer un message au seul appui qu'elle avait dans les environs. Si tout s'était bien déroulé, les quelques affaires qu'elle avait réussi à faire venir en France étaient arrivées et les marchandises devaient attendre le signal convenu, dans une grange située non loin de Chabrières. La seule personne en qui elle pouvait avoir confiance dans cette affaire s'y trouverait et viendrait la rejoindre... si elle recevait son message. Quelques lignes, de sa main, qui ne dirait rien si jamais une tierce personne s'en emparait. Il suffirait à la servante de s’acquitter de sa tache et... la nausée s'imposa à elle, plus brutale que les jours précédents. Blanche avait toujours entendu dire que ces tracas ne duraient pas, les premiers mois passés, ils étaient sensés disparaitre mais pas pour elle. Et tandis qu'elle courrait pour atteindre le broc et régurgiter sa bile matinale, elle se demanda, encore une fois, si le poison que son corps recélait encore avait atteint l'enfant qu'elle portait. Ce dernier vivait, elle le sentait bouger, elle l'avait senti grandir, jour après jour malgré son incrédulité et sa terreur. Il s'était accroché, malgré les circonstances, démontrant déjà la part d’entêtement du Malemort qu'il était... mais rien ne garantissait que la chose dont elle accoucherait...

Non, elle ne devait pas penser à cela. Elle ne devait pas s'aventurer sur cette voie. Peu important, du reste. Tout était déjà décidé.

L'esprit encore hagard et l'estomac retourné, Blanche rejoint la fenêtre obstruée donnant sur la cour d'entrée de l'Hostel pour respirer un peu d'air frais et chasser définitivement les vestiges de ses songes ainsi que l'acidité de sa nausée. C'est avec stupéfaction qu'elle voit son cadet traverser les augustes pavés du MAB... Foulques... non mais dans une heure ce serait au tour de Mélusine et d'Elisa d'arriver ? Et pourquoi pas Grégoire aussi ? Et tous allaient venir déjeuner dans le salon Brassac pourquoi pas ? Elle qui misait sur des murs vides et oubliés pour faire ses couches ! Malgré son saisissement et sans songer d'avantage aux conséquences inopportune de cette arrivée, Blanche se penche légèrement d'avantage pour mieux voir les traits du visage de son cadet... C'était bien lui, toujours lui mais depuis quand le jeune éphèbe était-il devenu un homme ? Il fallait en convenir, même si les femmes Malemort laissaient surtout le souvenir de femmes dont la beauté se révélait légendaire, le pendant masculin de la lignée n'avait pas à rougir et faisait honneur aux héritiers d'une lignée que l'on pourrait nommer "les enfants de Vénus" pour peu que l'on tombe dans le lyrisme le plus exalté. Son petit frère avait, probablement, passé des heures à s'entrainer aux armes et sur la lice pour développer une carrure aussi développée. Tant d'années s'étaient écoulés depuis qu'il s'en était allé rejoindre le Domaine Royal, pour s'y faire un prénom, là ou le commun de l'humanité cherché à ce que l'Histoire retienne un nom... Elle aurait du mal, désormais, à le toiser sévèrement pour lui faire avouer ses bêtises... car il devait certainement en faire, des bêtises, avec une pareille allure... combien de cœurs brisés, combien de jupons troussés avec tant de facilité, pour un Prince par la naissance et par le sang si généreusement doté ? Mais... aurait-elle seulement, un jour, l'occasion de le savoir ? Après la promesse de retrouvailles différée prêté face à une Mélissandre endormie, la vision diurne du seul frère avec qui elle partagé la totalité d'une même lignée, bien que cela n'ait jamais importé pour aucun des enfants Malemort, il semblait à la Princesse égarée qu'elle ne pourrait jamais que contempler, de loin, ceux qu'elle avait tant aimé et si longtemps pensé perdus à jamais...

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--Malemort_foulques
Etrange fantôme du passé qui écrase le cœur, souvenir de l’enfance qui lacère le cœur. Comme il est doux de se souvenir, se blottir dans les bras invisibles des tendresses infantiles, des douceurs joviales, des cris de rages et de colères résonnant à travers les murs de ce lieu. Depuis combien de temps n’avait-il plus mis les pieds dans ce lieu juvénile, depuis combien d’année n’avait-il plus connu cette brisure douceâtre des souvenirs de l’enfance. Les lippes s’étirent en un doux sourires au regard du monde qui s’étende au dehors de cette fenêtre. Souvenirs qui nous hantent, qui nous lacèrent, qui nous murmurent des souffrances oubliées. Les paupières se ferment pour ressentir chaque particule de ce passé hantant les murs. Que devenait cette famille aux noms éternelles.

Les mains se délient alors que les paupières s’ouvrent aux lueurs du jour, le soupir s’envole en connivence des souvenirs, comme si tout n’était qu’un fantasme illusoire. Comme il est étrange de revenir dans le passé pour se souvenir de son présent. Périple passager d’un voyage définitif, abandonner le Maine pour prendre route vers le Sud, un frisson parcourant son échine au souvenir de ce qui avait amener le prince à être l’homme née en ce jour. Dally et cette union rebelle, était-ce vraiment de l’amour, ou simplement une illusion de de désir toujours de provoquer le nom bleu qu’il portait. Puis Constance et cette union placide, trop douce et gentille pour véritablement amener une union éternelle. Etait-ce encore de l’amour, ou simplement le désir de se ranger pour respecter le vœu de sa famille. Toujours chercher l’approbation ou la provocation, mais jamais il n’avait été lui-même.

Être soi-même est si compliquer, si difficile et pourtant dans l’abîme il plongeait pour se découvrir autant que pour apprendre la personne qu’il était. Abandonner le pauvre pantin se jouant les amoureux transis, il était une partie sombre de l’abîme autant que la rigueur de la droiture du nom qu’il portait. Comment ne pas sourire aux dernières de ses rencontre qui avait amener le Prince à prendre une toute nouvelle direction, à découvrir le prince qu’il se devait être, du sang de sa mère coulant dans ses veines. Pensée symbolique du fils ne désirant que le regard de sa mère au-delà même de la mort, pour y voir bruler un peu de cette fierté, tout comme le désir de voir ce même regard dans le regard de ses sœurs. Mais jusqu’à ce jour, il n’était qu’un reliquat, qu’un parasite, qu’un être oublié. Soupire aspirée dans les travées d’un murmure alors qu’il abandonne sa contemplation pour observer sa petite sœur tituber avant de risquer de trébucher avant de reprendre le contrôle de son corps.

Un tendre sourire, alors qu’il s’approche d’elle. Fin soupir quand il l’enserre de ses bras, tendrement, la serrant tout contre lui comme protecteur. Comme ce grand frère qu’il n’avait jamais été, comme ce protecteur qu’il n’avait jamais été … Si sa mère ou sa sœur devait le voir en ce jour, connaître son histoire, connaître les derniers faits de sa vie, il n’y verrait sans nulle doute qu’une nouvelle déception, comme ce jour où il abandonna cette terre en même temps que Mélissandre. Las.

Ne le soit pas s’il te plait. Si tu devais le devenir sur qui pourrais-je encore m’appuyer pour avancer, pour devenir … pour te ressembler.

La main se glisse sous le menton, l’index droit sous le menton avant de lui relever doucement le visage posant un baisé sur le front de la lune.

Regarde comme tu as affronté mont et vent pour devenir qui tu es. Alors que moi je ne suis rien de plus que le mauvais mari, le mauvais père, le mauvais prévôt, celui qui est incapable de s’expliquer clairement, … alors que je ne désire que tourner une page qui n’amène que l’ennuie et l’indifférence. Imagine si notre mère était encore vivante. Mais pourtant je te comprends tellement mieux.

Si seulement leurs mères étaient encore là. Même quand on atteint l’âge adulte, il y a des instants où l’on souhaiterait se blottir dans les bras maternelle, chaleureux et délicats, se laisser envahir de ce parfum. Si seulement leurs sœurs étaient encore là pour retrouver l’espace d’une nuit les délices de leurs enfances, les folies de leurs bêtises. Comme il aimerait pouvoir revenir en arrière et retrouver cette famille unie devant les intempéries.
Baudoin_marfaux
patibulaire.

C'est comme ça qu'on pourrait décrire Baudoin Marfaux, à n'en pas douter. Vêtu comme à son habitude de sa brigandine de cuir, le casque attaché à sa ceinture, il tenait dans ses bras un colis finement noué qui dénotait gravement avec le reste de sa personne.

Il frappa à la porte, et de sa voix rocailleuse annonça :

    J'ai un colis pour Son Altesse Royale Mélissandre de Malemort.


Il avait été payé, et bien, alors il donnait du titre. Sinon, c'était pas la même...


Dans le colis, savamment plié :

Spoiler:

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Blanche_de_malemort
Tandis que l'on demandait une Princesse à la porte, une autre se glissait hors des murs du MAB après avoir suffisamment récupéré pour envisager la suite de ses pérégrinations en un refuge plus sur et mieux ... insonorisé. La nuit qui venait de passé avait été si agitée qu'il lui avait semblé se trouver encore sur le bateau qui, des semaines durant, devait la reconduire en France. Cependant, cette fois, aucune houle n'était à l'origine de son agitation. Non, non, elle ne pouvait, tout simplement pas trouver le sommeil tant son dos, son ventre, jusqu'à la pointe de ses orteils, lui semblait-il, lui causé de souffrance. Si elle ne parvenait pas à expulser l'intrus niché dans ses entrailles elle allait, soit exploser, soit mourir du manque de sommeil. Comment tant de femmes pouvaient-elles endurer cet état de gestation avec grâce et miséricorde ? Comment avait-elle put croire qu'il s'agissait là d'une "bénédiction divine" ? Bien sur, elle avait toujours pensé qu'elle enfanterait le fruit légitime d'une brillante union, d'une union patrimoniale peut être, amoureuse avec un peu de chance, mais légitime... Si un mage lui avait laissé entrevoir la réalité de ce qui l'attendait, elle n'aurait jamais cru la chose possible et pourtant... malgré le poids des regrets qu'elle devrait porter le reste de sa vie, elle ne changerait pas ce "détail encombrant". Il fallait simplement qu'elle aille au terme de cette grossesse avant de faire son retour officiel. Son plan consistait à se terrer à Limoges, entre les murs de l'Hostel familial, mais c'était une erreur, elle l'admettait à présent.

Elle avait donc amendé son projet et s’apprêtait, ce matin, à quitter les lieux, dans l'ignorance générale. Ayant retrouvé sa lourde cape, laquelle dissimulait ses traits et son ample silhouette, elle avait rejoint l'entrée dérobée de l'arrière cour tandis que les livraisons matinales occupées le personnel et que les membres de sa famille dormaient certainement encore à l'étage Malemort. Sa démarche n'avait rien de légère et son souffle se faisait haletant tandis qu'elle devait se contraindre à ne pas laisser échapper de plainte à chaque élancement dans son ventre tendu comme prêt à rompre. Mais d'ici quelques heures, elle aurait rejoint sa nouvelle destination... son choix s'était porté sur Lussac par commodité, située à quelques heures de la capitale, la petite seigneurie faisait figur de peau de chagrin au sein des possessions territoriale qui étaient sienne... ni prestigieuse, ni démentiellement rentable, Lussac était une petite propriété de campagne tenant plus de la fermette, aux yeux des nantis, que d'un havre de luxe mais c'était tout ce dont elle avait besoin pour faire ses couches, se remettre et revenir tel un phénix Malemortien, intacte et inviolée reprendre sa place sur la scène et jouer le rôle qui était le sien, masque et costume compris. Cette partition là, elle la connaissait à la perfection, ce n'était rien en comparaison de ce qui l'attendait les jours à venir... L'inconnu avait le pouvoir de la terrifier. Il fallait donc qu'elle s'assure de limiter les risques, encore et toujours.

Une fois rejoint la ruelle extérieure aux murs de la propriété, et non sans un dernier regard en forme de promesse de bientôt revenir, la princesse anonyme reprend son chemin avec pour projet de quitter la cité capitale, trop animée pour que le risque de se voir reconnue ne soit présent, pour prendre une route secondaire et, avec un peu de chance, croiser une charrette qui accepterait de la prendre à son bord pour lui épargner une marche laborieuse. Bien que déterminée, elle avait conscience que sa volonté seule ne suffirait pas si la nature lui imposait de mettre bas dans un fossé et c'était là une conclusion à laquelle elle n'était pas certaine de pouvoir faire face après les vicissitudes qu'elle avait déjà surmontées. Après tout, chaque esprit a son point de rupture, était-ce trop demandé qu'un lit pour affronter la pire épreuve de son existence ? Celle qui la conduirait à donner la vie pour, en suite, l'effacer à jamais de la surface de la terre ?

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Emelyne.alois
La neige...

Emelyne aventura une main en-dehors de la voiture, pour recueillir dans sa paume un flocon. Ses yeux ne l'avaient pas trompée, et voilà que l'un des premiers flocons avait eu sa course interrompue par une simple curiosité. L'adolescente l'observa un moment. A quoi pouvaient penser les flocons ? Souhaitaient-ils exister le plus longtemps possible ? Ou bien se réchauffer au creux d'une main leur était préférable, quitte à en mourir, à perdre sa forme unique, et à disparaître en une poussière d'eau ?

La voiture brinquebala, ralentit, alors que l'invasion de flocons bleutés battait son plein sur la ville. Limoges. Voilà donc Limoges. Une chance sur combien pour que le jour de son retour ici soit un jour de neige ? Surtout dans le Limousin.
Ce n'était pas pour elle qu'elle était venue, c'était pour accompagner sa meilleure amie qui voulait revoir quelqu'un qui lui était cher, la faisant abandonnant ainsi pour un temps sa famille en Auvergne, entourant Maman sur le point d'enfanter sa petite soeur. Ce n'était pas pour elle qu'elle était venue... Et pourtant. C'était la ville où elle était née, la ville où reposait feue Grand-Mère dont elle portait les prénoms, la ville où les siens demeuraient encore pour la plupart, du moins pour autant qu'elle le savait. Cette ville, elle voulait la revoir.
Elle regrettait parfois ce manque de communication entre ses Oncles et Tantes et Maman, si bien que certains semblaient disparaître comme un bourgeon sous la neige. Elle en était aussi fautive après tout... Mais comment apparaître aux autres, lorsqu'à quinze ans, et portant le nom Malemort, vous n'aviez rien accompli encore ?

Andreaaa, son Soleil, Keena sa fille de quatre ans -celle qu'elles avaient recueillies il y a plusieurs mois de cela dans le Languedoc- qui somnolait dans ses bras, et elle-même faisaient route sous les flocons en liesse, dans ce monde qui en devenait groggy, assourdi, au ralenti. Elles se rendaient à l'appartement de Papa d'Oulvenne, comme il l'avait si gentiment proposé. Emelyne aurait pu revenir à l'Hostel familial, mais elle se disait qu'Andreaaa et Keena n'y seraient pas à l'aise, et préféra opter pour la simplicité. Elle-même, sans doute ne le serait pas, à l'aise. Pas sans Maman. Combien de temps cela faisait-il qu'elle n'était pas revenue ici ? Trois... Quatre ans ? Oserait-elle même aller saluer les siens à l'Hostel par un excès de témérité ?
Alors que les contours du Castel comtal était flouté par les nuages bas qui se décomposaient en copeaux de glace, elle devina, à ses côtés, l'imposant domaine qui appartenait à sa famille. Elle ne se souvenait plus des chemins, mais des bribes d'images lui revenaient en tête. Oui, c'était bien là. Les silhouettes sombres et emmitouflées contrastaient avec la poussière de ciel blanc qui retombaient sur eux, longeant la muraille qui leur appartenait. Sans savoir pourquoi, à travers le rideau de flocons, La jeune Malemort ne put détacher son regard de l'une d'elles.

Elle pensait ressentir un semblant de familiarité en venant ici, elle qui n'a d'attache pour aucun lieu pour avoir tant et tant déménagé. Il n'en était rien, la ville lui apparaissait étrangère. Mais la silhouette qu'elle ne pouvait quitter de ses yeux bruns lui donnait une étincelle de familiarité. Plus elle l'observait, plus une douce chaleur remontait en elle, mêlée à une angoisse devant cette impossibilité.

___ - ... Maman ?...

Non, ce n'était pas possible, Maman était en Auvergne, elle n'a pu être plus rapide qu'elles, elle ne pouvait être là, seule, sous la neige. Elle ne pouvait se l'expliquer, mais la démarche lui rappelait quelque chose, quelqu'un, et plus elle tentait de détailler cette ombre, plus un sentiment d'aise, qui dissonait avec sa raison, grandissait en sa poitrine. Et la curiosité, une fois encore, l'emporta chez l'adolescente.

___ - Arrêtez-vous, fit-elle après avoir toqué sur le dossier du cocher.
Andreaaa, je te confie Keena. Je vous rattrape vite, partez devant. Je t'expliquerai.

La petite brune lui offrit un sourire se voulant rassurant, et sauta au bas du marche-pied, avant de leur faire signe de la main tandis qu'ils repartaient sur les pavés mouillées. L'adolescente n'eut aucun mal à retrouver du regard la silhouette lourdement capée. Cette démarche... Non, c'était certain, cette démarche était la même. La même que Maman qui feint ne pas avoir mal, de le cacher, de se couvrir d'une aura autour d'elle qui repousserait toute tentative pour l'aider à marcher. Comme une dignité malgré la douleur apparente. Elle ne savait pas de qui il s'agissait, mais Emelyne en était persuadée à présent : cette personne qu'elle ne reconnaissait pas, elle la connaissait. Elle ajusta sa capeline en laine, et d'un pas rapide, elle fit la diagonale pour faire joindre leurs deux routes parallèles, avant de se planter devant la silhouette.

Et un frisson effroyable la parcourut.
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--Malemort_foulques
    Un loup ce n’est pas que ces crocs, ce n’est pas que les griffes, le force du loup est son clan.


De ces moments dans la vie où se dessine devant nous des carrefours de possibilités, ceux dont la destinée se dessine dans un tourbillon aux différences absolues, nous plongeons dans les méandres de l’âme. Chemin lumineux de la sagesse, du confort et du savoir vivre, celui qui se languit de la beauté du monde autant qu’instant qui s’écoule dans une orfèvre végétale. De l’autre celui sombre de l’inconnu, du doute, des craintes et des blessures, celui qui nous fait affronter les viles créatures dont l’enfance nous faisait frémir au craquèlement du plancher, ou du vent soufflant dans les entrailles d’une demeure silencieuse. Les questions bousculent les certitudes, les convictions se créent dans l’assurance d’un choix, mais chaque pas se muent en un supplice d’indécisions, croisement de la vie au Malemort alors que la nuit ne lui aura porter aucun conseil. Derrière lui, son mariage, son enfant, sa dissolution, son désir d’implications, ce qui lui avait même fait naître une vocation. De l’autre l’incertitude du Sud, d’une rousse, d’une destinée. Derrière le maelström prend vie un homme abandonnant la carapace de l’adolescence insouciante pour se muer en ce qu’elle lui avait murmurer, devenir ce qu’il dissimulait depuis si longtemps. Non, cette nuit ne fut pas celle des délices, où même celle de l’abandon à Morphée, mais d’avantage celui de l’alcool aspiré dans le sang du Prince, de même que celui des émeraudes perdant lien du monde ensorcelé par la danse flamboyante de l’âtre, des mots échangés quelques heures plutôt avec Mélissandre, comme il voudrait pouvoir simplement oublier, se laissé porter une fois encore dans les chimères des rêves chimique. Les doigts s’enroulent sur la fiole suspendue à sa chaîne, caresse frivole de la pulpe abandonnée pour ne pas sombrer une fois encore dans le tourment.

Le jour se lève, les yeux marqués de la rougeur d’épuisement, les poches gonflées avouant le manque grandissant de sommeil qui étreignait le corps de l’homme malgré la liesse d’avoir enfin pu tourner cette dernière page. Une ombre lui manquait, la chaleur des bras d’une mère soufflant les mots rassurant, les mots qui nous aide à nous relever. Souvenir des sœurs si loin à présent que les mots s’échangeaient à peine. Souvenir de cette rancœur née de leurs affrontements permanant des murmures au bruit de couloir, vérité ou mensonge. Le feu de l’âtre n’attire déjà plus son regard, ce n’est maintenant que le fourmillement de l’arrière-cour qui attise l’entière curiosité du loup. Les charnues épouse un fin sourire sur la commissure des lèvres alors que les verdoyants ivre observent la matinale cérémonie des livraisons.

Est-ce cette démarche lourde d’un corps emmitouflées dans l’ombre d’une cape ? Est-ce l’isolement et le silence qui émanait de cette ombre à la première lueur du jour ? Est-ce tout simplement cette impression écrasant son cœur à observer celle-ci qui attise autant son regard. L’ivresse est merveille pour découvrir le monde dans une autre réalité, d’un regard neuf et dénué de tout scrupule, mais il est aussi danger des illusions et des fantasmes s’imprégnant dans la rétine dans la certitude de n’y voir qu’un désir, une pulsion. Le loup noir sent son poil s’hérissé à la base de la nuque, son corps répondant presque à l’appel de se soustraire de son fantasme pour accourir dans la cours arrière pour en déceler la vérité. Mais la lourdeur, le tournoiement de l’ivresse ramène le rêve à sa réalité, les paupières se ferment quelque seconde comme en quête d’une certitude, d’un signe qui lui amènerait vérité. Mais lorsque les émeraudes se libèrent de la noirceur, l’ombre n’est plus qu’un souvenir passé. Une illusion.

Ce soir il ne serait plus là, reprenant la route à l’aube pour sa nouvelle vie, en Armagnac. Dans quelques heures il reprendra la route, sans savoir que cette ombre n’était pas née de son imagination. Alors sans quête, il retourne s’allonger pour y trouver un peu de paix.
Edouard_de_noireterr
Il l’avait dit, il le faisait.

La Mort l’avait changé, comment ne pas changer en mourant me direz-vous ? Je ne sais pas, arrêtez donc de m’interrompre dans ma narration.

Dans l’après midi, il avait pris un bain, non sans frissonner en voyant la bassine ainsi remplie d’eau moussue. Il ne pouvait se sortir de la tête cette mixture de sang et d’eau dans lequel il avait baigné trois jours.
Derrière la porte, il savait que Baudouin veillait. L’occitan avait pris Edouard en amitié et avait refusé de le laisser seul.

Désormais, c’était pour lui une question d’honneur, il voulait s’assurer que Edouard allait bien, tout le temps.

Après le bain, Edouard s’était préparé, non sans difficulté. Il avait passé plusieurs chemises et deux pantalons pour masquer sa maigreur. Avec concentration, il avait taillé sa barbe, lorgnant la lame de rasoir qui brillait sous le soleil.

Après s’être parfumé, et coiffé il avait ceint sa cape de fourrure et avait prit la direction de l’hôtel Malemort. Au fond de lui, il savait pertinemment que la princesse ne daignerait pas se présenter. Elle était mortellement snob, même pire que lui sur ce sujet, et aussi fière.

Ce combat de coq, il l’avait perdu d’avance.

Pourtant, ce n’est pas parce qu’un combat est déjà perdu, qu’il ne faut pas le livrer.

Leurs retrouvailles s’étaient passées exactement comme on pouvait s’y attendre. Deux enfants puérils et autodestructeurs… Deux bêtes blessées cherchant à montrer qu’ils vivent en blessant l’autre du plus fort de leur âme. Pour ce premier round, l’avantage était au bâtard.
Mais il se jetait lui-même dans une défaite certaine pouvant amener la princesse a égaliser.

Autodestructeur. Je vous l’avais dit.

Pourtant, c’était réfléchi. Au fond de lui, il savait que c’était la dernière tentative qu’il ferait. Il savait qu’elle allait refuser, ne pas descendre. Et… D’un côté cela le rassurait. Ainsi, il pourrait continuer à fantasmer, continuer à penser qu’un futur est possible avec Elle. Et non pas la cruelle réalité.
Celle qui fait qu’une nuit de juillet, alors qu’il tenait son destin entre ses mains et la princesse entre ses cuisses, il a tout ruiner en fuyant. Encore.
Une chose le terrifiait plus encore que le mépris de Mélissandre, c’était sa propre réaction si elle cédait. Il sentait que cela ne lui suffirait pas. Il savait qu’ils ne vivraient pas heureux et auront beaucoup d’enfants.

Mélissandre et lui n’était pas fait pour vivre heureux.

Mais il était à un virage de sa vie. Cette fois, il pensait réellement qu’il allait changer. Que la Princesse ne descendrait pas, et qu’il pourrait quitter Limoges. Il pourrait abandonner définitivement Mélissandre de Malemort, abandonner définitivement le Pelamourgue, devenir Noire Terre, le simple seigneur de La Roche Pichemer, cadet de l’Ordre Equestre et Royal du Saint Sépulcre.
Juste Edouard. Pas un de ces gens qui ont tout, et qui n’en veulent plus.

Dans sa main, tenue crispée, il y avait un petit panier dans lequel un simple macaron au citron trônait sur un petit coussin de soie, en provenance de Paris.

Une fois devant la porte, il frappa et attendit. Il attendrait toute la nuit s’il le fallait.
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Edouard_de_noireterr
Une nuit à attendre.

Il ne se faisait aucune illusion, la princesse était partie sur les routes, mais il avait pensé qu’elle passerait la tête, qu’ils pourraient discuter tous les deux…

Au matin, avec un sourire il avait posé le petit panier enfermant le macaron au citron sur les marches devant la porte, et il était parti.

Direction Rochechouart.
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Amarante.
La voilà de retour à Limoges. Son voyage jusqu'en Armagnac, hormis le fait d'y avoir vu son frère et son cousin, ne lui avait pas forcément apporté ce qu'elle avait recherché ...
Elle avait passé la nuit dans son appartement. Ayant préféré cet endroit plus intime pour y passer sa première nuit ... Mais il fallait bien aussi retourner dans cet hôtel particulier, qu'était le MAB. Mélissandre l'ayant carrément installé dans une aile tout entière, elle ne pouvait donc pas, ne pas y aller de temps en temps ...

Elle avait du mal à ce faire au froid du début d'année. Au froid et à l'humidité ... Elle devrait pourtant être habituée puisque les pierres Bretonne du bord de mer avaient du mal à se réchauffer, mais là, elle avait froid ... Elle marchait donc, emmitouflé dans son mantel de fourrure, col remonté jusqu'aux oreilles, que ses mains gantées, maintenaient bien fermer, pour éviter que le vent ne s'engouffre ...
Quand elle vit la silhouette de l'hôtel, elle pressa le pas, pour vite se mettre au chaud ...

Quand elle arriva devant la porte, son regard fut attiré par un petit panier poser sur le sol. À l'intérieur, un coussin et un ... Macaron ? Elle se saisit du panier et l'observa, soulevant le coussinet pour voir s'il n'y avait pas de mot ... Rien ...
Elle regarda alors autour d'elle, s'il n'y avait personne, allant même voir, dans la rue la plus proche, si personne ne s'y cachait ... Mais définitivement personne, du moins personne d'étrange, si ce n'était elle à ce moment précis ...

Elle revint donc devant la porte, qu'elle ouvrit et entra à l'intérieur de la bâtisse avec sa petite découverte, bien appétissante ...

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Blanche_de_malemort
A peine avait-elle franchit le passage dissimulé dans la muraille pour rejoindre la rue voisine que Blanche avait pris conscience d'un fait essentiel, pourtant occulté jusqu'alors. Cette faille dans son plan ne se pouvait résoudre et rien de ce qu'elle était susceptible d'imaginer grâce à son esprit des plus inventif en la matière ne pourrait contourner le fait que la nature reprenait toujours ses droits lorsqu'il s'agissait de venir à la vie ou d'y mettre un terme. Trois pas chancelants et la sensation incroyable de perdre tout contrôle sur son organisme... apparemment, d'après ses quelques connaissances, elle venait de perdre les eaux . Cela signifiait que le compte à rebours était lancé... pour une première fois, les choses pouvaient durer plusieurs heures, des jours mêmes dans le pire des cas. Elle ne pourrait, bientôt, plus tenir sur ses jambes et devrait même se mettre à crier, encore que sur ce point il lui sembla qu'une bonne dose de contrôle devrait lui permettre de conserver quelque dignité.

Cédant le pas à une angoisse croissante qui ne devrait pas tarder à virer la panique pure, Blanche, suffocante, cherchait des yeux une échappée, une issue improbable, une solution miraculeuse, tout en sachant qu'aucun ange envoyé vers le ciel ne viendrait la sauver, que personne ne lui tendrait la main pour la soutenir et la conduire hors de tout danger... elle avait cessé de croire en ces illusions infantiles et pourtant... pourtant...

A l'instant ou son visage se retrouva face à une déclinaison familière de traits harmonieux, d'un teint éclatant de pureté à la sombre chevelure, une paire d'yeux brillants d'intelligence... le sang se reconnait toujours et s'il eut existé un signal de reconnaissance interne, à n'en pas douter, elle eut entendu raisonner les trompettes dans son esprit... Ce visage ressemblait à une version plus jeune d'Elisa, du moins tel que Blanche pourrait l'imaginer d'après quelques croquis de famille conservés à Ségur.

Si elle songeait à conserver sa présence secrète pour le coup, elle pouvait ne plus y songer, cependant, l'urgence de la situation ne lui permettait pas de transiger ou de feindre ou de s'enfuir. Il lui fallait plonger dans l'inconnu et s'en remettre, pour un moment, au principe de loyauté familial et à la miséricorde divine. Le Très Haut l'avait suffisamment éprouvée ces dernières années pour qu'elle ne puisse, légitiment, attendre de Lui quelques heures de répit, non ?



Je... Je ne pense pas me tromper en te reconnaissant comme ma nièce... Je suis Blanche, ta tante Blanche... Bien que tu sois un peu plus âgée que dans mon souvenir, Emelyne... Il va falloir que tu m'aides et que tu me fasses la promesse de n'en toucher mot à personne. Jamais. Par le sang sacré de Sainte Gudule, c'est pas possible que cela fasse si mal... C'est une plaisanterie... je dois faire un rêve... Bon sang de ... Bigre !


Avant de laisser, bêtement, échapper un cri à l'aune de la toute première contraction, Blanche agrippe le bras de la jeune fille, oubliant décence et retenue pour se confronter aux "joies" de la maternité à venir et au réconfort que peu lui offrir une simple présence. La rue, la foule qui vaque à ses occupations, la nécessaire discrétion, toute pensée cohérente pour l'heure disparue de son esprit. Elle voulait juste que cela s'arrête. Finalement, elle ne voulait pas en finir, elle voulait mettre son existence en pause et figer sa vie pour ne pas savoir ce qui allait advenir en suite, parce que si c'était là le "début" du processus, elle n'était pas certaine d'avoir les moyens de surmonter cette épreuve.

Puis, tandis que la pire douleur à laquelle elle ait jamais dut faire face commençait à refluer et qu'elle reprenait son souffle en tremblant sur ses jambes, elle se dit qu'il lui fallait regagner l'intérieur de l'Hostel au plus vite et s'étendre et... serrer les dents.

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Emelyne.alois
Si, à l'extérieur, Emelyne semblait figée, le regard dur, à l'intérieur elle était agitée d'un tourbillon vertigineux d'idées trop vives et éphémères pour que des mots aient le temps de s'y accrocher. Des bribes de questions filaient dans toutes les directions et s'écrasaient les unes contre les autres ou contre les parois de sa raison. Sa tête était une turbine encaissant plusieurs jets tant elle réfléchissait en vain à toute vitesse, et son pouls si en panique qu'il aurait pu la mener au malaise et à la nausée.
Par intuition, déductions et éliminations brèves, elle était parvenue à reconnaître Tante Blanche, mais cette réponse lui semblait si incongrue qu'elle fut presque terrifiée par cette impossibilité, comme un paradoxe aux profondeurs abyssales qui se jetait sur vous, en contradiction parfaite avec les dernières connaissances qu'elle avait à son propos. Ce n'était pas possible qu'elle soit là, à Limoges. A Limoges après... après tout ce temps où ils s'étaient demandés où elle était. Et entendre les mots de la Princesse qui lui confirmaient son identité, l'entendre prononcer son prénom, loin de la rassurer -seul le fait de s'être trompée l'aurait pu-, achevèrent de la faire plonger dans un sentiment d'irréalité.

Pourtant, tout fut balayé en un instant, le temps d'un cri et de sentir sa Tante comprimer son bras. Sans qu'elle ne s'en rende compte, l'adolescente soutenait déjà la jeune femme du mieux qu'elle pouvait. Elle sentit la grosseur de son ventre s'appuyer contre elle, elle le sentit pulser anormalement, ravivant en elle un frisson d'effroi. Elle entendit ses murmures plaintifs qu'elle laissait s'échapper. Son regard se baissa vers le sol et... la neige ne pouvait mentir.
La jeune Malemort comprit ce qui se passait.

Emelyne bascula alors, changea de mode, d'état de conscience. Elle s'inscrivit dans le présent immédiat. Elle occulta toutes les pensées qui lui venaient, toutes les questions qu'elle avait et les nouvelles qui s'en venaient, toute appréhension, tout souvenir, pour ne laisser filtrer que les idées qui étaient pertinentes et efficaces dans l'immédiat. Il fallait agir, tout de suite, et l'urgence de l'état de Tante Blanche passa avant tout le reste.

"Il va falloir que tu m'aides et que tu me fasses la promesse de n'en toucher mot à personne. Jamais." Ces mots la marquaient, et, même sans comprendre, la petite brune saisissait l'impératif et l'importance de cette commande. Emelyne ne pouvait ignorer une promesse demandée par un membre de sa famille, et ferait tout pour la tenir. Mais cette promesse ne lui facilitait pas les choses.
Elle regardait, autour d'elles, les passants indifférents, ou à peine curieux mais qui avaient mieux à faire. Elle pesta contre elle-même d'avoir demandé au cocher de ne pas l'avoir attendue, elle aurait pu la mener à l'appartement de Papa. Elle voyait sa Tante avoir mal, et elle devinait qu'elle ne pourrait lui demander plus d'efforts physiques, pas avec l'imminence du terme. Marcher alors qu'elle était traversé de douleurs puissantes n'était recommandable.
Elle ne sut jamais d'où lui vint l'idée, et c'en était d'ailleurs sans doute une très mauvaise, mais la jeune Malemort agit avant de douter de sa réussite.

___ - Ma Tante... fit-elle en tenant sa main pour la serrer contre son coeur, prononçant enfin ses premiers mots pour elle. Comptez à rebours à partir de 200, de trois en trois. Je suis là, je reviens.

Elle se détacha d'elle et fit le plus vite possible, rejoignant en quelques pas une petite planche abandonnée contre un mur et abîmée, qu'elle saisit, et se prit à plusieurs fois pour la briser contre son genou -qui aura quelques bleus- avec sa petite force et son manque d'expérience dans cette activité. Détachant ses rubans, elle revient près de sa Tante, s'agenouillant, et lui fit poser chaque pied sur chaque moitié de planche, et les attacha le plus solidement possible, priant très fort pour que le dispositif de fortune tienne.
Emelyne se plaça sous le bras de sa Tante et la soutint par la taille avant de tenir fermement sa main. Elle rabattit leurs capuches... et malgré la couche de neige fine, fit glisser Blanche entre les passants, lentement, avec prudence.

___ - Ma Tante... Vous ai-je dit que j'étais heureuse de vous revoir ? demanda-t-elle avec un léger sourire sans la regarder, sincère.
Il vous faut, avant toute chose, vous calmez, même si je me doute que ce ne doit pas être aisé. Mais au moins, respirez profondément et lentement, et broyez ma main à votre envie à chaque fois que vous le désirerez. Je resterai avec vous, jusqu'au bout.

Emelyne parlait avec calme, tout en guidant Tante Blanche. Bien qu'elle s'efforçait de ne pas plier sous le poids, ses muscles peu habitués aux efforts tirant déjà, chauffant à l'en faire serrer la mâchoire. Bien que dans un coin de son esprit, une partie d'elle doutait de ses compétences à l'assister dans cette délivrance. Elle était loin d'avoir terminé ses études en médecine, après tout. Mais sa voix ne trahissait rien de tout cela.

___ - Vous connaissez mieux le lieu... Dites-moi par où passer.
Et, y a-t-il du personnel ou des personnes en qui vous avez pleinement confiance, ou préférez-vous que cela reste entre nous ?

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